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Ecomusée du Pays rennais > Félicie est aussi maman

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A Rennes, on n’a pas de zoos, juste un écomusée où vivent quelques vaches, des coucous, des dindons, des chevaux, des moutons d’Ouessant… Dans son carnet de naissance, des petits cochons, d’une race aujourd’hui préservée, ont vu le jour le 23 janvier dernier.

 

Le 23 janvier, Félicie mettait bas ses petits dans la porcherie de l’écomusée du Pays de Rennes. Quelques jours après, les Rennais étaient nombreux à leur rendre visite. Dans leur soue, les porcelets dormaient comme des bienheureux sous une lumière rouge et chauffante. Parfois, l’un d’eux tentait « bin »de prendre la poudre d’escampette. Mais avec son groin, la mère remettait le récalcitrant dans le droit chemin, à l’abri des regards et du froid ambiant.

Ils dormaient comme des bienheureux

Rien d’extraordinaire dans cette naissance, vous nous direz… Mais bon, la presse se félicite bien de la naissance des pandas et autres petits lions…Pourquoi ne pas célébrer les nôtres…un parti-pris tout à fait légitime  quand on connaît le nombre de visiteurs de l’écomusée, la place de l’agriculture dans notre région et l’importance de préserver toutes les espèces.
A la Bintinais, deux races de porc coexistent l’une à côté de l’autre : le porc de Bayeux et de l’Ouest. Elles retrouvent des lettres de noblesse sous l’impulsion de nos éleveurs et de notre ferme rennaise. Il y a déjà quelques moins des petits avaient déjà vue le jour. Ils ont désormais bien grandi, prennant déjà beaucoup d’espace. De là à étendre notre porcherie…Dans d’autres lieux, en Bretagne, des riverains n’hésitent pas à grogner devant les tribunaux pour interdire toute extension.

Pas de Rennais aux Oscars

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Produit par la société rennaise Vivement Lundi et réalisé par le Lorientais Jean-Claude Rozec, le court métrage d’animation Cul de bouteille n’a pas réussi à faire les yeux doux à l’Acédémie des Oscars. Jean Dujardin et ses amis seront donc bien seuls le 26 février prochain à Los Angeles…

Les Américains n’auront pas retenu l’histoire de ce jeune garçon profondément myope voyageant dans un monde particulier. Ils l’avaient pourtant présélectionné avec neuf autres œuvres dans la catégorie court-métrage d’animation. Pas de chance pour les Bretons.

Mais qu’ils se rassurent, leur imagination débordante pourrait bien leur ouvrir des portes dans d’autres festivals. Preuve en est, ils ont déjà raflé un nombre incalculable de récompenses…

 

A Paris la rue de Rennes prend une allure…piétonnière

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Quand les Rennais débarquent à Paris pour des emplettes, une promenade ou encore une formation, ils empruntent forcément la rue de… Rennes. La grande artère parisienne est bordée de magasins chics et de franchisés. Révolution, elle va passer de quatre voies à deux voies…et aménagées pour les piétons et les vélos.

Du boulevard Montparnasse au boulevard Raspail, la ville de Paris élargit actuellement les trottoirs de la rue de Rennes, créée des bandes cyclables, installe des places de livraisons… Après une vaste concertation menée dans le VIe, XIVe et XVe arrondissement, les travaux ont commencé en mai dernier pour s’achever en avril 2012. « Cet aménagement facilitera notamment la circulation des piétons sur cette rue très commerçante. Il améliorera également le système de livraison en créant des aires de stationnement dédiées », explique la ville de Paris sur son site Internet.

La rue de Rennes avec des triporteurs

Fin avril, les Parisiens et les Rennais en goguette découvriront une rue totalement métamorphosée. Dans chaque sens, une seule file de circulation routière au lieu de deux actuellement et des voies réservées aux cyclistes «Une foule de passants se pressait sur la chaussée aux heures de pointe», éclaircit la Mairie de Paris dans le Figaro. «C’était l’un des axes les plus accidentogènes de la ville, ajoute Romain Lévy, élu PS du VIe.

Originalité du projet, un centre logistique verra le jour sous la tour Montparnasse où des camions livreront leur marchandise. C’est de cet endroit que des triporteurs et quadricycles électriques partiront chez les commerçants. «Le dispositif concernera à peine 20% d’entre nous, car il ne peut fonctionner que pour des cartons de petite taille », rapporte Patrick Molho, le président de l’association des commerçants de la rue de Rennes. Des préoccupations bien lointaines des Rennais qui trouveront uniquement du plaisir à flâner dans leur rue.

[stextbox id= »info » color= »000099″ bgcolor= »ffff00″]Une rue marquée par un attentat terroriste.
Le 17 septembre 1986, le Hezbollah perpétrait un attentat devant le magasin Tati, provoquant 7 morts et une soixantaine de blessés. Il réclamait la libération du chef libanais, Georges Ibrahim Abdallah. François Mitterrand a inauguré une plaque en l’honneur des victimes.[/stextbox]

 

Joël Vernet > Vers la steppe

Vers la steppe – une steppe réelle et imaginaire, métaphore de l’existence elle-même — poursuit le cheminement physique, intellectuel et spirituel de Joël Vernet, dont on avait pu lire et admirer les carnets parus aux éditions de La Part commune, sous le titre éloquent du Regard du coeur ouvert.

C’est précisément ce regard du coeur ouvert que cherche à maintenir Joël Vernet : attention extrême au monde, à la Nature, dans son immensité, mais aussi dans ses détails, comme cette image qu’on croirait détachée d’une peinture miniaturiste :

« La tache du soleil sur le mur est un signe, tout comme l’oiseau minuscule dans l’arbre, le cou zébré de rouge, me regardant, impassible, franchir le seuil. »

La terre forme un tout, auquel l’auteur rend grâce : grand voyageur, avide de territoires inexplorés et de visages nouveaux, il évoque autant les grands espaces traversés que sa terre natale. Ce modeste et bien-aimé village français dont les souvenirs l’habitent encore pleinement, non sous la forme d’une nostalgie passéiste, mais plutôt comme des réminiscences qui l’emplissent de joie.

« Je restais des heures ainsi, me pressentant au coeur du monde alors que nous vivions dans l’impasse d’une campagne perdue où ne venait jamais personne. »

À rebours du monde de bruit et de fureur qui est le nôtre, Joël Vernet fait entendre un autre rythme. Lucide, il sait que la sensation d’éternité que peut procurer la contemplation du monde est illusoire :

 « Toute vie n’est jamais qu’une petite vie, fût-elle exemplaire. Nous n’aurons jamais rien d’autre que chacun de nos jours […] ».

 Dans une langue qui mêle poésie en prose et tentations de l’aphorisme, cet homme aux semelles de vent nous entraîne vers son ailleurs : solitude choisie et parfois douloureuse, souci obsédant d’être au monde, dans « la vie nue », ouverture à l’Autre et conscience éveillée :

 « J’aime ces aubes silencieuses, quand le monde paraît à l’arrêt, en sommeil, son voeu étant peut-être que nous le contemplions durant un bref instant. Le voir, en effet, sans le piller, est-ce cela notre humble tâche ? Il nous attend chaque jour, mais personne ne vient à lui, ne le contemple plus, alors il s’efface, emportant ses haillons, son absolue splendeur ».

Delphine Descaves

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 Vers la steppe, Joël Vernet, Éditions lettres vives, Collection entre 4 yeux, oct. 2011, 96 p. 14€

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ACTA, L’Europe a ratifié l’Accord Commercial Anticontrefaçon malgré de fortes oppositions

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L’Accord commercial anticontrefaçon (ACAC ; en anglais Anti-Counterfeiting Trade Agreement : ACTA) est un traité international multilatéral concernant les droits de propriété intellectuelle. Le champ d’action de l’ACTA s’étend ainsi aux marchandises, notamment aux produits contrefaits, aux médicaments génériques ainsi qu’aux infractions au droit d’auteur sur Internet et les technologies de communication ». La Comission européenne l’a ratifié hier, le 26 janvier 2012, en toute discrétion…

Périmètre d’influence

Ce traité vise à établir un nouveau cadre juridique que des pays peuvent rejoindre volontairement. En pratique, il s’agit de créer un organisme de gouvernance en dehors des institutions internationales déjà existantes (comme l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle ou les Nations Unies). Les pays signataires regroupent déjà la zone d’influence étasunienne et européenne : l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Japon, la Jordanie, le Maroc, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, Singapour, la Suisse et l’Union européenne.

Une mise en place sujette à caution

La chose est rare pour être signalée : le jour même de la signature par l’UE, le 26 janvier 2012, Kader Arif, le rapporteur du projet au Parlement européen a démissionné. Il a dénoncé l’ensemble du processus ayant abouti à la ratification de cet accord, qu’il qualifie de « mascarade antidémocratique ». Avec une lucidité que lui confère une connaissance intime du texte, il a dénoncé les graves menaces que ce texte fait peser sur la société civile. Qui plus est, son adoption a été entérinée sans prendre en compte les modifications légitimes émises par le Parlement européen. Pire, tout a été fait pour que l’opinion publique ne prenne connaissance de son existence que le plus tard possible.

De l’intérêt démocratique de Wikileaks…

Heureusement, les documents ont été mis en ligne en mai 2008 par Wikileaks. Dès lors, la société civile s’est fortement mobilisée exigeant une procédure démocratique de négociations. Deux ans après, soit le 20 avril 2010, une version officielle est enfin publiée.

Alors que l’idée de créer un traité multilatéral sur la contrefaçon a été développée par le Japon et les États-Unis en 2006, alors que le Canada, l’Union européenne et la Suisse ont rejoint les discussions préliminaires en 2006, alors que les discussions officielles ont débuté en 2008… la publicité au public s’est faite fortement attendre, soit 4 ans… Une conduite coupable que n’a pas manquée de souligner l’eurodéputée Marielle Gallo.

En pratique, quel cadre juridique ?

L’objectif en soi louable de ce traité multilatéral est de lutter contre « l’augmentation dans le commerce international des contrefaçons et des produits sous copyright piratés ». Officiellement, l’ACTA vise principalement les économies émergentes, « où la propriété intellectuelle pourrait être améliorée, comme la Chine, la Russie ou le Brésil ». Cela pourrait être justifié en France quand on sait que 70% des produits contrefaits saisis par les douanes viennent de Chine. « L’ACTA rassemblera les pays conscients de l’importance majeure d’un droit à la propriété intellectuelle fort pour une économie prospère ».

Mais quelques points restent problématiques

1. L’ACTA établit un cadre juridique indépendant des institutions internationales déjà existantes comme l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, les Nations Unies, du G8, de l’OMC, de l’OMPI.

2. Le traité enjoint aux signataires de mettre leur droit en conformité avec les règles de fonctionnement prévues dans le traité, avec des dérogations importantes au principe de la procédure contradictoire prévu par le droit français, et la mise en place de procédures d’exception, dites « mesures provisoires« , visant à agir au plus vite lorsque le cas le nécessite.

3. Bien que les données personnelles soient exclues de son champ d’application, une procédure d’injonction est prévue, obligeant tout tiers violant un droit, ou présumé le violer, ainsi que tout tiers susceptible de détenir des informations, à remettre à la justice l’ensemble des éléments permettant de lutter contre ces fraudes supposées, y compris des informations concernant des tiers.

4. Il imposerait aussi de nouvelles obligations de coopérer chez les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), incluant la divulgation d’informations touchant leurs clients. L’Acta exige des FAI qu’ils préviennent et mettent fin à la contrefaçon, au risque de sanctions décidées par l’État. Les FAI deviennent alors des super gendarmes chargés de surveiller leur réseau. Cette mesure va complètement à l’encontre de l’idée de neutralité du net défendue par les politiques.

5. Le texte imposerait aussi, au nom de la lutte contre la contrefaçon, des mesures susceptibles de bloquer la circulation de médicaments génériques. Les génériques, notamment ceux produits en Inde, sont reconnus dans certains pays et approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. Mais ils restent sous monopole de brevets dans de nombreux pays où ils passent en transit. En renforçant la lutte contre la contrefaçon, ACTA systématiserait des mesures de blocage de médicaments génériques, traités comme de la contrefaçon.


 

 

 

Brève insolite > 16 kilos de cocaïne livrés à l’ONU, le cafard à Alger

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Deux colis contenant des livres bourrés de 16 kilos de cocaïne ont été livrés par erreur la semaine dernière au siège des Nations unies à New York. Arborant le signe de l’ONU et aucune adresse de destination, les colis en provenance du Mexique ont été reroutés vers le siège. L’équivalent de deux millions de dollars a été remis à la police.

Plus inquiétante est la nouvelle mode algéroise : les jeunes se shootent aux cafards. A La Casbah, les insectes sont transformés en droguent, car ils sont hallucinogènes. Après cuisson, ils sont transformés en poudre et… snifés…

Rappel > Divorce entre les élus et la population rennaise > Rencontre-débat le 31/02

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L’Association L’Aire de Rennes organise un débat sur le thème : Le divorce entre les politiques et leurs administrés est-il consommé ? Voir notre précédent article.

Ce débat se déroulera au Club de la Presse de Rennes, 9 rue Martenot (près de la Préfecture de Région), le mardi 31 janvier de 18 à 20h. L’entrée est gratuite et ouverte à tous.
Cette discussion sera animée par Xavier Debontribe, journaliste.
L’intervention de Romain Pasquier, professeur à Sciences-Po de Rennes, introduira le sujet.
3 élus réagiront à ses propos et présenteront leur analyse :
Loig Chesnais-Girard, Maire de Liffré,
Gilles Nicolas, Maire de Chevaigné
Bruno Chavanat, U.R.C., opposition rennaise

Copwatch > La transparence policière est-elle souhaitable ? Et comment ?

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Après le neighborhood watching, une nouvelle démarche relative au respect de l’Etat de droit arrive en provenance des Etats-Unis : le citizen watching. Copwatch est né sur la côte Ouest à la fin des années 1990. Il est arrivé en France l’année dernière. Le site recense des fonctionnaires de police qui auraient outrepassé leurs pouvoirs. Un temps bloqué, il est de retour en ligne à une nouvelle adresse. Pour mémoire, le ministère de l’Intérieur avait obtenu sa fermeture en octobre.

Comme le phénix qui renaît de ses cendres, Copwatch revient sous une nouvelle adresse. L’identité ne fait aucun doute comme l’explique l’entrée en matière intitulée l’État censure, Copwatch renaît : « Le ministère de l’intérieur français a voulu nous interdire. Il a échoué. Aujourd’hui, c’est à nous de lui rendre la donne ».

Pour information, Copwatch France publiait des photos de policiers du bassin parisien et picard assortis d’informations personnelles. Pourquoi ? Le site accusait des fonctionnaires de bavures ou de dérapages volontaires et la place Beauveau de les couvrir. Comment ? Photos, vidéos et témoignages à l’appui. Le ministère de l’Intérieur avait dénoncé un fichage intolérable et des accusations mensongères. Copwatch a répondu en arguant de la nécessité d’une transparence, autrement dit, un fichage des fonctionnaires aux comportements indélicats, voire coupables.

Mais à partir de quand, dans un Etat de droit, la dénonciation fichée devient-elle délation diffamatoire ? Bref, la justice a été saisie : le 14 octobre 2011, les fournisseurs internet ont reçu l’ordre d’interdire l’accès au site Copwatch toutes pages confondues. Pour protester contre la décision du tribunal de Paris, des sites miroirs répliquant le contenu de Copwatch se sont vite mis en place sur la toile. Les hackers, dans l’esprit d’anonymous, ont contribué à cette prolongation du site sous de nouveaux avatars. La Place Beauveau devrait engager une nouvelle action en référé. En attendant, les copwatchers participeront à la manifestation du samedi 28 janvier 2012 en faveur de la liberté d’Internet. Il est sûr qu’ils auront en main appareils photo et caméras…

En attendant, c’est toute la question de la limite de la transparence et de la justification du fichage qui se pose, en particulier, avec les nouveaux outils informatiques. La transparence est-elle un idéal vers lequel les sociétés démocratiques doivent tendre ? Presque tout le monde s’accorde à dire oui. Mais pour certains, cette tension est uniquement théorique, notamment législative. En pratique, un certain flou dans certaines marges serait nécessaire à la progression vers la transparence (en particulier, pour les services secrets et la lutte contre le terrorisme). Sur le terrain, deux écoles s’affrontent dans le traitement de cette contradiction propres aux Etats de droit postmodernes. Manu militari versus manu anonymous…

Nicolas Roberti

Offrez une deuxième vie à vos titres restaurant 2011 !

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A partir du 1er février 2012, les titres restaurant 2011 ne seront plus valables auprès des restaurateurs français. Cependant ils sont encore utiles : jusqu’au 29 février 2012, vous pouvez faire don de vos titres restaurant 2011 à Action contre la Faim. La valeur du titre restaurant sera intégralement reversée à l’association pour financer ses programmes.

Les porteurs de titres restaurant datés de 2011 pourront les utiliser jusqu’au 31 janvier 2012.
Passée cette date, ils seront perdus pour les utilisateurs mais peuvent encore être très utiles. Action contre la Faim est habilitée à collecter les titres restaurant jusqu’au 29 février 2012 et les transformer en don pour financer ses programmes dans une vingtaine de pays. Trois millions de Français utilisent des titres restaurant et chaque année, des dizaines de milliers de titres restaurant sont perdus car la date de validité n’est pas respectée.

Bientôt 1 million d’euros collectés grâce aux titres périmés
Donner un titre restaurant est un geste de solidarité simple, indolore et accessible à tous les salariés. Depuis 3 ans, cette nouvelle forme de don a permis à Action contre la Faim de collecter près d’1 million d’euros pour financer ses programmes.

 A quoi servent concrètement les titres restaurant offerts à ACF ?
1 titre restaurant d’une valeur de 8 € finance une ration alimentaire pour une personne pendant 1 mois comprenant du riz, de la farine, de l’huile, des lentilles…
5 titres restaurant d’une valeur de 8 €, (soit 40 €) permettent à Action contre la Faim de prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère pendant les 4 semaines de traitement nécessaires pour le sauver.

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Comment faire un don de titre(s) restaurant ?
Rien de plus simple : écrivez « ACTION CONTRE LA FAIM » sur le titre restaurant et envoyez-le sans l’affranchir à : ACF, Libre réponse 43194, 77009 MELUN Cedex

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Le Clézio, Histoire de prendre son pied…

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Le Clézio est un visage, une plume, un homme de lettres. Loin des cénacles, le Prix Nobel de littérature poursuit son petit  bonhomme de chemin. Ses livres sont des écumes de joie littéraire dans le fond de nos yeux.

Un petit liséré bleu avec le nom en grand de Le Clézio…et le livre dans mes mains. Je feuillette l’ouvrage. Trois cents pages à lire, trois cents vingt quatre plus exactement. Je ne dois pas me décourager et j’ai bien raison. En débutant la première nouvelle Histoire du pied, impression étrange… J.M.G Le Clézio serait-il devenu léger ? Pas du tout, l’auteur au visage d’ange tutoie les cieux et le sérieux. Son récit est celui de l’amour et de notre quotidien.

Ujine, héroïne de Le Clézio, est notre voisine, notre amie et notre femme. On n’a pas de pitié pour elle, juste de la compréhension. Elle est cette femme que l’on aime par habitude et que l’on rejette par méchanceté. Mais que l’on garde par gentillesse. Ujine, c’est la Justine moderne…celle qui arrive à ses fins par la vertu de son courage et de sa volonté. Elle est aimante, désirable, belle et pourtant rejetée par l’ignoble et l’égoïsme.

Comme à son habitude, Le Clézio dépeint à merveille les relations amoureuses… de notre existence. Il est un poète de notre temps, un conteur de sentiments et l’un des rares grands écrivain. Il faut le relire pour entendre la musique des mots qui s’encanaillent le long des pages et des phrases. Le Clézio est dans l’élision littéraire… On passe d’une phrase à une autre sans crier gare et sans même y prêter attention. L’écriture est limpide…comme dans une poésie de l’éphémère qui rejoint le firmament des écrivains.

Mais n’en jetons plus. J.M.G Le Clézio n’apprécierait sans doute pas l’éloge. Lui le taiseux de Bretagne, qui bien loin des écrans de télévision, refuse la gloriole pour cerner l’ouvrage de la vie.

[stextbox id= »info » color= »000099″ bgcolor= »ffff00″]JMG Le Clézio, Histoire du pied et autres fantaisies, NRF, 324 pages, 22 €[/stextbox]

Au Stade Rennais > « Galette saucisse, je t’aime ! » versus hymne breton ?

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L’équipe des Rouge et Noir : deux coupes de France à son actif et… une chanson à la gloire de la galette saucisse. Le speaker officiel du Stade Rennais depuis 1990, Jacky Sourget, l’interprètera devant des milliers de spectateurs, lors du prochain match Rennes/Marseille, ce dimanche à 21 heures, au stade de la route de Lorient.

Avant chaque match, depuis quelque temps, le « kop » rennais entonne l’hymne breton. Mais dans le stade, on ne sent pas vraiment d’engouement chez les supporters. Très peu reprennent en chœur les paroles…défilant en « gros » sur un grand écran. « Ils sont à peine quelques centaines à chanter, » confirme un vieux Rennais, emmitouflé dans une écharpe bicolore.
Devant ce peu d’enthousiasme, les dirigeants rennais préfèrent-ils une chanson bien de chez nous ? Chantée depuis belle lurette dans les cafés aux abords du stade, Galette saucisse, Je t’aime ! est désormais reprise en version «pop/rock » par Jacky Sourget.

Une version « pop-rock »

Tournant déjà en boucle sur le site Internet du club et d’infos rennaises, le tube a nécessité une journée d’enregistrement en studio, quelques jours pour le clip et le mixage. En tout, une quinzaine de personnes mobilisées pour une « chanson dite populaire, facile à chanter et simple », d’après le staff rennais.
En composant les paroles, Jacky Sourget et sa bande n’ont pas fait dans la dentelle… Ils incitent à manger les Lavallois au feu de bois et à bouillir les Nantais… Seuls sont épargnés les Lorientais, les Brestois et les Guingampais – bretonnité oblige.
Juste avant le coup de sifflet, les Bretons jugeront par eux-mêmes la qualité de la prestation de Jacky Sourget. Le succès sera-t-il à la clé ? Le speaker n’a de toutes les manières rien à perdre ; en revanche, le Stade Rennais a tout à gagner. Car en matière de communication, les clips fabriqués de toutes pièces sont toujours à double effet… L’actualité récente vient encore de le rappeler…

Le CD sera disponible dès le samedi 28 janvier à la Boutique officielle du Stade Rennais F.C. et à la FNAC de Rennes. Au prix de 4,99 €, ce CD comprend 2 titres : une version « Stade » et une version « Club », ainsi que le clip vidéo

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La galette saucisse a failli être interdite

Un arrêté du gouvernement de Vichy, en date du 29 juin 1944, avait interdit la fabrication, la vente et la consommation de crêpes ou de galette de sarrasin… sauf autorisation spéciale du préfet. Pour éviter une révolution, le préfet régional utilisa sa résolution…

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 Les paroles de « Galette-saucisse je t’aime ! »

Refrain :
Galette-saucisse je t’aime,
J’en mangerai des kilos [Et des kilos !],
Dans toute l’Ille-et-Vilaine,
Avec du lait Ribot [Du lait Ribot !].
Et si tu m’abandonnes,
Alors je m’empoisonne,
Avec des tripes de Caen,
Et des rillettes du Mans !
Refrain
J’aime bien les Lavallois,
Grillés au feu de bois,
Mais je n’en mange pas,
Ca donne mal au foie !
Refrain
J’aime bien les canaris,
Quand ils sont bien bouillis,
Ca nourrit les cochons,
Bien mieux que la posson !
Refrain

Alexandro Jodorowsky > Cabaret mystique > Histoires spirituelles

Cabaret mystique est un recueil de contres à la fois plein d’humour et de sagesse. Alexandro Jodorowsky commente pensées, considérations et histoires spirituelles. Quelques extraits choisis du prologue.

Quand j’ai été las d’accoucher d’oeuvres qui n’étaient que des miroirs de mes ego, j’ai abandonné l’art pendant deux ans. En m’oubliant moi-même, toute la douleur du monde m’est tombée dessus. Pris par leur vie laborieuse, n’étant pas dans l’être mais dans le paraître, les citoyens, comme moi, avaient perdu la joie de vivre. Apaisés par les drogues, le café, le tabac, l’alcool, le sucre, l’excès de viande, sans illusions sur la politique, la religion, la science, l’économie, les guerres « patriotiques », la culture, la famille, tristes animaux sans finalité portant des masques de satisfaits, nous nous promenions dans les rues d’une planète dont nous savions que nous étions peu à peu en train de l’empoisonner. La maladie de notre société était profonde, un très vieux conte chinois m’a tiré de l’abîme :

Une grande montagne couvre de son ombre un petit village. Privés de soleil, les enfants sont rachitiques. Un beau jour, les habitants voient le plus ancien d’entre eux de diriger vers les abords du village, une cuillère en céramique dans les mains.

– Où vas-tu ? lui demandent-ils.

– Je vais à la montagne.

– Pour quoi faire ?

– Pour la déplacer.

– Avec quoi ?

– Avec cette cuillère.

– Tu es fou ! Tu ne pourras jamais !

– Je ne suis pas fou : je sais que je ne pourrai jamais, mais il faut bien que quelqu’un commence.

Le message de ce conte m’a poussé à l’action. Je me suis dit : « Je ne peux changer le monde, mais je peux toujours commencer à le changer. » Et sans tarder j’ai convaincu l’un de mes amis, champion de karaté, de me prêter son dojo (enceinte sacrée réservée à l’entraînement) une fois par semaine. J’ai commencé à donner des conférences gratuites, chaque mercredi. Par goût de l’humour, je les ai définies comme un service individuel de santé publique. Je me suis proposé de réaliser pendant une heure et demie une thérapie collective, appliquant le résultat de mes recherches théâtrales. L’acteur (moi, en l’occurrence) ne devait pas être un homme interprétant un personnage, mais une personne (changée en personnage par sa famille, sa société et sa culture) essayant de se trouver elle-même… J’ai supprimé les décors, le texte appris par coeur, les jeux de lumière, les déguisements, les accompagnements musicaux, et j’ai même limité la scène. Je ne me suis jamais accordé un espace de plus de deux mètres de large sur un mètre de long. Peu à peu s’est formé un public qui, héroïquement, se déchaussait et s’asseyait par terre pendant une heure et demie. Avant de commencer à parler, je leur demandais de se tenir par le petit doigt pour former une chaîne, puis de soupirer quatre fois en sentant se libérer les tensions de leur corps, l’urgence de leurs désirs, les vagues de leurs émotions et le choeur ininterrompu de leurs pensées. Enfin je leur demandais de tendre les bras en avant, les paumes des mains dirigées vers moi pour me bénir et me donner le pouvoir de leur communiquer quelque chose d’utile et de bienfaisant… Fidèle à ma décision, sans jamais abandonner, j’ai donné ces conférences, dans la salle comble du dojo, pendant plus de vingt ans.

Chaque conférence était le résumé de ce que j’avais appris dans mes lectures de la semaine, à quoi s’ajoutaient l’interprétation des symboles d’une carte du Tarot, la description de mes travaux intimes pour parvenir à moi-même (selon la devise : « Ce que tu donnes, tu te le donnes ; ce que tu ne donnes pas, tu te l’enlèves ») et enfin, pour conclure la fête,l’explication d’un texte sacré et son application utile à la vie quotidienne. Guidé par les trois principaux conseils de la Bhagavad-Gîta (« Pense à l’oeuvre et non au futur », « Identifie-toi au Moi essentiel, ton Dieu intérieur », « Réalise toujours ce qui doit être fait comme un sacrifice sacré, en te libérant de tout lien »), j’ai analysé des hexagrammes du I Ching, des poèmes du Tao te-king, quelques Upanishad, la Genèse et les Évangiles, des textes soufis, bouddhistes, alchimistes, des kôans, des haïkus, des fables, des contes de fées, des sémantiques non aristotéliciennes, des théories psychanalytiques, etc. Un jour, lisant des pensées du philosophe Ludwig Wittgenstein, j’en ai trouvé une qui m’a paru de la plus haute importance : « Le savoir et le rire se confondent. » J’ai alors décidé d’inclure des blagues dans mes conférences, que j’ai intitulées Cabaret mystique, comprenant l’interprétation de textes sacrés et d’histoires initiatiques.

Un symbole ne transmet pas un message précis, il agit comme un miroir qui reflète le niveau de conscience du chercheur. Dans le christianisme il n’y a pas qu’une seule croix, mais un nombre infini : pour les uns c’est un objet de torture, pour d’autres le croisement de l’espace et du temps, l’arbre de la vie, le signe plus, etc. Les textes sacrés peuvent produire de multiples commentaires ; les cabalistes le savent bien, qui tirent de la Bible des révélations capricieuses. Plusieurs générations de psychanalystes ont découvert des enseignements dansles rêves et dans les contes de fées. Alors je me suis dit qu’il n’y a pas, en soi, de textes sacrés ; le caractère sacré, c’est le lecteur qui le donne. La vérité n’est pas dans un livre, mais dans l’esprit de celui qui, s’appuyant sur le symbole, découvre dans les profondeurs de son être ce mystère essentiel qui est son vrai maître. S’il en est ainsi, pourquoi ne pas aller chercher la sagesse dans l’art littéraire le plus humble de tous : la blague ? Pourquoi ne pas traiter ces contes brefs comme s’ils étaient des textes initiatiques ? Ils sont anonymes, ils ont pour finalité de provoquer le rire bienfaisant, ils plongent leurs racines dans l’inconscient, recèlent un sens critique et une philosophie naturelle… J’ai commencé par celui-ci :

La locataire d’un grand immeuble va à la clinique rendre visite à la concierge de l’immeuble qui vient d’accoucher.

– Si vous permettez, dit la locataire étonnée, je vous poserai une question indiscrète : vous êtes célibataire, n’est-ce pas ?

– En effet, répond la concierge.

– Et qui est l’heureux papa de ce bébé ?

– Ça, je n’en ai pas la moindre idée, répond la concierge. Vous savez parfaitement que quand je lave les escaliers, je suis trop occupée pour me retourner à chaque fois !

J’ai comparé cette blague à une histoire du sage idiot Mollah Nasrudine, considérée par certains maîtres soufis comme initiatique :

Mollah Nasrudine, assis à l’ombre, regarde le chemin tandis que sa femme, assise à côté de lui mais le dos tourné, regarde dans l’autre direction. Bientôt, elle dit à son mari :

– Quelle beauté ! Il y a des tas d’oiseaux et les nuages sont merveilleux. C’est un paysage magnifique !

– Tu te trompes, comme d’habitude. C’est un paysage triste : de mon côté, il n’y a pas de nuages ni d’oiseaux ! Grogne Nasrudine.

L’homme ne fait pas le moindre effort pour regarder du côté de sa femme, il se borne à regarder son monde. De même, la concierge ne prête aucune attention à ce qui se passe dans son dos. Tous deux s’occupent exclusivement de leur point de vue limité, ce qui se passe autour d’eux ne les concerne pas. Pourtant, ils en subissent les conséquences.

Quelle est la dimension du monde d’une concierge qui nettoie les escaliers et se retrouve enceinte parce qu’elle ne se retourne pas ? Quelle est la dimension de notre monde ? Sommes-nous capables de voir la « réalité » à partir de différents points de vue ou nous enfermons-nous dans un seul en croyant que les autres n’existent pas ? Dans cette société où nous avons perdu le sens profond de la tradition religieuse et où Dieu représente un complément infantile qui nous est inculqué au cours de nos premières années de vie, pouvons-nous décrire cette divinité dont nous parlons ? Comment la voyons-nous ? Que représente-t-elle pour nous ? Lorsque je décris Dieu, je ne fais que décrire ma réalité. Si Dieu existe quelque part, il est ici. Si l’enfer existe, il est également ici. Tout ce qui ne se trouve pas ici ne se trouve nulle part. Tout ce qui est n’existe qu’en cet instant. Donc, si en cet instant tout est présent, je dois sentir ce qu’est l’instant pour moi, avec son temps, son espace et son possible créateur ! Si Dieu n’existe pas, je dois l’inventer. Et si j’en suis incapable, sur quel principe se fonde ma réalité ? Quelle est l’énergie qui la régit et quelles conséquences puis-je en tirer ?

On a envie de demander à la concierge de la blague : « Qui est le bébé que tu portes dans ton ventre ? D’une manière ou d’une autre, tu vas découvrir que tu es enceinte d’un produit dont tu ne perçois pas toute la réalité, que tu ne te retournes pas, que tu ne conçois pas ce que l’autre pense. Tu n’imagines presque rien, ni les millions de millions d’années du passé, ni les millions de millions d’années du futur, ni l’étendue infinie de la matière, ni la conscience sans limites que celle-ci enferme. Où te situes-tu ? Quelle est ta véritable réalité ? Et si tu appelais ton bébé Dieu intérieur ? »

Le premier pas que nous devons faire pour élargir notre regard au-delà de tous les horizons, c’est inventer le Dieu intérieur ; un Dieu qui est différent de cet autre, situé dans le ciel, impensable, inaccessible, décrit par Michel Onfray dans son Traité d’athéologie :

Mortels, finis, limités, douloureux de ces contraintes, les humains travaillés par la complétude inventent une puissance dotée très exactement des qualités opposées : avec leurs défauts retournés comme les doigts d’une paire de gants, ils fabriquent les qualités devant lesquelles ils s’agenouillent puis se prosternent. Je suis mortel ? Dieu est immortel ; je suis fini ? Dieu est infini ; je suis limité ? Dieu est illimité ; je ne sais pas tout ? Dieu est omniscient ; je ne peux pas tout ? Dieu est omnipotent ; je ne suis pas doué du talent d’ubiquité ? Dieu est omniprésent ; je suis créé ? Dieu est incréé ; je suis faible ? Dieu incarne la Toute-Puissance ; je suis sur terre ? Dieu est au ciel ; je suis imparfait ? Dieu est parfait ; je ne suis rien ? Dieu est tout, etc.

Imaginons maintenant que Dieu se trouve non dans un paradis enfantin, mais dans le centre (ou dans le fond) de notre inconscient. De quelle manière ? Comme créateur et destructeur de chacune de nos cellules. Transformateur de nos expériences intérieures en conscience sublime. Possesseur de la clé de chacune de nos ignorances, de ce qu’on nous présente comme secret salvateur. Baume parfait pour notre coeur endolori. Remède suprême pour chaque maladie. Ce qui nous apprend à aimer tous les êtres, sans distinction…

Cet être intime doit nous servir de modèle. Puisque jour après jour nous inventons notre réalité, nous pouvons donc inventer notre divinité :

Je suis immortel, simplement parce que la mort n’est qu’un concept. Rien ne disparaît, tout change. Si j’accepte mes incessantes transformations, j’entre dans l’éternité. Je suis infini parce que mon corps, figure de proue de l’univers, ne finit pas avec ma peau : il s’étend sans limites. Je sais tout parce que non seulement je suis mon intellect, mais aussi mon inconscient,formé par l’énergie obscure qui soutient les mondes, je ne suis pas seulement les dix cellules cérébrales que j’emploie quotidiennement, mais aussi les millions de neurones qui constituent mon cerveau. Je suis omnipotent lorsque je cesse de m’enfermer en tant qu’individu et m’identifie à l’humanité tout entière. Je suis omniprésent parce que, avec tous les autres êtres, je fais partie de l’unité : ce qui arrive, même si c’est dans l’endroit le plus lointain, m’arrive à moi. Je suis incréé parce qu’avant d’être un organisme j’ai été matière ignée, antimatière, énergie, vacuité. Ma chair est formée de résidus d’étoiles qui ont des millions d’années. Je suis dans le ciel parce que ma terre est un navire qui parcourt un univers qui à son tour parcourt une infinité d’autres dimensions. Je suis parfait parce que j’ai dompté mes ego en faisant qu’ils s’unissent à la perfection du cosmos. Je suis tout parce que je suis en même temps moi et les autres.

Cette première tentative de chercher la sagesse des blagues a été bien reçue, ce qui m’a encouragé à continuer. J’ai passé mon temps à explorer les livres d’humour que je trouvais dans les aéroports, des revues enfantines, les apparitions d’humoristes à la télévision, n’importe quelle réunion d’affaires ou avec des amis. Il me suffisait de demander à mon interlocuteur : « Connais-tu une blague ? » pour le voir, au milieu des rires, raconter d’humbles et géniaux petits contes dans lesquels, plus d’une fois, passait l’astre brillant du sacré.

On raconte à un chercheur de vérité qu’existent des fleurs qui brillent autant que le soleil. Il se met à les chercher, en vain. Elles deviennent une véritable obsession. Pendant des années il parcourt la planète à la recherche de ces fleurs lumineuses sans en trouver aucune. Déçu, convaincu qu’elles n’existent pas, il s’assoit au bord d’un chemin, ayant décidé de jeûner jusqu’à mourir de faim. Au bout de quelques jours vient à passer un vieux paysan portant un énorme bouquet de fleurs qui brillent autant que le soleil. Stupéfait, il lui demande :

– Dites-moi, mon brave, comment avez-vous pu trouver autant de ces fleurs alors que moi, qui ai parcouru le monde entier, je n’en ai jamais vu ?

– Très simple, répond le vieillard. Le matin, dès que je meréveille, je regarde fixement le soleil. Ensuite, je vois ces fleurs partout.

Si nous concevons le Dieu intérieur, tout ce qui tombe dans nos mains, tout ce que nous entendons, voyons, expérimentons peut se transformer en symbole et objet de sagesse. Ce qui est méprisé n’est pas forcément méprisable.

Dans un monastère, un ancien prieur, véritable saint, ne parvient pas cacher sa tristesse.

– Pourquoi êtes-vous triste, mon père ? lui demande un jeune moine.

– Parce que je commence à douter de l’intelligence de mesfrères concernant les grandes réalités de Dieu. C’est la troisième fois que je leur montre un morceau de lin sur lequel j’ai dessiné un petit point rouge, en leur demandant de me dire ce qu’ils voient. Ils m’ont tous répondu : « Un petit point rouge », mais jamais : « Un morceau de lin ».

[stextbox id= »info » color= »ffff00″ bgcolor= »0033ff »]Cabaret mystique, Alexandro Jodorowsky, Albin Michel- Espaces libres, 325 pages, mars 2008, 20 €[/stextbox]

De l’inspiration dans l’Amadeus de Milos Forman

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Contrairement à ce que le titre laisse supposer, le personnage principal, et qui est le narrateur de l’histoire, n’est pas Mozart, mais Antonio Salieri. Salieri est un compositeur contemporain de Mozart et son rival et le film met l’accent sur cette rivalité devant la musique. Pour nous cependant, l’exactitude historique n’est pas essentielle. Ce qui est intéressant, c’est une distinction conceptuelle illustrée par ce film.

Salieri représente le talent : il a tout donné à la musique, il a renoncé à tout, il sacrifié sa vie pour elle, il a choisi de garder la chasteté pour la sublimer dans la musique. C’est un travailleur acharné, et à force de travail, il a réussi a former un talent qui a trouvé sa reconnaissance dans le public. Mais ce qui lui manque, c’est la liberté de l’inspiration, les idées brillantes et géniales. Il lui manque le génie. Or le génie, c’est un don que Dieu ne lui a pas accordé et qu’il a donné à Mozart. C’est toute l’ambiguïté. Mozart, c’est une facilité déconcertante, un musicien qui compose sans rature, sans retouche, d’un seul jet et dont l’inspiration est d’une d’une fluidité insolente. Quand Salieri prend en main une partition de Mozart, il y tout de suite cette prise de conscience : ce qu’il a toujours cherché est là, c’est le rêve même d’un musicien, d’être comme l’instrument de Dieu. La haine de Salieri envers Mozart sera d’autant plus forte. Pourquoi Dieu a-t-il élu cet homme finalement quelconque pour lui donner un tel don ? Pourquoi par moi, Salieri ? Si Salieri veut détruire Mozart, c’est qu’il en veut à Dieu.

Salieri est le seul qui comprenne parfaitement le génie de Mozart. L’empereur dit embarrassé au début à propos d’une pièce  » il y a trop de notes « . A quoi Mozart répond que non, c’est parfait, il n’y a rien à ajouter, ni à retrancher. C’est justement un attribut du génie que de savoir d’instinct là où l’œuvre atteint sa perfection, l’équilibre qu’il ne faut plus retoucher. L’artiste de talent, qui n’a que du talent, gratte, regratte et finit par défigurer ce qui a pu aurait pu être une heureuse inspiration. L’artiste de génie tout de suite voit l’équilibre. Salieri sait très bien comment cela se produit. Cette « créature » comme il le dit entend la musique et ne fait que la gribouiller sur le papier ensuite, tout est là dans ma tète dit Mozart, le reste est recopiage. Cela, Salieri n’a jamais pu le faire, aussi va–t-il détester Mozart car il révèle au fond sa médiocrité. A la fin du film, il y a cette étonnante envolée de la folie : venez à moi tous les médiocres de la terre, je suis votre saint patron! Le pathétique est extrême, car au fond seul Salieri comprend très bien la musique de Mozart plus que tout autre. Il l’apprécie bien plus que d’autres, il ne rate pas une seule représentation de ses opéras. Mais à l’écoute, c’est tout à la fois l’éblouissement de la beauté, de la perfection musicale et un couteau planté en plein cœur, car lui n’a jamais pu atteindre à de tels sommets. Il n’est pas dupe des honneurs du Prince lors de la représentation de ses propres œuvres, il sait bien qu’il n’a pas l’inspiration d’un Mozart. La seule reconnaissance qu’il aimerait, c’est celle de Mozart lui-même, que Mozart puisse lui dire qu’il a du génie, ce que Mozart ne dira pas, il se moquera même de sa musique. Dès le début, Mozart va le tourner en dérision devant le prince en improvisant sur un thème qu’il avait écrit, en lui montrant qu’il est capable immédiatement de retenir ce qu’il vient d’entendre et de lui donner une âme plus riche que ce que Salieri avait écrit. Il est très difficile, pour celui qui s’est tant donné de mal par le travail, d’accepter qu’un autre fasse bien mieux avec autant de facilité, comme en se jouant. C’est une humiliation.

Mozart est doué, terriblement doué et en plus il se sait, il sait qu’il a du génie, et il est même assez prétentieux. Ce que Salieri ne supporte pas, c’est ce contraste insultant entre une apparence extérieure si grossière, un individu quelconque, même pas moralement ni intellectuellement élevé et une inspiration si divine, tellement au-delà de l’humain. Pourquoi tout cela ensemble ? Pourquoi ce don donné à cet individu ? Pourquoi Dieu a-t-il choisi pour messager de sa musique cet homme ? Évidemment Forman force un peu la note et présente Mozart sous un jour peu flatteur : un cabotin superficiel, un amuseur public complètement immature, Mozart n’est qu’un gamin auquel Dieu a donné un don qui paraît surfait pour sa personne et cela, Salieri ne peut pas l’accepter. Il trouve que Dieu a été injuste. Il conduira Mozart à la mort pour cela, mais il participera de la magie de la création en tenant la plume sous la dictée de Mozart, (pour le magnifique Requiem) il aura cette faveur unique de voir le génie à l’œuvre directement. Il sera au fond l’ennemi le plus proche, tout près d’être l’ami, si ce n’était cette blessure d’amour-propre inguérissable qui nourrit sa rancune.

Une précision pour finir: le film est une fiction, ce n’est pas du tout un document historique, ni un documentaire. Il faut l’aborder comme une illustration d’un certain nombre d’idées. C’est tout. Ne pas le prendre au premier degré.

Serge Carfantan

Cabaret à la Cité > 8 représentations du 2 au 12/02 > 10 places offertes à nos lecteurs !

Après 16 représentations à guichets fermés (dont « Réveillons Nous » en 2010 à Rennes), la Cie Vis Comica installe son cabaret Fla Fla Fla pour 8 représentations à la Salle de la Cité à Rennes. Musiciens, jongleurs, acrobates, chanteurs et amuseurs ouvrent les portes d’un cabaret où l’humour désinvolte règne en maître.

Le cabaret, dans son origine, était un lieu populaire et de non-droit, où le public pouvait garder son chapeau, crier, s’enivrer… et les artistes dénoncer l’ordre établi.

Le Fla Fla Fla, fidèle à cette tradition, présente des artistes de tous styles (musiques, cirques, magiciens, chanteurs, danseurs). Un lieu ou tous les univers artistiques se croisent mais aussi et surtout, ouvert à tous les âges.

Porté par des artistes de talent, dans lesquels tous les publics ase retrouvent, le cabaret Fla Fla Fla est un spectacle populaire qui fédère tous les publics, les passants, les errants, les solitaires, les familles, les amants, les philosophes ou les amoureux de la vie tout simplement !

Une fois le spectacle commencé, le public est cerné de tous côtés par une scène et happé dans une vaste farandole d’effets techniques où  « Hors du temps, dans ce lieu de non-droit, musiciens, jongleurs, acrobates, chanteurs et amuseurs vous ouvrent les portes de leur cabaret. Bien que le roi ne veuille plus de son bouffon, ici, on peut oser, on peut crier, on peut rater, on peut en rire, on peut tout dire ! »

[stextbox id= »alert » color= »ffff00″ bgcolor= »006633″] Attention : Unidivers offre à ses lecteurs dix places pour la première le 2 février. Pour les obtenir, envoyez-nous vos coordonnées à partir de la page contact accompagnées de votre réponse aux deux questions suivantes :
1. Qu’aimez-vous dans Unidivers ?
2. Quel sujet rennais ou national aimeriez-vous que notre rédaction traite ?
(deux places max. par demande)[/stextbox]

 

[stextbox id= »info » color= »000099″ bgcolor= »33ff00″]

Infos pratiques:
Spectacle en configuration cabaret tout public à partir de 10 ans
Bar à vin & Restauration sur place

Les 5 et 12 février à 12h30, les 2,3,4 et 9,10,11 février à 19h30.
Durée : 2h15 avec entracte
Tarifs : Plein : 18€ / Réduit : 14 € / Sortir : 8 €
Réservations : www.digitik.com
Office du Tourisme Rennes Métropole : 02 99 67 11 66

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De profundis > Mort du cinéaste Théo Angelopoulos

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Le réalisateur grec Theo Angelopoulos est mort mardi soir dernier. À l’âge de 76 ans, il a succombé à une hémorragie cérébrale dans une clinique du Pirée. Le matin, un motard l’avait violemment heurté alors qu’il traversait la rue. Il était en train de tourner son nouveau film intitulé L’autre mer et que vient de sortir La poussière du temps II.

Chef de file du nouveau cinéma grec à partir des années 1970, il occupe le premier rang des grands de la profession à l’image d’un Godard, d’un Tarkovsky ou d’un Sokourov. Il a reçu la Palme d’or de Cannes en 1998 pour son magnifique film L’Éternité et un jour. La quinzaine de films  qu’il a réalisés s’attache à interroger l’histoire et la société Grèce et le sens du temps et de la mémoire. La dimension contemplative de ses réalisations (marquées par leur longueur et leur lenteur) se déploie à travers le spectacle de la nature et la quête spirituelle. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage…

 

La préfecture ira-t-elle dans le quartier de la Courrouze ?

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La préfecture de Région restera rue Martenot, dans le centre ville. Mais qu’en sera-t-il des agents travaillant à Beauregard ? Déménageront-ils à la Courrouze ? Version officielle : oui. Version officieuse : peut-être pas.

Mardi 17 janvier, le préfet de Région, Michel Cadot a confirmé aux journalistes d’Ouest-France la construction d’une nouvelle préfecture dans le quartier de la Courrouze. «Les travaux commenceront au second semestre 2012 et dureront 18 mois, » a-t-il expliqué « La nouvelle préfecture sera livrée en milieu de l’année 2014. »

Située à deux pas du siège du groupe Legendre sur un terrain de 10 400 M3, la nouvelle préfecture de 6215 m2 sera construite par l’architecte Dietmar Feichtinger. Elle abritera 330 à 350 agents pour un montant de 45 millions d’euros. Elle sera composée de deux bâtiments, dont l’un sera réservé au public et le second au préfet.

Le quotidien rapporte les propos des services de la préfecture. « Des appels d’offres sont lancés. » Mais il y a déjà quelques mois, en novembre, le même journal s’interrogeait sur le sort du projet…dans le cadre du plan d’austérité du Gouvernement. Encore cette semaine, l’hebdomadaire Sept jours utilisait le conditionnel pour évoquer cette prochaine construction.

Loin de nous l’idée de contredire le Préfet, mais – convenons-en – les interrogations d’Ouest-France restent tout à fait légitimes. Car dans les coulisses préfectorales, les langues se délient : «C’est un projet qui coûte trop cher », dit l’un. « Pourquoi construire – ajoute l’autre, – alors que nous avons déjà des bâtiments ? »

A la veille des élections présidentielles, les autorités étatiques ne souhaiteraient pas remettre en question des programmes immobiliers très attendus par des collectivités. « On verra en mai, après les élections, » ajoute un proche du dossier. « Mais je me fiche mon billet que le gouvernement sera obligé de revoir sa position. » Laissera-t-on à un président de gauche le soin d’annoncer à Daniel Delaveau, le maire de Rennes, la mauvaise nouvelle ?…

E-CAT > Une facture de chauffage de 20€ par… an

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Au vu des étapes franchies, chacun pourra alimenter son chauffage central dès 2013 grâce à un nouveau dispositif révolutionnaire et une cartouche recyclable. Coût : 400 € l’installation puis 20 € la cartouche annuelle…

C’est le genre d’inventeurs qui travaillent 25 heures sur 24. Ils se nomment Andrea Rossi et Sergio Focardi. Italiens d’origine, leur invention révolutionnaire devrait pourtant être exploitée et mise en circulation par des Américains (comme bien souvent…). On a parlé un temps du colosse Home Depot, mais l’accord semble avoir fait long feu. L’élu serait désormais National Instrument. Une usine entièrement robotisée serait en cours de construction dans le Massachusetts.

Pourquoi les USA ? Andrea Rossi explique sur son blog que 1 million d’E-cat de 10KW est nécessaire pour casser les coûts de fabrication et assurer le lancement. Or, il est sûr de ne pas obtenir les certifications avec l’hiver 2012 en Italie. Les USA sont connus pour accélérer les processus quand une distribution à grande échelle est à la clé… L’E-cat serait en cours de certification aux États unis par UL (Underwriters Laboratories).

Mais au fait, quelle est la technologie utilisée ?
Elle se rapproche de la fusion. Elle repose sur la catalyse de l’atome d’hydrogène.

Comment se présente-t-elle ?
La taille d’une grosse tablette informatique. Son système révolutionnaire dit de réaction nucléaire à basse énergie n’émettrait aucune radiation. Il sert de catalyseur.

Que contient la cartouche ?
De l’hydrogène et de la poudre de nickel. Un matériau abondant mais toxique qui est consommé dans le processus est infime. Un gramme serait à l’origine de… 20000 mégawattheure d’énergie. Oui, vous avez bien lu : 20000 MWh.

Comment se déroule le processus ?
Un préchauffage du système consomme 3000 watt durant une heure. Ensuite, la consommation électrique tombe à près de 0 ; tout en produisant une quantité colossale d’énergie thermique durant plusieurs heures.

Donc, au final, quel va être le gain pour les utilisateurs ?
Le Coefficient de Performance est un standard utilisé par les fabricants de chauffage. Il est calculé sur la base d’une température extérieure de 5-8°C et une confort intérieure de 18-21°C. Cette progression de 13° renvoie à un COP annuel de 1,5 à 4 selon que l’habitation en France se trouve dans une zone froide ou tempérée. Dans le cas de l’E-cat, on parlerait d’un COP de 6 garanti et constant pour 10KW. En pratique, c’est suffisant pour alimenter le chauffage central d’une maison de 200m2 durant un an. Pour moins de 500€, ce n’est pas une très bonne affaire, mais une révolution énergétique !

D’autant plus que Andrea Rossi pense déjà à une extension… électrique.

Les commandes sont déjà possibles sur le site Ecat.com.

EDG/GDF, notamment, doivent trembler… et non de froid.

Tancrède

Mein Fürher > Lecture-spectacle au Théâtre du tiroir > 2/02

Un comédien en fin de carrière, accepte comme dernier rôle d’interpréter le personnage d’Hitler.
C’est un rendez-vous que, pour des raisons personnelles et philosophiques, il souhaitait avoir depuis longtemps avec le dictateur. Il s’emploie alors à construire ce personnage, non pas avec le souci de juger, mais avec celui d’interpréter au plus juste la personnalité du Führer. Mais peut-on vraiment humaniser le mal ?

L’horreur commise par les nazis a été, depuis la chute du troisième Reich, appréhendée de deux façons :

— l’une entendait expliquer les faits monstrueux du dictateur et ce essentiellement à la lumière de la folie démoniaque d’Hitler.
— l’autre, négligeant la personnalité du Führer, abordait cette période en ne s’intéressant exclusivement qu’au contexte politique. Celui de L’Allemagne et aux intérêts de classe qui s’y affrontaient dans les années 30.

La synthèse historique de ces deux approches n’est pas sans produire aujourd’hui des effets paradoxaux.
Le premier de ces effets — et c’est celui qui intéresse le présent spectacle — tend à donner une image affable d’Hitler, un aspect patelin, très éloigné de la vision diabolique qui prévaut généralement aujourd’hui. La diffusion, ces derniers temps (2007), de films (La Chute) et de biographies donnant une vision plus humaine du dictateur illustre le concept développé par Hanna Arendt, à savoir « la banalité du mal ».
Au passage, relevons avec intérêt la censure récente organisée par TF1 vidéo sur le film « Hitler, la naissance du mal », document qui retrace la vie du dictateur. Les raisons évoquées pour justifier la coupe des vingt premières minutes de ce document tiennent aux « dangers » que présenterait une posture compassionnelle à la vue des douloureuses scènes de l’enfance d’Hitler battu par son père.

C’est dans ce dilemme que nous nous trouvons aujourd’hui face à un tel personnage. Son identification comme malade mentale sanguinaire s’accorde évidemment parfaitement bien avec les actes terrifiants qu’il a fait commettre. Elle nous garde de réfléchir au contenu idéologique de cette barbarie.
Découvrir dans cet homme une coloration humaine, bouleverserait l’appréhension immédiate de ses crimes.

Comment un être, au demeurant aussi anodin, a-t-il pu commettre pareilles horreurs ?
Il y a là une inadéquation troublante. À notre sens, ce hiatus indique surtout qu’il ne suffit pas de diaboliser un personnage pour s’en libérer l’esprit, mais qu’il est nécessaire de poser en termes éthique et analytique la vraie dimension de ses actes.

Il ne faut donc plus, selon nous, chercher à faire coïncider la personnalité d’Hitler avec ses actes !

Les documents, aujourd’hui accessibles, rendent cette méthode de compréhension inopérante et créent une distorsion dangereuse quant au sens des choses. Il est nécessaire pour nous de bien présenter ce qu’il fut et ce jusque dans sa dimension et ses faiblesses d’homme. Notre but étant, bien entendu, de bien faire apparaître la monstruosité de son action. Celle-ci reposant non pas sur la psychologie individuelle de l’homme, mais sur sa conception raciale et antisémite du monde — non encore évacuée de nos jours – et partagée en son temps par quelques millions d’Européens.

Idéologie dont on s’est cru longtemps guéri, vu qu’elle ne semblait appartenir qu’à la folie reconnue d’un homme.

C’est peut-être la vision des films d’Éva Braun sur l’intimité d’Hitler qui a motivé les « premiers » jets » de cette écriture.

Essayer, en reliant la personnalité pateline d’un homme et l’idéologie barbare qu’il défend — position apparemment contradictoire — de comprendre comment une nation hautement civilisée, l’Allemagne bien sûr, a pu corps et âme à un tel individu. Comprendre et expliquer cela… Telle est l’ambition de ce texte.

Glenn Crouch > Les Rolling Stones

Tout le monde connait la bataille que se livre toute la planète rock pour désigner qui des Beatles ou des Rolling Stones est le plus grand groupe du monde. Il n’y a pas de réponse évidemment, comme il est impossible de sérier le plus grand footballeur de tous les temps entre Pélé, Messi et Maradona. De toute façon, ne pas avoir de réponse permet de repousser la pierre qui roule pour qu’elle tarde à apporter la mousse de la satisfaction…

Ce petit coffret collector propose présente une biographie non officielle d’un des plus grands groupes de rock de l’histoire de la musique. Cette publication couvre les cinq décennies de présence majestueuse du groupe sur la scène musicale mondiale.

Un contenu varié l’accompagne : panoplie de fac-similés, de flyers, de reproductions de billets de concerts, d’affiches promotionnelles. Parmi les documents d’un intérêt majeur, on retiendra les lettres des membres du groupe. Notamment, l’une d’elles signée par Brian Jones en 1969, confie à un fan que Mick Jagger est bel et bien le chef de la bande. Un témoignage sur l’évolution des relations au sein du groupe et… la répudiation de Jones au profit de Jagger.

Ce livre présente le mérite d’être complet. Il aborde toutes les facettes, les bons moments comme les pires : concerts ratés, abus divers, profondes peines, etc.

Le plus : les deux pages de présentation consacrées à chacun des membres du groupe.

Le moins : 60 pages, c’est un peu court, surtout pour 40 €…

Un livre bien fait, mais qui aurait gagné à être encore plus long.  Une âme musicale habite ce bel ouvrage qui va faire le bonheur des aficionados.

[stextbox id= »info » color= »000099″ bgcolor= »ccff00″]Glenn Crouch,  Grund, Histoire Sur Le vif,  27/10/2011, 64 p. 40 €[/stextbox]

l’Asie célèbre l’année du Dragon > c’est chaud !

De la Malaisie à la Corée du Sud en passant par les États-Unis et l’Europe, l’entrée dans l’année du Dragon a été célébrée à travers le monde avec force feux d’artifices et pétarades.

Plus d’un milliard d’Asiatiques fêtaient lundi à coups de pétards et en famille l’entrée dans l’année du Dragon. Ce Nouvel An lunaire, la fête la plus importante du calendrier, a été célébré par de somptueux banquets accompagnés de danses (du lion) et de cadeaux. A minuit ont retenti les pétards censés éloigner les mauvais esprits. Résultat : des pics de pollution, principalement à Pékin.

L’année du Dragon succède à celle du Lapin. Le zodiaque chinois la considère comme la plus propice pour s’enrichir et réaliser ses aspirations personnelles et professionnelles. D’où la croyance qu’un enfant né sous ses auspices porte chance à sa famille. Conséquence attendue : une augmentation significative des accouchements est prévue jusqu’à février 2013 (de 6 à 15 %). Ce baby-boom astrologique vient à point nommé pour certains pays comme Singapour dont la natalité est en recul constant depuis plusieurs années.

Mais cette année est bénéfique pour tous : un obscur fonctionnaire pourra être appelé à prendre la tête d’un gouvernement (Villepin président ?), un misérable clochard héritera d’une fortune colossale (vers un remariage de Mme Bettencourt ?), une brillante vedette se décidera subitement à prendre sa retraite (PPDA serait-il enfin pris de remords après 30 ans passés à confondre journalisme et plagiat ?), un dictateur se résignera à la libéralisation (la Hongrie capitulerait devant l’Europe ?), un ‘bienfaiteur du peuple’ se révélera escroc (Fidel Casto vient en effet de publier une autobiographie), deux partis politiques rivaux feront cause commune (ce que Lepen et Bayrou appellent le système UMPS, non ?) .

C’est en compagnie de la profession qu’Unidivers se réjouit également : l’année du Dragon fera la joie des journalistes, car la réalité promet d’être variée, haute en couleur et le contrôle par les acteurs politiques devrait se desserrer. Préparons-nous à cracher des flammes…


Salt lake à la Criée > Le corps soviétisé

A la Criée, l’exposition Salt lake est ouverte au public du 20 janvier au 11 mars, comme Unidivers l’annoncait dans un précédent article. Loin d’être dénuée d’intérêt, elle gagnerait à être mieux présentée et pose in fine la question de la pertinence du lieu retenu.

En 1986, Boris Salt lake, Boris Mikhailov, Unidivers, Criée, Ukraine, Corps se rend sur les berges d’un lac au sud de l’Ukraine. Son père, habitant la région dans les années 1920, s’en souvient comme d’un lieu très fréquenté par la population locale, persuadée des vertus thérapeutiques de ses eaux chaudes et salées. Le photographe, curieux de voir si cet endroit existe toujours, y découvre que les habitudes n’ont pas changé, mais que le lac est désormais cerné par les cheminées d’usines et les entrepôts en briques aux tuyaux de taille industrielle qui y déversent leurs eaux usées.

Les corps sont au centre de cette intéressante série de photos de Boris Mikhailov intitulée Salt Lake. Des corps rudimentairement mal à l’aise, impudiques, voire peu ou inconscients de soi. Quels corps en public, quelle exposition du corps le pouvoir soviétique autorisait-il aux adultes (rares sont les enfants sur ces clichés) ? Majoritairement : des corps surmontés de visage sans joie. Des corps qui consomment le droit momentané de prendre les eaux, un droit délivré par et sous le regard d’un psychisme conditionné. Ni joie, ni bonheur, ni émerveillement.

Ces photos sépia mettent ainsi en valeur des moments de loisir autorisés où les corps baignant manifestent le prolongement laïcisé – sous forme de superstition plus ou moins consciente – d’une croyance dans la capacité régénérante des eaux. Quand bien même ces eaux seraient troublées, le corps qui s’y plonge en sortira vivifié – croient-ils. Aussi, ce qui se révèle ici, c’est un corps conditionné par un psychisme de masse idéologisé. Au-delà de la lecture écologique retenue par la Criée, c’est une monstration de la chair soviétique qui est ici donnée à voir.

Cette bonne exposition de centre culturel aurait gagné à être mieux problématisée et présentée pour conquérir son public. Mais une galerie d’art contemporain aurait pu trouver intéressant d’exposer en regard de Salt Lake une série de photos du même lieu aujourd’hui (ou un autre lac du même type fréquenté en Ukraine) afin de montrer le corps postsoviétique. Voire une troisième ligne de comparaison pourrait se concentrer sur la vague des corps déléstés et courants vers l’eau durant les congés de 1936.

Nicolas Roberti

 

Première collection prêt-à-porter de Berluti > Sublime sobriété

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Il va s’en dire que les 4 tableaux offerts par Alessandro Sartori pour présenter la première collection de prêt-à-porter du fameux chausseur Berluti étaient grandement attendus.

Pas moins de 40 mannequins pour présenter des pièces réussies, pour certaines sublimes. Le vestiaire est aussi complet que raffiné, la justesse de ton imparable, l’ensemble d’une parfaite cohérence. La modernité affichée est en adéquation avec ce l’offre de la maison en matière de chaussures et d’accessoires.

La tendance est à l’allure : une virilité qui se combine à une structure profonde non dénuée d’intériorité, voire d’un certain parfum spirituel. Côté couleur, on est naturellement dans le sobre, même si l’ensemble brille grâce à des gris réfléchissants et de noirs profonds (le noir patiné du blouson en cuir présenté fait figure de pièce maîtresse de la collection). Certes, certains pourront trouver l’ensemble quelque peu triste…

Quant aux matières, elles sont précieuses et superbement travaillées. Sous les parkas, vestes et blousons sont taillés dans des étoffes luxueuses où le cachemire côtoie l’alpaga et le mohair chauffe la soie. Un soin particulier est donné aux finitions : les doublures sont en cachemire.

Aucun excès non plus dans les formes (pas assez ?), les pantalons allongent la silhouette. Paul Smith n’est pas très loin.

Une belle entrée dans le monde du luxe. Un concurrent à la maison Hermès serait-il né ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Donato Carrisi > Le chuchoteur > Excellent thriller

Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche. Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs. Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure ? Un époustouflant thriller littéraire, inspiré de faits réels.

569 pages de plaisir, de rebondissements et de frissons. Voilà le premier ressenti après avoir refermé ce livre de Donato Carrisi, élu meilleur polar 2011 Le Livre de Poche.

L’histoire commence par la découverte de six petites fosses où reposent six bras gauches de fillettes. L’équipe de l’inspecteur-chef Roche est mise sur le coup avec, notamment, le professeur en criminologie Goran Gavila en tête. À eux s’ajoute également Mila, une jeune femme qui enquête habituellement sur les enfants disparus. Ici, le problème est clair : cinq fillettes ont disparu récemment, et non six, comme l’atteste le nombre de bras retrouvés. Qui est donc cette sixième victime ?

Avec ce début, on pourrait croire à un thriller très basique. Que nenni. On embarque dans l’univers d’un tueur en série, de ceux que les autorités ont rebaptisés les « chuchoteurs ». Le lecteur ne comprendra cette dénomination qu’en toute fin de roman. Ce tueur va faire réapparaître les corps petit à petit, dans des situations assez étonnantes, puisqu’il s’arrange pour que ce soit toujours en présence d’un individu ayant quelque chose de grave à se reprocher. Les notions du bien et du mal s’entrecroisent dans ce livre, bien loin d’une vision manichéenne comme cela peut être le cas dans les policiers banals. L’auteur amène son lecteur vers la réflexion selon laquelle en chaque être humain se terre une part mauvaise, un aspect sombre, qui peut exploser à tout moment (cela n’est pas sans rappeler La part de l’autre d’Eric-Emmanuel Schmitt).

Concernant les personnages, le lecteur en suit plusieurs, mais le focus est fait sur deux d’entre eux : Mila Vasquez et Goran Gavila. Réussie et passionnant : l’auteur suggère dès le début du roman que chacun porte un lourd secret, lequel ne sera dévoilé qu’à la toute fin. Deux secrets qui se révèlent… excellents. Attention lecteurs : Attendez-vous à être bernés sur toute la ligne par Donato Carrisi ! Il  propose en effet deux antihéros non conventionnels, qui étonnent jusque dans les dernières pages. À tel point que les révélations sur Goran Gavila sont vraiment… chamboulantes. Surprenant.

Le style de l’auteur est tout à fait agréable : ni longueur ni temps mort. Une fluidité qui fait tourner les pages rapidement pour en savoir toujours plus. Un thriller à conseiller à tous les amateurs du genre.

Marylin Millon

[stextbox id= »info » color= »660033″ bgcolor= »00cc00″]Le Chuchoteur : Dieu se tait, le diable murmure, Calmann-Lévy, mai 2010, 440 pages, 22€[/stextbox]

Naïri Nahapétian > Dernier refrain à Ispahan

Interdit de montrer ses cheveux. Interdit de s’habiller sans respecter l’uniforme islamique. Et interdit de chanter en public. Les ayatollahs ne manquent pas d’idées quand il s’agit d’entraver la liberté des femmes. Pourtant, lorsque la grande chanteuse Roxana revient dans la ville de son enfance, après un long exil aux États-Unis, certains de ses airs résonnent encore dans les taxis d’Ispahan. Son projet ? Donner un concert dans lequel se produiront d’autres femmes. Un projet qui ne verra jamais le jour, car Roxana sera définitivement réduite au silence. Et elle ne sera pas la seule à subir ce sort… C’est justement à ce moment-là que Narek, un jeune journaliste franco-iranien venu prendre le pouls de la révolte de 2009, rejoint la ville. Cette enquête lui permettra encore une fois de découvrir une facette insoupçonnée de la réalité iranienne.

Roxana est une chanteuse iranienne exilée après la chute du Shah et qui revient à Ispahan, sa ville natale pour un concert clandestin. Elle est assassinée et le lendemain une autre chanteuse est retrouvée morte, avec chacune des tulipes en soie sur le corps, symbole des martyrs de la révolution. Mona, l’amie d’enfance de Roxana s’interroge sur le mobile de ces meurtres.

Dès lors, le lecteur est plongé au cœur de l’actualité. Avec toutes les turbulences propres à la zone géographique où se déroule l’action de ce roman. Et dans l’Iran post-révolutionnaire, rien n’a changé en profondeur. Pire, la liberté accordée aux femmes a régressé.

Voilà une étonnante plongée dans les paradoxes d’un pays où coutumes ancestrales se mêlent aux goûts occidentaux, où la liberté est autant prônée que son contraire. Une atmosphère complexe et contradictoire favorables aux secrets et aux espoirs (souvent déçus).

L’histoire est habilement construite. Le propos est intéressant. Le lecteur appréciera de déambuler dans la ville en accompagnant la résolution de l’enquête. L’écriture sans artifice est très accessible.

Un livre à lire, agréable, intéressant et sans prétention.

Lorsque son amie lui proposa un rendez-vous peu après minuit, Roxana n’hésita pas à la rejoindre. Cela faisait vingt-quatre heures déjà qu’elle était sans nouvelles   d’elle, et le message, laconique, laissait entendre que Shadi avait besoin d’aide. Roxana enfila une robe, revêtit son imperméable, le foulard de rigueur, et se glissa hors de sa chambre. Elle guetta un instant les bruits de la maison endormie, puis descendit les escaliers. Au volant de sa Porsche, elle fonça jusqu’à l’impasse du vieux théâtre, où elle découvrit le flanc défoncé du bâtiment. Un lampadaire désaxé éclairait le portail en bois, barré d’une planche cloutée. Les cartons qui, jusque-là, recouvraient les fenêtres gisaient au pied des colonnes, et l’un des murs n’était plus qu’un monceau de gravats. Quant à Shadi, elle ne se trouvait pas dans l’allée. Roxana fit quelques pas devant le théâtre avant de partir à sa recherche. Pensaient-ils la réduire ainsi au silence ? se demanda-t-elle en longeant les décombres. Ne savaient-ils pas qui elle était ? Roxana, l’une des plus belles voix d’Orient ! Ses chansons avaient fait le tour du monde, ses concerts attiraient des millions de personnes. Alors qu’elle venait d’avoir vingt ans, elle avait été reçue par le Shah, avant de dîner à la table de la reine.

David

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Liana Levi, coll. Policiers, fév. 2012, 224 p., 15,30 €

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Rapprochement Le Mensuel – Le Télégramme, Une bonne nouvelle pour l’indépendance de la presse

Dans la capitale bretonne, le petit monde de la presse est en ébullition… Le groupe Télégramme a glissé des gros billets dans le capital de la société éditrice des Mensuels du Golfe et de Rennes. Face à Ouest-France (et sa régie publicitaire PRECOM) ainsi que la presse institutionnelle et hautement subventionnée (Les Rennais, Place publique and co), un autre pôle de médias va-t-il voir le jour ? La pluralité de l’information y gagnerait un nouveau souffle. Car la publication de différents points de vue sur l’actualité et le devenir du bassin rennais revivifieraient la pratique de la démocratie locale.

 

 Petite révolution dans la presse locale rennaise. Le Télégramme de Brest a pris des participations financières au sein du capital de la Société éditrice du Mensuel du Golfe du Morbihan et du Mensuel de Rennes (SCRIB). La prise des parts est certes minoritaire (inférieure à la minorité de blocage)… Mais, comme le précise l’équipe des Mensuels, elle marque une « étape importante » dans leur récente histoire. « Cette croissance s’inscrit dans un contexte de profonde mutation des médias et de la presse écrite en particulier », ajoutent les responsables de la société éditrice sur leur site Internet.

             Une profonde mutation des médias

La nouvelle n’est pas vraiment une surprise. Lors d’un récent débat à l’Institut d’études de Sciences politiques, en novembre, Killian Tribouillard n’avait pas exclu la possibilité d’une vente. « Si l’on nous fait une offre, on pourrait y réfléchir, » avait-il laissé entendre, un brin sibyllin. En optant pour le Télégramme, Killian et sa bande font le choix de la presse bretonne d’excellence. « Ce partenariat permettra de consolider notre développement, tout en garantissant l’entière indépendance de nos Mensuels. » Avant de préciser : « Les fondateurs de SCRIB restent majoritaires au capital de l’entreprise. Ils continueront à en assurer la gestion et la direction. »

L’ambition des fondateurs et de l’équipe du Mensuel est de poursuivre leur action, en respectant les valeurs qui les ont toujours guidés. Ils veulent surtout conserver l’indépendance de ton et d’esprit qui constitue leur marque de fabrique. En revanche, personne ne connaît encore les modalités de leur partenariat (le montant de l’investissement du grand journal breton…). Tant et si bien que beaucoup de questions restent pour l’heure sans réponse : les locales du Télégramme fusionneront-elle avec les équipes du Mensuel ? Les commerciaux, à la recherche de pub, seront-ils communs aux deux journaux ? Les collaborations entre le Journal des entreprises et Le Mensuel de Rennes seront-elles amplifiées ? Des dossiers spéciaux seront-ils menés de conserve ?

La conquête de l’Est

Si cette participation va donner un peu de respiration aux jeunes journalistes des Mensuels, elle est surtout une bonne nouvelle pour la pluralité de la presse dans la capitale bretonne… Car si Ouest-France avait mis la main sur ce journal, il aurait peut-être perdu de son âme… N’empêche, il reste un grand point d’interrogation : l’entente entre les deux publications… On n’est pas en effet sur la même longueur d’onde : l’un privilégie une information de proximité ; l’autre, une information bien plus culturelle et politique dans la cité rennaise.

Aujourd’hui, Le Télégramme poursuit sa stratégie de développement vers l’Est de la Bretagne. Après la réussite incontestable du Journal des Entreprises(1) et l’ouverture de la locale dinannaise, le groupe tenu par la famille Coudurier prend de plus en plus pied en Ille-et-Vilaine. Et pour une fois, il ne crée pas un journal, mais prend une participation au capital d’un titre existant. Pour mémoire, son hebdo de Nantes avait fait un flop, faute de journalistes du cru… À Rennes, ce sera différent, même si un certain manque de connaissance intime de la ville grève parfois le grand professionnalisme des journalistes du Mensuel.

(1) L’initiative a été contrée récemment par le groupe Ouest-France par son nouveau site Internet.

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Rapprochement Le Mensuel – Le Télégramme : Une bonne nouvelle pour l’indépendance de la presse

 

Entretien avec Gaver et Guillebon > L’origine chrétienne de la pensée sociale (3/7)

« L ‘Anarchie, plus Trois. » Entretien avec Jacques de Guillebon et Falk van Gaver, auteurs de L’anarchisme chrétien. 3e partie.

 

 Comment expliquez-vous que les appareils de direction socialiste, communiste et anarchiste soient dirigés très largement par des athées souvent antireligieux ? Et pourquoi leurs dirigeants se sont-ils efforcés depuis la Seconde Guerre mondiale de faire oublier l’origine chrétienne qui présidait à la pensée sociale ? 

jacques de guillebon, anarchisme chrétien, gaver, guillebon, falk von gaver, jacques de guillebon, christ, anarchie, nicolas roberti, Eglise, christianismeIl faudrait refaire toute l’histoire philosophique, politique et sociale des derniers siècles pour répondre à cette question ! Le fait est que la plupart des mouvements révolutionnaires européens, bourgeois, libéraux, démocratiques, radicaux, socialistes, communistes, anarchistes…, ont dirigé leurs coups contre l’Église et le christianisme, identifiés à la « contre-révolution », malgré le militantisme de nombreux chrétiens libéraux, démocrates, socialistes, etc., notamment en France. Pour ce qui est des courants socialistes, jacques de guillebon, anarchisme chrétien, gaver, guillebon, falk von gaver, jacques de guillebon, christ, anarchie, nicolas roberti, Eglise, christianismecommunistes, anarchistes, c’est la victoire du marxisme sur les « socialismes utopiques » et la marginalisation de ces derniers qui a largement contribué au monopole athée de la contestation sociale, mais cela se place dans la lignée d’un athéisme révolutionnaire dont le paradigme fondateur est la Révolution française, issue des Lumières. C’est dans ce néopélagianisme sécularisé des Lumières – faire le salut sur terre à la force de poignets – que réside la grande rupture. (Rupture abyssale entre le socialisme chrétien et le socialisme athée, entre la démocratie chrétienne et la démocratie libérale, etc.) Car, loin de se focaliser sur le seul athéisme des dirigeants de ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême-gauche, il faut le replacer dans le grand courant de sécularisation accélérée dont nous vivons une phase avancée. Rappelons que le néo-monarchisme d’Action Française se voulait lui-même positiviste et rationaliste, avec des dirigeants agnostiques comme Maurras, non hostiles à la religion, certes, mais qui ne se soumettront pas lorsque l’Église leur demandera des précisions et des purifications en 1926 (et leur condamnation ne sera levée en 1939 qu’après leur soumission finale aux exigences de l’Église).

Oui, il faut le rappeler, la pensée sociale est d’origine chrétienne ! Ce sont ces centaines, ces milliers de chrétiens sociaux, dont Frédéric Ozanam est un exemple éminent mais loin d’être solitaire, qui ont, loin de l’étatisme, de l’industrialisme et du libéralisme, forgé une véritable doctrine sociale fondée avant tout sur une pratique sociale directe. Le christianisme, inspiré par de grands principes, est selon la logique du réalisme de l’Incarnation d’un grand pragmatisme dans leur application (ce que l’on peut nommer l’inculturation) : ce pragmatisme n’est pas une compromission ni un oubli des principes mais le réalisme de leur application. C’est cette pensée sociale, cette pratique sociale, étayée, appuyée par l’enseignement des papes depuis Léon XIII jusque Benoît XVI, qui dès le XIXe siècle obtient des réalisations concrètes en faveur des ouvriers, des pauvres, des femmes, des enfants broyés par la société industrielle.

Si les dirigeants socialistes, communistes, anarchistes ont voulu faire oublier que la pensée sociale était d’origine chrétienne, c’est pour lutter contre leur grande et unique rivale sur ce terrain-là : l’Église. C’est aussi que, prisonniers comme leurs jumeaux inversés libéraux de l’idéologie des Lumières, ils ont fait de l’évacuation de la transcendance – divine, ontologique, métaphysique, philosophique – le prélude nécessaire à l’émancipation de l’humanité.

Propos recueillis par Nicolas Roberti

Plus de 2000 manifestants pour l’égalité « maintenant et pour tous » à Rennes

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Samedi 19 janvier 2013, c’est un cortège joyeux et coloré qui s’est ébranlé vers 15 h de la place Sainte-Anne pour se rendre à la mairie. Dans le froid de janvier, plus de 2000 personnes se sont réunies pour réclamer l’égalité des droits, « maintenant et pour tous ».

Depuis plus d’un mois, les rassemblements anti-mariage pour tous font couler beaucoup d’encre, notamment depuis l’appel de l’organisme Civitas à manifester contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels. Alors que bon nombre de députés réclament un référendum, le projet de loi est actuellement en discussion à l’Assemblée. François Hollande a réaffirmé le 16 janvier qu’il tiendrait son engagement devant les Français en excluant tout référendum. Alors pourquoi cette manifestation ?

Dites OUI à l’égalité ! - RennesLe débat houleux qui soulève une partie de l’hexagone a véhiculé nombre de propos de toutes natures. La parole ayant été laissée aux anti, les pro se devaient de la reprendre et d’afficher leur détermination. Car pour beaucoup, c’est un combat de longue date. Un combat pour obtenir les mêmes droits que les hétérosexuels au regard de la succession ou de la sécurité juridique (que le PACS n’offre pas autant que le mariage), mais aussi de l’adoption (voir notre article). Pour d’autres, c’est simplement une façon de soutenir ceux qui ont été montrés du doigt par les opposants.

Nathalie Appéré
Était présente la députée et candidate à la succession de Daniel Delaveau, Nathalie Appéré

C’est ainsi qu’à l’appel de nombreuses organisations, telles la Ligue des droits de l’homme, Mix Cités, LGBT35 ou encore de sections syndicales comme la CGT, près de 2500 personnes ont répondu présent pour battre le pavé rennais malgré le froid. Le cortège aux couleurs arc-en-ciel a  descendu bruyamment la rue Le Bastard, réclamant « l’égalité pour tous, maintenant » et clamant divers slogans, des plus classiques au plus fantaisiste (« Ma mémé est pour l’égalité »).

Arrivées place de la Mairie, les diverses organisations se sont exprimées, en rappelant au passage que certaines idées ne sont pas des opinions, mais des délits…

 

Charline Quarré À contre-jour, Quand adolescence rime avec souffrance

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La relève des jeunes romanciers de l’adolescence à la dérive est en marche. Charline Quarré fait partie de cette génération du vide, autocentrée et désabusée, qui traîne ses guêtres dans les bars comme ses parents à Woodstock ou dans les rues de Paris en mai 68. A la différence que son héroïne est seule, désespérément seule.

Résumé :

Margot a 17 ans et a déjà fait l’objet d’une pétition de ses camarades de classe lui demandant de… se suicider. Jeune fille sauvage, au caractère ombrageux et peu commode, elle navigue dans une existence faite d’angoisses et d’irrésolution, entre de rares amis et des parents riches et absents.

Un auteur à suivre !

Dans ce roman confession, Charline Quarré n’a d’autre prétention que de se raconter à travers son héroïne Margot. Aucun désir d’universalité ne transpire de ses propos, elle ne s’érige pas en porte-parole de sa génération ; pourtant, on lui prêterait bien ce rôle. Car ce sont bien les maux d’une certaine jeunesse actuelle qui résonnent dans ce récit. L’existence de Margot est « une vie de rien », « une vie froide, sans gloire, sans personne », « une errance sans fin ». Que peut attendre de l’avenir une adolescente qui déplore, à 17 ans, n’avoir « jamais rien construit », ni même « jamais rien appris », et dont l’avenir est un simple « concept » sans consistance ?

À contre-jour est le reflet troublant d’une certaine vacuité qui touche les adolescents en ce début de siècle. Que cachent l’individualisme, l’absence d’idéaux (d’idées ?), l’incapacité à se projeter dans un futur sans les plaisirs éphémères de l’hédonisme et du « jouir sans entraves » ? Le slogan soixante-huitard n’a rien perdu de sa portée. Face à un présent tellement angoissant qu’il en devient paralysant, Charline Quarré se fait le reflet d’une jeunesse dorée, livrée à elle-même, sans repères. Les parents, forts de leur réussite, affichent un confort matériel insolent dont le corollaire malheureux est l’absence de perspectives et de valeurs à transmettre à leur progéniture. Si on n’a rien entrepris (et réussi) à l’entrée dans l’âge adulte, on n’est personne. Terrible constat.

L’histoire d’amour dévorante, emblématique de cet âge de tous les émois, est le fil rouge qui guide le lecteur. Qu’on se rassure, c’est presque anecdotique : à contre-jour, ne verse (presque) pas dans le roman à l’eau de rose. C’est le roman d’une jeune femme en mal de vivre qui ne se cherche plus tant elle désespère de se trouver un jour.

A conseiller si…

… vous voulez découvrir un style différent : l’auteur ne s’embarrasse pas des codes littéraires classiques. Elle malmène les négations et utilise un langage d’une oralité qui, si elle peut surprendre, ne dérange – étrangement  pas – dans la bouche d’une adolescente. Le style aurait pu évoluer avec l’âge de l’héroïne, ça aurait été un plus.

Extraits :

Comment gérer la souffrance engendrée par une rupture amoureuse ? En l’occupant, comme on occuperait un enfant :

On est dimanche, et comme tous les jours maintenant, j’écris et ma douleur fait du coloriage. Comme ça, elle me fiche la paix. Je lui ai donné des crayons de couleur, et même des feutres. Elle va s’en foutre plein les doigts, elle va s’en mettre partout, c’est pas mon problème. Je suis à portée de main de la mallette de peinture, s’il le faut. S’il le faut, je lui préparerais même de la pâte à sel. Pour qu’elle me laisse tranquille. J’en aurais pour l’après-midi. Je redoute le moment où elle voudra me montrer son dessin. Aucune envie de le regarder. Elle va m’obliger à le coller sur le frigo, sans quoi elle se mettra en colère. Et je devrai vivre avec un dessin triste aimanté dans la cuisine. […] Elle se tient calme, c’est une douleur bien élevée.

Hélène

Charline Quarré, À contre-jour, Baudelaire, juin 2011, 128 pages, 14€

Strasbourg > L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte (1750-1950)

Un peuple d’êtres étranges habite cette exposition qui combine approches scientifiques, littéraires et artistiques. Le choix de la capitale européenne est bien tombé ! D’autant que beaucoup l’ignorent : Strasbourg est un haut lieu ésotérique. En effet, depuis le XVe siècle, cette capitale est un haut lieu de croyances occultes, magiques, mystiques, ésotériques et maçonniques. Des artistes de 25 pays se côtoient dans un mélange alchimique, des plus connus, comme Goya ou Kandinsky, aux plus confidentiels. Montrer l’invisible et percevoir le mystère : tout un programme.

En fonction de l’origine géographique de l’artiste, chaque artiste livre une vision du monde et de la vie dotée d’un degré de surnaturel plus ou moins marqué, plus ou moins sauvage, voire débridé. Caspar David Friedrich, Francisco Goya, , Gustave Doré, Victor Hugo, Akseli, Edvard Munch, Ferdinand Hodler, Odilon Redon, Jan Toorop, Nicholas Roerich, M.K.Čiurlionis, František Kupka, Wassily Kandinsky, Kazimir Malevitch, Piet Mondrian, František Drtikol, Dimitrie Paciurea, Jean Hans Arp, Paul Klee, Max Ernst, André Masson, Roberto Matta, Wifredo Lam, ou encore Fleury-Joseph Crépin, Augustin Lesage et Hélène Smith…

500 œuvres, 200 livres et 150 objets forment ainsi un bal curieux et fascinant.

D’un point de vue scénographique, l’exposition se déplie en 3 grandes thématiques.

En ouverture, le romantisme avec le Voyant, une encre de 1940 signée Andrée Masson, qui rend hommage au poète Novalis. Réaction du sentiment face à la froideur de la raison. Exaltation de l’esthétisme et apologie du mystérieux. La Conjuration des sorcières de Goya et le Faust de Goethe s’inscrivent alors dans une commune lignée. Un prolongement ésotérique se déploie à travers la société théosophique de Madame Blavatsky qui nait en 1875. Apparaissent les travaux magnifiques d’Odilon Redon et de Rodin.

La deuxième partie traite d’abstraction et d’avant-garde. Elle s’emploie à expliquer les liens entre réalisation artistique et recherche de formes pour exprimer de nouvelles idées. Le scientifique dès lors vient en aide à l’artiste.
La dernière partie se concentre sur la constellation surréaliste. Rendant compte de la diversité d’expériences et d’expressions, le rêve s’incarne en étrangeté merveilleuse, notamment avec la tête de lapin de Jean Arp.

En outre, une section est dédiée à l’histoire de l’ésotérisme, de ses origines antiques au XXe siècle à travers l’écrit et l’estampe. La variété des documents proposés est remarquable. Il faut d’ailleurs savoir que ce sont des Strasbourgeois en compagnie de ‘frères’ lyonnais qui ont créé au XVIIIe siècle un rite maçonnique baptisé le Rectifié, lequel est encore pratiqué de nos jours.

En écho à la section scientifique de l’exposition sont également exposés des travaux scientifiques ayant trait aux apparitions ou autres phénomènes surnaturels, tandis que les contacts entre science et pensées mystiques et ésotériques au cours des siècles sont mis en exergue. Quelques-uns des principaux auteurs représentés : Pythagore, Platon, Virgile, Dante, Maitre Eckhart, Marsile Ficin, Cornelius Agrippa, Paracelse, Lavater, Milton, Swedenborg, Cagliostro, Goethe, Balzac, Novalis, Kardec, Schuré, Conan Doyle, Huysmans, Ivan Goll, André Breton, Fulcanelli. Les ouvrages sont issus des fonds de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg.

A noter que le versant scientifique est source d’étonnement joyeux avec la présentation de divers appareils censés détecter l’au-delà, l’invisible, l’étrange…  Le baquet de Mesmer, exemplaire unique au monde, un tube à rayons X, un tube de Crookes, un récepteur télégraphique, un cohéreur de Branly, un photophone de Bell, etc.

Une exposition abondante qui mérite à elle seule une visite de cette mystérieuse capitale de Noël.

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Strasbourg, Musée d’Art moderne et contemporain, du 8 octobre 2011 au 12 février 2012. Berne, Zentrum Paul Klee, du 31 mars au 15 juillet 2012.

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Megaupload > Le site de téléchargement est fermé

Le ministère de la Justice américain a ordonné la fermeture du site Megaupload pour « violation de droits d’auteur » et délivré un mandat d’arrêt international contre sept de ses dirigeants. Quatre responsables, dont son fondateur, Kim Dotcom, ont été interpellés en Nouvelle-Zélande. Megaupload est fermé ainsi qu’une vingtaine de sous-domaines. Des dizaines des millions de dollars d’avoirs ont été gelés.

Selon la justice américaine, le trafic illégal d’oeuvres piratées aurait entraîné quelque 175 millions de dollars de profit et « plus d’un demi-milliard de dollars de perte pour les ayants droit (les détenteurs légaux des droits de propriété NDLR) ». Plus : les dirigeants de Megaupload Ltd sont inculpés par une chambre d’accusation de Virginie de violations d’association de malfaiteurs en vue de commettre racket et blanchiment d’argent. 20 ans de prison à la clé.

L’annonce de la fermeture de Megaupload intervient en pleine polémique aux États-Unis autour des projets de loi antipiratage qu’Unidivers a été l’un des premiers à évoquer en France dans ses colonnes. La fermeture du site a été suivie de représailles du collectif de pirates Anonymous. Une vraie hécatombe. Hors service les sites : du FBI, du ministère de la Justice américain, de Universal Music et de l’association du disque RIAA.

Nicolas Sarkozy s’est réjoui cette fermeture. Le locataire de l’Elysée (récemment épinglée pour piratage)  a souligné « que la lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des oeuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création ». SI on peut comprendre le point de Nicolas Sarkozy, Unidivers s’étonne que rien ne soit fait en France à cet effet. Notamment, comme nous le soulignions dans un précédent article : plusieurs entreprises françaises se servent des sites illégaux pour leur publicité ne sont étonnamment toujours pas inquiétées.

Pour finir, il est utile de rappeler que Megaupload n’est pas un gentil camarade qui prête sans contrepartie ses jouets. Ce site accueille, aspire et recueille des contenus mis en ligne gratuitement par des internautes pour les mettre à son tour à disposition des internautes d’une manière illimitée sur ses serveurs, mais contre monnaie sonnante et trébuchante ! À part une petite partie parcellaire qui est gratuite, il en va de même pour Filetube, Filetram, etc.

Il faut donc bien garder en tête la différence fondamentale entre des sites comme Megaupload et d’autres comme Pirate Bay, les premiers sont des petits malins qui utilisent les autres pour s’en mettre plein les poches, les seconds en appellent à une autre approche de l’économie du capital, de l’échange et de la connaissance. Les premiers stockent leurs données et leurs avoirs dans des paradis fiscaux, les seconds sont constitués et échangent au vu et au su de tous en Suède. Que l’on soit d’accord ou non avec Pirate Bay, on ne saurait confondre leurs activités avec celles de Megaupload.

Il n’y a pas de rapport sexuel > Offrande et captation

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Un portrait de HPG, acteur, réalisateur et producteur de films pornographiques, entièrement conçu à partir des milliers d’heures de making-of enregistrées lors de ses tournages. Plus qu’une simple archive sur les coulisses du X, ce film documentaire arty s’interroge sur la pornographie et la passion pour un certain réel qui la caractérise.

Un plasticien artistique qui s’occupe de faire un documentaire arty à propos d’un cinéaste, infraplasticien des corps humains. Le mélange pouvait sembler théoriquement évident, mais encore fallait-il transformer l’essai. C’est chose faite grâce à la réunion de deux talents décalés.

Au départ, le matériau était immense : des milliers d’heures d’images accumulées par HPG. L’aura de ce dernier déborde largement le cadre X dans lequel il passe toutefois la majorité de son temps professionnel. Il s’offre sans calcul, à nu – au propre comme au figuré. Il en ressort une pudeur impudique, un humour innervant, voire une forme d’offrande maitrisée. C’est – étonnamment – l’humilité et l’ouverture de chacun qui forment la pierre angulaire de cette rencontre généreuse.

Résultat : de ce monde paradoxal, ambigu, réducteur, souvent triste, parfois dissolutif, sûrement pathétique, émerge un point de vue inattendu, loin des a priori sur la pornographie. De quoi enrichir l’analyse psychologique, sociale, esthétique et morale sur cette dimension et pratique.

Cette prouesse tient beaucoup à la manière de capturer ce qui parfois relève du beau. Siboni conduit cette construction chirurgicale avec une modestie talentueuse. Le spectateur est frappé par l’intelligence de l’analyse de la capacité de Siboni à s’insérer dans un monde si peu conventionnel. Un montage sec, une dramaturgie drôle et savamment sauvage.

Une rareté troublante. Une certaine vie. A voir vit…

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Il n’y a pas de rapport sexuel, 11 janvier 2011, Raphaël Siboni, HPG, Cindy Dollar, Michael Cherrito, Stacy Stone, Phil Hollyday, 1h18 (interdit au moins de 18 ans)

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Il n’y a pas de rapport sexuel > Offrande et captation

 

Rue de l’horloge, La fin du plus petit bar du centre-ville

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Rue de l’horloge où naguère l’on vendait les Kalinettes rennaises, l’unique bar a été transformé en une boutique de vêtements féminins. Dommage…Mais il reste encore dans cette petite rue la mythique Maison de la blouse, le magasin de chaussures Bessec… Jusqu’à quand ?

Le café de l’hôtel de ville, c’est fini…

Derrière la mairie de Rennes, rue de l’Horloge, le café de la Haute-Ville était le lieu des rendez-vous des commerçants, des habitants du quartier et des passants. L’estaminet n’était pas un boui-boui – bien au contraire. Les habitués y prenaient leur café fumant, accoudés au comptoir et bavassant avec les maitres des lieux.

Le café de l’hôtel de ville n’avait rien à voir avec le snob Picca ou le chic Café de la Paix. Là-bas, on discutait du « bout de gras » avec le voisin de coude, sifflant un verre de vin de blanc au petit matin. C’était l’endroit de toutes les rencontres improbables et des discussions surréalistes. On y refaisait Rennes, on y taillait des costards et… on y maniait l’art de la répartie.

Dans cet espace réduit, les clients étaient le plus souvent debout qu’assis. Mais ils étaient dans le Rennes d’antan, dans l’un de ces cafés qui disparaissent les uns après les autres. Heureusement, dans le centre-ville, il en reste encore quelques-uns : Le Rallye, le Saint-Just, le Nabuchodonosor, entre autres. Ils résistent tant bien que mal aux hommes d’affaires transformant les vieux établissements en clinquant café Costes rennais. Prenez l’exemple de l’Escarcelle… qui sera bientôt réaménagé une seconde fois en à peine un an.

Versons une petite larme de crocodile sur la disparition de ce bar rikiki et de ce temple de l’apéro rennais. Adieu nos petits vieux aux bérets vissés sur la tête qui, jadis, furent déjà chassés d’un autre petit établissement de la rue Maréchal Joffre. Seule petite consolation, Michaëla occupe désormais les lieux et vend des vêtements sous le nom de la… Petite Rennaise.

XXIIIe édition de Travelling > Bruxelles ou un réalisme social plus ou moins décalé

Après une édition quelque peu plombée par les relations diplomatiques entre la France et le Mexique, le festival Travelling revient cette année avec un millésime consacré à Bruxelles. Souhaitons que la montée en puissance du cinéma flamand et les récentes tensions linguistiques et corporatistes autour des élus des Magritte du cinéma ne viennent de nouveau le troubler. Au demeurant, le parti-pris du réalisme social qui oriente le festival de la Métropole rennaise trouve dans le cinéma belge contemporain une résonance familière.

En cette année de crise, Travelling propose de parcourir Bruxelles/Brussel à travers son temps et son espace cinématographiques. Pour l’y aider, des réalisateurs belges de renom viendront présenter leurs oeuvres :

  • Bouli Lanners et ses road-movies à l’humour noir. Un maître du paysage, naturel et social.
  • Domnique Abel et Fiona Gordon, le couple burlesque aux corps parlants, enfants spirituels de Tati et Keaton, qui rayonnent comme une berlue nostalgique sans jamais verser dans le réactionnaire.
  • Olivier Masset-Depasse chez qui réalisme social et subjectivité psychologique se lient habilement grâce à une image dédiée à l’errance et au blocage.
  • Jaco Van Dormael qui transfigure le tragique quotidien par un imaginaire puissant de déconstruction et d’évocation.
  • Jean-Pierre et Luc Dardenne, dont les films ont ouvert la voie belge d’un réalisme social à caractère militant, n’ont visiblement pas souhaité militer en faveur de leur propre production en se rendant à l’invitation de Travelling.

 Sont programmés 35 longs métrages. Ils sont encadrés par cinq réalisations qu’Unidivers recommande :

  • le plus ancien, Bossemans et Coppenolle de Gaston Schoukens (1938) (on regrettera l’absence d’Un soir de joie…),
  • le récent documentaire de Manuel Poutte, Fritkot (2011)
  • la récente fiction de Nicolas Provot, L’Envahisseur (2011)
  • et les deux derniers nominativement, HH Hilter à Holywood de Frédéric Sojcher et Pulsar d’Alex Stockman (réalisateur du Pressentiment en 2001).

Une petite trentaine de courts métrages sont en compétition, notamment, Badpakje 46 (Maillot de bain 46) de Wannes Destoop, Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang, L’oeil du paon de Gerlando Infuso, Fugue de Vincent Bierrewaerts, The Extraordinary Life of Rocky de Kévin Meul.

On regrettera l’absence dans la programmation d’Amer d’Hélène Cattet (2011). Mais, on se félicite de la projection de Bullhead, un drame psychologique en forme de policier où la viande, la castration et les injections d’hormones brouillent les limites entre l’homme et la bête…

Enfin, on s’étonnera de l’absence de l’oeuvre remarquable d’André Delvaux. Sans doute, le partis-pris du réalisme social est-il réfractaire au réalisme magique… Pourtant, ne serait-ce dans la partie consacrée à l’histoire politique et sociale de la Belgique, on aurait aimé voir projeté Une nuit, un train. Quant à l’inédit qu’est Babel opéra, il aurait trouvé à Travelling une scène rêvée, comme un grand Commandeur…
Ah pardon, le maître belge est bien présent dans la programmation : à la dernière place en termes de durée avec 1001, un court-métrage de 7’40 tourné trois ans avant sa mort.

 Nicolas Roberti 

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Programmés et à écouter sans retenue :
An Pierlé,
la Tori Amos belge
Chapi Chapo
avec un PoPoPolska toujours aussi enchanteur

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