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EXPO. VIVEZ L’ODYSSÉE DES ÉPICES DANS LES COTES D’ARMOR !

Jusqu’au 30 septembre 2018, le Domaine Départemental de la Roche Jagu (Côtes d’Armor) embarque le public dans le voyage polysensoriel de leur nouvelle exposition estivale La fabuleuse odyssée des épices. De l’Antiquité à nos jours, l’histoire et les usages des épices n’auront plus aucun secret pour vous… Présentation de l’exposition.

Le clou de girofle contre les maux de dents, le thym contre les problèmes respiratoires ou encore le gingembre pour les nausées, les remèdes de grand-mère à base d’épices mènent aujourd’hui la vie dure aux médicaments. Que ce soit pour un emploi médicinal, mais également culinaire et en parfumerie, comment ces condiments somme toute communs sont-ils arrivés dans nos placards ?

Une traversée du temps aux pays des épices !

Dans l’espace d’exposition de 400 m2 qu’abrite le château de la Roche-Jagu, La fabuleuse odyssée des épices donne la parole à près d’une centaine d’objets exceptionnels pour un voyage dans le temps et à travers les continents. « C’est l’occasion de parcourir une véritable épopée, de raconter l’histoire des hommes, des civilisations à travers ces denrées rares » souligne Nolwenn Herry, chargée des expositions au Domaine départemental de Ploëzal dans les Côtes-d’Armor.

expo fabuleuse odyssée des épices château de la roche jagu
Balance chinoise © Y. Boëlle – Musée de la Compagnie des Indes – Ville de Lorient

Avec les collections issues des plus grands musées – musée de la Compagnie des Indes de Lorient, musée du Louvre, musée national de la Renaissance à Ecouen, musée national du Moyen-Age du Cluny ou encore musée du quai Branly pour n’en citer que quelques-uns – le public est transporté plusieurs siècles auparavant à la découverte des denrées à l’origine de la rencontre entre l’Occident et l’Orient au XVe siècle.

Des marchands arabes aux Hollandais, en passant par les Portugais, les Européens, et les Anglais, diverses nationalités ont joué un rôle dans le commerce des épices et sont aujourd’hui réunies en une seule exposition. Parcours à la fois historique et thématiques, de nombreuses disciplines – botanique, histoire, anthropologie, géographie, pharmacologie et alimentation – nourrissent le récit de ces produits hautement convoités afin de comprendre la véritable aventure dont elles ont fait l’objet. Une plongée dans les guerres commerciales, les conquêtes, les colonisations et l’asservissement de populations entières attend le visiteur.

ROCHE JAGU
Pomander, sphère ouvrant à charnière en huit quartiers servant
de réserve aux épices 4e quart XVIe siècle, musée national de
la Renaissance (château d’Écouen), dépôt du musée national
du Moyen Âge de Cluny © RMN-Grand Palais (musée de la
Renaissance, Château d’Écouen) / Mathieu Rabeau

Exposition à voir, à entendre, à toucher, à sentir et à goûter !

Des voilages de couleurs pastelles, un mobilier au design épuré, un jeu olfactif, une table à épices…. Une scénographie poétique et contemporaine entraîne le public dans des contrées lointaines à la découverte d’une des premières marchandises à avoir été échangées. Comme une évocation onirique aux routes terrestres et maritimes sillonnées par nos ancêtres, des rubans de couleurs guident le visiteur dans le parcours d’exposition, et ce dès l’entrée dans le parc du château.

expo fabuleuse odyssée des épices château de la roche jagu
Vase canope, Thèbes, Egypte (Nouvel Empire ou Basse époque ) © C. Letertre / Musée Dobrée – Grand Patrimoine de Loire-Atlantique

Guidé par ces rubans colorés, les cinq sens du public sont mis en éveil et traversent les âges. Des senteurs historiques d’un temps passé accompagnent ainsi les trésors exposés pour une immersion totale. Un vase canope de Thèbes côtoie les effluves de la reproduction du Métopion (parfum égyptien) et l’Eau de Cordoue – recréée pour l’exposition – complète le discours d’objets tels que le magnifique astrolabe planisphérique de Hartmann Georg (XVIe siècle).

expo fabuleuse odyssée des épices château de la roche jagu
Astrolabe planisphérique Hartmann Georg (XVIe siècle) © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d’Écouen) Benoît Touchard

Après la banalisation des épices au XIXe siècle, le XXe marque le renouveau de ces denrées, notamment en parfumerie et en cuisine. Aux côtés des cinq portraits de grands chefs gastronomes – parmi lesquels Alex Mazzia, Matthieu Moity ou encore Anne-Sophie Pic – de grandes figures de la parfumerie présentent le rôle des épices dans leurs créations. Des dispositifs permettant de sentir les parfums des neufs créateurs apportent le point final de l’exposition – comme un parfum qui parfait une tenue !

expo fabuleuse odysée des épices château de la roche jagu

Ouverture du château de la Roche Jagu et de l’exposition temporaire La fabuleuse odyssée des épices du samedi 5 mai au 30 septembre 2018.

Domaine départemental de la Roche Jagu
22 260 Ploëzal
02 96 95 62 35
chateaudelarochejagu[@]cotesdarmor.fr

Tous les jours 10h – 12h | 14h – 18h – Juillet – août : 10h – 13h | 14h – 19h / Vacances de Toussaint : 14 h -17 h / Vacances de Noël : 14 h – 17 h – fermé le 25 déc. et le 1er janv.

TARIFS

Exposition permanente « Si la Roche-Jagu m’était contée » : GRATUIT

Expositions temporaires et accès aux étages du château :

– Plein tarif : 5 € (5 mai – 30 septembre.), 4 € (vacances de la Toussaint et de Noël)
– Tarif réduit : 3 € (toute période, étudiants, chômeurs, bénéficiaires du RSA)
– Tarif famille : 13 € (2 adultes et 2 enfants)
– Groupe adultes : 3 € / pers. (sur demande et réservation)
– Animations pour les groupes scolaires : 2 € / enfant (sur demande et réservation)

Gratuité :

– Enfants de moins de 6 ans (hors groupes scolaires) / Associations en charge de personnes en difficulté sociale (sur demande) / Pour 1 accompagnateur de personnes relevant du tarif « groupes ».

Carte annuelle : accès permanent au château et aux expositions

– 10 € (plein tarif) / 5 € (tarif réduit)

Samedi 29 septembre de 14 h 30 à 15 h 45 ou de 16 h 00 à 17 h 30
Balade contée épicée
Dominique Grall, conteuse et spécialiste des plantes médicinales.
Entrez dans l’univers des épices avec Dominique qui vous conte les secrets des plantes, vous les fait sentir et goûter.
Réservation sur place le jour de la balade. Plein tarif : 5 €, tarif réduit : 3 €

Cinéma en plein air

ROCHE JAGU
Azur et Asmar © Michel Ocelot, StudioCanal image 2006

Samedi 18 août à 22h
Azur et Asmar
Film d’animation de Michel Ocelot (2006) – Durée : 1h41.
Il était une fois Azur, le fils du châtelain, et Asmar, l’enfant de la nourrice, tous deux élevés
comme des frères . La vie les sépare brutalement mais chacun garde en mémoire la merveilleuse légende de la fée des Djinns, une histoire que leur contait la nourrice.
Devenu grand, Azur n’oublie pas les compagnons de son enfance et rejoint le pays de ses rêves où il retrouve Asmar.
Gratuit.
Réservation obligatoire au 02 96 95 62 35 jusqu’à 18h le jour de la projection. Apporter une couverture et un siège pliant.

1492 Christophe ColombSamedi 25 août à 22h
1492 : Christophe Colomb
Réalisé par Ridley Scott (1992) – Durée : 2h34
Le navigateur Christophe Colomb essaye depuis des années de convaincre les rois d’Europe de soutenir son projet de découvrir une route maritime vers les Indes en passant par l’ouest. Une nuit d’octobre 1492, après un long et éprouvant voyage, les marins aperçoivent un bout de terre. Mais pas celle qu’ils avaient imaginée…
Avec Gérard Depardieu et Sigourney Weaver…
Gratuit.
Réservation obligatoire au 02 96 95 62 35 jusqu’à 18h le jour de la projection.
Apporter une couverture et un siège pliant

Moyens de paiement acceptés : chèques, carte bleue, chèques-vacances ANCV

ROCHE JAGU

Plus de 100 objets prestigieux sont présentés : porcelaines, mobiliers, objets d’art décoratif, estampes, momie, flacons de parfum, instruments de navigation.
Les prêteurs :
Château d’Écouen, Musée national de la Renaissance, Écouen
Christophe Lemaire, gérant de La Cale aux Épices, Paimpol
Institut du Monde Arabe, Paris
Musée d’Art et d’Histoire de la ville de Saint-Brieuc
Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Paris
Musée des Arts décoratifs, Paris
Musée national du Moyen Âge de Cluny, Paris
Musée de la Compagnie des Indes, Ville de Lorient
Musée départemental Dobrée, Nantes
Musée du Louvre – Département des Antiquités Égyptiennes et Département des Arts de l’Islam
Musée national d’histoire Naturelle – Collections de Botanique, Paris
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris

ROCHE JAGU

La Cale aux Épices, à Paimpol, Christophe Lemaire :
Après avoir voyagé pendant près de 25 ans autour du monde et notamment en Asie et en Afrique du Nord, Christophe Lemaire a décidé de jeter l’ancre à Paimpol afin de partager sa passion des épices.
Il y a ouvert une boutique de vente d’épices venues des quatre coins du monde : pas moins d’une soixantaine de poivres et d’une vingtaine de currys différents sont proposés à la clientèle.
La Cale aux Épices a fourni les épices, les mélanges et les currys présentés dans l’exposition.
Christophe Lemaire a créé exclusivement pour le Domaine de la Roche-Jagu un mélange
d’épices et d’aromates inspiré par le Moyen Âge  » Les épices de Dame Catherine – Châtelaine de La Roche-Jagu« . Ce mélange est en vente à la boutique du Domaine.

MY ABSOLUTE DARLING GABRIEL TALLENT EN PLEIN WILDERNESS

Avec ce premier roman My Absolute Darling Gabriel Tallent, tout juste trentenaire, fait une entrée fracassante sur la scène de roman noir américain. My absolute darling est un roman sombre, parfois insoutenable, mais toujours porté par une langue travaillée et une fine observation de la complexité humaine.

TALLENT MY ABSOLUTE DARLING

Dans My Absolute Darling Gabriel Tallent campe Julia Alveston, alias Turtle, quatorze ans. Elle vit seule avec son père dans une maison délabrée et isolée proche de Mendocino (Californie). Martin Alveston est un homme cultivé, passionné d’armes à feu et prêt à tout pour survivre dans ce monde promis à la déchéance. À six ans, Turtle s’entraînait sur des cibles. À quatorze ans, elle doit apprendre la résistance physique, le contrôle de la peur. Martin n’hésite pas à la menacer, à la battre pour l’endurcir, pour obtenir ce côté impitoyable nécessaire à la survie.

Mais il aime sa fille, son absolute darling, sa croquette, au-delà de toute raison. Son amour est aussi physique dans cette relation incestueuse, vécue par Turtle comme la normalité.

Tu es dur envers moi, mais tu es bon envers moi, et j’ai besoin de cette dureté. J’ai besoin que tu sois dur avec moi parce que je ne vaux rien pour moi-même, et tu me pousses à faire ce que je veux, mais que je n’arrive pas à faire seule.

Son père a cette façon de la regarder qui lui fait croire qu’elle est la chose la plus importante au monde. Depuis la noyade de sa mère, cette enfant n’a plus que l’amour de son père.

TALLENT MY ABSOLUTE DARLING
Gabriel tallent

La force de l’auteur est de jouer avec l’ambivalence de ses personnages.
Martin, misogyne et violent, agissant parfois comme un sociopathe, reste pour l’auteur un être humain. L’amour pour sa fille prend des dimensions intolérables tant il veut la garder auprès de lui, pour lui.

Turtle côtoie peu d’autres personnes. Son papy, une enseignante, deux garçons lycéens. Chacun se doute de l’enfer où elle vit, mais la jeune fille, sauvage et indépendante, refuse de voir le mal. Personne ne peut comprendre ce qu’elle ressent.
Toutefois, insidieusement, son esprit mène un combat effroyable entre soumission, culpabilité et perception de la dimension humaine des autres. L’arrivée de Cayenne, une gamine de dix ans, ramenée par le père ouvre les yeux de Turtle. Pour sauver des innocents, la jeune fille a-t-elle encore la liberté de choix, la force de sauver son âme et d’affronter le père ?

Si vous ne craignez pas la douleur, l’angoisse oppressante d’une relation père-fille violente et passionnée, vous aimerez vous perdre dans l’esprit de Turtle, en plein combat entre la vie sauvage et l’espoir de liberté et de civilisation. Vous plongerez ainsi dans ce wilderness, ce territoire en dehors de tout contrôle de l’homme, ce coin sauvage où les armes à feu sont le prolongement du bras humain.

My absolute darling de Gabriel Tallent, Traduit par Laura Derajinski, Gallmeister, Paru le 1er mars 2018, 464 pages, Prix : 24,40 euros, ISBN : 978-2-35178-168-5

Gabriel Tallent est né en 1987 au Nouveau-Mexique et a grandi en Californie. Il a mis huit ans à rédiger My Absolute Darling, son premier roman qui vient de recevoir le Prix America du meilleur livre américain et fait partie des meilleures ventes aux États-Unis. Il vit aujourd’hui avec sa femme à Salt Lake CIty.

ATTERRIR SUR LE NUAGE JAUNE, LES PROMESSES DE JEUNES AUTEURS

Chaque année, le prix du jeune écrivain récompense des auteurs en herbe et publie leurs nouvelles en un recueil. Atterrir sur le nuage jaune et autres nouvelles est le cru de cette année 2018. Si le résultat est parfois inégal, les promesses de nouvelles plumes montantes n’en sont pas moins réelles.

PRIX JEUNE ECRIVAIN 2018

À plume bien née, la valeur n’attend pas le nombre des années. Le prix du jeune écrivain est une occasion de prouver que la jeunesse sait parfois trouver les mots et les rythmes les plus justes, les plus percutants. L’objectif de ce concours de nouvelles destiné aux jeunes de 15 à 27 ans est de dénicher les nouveaux talents francophones à travers le monde. Cette année, ils étaient plus d’un millier à soumettre leurs textes à un jury d’écrivains. De ce millier de nouvelles, de ces millions de mots, ceux-ci n’ont gardé que quelque 312 pages : un recueil des douze nouvelles sélectionnées et primées : Atterrir sur le nuage jaune et autres nouvelles.

PRIX JEUNE ECRIVAIN 2018

« Ces jeunes écrivains […] n’ont soudain plus peur de rien », assure Alain Absire. L’écrivain, prix Femina 1987, présidait le jury de cette trente-troisième édition. « Le tout […] est bel et bien d’oser donner vie avec leurs mots à ce qu’ils recèlent en eux à la fois d’intimement personnel et d’universel », continue-t-il.

En quelques dizaines de pages, le temps d’une simple esquisse littéraire, ces auteurs en herbe lient leur sensibilité à cet universel littéraire. Ils parlent d’amour et de mort, surtout. L’amour y est souvent interdit et la mort, un tabou que l’on peine à briser. Mais au-delà de ces fils qui lient les différentes nouvelles primées, chaque sensibilité personnelle tente de dompter ses propres mots, pour aborder ce qui leur tient à cœur.

Alors ils parlent de harcèlement, de peurs, de l’inaction engluée devant un jeu vidéo, de la folie pour achever une toile, d’errances, de défis. Certaines nouvelles jouent avec le fantastique, d’autres avec l’Histoire. Certaines se font intimes et douces, poétiques. D’autres sont plus dures.

DES ÉCRITURES ENCORE JEUNES

C’est une nouvelle génération qui écrit, et qui apporte son regard propre sur notre monde, à travers l’écriture. Les plus jeunes primés n’ont que 19 ans, les plus âgés, 27 ans. Parfois, on ne sent l’âge qu’à travers la jeunesse de l’écriture. Le style de ces jeunes auteurs a plus ou moins de maturité selon les nouvelles. Certains se cherchent encore, n’ont pas encore de patte propre. Leur récit se livre de manière plus ou moins lisse, avec une mélodie parfois trop monotone. D’autres à l’inverse s’affirment davantage. Ils jouent avec les mots, trouvent leur propre rythme, tantôt frénétique, calé sur la vitesse d’un jeu, tantôt doux, bercé par les grillons.

Mais au-delà de cette maturité, c’est une tonalité générationnelle que l’on trouve parfois dans ces nouvelles. Une génération qui doute, une génération dont la vie se prolonge sur les réseaux sociaux. Une génération, surtout, qui a l’impression d’être coincée, comme dans un niveau de jeu vidéo dont on ne saisit pas les mécaniques, dont on ne trouve pas la solution. C’est peut-être cela qui a déterminé le choix du jury.

Alexandra Troubé

Premier prix de ce concours, Atterrir sur le nuage jaune est enfermé dans ces doutes. « Saute. Frappe, frappe. Saute. »  Ces ordres que reprend la lauréate, Alexandra Troubé, une partie de cette génération n’arrive pas à les exécuter, n’arrive pas à sauter dans la société, coincée dans un chômage ou des situations qui s’y associent. Alors ces jeunes, comme l’héroïne de sa nouvelle, restent immobiles, bloqués dans leurs doutes, et ne sautent, frappent, frappent et sautent que devant leur écran, évoluant dans un jeu vidéo à défaut de pouvoir évoluer ailleurs. Le rythme de l’écriture accompagne les bonds, les mouvements de manette, par touches précipitées, répétitives.

S’IL FALLAIT N’EN RETENIR QUE DEUX…

Mais comme dans tout classement, on a envie de bousculer l’ordre donné par le jury. S’il fallait retenir des nouvelles, peut-être faudrait-il préférer, à l’originalité et au concept, les écritures les plus mûres, aux styles les plus travaillés, aux histoires les plus fortes. Deux récits se distinguent de ces quelque 300 pages, deux récits tissés de tristesse et de violence.

Phew Laroc
Phew Laroc 5ème du concours du jeune écrivain

Ce que nous avons fait l’automne dernier aborde cette brutalité — le harcèlement scolaire, le rejet cruel des collégiens — avec une simplicité désarmante. Phew Laroc, l’auteur de cette nouvelle, se contente de raconter. Il raconte ces violences scolaires du point de vue de jeunes collégiennes haïtiennes, retranscrit leurs interrogations presque innocentes, sans tomber dans les caricatures. Il raconte ces cercles qui s’ouvrent ou se referment sur les personnes, ces disputes et ces non-dits, avec l’équilibre du quotidien banal – jusqu’à ce que tout dérape, et c’est alors un coup pour le lecteur, parce que le jeune Haïtien, âgé de 25 ans, sait trouver le ton juste, sans trop s’embarrasser d’un style trop lourd.

Morgane Salvan Russeil
3ème Prix du Jeune Écrivain Francophone

À cette simplicité s’oppose la richesse des émotions, la poésie sensitive du Chant des grillons, un jour d’été de Morgane Russeil-Salvan. Au fil des pages, les sentiments se déposent, par touches successives, comme sur une toile impressionniste. Détresse et peur, tendresse et douceur. Le canevas qui reçoit ces coups de pinceau est un canevas de chair, de cuir, de sang, de terre et de charogne, aussi. La charogne d’un lapin écrasé et qui empeste. L’écriture est nerveuse, mais reste avant tout poétique, d’une douceur parfois douloureuse, qui nous plonge dans cette touffeur estivale, qui nous fait toucher, nous fait mettre les mains et le nez dans cette poussière blanche, au fil des pages, jusqu’à ce que l’esprit lui aussi se laisse porter par ce chant des grillons.

Malgré l’inégale qualité des nouvelles primées, malgré parfois des dialogues qui peuvent sonner faux, des écritures qui peuvent paraître trop plates, ces récits qui se détachent — il y en a plusieurs, rassurez-vous — font apprécier ce recueil éclectique de nouvelles. Surtout, cette lecture en appelle d’autres. On a envie que ces talents en herbe, déjà bercés par de nombreuses lectures, continuent de travailler, continuent d’écrire et de monter, pour nous offrir de nouveaux textes. On a envie qu’ils parviennent, comme dans ce niveau de jeu vidéo, à atterrir sur ce nuage jaune qui les propulsera à un niveau supérieur. Ils en ont, après tout, le potentiel.

PRIX JEUNE ECRIVAIN Retrouvez les articles de Morgane Russeil pour unidivers ici.

TRANSAT EN VILLE, L’AFRIQUE ENCHANTEE DE GABRIEL SAGLIO ET DES VIEILLES PIES

Né en Normandie dans une famille d’artistes, Gabriel Saglio a fondé en 2003 le groupe Les Vieilles Pies dans lequel il officie toujours comme instrumentiste et chanteur. Son dernier album, Le chant des rameurs est sorti en février dernier, inaugurant une tournée de 27 dates jusqu’en juin 2019. Il a ainsi participé au festival Transat en ville le 18 juillet dernier à Rennes, dans le cadre de cette série de concerts.

GABRIEL SAGLIO

Le deuxième concert de Transat en ville, le 18 juillet dernier, a été placé sous le signe du métissage musical. C’est dans cet esprit que Gabriel Saglio et son groupe les Vieilles Pies ont donné leur concert la semaine dernière, au festival Transat en ville pour la promotion de leur dernier album Le chant des rameurs. La chanson titre, qu’il a interprété lors de ce concert, est écrite sur un texte de Birago Diop, poète sénégalais connu pour avoir transcrit des contes issus des traditions orales africaines. A cette occasion, il a proposé aux spectateurs rennais un voyage traversant l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’une excursion du côté de la Réunion… le tout associé à la vocalité de la chanson française. Son timbre de voix légèrement erraillé et sa prononciation évoquent effectivement Jacques Brel, grand voyageur de la chanson française dont il se revendique l’influence. De même, son écriture très poétique semble refléter l’influence de la poésie d’Arthur Rimbaud et des surréalistes. Il avait d’ailleurs lui-même mis en musique certains de ces textes dans ses précédents albums, notamment le fameux Roman de Rimbaud et La puissance de l’espoir de Paul Eluard. Cela ne l’empêche pas d’écrire et de composer la plupart de ses chansons.

Ses textes, mêlant le plus souvent le français aux langues africaines, véhiculent des valeurs étroitement liées à l’altruisme, le vivre ensemble et à la fraternité au-delà des frontières. Afin d’immerger le public dans son univers multiculturel, il a donc pris le temps, avant chaque chanson, d’expliquer au public le contexte de leur création. Inspirées le plus souvent de ses voyages, elles évoquent des villes françaises comme Nantes, sa ville d’adoption dans Le canal du midi, mais surtout l’Afrique de l’Ouest, notamment le Nigeria. Les côtes d’Espagne y sont également présentes, à travers la chanson Un drôle de Père Noël, dans laquelle il relate l’arrestation d’un clandestin sénégalais à laquelle il a assisté à Valencia. Le propos étant d’autant mieux illustré que Gabriel Saglio et son groupe y ont été accompagnés par des choeurs de femmes africaines, enregistrés et reproduits par un sampleur.

GABRIEL SAGLIO

C’est par le biais de cette approche hétéroclite et humaniste que le musicien breton a directement mêlées dans sa musique des influences diverses, issues de différentes traditions musicales : on y retrouve notamment un jeu d’accordéon qui, à la première écoute, peut rappeler le zydéco mais qui correspond surtout au séga réunionnais, dans lequel cet instrument occupe une place prédominante. Le maloya, l’autre style emblématique de la Réunion, y est également présent. Gabriel Saglio l’a ainsi intégré comme trame de la chanson La vie souffle dont l’esthétique, associée à sa tonalité de ré mineur, peut également évoquer les chansons de l’interprète capverdienne Cesaria Evora. Dans d’autres chansons, son jeu de la clarinette, lors des solos, est celui de la musique klezmer qu’il pratiquait auparavant. L’artiste breton, qui a fondé son groupe dans les campagnes de Rennes, est effectivement clarinettiste de formation et maîtrise également le saxophone.

L’esthétique générale des Vieilles Pies n’en reste pas moins marquée par les musiques populaires de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, pendant les solos de guitare, on a pu remarquer l’utilisation de l’harmonie modale que l’on pourrait définir comme une trace des influences des musiques populaires africaines. Même lors des chansons aux thèmes plus graves comme Le canal du midi, l’instrumentation conservait une rythmique chaloupée qui apparaît comme caractéristique des musiques caribéennes et africaines. Dans cette chanson, Gabriel Saglio a néanmoins ralenti le tempo et rendu l’instrumentation un peu plus nostalgique, correspondant parfaitement au texte de la chanson Africa, souviens-toi ton Afrique chaque soir. En association à ce rythme chaloupé, adopté en toute circonstance par ses musiciens, le jeu de guitare électrique clair de Vincent Barrau, en notes piquées et dans le registre aigu rappelle également les musiques africaines urbaines. L’utilisation de cet élément est désormais presque incontournable dans l’afropop contemporain et on pouvait déjà l’entendre dans les décennies précédentes. C’est le cas par exemple dans la musique d’Oliver Mtukudzi et de Salif Keita, célèbre musicien malien et autre influence de Gabriel Saglio.

Le concert s’est finalement conclu dans une ambiance résolument festive, lors de la dernière chanson Dansons, extraite d’un album de 2013. Les Vieilles Pies l’ont alors interprétée sur un tempo plus rapide que dans la version originale, lui conférant une dimension dansante irrésistible. C’est pourquoi à ce moment-là, les occupants des transats, toutes générations confondues, ont finalement répondu à leur invitation à se lever et à se déhancher. Encore une preuve que la musique adoucit les mœurs.

GABRIEL SAGLIO

Gabriel SAGLIO : Chant / Clarinette / Clarinette Basse
Florian TATARD : Accordéon
Toups BEBEY : Percussions / Saxophone Ténor
Yoan HERNANDEZ : Guitare / Choeurs
Vincent BARRAU : Basse
Alban COINTE : Batterie / Choeurs

NUITS AU CHATEAU, MUSIQUES ELECTRONIQUES AU CHATEAU DE KERGRIST DANS LES COTES D’ARMOR

Le projet Nuits au Château revient le 27 et 28 juillet 2018 au château de Kergrist à Ploubezre de 20h à 9h le vendredi et le samedi de 14h à 9h avec une programmation regroupant l’ensemble des styles de musique électronique.

KERGRISTNouvelle édition, nouvelle dimension

Les associations Second Degré, Plougouskant et Interface reviennent après le succès de leur édition en avril dernier au château de Keranno regroupant 1300 personnes.
Les Nuits au château illumineront la Bretagne les 27 & 28 juillet prochains au château de Kergrist dans la ville de Ploubezre.

Créé par plusieurs acteurs locaux, le festival proposera deux scènes avec une programmation allant de la techno à l’acidcore en passant par la house et l’indus. Le château de Kergrist aura le plaisir d’accueillir un monument de la techno Johannes Heil (Live) mais également plusieurs DJ français comme AIROD, Mézigue, Mad Rey ou Blutch. D’autres compatriotes seront présents comme Voiron ou Sonic Crew d’astropolis.

De plus , le producteur japonais Satoshi Fumi fera sa grande première en Europe avec son style Deep Tech House influencé par des mouvements de Detroit.
D’autres part, les trois associations n’ont pas lésiné sur les performances lumières et visuelles pour transporter les festivaliers le temps d’un week-end.
Tous les éléments sont réunis pour que cette soirée marque l’esprit breton et les passionnés de musique électronique.

Le festival prendra soin de ses convives avec la mise à disposition d’un lieu de repos regroupant différents disquaires ainsi que des pôles restauration et un chill-out sonorisé. De plus, un camping est mis en place avec des petits déjeuner à l’aube pour les derniers noctambules.
Plougouskan, Second degré et Interface sont trois associations de loi 1901 ayant pour but de faire partager leur passion : la musique électronique en organisant des événements dans des lieux atypiques comme des châteaux ou des manoirs.
Des projets fleurissent notamment, la conception d’un label qui regroupera l’ensemble des musiques sur support vinyles.

KERGRIST

Grosses performances lumières et visuelles sur l’ensemble des lieux choisis et également une excellente qualité sonore sont essentielles pour les événements. 3000 personnes sont attendues au château de Kergrist.

KERANNOEn avril dernier, l’édition au château de Keranno a regroupé 1300 personnes. L’organisation a profité de cet événement et a mis en place un projet humanitaire pour la scolarité
des enfants en Afrique (cahiers, crayons, trousses..), l’ensemble du matériel sera livré au
Sénégal début juillet La soirée a battu son plein avec un public conquis et qui a largement adhéré à ce projet humanitaire.
En fait, nos objectifs premiers sont de concilier nos centres d’intérêts et de mettre en
valeur la musique électronique en lui donnant une autre image. Nous sommes persuadés d’apporter une forme de dynamisme aux Côtes-d’Armor en mettant en valeur notre
patrimoine breton souvent oublié par la jeunesse. En effet, ces lieux insolites ouvrent
les portes à tout public aux événements de grande qualité dans des sites féériques.

Site du château de Kergrist ici.

Evénement Facebook ici.

PHOTOGRAPHIE, ÉLODIE GUIGNARD TRANSFIGURE LE RÉEL

Depuis le 21 juin 2018 et jusqu’au dimanche 30 septembre 2018, il est possible de découvrir, 5 boulevard Magenta, à Rennes, les photographies réalisées par Élodie Guignard avec les 230 salariés du groupe immobilier rennais Lamotte, série appelée Ciments. C’est aussi l’occasion de revenir sur le travail de cette photographe aux influences et centres d’intérêts multiples. D’un village de réfugiés bengali en Inde, aux bénévoles d’Emmaüs dans les Deux-Sèvres, jusqu’aux patients de l’hôpital Guillaume Régnier à Rennes, Élodie Guignard arpente le monde, les mondes… avec l’envie toujours prégnante d’aller à la rencontre de l’autre, de le comprendre. Entretien avec Élodie Guignard, photographe passionnée.

Vous êtes diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arles depuis 2004. La photographie est-elle une passion qui vous porte depuis l’enfance ?

Élodie Guignard : Oui, j’ai commencé assez jeune à photographier ma famille et mon entourage. Il n’y a pas de photographe dans la famille mais ma maman est très sensible à l’art en général. Je sais qu’elle nous emmenait beaucoup et très jeune voir des expositions. En même temps, elle enseignait dans un lycée horticole une matière qui est l’éducation socio-culturelle. Dans son programme, elle avait la photographie et l’éducation à l’image. J’ai peut-être une sensibilité qui vient de là. Il y a dans la famille une sensibilité pour l’art en tout cas. La musique est très présente dans ma famille, mon père m’a éveillé à cet art.

J’ai décidé d’en faire un métier quand j’étais à la fac. Je suis passée par la faculté de lettres modernes à Rennes. J’aimais beaucoup les lettres mais je ne voyais pas où j’allais et j’avais la photo à côté qui me passionnait vraiment. En licence, j’ai passé les concours pour des écoles de photographie et je suis entrée à l’école d’Arles. J’ai toujours fait des portraits de gens qui me sont proches et des portraits dans la nature. J’ai beaucoup photographié la forêt, les environs de Rennes, la nature bretonne et les personnes dans la nature.

PHOTOGRAPHIE ELODIE GUIGNARD TRANSFIGURE LE REEL

Vos productions s’ancrent en effet dans des paysages et des cultures très différentes : en Bretagne comme en Inde à la frontière du Bangladesh, les hommes et les femmes du Bangladesh vivant à Paris, les patients d’un hôpital rennais… D’où viennent ces intérêts divers et comment se traduisent-ils dans votre travail ?

Élodie Guignard : Je m’intéresse aux gens en général. Comme je disais, d’abord les proches puis de façon plus large les communautés de personnes. Je suis partie trois mois en Inde, il y a une vingtaine d’années. Je m’attache assez vite aux gens et j’ai eu un coup de cœur pour le lieu où j’étais. C’était un village de réfugiés du Bangladesh en Inde. J’ai commencé là-bas un travail sur du très long-terme car j’y retourne tous les ans. Je réalise des portraits dans leur territoire, sur la nature et le rapport à la terre et au lieu dans lequel les personnes vivent. J’ai développé une sensibilité pour la culture bengali en général. Quand je suis arrivée à Paris, c’est la première chose que j’ai voulu faire : aller à la rencontre de personnes du Bangladesh à Paris, voir qui ils sont, comment ils vivent à Paris. Là, à nouveau, j’ai entamé un travail sur du très long-court de portraits de personnes dans leurs communautés. A Paris, il y a une partie documentaire et une autre plus posée où l’on retrouve la nature dans les parcs avec une lumière en extérieur. C’est un travail qui est en cours.

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©Elodie Guignard, Ciments

Narcisse et Le lieu désiré sont des séries que j’ai faites à Rennes. Ce sont des séries dans la nature où je m’inspire d’histoire, de mythologie, de littérature. Je reprends un peu des grands mythes mais en les mettant en scène à ma façon. À l’hôpital Régnier, j’ai fait un travail d’atelier. Je n’étais pas la photographe, ce sont les patients qui prenaient les photos. J’étais artiste intervenante. Je guidais leurs envies de faire des images en apportant des conseils techniques, de mise en forme. Cela a duré quelques mois où je faisais un atelier par semaine. C’était un projet suivi et c’était bien de se voir régulièrement. J’intervenais avec la Criée qui a fait un petit livret. Les photographies ont également été exposées à l’hôpital. La réception a été super. C’était un projet très chouette. Toutes les personnes qui ont participé ont été bien impliquées et ont joué le jeu. Il y a vraiment un résultat au niveau image qui est super. La série des Magnifiques est un travail que j’ai réalisé avec les compagnons d’Emmaüs. Il y a eu un livre publié aux Éditions de Juillet. Ce sont des compagnons, compagnes, salariés, bénévoles qui travaillent à la communauté d’Emmaüs dans les Deux-Sèvres. Je pars des références des personnes qui posent. Elles imaginent les personnes qu’elles veulent incarner puis nous imaginons ensemble. Il y a donc finalement leurs références mêlées aux miennes. Cela peut être des personnages de films, de leur imaginaire, de bandes dessinées, de livres que je réinvente à ma manière avec eux.

Les prises de vues ont été faites de 2010 à 2012 et le livre est paru en 2013. Ce livre a un peu été un point de départ pour ce projet chez le groupe Lamotte. Je me suis inspirée de ce qui était fait avec les Compagnons pour proposer un travail avec les employés du groupe Lamotte.

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©Elodie Guignard, Ciments

Dans quel sens vous êtes-vous inspiré de ce projet ?

Élodie Guignard : C’était au départ un appel à projet lancé par le groupe Lamotte et par l’association Les ailes de Caïus, association qui est un soutien à la création et aux artistes dans le cadre d’un travail de mécénat, auquel j’ai répondu. J’avais proposé un projet de portraits de tous les employés en leur demandant de me raconter leurs histoires, leurs passions, qui ils sont, ce qu’ils aiment en dehors du cadre du travail. L’idée était là de révéler une part d’eux même en essayant d’apporter une petite touche de poésie, de décalé. C’était un projet moins fantasque que celui d’Emmaüs qui était complètement dans l’imaginaire. L’idée était de rencontrer les 230 employés. Il y a eu des réunions de groupes dans un premier temps pour dégager des fils conducteurs. J’ai ensuite essayé de voir chacun assez rapidement pour essayer de penser une image assez vite en leur proposant d’emmener des objets qui parlent d’eux. Les prises de vue ont duré 6 mois. Le livre est paru pour Noël 2017 et nous sommes maintenant dans la phase d’exposition. Il y a eu énormément de bonnes surprises. Les rencontres ont été très riches. Il fallait s’adapter à l’univers de chacun. Ma frustration, certaines fois, a été le manque de temps. C’était un vrai challenge. Je travaille plutôt dans la durée, avec des projets qui prennent beaucoup de temps. Là, il fallait très vite faire des portraits de tout le monde.

Vous vous nourrissez de références littéraires et picturales pour alimenter votre travail. Quels sont les auteurs et artistes qui vous influencent particulièrement ?

Élodie Guignard : Je prends des petits bouts de plein de choses. Cela dépend des séries également. Tout mon travail de jeunes femmes dans l’eau est parti de références de peintures préraphaëlites, Ophélie de Millais par exemple. En littérature, il y avait beaucoup de romans du XIXème avec un côté très romantique mais il y a aussi de la peinture impressionniste dans les couleurs, les textures. Dans l’eau, c’est la mythologie avec Narcisse, Ophélie de Hamlet. Pour d’autres séries, cela relève parfois du conte de fée.

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©Elodie Guignard, Les Magnifiques

L’objectif initial de votre voyage en Inde était-il de réaliser un travail photographique ?

Élodie Guignard : Je suis partie une première fois avec mes parents. Ensuite, après mon bac, je suis partie toute seule trois mois avec l’appareil photo mais sans avoir un projet photographique précis. L’idée de départ était de réaliser un échange culturel. J’allais voir ce qui se passait. Le responsable du village où j’étais m’avait proposé de donner des cours de français à un groupe de personnes et en échange ces personnes me donnaient des cours de bengali. J’ai évidemment fait beaucoup de photographies. Ce sont en partie ces photos que j’ai présentés quand j’ai passé le concours à l’école de photographie. Je poursuis ce travail photographique qui prend du temps. En Inde, il faut se détacher du côté trop « exotique », je mets du temps à savoir où je vais avec cette série. Je pense que c’est un travail qui prend son sens avec la durée. J’ai envie d’en faire un livre où je raconte l’histoire du village et des habitants mais ce n’est pas encore près. Ce sont des réfugiés du Bangladesh. Le fil conducteur est donc le rapport à cette terre qui était la leur et qui ne l’est plus. C’est un pays qui a été divisé. Dans l’histoire large, il y a aussi les histoires d’individus. Il y a un fond documentaire mais ce n’est pas du documentaire pure. Ce sont des photos très posées. Ce n’est pas pris sur le vif, il y a une certaine mise en scène. C’est un travail avec leur accord, leur participation active. Cela nécessite du temps et il faut amener les gens à comprendre ce que j’ai envie de montrer.

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©Elodie Guignard, Le village de l’aurore

Quel est le rapport des habitants de cette communauté à la photographie ?

Élodie Guignard : Avec l’arrivée des téléphones portables, il y a quelque chose qui a changé. C’est vraiment loin de la campagne, loin de toute ville. Quand j’y allais avant, il y avait peu d’appareils photo. Il y avait le photographe de studio à quelques kilomètres du village où les familles allaient une fois de temps en temps poser. Maintenant, il y a le téléphone portable. Cela change complètement le rapport à la photographie. Mais je me rends compte que les familles ont une attente forte par rapport aux images que je fais. Parfois, c’est le seul portrait qu’il va y avoir du grand-père ou de la grand-mère. Je les imprime et je redonne les images que je fais, c’est important. C’est une mémoire du village. Cela me permet de nouer ce lien de confiance. Les personnes veulent poser. Lorsque je sors l’appareil, tout le monde veut que je les photographie. Comme je travaille à la pellicule, des fois, ça m’arrive de ruser je fais semblant sachant que j’ai déjà fait 15 fois la même photo.

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©Elodie Guignard, Le village de l’aurore

Pourquoi intégrer l’art dans les entreprises et les hôpitaux ?

Élodie Guignard : Je pense évidemment que l’art est important partout, peut-être dans des lieux où il est à priori moins présent. Je trouve qu’il y a maintenant beaucoup de choses de faites pour faire entrer l’art partout. L’art est important pour éveiller la curiosité, le regard sur le monde.

… les appels à projets se développent ?

Élodie Guignard : Il y en a un certain nombre. Peut-être pas assez. Il y a des appels à projet mais il y a aussi de plus en plus de photographes. Ce genre d’initiatives donne certainement envie à d’autres de faire des projets similaires.

ÉLODIE GUIGNARD

Quel est votre regard sur la photographie aujourd’hui par rapport à il y a vingt ans ?

Élodie Guignard : Dans ma pratique à moi évidemment j’ai pas mal évolué et ai cerné ce que je cherche, ce que j’ai envie de montrer. Par rapport à la photographie en général, il y a beaucoup de choses qui se passent autour de la photo. On voit un peu partout des festivals photos, il y a beaucoup d’expositions. Le métier est devenu assez difficile car nous sommes aussi très nombreux. Quand j’ai commencé, je ne photographiais qu’en argentique. Il y a de plus en plus de bons photographes qui travaille en numérique maintenant. Quand j’ai des travaux de commande de portraits pour une entreprise sans la touche artistique, où il faut être rapide et efficace donc je travaille en numérique. Pour mes séries personnelles, je travaille toujours en argentique. Il y a une matière, une lumière, des couleurs, une précision qui correspond exactement à ce que je cherche. Quand je passe en numérique c’est autre chose. Ce sont des couleurs plus saturées. Je travaille en format carré, c’est important pour moi, avec le boîtier argentique qui m’accompagne depuis ma première année en école d’art.

Si vous deviez citer une ou plusieurs chansons qui accompagneraient bien vos séries photos, quelles seraient-elles ?

Élodie Guignard : Cela dépend des séries :

Pour les Magnifiques,
Sainkho Namchylak:

Pour Narcisse,
Avishai Cohen,

Pour mes séries indiennes:
Paban Das Baul

mais aussi,
Anusheh Anadil,

Ciments, Expo photos d’Élodie Guignard jusqu’au dimanche 30 septembre. 5 boulevard Magenta, rue Descartes à Rennes.

QUI A TUÉ MON PÈRE EDOUARD LOUIS ENTRE MÉMOIRE, FICTION ET PARDON

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Le nouveau livre – Qui a tué mon père – de l’actuel enfant terrible de la littérature française, Édouard Louis (il a seulement vingt-cinq ans), s’offre comme une mise en accusation. Son auteur désigne comme responsables de la destruction de la vie et de la santé de son père les politiciens français. Cette partie politique de Qui a tué mon père pourra sembler la plus faible dans ce récit revendiqué comme autobiographique. L’ouvrage devient véritablement vivant à travers la recomposition des souvenirs dispersés de l’enfance bouleversée de l’auteur en relation avec la vie ardue de son père.

Dans Qui a tué mon père Édouard Louis décrit comment la politique qu’il juge impitoyable des présidents français – de Jacques Chirac à l’actuel président de la République française en passant par Nicolas Sarkozy et François Hollande – a conduit son père ouvrier, après un accident dans l’usine où il travaillait, aux marges de la société. Jeté dans la pauvreté, il se retrouve vivre sans défense, avec comme aide les miettes offertes par l’État aux impuissants. « Hollande, Valls, El Khomri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L’histoire de ta souffrance porte des noms. L’histoire de ta vie est l’histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t’abattre. L’histoire de ton corps est l’histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L’histoire de ton corps accuse l’histoire politique ».

Si la vie d’une personne peut de fait être dévastée par les politiques d’indifférence des puissants, les paroles dénonciatrices et les conclusions radicales ici présentes mériteraient d’être affinées pour gagner en puissance et profondeur…

La valeur de Qui a tué mon père est à chercher dans les parties plus personnelles et humbles du récit. Quand l’écrivain retrouve, avec une innocence déchirante, les accents apeurés d’un enfant qui s’adresse à son père : « Est-ce que tu avais honte de pleurer, toi qui répétais qu’un homme ne devait pas pleurer ? Je voudrais te dire : je pleure aussi. Beaucoup, souvent. » Il y a là chez Édouard Louis un don généreux de compréhension et de tendresse à l’égard d’un père qui peinait à comprendre la psyché de l’enfant qu’était l’écrivain.

Dans la continuité de son premier roman En finir avec Eddy Bellegueule – peu ou prou autobiographique et fortement inspiré de Retour à Reims de Didier Eribon, – Qui a tué mon père narre de façon détaillée la relation disharmonieuse du père et du fils dans un temps passé. Édouard Louis replonge dans son enfance traumatique non pour se venger de son père, mais pour le comprendre et lui pardonner. Le narrateur, sorte d’enfant martyre, essaie de comprendre les conditions qui ont façonné le milieu, le comportement et le destin prédéterminé de son père : « Tu as tout arrêté et tu es retourné dans le village où tu étais né, ou celui juste à côté, ce qui revient au même, et tu t’es fait embaucher dans l’usine où toute ta famille avait travaillé avant toi ». À travers la figure de son père, Édouard Louis semble pardonner et partager les souffrances de tous, y compris ceux qui lui ont fait du mal.

La forme du texte se structure comme un monologue théâtral. Le narrateur illumine les incidents de son enfance, chapitre après chapitre, à l’aide de courts paragraphes et des descriptions fragmentées. Le souvenir d’un rassemblement d’amis à la maison ou d’un réveillon désastreux du Nouvel An, les conversations ratées, les regards désapprobateurs du père sur son fils, les sentiments tronqués, les histoires que sa mère lui a rapportées – tous ces biais confirment constamment et de manière pénible la distance qui sépare le père et le fils. Un rejet sans fin que le père exerçait sur le fils au motif d’une inadéquation de ce dernier à leur commun milieu. « Je chantais plus fort, je dansais avec des gestes plus violents pour que tu me remarques, mais tu ne regardais pas. Je te disais, Papa, regarde, regarde, je luttais, mais tu ne regardais pas. »

Plus avant, le fils fait miroiter des fragments de vie de sa famille avant sa propre naissance. Édouard Louis fraie une forme de généalogie du mal. Il vit par procuration la vie de son père en donnant voix à son parent et à ceux qui ne peuvent plus parler. Un acte politique en l’honneur de tous les faibles et laissés-pour-compte.

Le titre « Qui a tué mon père », sans ponctuation ou point d’interrogation, présente la mort du père comme accompli. L’utilisation de la deuxième personne du singulier et d’une tonalité proche de l’oraison funèbre lorsque le narrateur s’adresse à son père paraissent être au service du deuil de cette relation. Tout ce qui reste est pardon.

Enfin, le texte d’Édouard Louis – avec son caractère fragmenté, sa langue qui cherche soigneusement la relation étroite de l’écriture et de la mémoire du trauma – entre en résonance avec le Nouveau Roman. On pense aussi bien à Marguerite Duras, Nathalie Sarraute que Claude Simon.

Édouard Louis explore des territoires mémoriels à l’époque d’Instagram d’une façon simple et sincère. Au-delà des réserves sur la partie politique et sur les possibles ambiguïtés de l’autofiction, sa posture et sa traduction de la mémoire à l’autre font écho à la nécessité de parler courageusement de la beauté et de la férocité de notre monde, notamment quand elles ont été découvertes à un âge précoce.

Qui a tué mon père Édouard Louis, Seuil, mai 2018, 96 pages, 12 €

qui a tue mon pere edouard louis

Georges Karouzakis

LA SOIE DU SANGLIER UN ROMAN D’AMOUR D’EMMANUELLE DELACOMPTÉE

Emmanuelle Delacomptée, jeune professeure agrégée, nous avait dévoilé en 2014, dans un récit d’un réalisme réjouissant, sa toute première expérience pédagogique dans un village de Normandie. C’était Molière à la campagne. L’auteur s’aventure à présent, pour la première fois, sur le terrain du roman, avec La soie du sanglier, joli titre allitératif et métaphorique qui annonce un texte ancré en Périgord, mêlant rudesse et tendresse, porté par une langue extraordinaire de précision, de charme et de poésie. Un roman magnifique.

LA SOIE DU SANGLIER

 

Bernard, personnage central du roman, homme rustaud mais tendre, bourru et timide, en mal d’amour, s’éprend d’Isabelle rencontrée à la faveur d’un bal au village, une jolie trentenaire venue d’une lointaine ville de Suisse, arrivée là pour visiter la Dordogne. Bernard, entouré seulement de ses chiens dans sa cahute perdue au milieu des champs à l’orée de la forêt, accueillera cette jeune femme séduite par la vie sauvage de ce solitaire au cœur tendre. Mais l’histoire d’amour ne durera qu’une année, Isabelle finissant par se lasser de lui, de sa faiblesse et de ses affrontements stériles et répétés face à un père acrimonieux qui ne le supporte pas et n’entend rien de ses rêves. Et Bernard dans le désespoir de la revoir un jour replongera dans l’alcool.

Brutal, Bernard peut l’être avec ses voisins, ceux qui lui cherchent noise, ces tout proches villageois repliés sur eux-mêmes et menés par la méfiance, la hargne, la jalousie, la cupidité, la rancœur. Brutal, Bernard peut l’être aussi avec la maréchaussée, qui l’a à l’œil dès qu’il sort du bistrot du coin et prend le volant de son vieux Cherokee cabossé sur les routes tortueuses menant vers son infâme tanière, où il va engloutir et cuver ses bières tous les soirs. Comment une femme pourrait-elle venir vivre avec lui de nouveau ?

LA SOIE DU SANGLIER

Bernard ne trouve l’apaisement que dans un extraordinaire rapport à cette nature qui l’entoure. Et sous ses apparences rustiques, il manifeste une sensibilité et une attention infinies à la vie animale et végétale qui l’imprègne. Il est chasseur, certes, il organise même des battues au sanglier dont l’une d’elles, d’ailleurs, va se terminer par une suspecte mort d’homme. Mais bien plus que chasseur, Bernard est fin observateur, attentif aux chants d’oiseaux qu’il distingue comme personne, aux fleurs dont il identifie les formes et les parfums, aux gibiers dont il reconnaît les traces dans la forêt, le bruit de leur souffle dans l’épaisseur des buissons. Il est homme des bois qui vit au milieu des bêtes.

Un soir il s’endort au pied d’un arbre, dans les bruits d’une faune nocturne qui l’apaise. « Bernard se tourne sur le côté, la tête collée aux pierres. Il ronfle parmi les grognements qui s’élèvent autour de lui. Ronds comme des tonneaux, plus noirs que la nuit, les sangliers trottent tout près. Éparpillés sous les chênes, ils l’encerclent comme s’il était l’un des leurs ». Les petits matins l’enchantent : « Si les gens savaient ce qu’ils perdent en dormant à cette heure. Cette fraîcheur suspendue. Les parfums intimes de la nature. Les tiges pleines de tendresse, les sucs de la nuit qui s’évaporent, la clarté qui caresse ».

Dans la belle lignée des tendres bestiaires de Maurice Genevoix, l’écriture d’Emmanuelle Delacomptée fait merveille : rare et précise, infiniment délicate et musicale, elle nous dit admirablement le grouillement et le fourmillement du monde animal et végétal, le changement des saisons aussi quand « le froid perd de sa rigueur, les lignes de la campagne s’arrondissent, les matins renoncent à leur dureté de givre. […] Doucement émergent les mouvements de la faune au gagnage. Ça frotte, fouille, explore, ratisse, grouine, triture, gratte, grommelle, déterre. Les sangliers font leurs mangeures dans les cépées compactes. Les chevreuils raient dans les charmilles »

Un jour, Bernard apprend que Marie Desfort, une voisine, veuve et seule en son manoir de la Volière, a besoin de ses services pour changer le conduit d’une cuisinière. Bernard est homme à tout faire et va chez elle, intimidé bien sûr : la dame est beaucoup plus âgée que lui, et d’aristocrate ascendance. Quand le travail est terminé, Bernard la regarde « dans le contre-jour qui irise ses cheveux gris argile ». Deux solitudes vont se rejoindre, se comprendre. Et même, suivant le vœu de la vieille dame, Bernard et elle vont vite se tutoyer. Bernard observe la nature, Marie aussi, à sa manière, en la fixant sur les toiles de son petit atelier de peintre. Il l’étonne par sa connaissance du monde des oiseaux : « Les moineaux friquets éternuent et les oies cendrées donnent des coups de trompette rouillée, les chevêches ont presque une voix humaine ». Marie, admirative, lui lance : « Tu parles comme un poète », ajoutant : « Tu sais regarder comme personne, Bernard…même moi tu as su me regarder ». L’improbable histoire d’amour se fait miracle : « Il pose ses lèvres sur les siennes, où l’âge n’a pas de prise ». Ils se découvrent et s’explorent, peau contre peau. « J’aime ton corps autant que ce pays. Je veux m’y réfugier, m’y confondre. De ça tu peux être sûre, je suis un sédentaire et je resterai là ».

Ce premier roman est une merveille de poésie, de délicatesse et de grâce.

La Soie du sanglier un roman d’Emmanuelle Delacomptée, Éditions Jean-Claude Lattès, paru le 10.01.2018, 200 pages, 18.00 €. EAN : 9782709661416. Catégorie : Littérature française.

Lire un extrait ici.

Emmanuelle Delacomptée

​Emmanuelle Dugain-Delacomptée est née en 1981 à Sartrouville. Professeur de français depuis 2005, elle a enseigné en Normandie, puis en Seine-Saint-Denis. Elle est l’auteur de Molière à la campagne. Elle est par ailleurs éditrice aux éditions Robert Laffont.

QUAI DES ECRIVAINS, RENCONTRES LITTERAIRES A SAINT-PIERRE QUIBERON

Quai des écrivains : placé sous le signe de la bonne humeur et des vacances, cet événement aura lieu en plein air, sur le quai de Port d’Orange à Saint Pierre Quiberon, sur la presqu’île de Quiberon (Morbihan). Il réunira une vingtaine d’auteurs de littérature adulte et jeunesse. L’été, le public est familial et il faut contenter tous les lecteurs, les petits comme les grands.

QUAI DES ECRIVAINS

L’objectif : proposer un vrai rendez-vous littéraire, à proximité des plages. Une rencontre exceptionnelle entre auteurs et lecteurs pour assurer la promotion du livre et de la lecture en été. La manifestation est inscrite à l’opération Partir en livre soutenue par le Ministère de la culture et le CNL. Elle est organisée par la médiathèque, la municipalité de Saint-Pierre Quiberon, avec le concours de la librairie de Port Maria (librairie partenaire).

QUAI DES ECRIVAINS

Le matin de 9h-12h30 : foire aux livres d’occasion devant la médiathèque (les fonds récoltés serviront au financement de la manifestation).

L’après-midi de 14h30-20h : dédicaces et animations sur le quai à Port d’Orange, en centre-ville.

Une vingtaine d’auteurs conviés, parmi les plus connus :

Pierre Adrian et Philibert Humm Le tour de la France par deux enfants : une épopée sur les routes de France et de l’enfance. Editions des Equateurs Littérature.

Simone Ansquer, la référence du roman policier régional sur la presqu’île de Quiberon et ses environs. Belle Ile ne répond pas – Editions Bargain

Jérôme Attal L’appel de Portobello Road : la bienveillance du hasard… Editions Robert Laffont et Pocket
Pour la jeunesse : Le Goëland qui fait miaou – Livre + CD.
Editeur Le Label dans la Forêt.

Marcel Audiard Le cri du corps mourant : style inimitable à la hauteur des dialogues de son grand-père. Editions du Cherche Midi

Olivier Barde-Cabuçon Romans policiers historiques. Prix Sang d’encre, prix Historia.
Entretiens avec le diable/Une enquête du commissaire aux morts étranges – Editions Babel Noir.
Une enquête du commissaire aux morts étranges / Le carnaval des vampires – Editions Acte Noir.

Jean-Claude Catherine (historien) avec Hubertus Michling Lorient 1945 Les Allemands face au choc de la capitulation. Editions Presses Universitaires de Rennes

Fabien Clauw Les aventures de Gilles Belmonte ; tome 2 Le trésor des américains : saga d’aventures maritimes. Editions Paulsen.

Lorraine Fouchet (Prix des Maisons de la presse) – Poste restante à Locmaria : secrets, Bretagne, tendresse…Editions Héloïse d’Ormesson.

Père David Gréa  Une vie nouvelle : le témoignage d’un prêtre, marié, père et heureux.
Editions Les Arènes.

L'île des pluies
Marc Gontard  L’île des pluies : le roman d’une île bretonne, au large de Quiberon, avec ses drames et ses passions, par un des meilleurs écrivains de Bretagne. Editions Goater.

Caroline Laurent Et soudain la liberté : le portrait d’une rencontre entre Evelyne Pisier et Caroline Laurent, son éditrice. Un coup de foudre amical, au-delà du décès d’Evelyne, en 2017.
Prix Première Plume Prix Marguerite Duras et Grand Prix des Lycéennes ELLE. Editions Les Escales.

Marie Sizun Vous n’avez pas vu Violette ? Prix de la nouvelle de l’Académie Française 2018. Editions Arléa.
La gouvernante suédoise : Prix Bretagne 2017 – Editions Arléa et Folio.

Valentin Spitz : Juliette de Saint- Tropez : un grand destin de femme – Editions Stock.
Psychanalyste et écrivain, ancien journaliste à RTL et I Télé.

Tabarly

Patrick Tabarly Frères de mer : le regard du cadet sur l’aîné dont il a partagé le quotidien.
Editions Stock.

Patricia Tourancheau Grégory, la machination infernale : l’ouvrage le plus complet jamais publié sur le meurtre de Grégory. Journaliste freelance spécialiste des dossiers criminels et des cold case, Patricia Tourancheau collabore au site d’information Les Jours.
Editions du Seuil Les Jours.

Pour la Jeunesse :
– Auteurs présents : Marie Diaz, Jacques Cassabois, Philippe Lechermeier, Jérôme Attal.
– Dédicace de la souris détective Géronimo Stilton.
Partenariat Folio Gallimard (Collection de poche Folio) : Folio-sur-mer sera de la partie : la librairie ambulante proposera un assortiment des meilleurs titres de la collection de poche Folio.

L’entrée est libre et gratuite. Samedi 21 juillet 2018 au port d’Orange de 14h30 à 20h à Saint-Pierre Quiberon (Morbihan).

Le camion qui livre sera à Quiberon du 8 au 10 août.

Librairie de Port Maria
1 Quai de l’Océan
56170 Quiberon
France
Téléphone
02 97 50 01 43
librairieportmaria[@]wanadoo.fr

ROMAN. CHÂTEAUX NOIRS OU À LA POURSUITE DES SOUVENIRS PERDUS

Raza, jeune libraire célibataire, peine à cacher le profond mal-être avec lequel il cohabite depuis longtemps. Son quotidien bascule le jour où une lettre anonyme lui parvient : « Il y a un an, tu m’as tué ». Qui est cette personne ? Pourquoi ne parvient-il pas à se souvenir ? Mais par-delà ces questions, qui est réellement Raza ? Châteaux Noirs de Stéphan Sanchez, publié aux éditions JMDesbois : entre thriller et portrait noir de l’âme humaine, le livre à emporter dans votre sac de plage !

Le soleil, les vacances, la plage… L’heure est au farniente estival. Quoi de mieux qu’un bon roman à suspens pour accompagner les chaudes journées d’été à se prélasser, lunettes de soleil sur l’arête du nez ? Mais attention, pas n’importe quel livre !

Avec Châteaux Noirs, l’écrivain Stéphan Sanchez signe son quatrième roman et semble poursuivre son anthologie dans les méandres de l’âme humaine. L’auteur propose une plongée dans l’univers sombre de son personnage Raza, jeune libraire célibataire.

Châteaux noirs

Châteaux Noirs. Un titre énigmatique qui prend son origine (les connaisseurs auront peut-être remarqué la référence) dans le sud de la France et la vie de Paul Cézanne (1839-1906). Lieu où le peintre rangeait son matériel pour être à proximité de ses excursions, la bâtisse est aujourd’hui une propriété privée et la porte demeure close. Imposante maison provençale en pierre (XIXe siècle) quelque peu dissimulée derrière une végétation foisonnante, tel est l’endroit qui semble avoir stimulé l’imagination de l’auteur. Un endroit déjà rempli de mystères quant à sa véritable histoire…

« Pénétrer dans un château, c’est devenir personnage d’un rêve ; c’est être livré, tout en restant soi et en le sachant, à des forces libres de toute détermination logique et morale ; c’est se mettre dans un lieu où le temps cesse d’être mesurable, où les actions vont jusqu’au bout des désirs » (Jean Roudaut)

Le premier chapitre laisse le lecteur dans une atmosphère obscure. Une nuit, un tremblement de terre et Raza, le personnage principal qui entre en scène dans une situation énigmatique. De sa plume fluide et directe, Stéphan Sanchez pose le décor et présente les personnages avant de rapidement nous embarquer dans les profondeurs de l’esprit et de la mémoire de Raza.

« Il y a un an, tu m’as tué ». Raza essaie de se rappeler, mais ne se souvient de rien. Seules quelques bribes de souvenirs ressurgissent, floues et sans connexion logique : un jeune homme blanc, un château et une chute dans la montagne. À la fois attachant et irritant, perdu et instable autant professionnellement que sentimentalement, le portait que dresse l’auteur semble être un intelligent reflet de la génération Y (ensemble des personnes nées entre 1980 et 2000). « Dans le livre, il y a bien évidemment une intrigue, une enquête, mais les questionnements existentiels du personnage sont proches – me semble-t-il – des préoccupations des gens de nos âges », souligne l’auteur. Ce personnage complexe semble découvrir qui il est en même temps que le lecteur. Que cache-t-il ? Que s’est-il réellement passé ? Est-il coupable ? Victime ?

Châteaux noirs 2017 Stephan Sanchez

De par des phrases courtes, une narration à la première personne et une écriture bien rythmée, l’histoire défile sans difficulté sous les yeux du lecteur et capte son attention jusqu’au dénouement. Les questions s’accumulent et le mystère autour du personnage s’épaissit jusqu’à trouver la réponse à l’ultime question, qui est Raza ? Plus qu’un thriller, Stéphan Sanchez nous emmène dans une quête identitaire. « J’ai été beaucoup influencé par des livres comme J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian ou Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Les films sont également une grande source d’inspirations : les films de série B, le cinéma d’horreur et les thrillers Hitchcockiens ».

Après Soleil blanc (2013), La nuit, je me perds (2014) et Anatomie des vagues (2016), le challenge de Châteaux Noirs n’était au final pas l’écriture d’un énième thriller, mais plutôt de réussir à mettre en scène une « histoire de vengeance actuelle, très moderne, construite avec des personnages contemporains et réalistes ». Un défi relevé dont les mots simples, mais efficaces d’Amélie Nothomb – un des auteurs favoris de l’écrivain – suffisent pour conclure : « Châteaux noirs (titre admirable) […] est aussi passionnant que beau ».

Châteaux Noirs, Stéphan Sanchez, JMDesbois éditeur, 144 p. 13,90€.

Châteaux noirs 2017 Stephan Sanchez

Site internet : http://stephanlaurent1988.wixsite.com/stephansanchez

Biographie :

Stéphan Sanchez, né à Pertuis le 9 juin 1988, est un artiste français. Après un Bac technologique, il se dirige vers des études de Sociologie à la Faculté de Lettres d’Aix-en-Provence. Il n’obtient pas sa première année et se réoriente vers les Arts Plastiques.

​En juin 2010, il réussit sa Licence III et participe à deux expositions collectives (Cabinet de Curiosités et Atelier de Curiosités) présentées à la Galerie Alter Ego, à Aix. L’année suivante, il s’inscrit en Master Recherche et expose ses photographies dans le cadre d’une nouvelle exposition collective baptisée Intrusion. ​Début 2012, il met en place sa première exposition personnelle (Les Absences Justifiées), mêlant photographies, textes et peintures, et obtient son Master au mois de juin.

​Soleil blanc, son premier roman, paraît en juin 2013 aux éditions Les Presses du Midi. En parallèle, il décroche sa Licence III d’Histoire de l’Art.

​En 2014, il participe à deux expositions collectives : Initiation puis Curiosités éphémères et sort son deuxième roman : La nuit, je me perds.

​Sa seconde exposition personnelle Sainte regroupe une dizaine de clichés de la montagne Sainte-Victoire en négatif. Elle est d’abord présentée à la Librairie Le Blason, à Aix, du 10 juin au 10 juillet 2015, puis à l’Atelier Sans Nom, à Avignon, durant tout le mois d’octobre.

​En janvier 2016, il propose une série de photos en noir et blanc mettant en avant le contraste entre le vieux centre-ville d’Aix et les nouveaux quartiers. Visions d’Aix est exposée à l’Hôtel La Caravelle puis à la Librairie Le Blason. Anatomie des vagues, son troisième roman, sort en mai 2016 chez Jean Marie Desbois éditeur. La même année, il participe à l’exposition collective S’emparer des murs ! présentée au Cercle des Arts, à Aix, et remporte le concours photo organisé pour les 10 ans du Pavillon Noir. L’un de ses clichés est reproduit dans l’ouvrage de Daniel Chol : Parlez-moi d’Aix… Dictionnaire d’un amoureux d’Aix-en-Provence.

​Fin 2017, il publie son quatrième roman : Châteaux noirs (Jean Marie Desbois éditeur) et expose une dizaine de fausses affiches de films d’épouvante au Cercle des Arts (du 31 octobre au 23 décembre) dans le cadre de l’exposition : Souviens-toi des films qui tuent.

FESTIVAL ASTROPOLIS 2018, UN APRÈS-MIDI MUSICAL À BREST !

Depuis vingt-quatre ans, le Festival Astropolis régale des milliers de festivaliers venus de toute la Bretagne et alentours. Unidivers poursuit son aventure astropolienne et lève le voile sur les propositions musicales diurnes qui ont envahi Brest samedi 7 juillet 2018. Musiques expérimentales, jeu de pétanque, V’jing – le tout sous un soleil de plomb à faire bouillir une bière en cinq minutes – house, techno,… un large choix qui a permis non pas un, mais deux entretiens ! Itinéraire d’un festivalier et entretien avec Martin Goodwin et le collectif La Tangente.

https://www.facebook.com/festival.astropolis/videos/10157532501586982/

Après un week-end endiablé (du 6 au 8 juillet 2018), la Suite et le Manoir de Keroual ont rendu les armes et Brest a retrouvé son calme. Lieux emblématiques du festival qu’il n’est plus nécessaire de présenter, quels lieux et quels noms se cachent derrière la programmation de la journée de samedi 7 juillet ? Unidivers a suivi le flot de festivaliers et la ferveur des adeptes de musiques électroniques et a arpenté les rues de la ville portuaire. Le style hétéroclite des collectifs et artistes de cette nouvelle édition a ouvert la voie et guidé nos pas vers des lieux pour de belles découvertes artistiques.

Le Collectif La Tangente : Un premier arrêt à la Terrasse du Vauban

À peine sortie du train en provenance de Rennes, direction un des spots incontournables du festival ! L’après-midi commence à peine, mais les premiers sets de la journée résonnent déjà sur la terrasse du Vauban (où se trouvait également le Point Info). Soleil, musique et bonne humeur : tel est le cocktail – à consommer sans modération – proposé par les DJ’s de la Tangente aux sourires contagieux.

Une bonne entrée en matière qui mérite une petite présentation de ce collectif Rennais qui commence à se faire un nom dans le milieu. Rencontre avec Baptiste Tarlet, alias Bato.

Festival Astropolis 2018 Brest

Unidivers : Commençons pour une petite présentation : Comment est né le collectif La Tangente ? Qui sont les Dj’s ? 

Baptiste Tarlet : Le collectif est né il y a maintenant 6 ans, avec des amis d’enfance. Nous voulions partager notre goût de la musique électronique et notre sens de la fête. L’idée était de partager avec tous les Rennais les soirées que nous organisions à la base entre potes. Au total, nous sommes six : Blutch, Ronod, Hidem, Vakuom, Tibo et moi-même – Bato. Certains sont aussi producteurs et ont des EP de sortie.

Unidivers : « La Tangente », drôle de nom pour un collectif de musiques électroniques, pourquoi ce choix ?

Baptiste Tarlet : Ce nom s’est imposé comme une évidence lors de la création de l’association. Nous voulions marquer notre différence par ce mot qui a pour définition et signification d’emprunter un chemin différent. Nous voulons proposer une alternative et une image différente de celle de la musique électronique qui est parfois négative.

Unidivers : Quelles musiques proposez-vous ? Des inspirations majeures ?

Baptiste Tarlet : Comme nous sommes nombreux – et c’est ce qui est intéressant – chacun a son style propre et ses influences. Nous nous nourrissons de cette complémentarité entre la House, Afro-house, Techno breaké, berlinoise ou mentale et bien d’autres. Des artistes comme Terrance Parker, Frankie Knuckles, Paul Johnsons sont des références en ce qui concerne la House ; et Objekt, Minimum syndicat et Polar Inartia pour la Techno ! Bien sûr il y en a d’autres, mais c’est impossible de tous les citer.

Unidivers : La terrasse Vauban est un bon spot, c’est un peu le lieu de passage obligatoire. Quel effet ça fait de participer au plus ancien festival de musiques électroniques de France ?

Baptiste Tarlet : C’est toujours un grand plaisir de travailler avec Astro et de pouvoir avoir la terrasse du Vauban pour passer des petits sons au soleil, c’est génial ! Il y a du passage et également des habitués de cet endroit pendant le festival. On travaille sur des projets avec Astro depuis 3 ans maintenant : Soirées à l’Ubu pour la sortie de l’EP de Blutch, la Croisière Astro en 2016, faites que ça continue ! ;)

Festival Astropolis 2018 Brest

Au détour de l’avenue Jean Clémenceau, un arrêt s’impose sur la place de la Liberté. Les plus jeunes n’ont pas été lésés dans ce week-end de fête. Barnomes et décorations aux couleurs d’Astropolis, jardin éphémère et animations créatives, les futurs raveurs n’ont pu que bien s’amuser à l’Astrofamily.

Un peu plus haut, la température monte d’un cran et l’heure est à l’expérimentation. Dissimulé dans la rue Conseil, le laboratoire de curiosités visuelles et sonores du Collectif NVNA est revenu au Lavoir Saint-Martin pour une programmation on ne peut plus expérimentale. Pour sa troisième année consécutive à Astropolis, les artistes de NVNA ont surpris le visiteur avec des lives aux sonorités saturées et du V’jing sur de petites télévisions cathodiques. Dommage que le soleil éclatant ait empêché la bonne visibilité de ses expérimentations artistiques… (peut-être est-ce l’heure qui n’a pas joué en notre faveur)

Festival Astropolis 2018 Brest

Terminus à Beau Rivage

Avec le port en arrière-plan et les remparts du château à proximité, Beau Rivage semblait l’endroit parfait pour clôturer cet après-midi musical et amorcer la suite en tapant du pied dans l’herbe. Les artistes coups cœur de l’Institution montréalaise Piknic Electronik et DJ’s sélectionnés par le tremplin du festival ont su faire danser les milliers de festivaliers présents. Parmi eux, Martin Goodwin a accepté de répondre à quelques questions.  À contre-courant des résonances technos coutumières du festival, le DJ propose un univers musical planant propre.

Festival Astropolis 2018 Brest

Unidivers : Qui est Martin Goodwin ? Quand et comment le virus de la musique électronique vous a-t-il contaminé ?

Martin Goodwin : Je fais de la musique depuis tout petit et je trouvais les instruments limités dans leurs capacités à transmettre un son du futur. C’est une passion qui s’est développée très jeune avec ce que je ramenais d’Angleterre, mon deuxième pays, en drum&bass notamment. J’ai donc commencé en Free Party, faisant fuir les dancefloor avec ce son « chelou, qui fait pas danser » et j’ai progressivement imposé ma vision autour de moi pour finalement en attirer quelques-uns.

Unidivers : Votre son, à la fois nébuleux et organique, a une tonalité bien propre qui s’implante parfaitement dans un lieu tel que Beau Rivage. Quelles sont vos principales inspirations musicales ou autres ?

Martin Goodwin : Mes inspirations sont effectivement très larges. J’ai le désir de reproduire un paysage d’une autre planète, pour faire voyager. Cette idée germe depuis des années à force d’expérience, de rencontre, de voyage intérieur… Je pratique la méditation et suis passionné de conquête spatiale, de terraforming, etc. J’essaie de ne pas me laisser influencer par la musique que j’écoute, mais bien sûr elle porte l’empreinte du Dub Techno de Deni Diezer, du break de Max Tolmachev ou du classique d’Arvo Pärt. On ne peut jamais révolutionner la musique, juste la modeler à son échelle.

Festival Astropolis 2018 Brest

Unidvers : Astropolis est le plus ancien festival de musiques électroniques en France ce n’est pas rien, un mot sur ce festival et votre sélection au Tremplin 2018 ?

Martin Goodwin : Astropolis c’est une vieille histoire pour moi, ça remonte à mon adolescence il y a 10 ans. C’est d’ailleurs le set magistral de Sven Väth en 2009 qui m’a fait comprendre ce que la techno et la tech house pouvait rendre de puissant sur un groupe d’individus. Ce set m’a ouvert l’esprit sur le partage de la musique, plutôt qu’être un collectionneur psychorigide dans son grenier. Merci pour ça, Astro ;)

20h. La musique faiblit dans les différents lieux. Les festivaliers vont bientôt migrent vers la navette où d’autres aventures, plus nocturnes, les attend. Un après-midi de partages, rencontres et joies musicales dont seul Astropolis a le secret vient de se terminer !

Festival Astropolis 2018 Brest

EXPO RENNES LES VIES D’UNE VILLE AUX CHAMPS LIBRES (EXPLORATIONS URBAINES)

Sous le signe des explorations urbaines, l’exposition Rennes, les vies d’une ville se déroule au musée de Bretagne des Champs libres à Rennes, du 20 octobre 2018 au 25 août 2019. Alors que plus de la moitié de la population mondiale habite aujourd’hui en ville (un chiffre qui approchera les 70 % en 2050) cette ville, comme Rennes, qui est désormais le cadre de vie quotidien d’une majorité croissante d’êtres humains, comment mieux la comprendre, lire ses évolutions à travers ses époques, prévoir ce qu’elle va devenir – ou imaginer ce qu’elle pourrait être ?

Explorations urbaines, fil rouge de la saison 2018-2019 des Champs Libres, éclaire les problématiques de l’appropriation de la ville par les habitants, de l’histoire de leur territoire et de ces mutations, des origines à nos jours. À travers les regards croisés d’historiens, de scientifiques, d’artistes, de praticiens ou de penseurs, en se penchant sur les traces de son histoire comme sur les signes de son avenir possible, ce sont autant de clés de compréhension que Les Champs Libres souhaitent offrir, autant d’occasions de penser et rêver la ville, pour mieux l’habiter, ici et ailleurs, aujourd’hui et demain.

L’exposition Rennes, les vies d’une ville est la première étape du fil rouge de la saison 2018/2019 des Champs Libres, Explorations urbaines. Ce projet transversal comprend également d’autres expositions (Umbra Urbe, la ville en mouvement de Vincent Broquaire, Contours / Rennes de Delphine Dauphy et Marc Loyon, Street Art Contexte[s]…), mais aussi des temps forts (Dedans / dehors, un week-end en ville avec les Tombées de la Nuit, les Rencontres d’histoire – La ville toute une histoire !), une série de rencontres et débats en salle de conférences, des projets participatifs…

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Les Horizons, Rennes, 1er octobre 1973, Créations Artistiques Heurtier, photographe, musée de Bretagne

Quelles sont les origines de Rennes ? Comment la ville se construit, s’organise et se transforme au cours du temps ? Quels sont les liens entre la ville et son territoire ?

Ces dernières années, plusieurs opérations archéologiques menées par l’INRAP à Rennes et sur son proche territoire ont fortement contribué à redéfinir les connaissances acquises sur l’occupation et le mode de vie des habitants au cours du temps. Ces découvertes, associées à d’autres recherches historiques permettent aujourd’hui l’élaboration d’un récit urbain renouvelé.

A travers cette exposition, le musée de Bretagne, l’État (Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne – Service régional d’archéologie) et l’INRAP, posent un nouveau regard sur l’histoire de Rennes et son évolution urbaine, de la période gallo-romaine à l’époque contemporaine.

Les témoignages des Rennais d’aujourd’hui révèlent des préoccupations et des considérations finalement peu éloignées de celles d’autrefois…

Plus de 400 objets sont présentés sur un parcours qui se développe sur 600 m2, découpé en 10 épisodes temporels correspondant aux grandes étapes de développement de la ville de Rennes.

La scénographie de Pierre Verger, sobre et épurée, met en avant de grandes cartes de synthèse, fondamentales pour la compréhension de l’évolution urbaine de Rennes.

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Palais du commerce à Rennes, 10 février 1881, Jean-Baptiste Martenot, architecte, musée de Bretagne

LES GRANDES PÉRIODES

Épisode 1.

Avant la ville : le territoire des Riedons et les traces d’occupation préromaine

À l’époque gauloise, quatre peuples occupent la péninsule bretonne. Bien que le site de Rennes offre tous les atouts pour la création d’un habitat fortifié de type oppidum, l’archéologie, pour l’instant, n’atteste d’aucun vestige dans le sous-sol de la ville antique.

Des traces ténues d’occupations gauloises ont été observées sous les niveaux romains lors de fouilles récentes.

Le territoire proche du site de Condate est en effet occupé par un dense semis d’exploitations agricoles gauloises de petite et moyenne importance qui tirent profit de la richesse des terres. Toutes ces « fermes » ne survivront pas à l’épisode de la Conquête et à l’organisation administrative du territoire des Riedons qui suivra quelques dizaines d’années plus tard sous le règne d’Auguste (27 av.-14 apr. J.-C.). Les autorités romaines ont choisi de créer un chef-lieu sur ce plateau dominant la confluence (Condate en gaulois).

Épisode 2.

Naissance de la Cité antique – 1er-2e siècle

À la fin du 1er siècle av. J.-C., l’organisation administrative des territoires conquis par César, quarante ans plus tôt, est engagée par l’empereur Auguste. La fondation de Rennes s’inscrit dans ce processus et les Riedons, comme tous les peuples gaulois, sont dotés d’un nouveau chef-lieu, baptisé Condate. C’est là que sont réunies les principales fonctions politiques et religieuses sous l’autorité romaine. Les débuts de l’urbanisation sont précaires et il faut attendre le milieu du 1er siècle apr. J.-C. pour que le projet s’épanouisse de façon durable. Les espaces publics sont alors aménagés et le bâti, essentiellement en bois, se densifie. En quelques années, Condate, ville créée de toute pièce, devient un carrefour économique et culturel majeur assurant le lien de la population locale avec le reste de l’Empire romain.

Épisode 3.

La ville à son apogée – Fin du 2e-3e siècle

Malgré les signes d’instabilité qui marquent la fin du 2e siècle, la première moitié du 3e siècle connait un nouvel équilibre politique qui favorise la prospérité économique des provinces gauloises. Condate bénéficie d’un développement architectural sans précédent à cette époque. D’importants regroupements fonciers facilitent les transformations du paysage urbain dans la mesure où de riches propriétaires peuvent désormais se faire construire de grandes domus (demeures urbaines) en centre-ville.

Cette évolution se fait au détriment des petits artisans dont les activités sont rejetées en périphérie. Ce phénomène d’enrichissement d’une classe privilégiée se constate également dans les campagnes environnantes où se développent de grandes villas.

Épisode 4.

La ville romaine tardive – fin du 3e-5e siècle

La cité des Riedons n’échappe pas à la « crise » militaire, politique, économique et sociale, qui déstabilise profondément la société gallo-romaine dans le dernier tiers du 3e siècle. Ces troubles bouleversent la topographie urbaine ; de nombreux bâtiments collectifs sont désaffectés et démantelés, des quartiers abandonnés.

Dans le même temps, lors d’un vaste plan de mise en sécurité de l’Empire (285-306), une enceinte urbaine est construite pour protéger les nouveaux lieux de pouvoir et de prestige surtout. Sa réalisation nécessite la mobilisation de moyens financiers et humains colossaux qui témoignent de l’étonnante vitalité des institutions municipales de l’Antiquité tardive. L’espace urbain situé hors de cette enceinte présente désormais un paysage très contrasté associant ruines, terrains cultivés, bâtiments encore occupés de façon plus ou moins précaire.

Épisode 5.

Les premiers temps de la ville médiévale – 5e-12e siècle

La transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge se fait progressivement. De nouveaux lieux de culte s’implantent dans les nécropoles romaines : aux 6e et 7e siècles, la ville est clairement chrétienne. Le pouvoir comtal s’établit aux 10e et 11e siècles. Les sources écrites sont lacunaires et ne permettent pas de restituer précisément l’organisation de la ville. La Cité, close par l’enceinte héritée de l’Antiquité, abrite la cathédrale, le château comtal avec sa motte et sa basse-cour.

L’élite urbaine composée de nobles et d’ecclésiastiques y réside. Les autres habitants semblent se regrouper extra-muros, autour des lieux de culte et le long des voies de communication, créant alors des bourgs qui viennent délimiter l’espace urbain à travers une occupation discontinue.

Musée de Bretagne
Rennes Parlement de Bretagne, Hippolyte Denniel, fin 19e siècle, Papier vergé, Musée de Bretagne

Épisode 6.

La ville de pouvoirs et de prospérité – 13e-15e siècle

À partir du 12e siècle, les sources écrites plus nombreuses permettent de mieux appréhender le développement de la ville, encouragé par le duc de Bretagne et porté par une nouvelle administration municipale. Aux 13e et 14e siècles, les espaces entre les pôles urbains dispersés du début du Moyen Âge sont colonisés et la ville rend compte d’une organisation plus unie. Au 15e siècle, deux nouvelles enceintes sont construites et protègent plus de 60 hectares de la ville, la divisant en trois espaces : l’ancienne Cité toujours marquée par les pouvoirs religieux, politique et économique ; la Ville Neuve où s’installent bourgeois et commerçants ; la Nouvelle Ville avec les faubourgs des artisans. Le château perd de son importance et est détruit au début du 15e siècle. À la fin du millénaire médiéval, la ville a pris progressivement l’apparence qu’elle revêt à l’époque moderne.

incendie ville rennes
Estampe, Partie de l’incendie de la Ville de Rennes, vers 1720, Jean-François Huguet, dessinateur, Papier vergé, taille douce, Musée de Bretagne

Épisode 7.

La ville parlementaire – 16e siècle-1720

En 1561, Charles IX décide d’implanter le parlement de Bretagne à Rennes, qui y siège de manière permanente dès 1655 avec la construction du palais. Rennes devient alors la nouvelle capitale administrative et judiciaire de la province. De nouvelles élites urbaines, bourgeoises et nobiliaires s’installent en ville entraînant la construction d’hôtels particuliers et l’aménagement de promenades. Le parlement structure la ville à tel point qu’en 1675, la marquise de Sévigné soulignait « Sans son parlement, Rennes ne vaut pas Vitré ».

En lien avec la réforme catholique engagée dès le 16e siècle, de nouvelles communautés s’installent et les emprises des couvents s’étendent. La fonction militaire de la ville n’est plus d’actualité, les fortifications commencent à être démantelés, laissant place à de nouveaux aménagements contribuant à l’extension hors les murs.

théâtre rennes ville
Carte postale, Le théâtre, Rennes, début du 20e siècle, musée de Bretagne

Épisode 8.

Après l’incendie – 1720-1789

L’incendie qui s’abat sur la ville en décembre 1720 ravage une grande partie du centre hérité de l’époque médiévale. L’événement offre l’opportunité de concevoir un plan d’urbanisme précurseur, confié à l’ingénieur Robelin puis à l’architecte Gabriel et son fils de 1726 à 1754, principalement autour de la place du Parlement et la place Neuve, actuelle place de la Mairie.

L’aspect de la ville haute est totalement transformé, accentuant une disparité durable vis-à-vis de la ville basse. Mais il constitue un ensemble urbain homogène dont la couture avec les quartiers épargnés par le feu se révèle réussie. Parallèlement au relogement urgent des habitants, un remembrement profond du parcellaire s’accompagne de la naissance de la copropriété, notamment dans les nouveaux immeubles de rapport en pierre tout juste apparus.

Épisode 9.

Le réveil progressif de la ville assoupie – 1789-1945

Après la Révolution française et la dissolution du Parlement de Bretagne, Rennes décline, devenant le simple chef-lieu du nouveau département de l’Ille-et-Vilaine. De nombreux bâtiments religieux confisqués comme biens nationaux sont réattribués à l’administration militaire, couvrant l’espace de garnisons. Descriptions de voyageurs et premières photographies présentent alors Rennes comme une ville morne et peu active, voire insalubre. Mais la ville assoupie se réveille progressivement. Maires, architectes et entrepreneurs œuvrent pour sa modernisation, réalisant des projets conçus parfois au siècle précédent : canalisation de la Vilaine, création de boulevards, arrivée du chemin de fer, assainissement… Tandis que la ville s’étend considérablement, repoussant ses limites aux barrières d’octroi, l’industrialisation tente de rattraper ses retards.

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Villejean, Rennes, 15 juin 1967, Créations Artistiques Heurtier, photographe, musée de Bretagne

Épisode 10.

Vers la ville d’aujourd’hui – 1945-2000

Après la Seconde Guerre mondiale, l’action du maire Henri Fréville crée un véritable tournant. Le besoin de logements avec la Reconstruction et l’essor démographique donnent lieu à des programmes de rénovation du centre, d’expansion vers la périphérie avec les premiers grands ensembles des ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) et de renouveau architectural.

Après les Trente Glorieuses et pendant les mandats d’Edmond Hervé, l’expansion ralentit et la ville se contient dans les limites de la rocade et de la « ceinture verte rennaise », au bénéfice du cadre de vie. Rennes change d’échelle, avec la naissance dès 1970 du district, devenant communauté d’agglomération en 2000 et métropole en 2015. La ville archipel apparaît, signe d’une stratégie urbaine portée par l’ensemble des communes du territoire.

La ville actuelle de Rennes est le résultat d’une longue histoire dont les traces sont aujourd’hui plus ou moins visibles, le temps les ayant effacées ou préservées. Elle est une mosaïque de bâtiments, d’îlots, de quartiers et d’activités hérités des siècles précédents. Ce récit en a révélé les avancées les plus marquantes. Archéologie et histoire ont fourni des témoignages précieux renouvelant profondément la vision de la ville. Mais ce fil du temps ne s’achève pas ici, loin de là, car ces héritages secrets sont aujourd’hui à lier au présent.

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Photographie, Maurepas premières HLM, Rennes, 1957, Jean-Claude Houssin, photographe, musée de Bretagne

SIX MANIPULATIONS TOUT AU LONG DU PARCOURS :

Des dispositifs de manipulations numériques ponctuent le parcours plaçant le visiteur dans la peau d’un archéologue, d’un historien ou encore d’un constructeur, pour rendre visible la ville invisible (cartographie animée, restitution 3D, jeux…).

• Tria nomina

À partir d’une reproduction d’une des inscriptions romaines retrouvées à Rennes présentées dans le parcours permanent du musée de Bretagne, les visiteurs découvrent la composition des noms des citoyens romains (assemblage d’un prénom, d’un nom et d’un surnom) et, ainsi, la notion de citoyenneté à cette époque.

• Le castrum : la construction du rempart au 4e siècle

Par un jeu de construction et une mise en situation, les visiteurs jouent le rôle de bâtisseurs du rempart de Rennes et appréhendent la notion de réemploi de matériaux de construction.

• Une sépulture du Bas Empire

Les fouilles du site de la Cochardière ont révélé de très nombreuses sépultures du Bas Empire. Elles nous renseignent sur les pratiques funéraires et sur la société de cette époque. Ce dispositif interactif dévoile les types de mobilier déposés dans les sépultures par un jeu de déduction autour de la restitution d’une tombe fictive.

• Le nom des rues et ce qu’il nous apprend du passé

En associant des activités artisanales, commerciales et autres à des rues, on découvre la répartition de celles-ci dans la ville et leurs noms ainsi que la signification historique de la toponymie rennaise.

• Enquête fiscale

Un jeu numérique sur le livre rentier de la Chambre des comptes des ducs de Bretagne : à la place du percepteur Pierre de Bon Abri, il faut retrouver la parcelle d’un certain Perrin Grignart via un quiz, un jeu de pendu et une recherche sur plan.

• Repenser et reconstruire la ville

Un jeu numérique des 7 différences pour explorer le plan forestier du 18e siècle, projet urbain de reconstruction de Rennes après l’incendie de 1720.

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Photographie, Rennes couverture de la Vilaine, Sigismond Michalowski, 1963, Papier baryté, musée de Bretagne

Exposition Rennes, les vies d’une ville, musée de Bretagne, Champs Libres, Rennes, du 20 octobre 2018 au 25 août 2019

Horaires d’ouverture

Du mardi au vendredi de 12h à 19h Samedi et dimanche de 14h à 19h Fermeture le lundi et les jours fériés Vacances d’été : à partir de 13h du mardi au vendredi

Tarifs

6 euros (plein tarif)
4 euros (tarif réduit)
16 euros (forfait 5 personnes)
Gratuit : moins de 18 ans,  premier dimanche du mois

Accès

Métro : stations Gares, Charles de Gaulle
Bus : arrêts Champs Libres Magenta, Colombier, Gares Gare SNCF et gare routière à 100 m
Parking : Charles de Gaulle

Les Champs Libres
10, cours des Alliés – 35000 Rennes Téléphone: 02 23 40 66 00 contact@leschampslibres.fr

RENNES, L’ÉLÉGANCE POP INDÉ DES PAPAPLA

« C’est l’histoire de deux potes qui habitent dans une petite citadelle de Bretagne et qui, après un pari un peu absurde, décident d’aller trempouiller leurs petits pieds bretons (La Plage) dans la mer Méditerranée (Saint-Tropez), juste pour vérifier que la température de l’eau est plus chaude. Ce road-trip en voiture (Je n’adhère plus) sera fait de rencontres (Maurice’s Waltz), de songes (Shooting Stars), de solitude (What am I doing here?) et de bien d’autres choses » (Julien Sevin-Renault).

Une poésie d’une simplicité distinguée aux rythmes mélancoliques parfois planants, parfois plus dynamiques : c’est le pari gagnant proposé par les Papapla dans The Sounds of Papapla vol 1, sorti le 8 juin 2018. Un très bel premier opus pop indé, qui alterne des textes en français et en anglais avec beaucoup de style, c’est indéniable. Un petit bijou pour les oreilles.

Pourquoi avoir choisi l’énigmatique nom de groupe Papapla ?

Thierry Lolon : C’est la traduction littérale de « flat daddies » en américain qui serait les « papas plats ». Ce sont des effigies de G.I américains en carton. Quand les soldats américains sont partis en Irak faire la guerre, l’armée américaine a proposé aux familles de fabriquer des cartons grandeur nature avec l’image des pères partis à la guerre. Nous avons vu un reportage où les pères étaient « présents » à table sous forme de cartons. C’était pour lutter contre la solitude, l’éloignement. J’avais trouvé cela très curieux et assez inquiétant. Au début nous devions nous appeler les « flat daddies » puis finalement nous nous sommes dits que nous pouvions faire une traduction littérale. C’était assez drôle et cela rendait quelque chose d’étonnant.

ELEGANCE POP INDE DE PAPAPLA

La musique a toujours fait partie de vos vies respectives puisque Thierry est l’ancien leader du groupe « Band of Ghosts » et que Martial est co-fondateur du label « les disques Normal » (Bumpkin Island, Mha, Kalamar, Superstar, Lady Jane). Comment est apparu ce goût pour la musique chez chacun de vous et comment a émergé l’idée de vous associer pour travailler sur un premier album ?

Thierry Lolon : Le goût pour la musique a toujours existé chez nous. C’est quelque chose qui fait partie de notre culture depuis que nous sommes étudiants. J’ai joué dans différents groupes. Depuis quelques années, je faisais de la musique tout seul. Je ne faisais pas de concerts mais je m’enregistrais. J’ai sorti un album sous le nom Band of Ghosts puis j’ai connu Martial via une web radio qui s’appelait « Association de gens normal ». Il m’avait contacté pour diffuser un morceau de Band of Ghosts.

Martial Hardy : Pendant l’aventure avec le label « Les disques Normal » nous avons fait une compilation hommage à Sparklehorse lorsque le leader du groupe est mort. Nous avons fait appel à des groupes de rock indé français à ce moment et avons notamment pensé à Thierry. Les hasards de la vie ont ensuite fait que nous habitons maintenant à 5 minutes l’un de l’autre. Nous avons découvert au fil du temps de nombreux points communs et avons essayé de jouer ensemble à partir de morceaux que Thierry compose.

Pouvez-vous nous raconter comment s’est déroulée la réalisation de ce premier album, Sounds of Papapla vol 1, depuis 2016 jusqu’à sa sortie en juin 2018 ?

Martial Hardy : A la base c’est Thierry qui compose. Il fait une base rythmique avec la voix. Ce sont parfois des morceaux plus vieux que 2016, qui étaient en chantier depuis un moment. Mais nous avons commencé à composer ensemble il y a deux ans, en effet. Je m’occupe des arrangements guitare.

Thierry Lolon : Je viens avec une base que je trouve seul. Ensuite, nous la retravaillons ou plutôt nous nous amusons à partir de cette base. Nous pouvons revoir la structure du morceau, voir les arrangements.

Martial Hardy : Nous explorons et essayons des choses. Nous avons tous les deux notre métier à plein temps à côté, la musique est une passion que nous pratiquons en dehors de notre travail.

ELEGANCE POP INDE DE PAPAPLA

Houellebecq semble planer derrière votre album. Quelles sont vos influences ?

Thierry Lolon : On me l’a déjà dit en effet notamment sur une chanson. J’aime bien Houellebecq comme auteur mais je n’ai pas cherché à faire du Houellebecq. Je ne chante pas, les morceaux en français sont des chansons parlées et il y a peut-être un côté brut, un constat des choses : dans ce sens certaines chansons peuvent s’apparenter à l’album de Michel Houellebecq. Nous aimons beaucoup les Suuns, un groupe canadien qui fait des choses surprenantes.

Martial Hardy : J’aime de façon inconditionnelle les Sparklehorse. Le shoegaze (ndlr : sous-genre du rock alternatif) comme Slowdive. Il y a aussi Sonic Youth, Tricky…

Thierry Lolon : Nous écoutons beaucoup de choses, des groupes de post-rock comme Mogwaï . Le rock des années 90 aussi forcément ! Je chantais tout le temps en anglais et maintenant je ne compose plus qu’en français. Je n’aimais pas trop les groupes de rock français, la façon d’écrire leurs textes. Cela ne m’intéressait pas trop. Puis j’ai découvert Bertrand Belin, par exemple. C’est quelqu’un qui a apporté beaucoup à la chanson ou au rock français. Comme Bashung d’ailleurs.

Martial Hardy : Le texte est en français mais la façon de chanter ou les musiques ne sont pas toujours calées sur la chanson française traditionnelle.

ELEGANCE POP DE PAPAPLA
© Renan Peron

Chanter en anglais était une façon de s’identifier à ce qui se faisait et se fait encore dans le monde anglo-saxon ou peut-être est-ce un moyen de se cacher d’une certaine façon ? Quelle était la raison ?

Thierry Lolon : C’est exactement cela. A la base j’avais une culture anglo-saxonne. Je n’ai pas un niveau d’anglais extraordinaire donc j’ai ensuite été limité dans l’expression de ce que je voulais exprimer. Je me rends compte qu’en ne chantant plus qu’en français, on ne peut pas se cacher. Il y avait une manière de dire les choses en avançant masqué. C’est aussi une évolution dans les goûts musicaux. Nous écoutons tout de même beaucoup de groupes en anglais.

Une voix féminine apparaît dans « What I am Doing Here » et laisse penser au duo Serge Gainsbourg – Jane Birkin. Qui est cette voix féminine qui accompagne Thierry ?

Thierry Lolon : C’est ma femme ! Quand nous faisions des enregistrements, je lui demandais toujours de chanter sur un morceau car elle chante bien. Et puis, je me suis dit que c’était l’occasion de voir ce que cela pouvait donner. C’est une tentative d’arrangements.

« Une bande de jeunes vieux marchent dans un parc » (La voie de la mémoire) « Le plus grand yacht, le plus gros a gagné. Il faut bien donner un sens quand l’or déborde et que l’ennui dévore» (Saint-Tropez). Plage, road-trip, amitiés, solitude … Quelles émotions voulez-vous transmettre à votre public et où puisez-vous votre inspiration ?

Thierry Lolon : Toutes les chansons sont des histoires vraies, des choses sur des expériences que j’ai vécues. Je n’invente rien. La chanson sur Saint-Tropez, j’y suis allé et j’ai livré mon ressenti sur la manière dont j’avais vécu la visite. Je n’essaye pas spécialement de transmettre une émotion. J’essaye d’être honnête. Je ne recherche pas des paroles engagées.

Martial Hardy : Thierry part d’un constat et pose des questions sur des choses qui l’intriguent. Nous jouons certains morceaux en live qui ne sont pas sur le disque comme la chanson « Poison » qui fait écho à une expérience vécue par Thierry.

Thierry Lolon : Cette chanson a émergé d’une anecdote, en effet. J’étais dans un bar et j’ai vu une femme en face de moi avec marqué sur son bras : « ma mère est un poison ». J’en ai fait une chanson. J’ai imaginé ce qu’il s’était passé.

ELEGANCE POP DE PAPAPLA
© Renan Peron

Visez-vous un public particulier comme une « bande de jeunes vieux » (La voie de la mémoire) par exemple ?

Thierry Lolon : L’âge n’a rien à voir là-dedans. Nous ne visons pas un public. La chanson « une bande de jeunes vieux » raconte un film que j’ai vu il y a quelques années que j’avais beaucoup aimé. Il s’appelle Memory Lane (Mikhaël Hers). Il parle d’une bande de potes qui ont autour de 25/30 ans. Ils se retrouvent et leur vie a changé. Ce sont des jeunes qui ne sont plus trop jeunes non plus. Cette chanson est mon regard sur ce film. Nous avons joué devant des publics très différents. Nous sentons que la musique intéresse plus les amateurs de rock, qui écoutent pas mal de musiques actuelles. Nous avons fait des soirées où il y avait des groupes de reprises comme pour la fête de la musique. Nous sentons un décalage : lors de cet événement des groupes vont faire des compositions de chansons très connues, qui intéressent beaucoup de personnes. Nos chansons sont ni très festives, ni très drôles. Le partage se fait, ou pas. Certains accrochent et d’autres non.

Martial Hardy : Nous ne raisonnons pas en termes de cibles. Il n’y a pas une volonté de jouer uniquement pour un public averti. De fait, nous sentons que suivant les endroits où nous jouons, il y a plus ou moins de réception. La musique s’adresse à tous les âges, c’est après une question de curiosité ou non, sans jugement.

Vous avez réalisé des concerts à Ercé-près-Liffré, Fougères. Souhaitez-vous programmer de nouvelles dates de concerts et quels sont vos projets musicaux ?

Martial Hardy : Nous avons fait une petite dizaine de concerts depuis février 2017. Nous allons jouer à Rennes en septembre. Nous aimerions bien jouer un peu plus. Nous n’avons cependant pas forcément les possibilités de partir en tournée, ni l’envie d’ailleurs !

Thierry Lolon : Nous allons essayer de ré-enregistrer des chansons cette année. L’album que nous avons sorti n’est pas très long. Nous avons encore plein de morceaux qui existent déjà. Nous avons une base pour faire un deuxième album dans la foulée !

Martial Hardy : En concert, il y a un tiers des chansons qui ne sont pas sur le disque dont des morceaux qui ne seront peut-être jamais sur un disque de Papapla. Nous verrons. Certaines sont en chantier.

Papapla, Sounds of Papapla. 17 euros. Dans les bacs le 18 juin 2018.

Photo de couverture : © Thierry Lolon. Mise en page : Oliver Schreiber

ROMAN. MICHAEL URAS NOUS EMMENE EN SARDAIGNE

Pourquoi Giacomo, traducteur qui vit et travaille à Marseille, est-il appelé en urgence sur ses terres natales sardes ? Parce que sa chère grand-mère n’en a plus pour longtemps. En effet, les jours sont comptés pour la vieille dame. Il semble donc normal que son seul petit-fils se rende à son chevet rapidement.

Michaël Uras

Oui, mais voilà, la grand-mère ne meurt pas aussi rapidement qu’annoncé. Giacomo va donc devoir prolonger son séjour chez ses parents, entouré des siens, alors que son patron, éditeur, le presse de rendre une traduction d’une version inédite de l’œuvre de Melville, Moby Dick.

Michaël UrasOscillant sans cesse entre présent et passé, Giacomo nous rappelle avec force anecdotes son enfance, son adolescence vécue sur cette île de la Méditerranée. Les rencontres, l’amitié, les liens forts tissés avec certains membres de la famille, son entourage, ses premiers émois, son amour presque inconditionnel pour la belle Manuella, l’épicière du village ont-ils fait du jeune homme un être équilibré et à l’aise dans ses espadrilles ?

Peu à peu, on va également découvrir pourquoi Giacomo a pris la tangente et a quitté l’île du jour au lendemain. Que fuyait-il ? Qui fuyait-il ? Et que va-t-il découvrir en revenant sur ce rocher perdu au cœur de la turquoise marine ?

Michaël Uras

Avec une infinie tendresse, Michaël Uras nous brosse un tableau coloré de plusieurs époques, de multiples lieux enchanteurs dont il faut parfois se méfier, nous dépeint des personnages aux saveurs multiples et jamais insipides, nous entraîne dans les secrets des familles qui engendrent des bonheurs parfois illusoires sinon des drames indélébiles. Au pays des taiseux, quand la parole se libère, on peut assister à de véritables ouragans. C’est souvent empreint d’une douce mélancolie. Et ce n’est jamais très éloigné de l’œuvre de Melville.

Ce roman d’apprentissage nous permet aussi d’accéder et de réfléchir sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, de nous pencher également sur le temps qui s’échappe ou qui nous échappe, sur ce qu’on laisse ou pas derrière soi. C’est aussi, en arrière-plan, une réflexion sur la notion de construction de soi à travers les autres. Le Bonheur comme simple thématique n’existe pas, les instants de bonheur en revanche permettent de tendre à une certaine forme d’équilibre. Quant aux douleurs, aux trahisons, aux déceptions, elles permettent aussi parfois de devenir plus humain que l’on ne penserait hâtivement. Quant aux lieux, on peut parfois oublier combien ils participent de ce que l’on est, surtout de ce que l’on devient.

Avec ce roman plein d’humour et d’esprit, véritable déclaration à la Sardaigne, Michaël Uras propose une ode aux petits bonheurs et aux joies simples de la vie, le tout porté par une écriture lumineuse.

La maison à droite de celle de ma grand-mère, Michaël Uras, Éditions Préludes.315 pages. Parution : mai 2018. 15,60 €.

LA VIE SECRÈTE D’ELENA FABER OU LA LETTRE PERDUE

Il était nécessaire de patienter quelque temps avant même de poser sur le papier les premiers mots d’une chronique à propos de La vie secrète d’Elena Faber. Parce qu’on n’écrit pas sous les larmes, parce qu’on n’écrit pas sous l’émotion la plus vive, au risque de se perdre, de perdre le lecteur et d’écorner l’oeuvre de l’artiste.

Mais peut-être qu’elle a raison, et que c’est exactement ce que je fais : laisser l’histoire d’amour d’une inconnue m’obséder pour ne pas penser au désastre qu’est devenue la mienne.

la vie secrète d'elena faber

La lecture du roman de Jillian Cantor m’a rappelé celle il y a une dizaine d’années de Elle s’appelait Sarah, Tatiana de Rosnay, lecture débutée en français, poursuivie en anglais parce que trop difficile psychologiquement.THE LOST LETTER
Il était nécessaire de laisser retomber les passions, de prendre un peu de recul. Parce que ce qui touche à la destruction de l’Humanité, de l’Homme, des enfants (la Shoah) demeure insupportable et pourtant primordial à aborder régulièrement pour ne jamais oublier. (même si d’aucuns cyniques se réjouissent d’images captées dans nombre de pays qui sont au quotidien la scène de théâtre d’exactions en tout genre).

LA NUIT DE CRISTAL
Nuit de Cristal, Kristallnacht, (9-10 novembre 1948)

Feuille à feuille, l’histoire se déroule à Los Angeles dans les années 1990 et simultanément en Autriche au moment de l’Anschluß en 1938 et de l’époque terrible qui va suivre la Nuit de Cristal. Étrange, penseront d’aucuns de pouvoir raconter une histoire sur plusieurs époques en même temps. Magie et subtilité de l’auteure comme de la littérature qui met en scène de multiples personnages que les époques, les décennies, les drames, l’horreur séparent et malgré tout peuvent rassembler. Pourquoi ? Parce que tout est lien. Parce que nous sommes tous dépendants les uns des autres, parce que les générations qui se suivent sont liées quoiqu’on le souhaite, quoiqu’on le refuse, quoiqu’on le nie.

 Le timbre est à l’envers… C’est ça qui est inhabituel ?
— Non, répond Benjamin. C’est un message.
— Un message ?
— Ça se faisait beaucoup. L’emplacement et la position du timbre avaient une signification. Il existe toute un langage des timbres.
— Un langage des timbres ? Je l’ignorais…
— Le coller à l’envers signifie « Je t’aime ».

Autriche, 1938. Kristoff, un jeune orphelin viennois, est apprenti chez Frederick Faber, un maître graveur, créateur de timbres. Il tombe amoureux de sa fille, l’intrépide Eléna, avec laquelle il s’engage dans la résistance autrichienne. Mais tous deux sont bientôt pris dans le chaos de la guerre…

Los Angeles, 1989. Katie Nelson découvre dans la maison familiale une riche collection de timbres ayant appartenu à son père. Parmi ceux-ci, une mystérieuse lettre scellée datant de la Seconde Guerre mondiale et ornée d’un élégant timbre qui attire son attention. Troublée, Katie décide de mener l’enquête.

Feuille à feuille, couloirs après couloirs dans ce labyrinthe qui nous entraîne au cœur du pire, de l’espoir à l’effondrement, de vérités en mensonges, du combat pour la liberté, le respect des uns des autres, la démocratie, la résistance aux bourreaux, Jillian Cantor nous convoque à revisiter l’histoire de quelques-uns qui forment la Grande Histoire, celle de victimes comme de héros presque ordinaires dans une époque troublée. « Qui tue un homme tue l’Humanité ! Qui sauve un homme sauve l’Humanité ! » Parce que tout oublier serait une tragédie pour les vivants et les morts.

Un roman bouleversant et juste. Une plume aérienne et précise. Une démarche humaniste à porter de lecteur en lecteur…

La vie secrète d’Eléna Faber, Jillian Cantor, Éditions Préludes.380 pages. Parution : mai 2018. 15,90 €. Titre original : The lost Letter. Traduit de l’anglais par Pascale Haas.

 

Lire un extrait : ici

JILLIAN CANTOR

Jillian Cantor est diplômée d’anglais. Elle est née et a grandi dans la banlieue de Philadelphie et vit actuellement avec son mari et ses deux enfants dans l’Arizona. La Vie secrète d’Elena Faber est son premier roman traduit en France.

LES M STUDIO, COCON DE DEUX DESIGNERS BRETONNES (CÉLINE MERHAND ET ANAÏS MOREL)

Design d’objet ou d’espace, graphisme et stylisme, les M Studio ont plus d’une corde à leur arc. Depuis 2007, les designers bretonnes Céline Merhand et Anaïs Morel revisitent les petits rituels de la vie quotidienne pour des créations à la fois originales et utilitaires. Entretien avec Anaïs Morel.

Anaïs Morel et Céline Merhand

Unidivers : Comment a commencé l’aventure des M Studio ?

Anaïs Morel : Céline Merhand et moi-même nous sommes rencontrées durant nos études aux Beaux-Arts. Après avoir obtenu notre diplôme en 2007, nous avons commencé à travailler ensemble, chacune sur nos projets. Parallèlement, nous exposions ensemble et répondions à des concours. L’idée de réaliser un projet en commun a donc naturellement germé. Petit à petit, de nouveaux objets ont été créés et de nouveaux projets ont été dessinés. De fil en aiguille, Les M Studio sont nés.

M Studio design lifestyle Rennes
Le Printemps du Petit TNB, Scénographie, 2018. En collaboration avec Urbagone

Nous balayons un certain nombre de disciplines comme l’édition, c’est-à-dire la réalisation de dessins d’objets et de mobiliers pour des marques. Mais aussi la confection d’installations et mobiliers sur mesure au profit d’institutions culturelles, à l’image de la carte blanche offerte par le Théâtre National de Bretagne en 2018 afin de repenser la scénographie des espaces dans le cadre du Printemps du petit TNB (en collaboration avec le collectif Urbagone).

Des clients ponctuels nous commandent également des projets spécifiques tels que la réalisation d’un stand professionnel pour un salon. Plus récemment, nous avons développé une activité de graphisme (mise en page pour des magazines) et de stylisme (accessoire). Dans le cadre de notre partenariat avec les marques de vêtements pour enfants IKKS Junior et Tann’s, nous avons réalisé une collection bagagerie scolaire et maroquinerie.

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Collerette, Edition Casamania. 2012

Unidivers : Céline Merhand, votre partenaire, réside au Luxembourg alors que vous habitez à Rennes. Comment le travail à distance est-il organisé ?

Anaïs Morel : Nous nous connaissions très bien avant de débuter notre activité. Après le premier temps en commun, nous n’avons rencontré aucune difficulté à travailler à distance. Céline est originaire de Redon et revient régulièrement en Bretagne pour des raisons familiales ou professionnelles. Nous nous rencontrons également à Paris ou sur les lieux de nos projets.

Grâce à cette forme originale de collaboration, nous avons pu développer un double réseau et collaborer avec plusieurs musées au Luxembourg : le Mudam Luxembourg en 2012 et plus récemment avec la Villa Vauban, le Musée d’Art de la Ville de Luxembourg.

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Sensorium, Exposition et Workshops, 2012. Mudam Luxembourg

Unidivers : Vous puisez votre inspiration principale dans la vie quotidienne et, plus précisément, dans la revisite des rituels de la vie de tous les jours. D’où vient ce choix ? Et quelles sont vos autres inspirations ?

Anaïs Morel : La manipulation et l’interaction entre les objets et les utilisateurs se trouvent au centre de nos préoccupations. Notre axe de travail est que les choses ne sont pas figées, mais modulables, que l’objet n’est pas seulement conçu pour être regardé, que tout peut et doit être utilisable. Nous tentons ainsi d’apporter un côté ludique aux créations et une liberté d’usage aux utilisateurs.

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Collection Villa, portemanteau, 2017. Édition TABISSO

Bien que l’observation de la vie quotidienne constitue l’une de nos inspirations – milieu marin, portuaire, etc. – tout dépend également du projet et des matériaux utilisés, ses propriétés, et l’expérimentation que l’on en fait.

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Au pied du lit, tapis, 2009. Commande de Produit en Bretagne

Nous avons participé en 2015 aux Résidences de l’Art en Dordogne. De cette aventure est née Parenthèse, une collection réalisée en collaboration avec des artisans afin de promouvoir l’artisanat d’art local. Les matériaux utilisés par les créateurs, mais également l’endroit en lui-même ont orienté nos choix créatifs. Nous avons recréé une petite histoire autour de la région du Périgord-Limousin autour de l’idée d’une balade imaginaire en forêt où l’on utiliserait tel ou tel objet afin de susciter une atmosphère en lien avec le lieu.

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Eclisse, panier, 2016. Résidences de l’Art en Dordogne – Pôle expérimental des Métiers d’Art de Nontron et du Périgord Limousin

Quand nous travaillons pour une institution culturelle, dans un cadre défini, nous puisons notre inspiration dans l’histoire, l’architecture du lieu et les détails qui le caractérisent. Placer le visiteur en tant qu’acteur devient aussi l’une de nos problématiques principales. Pour le projet au Domaine départemental de la Roche Jagu (Côtes-d’Armor) en 2014, le château est ancré dans un jardin paysager ce qui a été une source d’inspiration fondamentale. Saisons tente de retranscrire cet extérieur à l’intérieur du château.

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Saisons, 2014. Domaine départemental de la Roche Jagu

Unidivers : En dix ans d’existence et nombre de créations, pouvez-vous nous parler d’un objet ou un projet phare, qui symboliserait votre travail ?

Anaïs Morel : Je peux vous en citer deux. Historique est un bien grand mot, mais il s’agit du premier objet que nous avons édité et celui qui nous a lancé : le fauteuil « Cocon ». C’est un projet qui revisite l’un des petits rituels de notre quotidien (le plus vieux et le meilleur qui est jamais existé, disons-le !), celui de s’emmitoufler dans une couverture sur son canapé…

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Cocon, 2010
Edition Super-ette

Ensuite, j’évoquerai le projet « Pillow ». Il montre aussi bien la liberté d’usage inhérente à notre travail que l’aspect ludique et modulable. Ce projet est le résultat d’une invitation du Centre Pompidou-Metz, pour les Ateliers jeunes publics (2011). Le centre culturel nous a proposé une carte blanche pour un projet sans thème préétabli. La cible, le jeune public, a constitué notre inspiration principale. En nous replongeant dans notre enfance, nous avons imaginé le terrain de jeu idéal. De nos recherches et inspirations sont nés ces gros coussins de 4m50 remplis de polystyrène. Une seule forme peut se décliner en plusieurs usages possibles. Pillow a été imaginé comme lieu de repos et espace de jeu de construction puisque les enfants peuvent les déplacer à plusieurs et créer de nouvelles formes. Il a été exposé plusieurs fois et nous avons pu découvrir de nouveaux usages : écouter la musique, danser, etc.

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Pillow, Atelier jeunes publics, 2011. Centre Pompidou-Metz

C’est une pièce unique pour le Centre Pompidou-Metz, mais une version reproductible que nous éditons nous-mêmes est disponible. C’est d’ailleurs la seule. Elle a notamment été utilisée dans les salles de préparation à l’accouchement, présenté en médiathèque comme lieu de réunion… Une fois, j’ai organisé une présentation dedans ! C’est intéressant de constater que, selon que vous adoptez une posture plus ou moins allongée, vous n’avez pas la même écoute. Les distances entre les gens s’amenuisent et une liberté de parole s’instaure. Ce projet réunit plusieurs facteurs auxquels nous sont sensibles – l’utilisation du textile également – et laisse place à l’imagination.

M Studio design lifestyle Rennes
Pillow, Atelier jeunes publics, 2011. Centre Pompidou-Metz

Unidivers : Certains de vos projets sont à cheval entre l’art et le design, et vous participez également à quelques résidences. Comment l’Art s’insère-t-il au sein de votre travail ?

Anaïs Morel : Les résidences ont une démarche différente, il s’agit d’expérimentation et de recherches donc le design est secondaire. Nous avons été formées au design dans une école de Beaux-Arts et non dans une école de design industriel, ce qui explique notre profil. La frontière entre les deux est très mince.

M Studio design lifestyle Rennes
Collection Faune, trophées, 2016. Résidences de l’Art en Dordogne – Pôle expérimental des Métiers d’Art de Nontron et du Périgord Limousin

Unidivers : Quel est votre planning pour les mois à venir ?

Anaïs Morel : Nous consacrons notre temps à deux projets mobiliers : la conception d’un stand professionnel pour une entreprise de parquet (un travail d’agencement et de réflexion sur la visibilité de la marque) et un mobilier sur mesure pour la Bibliothèque de l’Université Rennes 2. L’Université a mis en place un projet d’agencement de l’une des pièces de la Bibliothèque centrale. Ils peuvent faire appel à des designers-artistes ou du moins des entreprises extérieures pour le mobilier spécifique. Et cet été, nous commençons une résidence avec la Villa Rohannec à St-Brieuc.

Les M Studio, Céline Merhand & Anaïs Morel, graphisme et design.

51, rue de Neudorf – 2221 Luxembourg
74, bd de Metz – 35700 Rennes – France
+33 (0)6-71-17-44-46

(Merci de nous contacter uniquement par mail pour vos demandes de stage)

info[@]lesm-designstudio.com

VOUS ÊTES ICI. PÉRIPLE SUR LE SPORT DANSÉ PAR PATRICE DE BÉNÉDETTI

Dans le cadre des Tombées de la Nuit, Patrice de Bénédetti offrait du jeudi 5 au samedi 7 juillet une nouvelle chorégraphie narrative au public rennais. Vous êtes ici, une ode dansée, une ode au sport et aux jeunes habitants de fragments de monde trop souvent oubliés des puissants. À lire ici…

Il est 19 h 30. Le public se masse peu à peu sur les quelques gradins installés en demi-cercle pour l’occasion dans la récemment réhabilitée Halle Saint-Hélier, ancienne brasserie Kronenbourg. Le soleil perce à travers les grandes fenêtres dénuées de vitres que l’architecture atypique du lieu crée naturellement. Une sensation d’être à la fois en intérieur et en extérieur qui sied bien au spectacle présenté. Vous êtes ici. Un lieu qui n’existe pas. Une parcelle des quartiers nord de Marseille occultée des cartes que l’artiste ramène à la vie.

Après quelques minutes, les gradins sont remplis. Quelques personnes se tiennent même debout pour assister à cette représentation originale. De Bénédetti arrive soudain en silence, deux sacs plastique à la main dont le rouge rappelle celui de sa casquette et des canettes de Coca-Cola qu’il place une à une sur le sol glacé de la Halle. Il marche de manière fluide. La seule musique animant ses pas est pour l’instant celle de la radio diffusant un programme sportif posée sur son épaule. Elle est peu à peu remplacée par sa voix grave, enregistrée au préalable comme dans son précédent spectacle Jean, hommage poignant aux soldats de la Grande Guerre. Son accent du sud parfois perceptible trahit ses origines. Son maillot de sport bleu ciel précise le propos, c’est de la cité phocéenne dont il s’agit. Les enceintes permettant au spectateur de pénétrer les pensées de l’interprète sont elles aussi recouvertes d’un maillot floqué d’un numéro. Un fil rouge délimitant en un cercle la scène où le danseur s’exprimera complète cette scénographie légère et portative, s’adaptant à chaque lieu.

Solo chorégraphique brillamment incarné par Patrice de Bénédetti, Vous êtes ici donne une voix à ces milliers de jeunes sportifs souhaitant se faire entendre, celles de l’auteur marseillais et de son frère aspirant footballeur, mais également celles des frères Hernandez, jeunes joueurs de baseball cubains. L’un passé aux États-Unis et l’autre resté bloqué sur la plage avant que son frère ne vienne le chercher 5 ans plus tard. Un dénominateur commun ? Le sport comme dépassement des frontières et ascenseur social.

BENEDITTI

La pièce résonne également tragiquement avec les exils méditerranéens marquant perpétuellement l’actualité. D’après Patrice de Bénédetti, des difficultés communes unissent ces divers personnages. Celle de quitter le lieu qui nous a vu grandir, celle de fuir la violence de ce même lieu qui nous forge comme nous détruit, celle de traverser des frontières tantôt physiques tantôt mentales aussi. Le danseur personnifie donc chacun de ces destins qui prennent tour à tour possession de sa personne malmenée. À travers ses paroles enregistrées, l’auteur prend également la casquette de frère, père, ou même coach tentant de motiver ses troupes. Une incarnation à la fois verbale et gestuelle donc.

Le corps se tend, se crispe, s’échauffe. Le mouvement est fluide, répétitif. Il doit nécessairement être parfaitement réalisé. La traversée de la frontière en dépend. Atteindre l’Eldorado du « là-bas » est conditionné à cet enchaînement de gestes. Il faut plaire aux puissants décideurs des gradins de ce monde.

« C’est toujours dans les mêmes champs qu’on nous cueille

C’est toujours sur les mêmes plages qu’on nous recueille

Ils n’ont qu’à se baisser, nous sommes des milliers

Si ce monde est un stade, alors eux vivent dans les gradins »

Nous y sommes tous dans ces gradins, comme spectateurs de notre propre cynisme. Bénédetti joue sur cette ambiguïté, affirme ne pas faire cela pour mettre mal à l’aise, mais pour questionner. Le spectateur l’est pourtant, mal à l’aise, lorsqu’impuissant, il voit le danseur agoniser sur le sol bétonné et froid de la Halle Saint Martin, ou plutôt « ici ». Dans son cercle rouge. Le maillot du sportif est maculé de sueur, le souffle est erratique alors que celui qui combat ses démons pendant quarante minutes d’apnée tente de retrouver une respiration mesurée. Tour à tour, il joue, jongle, fait l’équilibriste sur des piles de canettes de soda à l’équilibre précaire. Il parvient laborieusement à s’échapper un cours instant de ce cercle infernal, passe de l’autre côté du boulevard, de l’autre côté de l’océan. Il est néanmoins rapidement happé à nouveau par la frontière rouge.

Le regard marqué par la concentration dont il s’efforce de faire preuve vacille quelques fois. Sûr de ses appuis, il trébuche cependant. Le poids imposé par les autres, par lui-même aussi, est parfois trop lourd pour sa frêle carrure de gamin désabusé. De la mousse a coulé. Il a fini par ouvrir l’une de ces innombrables canettes rythmant ses pas et ses passes à lui même. Le soda a à peine eu le temps de pénétrer dans sa trachée, qu’il est immédiatement ressorti, dégoulinant de la bouche de celui qui est resté debout. Qui tente de faire face de manière digne. A-t-il vaincu ou embrassé ce capitalisme écrasant dont les règles ont fait du sport un monstre polymorphe broyant inexorablement la jeunesse et l’élevant, parfois ? À vous de juger.

BENEDITTI

Unidivers a pu poser quelques questions à l’artiste…

Unidivers : Vous choisissez de créer une scène en dessinant un cercle rouge à l’aide d’un cordage, serait-ce une représentation d’un terrain de football ?

Patrice de Bénédetti : L’idée n’est pas de matérialiser un tracé de terrain de sport, mais plutôt la pastille « vous êtes ici » des cartes. Je pose mon cercle rouge puis, à travers le texte, je dis qu’à partir de maintenant nous ne sommes plus à Rennes. Nous sommes ici. Ici c’est où ? C’est ma colline de Saint-Barthélémi à Marseille, c’est Cuba, c’est l’Afrique. J’essaye de donner vie à ce cercle rouge.

Paradoxalement vous fermez l’espace… Le message n’est-il pas pourtant de montrer que le sport est une échappatoire ?  

Patrice de Bénédetti : Il y a plusieurs lectures. Le sport est en effet dépeint comme un puissant ascenseur social, mais je vais outre cela. À un moment donné je parle des sportifs comme main d’œuvre. À Marseille, les clubs sportifs sont des sortes de réservoir à chair humaine qui alimentent le monde du bâtiment, de la sécurité. Des sortes de réservoirs qui font que c’est par le sport qu’on arrive à s’en sortir, mais pour des boulots de merde. Tous les minots pensent qu’ils seront des champions. C’est bien loin de la réalité, ce sort est réservé à un jeune sur 5000.

« Si tu ne réussis pas, ne t’inquiète pas, tu ne t’es pas affuté pour rien

Tu sais ici partout il y a besoin de bras, de mains, de poings, de bêtes de somme toutes en muscles mal accueillies et mal nourries

Leurs places existent là-bas comme ici

Pas sur le banc non, pas sur le banc

Mais pas sur le ring non plus »

 

BENEDITTI

De quoi les canettes de Coca-Cola présentes dans la scénographie se font-elles l’allégorie ? ?

Patrice de Bénédetti : À travers les canettes vides et pleines, je tente de montrer les gagnants, les perdants, ceux qui passent et ne passent pas. C’est un bien de consommation universel, mais c’est aussi le symbole de l’impérialisme américain, du capitalisme qui nous écrase.

Et qui pervertit le sport ?

Patrice de Bénédetti : Oui complètement. Particulièrement lorsque l’on voit comment les filières et clubs s’organisent et se créent, de manière structurée et avec de l’argent vecteur d’exploitation. On dirait des propriétaires de mine allant chercher le minerai.

« Nous savons que nous marchons et saignons sur de l’or

De l’or solide, de l’or liquide, de l’or qui se mange, toute sorte d’or

Nous marchons sur de quoi abreuver vos pays tout entiers de tout ce qui vous manque et vous en mettre plein le râble, plein la panse

Riches jusqu’aux entrailles de nos terres »

Les sports que vous évoquez dans votre spectacle – football, baseball, boxe – sont considérés comme particulièrement virils. Vous avez grandi à Marseille, pensez-vous que la danse en tant que sport peut être cet ascenseur social que vous prônez pour un jeune marseillais ?

Patrice de Bénédetti : Quand j’étais petit, on ne dansait pas à Marseille, c’était réservé aux homosexuels. Avec la vulgarisation de la danse de rue, du hip-hop, la situation a changé. Mais dans les années 80-90, c’était réservé aux gosses de riche. À l’époque la danse n’était pas un sport, c’était de l’art réservé à une certaine élite ayant un important pouvoir d’achat. Il y a désormais du langage dansé partout.

Le football ou le baseball sont vraiment des sports plus accessibles et donc populaires. On prend une boule de terre et c’est parti.

La danse de rue est souvent basée sur l’improvisation, votre spectacle est néanmoins assez écrit…

Patrice de Bénédetti : Cela varie selon les spectacles. C’est parfois de la danse écrite avec des mouvements précis. Depuis deux spectacles je travaille cependant surtout sur des états de corps, très proches du théâtre finalement. Je suis dans une espèce d’entre-deux. J’ai travaillé le butō pour Jean, danse moderne japonaise sans gestuelle propre. Cela me sert beaucoup aujourd’hui. Cette danse est caractérisée par une qualité du corps particulière, avec une entrée et une sortie. Les mouvements ne sont pas écrits, mais il y a une vraie continuité.

Le texte est quant à lui très écrit, enregistré. Il ne bouge pas, c’est mon métronome. Je danse dessus comme sur une musique, d’autant plus dans ce spectacle. Ce dernier est plus musical que le précédent. Jean était une lettre parlée, Vous êtes ici se rapproche du slam, avec beaucoup de rythme. C’est beaucoup plus agréable à danser, car je peux m’aider de la musique des mots. Le spectacle bouge cependant beaucoup de jour en jour. Les axes sont très clairs avec le texte, mais la manière dont le personnage initial sort à la fin en ayant tout traversé évolue.

Le personnage ou les personnages ?

Patrice de Bénédetti : Les personnages au pluriel. Passant par tous ces personnages, je sors transformé par ce que je traverse, le spectacle évolue jusqu’à ce que je trouve des appuis que je verrouille. Étant encore aux premières représentations pour l’instant, les moments de suspension et de transition sont assez aléatoires.

Vous êtes ici de Patrice de Bénéditti, Festival des Tombées de la nuit. 40 min / Dès 6 ans / Gratuit.
Partenariat L’intervalle, centre culturel de Noyal-sur-Vilaine et coproduction Festival Tombées de la nuit.

FINALE FRANCE-CROATIE, 4-2 !!!

BRAVO LES BLEUS !

Coupe du monde 2018 : Retransmission de la finale FRANCE-CROATIE dimanche 15 juillet 2018, à 17h, à Rennes Esplanade Général de Gaulle. Le 15 juillet 2018, la Ville de Rennes retransmet sur écran géant la finale de la Coupe du Monde, à laquelle l’équipe de France s’est qualifiée. Le dispositif mis en place à l’occasion de la demi-finale reste en place jusqu’à dimanche sur l’esplanade Général de Gaulle. L’accès à l’écran géant de 84m2, gratuit, débutera à 14h15. La fan zone permet d’accueillir jusqu’à 26 000 spectateurs.

Accès
La station de métro Charles de Gaulle sera fermée à partir de 13 h et sera à nouveau ouverte au public à l’issue du nettoyage de l’esplanade Général de Gaulle.

Les spectateurs pourront accéder à la fan zone de l’esplanade Général de Gaulle à partir de 14 h 15 par les deux entrées suivantes :

entrée rue d’Isly (croisement avec la rue de Plélo) ;
entrée cours des Alliés (croisement avec le boulevard Magenta).
L’accès pour les personnes à mobilité réduite se fera rue Yvonne Jean-Haffen le long de la sortie du parking souterrain.

L’accès pour les spectateurs du cinéma se fera par la rue Yvonne Jean-Haffen.

Circulation
Dimanche 15 juillet 2018, la circulation est interdite de 13 h à 23 h :
avenue Jean Janvier depuis le boulevard de la Liberté vers et jusqu’à la rue Albert Aubry ;
rue Descartes ;
rue Albert Aubry ;
boulevard Magenta ;
rue Yvonne Jean-Haffen ;
cours des Alliés ;
esplanade du Champ de Mars ;
rue Gurvand ;
rue d’Isly ;
rue de l’Alma depuis le boulevard de Beaumont vers et jusqu’au cours des Alliés ;
rue Émile Souvestre dans sa partie comprise entre la rue de Plélo et la rue d’Isly ;
rue de Plélo dans sa partie comprise entre la Rue d’Isly et la rue Émile Souvestre.

Stationnement
Du dimanche 15 juillet, à 8 h, au lundi 16 juillet, à 8 h, le stationnement sera interdit dans les rues suivantes :

rue Aubry,
rue Descartes,
boulevard Magenta,
rue Emile Souvestre,
rue de Plélo,
rue Gurvand,
rue Yvonne Jean Haffen,
cours des Alliés.

Dimanche 15 juillet, l’accès au parking de l’esplanade Général de Gaulle sera possible jusqu’à midi. À partir de midi, seuls les véhicules sortant du parking seront autorisés à circuler et sortiront via la rue Yvonne Jean-Haffen, en direction du boulevard de la Liberté.

Sécurité
Le service de sécurité procèdera à la fouille des spectateurs au niveau des deux points d’entrée de la fan zone.

Sont interdits :

l’alcool ;
les contenants en verre ;
les fumigènes ;
les feux d’artifice ;
les sacs volumineux et les valises ;
les animaux.

Restauration et rafraîchissements

Fan zone :
L’alcool et les contenants en verre ne sont pas autorisés dans la fan zone. Les spectateurs qui le souhaitent peuvent apporter des pique-niques et des boissons non alcoolisées tout en sachant que des points de restauration proposant des boissons sans alcool seront installés sur place (food-trucks).

Rennes encourage les supporters de l’équipe de France à se doter de sacs pour emporter leurs déchets et ne pas les laisser sur place.

Les prévisions météo annoncent une journée très chaude à Rennes dimanche 15 juillet. Quelques recommandations pour que cette finale reste une fête : prévoir de l’eau, se protéger du soleil (chapeau/casquette, lunettes de soleil et crème solaire). Ces conseils simples de prévention sont indispensables pour se protéger de la chaleur, notamment pour les plus jeunes et les aînés.

rennes finale

france croatie

FÉÉRIQUE TORTUE DE GAUGUIN PAR LE COLLECTIF LUC AMOROS

Avec La tortue de Gauguin du collectif Luc Amoros, Unidivers poursuit son aventure avec le Festival des Tombées de la Nuit édition 2018. Créé en 2016-2017, Luc Amoros poursuit sa réflexion sur la place de l’art dans l’espace public et offre une chorégraphie plastique qui interroge les spectateurs sur la peinture et son rapport à l’art aujourd’hui. Tout ceci dans une ambiance nocturne et urbaine dont les jeux de lumière ajoutent une pointe de féerie ! Compte rendu.

Une légende. Voici le point de départ de La tortue de Gauguin, spectacle de la compagnie Luc Amoros. Lors d’un séjour aux Marquises, le peintre français Paul Gauguin aurait peint sur la carapace d’une jeune tortue vivante, égarée sur la plage.

« Je me plais à penser que grâce à la longévité dont jouit cette espèce, une œuvre du peintre, tout en échappant ainsi à la cupidité des spéculateurs, continue, aujourd’hui encore, de sillonner les grands fonds dans son petit musée ambulant » (Luc Amoros)

Jeu dans l’espace urbain, processus créatif et show collectif, avec cette adaptation d’un épisode de la vie du peintre postimpressionniste, les Tombées de la Nuit ont confirmé les enjeux du festival. Pour l’édition 2018, le parc du Thabor est devenu le théâtre d’un jeu plastique où le travail de l’artiste est mis à nu et l’œuvre montrée à l’état brut, une création en live. Une expérience à la fois sonore et visuelle attendait amateurs et néophytes sur le carré Du Guesclin, accessible par l’entrée St-Melaine.

Collectif Luc Amoros La tortue de Gauguin

23 h. La nuit était déjà tombée sur Rennes, le parc du Thabor plongé dans l’obscurité, mais deux architectures inhabituelles se distinguaient sur le carré Du Guesclin. Parmi elles, l’échafaudage métallique de neuf mètres de haut et cinq de large du Collectif Luc Amoros. La structure dominait l’espace vert et faisait face au public installé dans l’herbe. Des silhouettes noires s’activaient déjà dans les six alvéoles – de minis ateliers d’artistes – réparties sur trois étages alors qu’au rez-de-chaussée, des lumières révélaient une scène où patientaient une oratrice et un musicien.

Collectif Luc Amoros La tortue de Gauguin
© Compagnie Luc Amoros

La Tortue de Gauguin est le dernier volet du triptyque entamé avec Page blanche (2009) puis Quatre soleils (2013). Loin de l’élitisme patent de l’art contemporain et d’une certaine répudiation à toute sensibilité face à l’œuvre d’art, une vision accessible de la création artistique devient enfin possible. Un polyptyque en perpétuel mouvement se dessine au gré des textes écrits par Luc Amoros – portés par la puissance vocale de la récitante – et rythmés par une musique savamment composée. L’oratrice semble souffler l’inspiration aux six plasticiens qui ne cessent de créer dans une scénographie en perpétuelle évolution.

L’art naît dans des dessins d’enfants (brutalement marqués d’un code-barre) et grandit dans les multiples références à l’Histoire de l’Art et à notre société actuelle. À la fois performance, installation et pièce de théâtre, La tortue de Gauguin met en scène une majestueuse histoire des images. Qu’est-ce qu’une image aujourd’hui ? Quelle est sa valeur ? Comment les percevoir dans une société elle-même parasitée par une multitude d’images virtuelles ? Autoportrait réaliste aux couleurs pop, portrait en Fayoum, ombres d’héliotropes… L’histoire s’écrit devant les yeux d’un public impressionné avant de se déconstruire au fil des panneaux-écrans amovibles.

Collectif Luc Amoros La tortue de Gauguin
© Compagnie Luc Amoros

Le spectacle se conclut par une question de prime abord simple, mais qui détient peut-être la clé de La Tortue de Gauguin : « Et toi, pourquoi tu peins ? »

« Je peins pour peindre de nouveaux jours » « Je peins pour ne jamais mourir, je peins pour vivre »
« La nuit, je peins pour allumer des jours »

Renaissance ou purification, une chute d’eau se répand sur l’échafaudage et quelques gouttes de pluie se mettent à tomber. Si le ciel est avec le collectif Luc Amoros, nous ne pouvons qu’abdiquer à cette magistrale représentation !

Site Internet : http://www.lucamoros.com

DISTRIBUTION

Écriture, mise en scène : Luc Amoros
Composition musicale : Alexis Thépot
Artistes en scène : Léa Noygues, Lou Amoros, Brigitte Gonzalez, Itzel Palomo, Thomas Rebischung, Sylvie Eder, Emmanuel Perez, Ignacio Plaza Ponce
Direction technique : Vincent Frossard
Lumière et vidéo : Martin Descourvières
Son : Thomas Kaiser
Administration : Mathieu Desanlis

LA FÊTE DU BRUIT CÉLÉBRERA SON 10E ANNIVERSAIRE EN AOUT A LANDERNEAU

La Fête du Bruit célèbrera son 10e anniversaire cet été ! 10 ans d’activisme culturel au service de la musique, du territoire et du public. Depuis les débuts, ce sont plus de 290 000 festivaliers qui sont venus applaudir plus de 150 artistes de renom : Amy Mac Donald, Asaf Avidan, David Guetta, Iggy Pop, Kavinsky, Lily Wood and The Prick, Madness, M, Mika, Moby, Patrice, Placebo, Robert Plant, Saez, Simple Minds, Snoop Dog, Stromae, The Hives, The Pogues, Tryo, Yodelice. Sa programmation prestigieuse et éclectique fait de la Fête du Bruit un rendez-vous incontournable qui se déclinera en deux festivals cette année. Le premier ayant eu lieu à St Nolff en juillet, le second ayant lieu à Landerneau du 17 au 19 août.

FÊTE DU BRUIT
Visuel choisi pour l’édition anniversaire, une œuvre de Vincent Richeux, artiste contemporain girondin.

Vendredi 17 août

FÊTE DU BRUIT

Sum 41

Sum 41 se situe dans le sillage des groupes punk américains comme Blink 182, Green Day ou The Offspring. Apparu à la fin des années 90, ce combo canadien est composé du chanteur et guitariste Derick Whibley, du guitariste Dave Baksh, du bassiste Cone McCaslin et du batteur Steve Jocz. En 1999, premier contrat avec le label Island et première galette : Half Hour Of Power. Les Sum 41 surfent alors sur la vague punk-rock nord-américaine. En 2001, Sum 41 sort son premier album, All Killer, No Filler, puis dans la foulée son second Does This Look Infected en 2002. Le groupe de rock multiplatinum Sum 41 a bouclé sa dernière tournée en avril 2013 avec Screaming Bloody Murder, l’une des tournées les plus longues et les plus suivies du groupe au cours de ses 20 ans de carrière, alors que le chanteur, guitariste et producteur Deryck Whibley se trouvait au bord de la destruction. Il a finalement puisé sa force dans le projet de refaire un album et de remonter sur scène. La musique l’a donc stimulé et lui a permis de retrouver la santé.
Bientôt, il rassemblait ses coéquipiers chez lui à Los Angeles pour commencer à tracer des pistes pour ce qui allait devenir le sixième album complet du groupe : 13 Voices. Le disque comprend un retour surprise du guitariste original Dave Brownsound, qui s’est séparé du groupe il y a une décennie. La première chanson sur laquelle Dave a joué de la guitare était Goddamn I’m Dead Again , une chanson qui prouve que les riffs de guitare enflammés qui sont venus définir SUM 41 sont de retour. En plus du bassiste Cone McCaslin et du guitariste Tom Thacker, Sum 41 accueillera officiellement Frank Zummo (Street Drum Corps, Krewella, Thenewno2, Dead By Sunrise) derrière le kit. Whibley a produit et fabriqué 13 voices entièrement seul dans sa maison. Des tambours ont été installés dans le salon, des amplis de guitare dans les chambres. Le résultat final est le travail le plus intense, le plus cathartique et le plus complet de SUM 41 depuis des années. Avec la sortie de cet album en 2016, nous voyons SUM 41 comme une unité impénétrable mettant tout ce qu’ils ont dans 13 Voices. Le résultat est une collection dynamique et passionnée de mélodies, de guitares, de chansons rock.

Facebook : https://www.facebook.com/SUM41-229076387127048/
Twitter : https://twitter.com/Sum41France?lang=fr

FÊTE DU BRUIT

Alt-J

Parfois ponctuée d’accents folk, souvent expérimentale, la pop alternative distillée par Alt-J laisse rarement indifférent. Grands habitués des concepts albums s’écoutant d’une seule traite, les Britanniques proposent avec leur 3e opus Relaxer, sorti en 2017, un nouveau voyage musical où chaque titre dessine les contours d’un périple vers des horizons encore non explorés. Lors de ses concerts, le trio originaire de Leeds propose une expérience sensorielle complète et unique, où voix hypnotiques, vibrations euphorisantes et jeux de lumière éblouissants invitent le public à l’évasion. Donc, un conseil, amis landernéens : prenez vite rendez-vous le vendredi 17 août pour un show exceptionnel.

Facebook : https://www.facebook.com/altJ.band/
Twitter : https://twitter.com/alt_J?lang=fr

FÊTE DU BRUIT

Patti Smith

Patti Smith, icône rock des années 70, a participé à l’émergence d’un nouveau genre musical à New York. Elle crée son propre univers, sorte de passerelle entre la poésie et la musique, la Beat Generation et le rock-folk. Patti Smith soigne ses textes, qu’elle rédige comme des poèmes, forme son propre groupe et travaille avec les musiciens et les artistes les plus prestigieux du moment. Militante pacifiste, poétesse, chanteuse, actrice, auteur-compositeur et photographe, Patti Smith a vécu plusieurs vies et continue d’étonner ses admirateurs par son enthousiasme, sa spiritualité et son humanisme. Aujourd’hui, la chanteuse bohème à la longue chevelure blanche reste toujours cette femme libre et révoltée qui n’a jamais renoncé à ses idéaux et qui conserve toute sa furie originelle.
La marraine du mouvement punk sera au rendez-vous le vendredi 17 août à Landerneau !

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FÊTE DU BRUIT

Martin Solveig

Figurant parmi les DJ internationaux les plus connus et appréciés au monde, Martin Solveig ne cesse de se renouveler et de surprendre. Rejection, Hello, ou encore Jealousy, ses singles ont conquis le cœur du public et lui ont ouvert la voie à une collaboration mémorable avec la reine de la pop, Madonna. En 2017, Martin Solveig sort un titre avec la chanteuse Alma, All Stars. Tous ses titres ont fait danser la planète entière faisant de lui l’un des artistes les plus importants de la scène électronique depuis plusieurs années. Aux quatre coins du monde, des clubs aux festivals, le DJ exporte et revendique une french touch aux multiples facettes.
La petite Palud aura des allures de Club d’Ibiza le vendredi 17 août !

Facebook : https://www.facebook.com/MartinSolveig/
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FÊTE DU BRUIT

Gentleman’s Dub Club

Gentleman’s Dub Club est un groupe peu connu en France, mais qui enflamme les scènes européennes depuis la formation du groupe à Leeds en 2006. Ils ont acquis la réputation d’être l’un des groupes de dub les plus énergiques de la scène anglaise en parcourant les festivals tels que Glastonbury, Bestival, Goa et l’Outlook Festival en Croatie. The Big Smoke est le deuxième album du groupe après leur premier essai FOURtyFOUR en 2013 et les deux EPs Members Only et Open Your Eyes. Ils explorent des thèmes personnels et sociaux tout en privilégiant une approche décontractée. Cette formation, qui correspond pleinement à la définition d’O.V.N.I. musical, est pourtant soutenue par les plus grands spécialistes de reggae en Angleterre tels que David Rodigan ou Earl Gateshead (Trojan Sound System), qui apparaît d’ailleurs dans le clip de « Riot », un opus très orienté bass music, assez dark, mais qui puise dans des influences reggae très variées allant du lover’s rock au dub stepper, en passant même par le ska.

Facebook : https://www.facebook.com/gentlemansdubclub/?hc_ref=ARSV8dIasncO4Zk0WaD_NZB84qzI1Q3n7x1DYZquACtbXJBUUnl6fxl3DQ8nP0RKQnI&fref=nf
Twitter: https://twitter.com/search?q=gentleman%27s%20dub%20club&src=typd&lang=fr

FÊTE DU BRUIT

Tiken Jah Fakoly

Véritable étendard d’une jeunesse africaine dont il porte haut la soif de liberté et de changement, le héros du reggae moderne est aussi le haut-parleur de tout un continent. Auteur d’une discographie engagée, comme en attestent les titres de ses disques, il n’a cesse de mêler les lignes de la musique et du combat : le verbe comme une arme, les disques comme des brûlots. Originaire de Côte d’Ivoire, tombe dans la musique dès son jeune âge, Tiken Jah Fakoly a conquis son pays natal avant de se lancer dans une carrière internationale qui l’a conduit a collaborer avec les plus grands (Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, Zebda, Steel Pulse, Bernard Lavilliers, Akon…). En l’espace de dix albums, il a édifié une œuvre sauvage, indomptable, un subtil mélange d’arrogance et de musique émaillé de déclarations fracassantes sur la politique internationale. Menacé, contraint à l’exil pour avoir parlé trop haut, l’Ivoirien est un authentique artiste engagé , sur scène comme sur le terrain, alliant dans l’écrin luxueux de son reggae international la lutte et l’espérance, le combat et la fête. Auréolée d’un espoir immense pour les générations futures, la caravane Fakoly défriche en musique un monde meilleur. Depuis 2004, l’artiste est particulièrement engagé dans son propre projet intitulé « Un concert, Une école ! » qui lui a permis de construire 6 écoles dans différents pays d’Afrique de l’Ouest. L’idée est simple : organiser des concerts avec des partenaires institutionnels (ville, département, région…) permettant la mise à disposition d’une salle de spectacle, impliquer tous les acteurs – en particulier les musiciens et techniciens qui se produisent de façon bénévole -, activer les réseaux associatifs locaux, et utiliser la recette pour la construction d’une école. Avec son nouvel opus Dernier Appel sorti en 2014, l’artiste, moins axé sur la revendication que dans ses précédents albums, mais tourné vers l’avenir avec un optimisme indéfectible, implique davantage les peuples du continent, impulseurs du changement. Enregistré entre Paris, Londres et Bamako, cet album est marqué par la présence d’artistes comme la Germano-Nigériane Nneka, le Germano-Sierra-Léonais Patrice, et enfin l’Ivoirien Alpha Blondy, qui apparait à son tour sur le titre Diaspora. Enfin, en 2015, Tiken Jah Fakoly sort un album composé de reprises de standards reggae, comme un retour aux sources, qu’il nomme fort à propos, Racines.

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Twitter : https://twitter.com/search?q=tiken%20jah&src=typd&lang=fr

FÊTE DU BRUIT

DEAD!

DEAD! est un groupe de quatre gars créatifs, qui, à la fin de l’adolescence, et au début de la vingtaine, se sont retrouvés dans un cul-de-sac culturel alors qu’ils regardaient leur scène musicale disparaître autour d’eux sur leur île natale de Woght. Le quatuor, déterminé à faire le tour de l’Europe, a déménagé à Londres (en parallèle de la sortie d’un disque). Ils font partie des nouveaux groupes de rock les plus excitants du Royaume-Uni, armés d’une pile d’hymnes rauques et punky et d’une attitude gung-ho, door-die. C’était comme ça que ça devait être.

Facebook : https://www.facebook.com/wearedeaduk/
Twitter : https://twitter.com/wearedeaduk

Samedi 18 août

FÊTE DU BRUIT

Suprême NTM

Suprême NTM est un groupe de rap français composé de Kool Shen (Bruno Lopes), de Joey Starr (Didier Morville) et initialement de DJ’s. Joey Starr et Kool Shen revendiquent leurs origines (ils ont grandi en Seine Saint Denis). C’est pourquoi le groupe s’appelle à ses débuts 93 NTM. Leurs paroles sont imprégnées des inégalités et de la violence qu’ils ont connues en grandissant. Ils critiquent le racisme et posent un regard réaliste sur la situation des banlieues. Leur style musical est celui d’un rap hardcore et authentique évoluant parfois vers plus de légèreté avec les titres La fièvre et Pass pass le oinj qui ont participé à faire connaître Suprême NTM.
En 1991, Suprême NTM sort son premier album Authentik avec les titres Le monde de demain, L’argent pourrit les gens, C’est clair. L’album s’écoule à 90 000 exemplaires en quelques mois. S’ensuit une première tournée qui s’achève sur un Zénith de Paris, plein à craquer. En 1992 c’est une première pour un groupe de rap. Ils sortent un deuxième album en 1993 et un troisième en 1995 qui se vend à plus de 500 000 exemplaires.
Mais l’album de la consécration Suprême NTM le sort en 1998. Le jour de sa sortie, 40 000 exemplaires sont vendus, ce qui représente un record pour un album de rap, aujourd’hui encore. Les morceaux Ma Benz, That’s My People, Laisse pas trainer ton fils et Seine Saint Denis Style deviennent des tubes et font tourner le groupe dans toute la France. La tournée s’achève au Zénith de Paris qui, en raison de la demande impressionnante, doit même être prolongée jusqu’au concert du 18 décembre 1998 à Genève. En 2010, le groupe joue au Parc des Princes et devient ainsi le premier groupe de rap à remplir un stade. En 2017, le groupe décide de remonter sur scène.
Le concert à Landerneau promet de rester gravé dans l’histoire du festival !

Facebook : https://www.facebook.com/suprementm/

FÊTE DU BRUIT

Two Door Cinema Club

Après deux albums sortis par le label parisien Kitsune en 2010 et 2012 et un EP remarquable en 2013 qui ont tout cassé sur leur passage, Two Door Cinema Club reste le meilleur représentant européen d’un electro-rock euphorisant et finement abouti avec son dernier album Gameshow (2016). Entre pop, rock et musique électronique, les trois garçons dans le vent de Two Door Cinema Club font bouger les contours de la pop pour créer des pépites musicales dont nos corps raffolent. Riffs électriques, mélodies entêtantes, groove imparable, le trio a trouvé la formule pour ambiancer les foules et nous transporter vers un voyage musical frais et léger comme un week-end à la mer. Two door cinema club c’est l’un des plus beaux fleurons de la pop britannique et c’est le 18 août à la Fête du Bruit dans Landerneau !

Facebook : https://www.facebook.com/twodoorcinemaclub/
Twitter : https://twitter.com/TDCinemaClub?lang=fr
Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=YXwYJyrKK5A

FÊTE DU BRUIT

Vald

Vald découvre le rap vers ses 15 ans en surfant internet et en tombant sur Kery James, il commence à rapper à l’âge de 17 ans. Ses premières mixtapes, NQNTMQMQMB en 2012,  étaient mises en téléchargement gratuit sur son site. Il sort ensuite premier EP NQNT (Ni Queue Tête). La sortie du album studio de Vald, intitulé Agartha, paraît en janvier 2017. Certifié platine, l’album s’écoule à plus de 100 000 exemplaires. Vald est de retour en 2018 avec un nouvel album XEU sorti en février.

Twitter : https://twitter.com/vald_ld?lang=fr
Facebook : https://www.facebook.com/VALDNQNT/
Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=x-VYdBKwSLc

FÊTE DU BRUIT

Little Big

Little Big est le groupe de musique rave russe originaire de Saint-Petersbourg. Chaque morceau, clip vidéo, concert ou performance du groupe est dédié à des phénomènes sociaux importants associés à la Russie et au monde. La collaboration de vidéastes, musiciens, des gens grands et petits, mannequins, tronches atypiques, d’un clown millionnaire et d’un écrivain s’est développée autour de cette idée de botter le cul du monde entier.

Facebook : https://www.facebook.com/littlebigbandofficial/
Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=FBnAZnfNB6U

FÊTE DU BRUIT

Feu ! Chatterton

Après un premier album couronné de succès qui en a fait les figures de proue de la nouvelle chanson française et une tournée épique achevée à l’Olympia, Feu ! Chatterton signe son grand retour sur scène. Le quintette incandescent y livrera un tout nouvel album, à paraître bientôt, dont le premier extrait, Souvenir, nous promet clarté diffuse et nostalgie poignante. On les avait quittés au petit matin, exaltés et tremblants d’avoir traversé la nuit électrique. On les retrouve à l’heure voluptueuse de la sieste, dans la calme lumière de l’après-midi, les sens toujours en éveil. De quoi espérer un live habité et lumineux, rageur et tendre, captivant. La fête a commencé. Mais sur quel pied danser ? Peut être trouverez-vous la réponse le Samedi 18 Août à Landerneau !

Twitter : https://twitter.com/FeuChatterton?lang=fr
Facebook : https://www.facebook.com/feu.chatterton/

FÊTE DU BRUIT

DANAKIL

Activistes du reggae et de la musique inde pendante depuis 2001, DANAKIL sillonne depuis plus de 15 ans les routes du monde entier, de livrant des centaines de lives brûlants qui font une grande partie du succès du groupe. Après 4 albums studio, 2 lives, et 2 albums « DUB » le collectif n’a rien perdu de sa force, de son envie, et revient avec un nouveau projet brut de de coffrage. Intitulé LA RUE RAISONNE, ce 5ème opus remet le groupe sur le devant de la scène militante et engagée francophone. Le premier single, 32 MARS fut d’ailleurs une chanson composée en marge des concerts organisés par le groupe et leur entourage en soutien au mouvement Nuit Debout. Musicalement, le groupe a continue d’évoluer, en faisant confiance aux beatmakers « maison » pour muscler ses productions. Le résultat est un reggae roots nouvelle génération, bien ancré dans l’air du temps, avec une musique métissée, un humanisme sincère et le désir de dire les choses comme elles viennent, pour faire entendre une voix différente.
Côté collaborations, DANAKIL choisit une nouvelle fois de se faire plaisir en invitant la crème de la scène world et reggae. Le chanteur allemand Patrice est ainsi présent sur la tracklist en partageant avec BALIK (chanteur de Danakil) le titre Paris la Nuit, hommage noctambule a la capitale parisienne. DANAKIL convie une sacrée équipe de chanteurs sur le titre « WORLD OF REGGAE MUSIC », déclaration d’amour au style musical qui lie tous les intervenants : ANTHONY B, FLAVIA COELHO, NATTALI RIZE, JOSH DE THE SKINTS, BRAHIM, VOLODIA, YANISS ODUA, NATTY JEAN et U-ROY !
Après avoir fait complet dans la quasi-totalité des salles visitées lors de la première phase de tournée à l’automne 2016, (qui s’est achevée par un double TRIANON parisien complet sur les deux soirs, diffusé en direct sur les réseaux sociaux), le groupe repart sur les routes de France et d’ailleurs, dès le printemps, pour continuer à affirmer, en musique, sa parole militante !

Facebook : https://www.facebook.com/danakil/

Twitter : https://twitter.com/search?q=danakil&src=typd&lang=fr

FÊTE DU BRUIT

Le Mamøøth

Le Mamøøth, bête déviante de la scène garage bretonne présente “Brest Baywatch” un premier album frontal comme un high kick de David Hasselhoff et plus vicelard que le sourire botoxé de Pamela Anderson. Oubliez l’enseigne de supermarchés cassant les prix, ces Brestois s’évertuent plutôt à nous casser la gueule dans un martèlement sonore pachydermique.
A découvrir le Samedi 18 Août à Landerneau !
Site Internet : https://mamooth.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/LE-MAM%C3%98%C3%98TH-667763733278259/

Dimanche 19 août

FÊTE DU BRUIT

Shaka Ponk

Le groupe à l’énergie fracassante remonte sur scène en 2018 avec The MonkAdelic Tour et nous promet un live spectaculaire ! Shaka Ponk sur scène, ce sont des geeks survitaminés qui imaginent le concert du futur : un punk numérique où la technologie vient sublimer la frénésie rock du groupe. Shaka Ponk secoue avec vigueur son Shaker pour nous livrer ce cocktail original et détonnant. Le concept du Shaka est le métissage poussé à son extrême, aussi bien au niveau des styles (métal, électro, rap, funk, rythmes tribaux) que des lyrics qui jouent avec trois langues en mélangeant anglais, français et espagnol pour créer cette signature sonore si particulière.
Le groupe, qui s’est formé en août 2002, est composé de 2 guitares, une basse, une batterie et un chant lead, le tout accompagné de sons électros séquencés et d’une grosse dose d’énergie. Shaka Ponk s’est fait un nom sur la scène alternative française grâce à leurs concerts mémorables. Inventifs et novateurs, ils cherchent le son du futur et mixent riffs de guitares puissants, séquences électros, ambiances ethnics et phrasés hip-hop ragga. Sur scène, les effets multimédias, la folie des musiciens et le charisme du chanteur fusionnent dans un set de pure énergie. Le mélange des styles est à la fois sauvage, brut et langoureux.
Il va y avoir du bruit dans Landerneau le 19 Août !

Facebook : https://www.facebook.com/SHAKAPONKofficiel/
Twitter : https://twitter.com/TWIT4SHKPNK?lang=fr

FÊTE DU BRUIT

Franz Ferdinand

Always Ascending le nouvel album de Franz Ferdinand, paraitra le 9 février 2018 chez Domino. Rien de moins qu’une renaissance, cet album composé de 10 chansons est une refonte éclatante du groupe, débordant d’idées nouvelles et d’expérimentations soniques.
Always Ascending a été enregistré entre les RAK Studios de Londres et Motorbass à Paris, avec l’aide du prodigieux producteur français Philippe Zdar (Cassius, Phoenix, Beastie Boys). L’affection mutuelle entre le groupe et le producteur s’y ressent au détour de chaque groove. Always Ascending dévoile Franz Ferdinand élargissant son terrain de jeu, de façon aussi exubérante qu’euphorique, créant un son que le chanteur Alex Kapranos décrit comme “à la fois futuriste et naturel ».

Facebook : https://www.facebook.com/officialfranzferdinand/
Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=crjugtkXZN4&list=PLcPgUEOw_nvDVR_vpmXqsSt9OCIJAw05x

FÊTE DU BRUIT

Vitalic

Depuis maintenant une bonne quinzaine d’années, le français Vitalic (Pascal ARBEZ-NICOLAS de son vrai nom) s’est employé à redéfinir la notion d’électro à la sauce française, imposant sa patte inimitable, énergique et mélodique, grâce à des titres devenus aujourd’hui des classiques de la club culture comme la série des Poney, La Rock 01, My Friend Dario ou You Prefer Cocaine, pour n’en citer qu’une poignée. Tous ces morceaux qui, en s’affranchissant des barrières et en mélangeant techno, disco, rock et pop, ont profondément inspiré et réveillé une scène française, en léthargie depuis la fin du succès de la french touch et sa fameuse disco filtrée qui a fait sa renommée. Pour « Voyager » son quatrième album studio, qui lui a pris deux ans à composer et qu’il considère comme son album le plus disco à ce jour, Vitalic se souvient avoir d’abord désiré composer un disque quasiment pas dansant, inspiré par la musique électronique des années 70. Mais l’idée de départ a rapidement évoluée, « j’ai changé d’avis en cours et j’ai rajouté des beats ». Voyager est ainsi un disque qui se souvient de tout l’héritage de la disco cosmique des années 80. Conçu comme un voyage cosmique au plus profond de la dance music, Voyager  réunit parfaitement les trois éléments qui ont toujours fait la force de Vitalic : un brin de folie expérimentale, des mélodies imparables et de l’énergie à revendre. Une recette magique qui fait de « Voyager » le disque idéal à écouter les pieds sur le dancefloor et la tête dans les étoiles. Ou le contraire.
Décollage prévu le Dimanche 19 Août à la Petite Palud !

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FÊTE DU BRUIT

Paul Kalkbrenner

Parrain de la techno berlinoise, Paul Kalkbrenner est l’un des artistes de musique électronique les plus particuliers. Ne jouant sa musique qu’en live, jamais en DJ set, il a atteint les sommets des charts pour chacun de ses six albums.
En Novembre, il a été invité à se produire devant plus de 500 000 personnes face à la Porte de Brandebourg lors de la commémoration de la chute du mur de Berlin. Ces dernières années il s’est imposé parmi les têtes d’affiches des plus grands festivals comme Coachella, Sonar, Ultra, Rock en Seine et le Future Music Festival.
Il est cette année à l’affiche de la Fête du Bruit dans Landerneau le Dimanche 19 Août !

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FÊTE DU BRUIT

Seasick Steve

Seasick Steve, de son vrai nom Steve Gene Wold, est un homme qui a de la bouteille. Né à Oakland (Californie, États-Unis) en 1947 d’un père pianiste de boogie woogie et d’une mère au foyer, il quitte le foyer familial à l’âge de treize ans, poussé par l’envie de voyager et d’échapper à une vie monotone et étriquée. La suite, ce sera une véritable fable à l’américaine, comportant tous les clichés, pourtant bien réels : vagabondage, larcins le menant plusieurs fois en prison, re-vagabondage, avec sa six-cordes dans un sac en toile.
Des tournées dans les bars miteux, avec des cordes cassées, des femmes à tire-larigot, des bagarres de saloon dans le Vieux Sud… Bref, Seasick Steve a vécu, et n’a jamais cessé de profiter de ce qu’il appelle sa liberté : voyager, errer, trouver des petits boulots ponctuels. Et faire de la musique !
Le bluesman est adulé partout où il passe et nous aurons le plaisir de l’applaudir le dimanche 19 Août à Fête du Bruit dans Landerneau !

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FÊTE DU BRUIT

The Decline !

The Decline ! est né en 2009 à Rennes de la rencontre de 5 acteurs de ce que la scène musicale indépendante bretonne a de plus varié. (Nevrotic Explosion, Thrashington DC, Slim Wild Boar, Sklanker).
The Decline ! joue des hymnes sur lesquels tu pourras chanter en choeur, verser une larme, entamer une révolution ou encore embrasser l’amour de ta vie. Tu pourras même faire tout ça en même temps si ça te chante !
Ils ont déjà donné des centaines de concerts à travers l’Europe (France, Allemagne, Belgique, Angleterre, Irlande, Espagne …), des squats aux festivals avec des groupes tels que Jello Biafra, Anti Flag, Sucidal Tendencies, Toy Dolls, Street Dogs, Roger Miret And the Disaster, The Dwarves et de nombreux autres moins illustres mais tout aussi talentueux.
Ils ont repris la route à l’occasion de la sortie de leur 3ème album Heroes on empty streets (Kicking Recors/Pias, Rural muzik/Abracadaboum/General Strike/Zone Onze) en mai 2017.
Certains disent qu’ils font du punk-rock, d’autres du rock’n’roll, certains disent même que leurs morceaux sont folk-pun … Vous pourrez vous faire votre propre avis sur The Decline le dimanche 19 Août à Fête du Bruit dans Landerneau !

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FÊTE DU BRUIT

La Phaze

Après une mise en sommeil fin 2012, le temps est venu pour La Phaze de ressaisir le micro, rallumer les amplis, rebrancher les machines pour reprendre du service, guidé par l’image d’un monde qui avance (trop) vite sans prendre le temps de regarder dans quelle direction. Prendre le temps, c’est justement ce qu’ont pu faire Arnaud et Damny durant les 5 dernières années. Prendre le temps de créer (Dead Hippies et Atonalist) pour le premier, (Pungle Lions) pour le second. Prendre le temps d’observer ce monde hyper-connecté et hyper-cloisonné. Comme une évidence, le moment est donc venu de reprendre la parole.
C’est en juillet dernier que le duo se retrouve en studio et se remet à composer, se surprenant même à retrouver la fluidité et l’évidence de ses débuts. L’inspiration est là, les nouvelles compos sont résolument modernes tout en gardant la patte si particulière du groupe.
La Phaze revient donc avec un premier single Sourire au teint de glace enregistré au Studioscope à Angers et produit par Danny dans son studio barcelonais. Un titre décrivant une société nombriliste qui se noie dans une overdose d’images et de consumérisme, porté par un son lourd et actuel où la collision entre rock et drum’n bass fait mouche.
Vos oreilles seront chatouillées et vos muscles seront sollicités lorsque La Phaze rallumera les amplis le 19 Août à Fête du Bruit dans Landerneau !

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TOMBEES DE LA NUIT, SHARKO, COMME A LA MAISON

Depuis 1999, David Bartholomé est connu comme le leader du groupe Sharko, désormais incontournable au sein de la scène rock belge. Sous le nom de son groupe, il a ainsi entamé l’année dernière la tournée Hometour acoustic woaw, qu’il poursuit cet été. Il en a ainsi profité pour passer samedi aux Tombées de la nuit, au cloître de l’église St Melaine.

SHARKO

C’est seul, sans ses deux compères de son groupe Sharko, Teuk Henri et Olivier Cox, que le chanteur David Bartholomé est venu interpréter ses compositions à travers un set acoustique intimiste s’inscrivant dans le cadre de son Hometour. Son principe : interpréter les titres de son groupe et de son album solo dans des cadres confidentiels, voire parfois aux domiciles des spectateurs. Un format de concert relativement nouveau qui avait séduit David Bartholomé et dans lequel il s’est engagé à travers sa tournée.

À cette occasion, il a ainsi adopté un jeu de guitare folk épuré, en accords plaqués, restant simple, mais sans être simpliste et qui lui permet ainsi de laisser libre cours à sa voix. S’il a effectivement démontré à de nombreuses reprises sa puissance vocale, il a également laissant apparaître de réels moments de sensibilité. En supplément de sa guitare, il a utilisé également un sampleur aux échantillons parfois familiers (par exemple le bref break de batterie en intro de Owner Of A Lonely Heart de Yes) et a exploité parfois d’autres esthétiques musicales toujours efficaces : en témoigne When I Was Your Age, à la rythmique reggae acoustique, et dans laquelle, en père de famille dépassé face à la nouvelle génération, il affirme sa perplexité face au modèle laissé par le succès de Justin Bieber.

SHARKO

Lors de ses chansons en anglais, on pourrait établir un rapprochement de sa vocalité à celle d’artistes comme Sting. Avant d’interpréter une de ses chansons, dont l’introduction est basée sur des arpèges en la majeur évoquant Every Breath You Take de Police, il a d’ailleurs jugé bon d’avertir le public qu’il ne s’agissait pas d’une reprise. Dans les quelques chansons en français de son set, sa vocalité, toujours alliée à des paroles un brin décalées, pourraient évoquer celles d’Oldelaf. On peut également se retrouver à travers certaines situations et des tranches de vie qu’il décrit, non sans une certaine tendresse, dans certains de ses titres. C’est le cas par exemple dans Sweet Protection, dans laquelle il raconte l’histoire d’un petit garçon de cinq ans qui, refusant de grandir, affronte avec difficulté le temps qui passe.
Pour couronner le tout, le bonhomme, décidément fort sympathique, est venu spontanément remercier le public et serrer la main des personnes qui y étaient présentes. Réjouissant !

 

TOMBEES DE LA NUIT, EL OSO EN SOLO AU CLOITRE SAINT MELAINE

Membre éminent du groupe folk rennais Santa CruzPierre-Vital Gérard (alias El Oso) s’était produit à Rennes avec sa formation aux Tombées de la nuit en 2009. C’est en solo, mais toujours accompagné de ses guitares, qu’il est revenu à l’occasion de l’édition 2018, vendredi 6 juillet au cloître de l’église St Melaine.

EL OSO
photo Laurent Guizard

Il est 21h30 et la nuit n’est pas encore tombée, quand El Oso débute son concert face aux spectateurs des Tombées de la nuit, au cloître de l’église St Melaine. Le chanteur et guitariste de Santa Cruz avait préparé un set en 3 parties, au cours duquel il est passé de sa guitare folk à sa guitare électrique.

EL OSO
El Oso en concert au 1988 Live Club. Photo Laurent Guizard

D’entrée de jeu, on a pu retrouver, sans étonnement, mais avec plaisir, l’esthétique propre à celle de son groupe dont il a interprété les chansons tout au long de son set. La première d’entre elles, Sad ugly boy provient de leur deuxième album After supper (2005) qui, a-t-il souligné avec humour, « s’est vendu à 1 million d’exemplaires », parallèlement à ses chansons solo.

Dans ce même sillon, sous l’inspiration manifeste de la folk de Neil Young (notamment à travers les enchaînements d’accords assez mouvants), pourraient être situés d’autres artistes de la scène folk et Americana rennaise comme Palm (lesquels ont sorti leur dernier album « L.A. Vortex Sutra » l’année dernière). Sept des chansons de Santa Cruz qu’il a interprété (dont What’s happening here et Summer dies tomorrow) sont issues de leur dernier album Now & here, sorti cette année.

Au milieu de sa prestation, il a également interprété une reprise étonnante de la chanson After laughter (come tears) (1964) de Wendy Rene, obscure chanteuse de soul qui avait enregistré plusieurs chansons pendant les années 1960 au célèbre label Stax à Memphis (les influences américaines semblent diverses chez El Oso). La chanson était ainsi presque méconnaissable, interprétée par El Oso à la guitare électrique, avec un son « clean » en écho et des intonations vocales rappelant par moments celles de Bruce Springsteen à la période de The River et de Nebraska.

Certaines inflexions et phrasés de la voix du chanteur solo de Santa Cruz, notamment lors des chansons en acoustique, s’apparentent à celles délicates (subtiles) et sensibles de chanteurs comme James Blunt (dont certains accords joués par El Oso sur sa guitare acoustique peuvent également rappeler ceux exploités sur le premier album de James Blunt, Back to bedlam (2004).

EL OSO
El Oso à l’Ubu. Photo : Karine Baudot

On notera également la chanson touchante, Flowers for my friends, issue de After supper et qu’El Oso a subtilement dédicacé ce vendredi soir à l’un de ses amis décédé. Il en a livré une version à l’arrangement épuré et « confidentiel », mais néanmoins lyrique et avec un beau jeu de « picking » dans le registre aigu, qui contraste avec celui plus énergique et fourni (de par l’inclusion de la batterie et d’un chanteur choriste, ainsi que d’un banjo) des précédentes versions sur After supper (à l’instrumentation électrique plus « grunge ») et Microrgan (2014). Plus largement, l’ensemble du set acoustique et électrique d’El Oso tranche évidemment avec les versions studio, aux arrangements plus fournis (et parfois un peu plus pêchus comme What’s happening here sur l’album Now & here), des albums de Santa Cruz, pour en faire sortir une expression différente, dont le minimalisme lui permet de toucher plus directement le spectateur. Par conséquent, sa voix n’en ressortait que davantage et on pouvait ainsi l’apprécier pleinement, dans toute sa substance.
Dans cet ensemble de chansons anglophones, il a néanmoins interprété trois titres en français dont une reprise d’Angora d’Alain Bashung et La chaleur de Bertrand Belin qu’il a décrite comme très proche de Sesame noodle (2013) de Santa Cruz. C’est pourquoi il a d’ailleurs choisi de les exécuter l’une après l’autre sans interruption, comme pour signifier cette ressemblance.

On peut regretter que les spectateurs aient été si peu nombreux. La concurrence est effectivement rude, contexte sportif oblige. Quoi qu’il en soit, ce fut là un très bon concert intimiste qu’El Oso a livré au cloître, avant de revêtir dans la foulée sa casquette de DJ pour son set suivant au cloître.

El Oso était à Rennes le 6 juillet 2018 dans le cadre des Tombées de la nuit 2018 au cloître de l’église Saint-Melaine.

Photo de Une : Laurent Guizard.

 

 

WEEK-END ROCK’N’ROLL AU FESTIVAL FÊTE DU BRUIT DE SAINT-NOLFF

Le festival breton Fête du Bruit a 10 ans ! Pour cet anniversaire, non pas un, mais deux week-ends de concerts sont organisés cette année. Le premier a eu lieu du 6 au 8 juillet 2018 à Saint-Nolff ; le second se déroule à Landerneau du 17 au 19 août 2018. Un début d’anniversaire dignement célébré dans le Morbihan avec des têtes d’affiche telles que Macklemore, Indochine, Shaka Ponk, Simple Minds, The Offspring, Naâman, Chinese Man et de nombreux autres talentueux artistes. Une programmation rock, rap et reggae, majoritairement masculine, qui a fait bouger près de 45 000 festivaliers, aussi bien adultes qu’adolescents. Retour sur un premier week-end festif réussi à Saint-Nolff.

« Alors t’as eu ton Bac ? ». À peine les résultats du Graal des lycées français tombés, les jeunes Bretons sont venus fêter les vacances – et le passage des Bleus en demi-finale de la Coupe du monde – au Festival Fête du Bruit. Compréhensible : au programme, vendredi soir notamment, Macklemore, dont la renommée est désormais internationale.

Après les séduisants morceaux de Milky Chance, Macklemore est venu enchaîner les tubes et enflammer le « dancefloor » sans relâche. Lancé de bananes dans le public, jeux pyrotechniques, changement de tenue… l’artiste a offert un show à l’américaine, déjanté, mais convaincant.

Shaka Ponk, qui s’est fait connaître avec son titre « My Name Is Stain » en 2011, n’a pas non plus déçu le public du vendredi soir. Le groupe a emporté les bretons dans un univers électro-rock empruntant également largement au heavy-metal. Leur avatar virtuel, le singe Goz, était bel et bien présent sur les écrans géants durant ce live époustouflant définitivement geek et futuriste.

Sosie de Nicolas Sirkis, couple de fans inconditionnels du groupe… s’il y avait bien un artiste attendu samedi soir à Saint Nolff, c’était Indochine. « Cela fait 35 ans que le groupe se produit en Bretagne », livre le leader du groupe entre deux chansons et toujours autant d’effervescence dans le public.

Indochine a joué ses plus belles chansons (excepté « J’ai demandé à la Lune » comme plusieurs festivaliers l’ont constaté, un peu déçus). Confettis et ballons blancs sont venus parsemer le ciel étoilé du Morbihan pendant les morceaux festifs, mais aussi, lors de chansons plus graves et émouvantes comme « College Boy » et plus récemment « La vie est belle ».

La Phaze, de retour sur scène, a donné le là aux concerts du lendemain avec un album rock alternatif et engagé. Le dimanche qui attendait les festivaliers a, en effet, été caractérisé par une programmation majoritairement reggae, ponctuée de rock, punk puis du nouvel opus de Chinese Man.

Sous un soleil plombant et une chaleur presque étouffante – et oui, même en Bretagne, c’est possible – Danakil et Naâman ont insufflé la joie vivre et beaucoup « de love » en fin d’après-midi dimanche. Les festivaliers ont fini par danser pieds nus, les chaussures se balançant dans les airs.

Des concerts à l’image de l’ensemble du festival où des messages de tolérance, de solidarité et de respect de toutes les différences quelles qu’elles soient transparaissaient des différentes performances. Des messages qui ne font pas de mal…

WEEK-END ROCK'N'ROLL A FÊTE DU BRUIT
Fête du Bruit 2018, St Nolff © Hoboadormant

Cette première édition de Fête du Bruit à Saint-Nolff s’est conclue par un superbe concert de The Offspring qui ont littéralement déchaîné le public avec un voyage punk/rock vers la fin des années 90 notamment avec le fameux titre « The Kid’s Aren’t Alright » puis d’un concert de Chinese Man décapant à la scénographie percutante.

Fête du Bruit à Saint-Nolff, c’est déjà fini. Mais pas de panique, pour ceux qui « bûchaient » pour les rattrapages et pour les autres aussi, le festival continue avec sa version finistérienne à Landerneau du 17 au 19 août 2018. Il ne reste plus qu’à attendre…

 

SOUS LA PLUME, PETITE EXPLORATION DES COULISSES DU POUVOIR POLITIQUE

Les Présidents de la République française ont recours à ce qu’on appelle des « plumes » pour écrire leurs discours importants. Emmanuel Macron a fait appel à Sylvain Fort, normalien, critique de musique classique et germaniste. François Hollande avait appelé à ses côtés Pierre-Yves Bocquet, énarque et critique reconnu de… rap américain ! Nicolas Sarkozy s’était fait aider par une femme, Marie de Gandt, normalienne elle aussi, qui avait accepté d’écrire les discours présidentiels d’un homme dont elle ne se sentait pourtant pas proche. Mais elle a tenté l’expérience, et en a témoigné en 2013 dans un ouvrage très vivant intitulé « Sous la plume, petite exploration du pouvoir politique ».

plume marie de gant

Pendant près de cinq ans, l’auteur, une agrégée de lettres classiques, a travaillé en qualité de « plume » de Nicolas Sarkozy. Marie de Gandt fut auparavant la « plume » de Dominique Bussereau, Xavier Bertrand et Hervé Morin.

Défi pour cette jeune universitaire, spécialiste de Stendhal, mais nullement sociologue des milieux politiques. Défi aussi pour elle-même, femme plutôt de gauche, quand son ami d’hypokhâgne, un certain Laurent Wauquiez, alors député et ministre UMP,  lui  a proposé de travailler pour la majorité politique de l’époque. « Je ne parle pas la droite », lui avoua-t-elle, ajoutant : « Je ne connais rien de plus éloignée de la poésie [que le discours politique] ».

Marie de Gandt se lança donc dans l’aventure. Les interrogations et inquiétudes ne tardèrent pas à la gagner, notamment  à l’occasion d’un débat public entre Xavier Bertrand (dont elle venait d’intégrer l’équipe) et François Hollande. Elle mit alors en doute sérieusement l’authenticité des arguments échangés et l’alternative gauche/droite : « Joute de mots sans prise sur le monde, jeu d’acteurs sans conviction, scènes d’ego face au public. Tout à la dramatisation des deux bords [les débatteurs] miment l’antagonisme, mais rien sur le fond ne les distingue ».

Sa sensibilité politique la tiendra à distance de certaines orientations et personnalités : « Mon Styx est tracé : je ne travaillerai pas pour Hortefeux au ministère de l’identité nationale et de l’immigration ». Et quand le Secrétaire général d’Élysée lui demandera la trame d’un discours sur la sécurité et la lutte contre la délinquance, suite aux événements de Grenoble de juillet 2010, son texte, axé sur la refonte de l’esprit de société et la défense des institutions républicaines, sera sèchement retoqué (« Qu’est-ce que c’est que ce discours de fillette ? »). Le discours final rédigé par des conseillers parlera des « Français d’origine étrangère ». Elle, la femme de lettres soucieuse de « l’attention aux mots », ne relèvera pas à temps, pour tenter de la corriger, la dérive verbale, juridique et politique. « Et aujourd’hui encore, la honte ne me quitte pas », avoue-t-elle. « Je ne penserai pas ce qui me paraît dégradant », rappellera-t-elle encore à la fin de l’ouvrage.

« L’écriture d’un discours est un travail de groupe ». Cela est vrai au sein d’un ministère, où l’entente, voire l’amitié, entre conseillers, généralement, domine. Cela l’est beaucoup moins, ou très différemment, à l’Élysée, du temps de Nicolas Sarkozy tout au moins : « Entre les réunions [de conseillers],dispersion, chacun travaille pour soi, enfermé dans son bureau, comme un résistant préparant des données cruciales pour une organisation souterraine dont il ignore l’étendue et dont il n’a jamais rencontré les véritables chefs []. Il y a l’équipe Guéant, l’équipe Diplo, l’équipe Eco, l’équipe Madame, l’équipe Guaino, composée de lui seul ».

Marie de Gandt, elle, jouissait, dans cette singulière géographie élyséenne, d’une sorte de statut d’extra-territorialité, n’appartenant à aucun de ces groupes, mais, revers de la médaille, son travail passait par les interminables filtres et incontournables échelons : conseiller en charge du dossier, chef de cabinet, directeur de cabinet, secrétaire général, et enfin PR [i.e. le Président dans le jargon élyséen]. À la « plume » de veiller, autant que possible, à ce que son travail ne se transforme pas, au final, en un « sabir compréhensible des seuls ingénieurs des Ponts » et qu’elle sache le maintenir dans « la fiction du discours improvisé ». Bref, la quadrature du cercle !

L’Élysée réservait à Henri Guaino les discours de commémorations et à Marie de Gandt, le plus souvent, les discours de remise de décorations, qui n’étaient d’ailleurs pas forcément les plus légers ou les plus faciles. Tel celui-là, proche du discours mémoriel, à l’adresse de dix rescapés de la Shoah honorés par Nicolas Sarkozy. Comment bien parler d’eux, de ces témoins « de l’amas déraisonné d’horreurs, du déferlement du mal sur des individus répété des millions de fois » ? Elle trouvera les mots justes, adressés à chacun d’eux « qui a trouvé le Mal pour porter par sa vie le message du Bien vainqueur ».

Le livre de Marie de Gandt, brillamment écrit, est la photographie très éclairante d’un milieu politique largement méconnu du grand public où se côtoient, collaborent, s’affrontent moult personnalités. Les conseillers diplomatiques avaient toute son admiration. « Jusque dans le savoir le plus pointu et le plus vital pour le pays, leur merveilleuse irrévérence allège la prose du monde » dit-elle joliment. Mais pour de brillantes individualités, combien d’autres, « paternalistes traîtres, effusifs visqueux, affectifs débridés qui vous perdent dans l’hystérie collective » ! Les énarques n’ont guère reçu son indulgence, eux non plus, « par une complète absence d’intelligence émotionnelle et une quasi-absence d’intelligence sociale ». Quant au sexisme, tellement ancré dans la sphère politique, l’Élysée n’y échappait pas, dit-elle, « temple masculin, comme tout lieu de pouvoir ».

À la veille de quitter l’Élysée, et quand démarra la nouvelle campagne électorale  (à laquelle elle refusera de prêter son concours), Marie de Gandt tira quelques conclusions, notoirement sombres et amères. Les propositions de l’influent, et très droitier conseiller politique, Patrick Buisson, qui ont orienté, selon elle, la deuxième campagne du candidat Sarkozy vers de dangereuses divisions et crispations sociales lui faisaient craindre un virage vers un « populisme conservateur, tendance lourde des années à venir, pas seulement à cause de la jeunesse de Marine Le Pen, mais parce que ce sujet hante la droite comme la gauche ».

Marie de Gandt a affirmé ne plus vouloir revenir vers une nouvelle expérience élyséenne : « Je veux m’éloigner de la politique. L’art est la seule façon de vivre heureux sans fuir le conflit et sans renoncer à agir pour les autres ». Le monde politique a donc perdu une « plume », mais la recherche universitaire en a retrouvé une !

Les « plumes » ne cesseront d’exister bien sûr. Quelques-unes, et non des moindres, sont même passées de l’ombre des cabinets à la lumière du pouvoir, comme Pompidou, Juppé ou Fabius. Fabius qui disait avec humour : « On commence en écrivant des discours qu’on ne prononce pas. On termine en prononçant des discours qu’on n’a pas écrits » !

marie de gandt
Marie de Gandt

Sous la plume : petite exploration du pouvoir politique Marie de Gandt, Ed. Robert Laffont, mai 2013, 19€

 

CENTRE DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE DE RENNES, ANGOISSE ET DÉSESPOIR

2017, année record pour le centre de rétention administrative de Rennes. En un an, 1072 personnes sans-papiers y ont été enfermées. Intervenant dans le centre, la Cimade dénonce la violence de détentions souvent illégales et source de souffrances pour les migrants qui y sont placés.

« On voit bien que l’état physique et mental des personnes se dégrade, entre leur entrée et leur sortie du centre », témoigne Adrien Cornec. Le jeune homme est intervenant juridique à la Cimade, au centre de rétention administrative (CRA) de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes.  Comme les autres salariés de l’association, il intervient pour apporter un conseil juridique aux sans-papiers qui y sont enfermés. Et comme ces autres salariés, il dénonce leurs conditions d’enfermement.

« Ce sont des conditions de vie austères, pénibles », continue-t-il. « Ils ont une chambre, ils ont à manger, mais ça reste un centre fermé par des barbelés, des grillages, et même des bâches pour bloquer la vue. » Dans les salles dites « de détente », les tables, les bancs sont scellés au sol. La télévision, elle, est enfermée dans une cage. Sinistre métaphore de leur détention.

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Cela fait dix ans, depuis le 1er août 2007, que le CRA de Rennes existe. Cet anniversaire, le centre de rétention, installé à proximité immédiate de l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, l’a fêté à sa manière. 1072 personnes y ont été enfermées en 2017. « Un record », commente le juriste.

Au total, le CRA a une capacité de 46 places pour les hommes – 98% des personnes qui y sont enfermées – auxquelles s’ajoutent 6 places pour les femmes et 4 places pour les familles. « Il n’y avait plus de places pour les hommes, raconte Adrien Cornec, on a dû les installer dans les quartiers habituellement réservées aux femmes et aux familles. »

DES SANS-PAPIERS INTERPELLÉS DANS LES PORTS NORMANDS

Derrière ces chiffres, un fait divers, qui a fait décoller les statistiques. Le 1er octobre 2017, un sans-papier tunisien tue deux femmes âgées de 20 ans devant la gare de Marseille. Deux jours avant l’attaque, il avait été placé en garde à vue, mais la préfecture s’était opposée à ce qu’il soit placé en rétention administrative. Après l’attaque, largement médiatisée, le ministre de l’intérieur Gérard Collomb a voulu montrer une figure de fermeté. Le 16 octobre, il transmet une circulaire à toutes les préfectures : enfermement direct pour les sans-papiers placés en garde-à-vue.

À Rennes, 697 personnes avaient alors été enfermées depuis le début de l’année. Après cette circulaire et jusqu’à la fin de l’année, 375 autres y sont placées en rétention. Un tiers des effectifs de l’année, sur deux mois et demi.

Une large partie d’entre eux – une personne sur cinq – est interpelée dans les ports normands, à Ouistreham et Cherbourg, mais aussi, dans une moindre mesure, en Bretagne, à Roscoff et Saint-Malo. « Parce que Calais est devenue une zone de tension, ils essaient de descendre vers ces ports pour tenter leur chance vers l’Angleterre », explique Adrien Cornec. En réponse, la sécurité de ces ports a été considérablement renforcée, à travers notamment le recours à des compagnies de sécurité privées. Si un tiers des sans-papiers du CRA de Rennes sont originaires du Maghreb, ceux-là viennent le plus souvent du Soudan, d’Afghanistan, de Libye – des territoires en guerre, vers lesquels ils sont menacés d’être expulsés.

LA MOITIÉ DES PERSONNES ENFERMÉES RELÂCHÉE EN 48H

À l’échelle nationale, l’augmentation des placements en rétention conduit à des situations ubuesques. « C’est un logiciel qui attribue les places en CRA », explique Adrien Cornec, en fonction des disponibilités. Des sans-papiers interpelés dans le Nord, dans le Jura, ont ainsi été envoyés à Rennes. Les policiers traversaient la France pour les enfermer en Bretagne. Le lendemain, ils étaient relâchés : la procédure légale n’était pas respectée. Relâchés, mais à des centaines de kilomètres de leur lieu de vie.

Ce n’est pas rare que des sans-papiers soient libérés aussi rapidement d’un CRA. Bien au contraire : à Rennes, plus de la moitié a été relâchée moins de deux jours après leur placement en rétention. La principale raison : leur enfermement était illégal.

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48 heures après leur arrivée, ils doivent en effet passer devant le juge des libertés et de la détention. Celui-ci vérifie si la procédure – la décision doit être écrite, motivée et notifiée – a été respectée, et si les arguments présentés par la préfecture sont valables. Le plus souvent, ou bien la police n’a pas respecté ces règles, ou bien la personne enfermée possède des garanties de représentation, des éléments qui prouvent son attachement au territoire et garantissent qu’elle ne va pas fuir. Au final, les deux tiers des sans-papiers enfermés au CRA de Rennes sont relâchés par le juge des libertés et de la détention avant la fin des 45 jours maximum d’enfermement. Mais ces remises en liberté n’annulent pas les obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui les ciblent.

UN HOMME SÉROPOSITIF ENFERMÉ TROIS FOIS

Au contraire, dénonce la Cimade, elles reflètent une politique strictement punitive de la part des préfectures, qui peuvent enfermer arbitrairement ces migrants. Certaines personnes, qui ont déjà été libérées, sont ainsi renvoyées en CRA alors même que leur dossier était connu. Thierno fait partie de ces personnes. Âgé de 22 ans, ce Sénégalais est pourtant né en France, où il a vécu la majeure partie de sa vie. En avril 2017, il est enfermé au CRA de Rennes, obligé de quitter le territoire français parce que sans-papiers. Pourtant, les trois précédentes mesures d’éloignement qui l’avaient ciblé avaient toutes été annulées par le tribunal administratif. A son arrivée au CRA, pourtant, le délai de contestation de cette quatrième mesure d’éloignement est écoulé. Il est expulsé un mois plus tard.

Son cas n’est pas isolé. Les exemples se multiplient, jusqu’à concerner parfois des personnes gravement malades. « On a eu une personne séropositive russe », témoigne Paul Chiron, lui aussi intervenant juridique au CRA de Rennes. « Il a été enfermé trois fois. » La première fois, il est libéré pour raisons médicales. La deuxième fois, le tribunal administratif a cassé l’OQTF qui le ciblait. Ce qui n’a pas empêché la préfecture, de Rouen cette fois, de l’envoyer au CRA de Rennes, avec une nouvelle OQTF. Malgré sa maladie, notée dans son dossier.

« La préfecture ne prend pas non plus acte des pathologies psychiatriques », poursuit le jeune juriste. Certains sont hospitalisés d’office en psychiatrie moins de 24 heures après avoir été relâchées du CRA, d’autre le sont pendant leur détention…  « On voit bien que la volonté d’expulsion prime sur le soin », accuse-t-il.

DES DUBLINÉS ENFERMÉS ILLÉGALEMENT

Les expulsés, pourtant, ne représentent que 19,3% des personnes placées dans le centre de rétention de Rennes. Les deux tiers d’entre eux le sont dans des pays en dehors de l’Union Européenne, souvent placés à bord d’avions de ligne. Mais pour le tiers restant, le renvoi se fait dans le pays par lequel ils sont entrés dans l’Union Européenne, en vertu des accords de Dublin de 2010. L’enfermement de ces dublinés a pourtant été déclaré illégal par la cour de cassation le 27 septembre 2017. Mais, accuse la Cimade, cela n’empêche pas les préfectures d’enfermer ces sans-papiers. 55 personnes ont ainsi été enfermées illégalement depuis cette décision.

« Le plus souvent, elles sont convoquées en préfecture pour examen de leur situation », indique Adrien Cornec. De bonne foi, elles s’y rendent. Pour se retrouver placées en rétention, sans qu’elles ne s’y attendent.

Enfermés le soir, ces dublinés sont placés dès le lendemain matin dans un avion privé du ministère de l’intérieur, et renvoyés le plus souvent vers l’Italie. « Elles sont expulsées avant même de pouvoir voir un juge, alors que normalement elles devraient être remises en liberté », poursuit le juriste. Ces renvois sont bien souvent absurdes : il arrive qu’en une seule journée les expulsés parviennent à retourner à Paris…

VIOLENCES, ANGOISSE ET DÉSESPOIR

Au CRA, certains protestent contre leur expulsion. Parfois, les policiers d’escorte les laissent dans leurs chambres. Mais parfois aussi, les méthodes employées sont plus brutales. « Les personnes sont réveillées très tôt, entre 4 et 6 heure du matin », raconte Adrien Cornec. Dans leur sommeil, elles sont ligotées avec du scotch ou des menottes, on leur met un casque. « La personne se retrouve en caleçon à l’accueil, on lui apporte des affaires qu’on suppose être les siennes et on la met ensuite menottée dans l’avion », poursuit le juriste.

Contrairement à d’autres centres de rétention, les dates d’expulsions ne sont pas annoncées. Une violence supplémentaire pour ces personnes, qui ne peuvent pas prévenir leurs proches. Une source d’angoisse surtout. « Ils n’arrivent plus à dormir », s’indigne le militant de la Cimade. A l’intérieur du CRA de Rennes, certains migrants se sont organisés pour protester contre la violence des policiers et ces départs non annoncés. En avril, une quinzaine d’entre eux a décidé de faire une grève de la faim, pendant plusieurs journées.

Mais face à l’anxiété, d’autres craquent. Les militants de la Cimade rapportent que plusieurs sans-papiers se mutilent, se scarifient, essaient de manger du shampooing. Voire de se suicider. « Ça n’arrive pas tous les mois, indique Adrien Cornec. Mais ça arrive déjà trop souvent. » Dans la cour du centre de rétention de Rennes, il y a un terrain stabilisé, avec un panneau de basket. Un sans-papier, désespéré, a essayé de s’y pendre. Sauvé à temps, il a fait peu de temps après une seconde tentative. Cette fois, il a tenté de se pendre avec ses propres lacets.

cra

Ces situations alarment d’autant plus la Cimade que le projet de loi asile et immigration, qui doit repasser en nouvelle lecture à l’Assemblée Nationale à partir du 25 juillet, prévoit entre autre l’allongement de la rétention, de 45 à 90 jours. Pour les défenseurs de la loi, cela permettrait de facilité les expulsions de migrants sans-papiers. Mais pour les militants de la Cimade, l’argument ne tient pas debout : 80% des expulsions se font dans les 20 premiers jours de la rétention. Avant, donc, qu’elle soit prolongée une première fois par la préfecture. L’association, elle, pose un objectif clair : fermer ces centres de rétention administrative.

Consulter le site de la Cimade en Bretagne ici.

RENNES. TOUR DU MONDE EN TRENTE RÉCITS AVEC LE COLLECTIF BERLIN AUX TOMBEES DE LA NUIT

Du 4 au 8 juillet 2018, le Festival des Tombées de la Nuit a encore une fois enchanté les Rennais. Une quarantaine d’artistes a investi Rennes, ses lieux et ses espaces publics, pour ce premier rendez-vous estival. Le collectif belge Berlin — composé de Bart Baele et Yves Degryse — s’est installé à l’Opéra et a présenté le projet Perhaps all the Dragons. Unidivers s’est glissé parmi les participants pour découvrir cette expérience, avouons-le, hors du commun. Compte rendu.

https://vimeo.com/116050401

En lieu et place où se jouent habituellement opéras, récitals et spectacles de danse s’est déroulée une curieuse performance artistique. Pendant le Festival des Tombées de la Nuit, l’imposante structure circulaire en métal et bois du Collectif Berlin a remplacé les décors de l’Opéra de Rennes. Avec ces trente places numérotées et ces écrans noirs, Perhaps all the dragons attendait patiemment que les participants prennent place. Au vu du silence qui régnait pendant l’installation des spectateurs, le dispositif en forme de table ronde impressionnait dès les premiers pas sur scène. Bien que ressemblant, ce n’était pas un speed-dating qui allait débuter, mais plutôt un étrange tête-à-tête avec des écrans.

« Il n’existerait que six maillons intermédiaires entre nous et n’importe quel autre individu sur la terre »

Dans la continuité de Tagfish et Land’s End, Perhaps all the dragons est le troisième épisode du cycle « Horror Vacui » (l’horreur du vide). La théorie mathématique des six degrés de séparation se transforme ici en un tour du monde scénique où trente personnes de nationalités différentes se lancent dans un monologue. Anecdotes insolites, déclarations philosophiques ou récits intimes, Bart Baele et Yves Degryse ont de nouveau sillonné la planète pour filmer et transposer ces histoires — parfois improbables — déjà diffusées dans la presse internationale ou sur internet. Toutes étaient à portée de main, mais chaque spectateur n’a pu voir que cinq témoignages. Frustration assurée dans cette expérience on ne peut plus originale ! Mais rassurez-vous, à la fin de chaque représentation, une carte est remise à chaque participant et donne accès à toutes les vidéos.

Tombées de la nuit 2018 Collectif Dragon Perhaps all the dragons
© Nicolas Joubard

Curieux, septiques et parfois impatients, les réactions semblaient diverger, mais l’ambiance était à la découverte. Théâtre ? Documentaire ? Performance ? Installation plastique ? Un peu toutes ces disciplines réunies. Des personnes filmées au format portrait sont alors apparues sur chaque écran, indiquant le début de l’expérience.

Un Français qui raconte l’empoisonnement de son village au LSD naturel a été une entrée en matière quelque peu surprenante ! Nouvelle place, nouvelle vidéo. Un neurochirurgien américain raconte comment il a sauvé Mel Blanc — célèbre doubleur de voix de Buggs Bunny, Daffy Duck, ou encore Porky — à la suite d’un accident. À sa suite, un chef d’orchestre autrichien se souvient de l’incendie de l’Opéra de Vienne par les assauts US en 1945, un adolescent belge reçoit une lettre sur les six degrés de séparation, et un Indien parle de ses multiples métiers : creuser de puits, gardien de prison et invocateur des Dieux.

Une fois lancée, la performance — dans son approche documentaire et interdisciplinaire — a suivi son cours. Chaque changement d’orateur indiquait une étape franchie dans les six degrés de séparation. La tentation de jeter un coup d’œil sur l’écran de son voisin a bien entendu été la plus forte. Un regard discret à gauche et un autre à droite avant de se concentrer de nouveau sur sa propre « rencontre ».

https://vimeo.com/116050400

Cinq morceaux de vie sont offerts dans ce tête-à-tête exclusif et questionnent la relation à l’autre jusqu’à ébranler les convictions. De quelle nature sont ces histoires, réelles ou fictives ? Les personnes — acteurs sans vraiment l’être — racontent-elles leur histoire ou sont-elles seulement porteuses du message ?

Le participant s’interroge et cherche le lien entre toutes ces histoires de prime abord différentes et éloignées de sa propre vie. Une proximité inattendue naît pourtant entre la personne filmée et le participant. Peut-être est-ce le format de la vidéo qui invite à la confidence ou les interactions et autres dispositifs mis en place : la voix d’un adolescent qui interrompt les visionnages, les personnes filmées qui échangent entre elles, le conteur qui vous parle directement… « Comme cette personne hautement célèbre derrière vous, regardez… allez-y retournez-vous » m’a incité le chef d’orchestre autrichien.

Relevons d’ailleurs la conception technique et la synchronisation irréprochable du projet. Chaque vidéo dure le même laps de temps et coïncide les unes avec les autres. Elles communiquent parfois entre elles alors que les interactions interviennent à des moments différents.

Tombées de la nuit 2018 Collectif Dragon Perhaps all the dragons

« J’ai été curieuse du dispositif, mais plus septique face au dénouement. Je suis contente d’avoir vécu l’expérience, mais la fin me laisse une impression d’inachevé » commente une participante. D’autres encore sont plus enthousiastes : « Ça valait carrément les cinq kilomètres que j’ai courus » plaisante un jeune homme.

À écouter le brouhaha des participants une fois l’heure écoulée, personne n’est resté insensible à cette expérience le kaléidoscope humain décalé du Collectif Berlin semble avoir eu l’effet escompté. « J’ai eu l’impression de rencontrer des personnes et d’avoir une conversation privilégiée avec elles. Nous sommes face à un écran, mais nous interagissons. C’est intéressant, car nous nous sentons proches de ces personnes » a souligné une autre participante à la sortie.

BIOGRAPHIE

Fondé à Anvers (Belgique) en 2003 par les artistes Bart Baele, Yves Degryse et Caroline Rochlitz, le collectif Berlin a entamé le cycle « Holocène » (soit notre ère géologique actuelle) armé de caméras, de techniques d’interview, de tables de montage et de quelques comédiens, avec les spectacles Jérusalem, Iqaluit, Moscow, Bonanza, Lisboa et Zvizdal. Il s’est ensuite attaqué au cycle « Horror Vacui » (l’horreur du vide) dont Tagfish, Land’s End et Perhaps All The Dragons sont les trois premiers épisodes. Le collectif se caractérise par l’aspect documentaire et interdisciplinaire de sa quête de témoignages au-delà des frontières, chaque projet étant ancré dans une ville ou une région de la planète. Toujours au travail sur de nouveaux spectacles pour les deux cycles, le collectif a convenu d’achever le cycle « Holocène » à Berlin, avec la création d’un docu-fiction auquel participeront différents habitants des villes ayant fait l’objet des projets précédents du cycle.

LECTURES ESTIVALES, NOS CONSEILS POUR UN ÉTÉ LITTÉRAIRE

Vacances, j’oublie tout. Plus rien à faire du tout… Juste se reposer, profiter, bronzer et LIRE ! La Rédaction d’Unidivers a sélectionné pour vous quelques romans en essayant de combler tous les profils. Aventure, Émotion, Histoire, Humour, Suspense, il y en aura pour tous les goûts.

Wilfried N'Sondé

Commençons par un roman qui conjugue histoire, réflexion et aventure. Avec Un océan, deux mers, trois continents (Actes Sud, 3 janvier 2018), Wilfried N’Sondé s’empare du destin exceptionnel de Nsaku Ne Vunda (1583-1608) pour nous emmener dans un voyage tumultueux au cœur de la folie des hommes. Ce jeune prêtre africain est envoyé au Vatican par le roi des Bakongos afin de témoigner contre la traite négrière. Lors de son périple d’Afrique en Europe en passant par le Brésil, il sera le témoin candide du commerce triangulaire, de l’Inquisition espagnole et de toutes les bassesses humaines. Ce roman vient d’obtenir les Prix des Lecteurs L’Express/BFMTV, Prix France Bleu/Page des Libraires et Prix Kourouma 2018.

DOLORES REDONDO

Plus léger entre romance et suspense, Tout cela je te le donnerai (Presses de la Cité, avril 2018) de Dolores Redondo devrait vous valoir quelques heures de lecture captivante sur la plage. Manuel Ortigosa est en train d’écrire la fin de son roman lorsque la police vient lui annoncer l’accident mortel de son mari, Alvaro Muñiz de Davila dans la province de Lugo. Manuel découvre le passé mystérieux de celui qu’il croyait pourtant connaître. Un roman bien mené avec de multiples rebondissements et des personnages tourmentés et attachants.

ANNA HOPE

Vous cherchez un souffle romanesque, des destins brisés dans l’Angleterre du début du vingtième siècle , je vous convie dans La salle de bal (Gallimard, août 2017) de Anna Hope. Cette salle est le seul endroit d’un asile d’aliénés du Yorkshire où hommes et femmes détenus peuvent trouver un peu de réconfort. De la réalité sordide de l’eugénisme, Anna Hope construit un roman subtil et passionnant dans lequel la jeune Ella trouvera l’espoir en dansant avec un ténébreux irlandais. Ce roman vient de recevoir Le Grand Prix des Lectrices Elle 2018.

FANNIE FLAGG

Les amateurs de romans feelgood, plutôt drôles trouveront leur bonheur chez Fanny Flagg. On retrouve dans Nous irons tous au paradis (Pocket 24 mai 2018) de l’humour, de l’émotion et des personnages attachants. Elner, octogénaire pétillante revient du paradis pour troubler le calme d’une petite ville jusqu’ici bien tranquille. Tout le charme qui a fait le succès des Beignets de tomates vertes, adapté au cinéma par John Avnet en 1991.

William Finnegan

Vous êtes plutôt sportifs, emmenez le roman de William Finnegan, couronné en 2016 par le Prix Pulitzer. Jours barbares (Points, juin 2018) est un récit autobiographique sur la passion du surf. Ce journaliste américain nous confie sa vie de surfeur sans nous noyer dans les détails techniques, mais en nous entraînant pudiquement, grâce à son talent de conteur, dans sa façon de vivre, son rapport au monde.

Christophe Molmy

Côté Polars, si vous êtes plutôt braquages, quoi de mieux qu’un chef de la BRI pour vous emmener dans le réalisme d’une enquête trépidante. Quelque part entre le Bien et le Mal (La Martinière, 18 janvier 2018) est un roman qui fait converger deux enquêtes différentes vers un même destin. Malfrats, tueur en série, flics et voyous, tous les personnages sont particulièrement bien fouillés et le suspense tient en haleine jusqu’à l’apothéose du dénouement.

AJ FINN
Si vous êtes plutôt fan d’Hitchcock, tournez-vous vers La femme à la fenêtre (Presses de la Cité, février 2018) de A.J. Finn. Une femme cloîtrée chez elle passe une grande partie de son temps à espionner ses voisins. Jusqu’au jour, où elle voit une femme se faire poignarder. Mais la police ne retrouve ni l’identité ni le corps de la voisine. Réalité ou hallucination? Ce huis clos haletant fort bien mené sera adapté au cinéma par Joe Wright (Les heures sombres).

philippe Lançon

L’été est aussi l’occasion de lire les romans phares du moment comme Le lambeau (Gallimard, avril 2018) de Philippe Lançon, un témoignage fort et émouvant d’un journaliste rescapé du massacre de Charlie Hebdo. Ou les romans des grands auteurs qui nous ont récemment quittés comme Jean d’Ormesson (Et moi, je vis toujours Gallimard 2018), Philip Roth (La tâche, Folio 2004) et Tom Wolfe (Le bûcher des vanités, Livre de Poche 1990).

Si vous n’avez toujours pas trouvé votre bonheur, n’oubliez pas de relire les conseils mensuels de la rubrique Littérature.

Dédicace-Rencontre : Wilfried N’Sondé – Jeudi 26 juillet 2018 – Librairie L’Encre Bleue, Pornic. Rencontrez Wilfried N’Sondé à partir de 19h à la librairie.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=wseXgrt9h88

LES FLEURS ROUGES DU FLAMBOYANT, ET SI LA NOSTALGIE ÉTAIT HEUREUSE ?

Simon Darnell est né en Martinique, mais il a passé la majeure partie de sa vie en métropole. Il retourne sur son île natale et jongle avec les souvenirs, les ombres du passé, les membres de sa famille encore vivants, les disparus. Est-ce un roman ou pas ? Il faudra attendre la fin pour se faire un avis ou questionner l’auteur Roland Brival lors d’une séance de dédicace.

LES FLEURS ROUGES DU FLAMBOYANT

Flamboyant. La couleur est donnée au roman. Tant dans les ambiances décrites que dans les éléments évoqués par Simon, le narrateur, qui s’exprime par le « je ». Tous les sens du lecteur sont sollicités au fil des pages, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût. L’auteur taquine sans cesse l’existentiel et nous rappelle qu’au-delà du sens que l’on donne, que l’on tente de donner à notre vie, celle-ci est souvent sinon généralement influencée par ce qui a été vécu, subi, partagé dans l’enfance, dans l’adolescence, avec les siens, les amis, lors de rencontres probables sinon improbables, des moments heureux comme les coups du sort qui parfois laissent des stigmates ; des périodes fondatrices qui promettent la lumière autant que des moments plus diaphanes sinon plus sombres.

Le récit est construit presque de façon linéaire encore que. Ainsi, Simon nous entraîne dans l’innocence de son enfance, aux côtés de sa mère, lui né de père inconnu, aux côtés de ses grands-parents, de son oncle, étrange personnage, et déroule le quotidien dans les faubourgs de Fort-de-France avant de traverser l’Atlantique pour rejoindre sa mère venue travailler à Paris. S’il a plutôt vécu heureux, protégé des mauvais coups, s’il a pu suivre des études et trouver sa voie, à la cinquantaine, peut-être une période où un premier bilan s’impose, il ressent le besoin d’aller se confronter à son passé, à sa terre natale. Et chacun sait que lorsque l’on décide d’ouvrir la boîte de Pandore, les choses peuvent s’avérer éprouvantes, car certaines familles conservent bien précieusement quelques cadavres dans ses placards.

Et puis il y a La délicieuse Évanyse, la jeune fille dont Simon était amoureux alors adolescent. Qu’est-elle devenue ? Est-elle toujours en vie ? A-t-elle quitté la Martinique ? Simon veut savoir, lui qui est parti sans la revoir. Lui qui ne l’a jamais oubliée. Évanyse a-t-elle balayé les premières amours tourmentées et partagées avec le jeune homme de l’époque ?

Roland Brival revient ici à ses racines antillaises pour nous offrir un poignant hommage à l’enfance et à la magie sombre et complexe des fantômes insulaires.

Les fleurs rouges du flamboyant, Roland Brival. Éditions Mercure de France. 280 pages. Parution : mai 2018. 18,80 €.

Feuilletez le livre ici

Roland Brival
Photo © Brigitte Paoli

Biographie de Roland Brival, issue de son site :

Roland Brival est un artiste complet. Écrivain, mais aussi poète, musicien et plasticien, il a publié quinze romans chez différents éditeurs (Gallimard, Lattès, Phebus, Ramsay, Orban), produit une dizaine d’albums (dont un album de poèmes personnels intitulé « Les Mots », enregistré à Taiwan en 2009, à l’occasion du salon du livre de Taipei) et participé à de nombreuses expositions.
Il a également travaillé dans le domaine du théâtre en qualité de metteur en scène et a été le fondateur d’un laboratoire de recherches théâtrales et d’une troupe de marionnettes antillaise, « la compagnie BWA-BWA ».
Enfin, Roland Brival a exercé ses talents de critique littéraire au sein du journal Elle dans les années 90.
« Circonstances aggravantes », son dernier album a vu le jour en 2014 sous le label « Such Productions ».
En janvier 2013 il a été fait chevalier des arts et des lettres par Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture. Né en Martinique, il a longtemps vécu à Londres, New York et Paris où il vit désormais.

BATAILLES AU-DESSUS DE LA DECENCE COMMUNE D’ORWELL

Parler de 1984, de novlangue, ou de toute autre référence à George Orwell est devenu une habitude dans de nombreux débats. Pourtant, loin de ses œuvres les plus connues, l’écrivain britannique était aussi engagé politiquement, et défendait l’idée d’une décence commune propre au monde des personnes simplement bienveillantes, des gens ordinaires, notamment ouvriers. Aujourd’hui, à droite comme à gauche, on se bat pour récupérer cet héritage.

Qui était Orwell ? Près de 70 ans après sa mort, la longue silhouette de l’écrivain britannique plane toujours dans les esprits. Figure incontournable d’un XXe siècle politique et littéraire, on retient de lui ses principales œuvres : 1984, La Ferme des Animaux, parfois encore Hommage à la Catalogne. Mais plus que l’homme, peut-être plus que ses livres, on garde l’adjectif : orwellien.

Il suffit à lui seul à résumer comment Éric Arthur BlairGeorge Orwell était son nom de plume — est entré dans les imaginaires. On a conservé de lui ce qualificatif contre les menaces totalitaires, cet avertissement de la dystopie, l’anticipation du pire comme arme de dénonciation.

orwell

Il faut reconnaître que ce ton-là est particulièrement au goût du jour. Avec l’élection de Donald Trump, en novembre 2016, son roman d’anticipation 1984 a atteint des niveaux de vente record. En quelques mois, 47 000 exemplaires se sont écoulés aux États-Unis. Son éditeur a dû en réimprimer 75 000 autres. La fin de l’histoire, annoncée après la guerre froide, a trouvé sa propre fin, une nouvelle incertitude s’est installée, aussi bien politique que technologique et environnementale, et nous pousse à le (re)découvrir.

Les références à son œuvre se multiplient donc logiquement. On rappelle l’omniprésence des « télécrans » et la surveillance généralisée, on rapproche la propagande du « Ministère de la Vérité » de la prolifération des « fake news », on évoque la « novlangue » pour critiquer la langue de bois et les langages du management.

À son époque, Orwell alertait les socialistes britanniques sur le totalitarisme de l’URSS stalinienne. Lui-même avait failli en payer le prix fort, d’ailleurs. Engagé dans la guerre civile espagnole contre les franquistes, il a dû fuir Barcelone pour ne pas être arrêté — et probablement abattu — par les forces staliniennes. L’URSS disparue, sa critique est restée, en changeant d’objet. Désormais, elle porte sur notre monde actuel, sur les menaces rendues possibles par de nouvelles technologies.

ORWELL

Le succès de Black Mirror est le reflet sans doute de cette analyse orwellienne du monde. Dans cette série, chaque épisode est consacré à une nouvelle dystopie, où les nouvelles technologies ont la belle part, de la téléréalité aux microrobots, en passant par les réseaux sociaux.

Mais à parler de cet Orwell-là, on en oublie l’homme qu’il était vraiment, et les idées qu’il défendait. S’il combat le totalitarisme, c’est d’abord parce qu’il se définit, à partir de 1936, comme un socialiste lui-même. Mais un socialiste à rebours des appareils de parti et des intellectuels officiels.

« Il s’est vraiment inquiété du magistère dédié aux intellectuels technocratiques dans la société socialiste à venir », expliquait Michael Walzer, philosophe américain et spécialiste d’Orwell, dans le Magazine littéraire. En particulier, il se méfie des intellectuels du parti travailliste britannique. « Pour beaucoup de ceux qui se réclament du socialisme, la révolution n’est pas un mouvement de masses auquel ils espèrent s’associer, mais un ensemble de réformes que nous, les gens intelligents, allons imposer aux basses classes », s’indigne George Orwell dans Le Quai de Wigan. En utilisant les théories marxistes pour assurer leur emprise sur le parti travailliste, ces intellectuels, selon lui, rompent avec l’égalitarisme radical qu’il défend, et qui pour lui est la base du socialisme.

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Walzer

Contre ces théoriciens, l’écrivain britannique développe progressivement une conception de ce qu’il nomme « common decency », une décence commune.

Pour lui, cette décence, ce sont les qualités présentes au sein des gens ordinaires (simplement et ordinairement humain ne signifie pas idiot ou dénué de sensibilité, bien au contraire), chez les ouvriers, chez les employés et toutes les personnes bienveillantes et attentives aux autres. Des valeurs de solidarité, de tolérance, de respect, de goût du travail, le rejet du machinisme et du productivisme. « Cela ne constitue pas une morale en bonne et due forme, mais assure un sens spontané de ce qui doit se faire ou ne doit pas se faire », expliquait Bruce Bégout, philosophe auteur d’un ouvrage sur George Orwell, dans une interview donnée au magasine Article 11. Elles ne sont pas théoriques, à l’inverse des idéologies socialistes, mais s’ancrent profondément dans les pratiques quotidiennes.

« C’est cette faculté même d’être attaché aux autres dans leur caractère ordinaire, qui est aussi le nôtre, qui nous prévient contre toute action violente contre eux, contre toute volonté de domination », précise encore Buce Bégout.

bégout

Dans une logique à la fois de rapport à la communauté et de domination par d’autres classes sociales, ils développent cette entraide à la fois comme fraternité naturelle, mais aussi comme une entraide nécessaire à leur résilience. La solidarité s’exprime ici avec son double sens. À la fois ces classes populaires se montrent généreuses, et à la fois les individus se lient les uns aux autres, à travers des logiques de don et de contre don.

À l’inverse des révolutionnaires qui veulent, du passé, faire table rase, et qui espèrent créer, avec un monde nouveau, un homme nouveau, la décence commune ouvrière permet à George Orwell de célébrer ce vieux monde. Il s’oppose au productivisme, au machinisme, célèbre la nature et les traditions. Certains le taxent de conservateur, il répond que ce ne sont pas là des valeurs propres aux Tories, mais que ce sont-là des valeurs britanniques.

Si cette décence est propre aux gens de peu, c’est que les intellectuels et les dirigeants ont perdu ce lien à la communauté et à l’ordinaire. Issu d’une bonne famille, scolarisé dans la très prestigieuse Eton public school, George Orwell développe très tôt ce rejet des élites — bien avant de cultiver ses idées socialistes.

Étudiant rebelle à Eton, il se révolte contre l’administration coloniale britannique alors qu’il sert comme sergent dans la police impériale au Myanmar. Commence alors sa rupture avec son monde bourgeois. En 1927 puis 1928, il vit le quotidien des sans-abris dans les bas-fonds de Londres et de Paris ; en 1934, il descend au fond des puits de mine de Wigan, près de Manchester.

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Orwell, policier en Birmanie en 1923 (troisième en partant de la gauche sur le rang du haut)

A travers ses expériences, il se défait peu à peu de ses préjugés. Mais c’est surtout à cette occasion qu’il appréhende cette décence commune ouvrière, contre la machine et contre l’exploitation qu’il dénonce violemment dans « Le Quai de Wigan ». Combattant en Espagne, il retrouve cette solidarité ouvrière dans les milices du POUM, un parti révolutionnaire qui luttait contre Franco (mais aussi de temps en temps contre les anarchistes de la CNT), et célèbre cet effacement des barrières entre son éducation bourgeoise et les pratiques ouvrières, au-delà des préjugés. Ce sont ces expériences qui fondent sa vision politique : avant de théoriser, il vit — pleinement — ce qu’il défend.

S’il se décrit alors pleinement comme socialiste, son concept de décence commune ne fonde pas une idéologie ni une politique. « On ne saurait bâtir dessus un programme politique », juge Michael Waltzer, tandis que, à l’antenne de France Culture, Bruce Bégout juge qu’elle est seulement défensive : « elle prévient ce qu’il ne faut pas faire, et non pas ce qu’il faut faire ». Pour George Orwell, cette décence commune est une résistance face au pire, face au totalitarisme. Elle est une base pour les luttes politiques, à la fois pour s’adresser aux ouvriers, loin des poncifs socialistes qu’il critique violemment, et pour espérer construire une nouvelle société égalitaire.

L’idée de cette générosité spontanée des ouvriers est souvent reprochée. Elle est présentée comme idyllique, déconnectée du réel. Face aux pratiques d’entraide, on renvoie à la participation des ouvriers au totalitarisme, aux massacres. N’étaient-ce pas des ouvriers qui ont massacré les travailleurs immigrés italiens à Aigues-Mortes en 1893, s’interroge ainsi Le Vent se Lève ? « Le mal est toujours vécu comme une violence faite à la quotidienneté », répond Bruce Bégout. Il poursuit : « Cela ne veut pas dire que les gens ordinaires ne peuvent pas être pervers, mais que cette perversion nécessite la rupture totale avec leur monde de la vie. » L’origine du mal est ainsi extérieure à ce quotidien, ce qui autorise George Orwell à rester optimiste.

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e des Italiens à Aigues-Mortes en 1893

Cet optimisme de la décence commune, pourtant, s’est rapidement perdu. Avant de resurgir, pour la France, en 1995. Un professeur de philosophie alors peu connu du grand public, Jean-Claude Michéa, originaire de Montpellier, publie un essai dédié à George Orwell : « Anarchiste Tory ».

Il reprend à son compte le concept de décence commune de l’écrivain britannique, et en fait un principe politique. Orwell, dans sa jeunesse, s’était défini comme anarchiste conservateur. Jean-Claude Michéa reprend l’oxymore pour caractériser sa propre décence commune. Anarchisme contre des élites indécentes, coupées du monde réel, et contre les intellectuels qui veulent imposer leurs idéologiques coupées de la base. Conservatisme des classes populaires, avec l’attachement à son territoire, à son travail, à ses proches, à sa tradition.

Orwell avait vécu parmi les ouvriers. Jean-Claude Michéa avance son vécu de professeur dans les Landes, dans la « diagonale du vide ».

Et l’ancien professeur de philosophie renvoie ce vécu et les principes d’Orwell au visage d’une gauche qui, selon lui, a de nouveau trahi les classes populaires. Comme l’écrivain en son temps, il critique violemment des intellectuels qui veulent décider, pour le plus grand nombre, ce qui est préférable pour lui. Mais quand le premier s’opposait aux staliniens du parti travailliste, Jean-Claude Michéa a pour ennemi le libéralisme économique et culturel.

michea
aude Michéa

La décence commune définit un comportement correct et solidaire chez les classes populaires. En parlant de racisme, de sexisme, d’homophobie, les intellectuels libéraux se présentent — d’après lui — comme des donneurs de leçons, déconnectés des réalités du peuple. En portant des combats qu’il considère comme sociétaux, ils en oublient les combats sociaux, et délaissent dès lors ouvriers et employés. En divisant « le peuple » en multiples entités, ces intellectuels favorisent l’individualisme contre l’esprit de collectivité, et permettent au libéralisme culturel de rejoindre le libéralisme économique.

Ce conservatisme populiste, comme Jean-Claude Michéa le revendique, séduit certaines franges de la gauche… comme à droite, voire très à droite, parmi les habituels clients médiatiques du Point et du FigaroVox notamment. C’est ainsi qu’on peut voir Élisabeth Levy, rédactrice en chef de la revue Causeur, ouvrir ses colonnes au philosophe pour une longue interview.

Sur son aile gauche, les principaux partisans de l’ancien professeur de philosophie se retrouvent autour d’un journal militant en ligne, Le Comptoir. Mais il est aussi largement repris par ceux qui ont été désignés comme des « nouveaux conservateurs ». Issues des rangs de la gauche, ces personnalités médiatiques fraient pourtant beaucoup plus largement aux côtés de ténors médiatiques de la droite.

orwell

de cette galaxie, la plus connue reste sans doute Natacha Polony, présidente du Comité Les Orwelliens. À ses côtés, dans ce groupe qui se donne pour ambition de « diffuser auprès du public le plus large possible l’œuvre et la pensée d’Orwell », beaucoup de journalistes d’horizons divers… mais cohérents, du FigaroVox à Marianne en passant par l’Express et Causeur, ou encore la revue d’écologie conservatrice Limites. En économie, ils défendent le souverainisme contre l’Union européenne. En politique, ils alertent sur ce qu’ils estiment être le danger de l’islam politique.

Ces reprises conservatrices de l’écrivain britannique agacent cependant Jean-Jacques Rosat, qui leur répond dans un article publié dans le Magasine Littéraire. Quand Jean-Claude Michéa reprend l’expression d’anarchiste conservateur, le maître de conférences au collège de France lui répond : « Anarchiste tory, il l’a bien été de son adolescence jusqu’au milieu des années 1930, mais c’est précisément l’attitude dont il lui a fallu se défaire pour pouvoir être le socialiste qu’il est devenu à partir de 1936. »

Pour Orwell, cette posture est marquée par un double-rejet, un rejet des élites jugées incompétentes doublé d’un préjugé de classe, que l’écrivain n’aura de cesse de combattre à travers ses expériences.

rosat
cques Rosat

D’autre part, comme le souligne Jean-Jacques Rosat, si Georges Orwell revêt d’une dimension conservatrice dans ses positions, il ne fait cependant aucune concession vis-à-vis des conservateurs, et reste radicalement ancré dans les milieux « gauchistes », comme il le concède lui-même.

Sa réponse à l’invitation de la duchesse d’Atoll, figure du parti conservateur britannique et surnommée la « duchesse rouge » pour ses positions contre le franquisme est éloquente. Celle-ci lui avait proposé de prendre la parole dans un meeting pour dénoncer l’emprise du communisme sur l’Europe de l’Est. Fermement, l’écrivain lui avait répondu : « J’appartiens à la gauche et dois travailler en son sein, quelle que soit ma haine du totalitarisme russe et de son influence délétère sur notre pays. »

Même s’il est mort il y a plus de 70 ans, la réponse reste toujours d’actualité.

EXPO MANGASIA NANTES, TOUR D’ASIE EN BD AU LIEU UNIQUE

Plongez dans l’histoire du manga avec l’exposition Mangasia, merveilles de la Bande Dessinée d’Asie au Lieu Unique de Nantes. Du 30 juin au 16 septembre 2018, l’ancienne biscuiterie LU propose un voyage au pays merveilleux du neuvième art asiatique : origines, influences, processus de créations, expérimentation ou encore censure, le manga n’aura bien plus aucun secret pour vous ! Une exposition produite par le Barbican, Centre culturel de Londres.

expo mangasia lieu unique nantes
Paul Gravett, critique de bande-dessinée britannique et commissaire de l’exposition

Je vous invite à découvrir la première exposition au monde sur les bandes-dessinées d’Asie.

Une phrase d’accroche alléchante signée Paul Gravett, critique de bande-dessinée britannique et commissaire de l’exposition. Incontournable dans le domaine du manga, il est notamment l’auteur de l’ouvrage Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie. Une pointure qui attisera sans nul doute la curiosité des experts et néophytes !

Après un premier arrêt à Rome cet hiver, l’exposition Mangasia, merveilles de la Bande dessinée d’Asie s’installe au Lieu Unique à Nantes et embarque les publics français et anglophones – l’exposition étant traduite dans la langue de Shakespeare – dans un voyage dans le temps (et de surcroît un tour d’Asie pour une somme modique)

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« Il n’y a pas une seule Asie »

En dehors des géants colossaux tels que le Japon « le Godzilla du manga » et la Chine, Mangasia invite le public à parcourir six thématiques et découvrir l’industrie des vingt pays et territoires asiatiques qui forment aujourd’hui le continent qu’est la Mangasie.

Du Pakistan à l’Est jusqu’à la Mongolie au Nord, en passant par le Timor Oriental, le Sri Lanka ou encore le Bhoutan, l’exposition a pour but de mettre en valeur les connexions entre les bandes dessinées à travers l’Asie, la diversité de cet art mais également ses procédés créatifs. Un sujet ambitieux, mais ô combien d’actualité quand on sait que le marché du manga s’élève à 40 % des ventes en France.

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Ouverture du Japon en 1868, imitation des formats japonais dans les autres pays, origines nationales et influences internationales, les mangavores et autres amateurs de l’univers pourront enfin découvrir le véritable réseau culturel nourri d’histoires, de politique, de spiritualité et d’art que constitue l’industrie du manga.

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©︎ 2014 Aya Takano/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved.

Accueilli par une poupée gonflage géante en tenue légère – œuvre de la dessinatrice Aya Takano et le plasticien Takashi Murakami – le public est plongé dans une exposition immersive aux couleurs pop où regorgent 300 planches originales, 200 volumes de bandes-dessinées et une centaine de fac-similés. Des objets exceptionnels, tels que des estampes japonaises du XIXe siècle, deux kaavads – sanctuaires portatifs utilisés par les conteurs du Rajasthan – ou la reconstitution du bureau de travail d’un des mangaka (dessinateur de manga au Japon) les plus prometteurs Fukutani Takashi sont également présents et complètent l’exposition parfois dense.

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Dans cette « exposition un peu schizophrénique » – selon les mots du commissaire d’exposition – les inconditionnels reconnaîtront agréablement les personnages emblématiques de One Piece, Attacks of Titans ou Dragon Ball, mais découvriront également des ouvrages plus anciens tels que Hinomaru Hatanosuke (1937).

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Du folklore, de l’histoire… de la violence et de la pornographie !

À la fois un moyen de réinterpréter les mythes et légendes de sa culture, citons par exemple le Romanyana et les épopées indiennes, mais également une manière de communiquer sur le passé, le manga donne la voix aux personnes qui n’étaient pas entendues par le passé.

Que ce soit une histoire fondée sur la guerre entre la Corée du Nord et du Sud avec Flower (2002) ou sur l’emprisonnement d’un Coréen du Sud pétri d’idéaux marxistes qui a combattu du côté du Nord avec I am a communist, le dessinateur Park Kun Woong rappellent les ravages de l’occupation japonaise, de la guerre entre le Nord et le Sud et de la dictature militaire qui s’en est suivie.

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Seinen ou Hentai, ces genres ne vous disent peut-être rien, mais ça ne saurait tarder. Loin du puritanisme auquel la culture asiatique est assimilée, il est temps de pénétrer dans l’antre de la violence pour le premier et de la pornographie pour le second. Bien que des pays tels que l’Indonésie prohibent la diffusion de films pornographiques, les Asiatiques peuvent parfois avoir une imagination un peu trop débordante en la matière.

Derrière ces rideaux blancs ne se cache pas la catégorie de films « interdit au moins de 18 ans » d’un ancien vidéo club, mais plutôt des thématiques plus adultes, très prisées par le lectorat. De la scène de sexe explicite à l’imagerie la plus extrême – «  Mu Zan-e » ou atrocités en japonais – les spectateurs et créateurs explorent dans ces pages les fantasmes érotiques et cauchemardesques de tout individu. « Âmes sensibles s’abstenir » !

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Un final en apothéose interactive

Un dernier arrêt dans la sphère du multimédia est indispensable pour comprendre l’évolution du manga de ce dernières décennies. Tous les domaines sont touchés par les bandes-dessinées d’Asie, la preuve étant cette profusion d’animes ou films qui alimentent le cinéma – citons l’adaptation cinématographique de la série culte Fullmetal alchemist BrotherHood par exemple – la mode du cosplay et même le numérique avec des concerts de personnage fictif.

Une surprise attend le spectateur en fin de parcours. Kawohori Soji, concepteur de « mécas » – créatures mécaniques géantes – a créé pour l’occasion Mechosobi, un design interactif qui modélise un robot de la taille d’un immeuble. Des croquis manuscrits aux créations numérique, la boucle est bouclée et le défi relevé !

Mangasia, du 30 juin au 16 septembre 2018, expo Manga dans l’ancienne biscuiterie LU, le lieu Unique, à Nantes, Quai Ferdinand-Favre.

Entrée : 6 et 4 €

Mardi au samedi : 12 h – 19 h

Comment venir ?

BusWay : ligne 4, arrêt Duchesse Anne
Bus : C2 – C3, arrêt Lieu Unique
Tramway : ligne 1, arrêt Duchesse Anne momentanément fermé pour travaux. Descendre à l’arrêt Bouffay ou Gare SNCF (sortie sud)
Bicloo : Station Lieu Unique
Parkings : Duchesse Anne, Allée Baco / Parking de la Cité / Le Centre des Congrès

Le Barbican à Londres c’est ici.

Le lieu Unique, c’est ici.

RENNES VÉGÉSTAL, LA PREMIÈRE ÉPICERIE VEGAN EN BRETAGNE

À quelques pas de la place Sainte-Anne à Rennes, une jolie épicerie végane a ouvert ses portes le 26 mai 2018. Les clients trouveront au sein de ce premier magasin vegan breton une gamme de produits 100 % végétaux et non testés sur les animaux. Végéstal, qui pourrait signifier « magasin vegan » en breton, a pour objectif « d’ouvrir le véganisme à tout le monde, qu’il soit le plus possible accessible et à la portée de tous » explique Lola Dumont, créatrice et gérante du magasin à seulement 24 ans.

Lancer la première épicerie végane en Bretagne à 24 ans, cela pourrait paraître un projet « utopiste et immature ». C’est en tout cas ce que Lola Dumont a entendu à plusieurs reprises durant l’élaboration de son projet. Un « réel parcours du combattant d’un an et demi » nous confie-t-elle, mais « il est possible de changer les choses, il ne faut pas cesser d’y croire ». La créatrice de Végéstal a bel et bien les pieds sur terre et a su convaincre ses différents interlocuteurs de la viabilité de son projet : Végéstal c’est l’histoire d’une amoureuse des animaux déterminée depuis toute petite à travailler à son compte.

PREMIERE EPICERIE VEGAN EN BRETAGNE Ses parents étant agriculteurs, Lola Dumont se familiarise au monde animalier très tôt. Vers l’âge de 8 ans, elle prend conscience que ses amis les bêtes avec qui elle joue tous les jours sont aussi celles qui se retrouvent dans son assiette le midi. Elle annonce alors à ses parents qu’elle ne veut plus manger de viande. Ils croient d’abord à une lubie d’enfant, mais non. Un peu déboussolés, ils se font finalement à cette idée. Lola s’adapte tout de même lorsqu’elle est invitée à dîner chez des amis.

À 18 ans, devenant « libre de ses repas et de ses choix », Lola Dumont devient officiellement végétarienne. Elle se dirige vers le métier d’assistante-vétérinaire et rencontre parallèlement, d’autres personnes végétariennes puis découvre le végétalisme. C’est à ce moment qu’elle se dit que la démarche n’a davantage de sens que si elle est menée jusqu’au bout.

Elle pense notamment aux produits cosmétiques testés sur les animaux, ce qui est inconcevable pour elle et la pousse à trouver des alternatives. Lola Dumont décide donc de manger vegan mais également de s’habiller, de se maquiller, en somme de consommer d’une tout autre façon. Elle rencontre son futur mari qui est vegan, ce qui l’aide dans sa démarche et vers l’âge de 21 ans, la jeune femme adopte ce mode de vie à 100 %.

PREMIERE EPICERIE VEGAN EN BRETAGNE

Bien que son métier d’assistante vétérinaire lui plaise, elle trouve paradoxale la quasi-absence de végétariens chez les vétérinaires. Désireuse d’aider la condition animale à sa manière et à son échelle, elle décide de lancer son propre projet. Sa première idée est de créer un refuge animalier, mais cette idée est, elle, trop ambitieuse. N’aimant pas cuisiner, elle cherche alors des recettes véganes facilement réalisables et constate qu’à Rennes l’offre de produits est quasiment inexistante et pas forcément accessible. De là naît l’idée de créer une épicerie composée entièrement de produits végétaux à des prix abordables afin de devenir le magasin breton de référence dans ce domaine.

Dans ce contexte, Végéstal propose des produits frais avec simili-carnés, simili-poissons, faux-mages… Au rayon épicerie et traiteur se trouvent des faux-gras, plats préparés, biscuits, confiseries. Produits d’hygiène et d’entretien, maquillage sont disponibles ainsi qu’un espace culturel avec des livres de cuisine, guides, documentation et magazines. Dans un second temps, des fruits, légumes frais et du prêt-à-porter seront commercialisés.

VEGESTAL

 

40 % des fournisseurs de Végéstal sont bretons. Les produits à bases d’algues ont notamment la cote ; ce sont des produits qui remplacent facilement le poisson. 50 % des produits viennent de France et quelques produits exceptionnellement d’Allemagne, comme la chantilly – très populaire également – ou du Royaume-Uni. La moitié des produits sont biologiques, l’autre moitié permettant de proposer des produits plus accessibles qu’à la Biocoop, par exemple. La volonté de Lola Dumont n’est pas de devenir une « mini-Biocoop », mais de s’en démarquer tout comme elle souhaite se différencier des grandes surfaces par la qualité de ses produits.

PREMIERE EPICERIE VEGAN EN BRETAGNE

Lola Dumont explique avoir pensé Végéstal comme une épicerie de quartier avec un interlocuteur qui apporte des conseils vers la voie du végétarisme. « Je suis surtout là pour montrer que le végétalisme ou véganisme qui est souvent associé à un milieu très sectaire, militant voire extrémisme n’est rien de tout cela, mon objectif n’est pas de culpabiliser les gens ». S’installer en plein centre-ville a justement pour objectif d’attiser la curiosité du plus grand nombre.

Dans cette même optique, Lola Dumont souhaite créer des Box où il sera possible de trouver tous les produits pour une journée végane. Elle a également comme projet, en collaboration avec un traiteur Vigan, de proposer des plats à emporter le midi. Des « soirées exclusives » avec ateliers de création de cosmétiques ou ateliers culinaires sont aussi à prévoir même si elles n’ont pas été mises en place pour le moment.

Quant à une démultiplication ? Lola Dumont n’est pas contre, mais ne peut se projeter pour le moment dans la mesure où le magasin a ouvert il y a seulement un mois : « Je vais voir où le vent me mène ! » s’exclame la créatrice de Végéstal.

VEGESTAL RENNES VEGAN

 

Végéstal. 12 rue de la Visitation, Rennes. Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 13h30 et de 15h à 19h. Le samedi de 10h à 18h.

320 000 EUROS POUR LE FESTIVAL POLITIKOS, RENNES METROPOLE FAIT SON CINEMA

Rennes a accepté la proposition du journaliste Jean-Michel Dijan d’accueillir, au Couvent des Jacobins, le festival Politikos. Le festival Politikos, premier festival international du film politique consacré à l’exercice du pouvoir, est porté par une association (d’origine parisienne mais domiciliée au cinéma Arvor au 28 rue d’Antrain depuis novembre 2017) dont le président d’honneur est Edmond Hervé, ancien maire de Rennes. Une subvention de 100 000€ vient de lui être accordée par la Métropole. Elle s’ajoute aux “190 000€ accordés par la Région Bretagne  – comme l’a expliqué à Unidivers son service de presse –  sur les crédits budgétaires relatifs à l’attractivité du territoire, à travers un marché de partenariat”, et 30 000€ par le Département d’Ille-et-Vilaine (la Mairie de Rennes n’a pas, quant à elle, souhaité abonder).

Voir ici la mise à jour de cet article publié le 30 octobre 2018 :

LE FESTIVAL POLITIKOS FAIT CAMPAGNE A RENNES

Politikos est un festival de cinéma orienté vers la réflexion politique (a priori dans l’esprit du Forum Libération de Rennes, lequel aura connu un succès plutôt mitigé…). Il doit se tenir au mois de novembre 2018. Si ses journées du 1er au 4 novembre réussissent, les retombées médiatiques pour la ville de Rennes et son rayonnement promettent d’être importantes en raison de la présence d’un important parterre de personnalités publiques (voir la liste des invités – aux profils des plus subversifs… – plus bas dans la présentation du festival).

Dans ce dessein, Rennes Métropole (et non la mairie de Rennes) vient d’accorder à l’association porteuse du projet – parisienne mais parachutée à Rennes – une importante subvention de 100 000€. Un montant d’autant plus enviable que, si Rennes recèle plusieurs entités et associations spécialisées dans le cinéma, y compris dans le champ de la réflexion socio-politique, ces dernières ne semblent pas associées à ce projet de festival (à l’exception notable du cinéma Arvor et du TNB). Une subvention et une situation susceptibles de frustrer une partie du milieu audiovisuel local.

Cette crispation a été traduite, assortie de réflexions, par Morvan Le Gentil qui est intervenu, au nom du groupe écologiste rennais, lors du Conseil métropolitain du 20 juin 2018.

Le lecteur trouvera reproduites ci-dessous l’intervention du groupe écologique et la présentation du festival. Nous les portons à l’appréciation de chacun non sans un questionnement liminaire : étant donné le budget, constant mais contraint, de l’enveloppe budgétaire dévolue à la culture dans Rennes Métropole, d’où viennent ces 100 000 euros ? Autrement dit, quelles actions culturelles métropolitaines vont voir leurs trésoreries rabotées (quand bien même cette somme serait ponctionnée non sur le budget culture mais attractivité) ? En outre, cette subvention ne risque-t-elle pas de nourrir (a fortiori connaissant les tarifs de location pour beaucoup inaccessibles du Couvent des Jacobins) un sentiment d’iniquité : une promotion extraterritoriale par la Métropole de Rennes au détriment de ses acteurs locaux, associatifs ou non ?

*

« Les membres du groupe écologiste s’étonnent de voir dans cette Décision Modificative de budget, un soutien de 100 000 € à un festival international de cinéma politique nommé Politikos.

La presse nous avait informé sur ce projet de manifestation. Prévue du 1er au 4 novembre prochains essentiellement au Couvent des Jacobins, elle est portée par un journaliste politique et réalisateur de documentaire parisien, Jean-Michel Djian.
J’imagine qu’au prochain Conseil, nous aurons la possibilité d’échanger au moment du vote de la subvention, de la valeur de la manifestation et de son intérêt pour notre territoire et ses habitants.

Nous voulons ce soir faire écho auprès de vous, Monsieur le Président, des très nombreuses incompréhensions et critiques qui s’expriment depuis l’annonce du festival, des acteurs de la filière cinéma et documentaire de la Métropole rennaise.

Vous n’ignorez pas les difficultés des collectivités territoriales à répondre aujourd’hui à leurs attentes. Les acteurs espèrent un soutien public plus fort pour accompagner le développement de leurs activités et des manifestations qu’elles portent depuis des années sur notre territoire.

Nous avons la chance d’avoir sur la Métropole des professionnels que beaucoup nous envient. Ils savent coopérer ensemble, et travailler en intelligence avec nos collectivités pour créer des événements à l’image de notre territoire rennais et breton. Ils mettent en partage l’art cinématographique, invitent chacune et chacun à débattre des sujets de société abordés, et font ainsi rayonner un savoir vivre en intelligence rennais tout en prouvant la capacité de nos collectivités à faire monter en compétence ses forces locales.

Nous sommes donc étonnés que notre collectivité prévoie d’accorder une subvention de 100 000 € pour ce projet de manifestation qui n’implique aucun acteur du territoire sauf pour deux locations de salles, à l’Arvor et au TNB.

Nous ne comprenons pas non plus, après nos nombreux appels à favoriser l’accès des acteurs locaux pour des événements au Couvent des Jacobins, que Rennes Métropole apporte un soutien d’un montant exceptionnel à une association parisienne pour qu’elle y installe durablement sa manifestation.

La Ville et la Métropole affichent depuis deux ans leur volonté d’associer les acteurs culturels à l’élaboration de leurs interventions dans les champs culturels et artistiques pour une vie culturelle co-construite, innovante, inclusive et qui participe au rayonnement de l’identité du territoire.

Ces acteurs ne comprennent donc pas ce qu’ils perçoivent comme un revirement de la politique culturelle métropolitaine et ont besoin d’être éclairés et rassurés. »

*

« Du 1er au 4 novembre : premier festival POLITIKOS à Rennes. Un grand événement cinématographique et politique à Rennes ! Du 1 au 4 novembre prochain se tient POLITIKOS le premier festival international du film politique consacré à l’exercice du pouvoir. C’est l’ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand qui présidera le jury, avec à ses côtés dix étudiants sélectionnés au sein des dix Instituts d’études politiques de France.

Des grands classiques d’Henri Verneuil, Franck Capra ou Stephen Frears à ceux de Barbet Schroeder, Alain Cavalier, Pablo Larrain, Pierre Shoeller, Tania Rakhmanova ou Patrick Rotman, ce sont plus de quarante films qui seront projetés dans trois lieux emblématiques rennais : le Couvent des Jacobins, le cinéma Arvor et le Théâtre National de Bretagne.

Une douzaine de projections seront suivies de débats. Parmi les thèmes retenus :

“La métamorphose de la fonction présidentielle”, en présence de François Hollande et Jean-Louis Debré animé par Nathalie St Cricq ; “Le récit en politique : le cas François Mitterrand” avec Mazarine Pingeot et Robert Guédigian interrogé par Raphaelle Bacqué ; “Le charisme dans l’exercice du pouvoir” avec Stéphane Rozès, Daniel Cohn-Bendit et Xavier Bertrand. Ou encore “L’incarnation du pouvoir au cinéma et à la télévision” avec Bernard Farcy, Denis Poldalydès ou Anna Mouglalis.

Au cœur du festival s’ouvrira une librairie politique dont l’invité d’honneur sera Jean-Didier Vincent, auteur de la “Biologie du pouvoir” (Odile Jacob). L’Agence France Presse proposera une exposition exceptionnelle : 60 photos inédites pour les 60 ans de la Ve république ». Pendant les quatre jours, une Master Class « Cinéma, télévision et pouvoir » se tiendra le matin à Sciences po Rennes animée par Alexandre Hallier avec Hervé Brusini et Eric Scherer, directeur de la prospective à France Télévisions, le cinéaste Yves Jeuland, le sémiologue Denis Bertrand et le photographe Sébastien Calvet.

« Notre ambition est de traquer l’exercice du pouvoir pour mieux le saisir et le comprendre, explique le journaliste Jean-Michel Djian, initiateur du projet et président de POLITIKOS. Qui mieux qu’un cinéaste, un documentariste, un journaliste politique, un auteur ou un écrivain pour nous accompagner dans cet exercice ? Qui mieux que des œuvres pour nous inspirer à penser le pouvoir et mieux encore à affûter, ensemble, notre conscience politique ? »

politikos

 

CULTURE CLUB, LES VIEILLES CHARRUES A SAINT-MALO AVANT CARHAIX !

Culture Club pose ses caméras à la Trinquette du Yacht Club dans le port de Saint-Malo. L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Ronan Le Mouhaër et Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes. TVR, Canal B et Unidivers – 3 regards culturels en 1 pour le même prix (gratuit). Essayer Culture Club, c’est l’adopter !

https://www.tvr.bzh/emission/culture-club

A Saint-Malo, cette émission spéciale été, ce sont des festivals, évenements , expos… Des invités : Jean-Jacques Toux du Festival des Vieilles Charrues / Kalil Moktar de la Corsair Tatto Ink à St Malo / Michel Jovanovic du festival No Logo

culture club

MODE. L’ÉCOLE ESMOD REVIENT AUX HALLES MARTENOT

Comme chaque année à la période estivale, la Mode s’est installée dans les Halles Martenot le temps d’une journée. Lundi 25 juin 2018, la promotion 2017/2018 de l’école de mode ESMOD de Rennes a présenté son show devant une foule de personnes. Chemises, jupes, tailleurs, mode homme ou encore maille – pour ne citer que quelques catégories – ont défilé pendant 2 heures, sous les yeux impressionnés du public. Compte-rendu.

Défilé Esmod 2018 Rennes

Du monde se bouscule aux portillons pour assister au rendez-vous annuel de l’école Esmod, réputée pour sa formation. Avec le défilé « Happiness », aux couleurs du bonheur, l’école de référence du Grand Ouest souffle ses trente bougies.

Avec des créations embellies par un maquillage et une coiffure réalisés par les élèves de l’Academy – formation d’excellence aux métiers de la beauté – et des lunettes originales et rétro de la boutique Optique Venez Voir (Rennes), les étudiants ont dévoilé le travail d’une année.

Défilé Esmod 2018 Rennes

Au programme : de la couleur, du motif, des jeux de matières et des coupes pour des vêtements tendance parfois même innovants, aux inspirations multiples !

Les premières années lancent les hostilités

Le début du spectacle commence en douceur : chemises et pulls blancs défilent un à un, accompagnés d’une jupe ou d’un short. Chaque style est différent, il y en a pour tous les goûts. Qu’elle soit sophistiquée ou bohème, la couleur donne un air minimaliste aux tenues, une aura de pureté. À chaque nouvelle création qui passe, le style de l’étudiant se dessine. Ils ne sont qu’en première année, mais déjà des styles assumés ressortent.

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Certaines créations plus originales attirent l’attention d’Unidivers comme cet ensemble d’un blanc immaculé : un petit pull agrémenté de nuages de tailles et techniques différentes. Cette référence à la mode nippone apporte le côté kawaï représentatif de cette tendance. Elle détonne agréablement avec les chemises plus cintrées.

Défilé Esmod Halles Martenot Rennes

Manches bouffantes, gigot ou encore asymétriques, le public découvre de nouvelles techniques toujours plus complexes. Une chemise cintrée et des épaulettes argentées extra-larges plaquées rappellent la forme d’une veste officier. Un clin d’œil à la mode futuriste qui reviendra tout au long du défilé.

Le port de lunettes de la boutique Optique Venez Voir et de baskets – quand elles ne sont pas pieds nus – apportent la touche branchée et décontractée nécessaire à un look. Après le blanc viennent les couleurs acidulées des chemises à motif. Le carreau sous toutes ses formes se dandine sur la scène pour une collection variée. Que ce soit du vichy, tartan ou carreaux, chaque chemise ou blouse est unique par sa découpe et son tombé.

Défilé Esmod 2018 Rennes

Défilé Esmod Halles Martenot Rennes

Les robes font ensuite leur entrée et annoncent la fin des créations des premières années. Tenues de ville ou de soirée, elles ont chacune une particularité qui accroche le regard : travail de la dentelle, du voile, ou des manches.

Défilé Esmod 2018 Rennes

Cap sur les deuxièmes années

Le Casual Wear entre en jeu et la difficulté technique monte d’un cran. C’est l’heure des grosses pièces, chaque modèle a un look propre. Le blanc est de retour, mais ré-haussé cette fois de bandes de couleur pour donner du piquant à la tenue : jaune, rouge ou rose, on sent quelque peu l’influence de Mondrian dans les rayures de ces créations.

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Quand vient le tour des tailleurs, le regard devient plus admiratif (après tout, c’est une des techniques les plus compliquées en matière de couture). Ce vêtement emblématique du créateur Yves Saint-Laurent est revisité en feutre, sergé, ou coton. À chacun sa matière pour un look différent.Défilé Esmod 2018 Rennes

La marinière est également présente dans une tenue et rappelle le grand maître Jean-Paul Gauthier (il n’est jamais loin des podiums !) alors qu’un look plus rock suit : une veste en cuir noir proche du perfecto. Avec une combinaison rayée, de grosses lunettes glam’ et des escarpins noirs, le look est complet et sans faute.

Défilé Esmod Halles Martenot Rennes

Que proposent les étudiants en matière de panoplies ? Des robes longues qui collent parfaitement à la température estivale du moment, des tenues citadines et d’autres, plus extravagantes. Du kaki à l’orange, en passant par le gris et le rouille, les tons sont parfois neutres, et d’autres fois plus osés. Il en va de même pour les coupes.

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Les troisièmes années et leur spécialisation

Le premier passage des troisièmes années commence avec des tenues galactiques. La transparence rencontre le simili cuir argenté avant de laisser place à une panoplie plus punk. L’emploi du tartan rappelle aussitôt Vivienne Westwood, grande prêtresse du tissu à carreaux écossais.

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Les panoplies Luxe ne sont pas en reste, l’originalité est au rendez-vous. Il en va de même pour la Mode Homme.

Après le bombers et le pantalon aux motifs floraux et les broderies kitsch de la Vierge Marie et de fleurs pour un look à la dernière mode, les étudiants s’emparent des silhouettes déstructurées et volumes disproportionnés, peut-être un léger écho à Rei Kawakubo, créatrice de la célèbre marque Comme des garçons.

Défilé Esmod Halles Martenot Rennes

La spécialisation unisexe a privilégié les couleurs en demies teintes – bleu clair, gris, kaki – et les vêtements oversizes tandis que le rose et le velours, deux valeurs sûres cette année, servent une collection plus girly.

Défilé Esmod 2018 Rennes

Le défilé se termine avec les Créations Scéniques. Sont proposées des créations aux techniques multiples, le travail de découpe du cuir,  bleu marine à l’argenté, on passe au rose poudré et gris avant de se tourner vers le rouge et noir.

Défilé Esmod 2018 Rennes
© Jean-Jacques Flach

Parmi les collections, une robe couleur pastel époustouflante de par sa technique d’exécution. De multiples drapés constituent une forme et un tombé à mi-chemin entre les collections d’Alexander Mcqueen et de Viktor and Rolf. À ses côtés, les mannequins ont revêtu de capes noires bi-matière pour une collection à la fois sophistiquée et originale.

Défilé Esmod Halles Martenot Rennes

Comme tout défilé, une robe de mariée termine la soirée. Cette année, les tenues du couple de mariés prennent la forme de cape-manteaux. Avec sa longue traîne parsemée de fleurs en tissu et son tombé, la mariée fait l’unanimité dans le public et clôture le défilé sous les applaudissements.

Une nouvelle fois, le pari est gagné. Les étudiants peuvent enfin souffler et jeter un regard en arrière, satisfait de leur travail. Quelles nouvelles surprises pour l’année prochaine ?

Défilé Esmod 2018 Rennes