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Place Hoche > Un art pas du tout à la rue

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L’art de la rue égrène ses œuvres dans les rues devenues galerie à ciel ouvert. Peinture d’espoir pour assouvir le désespoir d’artistes en mal de reconnaissance.

La ville de Rennes cache la misère des palissades des chantiers de construction par des graffs. Ici où là, les graffeurs s’en donnent à cœur joie place Saint-Michel et même sur les transformateurs, mettant de la couleur au gris urbain. Au hasard de ses pérégrinations, Unidivers se fait un point d’honneur à publier le travail de ses artistes souvent anonymes avec un penchant pour ceux qui réalisent leurs œuvres sans commande publique.

Place Hoche, à deux pas de l’entrée de la galerie commerciale de la Visitation, l’un d’entre eux a peint un coloré portrait d’un inconnu. Il y a un-je-ne-sais-quoi de voyou attendrissant chez ce jeune homme. On l’imagine musicien jazzman…fréquentant le Dejazey, rue de Saint-Malo ou encore le café des Bricoles, quai Saint-Cyr. Ephémère art de la rue qui trouve son essence dans le regard des passants ou au mieux d’un journaliste du centre-ville.

Place du Parlement > De la verdure pour une semaine

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Unidivers revient sur l’aménagement de place du Parlement. L’endroit peut-il être plus végétal ? C’est le souhait de beaucoup.

 

Dans des temps anciens, une fontaine égayait la place du parlement. Depuis plus rien… Le square est désespérément rocailleux et accueille les chapiteaux des festivals. Mais surprise de taille pour les Rennais jeudi matin 28 décembre… des magnolias et des buissons ont fait leur apparition. « C’est une belle idée » confiait une dame âgée interrogée sur le pavé rennais. « Il faut les laisser la végétation, là, » ajoutait sa voisine.

Pas de chance pour ces dames gantées et chapeautées…l’expérience sera de courte durée. « Les arbustes sont ceux de la place de la mairie, » confiait un jardinier de la ville questionné par nos soins. « Ils sont placés là le temps des festivités de fin d’année. Il faut demander au patron si vous souhaitez qu’ils restent sur la place » ajoutait-il.

Faute de demander au « patron », les Rennais se contenteront de trois jours de verdure devant le plus beau monument de la ville. Espérons toutefois que la municipalité ne reste pas sourde aux souhaits des nombreux riverains rencontrés ici ou là (que traduisent également les résultats de notre récent sondage)  et entame une réflexion végétale dans les hautes sphères de la ville.

Noël > La position « officielle » de la mairie

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La mise en lumière de l’Hôtel de Ville suscite beaucoup d’émois de la part des Rennais (voir notre principal article à ce sujet). Mais, à la mairie, on tient bon la barre…et on reste dans droit dans ses bottes. Sous la plume de son journaliste, Irvin Tollemer, le site Internet de la ville donne sa version officielle des faits, en ce vendredi 30 décembre.

 

“Dans ce 3ème opus, la société Spectaculaires – Les allumeurs d’images s’est inspirée de l’air du (mauvais) temps », écrit le rédacteur. Faisant fi des critiques, la municipalité tente toutefois de désamorcer la bombe médiatique provoquée par leur spectacle, en donnant la parole à Franck Marty, directeur artistique du projet :“Cette année, notre héros le petit géant, a trop regardé la télé et trop joué aux jeux vidéos. Avant de s’endormir, il repense aux problèmes de maths qu’il n’a pas réussi à résoudre, à ce que la télé lui raconte sur l’état de la France et la crise et il va donc faire un cauchemar ».

En clair, c’est la faute à la télé et aux médias…et non aux politiques (Ouf pour Nicolas Sarkozy !). Mais heureusement, le Petit Géant est là et va faire appel à BTP Man, son ours en peluche déguisé en héros, pour nettoyer le terrain et bâtir une cité d’or et d’argent. « C’est un travail titanesque » explique Benoît Quero, gérant de la société Spectaculaires dans cet article. « Dans son genre, c’est le spectacle le plus abouti au niveau national » (sic). On croirait voir le Petit Géant devenir le Grand G(u)éant…

Irvin Tollemer poursuit son propos en revendiquant un “véritable succès auprès du public”. Un pur succès qui se traduit concrètement pas des applaudissements dont l’intensité surpasse poussivement le clapotis d’un galet rebondissant sur l’eau…

En revanche, pas un mot du maire, Daniel Delaveau, pas une déclaration de l’adjointe au maire, chargée des Affaires culturelles. La Mairie qui a l’habitude de soigner sa communication est visiblement gênée aux entournures. Pourtant, n’est-ce pas lors d’un mauvais grain que la stature d’un capitaine doit se déployer ? Signe de ce contretemps fâcheux et de cette communication hésitante, les commentaires laissés par les internautes sur le site de la ville jusqu’à ce vendredi 30 décembre 2011 sont quasiment tous à charge contre les sombres Illuminations… Mais que se passe-t-il ? Depuis le lundi 3 janvier, l’article a malheureusement disparu du site d’information de la ville de Rennes, seuls restent les commentaires précédemment publiés.

France des décalages > France des décalés, Vers un gouvernement d’union nationale ?

Un récent sondage de l’institut Opinion Way-Fiducial pour le journal La Croix a montré que les candidats à l’élection présidentielle restent éloignés des préoccupations de 74 % de Français ! Ce chiffre peut paraître surprenant, mais il reflète le profond malaise qui existe entre les élites politiques et le peuple français.

De fait, il y a un décalage réel entre les discours, les idées, les propositions des candidats et les principales préoccupations des Français qui sont : « le maintien de l’emploi » pour 52 %, « la lutte contre la hausse des prix des produits de première nécessité » pour 39 % et « le maintien du remboursement de soins » pour 38 % des sondés.

Cette enquête nous apprend aussi que les sympathisants proches de la droite et la gauche sont plus préoccupés par l’emploi (64 % pour le PS, 60 % pour l’UMP) alors que ceux du FN sont plus vigilants sur la hausse des prix (46 %) et la délinquance (41 %).  Et ceux du Modem sur l’accès des jeunes au marché du travail (54 %).

Quels enseignements peut-on tirer de ces chiffres ?

Les électeurs de gauche et de droite républicaine seraient plus raisonnables en privilégiant dans leur choix l’inquiétude liée à « l’emploi ». Ceux du Modem le seraient également, mais en pointant uniquement du doigt le problème « du chômage des jeunes », ce qui est tout de même un peu réducteur, car le chômage concerne tous les pans d’âge, également les plus de 50 ans. Pendant ce temps-là, les électeurs du FN s’effraient de la hausse des prix et de la délinquance. Certes, les prix augmentent, mais ce ne sont pas les chômeurs qui s’en plaignent en premier, plutôt des salariés qui ont déjà un emploi. Cette catégorie d’insérés exprime le sentiment subjectif d’une réalité grandement théâtralisée (l’euro reste associé pour une partie des Français à une perte de pouvoir d’achat). Cette partie du peuple a-t-elle pour autant compris le lien existant entre les conditions économiques et la montée de la délinquance ? Cette corrélation ne l’intéresse pas. Pour elle, c’est la partie émergée de l’iceberg qui prévaut : le prix de l’essence et de la baguette ainsi que les comportements antisociaux. Pour autant, une autre partie du peuple a-t-elle compris la corrélation entre citoyenneté et intégration ?

Désignons ces traits d’électeurs par des vocables.   

On dira les électeurs de l’UMP et du PS « raisonnables », ceux du Modem « idéalistes », et ceux du FN « revendicateurs ». Si l’on rassemblait tous ces traits de caractère, on aurait alors un éventail bien intéressant de l’électorat français. L’électeur serait « raisonnable, revendicateur et idéaliste ». En somme, un Français modéré qui n’oublie pas de se plaindre et de rêver un peu.

Et, au demeurant, c’est de cet idéal-type dont la France à besoin en ces temps de crise et de bouleversements. Avec lui, le pays « saurait raison garder », « tout en étant pour un changement progressif ».

Mais, à l’opposée de cette construction de pensée, le sondage montre que les politiques n’apportent pas les solutions que les électeurs attendent.  Les candidats restent « assez » (49 %) ou « très » (23 %) éloignés des préoccupations de leurs concitoyens. C’est le triste constat d’un profond décalage entre le peuple et les partis politiques.

Les grands partis traditionnels peinent à trouver des solutions pour résoudre les problèmes du chômage, des conditions de travail et du pouvoir d’achat. Le Modem peine à proposer des réponses sensées afin d’améliorer l’accès à l’emploi des jeunes. Et le FN peine à être crédible en cantonnant l’explication du malaise français à la hausse des prix et à la délinquance.

Pourquoi ces distorsions ? Ces partis politiques sont pourtant coachés par des docteurs ès Communication.

On peut d’abord présager que le PS et l’UMP ne peuvent pas apporter de solution définitive à la crise de l’emploi dans ce pays car ils sont bridés par les rouages d’un système économique qu’ils estiment au-dessus des pouvoirs régaliens, du droit et de la politique. Les deux grands partis seraient trop « raisonnables » avec leurs visions rassies. Tandis qu’on peut estimer que le FN est prisonnier de schémas politiques éculés qui ne fonctionnent que par l’instrumentalisation d’un ras-le-bol, d’une fronde et d’une angoisse diffuse qui n’animent pas que les couches dites populaires. Le front national n’épouserait pas assez le principe de réalité au profit de mécanismes émotionnels. Quant au Modem, il parle haut et fort de changement alors qu’il s’est enfermé dans un interstice politicienne centriste qui l’empêche d’opérer de  véritable choix. Pourtant cet interstice pesait autrement plus lourd dans la balance il y vingt ans quand y convergaient radicaux et UDF.

Bref, les uns ne seraient pas assez courageux, les autres seraient trop démagogues ou idéalo-centristes. D’où l’impossibilité des candidats présidentiels d’adhérer aux préoccupations des Français. D’autant plus que chacun d’eux s’exprime à l’envi et sans complexe au nom de tous « les Français » ! C’est une attitude qui va totalement à l’encontre de ce que pensent justement ces Français. Ce nouveau sondage finit de le démontrer. Il démontre ce chacun sait intuitivement depuis longtemps.

Que faire alors de ces traits de caractère divers et partiaux ?

Tentons une idée à la fois surannée, mais pleine d’espérance : les rassembler dans un gouvernement d’Union nationale. Qui sait si une telle union ne serait pas susceptible de sortir la France du chemin de plus en plus épineux qu’elle emprunte ?

Hélas, en France, subsistent des divisions et des haines politiques d’un autre âge. Hélas, en France, une grande partie des élus font carrière. Nombre déploient dans la sphère politique avant tout leur ego. Dès lors, sont-ils prêts à remiser leurs intérêts personnels et corporatiste, leurs oppositions intellectuels et passionnelles afin de conjuguer leurs talents et qualifications à ceux des autres ? Aux autres, autrement dit, aussi bien les membres d’un même parti, clientèle ou baronnie, que les autres. Un voeu pieux sans doute. Ah, le bon temps où l’on entrait en politique pour accomplir une tâche précise au service de l’intérêt général, avant de repartir seulement enrichi et auréolé de la gloire du travail bien fait !

Quitte à imaginer un avenir décongestionné : pourquoi les Français ne se mettraient pas à suppléer les élus, au travers de leur vie personnelle, familiale, de quartier, associative, professionnelle ? A eux de trouver le courage d’oublier les différences et griefs passés afin de restaurer une confiance évanouie et s’unir pour affronter un destin radicalement nouveau.


 

* Les candidats restent « assez » (49 %) ou « très » (23 %) éloignés des préoccupations de leurs concitoyens. Seulement 27 % des personnes interrogées estiment que les prétendants à l’Élysée sont proches de leurs inquiétudes.

L’enquête révèle également qu’à la question « quel candidat propose les meilleures solutions aux problèmes quotidiens? », 29 % des Français répondent « aucun ». Une réponse privilégiée à la fois par les catégories socioprofessionnelles favorisées et défavorisées. De plus, les réponses apportées par les candidats sont « moins concrètes » qu’en 2007 pour 30 % des Français. Ils sont deux fois plus (59 %) à les juger « ni plus, ni moins concrètes » et trois fois moins à les estimer « plus concrètes ».

François Hollande apparaît le candidat qui propose les meilleures réponses pour 24 % des sondés, 20 % préfèrent  Nicolas Sarkozy et 16 % Marine Le Pen. Viennent ensuite François Bayrou (15 %), Jean-Luc Mélenchon (9 %) et Eva Joly (7 %).

 

Opéra, un mariage secret

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A l’Opéra de Rennes, pas de scandale en perspective pour les fêtes de fin d’année. La grande salle programme une comédie musicale de Cimarosa. Sous le plafond signé Lemordant, les Rennais et les Rennaises en tenue de Saint Sylvestre devraient apprécier la représentation.

Que l’on se rassure, les planches de l’opéra ne résonneront pas d’un quelconque spectacle révolutionnaire anti-capitaliste et anti-sarkozyste. Rien de tout cela sous les lambris dorés de notre grand théâtre. Le nouveau directeur ne jouera pas la provocation…

 Samedi soir et dimanche après-midi, le chef-d’oeuvre de Cimarosa sera à l’affiche. Considérée comme l’une des plus étourdissantes comédies musicales du XVIIIe siècle, Le Mariage secret du Napolitain Domenico Cimarosa fit le pont entre deux âges d’or du genre lyrique le plus léger, le plus naturel.

Reposant sur le secret bien gardé d’un mariage entre deux jeunes gens dont l’entourage nourrit pour eux d’autres projets matrimoniaux, l’intrigue n’a rien perdu de son charme grâce à la vivacité musicale mais aussi à la verve théâtrale du compositeur. A découvrir sous la mise en scène de Christophe Gayral et grâce aux chanteurs rassemblés sous la baguette de Giuseppe Grazioli.

Domenico Cimarosa, Il Matrimonio Segreto, Samedi 31 décembre, 20h ; dimanche 1er janvier,  à 16h ; mardi 3 janvier, à 20h ; vendredi 6 janvier, 20h. Tarif de 10€ à 49€.

Après l’Elysée, Valois flashé pour piratage

Après l’Élysée, c’est au tour du Ministère de la Culture et de la Communication d’avoir été passé au crible du site YouHaveDownloaded par les internautes lecteurs de Nikopik.com pour vérifier qu’aucun téléchargement illégal n’aurait transité par les adresses IP de cet organisme gouvernemental, berceau de la loi Hadopi. La pêche a été bonne.

Il a fallu du temps pour scanner plus de 60 000 adresses possibles, l’automatisation des analyses étant encore difficile à mettre en place sur ce service web, mais le site Nikopik y est arrivé. Les résultats sont éloquents. Plus de 250 adresses IP officiellement attribuées au Ministère ont servi à faire transiter du contenu illégal durant les 2 derniers mois.

Un peu de contenu ? Non beaucoup et varié. Une pléthore de films comme Cowboys contre Aliens, Insidious, Captain America, Habemus Papam, Twilight, de la musique, dont le magnifique Tom Waits et l’idole des prépubères Justin Bieber (ou comme disent nos cousins québécois Juste Imbibé), des séries (Mad Men, Terra Nova, Dexter, The Big Bang Theory), des jeux vidéo. À noter également, sans doute dans une division spécialisée du ministère, des logiciels genre Adobe, des dessins animés japonais, des longs métrages et séries en italien. Bien entendu, le porno fait aussi partie de la Culture…

Alors, le ministère de la Culture, un bel hypocrite ? Bien entendu, ce dernier pourra se défendre d’une utilisation artificielle ou frauduleuse de ses adresses. Une défense pourtant difficile à soutenir eu égard à l’étendue du nombre et de la fréquence des adresses pistées. Au pire, si l’on retient l’argument, il faut en conclure que le pistage d’adresse IP n’est pas fiable. Ni pour l’Élysée, ni pour un ministère, ni pour tout un chacun.

A moins de considérer que la Loi ne s’applique pas à ceux qui sont chargés de la faire respecter. Un sentiment hélas partagé par de plus en plus de Français.

 

Carole Martinez, Un murmure délicat…

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La France abrite des romancières de talent… Claudie Gallay, Muriel Barbery et désormais Carole Martinez. Loin des salons et des plateaux de télé, elles collectionnent les succès littéraires et les aficionados. Du domaine des murmures, à lire.

 

Récompensée par les jurés du Prix Goncourt des lycéens aux Champs libres, à Rennes, Carole Martinez n’a pas à rougir d’une telle reconnaissance. Dans sa plume, la richesse du vocabulaire et le style de la grande écrivaine. Elle est à découvrir à l’aube de son nouveau roman mystique et charnelle. Car elle y glisse une brise légère sur nos visages, qui « joue sur nos cheveux, nous fait plisser les yeux et nous chatouille dans le creux de l’oreille. »

Peu de place à l’écriture brouillonne et tatillonne avec Carole Martinez. On est dans le réveil du récit grandiloquent et dans la note musicale des mots. Pour s’en convaincre, écoutons l’auteure décrire le mariage bien improbable de la jeune Esclarmonde: « Somptueusement harnachés et couverts de grelots d’argent, les plus beaux chevaux des Murmures portaient ma litière et toute la mesnie m’accompagnait. C’était grand défilé de montures, de bannières criardes et d’agaçants tintements, grande fête autour de ma petite personne. Sans doute tentait-on de m’épaissir en m’engonçant dans ce vacarme ! »

Dans cet ouvrage paru chez Gallimard il y a déjà quelques semaines, Carole Martinez allie la poésie et la prose et renoue avec la puissance romancière de nos anciens. Créant un univers particulier au gré de sa promenade littéraire, elle rejoint « presque » le monde des Infortunes de la vertu du Grand Sade. Esclarmonde n’est pas Justine…Mais quel délice de revenir dans l’expérience sensuelle et spirituelle ! Et quelle force dans cette scène quasi-biblique où Esclarmonde se tranche l’oreille pour échapper au mariage ! Carole Martinez doit poursuivre son chemin…loin des critiques.

Editions Gallimard, 208 pages, 18 août 2011, 17€
4e de couverture : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son voeu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe. Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et son souffle parcourra le monde jusqu’en Terre sainte. Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d’une sensualité prenante.

 

 

Lois mémorielles > Peut-on et doit-on fixer l’histoire ?

Une loi mémorielle est une loi déclarant, voire imposant, le point de vue officiel d’un État sur des événements historiques. Une telle loi peut donc interdire l’expression de points de vue divergents. C’est le cas d’une nouvelle loi, votée par le parlement français, qui pénalise toute négation d’un génocide, notamment celui des Arméniens, commis par les Turcs en 1915.

 « En matière d’histoire, il faut se résoudre à beaucoup ignorer. » (Anatole France)

« On appelle crime de génocide la conception ou la réalisation partielle ou totale, ou la complicité dans la conception ou la réalisation de l’extermination d’un groupe humain de type ethnique, racial ou religieux. » (définition du terme « Génocide » établie par le tribunal international de Nuremberg)

Tout d’abord, posons le contexte.

Un État européen prend unilatéralement, sans le moindre consensus communautaire, une décision relative à un génocide perpétré un siècle plus tôt dans un pays étranger qui avait pour nom l’Empire ottoman. D’emblée, c’est faire preuve d’une certaine confiance en soi que de s’attribuer un droit universel et des pouvoirs transhistoriques.

D’autant que l’histoire ancienne comme récente nous a démontré qu’il ne faut jamais laisser les hommes politiques s’impatroniser en historiens. C’est une voie royale vers le totalitarisme idéologique ou la dictature d’une doxa démagogique bien-pensante. Qui plus est, les démagocrates actuels peuvent difficilement se targuer d’avoir assez de recul, de neutralité et de connaissances nécessaires pour porter un jugement sur le passé, a fortiori, celui d’un pays étranger.

Si l’on accepte de continuer à leur conférer ce rôle, à quoi va ressembler le monde demain ?

Une planète de casus belli permanents.

Imaginez : demain, la Turquie et l’Algérie décident de conserve de déclarer les meurtres des Algériens de Paris survenus en octobre 1961 comme relevant du crime contre l’humanité. Que fait Paris ? Le même jour, la Grèce et la Russie déclarent le sac de Constantinople crime contre l’humanité et demandent un dédommagement pour l’Église orthodoxe. Quant aux États-Unis, ils déclarent génocide le massacre des huguenots par les troupes catholiques. Quelle position la France et le Vatican adoptent-ils ? Suite à cela, la ville de Toulouse déclare génocide le massacre des Albigeois. Etc.

Et, au fait, pourquoi privilégier tel ou tel génocide : pourquoi les Arméniens et non les Rwandais, les Amérindiens, les Karens, voire les Tibétains. Et que devient la proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794 introduite en 2007 (1) ? A quelle logique et à quels critères d’éligibilité cette sélection répond-elle ?

Voilà le triste avenir des lois mémorielles : un monde où chaque communauté recherchera des reconnaissances historiques auprès de pays plus influents et où chaque gouvernement instrumentalisera ce pouvoir.

Enfin, un jeune communiste nous a expliqué il y a quelques semaines que les millions de morts causés par le système constituaient un sacrifice nécessaire à l’érection du communisme. Bien qu’en total désaccord avec lui et lui ayant exprimé nos arguments, notre conscience et notre discernement nous interdisent toujours de lui interdire de formuler ces horreurs fermentées par sa pauvre et sombre pensée.

Appliquons ce cas à l’exemple des Arméniens. Ils ont subi un génocide. Pour autant, si un Turc, un Israélien ou toute autre personne, refuse de reconnaître ce qualificatif, doit-on les poursuivre en justice ? Doit-on les montrer du doigt en les taxant de mal-pensants ?

Cela étant dit, quels sont les motifs sous-jacents de ce vote ?

D’une part, comme l’ont souligné de nombreux observateurs à droite, à gauche et au centre, la décision hâtive de faire passer ce texte vise la récupération politicienne des voix des Arméniens de France. 500 000 électeurs d’un coup, ce n’est pas négligeable quand on est à la recherche d’une victoire présidentielle incertaine.

D’autre part, il faut noter qu’à l’approche de cette élection de 2012, se mettre ainsi à dos la Turquie et les Turcs présents en France, permet de valider la posture d’une droite gouvernementale qui a le courage de parler haut et fort à un pays islamique et qui refuse catégoriquement son entrée dans l’Union européenne. Bien entendu, des stratèges ès communication ont imaginé que cette posture ne serait pas pour déplaire à un électorat sensible à la question de l’islamisme.

À propos d’Islam, et dans la même logique insensée, à quand un élu qui proposera une loi condamnant le sionisme israélien colonisateur ? Bingo : 5 millions de voix empochés d’un coup. A ce petit jeu de la surenchère, la France sera à feu et à sang en moins de temps qu’il faut pour introduire une loi…

Au final, cette loi est un épouvantail dressé au-dessus de la tête des Français.

Quant à cette méthode politique, elle est la négation d’une approche moderne des relations internationales. De surcroît, elle va accroître les tensions communautaires en France. Jouer à un tel jeu pour des raisons électorales est-il bien sérieux ?

Enfin, faut-il mettre de la transcendance normative là où il n’est affaire que de convergences d’interprétations ? Qui peut s’arroger le droit de fixer une version définitive si ce n’est une conscience omnisciente ? Ce n’est pas le cas de l’histoire officielle qui est un processus dynamique de conjugaisons de narrations subjectives d’événements à un moment donné du temps social et politique. L’histoire officielle est peut-être nécessaire, mais prétendre qu’elle peut rendre l’Histoire, c’est là une bien vilaine fiction.

 Dragan Brkic & Nicolas Roberti

(1) Proposition de Loi

Lois mémorielles > Peut-on et doit-on fixer l’histoire ?

Sondage n°3 > Rennes, vers une Métropole ou un vaste réseau ?

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Souhaitez-vous que le bassin rennais devienne à court terme :

Une grande agglomération de plus de 500.000 h abitants dotée du statut nouveau de métropole.

Un ensemble de villes petites et moyennes au sein d’un réseau d’aménagement solidaire.

Urbanisme rennais, Un appel-pétition veut calmer les appétits

Dans un appel « pour l’équilibre urbain de la Bretagne », des élus et des géographes contestent l’intérêt des grandes métropoles. À peine une centaine d’élus locaux ont signé cet appel qui en irrite bien d’autres, à gauche comme à droite. Sans compter nombre de personnes qui voient dans le renforcement des métropoles un schéma d’administration tentaculaire qui renforce mécaniquement les potentielles déviations clientélistes. Un article d’Alain Le Bloas du Télégramme.

C’est d’abord le gouvernement qui est visé à travers la « volonté nationale » d’inciter à la constitution de grandes agglomérations de plus de 500.000 habitants, dotées du statut nouveau de « métropole » avec, en prime, une « carotte » financière fort appréciable. Pour les signataires de cet appel-pétition, ces « villes dilatées » ont pour effet de « multiplier les navettes entre lieux de résidence et d’emploi » ce qui renforce « l’exclusion et la ségrégation ». Ils défendent le réseau de villes petites et moyennes propre à la Bretagne qui « exprime un aménagement solidaire et une vision partagée de l’aménagement des territoires ».

L’appétit rennais

 

L’agglomération rennaise, la seule en Bretagne à pouvoir atteindre la taille nécessaire, est évidemment mise en cause. D’ailleurs, les deux tiers des élus locaux signataires sont périrennais. Ainsi la cible est-elle l’appétit de Rennes-Métropole, accusée de vouloir la « fusion imposée de certaines intercommunalités ». En priorité les quatre qui jouxtent l’agglomération et forment avec elle le pays de Rennes. D’ailleurs, le président de l’une elles, Daniel Cueff (maire de Langouet et conseiller régional Bretagne Écologie), est à l’initiative de l’appel. Daniel Delaveau, le maire-président de Rennes-Métropole, se dit attristé par cette démarche et se défend de toute volonté d’annexion. Il préfère citer le cas de Laillé. Cette commune du sud de Rennes qui a choisi de quitter son intercommunalité pour rallier celle de la grande ville. Et de saluer cette démarche: « À l’heure de la raréfaction des moyens financiers, la coopération prend tout son sens », écrit-il. En appui, les 37 maires métropolitains ont signé un texte dans lequel ils se félicitent de l’efficacité de l’action publique qui y est menée et invitent d’autres collectivités à la rejoindre.

Seul le Parti communiste

Les partis politiques se gardent bien d’entrer dans ce débat clivant en interne. À en juger par les signatures d’élus, les écologistes et l’UDB semblent toutefois les plus motivés. À droite, on trouve de grands élus emblématiques (Pierre Méhaignerie et Dominique de Legge) suivis par des petits et, à gauche, quelques élus locaux, départementaux (dont le président des Côtes-d’Armor) et régionaux. Seuls les communistes ont pris une position de parti contre cet appel: « La Bretagne n’a pas besoin de fantasme », écrit le président du groupe PC à la région, Éric Berroche.

 

Décision imminente



Ce n’est pas un hasard si toute cette agitation survient alors que le processus de redécoupage des intercommunalités touche à sa fin. La dernière réunion de la CDCI (Commission départementale des coopérations intercommunales) s’est tenue la semaine passée, et le préfet d’Ille-et-Vilaine va publier dans quelques jours l’arrêté précisant les nouveaux contours des communautés de communes et d’agglomération tels qu’ils devraient s’appliquer d’ici deux ans. Il semblerait, malgré les dissensions causées par l’appel, qu’un assez large consensus ait été trouvé pour ce qui concerne la métropole rennaise.

* Du 14 novembre au 26 décembre, 562 signatures ont été enregistrées, dont celles de 107 conseillers municipaux, adjoints et maires.

Alain Le Bloas

(article paru sur le Télégramme.com qui a courtoisement autorisé Unidivers à le publier)
Souhaitez-vous que le bassin Rennais devienne dans les années à venir :

Une grande agglomération de plus de 500.000 habitants dotée du statut nouveau de « métropole » Un réseau de villes petites et moyennes au sein d’un réseau d’aménagement solidaire

Urbanisme rennais : Un appel-pétition veut calmer les appétits

Certains émoluments des députés européens font scandale

Le dernier numéro de l’émission explosif week-end présentée par Nadia Eckes et diffusée chez nos voisins allemands sur RTL a provoqué un petit scandale qui commence à se diffuser sur Internet. Dans le collimateur : la pratique moralement douteuse de certains députés qui viennent encaisser dès potron-minet les émoluments d’une journée qu’ils ne passeront pourtant pas à œuvrer au Parlement. De bien malheureux comportements qui ne sont pas sans rappeler ce qui se pratique à l’échelon national avec les jetons de présence encaissés à la faveur de divers conseils d’administration. Ou encore, les factures d’élus et d’experts missionnés, factures par exemple d’hôtellerie ou de restauration, que ces derniers se font intégralement rembourser sans penser que la personne qui les accompagne, parfois leurs femmes, pourrait avoir la décence de s’acquitter de la moitié.

Hors série Religions Histoire > Bernard de Clairvaux

L’une des personnalités les plus marquantes de l’Église médiévale d’Occident fut assurément Bernard de Clairvaux (1090-1153). C’est à lui que la revue Religions & Histoire vient de consacrer un numéro spécial fort documenté sans être trop spécialisé. Il apporte au lecteur un éclairage ni hagiographique ni iconoclaste sur le fondateur de l’ordre cistercien au travers des contributions de prêtres et d’universitaires. Digest par René Haudoix.

Après une chronologie couvrant la période de 1090 à… 1981 (cette dernière date correspondant au classement de l’abbaye de Clairvaux comme monument historique), une présentation générale et synthétique de la figure de saint Bernard est proposée par le professeur Guy Lobrichon. Elle introduit les lignes directrices de la carrière de ce personnage peu commun.

Né au sein d’une famille de la moyenne noblesse bourguignonne, Bernard a une enfance profondément marquée par l’influence de sa mère, Aleth de Montbard, femme de haute vertu. Les étapes de cette enfance, marquée à l’adolescence par la disparition de la mère, font l’objet du descriptif rédigé par Constance B. Bouchard à propos de l’environnement familial.

C’est à 22 ans, en avril 1112, que cette âme exigeante et soucieuse de se retirer du monde rejoint l’abbaye de Cîteaux, dans le Dijonnais. Bernard y entraîne avec lui une trentaine de compagnons. Trois ans plus tard, il est envoyé sur les bords de l’Aube afin de fonder l’abbaye de Clairvaux. Il en restera le pasteur principal durant toute sa vie. Cet aperçu de la vie monacale de saint Bernard, assorti de l’examen de son influence sur l’ordre cistercien, constitue la substance de l’article écrit par frère Denis Huerre.

Le moine-abbé Bernard, eu égard à l’ampleur de son intelligence et de son discernement, participe  à nombre des grands débats religieux et politiques de son temps. L’épisode fort instructif du « schisme d’Anaclet » (1130-1138) conduit d’ailleurs cet érudit à intervenir au degré le plus élevé de l’Église romaine, au lendemain de la mort du pape Honorius II.

Revenu à Clairvaux, il participe activement à la lutte théologique contre les thèses d’Abélard. Les progrès de l’hérésie cathare l’émeuvent aussi vivement et l’amènent à prêcher dans diverses villes de l’Ouest et du Midi de la France.

Ardent défenseur de la noblesse de la charge apostolique, Bernard fut un propagandiste aussi bien des théories grégoriennes que de la supériorité de l’autorité spirituelle sur le pouvoir temporel.

On ne peut manquer d’évoquer également l’intervention déterminante de saint Bernard dans l’entreprise majeure du douzième siècle que fut la croisade. Dispensateur de la règle de l’ordre naissant des Templiers, au travers du traité De laude novae militiae, il adressera, en 1148, non sans bien des hésitations antérieures, un appel vibrant aux prêtres et nobles réunis à Vézelay.

Tous les éléments biographiques ainsi sommairement évoqués font l’objet de traitements répartis au travers des différentes chroniques formant la trame de ce numéro spécial. Une bonne synthèse de la carrière, de l’influence de ce personnage à la valeur spirituelle exceptionnelle et à l’activité extraordinaire.

René Haudoix

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(1) Religions & Histoire, hors série n° 6 :  « Saint Bernard de Clairvaux » – 74 pages – 8,50 €.

Sommaire : Chronologie indicative – Présentation générale de l’homme B. de Clairvaux– La famille de B. de Clairvaux– Saint Bernard moine  – St Bernard & l’emprise clairvallienne  – Cîteaux & la fondation de ses quatre premières filles par l’image  – L’amitié & sa fonction dans le cercle de B. de Clairvaux – St Bernard & les grandes affaires de son temps – La lutte contre l’hérésie – Le génie de l’écriture – B. de Clairvaux, une référence – Une canonisation difficile – L’iconographie de St Bernard dans l’art médiéval  – L’image d’un moine qui n’aimait pas les images – La postérité de St Bernard aux XVIIe et XVIIIe siècles – B. de Clairvaux au XXIe siècle – Bibliographie

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Du temps de Guillaume le Conquérant, on élevait les églises sur les lieux des supplices

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Guillaume le Conquérant arpenta la terre normande. Non loin de Thury-Harcourt, il fit élever une église…pour une raison bien particulière. Récit d’une construction à une époque où l’on châtiait les traîtres avec cruauté.

A deux pas de Thury-Harcourt, le visiteur dénichera la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, élevée par Guillaume le Conquérant. Durant un séjour dans un royaume conquis par ses soins, le Duc confia la garde de son épouse Mathilde à un homme de confiance, Grimoult.

A son retour, persuadé d’avoir été trahi, Guillaume punit sévèrement sa femme. En fait, le traître était Grimoult. Découvrant sa félonie, il le pourchassa lors d’une chevauchée dont les traces sont encore visibles de Caen à Montchauvet.

Arrivés à Esson, petite commune de la Suisse Normande, les poursuivants retrouvèrent l’ignoble félon, grâce à l’aide d’un berger tremblant de peur. « Bonne nouvelle ! » s’écria Guillaume. Grimoult fut capturé,  supplicié sur place et écorché vif.  Son corps nu fut déchiqueté par des corbeaux. Selon la légende, Guillaume, dans une ultime vengeance, tanna la peau du malheureux, en le plaçant sous la selle de son cheval. A l’endroit même où fut retrouvé le traître Grimoult, Guillaume le Conquérant éleva une chapelle…

Le Rennais Charles Vanel aurait eu 120 ans en 2012

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Charles Vanel est né à Rennes en 1892 et décédé le 15 avril 1989 à Cannes (ça ne s’invente pas…). Il aurait eu 120 ans le 21 août 2012. Il fut acteur et réalisateur. Dans la capitale bretonne, il ne fit qu’une brève apparition…

En surfant sur le site des Archives municipales de Rennes, il est possible de consulter l’acte de naissance du grand comédien. On y découvre que Charles Vanel est né d’un père ébéniste (marié en 1891) et originaire d’un autre département. En revanche, sa famille maternelle est Rennaise, bien Rennaise. Les Tardivel et les Morice furent des facteurs de pianos ou encore des luthiers, rue du Champ de Mars et rue du Pré Botté.

La main au collet
La main au collet

A Rennes, le jeune Charles Vanel vécut finalement très peu…mais il passa sa jeunesse pas très loin, à Saint-Malo. De son enfance malouine, on ne sait que très peu de choses. On devine aisément que sa jeunesse fut tournée vers la mer à tel point qu’il envisagea une carrière dans la marine. Il n’en fit rien pour des problèmes de vue et opta pour le grand écran.

Le grand comédien détient le record de longévité du cinéma français. Il tourna son premier long métrage en 1921 et son dernier en 1987, deux ans à peine avant sa mort. Durant plus de 60 ans de carrière, il apparut dans plus de 170 films, dont Le Salaire de la Peur d’Henri-Georges Clouzot (1952) et La Main au Collet avec Grace Kelly.

En Bretagne, il tourna avec Pierre Schoendoerffer à Concarneau le Pêcheur d’Islande, libre adaptation du roman de Pierre Loti. Une rue porte aujourd’hui son nom, à Rennes, dans le quartier de la Poterie et Francisco Ferrer. Elle relie l’avenue George-Henri Rivière à l’avenue du Haut-Sancé.

 

Ses prix :
Meilleure interprétation masculine dans un second rôle, 1981 au David di Donatello Awards pour le film Tre fratellli, meilleure interprétation masculine, 1957 au Festival International de Cinéma (San Sebastian) pour le film Le feu aux poudres, meilleure interprétation masculine, 1954 au Festival international du Film (Karlovy Vary) pour le film Maurizius, Mention Spéciale, 1953 au Festival international du Film (Cannes) pour le film Le salaire de la peur.

 

 

Le Salaire de la peur, avec Charles Vanel.

JOYEUX NOEL !

En ce jour de Noël, plus de 2 milliards de chrétiens célèbrent la Nativité de Jésus-Christ (qu’ils considèrent comme le Fils de Dieu venu sur terre pour permettre de restaurer la ressemblance perdue avec l’image du Père de toutes choses). Mais ce sont aussi quelques millions de non-chrétiens qui se réjouissent soit de la naissance du Christ (que les musulmans considèrent comme un prophète) soit d’une fête qui plonge ses racines dans les temps païens anciens (symbole du renouveau de la victoire de la lumière contre les ténèbres) ou les temps nouveaux (le père Noël, un personnage créé par Coca Cola il y a un siècle, s’est répandu depuis sur tous les continents). À tous et aux autres, l’équipe d’Unidivers souhaite un joyeux temps de réjouissances.

gëzuar Krishtlindja !  frohe Weihnachten / fröhliche Weihnachten !  gleckika Wïanachta !  merry Christmas / happy Christmas !  ميلاد مجيد (miilaad majiid) !  Shnorhavor Surb tsnund !  Noel bayraminiz mubarak !  vrolik Kersfees !  Eguberri on !  subho baradin !  З Божым нараджэннем (Z Bozym naradzenniem) !  Christmas nay hma mue pyaw pa !  sretan Božić !  Nedeleg laouen !  весела коледа (vesela koleda) !  bon Nadal !  ulihelisdi danisdayohihvi !  圣诞快乐 (shèng dàn kuài lè) ! Nadelek lowen !  bon Natale !  jwayé Nwèl !  jwaye Nowel !  bon Nwel !  zwayé Noèl !  sretan Božić !  glædelig jul !  feliz Navidad !  gojan Kristnaskon !  häid jõule !  gleðilig jól !  hyvää joulua !  joyeux Noël !  frohe Weihnachte !  noflike Krystdagen !  bon nadâl !  Nollaig chridheil !  Nollaig shona !  bo Nadal !  boune Neoua !  Nadolig llawen !  Gilotsavt Shobas !  kala christougenna / kala xristougenna !  mele Kalikimaka !  חג מולד שמח (hag molad saméa’h) !  Krismas ki subhkamna !  boldog karácsonyt !  annuri Ekeresimesi !  naragsak a paskua !  selamat Natal !  gleðileg jól !  buon Natale / gioioso Natale !  sugeng Natal !  merii kurisumasu !  assegass amegass !  Noheli nziza !  Noheli nziza !  Noela we pîroz be !  bon nadal !  souksan van Christmas !  felix dies Nativitatis !  priecīgus Ziemassvētkus !  bón dênâ / bón natâle !  Noël esengo !  su Kalėdomis / linksmų Kalėdų !  schéi Chrëschtdeeg !  среќен Божиќ (srećen Božić) !  selamat hari natal !  Christmas ashamshagal !  tratry ny Krismasy / arahabaina tratry ny Krismasy / arahaba tratry ny Krismasy !  il-milied it-tajjeb / milied hieni !  Nollick ghennal !  meri Kirihimete !  bon Natale !  vrolijk Kerstfeest !  bouòni Calèna !  god jul !  bon Nadal !  bon pasku !  کریسمس مبارک (Christmas mobaarak) !  wesołych świąt bożego Narodzenia !  feliz Natal !  bòn nové !  baxtalo Krečuno !  un Crăciun fericit !  Noheiri nungi / webale Noheiri !  C Pождеством Xристовом (S rozhdestvom Kristovom) !  ia manuia le Kerisimasi !  bona pasca’e Nadale (logudorois) / bona paschixedda (campidanois) !  Срећан Божић (srecan bozic) !  krisimas yakanaka !  Chrismas joon wadhayoon !  suba nattalak wewa !  vesele vianoce !  vesel božič / vesele božične praznike !  dobro dedek !  switi Krisneti !  god jul !  heri la Krismasi !  maligayang pasko !  ‘ia ‘oa’oa e teie Noera !  Nathaar thina vaalthukal !  veselé Vánoce !  สุขสันต์วันคริสต์มาส (souksaan wan Christmas) !  Noeliniz kutlu olsun !  Shuldyr Ymuśton !  Z Rizdvom Hrystovym !  Mừng Chúa Giáng Sinh !  djoyeus Noyé !  אַ גוטע ניטל (a gute nitl) !  UKhisimusi omuhle !

Welcome in Vienna > 1-2-3 chef-d’oeuvre !

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Vienne 1938 : après la Nuit de Cristal et le meurtre de son père par les nazis, Ferry Tobler, un adolescent juif, fuit l’Autriche. Avec un laissez-passer difficilement acquis, il échoue à Prague. Là, Il y fait la connaissance de Gandhi, soldat allemand anti-nazi échappé de Dachau, et d’Alena, une tchèque chargée d’assister les réfugiés. Ensemble et avec d’autres immigrants juifs, ils parviennent jusqu’à Paris. Mais, sans papiers, ils sont arrêtés et internés par les autorités françaises dans le camp de rétention de Saint-Just-en-Chaussée. Profitant du chaos qui suit l’invasion allemande, ils s’échappent et tentent de rejoindre Marseille dans l’espoir de s’embarquer pour les Etats-Unis.

 

Cette trilogie retrace l’histoire d’un groupe de jeunes juifs durant la seconde guerre mondiale. Une fresque humaine, historique et romanesque qui confine au prodige.  La mise en scène, conjuguant adroitement modernité et classicisme, ressemble à une démonstration mathématique qui définit à elle-seule ce qu’est le talent.

Loin d’un traitement commémoratif de cette sordide partie de l’histoire collective, Welcome to Vienna ne retient que des propos d’une vitalité rare au sein d’une histoire qui plonge ses racines dans la profondeur humaine. La vie qui s’y déroule s’installe dans le regard du spectateur qui a osé contempler cette captivante étrangeté. Le vécu des personnages et de l’époque est rendu avec sobriété, sans la moindre surcharge émotionnelle. L’époque déploie son caractère extraordinaire entre un conflit mondiale et un groupe de jeunes gens en prise avec des situations anodines. Les portraits se tissent subtilement en liens et en oppositions sans hésiter à intégrer des ingrédients du bonheur. La description s’opère ainsi dans une intelligence jouissive et communicative.

Hors du commun, hors du temps, hors de nous. Et pourtant si intime.

[stextbox id= »info »]Réalisé par Axel Corti
Avec Gabriel Barylli, Nicolas Brieger, Hubert Mann
30 novembre 2011 (2h 07min)[/stextbox]

Fumer tue !

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Nikolaev est un artiste bulgare qui a installé son atelier dans notre beau pays depuis 2001. Le fil conducteur de toutes ses sculptures est le même : la cigarette. Qu’il consomme à volonté.

Fumeurs et non-fumeurs ont pu contempler lors de la FIAC 2010 ce cendrier (artistique). Pour information, son prix est plus proche de celui d’une chimio que du crâne en diamants de Damien Hirst. Bref, plus onéreux que le modèle estampillé d’une marque d’apéritif.

En céramique émaillé, il est couvert d’une feuille d’or de 18 carats en son intérieur porte la signature de l’artiste Stefan Nikolaev. Si un cendrier sert habituellement à écraser une blonde ou une brune (on parle de cigarettes, bien sûr), cet objet de décoration fera son petit effet lors de la prochaine réception de l’heureux(?) acquéreur.

Évidemment, la métaphore de cet objet qui se consume en même temps que la société se liquéfie a de quoi rendre stérile ou, tout au moins donner envie de prendre l’air.

 Pour l’acquérir, c’est ici.

Les Rennais étaient aussi des pêcheurs au long cours

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Le Musée de Bretagne présentera une grande exposition sur la pêche à Terre-Neuve. On partira à l’aventure sur les bancs du Grand Nord. Surprise de taille, on ne sera pas tout seul. Sachons-le, les Rennais furent nombreux à partir à bord des terre-neuvas (terres-neuves) vers les mers glacées.

 

De part et d’autre du Couesnon, la pêche à terre-neuve fut une activité à part entière de nos marins bretons et normands. De Granville, comme de Saint-Malo et même de Rennes, combien étaient-ils à partir sur les bancs ? Des milliers sans doute…

Pour revenir sur cette histoire maritime, le Musée de Bretagne, situé au sein des Champs Libres, prépare actuellement une grande exposition sur cette pêche du bout du monde, en partenariat avec les musées de Saint-Malo, Saint-Brieuc et Granville. « L’événement culturel mettra en relief l’aventure humaine et les évolutions de cette pratique depuis les côtes normandes et bretonnes, le littoral de Terre-Neuve et celui de Sant-Pierre et Miquelon, » convient Patrick Bailbé, adjoint au maire, chargé des Affaires culturelles.

C’était bien pire que les mines

Le sujet sera d’importance pour la mémoire et l’histoire dans l’Ouest. « Cette activité de pêche a duré cinq siècles. Elle a mobilisé des hommes de tout âge quelquefois venant de nos côtes, mais aussi de Rennes. Elle a été une grande occasion de trouver du travail et d’échapper à la famine. » Ce ne fut pas sans casse pour ces ouvriers de la mer. La mortalité au travail sur les bancs de pêche dans le golfe du Saint-Laurent a été ainsi plus importante que dans les mines du nord de la France entre 1880 et 1914.

Sous la maîtrise d’ouvrage de Rennes métropole, l’exposition sera en fait déclinée en deux thématiques singulières. L’une sera présentée dans les espaces du Musée de Bretagne d’octobre 2013 à mars 2014 puis dans le Musée de Saint-Malo (chapelle Saint-Sauveur) de juin à octobre 2014. L’autre sera programmée au Musée de Saint-Brieuc d’octobre 2013 à mars 2014 puis au Musée du Vieux Granville de mai à septembre 2014.

Rennes métropole prendra en charge l’intégralité des dépenses relatives à la préparation et à la mise en œuvre des deux expos pour un montant total de 550 000 euros toutes charges comprises. Rennes métropole versera 190 000 euros, Saint-Brieuc 40 000 euros, Saint-Malo 40 000 euros et Granville 30 000 euros. Le reste sera financé par des subventions des conseils régionaux, des conseils généraux et des Drac de Basse-Normandie et de Bretagne.

Jean Ziegler > Destruction massive, Géopolitique de la faim

« L’homme qui veut demeurer fidèle à la justice doit se faire incessamment infidèle aux injustices inépuisablement triomphantes. » Charles Péguy

Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008, le polémiste controversé et subversif Jean Ziegler est aujourd’hui vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Professeur émérite de sociologie à l’Université de Genève, il a consacré l’essentiel de son œuvre à dénoncer les mécanismes d’assujettissement des peuples du monde. Il revient avec Destruction massive, un essai placé sous la tutelle spirituelle de Charles Péguy et Georges Bernanos.

«La destruction, chaque année, de dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants par la faim constitue le scandale de notre siècle. Toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Sur une planète qui regorge pourtant de richesses… Dans son état actuel, en effet, l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problèmes 12 milliards d’êtres humains, soit deux fois la population actuelle. Il n’existe donc à cet égard aucune fatalité.
 Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné.» (Jean Ziegler, op.cit., p.12)

Comment y mettre fin ? En prenant d’abord conscience des dimensions exactes du désastre : un état des lieux documenté, mais vibrant de la connaissance acquise sur le terrain par celui qui fut si longtemps en charge du dossier à l’ONU, ouvre le livre. Il s’agit tout aussitôt de comprendre les raisons de l’échec des formidables moyens mis en œuvre depuis la Deuxième Guerre mondiale pour éradiquer la faim. Puis d’identifier les ennemis du droit à l’alimentation. Pour saisir enfin le ressort des deux grandes stratégies à travers lesquelles progresse à présent le fléau : la production des agrocarburants et la spéculation sur les biens agricoles.

[stextbox id= »info »]Destruction massive : Géopolitique de la faim, 2011, Éditions du Seuil, 352 pages, 20 euros.[/stextbox]

Frais de dépassement de découvert > Les banques hors-la-loi

A l’occasion d’une étude publiée fin novembre par l’Observatoire des tarifs bancaires, 60 Millions de consommateurs rappelle que la plupart des banques prélèvent des commissions d’intervention en cas de dépassement de découvert. Mais, curieusement, cette étude omet de rappeler que, dans bien des cas, ces dernières contreviennent à la Loi.

Cette étude sur les hausses et les baisses des tarifs bancaires réalisée par l’Observatoire des tarifs bancaires révèle une hausse de 0,7 % de « commission d’intervention ou frais de forçage » en cas de dépassement d’autorisation de découvert :

« L’ensemble des établissements propose ce service dans leurs extraits au 5 juillet 2011 et le proposait déjà fin décembre 2009. On constate en juillet 2011 un tarif moyen pondéré par la part de marché des comptes de dépôt des particuliers de 8,29 euros contre 8,23 euros en 2009 » (p.15)

Des frais qui viennent s’ajouter aux traditionnels intérêts (appelés « agios »). Pourtant, le magazine 60 millions de consommateurs rappelle avec raison :

« un arrêt de la Cour de cassation du 5 février 2008 précise qu’il faut intégrer les commissions et les agios dans le calcul du taux effectif global (TEG). Mais les banques ne respectent pas cette règle et infligent à leurs clients des frais explosant le taux de l’usure. Or, dépasser ce taux est formellement interdit par le code de la consommation. Selon une récente étude du comparateur en ligne Choisir-ma-banque.com, 122 grandes banques sur 124 sont aujourd’hui hors la loi. »

Le magazine de défense des consommateurs dénonce « des centaines d’euros débités chaque mois sur les comptes de consommateurs déjà en difficulté » et propose un outil pour calculer ce que chacun aurait dû régler à sa banque. L’internaute ne sera pas étonné de constater que ce montant est, la plupart du temps, nettement inférieur à celui que lui a prélevé son établissement bancaire d’une manière unilatérale et au mépris de la Loi.

La conclusion s’impose : le secteur bancaire et financier non seulement agit en marge de la sphère politique et sociale, mais il ne reconnait plus qu’une seule loi : la sienne.

[stextbox id= »info »]Pour info, les banques en ligne sont nettement moins voraces que les banques traditionnelles comme la BNP, le LCL, le Crédit Agricole, etc. Après étude, la banque la plus raisonnable nous semble être… ING Direct.[/stextbox]

 

Entretien avec Frédéric Lenoir

Dans le cadre des conférences organisées par Nouvelles convergences, Frédéric Lenoir était à Rennes le 16 décembre pour présenter une communication intitulée La spiritualité, avec ou sans Dieu ? Le public était présent, les réservations étaient complètes deux semaines avant, le conférencier a conquis son auditoire. Frédéric Lenoir a réservé quelques minutes à notre confrère de RCF, Arnaud Wassmer, et à Unidivers pour répondre à quelques questions relatives au blasphème, au statut de la femme, au syncrétisme, à la parole spirituelle…

 

40 mcube > Antoine Dorotte | Analnathrach, 3/1-12/4

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Du 3 janvier au 21 avril 2011, 40mcube présente Analnathrach, une exposition personnelle d’Antoine Dorotte. L’artiste réalise à cette occasion plusieurs nouvelles œuvres produites par 40mcube : une sculpture qui auto- génère les motifs gravant sa surface, une installation recouvrant d’écailles de zinc la totalité d’un des murs de l’espace d’exposition, des gravures et un nouveau film d’animation dont chacune des images est une gravure.

 

Antoine Dorotte place le dessin à la base de son travail. Il le pratique sur divers supports en utilisant différentes techniques : dessin au feutre, gravure, métal gravé, film d’animation, etc. La gravure est une constante qui se retrouve aussi bien sous forme de papier que sur les sculptures. Elle fournit également les images des films d’animation de l’artiste. Sobre et sombre, son travail de sculpture prolonge l’atmosphère de série B, de polar, de bande-dessinée et de jeu vidéo présente dans ses dessins et ses films. Sous leur apparence esthétique, ses sculptures et ses films sont le résultat d’un traitement violent des matériaux qui sont attaqués chimiquement par des produits corrosifs.

Pour son exposition personnelle à 40mcube, Antoine Dorotte réalise plusieurs nouvelles œuvres produites par 40mcube : une sculpture, une installation, une série de gravures et un nouveau film produit par 36’’. L’exposition donne ainsi une vision d’ensemble du travail protéiforme de l’artiste tout en mettant en évidence les liens existant entre ces différentes formes.

Dans l’espace d’exposition, une sphère de 2,50 mètres de diamètre constituée d’écailles de zinc est posée. Du sommet jaillit un liquide, non pas de l’eau, mais un produit qui coule entre les plaques de zinc et attaque progressivement le matériau. Plus cette fontaine d’un nouveau genre est en action, plus les motifs se multiplient et se creusent dans la matière, faisant de cette sculpture une œuvre corrosive qui, plutôt que s’auto-détruire, s’auto-attaque et par conséquent s’auto-crée.

Sur l’un des pignons de l’espace d’exposition, une installation également constituée de plaques de zinc gravées à l’acide investit la totalité du mur. Collant à l’espace, elle le retourne, inversant la relation intérieur/extérieur d’un bâtiment. Avec la sculpture-fontaine conçue pour pouvoir être présentée dedans comme dehors et le détournement du zinc en écailles habituellement utilisé en architecture pour des toitures ou pignons, Antoine Dorotte crée un espace extérieur qui se joue en intérieur. Sur cette installation qui leur sert de décor sont présentées sept gravures extraites de Move it Piano, film précédent d’Antoine Dorotte, de Fiji, une édition lenticulaire, et de Whirlwind Riding, nouveau film de l’artiste projeté dans la Black Room, l’espace de projection de 40mcube. Ces gravures nous emmènent vers la fiction à l’œuvre dans cette vidéo : une violent tempête fait rage. Un personnage se débat, c’est Miranda PaintOmovie, avec un gros O au milieu, qui virevolte dans la végétation en pleine furie…

Chacun des films d’Antoine Dorotte se répond sans se suivre. L’artiste ne crée pas une narration logique de film en film mais propose des séquences de vie de personnages récurrents. Ainsi, dans Whirlwind Riding, on retrouve Miranda PaintOmovie, déjà rencontrée dans Move it Piano. On l’a vue sur la plage. Dans ce nouvel opus, on la suit en lisière de la jungle. Rappelant l’Irma Vep de Feuillade, Miranda est un personnage hybride, tout comme le paysage qui l’entoure, composé à partir de sources télévisuelles et cinématographiques. Ces collages et interférences sont unifiés par la gravure, chaque image du film étant gravée sur une plaque de zinc. Une même teinte et une même atmosphère énigmatique se retrouvent dans toutes ces scènes brèves qui constituent des boucles muettes. Celles- ci sont à l’image de ce travail en permanente effervescence, plein de rebondissements, où chaque partie est sans cesse réintroduite dans le tout sous un aspect différent.

Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h. Entrée libre.
Visite commentée et accueil de groupes sur réservation.

David Le Breton > Eclats de voix

Anthropologue et sociologue français, David le Breton est professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg et membre de l’Institut universitaire de France. Il est l’auteur, notamment de L’Adieu au corps, Anthropologie de la douleur, Du Silence, La Saveur du monde et d’un roman noir, Mort sur la route. Il revient avec une anthropologie des voix qui sonne bel et bien.

Un ouvrage curieux écrit par un anthropologue qui ne l’est pas moins. Sa connaissance et sa fascination du corps humain l’ont conduit à aborder la voix avec une finesse… inouïe.

Et pourtant, la chose n’était pas facile : c’est quoi la voix ? Définir, son lieu d’habitation, savoir qui du corps ou du langage est son terrain d’épanouissement. Du côté du langage, l’auteur interroge la signification ; du côté du corps, la sensation de perception.

La frontière est ténue. L’humain existe au sens propre grâce à la parole. Un balayage historique intervient alors comme un guide pour comprendre les tenants et les aboutissants du sujet.

En outre, chaque communauté est marquée par une propre voix qui est fonction de la sonorité de sa langue. L’une sera douce, l’autre plus sauvage, l’une défensive, l’autre attaquante, etc. Et que dire des circonstances sociales ou émotionnelles dans lesquelles on utilise et module sa propre voix ?

Si on s’arrête à Rousseau, le lecteur sera invité à se souvenir d’une voix universelle que connaîtraient tous les enfants du monde avant même de savoir émettre le moindre son. Mais ceci était un autre pan, voire une autre question, de cette étude.

Et puis, il y a le silence. Le silence du souffle, de l’aspiration, de l’expiration, du vide. Et ce silence que seuls connaissent les sourds.

Une façon instructive et originale de s’interroger sur notre rapport au monde, en termes de sociabilité, d’échanges, de transmission, d’apprentissage, notamment. Éclats de voix est un beau chant.

[stextbox id= »info »]Métailié, 22 septembre 2011, 281 pages, 20 €[/stextbox]

17 filles, Gestation d’une grâce punk

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Dans une petite ville au bord de l’océan, dix-sept adolescentes d’un même lycée prennent ensemble une décision inattendue et incompréhensible aux yeux des garçons et des adultes : elles décident de tomber enceintes en même temps. Ce film est inspiré d’un fait divers survenu en 2008.

 Pour leur premier film, les sœurs Colin ont puisé dans le réel pour produire ce film à l’atmosphère étrange. Les ingrédients : éveil à la sexualité, dérive sociale, immaturité psychologique, carence de l’encadrement parental, situations ubuesques et propos revendicateurs.

Première qualité de 17 filles : malgré des personnages borderline et une atmosphère somme toute désolante, les réalisatrices ne portent jamais de jugement. Au contraire absence de jugements et ingrédients bien coordonnés conduisent le spectateur vers une observation sans souci de compréhension. Ni jugement, ni traitement intellectuel – un simple regard porté sur un illogisme délirant.

Les actrices sont habitées par une fièvre maternelle à la fois réaliste et surdimensionnée. Entre angoisse et frissons, le spectateur est transporté dans un monde des plus curieux.

Un film d’une grâce punk qui rend un inattendu hommage à la période de l’adolescence. Si la fin n’est pas heureuse, l’ensemble est convaincant et captivant.

Réalisé par Muriel Coulin, Delphine Coulin
Avec Louise Grinberg, Juliette Darche, Roxane Duran
14 décembre 2011
1h 27

Les 6e Gérard de la télé 2011 ont été décernés à…

Michel Drucker, Evelyne Dhéliat, Christophe Hondelatte, Elsa Fayer, Bernard de la Villardière, Yann Barthès ou encore Jean-Marc Morandini ont reçu leur parpaing. Les 6e Gérard de la Télévision ont été décernés mardi sur Paris Première. Les prix remportés : 24 parpaings en béton. Bien entendu, aucun des lauréats n’était présent à la cérémonie. Mais, au final, leur visibilité sur la scène médiatique en sort plutôt renforcée. Voilà donc une amusante manière, quoi que non dénuée de vulgarité et de spectaculaire au sens debordien, de rappeler combien une grande partie des programmes de la télévision française est de piètre qualité et s’emploie à divertir nos concitoyens en les abrutissant. Bref, quelques animateurs antocélèbrent des célébrités qui font de la soupe en espérant à leur tour devenir célèbres. C’est de l’art ou la comédie du lard ?

 

Le « Gérard du pire animateur de l’année» a été décerné à Cyril Viguier pour «Vendredi sur un plateau» (FR3), émission qui vient d’être arrêtée après quelques mois seulement à l’antenne. La pire animatrice de l’année est Elsa Fayer (TF1).

Christophe Hondelatte a été doublement récompensé par le « Gérard de l’animateur qui n’aurait pas dû enregistrer son disque +Dr House+ » et le « Gérard de l’invité-juke-box dans lequel t’as juste à mettre une pièce pour qu’il te rejoue la même chanson ».

Michel Drucker a été distingué par le « Gérard du super héros invincible qui résiste à tout depuis plus de trente ans: aux directeurs de programmes, à la pression politique, aux mauvaises audiences et à la canicule ».

Le « Gérard de l’émission qui a fait un tel krach d’audience qu’on a eu du bol que Standard & Poor’s ne dégrade pas la note de la France dans la foulée » est allé à l’émission culturelle de France 2 , Avant-Premières, animée par Elizabeth Tchoungui.

Autre personnalité joyeusement brocardée, le journaliste Bernard de la Villardière a décroché le « Gérard du monomaniaque » pour « Enquête exclusive » sur M6 qui a très souvent pour thèmes « sexe, drogues, alcool, viols, meurtres et autres enquêtes sans concession dans la filière roumaine ».

Le « Gérard de l’animatrice tellement nulle que tu te demandes ce qu’elle a bien pu faire pour décrocher son poste » a consacré Solweig Rediger-Lizlow (Le Grand journal de Canal+). Le « Gérard de l’animateur qui a trop de dents, et elles sont trop blanches » a été décerné à Jean-Marc Morandini (Direct 8).

Le Sahel menacé de famine

ACF contre la faim lance un plan de riposte pour faire face à la crise alimentaire prévue au printemps dans le Sahel. Des milliers de personnes pourraient être concernées. Il y a urgence…

 

Tout indique une nouvelle crise alimentaire au Sahel d’ici avril 2012. En Mauritanie, où la récolte atteint la moitié de la moyenne de ces cinq dernières années, plus de 700 000 personnes seront menacées par la faim d’ici janvier. Tandis qu’au Niger un million de personnes ont déjà besoin de nourriture. Le Mali et le Burkina Faso sont quant à eux en état d’alerte depuis que leur gouvernement a appelé à l’aide internationale. Au Tchad, la situation est également très préoccupante avec des taux de malnutrition déjà très au-dessus des seuils d’alerte.

Une accumulation de facteurs peut expliquer cette situation dans la région. Les spécialistes avancent notamment les pluies médiocres, les récoltes insuffisantes, la baisse du franc CFA, la limitation des exportations de céréales par le Nigeria, le retour des émigrés de Lybie et Côte d’Ivoire, qui soutenaient financièrement leurs familles…

Face à l’imminence de la crise, Action contre la Faim, avec le soutien financier de l’Union Européenne, a lancé un plan de riposte au Mali, en Mauritanie et au Burkina Faso. Il vise 64 000 personnes afin de couvrir les besoins alimentaires de base et d’éviter une crise comme celle de la Corne de l’Afrique. Des plans du même type devraient être prochainement lancés au Tchad et au Niger.

L’organisation lance un appel à la communauté internationale. « Agir maintenant ne permettra pas seulement de sauver de nombreuses vies, ce sera aussi plus rentable qu’intervenir en urgence au moment où les indicateurs de malnutrition dépasseront tous des seuils d’alarme » explique Amador Gomez, Directeur Technique d’ACF.

ACF fournira un soutien financier aux familles les plus vulnérables pour acheter des aliments là où les marchés locaux fonctionnent. Ce transfert d’argent, accompagné de séances de sensibilisation à la nutrition, sera conditionné par la réalisation de travaux communautaires (réhabilitation de points d’eau, de routes ou de champs) pour les familles. Toutefois, ACF n’écarte pas les distributions alimentaires comme mesures d’urgences dans certaines zones. Elle appelle désormais la communauté internationale, les donateurs, et les gouvernements nationaux à ce qu’ils agissent sans attendre.

Louis Renault > Collaborateur ou… ?

Le constructeur Louis Renault était un amoureux de Chausey, situé en face de Saint-Malo. Dans l’archipel où il n’avait que des amis, les Chausiais avaient fait visiblement un choix. « Il était le bienfaiteur de l’île, » assure Bernard Pichard. Mais dans la grande histoire avec un grand H, le chef d’entreprise était perçu comme un collaborateur industriel. Aujourd’hui, sa famille veut défendre sa mémoire.

Loin de la ferveur îlienne, les descendants de l’industriel ont tenté mercredi 14 décembre de réhabiliter la mémoire de leur aïeul devant la première chambre du tribunal de grande instance de Paris. Ils ont contesté la légalité de la nationalisation de Renault en 1945 dans le but d’obtenir une indemnisation. « L’ordonnance de confiscation des biens est contraire aux principes fondamentaux du droit de la propriété », a déclaré l’avocat des héritiers, Me Thierry Lévy.

Si l’ordonnance est inconstitutionnelle, le tribunal pourra dire que la nationalisation constituait une « voie de fait ». Ce jugement serait une première. « Aucune autre entreprise n’a fait l’objet d’un pareil traitement, même parmi celles dont les dirigeants ont été condamnés par la justice pour des faits de collaboration », poursuit Me Levy, dans les colonnes du Figaro.

Arrêté en septembre 1944, Louis Renault est mort un mois plus tard en prison. Sans avoir été jugé. Sans chiffrer son éventuel préjudice, sa famille dresse aujourd’hui la liste des biens confisqués sans aucune indemnisation. Le fondateur possédait 96,8% de sa société, qui, outre « les usines dites de Billancourt et du Point-du-Jour », comprenait des terrains et bâtiments en Savoie, des « brevets, licences d’exploitation, procédés de fabrication », une succursale à Vilvorde, en Belgique, des immeubles sis aux 51 et 53 avenue des Champs-Élysées et des usines au Mans, pour ne citer que les principaux biens.

Pour Henry Rousso, directeur de recherche au CNRS, toujours dans les colonnes du Figaro, « Renault a indéniablement fait l’objet d’un traitement particulier. C’est la seule nationalisation-sanction prononcée. Les autres répondaient à des motivations économiques ou ont donné lieu à des indemnisations ». Et de poursuivre, « Renault a travaillé pour l’économie de guerre allemande. Avec quel degré d’enthousiasme ou de contrainte ? Cela reste largement à étudier, » estime encore l’historien.

Henriette Walter, linguiste rennaise de renommée internationale publie la Fabuleuse histoire du nom des poissons

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Henriette Walter est professeure de linguistique à l’Université de Haute Bretagne à Rennes. Avec Pierre Avans, elle vient sortir La fabuleuse histoire du nom des poissons. Dommage que les Rennais ne la connaissent pas…

 

 Depuis une douzaine d’années, Henriette Walters s’intéresse aux arcanes du langage. Elle a publié des ouvrages consacrés aux noms des mammifères et des oiseaux (respectivement 5500 et 10 000 espèces répertoriées). Dans un ouvrage récemment sorti, elle évoque La fabuleuse histoire du nom des poissons, un livre qui nous révèle pourquoi la daurade s’écrit aussi dorade, pourquoi le requin a un rapport avec le requiem et le chien et pourquoi le poisson lune porte ce nom. Une véritable plongée parmi les 30 000 races de poissons qui peuplent les océans. Aujourd’hui, Henriette Walter se consacre à deux autres ouvrages: l’un consacré au métissage des langues avec le footballeur Lilian Thuram, l’autre à l’origine du nom des arbres.

[stextbox id= »info »] Robert Laffont, 27 octobre 2011, 495 pages, 24€

Henriette Walter, née en 1929 à Sfax (Tunisie), est une linguiste française, professeur émérite de linguistique à l’Université de Haute-Bretagne à Rennes, et directrice du laboratoire de phonologie à l’école pratique des hautes études à la Sorbonne. Elle a rédigé des ouvrages de linguistique très spécialisés aussi bien que des ouvrages de vulgarisation (comme Le français d’ici, de là, de là-bas). Aujourd’hui, Henriette Walter est reconnue comme l’une des grandes spécialistes internationales de la phonologie et parle couramment six langues. Elle a également publié de nombreux ouvrages parmi lesquels Le Français dans tous les sens, L’Aventure des langues en Occident, Honni soit qui mal y pense, L’Étonnante histoire des noms des mammifères, et La Mystérieuse histoire du nom des oiseaux. La phonologie, ou phonématique, est une branche de la linguistique qui étudie l’organisation des sons d’une langue afin de former un énoncé. Il ne faut pas la confondre avec la phonétique qui, elle, s’intéresse aux sons eux-mêmes, indépendamment de leur fonctionnement les uns avec les autres[/stextbox]

Aéroport Notre-Dame des Landes > Vers une révision du projet ?

Une étude commandée par des élus opposés à la construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, entre Rennes et – surtout – Nantes, met en cause l’utilité publique de cet équipement. Une conclusion que les élus favorables au projet auraient bien aimé éviter.

L’étude a été commandée par le CEDPA, un collectif d’élus peu convaincus de la pertinence de l’aéroport. Réalisée par le cabinet néerlandais CE Delft, spécialisé dans les problématiques environnementales, cette étude, rendue au mois d’octobre, s’est concentrée sur la question économique. Elle a repris minutieusement, point par point, les travaux commandités en 2006 par l’État, les enquêtes publiques ainsi que la déclaration d’utilité publique de 2008.

Un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes a été proposé parce que l’aéroport de Nantes-Atlantique aurait été près d’atteindre sa capacité maximale, et nous avons trouvé qu’il pourrait se passer beaucoup de temps avant que la capacité maximale soit atteinte. CE Delft.

Selon le cabinet, l’étude de 2006 a intégré des données incorrectes sinon truquées, notamment un tarif du baril de pétrole particulièrement bas.  Quant à la capacité de la piste, « elle n’est pas contrainte par le nombre de passagers mais par le nombre de vols » ; autrement dit, il suffirait de plus gros porteurs pour s’adapter à la croissance des passagers.

Et l’étude d’enfoncer le clou : non seulement « les coûts d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes excèdent les bénéfices », mais «  la différence principale entre un nouvel aéroport à Notre Dame des landes et une amélioration de Nantes Atlantique est qu’un nouvel aéroport aurait des coûts de construction plus élevés et des coûts de destruction de la nature plus élevés. »

Recommandation : adapter l’aéroport actuel, optimiser les accès et créer une nouvelle piste. Une option privilégiée par de nombreux élus et riverains.

Catherine Lalumière, Une Europe injuste et immature > Serbie et Kosovo

Le 16 décembre, la Maison de l’Europe fêtait ses dix ans à l’Espace Ouest-France de Rennes. À la suite du discours de la fondatrice de cette institution, Jeanne-Françoise Hutin, les invités purent écouter la communication de Catherine Lalumière.

 

La présidente de la fédération française des maisons de l’Europe et ex-ministre a souligné que « les deux valeurs autour desquelles l’Europe s’était construite, la démocratie et la multiculturalité, étaient mises à mal actuellement ». Pour elle, « l’Europe ne marche pas parce qu’il n’y a pas d’Europe des citoyens et parce qu’il n’y a pas de projet européen clair ». En résumé, il faut savoir pourquoi on est ensemble et quel but l’on se donne après.

On remarquera tout de suite que ce constat est dressé par nombre d’intellectuels et de journalistes depuis des lustres, mais sans que leurs réflexions ne rencontrent de caisse de résonance. On pense, côté allemand, à Peter Sloterdijke qui mettait en garde il y a vingt ans les élus sur une construction européenne qui engendrait un “monstre froid” en raison d’une carence du lien affectif et d’un trop-plein  d’économie. Mais voilà, aujourd’hui, c’est tellement la débandade et les cadres supérieurs du destin de l’Europe étant tellement déboussolés que l’échange critique et constructif peut retrouver de la vigueur.

Bien entendu, cette Européenne convaincue qu’est Catherine Lalumière a grandement raison de mettre le doigt là sur les dysfonctionnements. Mais, comme nombre des collègues, a-t-elle peur de désigner franchement les coupables ? Ils sont nombreux. Avant tout, on soulignera le manque d’ambition des vrais Européens et le nombrilisme des eurosceptiques… Les hommes politiques – de tous bords – qui ont omis d’établir un vrai projet européen rassemblant tous les citoyens sous une même bannière de valeurs, de croyances et, surtout, de fonctionnement ? Disons-le sans ambages : la très large majorité de la classe politique, française et européenne, est en grande partie responsable de cette situation. Ayant troqué des idéaux pour des objectifs (liés à des intérêts financiers et électifs), ils n’ont pas su, pu ou voulu mobiliser les citoyens dans la construction européenne.

Aujourd’hui, l’Europe est au plus mal. Ses valeurs premières sont altérées par un repli sur soi, des néo-nationalismes et des bisbilles qu’on n’aurait pas imaginées il y a encore dix ans. Pourquoi ? En raison d’un dépouillement du tissu économique traditionnel, un abandon du pouvoir politique au profit des marchés, un dumping social, une méconnaissance des bénéfices de l’œuvre européenne et, peut-être, un changement de génération – la nouvelle se faisant une conception de la guerre et de la confrontation très distancée. Bref, la mécanique d’intégration est bel et bien rouillée.

Pire, aujourd’hui, ce sont les gouvernements européens eux-mêmes qui s’en prennent aux nouveaux candidats. Quel oubli des fondamentaux et principes d’intégration européenne qui mettait à égalité chaque membre du territoire continental ! Le dernier sommet européen à Bruxelles fournit un triste exemple de ce comportement malheureux de hauts responsables européens : il a été décidé de différer la demande de candidature de la Serbie à février ou mars.

Cette marche-arrière est surprenante. D’autant plus que c’est la première fois que les gouvernements des pays de l’Union ne suivent pas l’avis de la commission de Bruxelles, laquelle s’est clairement prononcée en faveur de cette candidature de façon à récompenser les efforts de ce pays central des Balkans. Au départ, trois conditions avaient été établies par les Européens pour une entrée dans l’Union : transition démocratique, livraison de Slobodan Milosevic, de Ratko Mladic et de Radovan Karadzic.

De son côté, l’Europe, inconsistante et inconstante, n’a pas tenu ses promesses ! Il a suffi que l’Allemagne et l’Autriche fassent blocage (voire notre article), au dernier moment, pour que la belle idée intégratrice européenne disparaisse en un rien de temps. Quelques soldats de la mission Eulex blessés sur des barricades posées par le peuple serbe du Kosovo, ne souhaitant pas vivre dans un pays qu’ils estiment antidémocratique, ont suffi pour faire changer d’avis ces deux puissances qui, il faut bien l’avouer, ont un très lourd « passif » avec les Serbes. À ce propos, le désastre de la Première Guerre mondiale et les massacres de la Seconde Guerre provoquées par les ex-membres des puissances de l’Axe ont constitué une dette en faveur des Yougoslaves, en particulier des Serbes, qui mériterait d’être soldée.

Ce bref rappel du passé n’est pas anodin. On pourrait le prolonger avec le souvenir des deux Allemagnes séparées par le mur de Berlin. À ce titre, il serait logique de se demander pourquoi les Allemands n’ont pas un peu de compréhension et de compassion pour le problème des deux Serbie séparées (ou quatre si l’on compte la Croatie et la Bosnie). Une séparation provoquée par une décision européenne et américaine en 1999 de fonder un pays qui n’existait pas auparavant : le Kosovo. Comment ? En le sortant du giron serbe, sans aucune indemnité pour compenser les pertes matérielles engendrées pour son peuple et sa culture.

Si au moins le Kosovo était un pays démocratique, proche des valeurs européennes, on admettrait moins difficilement la position des Européens les plus tenaces, de forcer les Serbes à enlever leur institution du nord du Kosovo et de reconnaître l’existence de cet État. Mais il n’en est rien. Qui est vraiment au courant de ce qui se passe dans cette ancienne province de la Serbie ? Contrairement à l’envergure médiatique du conflit de 1999, l’omerta règne et les médias occidentaux ne font rien pour la briser. Pourtant les faits sont dramatiques !

Premièrement, la population serbe du Kosovo et la culture chrétienne sont menacées de disparition en raison d’une impossibilité d’exister dans un pays qui ne souhaite pas reconnaître l’autre et sa différence. L’impunité meurtrière y est monnaie courante.

Deuxièmement, toutes les enquêtes sur les crimes perpétrés par les Kosovars se heurtent à des disparitions de témoins ou à des témoins qui se rétractent subitement, voire à une mauvaise volonté de la force de paix d’instruire une enquête, comme dans le cas du trafic d’organes sur des prisonniers serbes. Trafic qui aurait été perpétré à même le territoire albanais.

Troisièmement, pour bien montrer l’état catastrophique de cette caricature de pays, il est utile de rappeler que le Kosovo est considéré comme l’épicentre du trafic de drogue en Europe.

Le directeur russe du service fédéral du contrôle du trafic de narcotiques, Victor Ivanov, vient de déclarer à Ljubljana que « le Kosovo est le principal carrefour du trafic de drogue en Europe (1) » avant d’ajouter qu’en « raison d’événements connus, le Kosovo s’est transformé en plaque tournante du trafic de narcotiques en Europe, en un épicentre qui, d’un côté, est ravitaillé par deux flux : celui de la cocaïne venant d’Afrique, et celui de l’héroïne venant de Turquie, et, d’un autre côté, vise l’approvisionnement ciblé des pays européens. » Selon les informations données par ce responsable des services russes, « à travers le Kosovo passe 50 tonnes d’héroïnes par an, ce qui équivaut à un profit de 3 milliards d’euros, plus de deux fois le budget du Kosovo… »

L’agence de l’État russe a également transmis des indications des services spéciaux de l’Union européenne, qui affirment que les structures criminelles albanaises contrôlent jusqu’à 70 % du commerce d’héroïne en Suisse, Autriche, Allemagne et Hongrie, et 20 % du trafic en Grande-Bretagne et dans les autres pays. Ils sont devenus la principale force criminelle, non seulement de la méditerranée, mais aussi du sud-est européen (40 % de l’héroïne d’Afghanistan  en direction de l’Europe traverserait cette région).

Au vu de ces données, il devient indécent d’exiger uniquement de la Serbie un apaisement de ce conflit frontalier et culturel, qui plus est si on lui demande de reconnaître l’existence de ce pays et de ses frontières. C’est d’autant plus injuste qu’au même moment les Européens ont ratifié l’accord final d’adhésion de la Croatie ! Comment peut-on séparer les cas de la Croatie et de la Serbie ? Et plus encore ceux de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro et de la Macédoine ?

L’Europe inconsciente leur demandait il y a 20 ans de se séparer de la fédération yougoslave sans garantie pour les populations et les frontières et maintenant elle exige d’eux des critères spécifiques séparément !

L’Europe ne peut réclamer de la Serbie la reconnaissance d’une situation épineuse qu’elle a elle-même créée ! Bien au contraire, les responsables gouvernementaux doivent dire la vérité sur le Kosovo. Une solution juste pour tout le monde et un territoire décriminalisé – voilà une situation dont n’ont cure les politiciens chevronnés de l’Europe alors qu’elle correspond à une aspiration de millions d’hommes et de femmes.  Alors, qui tue l’Europe ?

(1) Agence Tanjug, 13/12/2011, Ljubljana (article sur le site B 92)

Allemagne et Serbie > Après l’incendie, le chantage

La chancelière allemande Merkel vient de rendre visite, le 19 décembre, aux forces allemandes engagées dans le maintien de la paix au Kosovo. A cette occasion, elle a déclaré sur l’aéroport de Pristina, en présence du premier ministre kosovar albanais, Hasim Taci, que « les Allemands ont posé comme conditions aux Serbes, pour l’acceptation de leur candidature à l’entrée dans l’union européenne, la mise en place d’échanges commerciaux bilatéraux avec le Kosovo, l’établissement d’un contrôle aux frontières et la disparition des structures administratives parallèles serbes au nord de la province ».

Ce revirement et quasi-chantage allemand a débuté ces derniers mois. Que s’est-il passé ? Les médias français ont très peu évoqué cette crise alors que la France soutient fermement une position diamétralement opposée à celle de leur voisin allemand, comme d’ailleurs la totalité des membres de l’Union européenne.

En fait, tout a commencé le 26 juillet dernier : alors que les négociations entre Serbes et Kosovars avaient débuté sous l’égide de l’Europe, les unités spéciales kosovares ont soudainement pris de force le poste frontalier de Brnjak jusque là tenu par les Serbes. Il s’en est suivi la mise à feu du poste voisin de Jarinje par des éléments serbes incontrôlés. La tension fut grande. Sans l’interposition de la Kfor,  le conflit guerrier aurait pu se rallumer.

Les Serbes ont aussi appris de leurs expériences du passé. Au lieu de fanfaronner avec leurs armes, les civils ont établi des barricades, espérant peut-être par là que cette révolte citoyenne toucherait l’opinion publique occidentale. Mais cette stratégie n’a pas été payante en raison du peu d’intérêt que portent les médias occidentaux aux Serbes, stigmatisés à vie comme les assaillants…

Cela a même tourné au vinaigre. Les civils serbes et la Kfor se sont étripés tandis que la force de paix essayait de débloquer les routes. Deux soldats allemands ont été blessés au cours de ces échauffourées. Angela Merkel s’est vite emparée de cet événement pour exercer nettement de nouvelles pressions sur la Serbie. En arrière-fond, elle demande ni plus ni moins que la reconnaissance d’un Etat kosovar.

L’Allemagne prend là une position isolée, en se comportant comme « la » Puissance européenne, décidant à la place des autres.

Cette posture est risquée. Elle met à mal l’intégration d’un pays européen qui a prouvé sa bonne volonté et mérite de rentrer dans l’Union sans aucune contestation. Angela Merkel devrait plutôt s’attacher à trouver une solution équitable au problème kosovar. Sinon, il faudra attendre un changement de majorité aux prochaines élections pour voir une autre politique étrangère plus équilibrée.

DANS LES FORETS DE SIBÉRIE, SYLVAIN TESSON EXPÉRIMENTE LE TEMPS

Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché d’être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Passer six mois dans une cabane en Sibérie, au bord du lac Baïkal, avec pour seuls voisins proches les arbres, les ours et la neige, c’est le choix qu’a fait Sylvain Tesson pour expérimenter le temps. La notion de temps est-elle la même pour un Parisien que pour un ermite ? Peut-on se supporter soi-même lorsque les seules occupations sont couper du bois et pêcher ? Ce sont ces questions et beaucoup d’autres que va se poser Sylvain Tesson, ce globe-trotteur amoureux de la Russie.

Divisé en six parties représentant les six mois passés loin de tout (de février à juillet 2010), ce récit est rédigé à la manière d’un journal de bord : tous les jours sont égrenés. Avec un froid dépassant parfois les -30° C, la cabane devient un refuge, presque une matrice chaude, où l’auteur se surprend à ralentir ses gestes, à « blanchir » et à regarder par sa petite fenêtre avec un intérêt immense. Les montagnes, le lac gelé, la neige, les arbres, les animaux deviennent son environnement, sa vie. Une pointe d’étonnement lorsqu’il se rend compte que sa vie « d’avant » ne lui manque pas ? Incroyable de se passer aussi facilement de la vie que l’on mène depuis toujours. Et quelle joie aussi de remarquer que dans cet univers l’ermite ne nuit à aucun être vivant, sauf l’arbre qu’il débite et les poissons qu’il mange. Une dimension spirituelle émerge de chaque tâche de la vie quotidienne.

Deux idées fortes nourrissent la puissance de cet ouvrage. La première : l’homme seul ne peut pas être tout à fait convaincu de la justesse de sa perception du monde, si aucun compagnon n’est là pour le lui assurer. La nature est-elle comme l’homme la voit ? La seconde, d’une justesse étonnante, s’ancre dans une seule phrase de l’auteur : « l’ermite ne s’oppose pas, il épouse un mode de vie » Une vision philosophique et spirituelle du monde naît au contact de cette vie atypique. Des contemplations aussi étranges : regarder les fines particules de poussière au travers d’un rayon de lumière.

Mais ce récit n’est pas dénué de points négatifs. Quelques réflexions apparaissent superflues. Par exemple, l’auteur remarquant la présence du Da Vinci Code de Dan Brown chez un ami, il en conclut à une « baisse de civilisation ». Snobisme ou arrogance ? Quelle que soit la réponse, nombre de lecteurs pourront s’en trouver froissés. Autre cas, sa soeur accouche lors de son séjour ; il en parle sans aucune tendresse ni un minimum de gentillesse. Pour l’auteur, cet enfant n’est qu’un nouvel habitant dont la Terre ne voudra peut-être pas.

Cela ne grève en rien l’excellente maîtrise de la langue française de Sylvain Tesson, son rythme parfois lent, parfois véloce. Le vocabulaire est riche et procure beaucoup d’émotions. L’exercice est donc réussi et le lecteur se demande comment le retour à la société parisienne s’est effectué. Ce livre fait réfléchir au sens, au sens de la nature et à celui de la société de consommation.

Marylin Millon

Dans les forêts de Sibérie. Sylvain Tesson. Éditions Gallimard, septembre 2011, 18 €.

Sylvain Tesson

Écrivain, journaliste et grand voyageur, Sylvain Tesson est né en 1972. Après un tour du monde à vélo, il se passionne pour l’Asie centrale, qu’il parcourt inlassablement depuis 1997. Il s’est fait connaître en 2004 avec un remarquable récit de voyage, L’Axe du loup (Robert Laffont). De lui, les Éditions Gallimard ont déjà publié Une vie à coucher dehors (2009) et, avec Thomas Goisque et Bertrand de Miollis, Haute tension (2009).

David Foenkinos, La délicatesse, délicate delicatessen

« François pensa: si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire: chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques: évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, c’est parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
 – Je le vis prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie. 
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »

 

À quelques jours de la sortie de l’adaptation cinématographique de ce livre par les frères Foenkinos, la lecture donne-t-elle envie de se jeter dans une salle de cinéma ? La réponse est oui.

Avant de commencer, sachez que cette histoire n’a rien d’extraordinaire. Elle est somme toute très banale et susceptible d’arriver à chacun de nous.
 C’est l’histoire de Nathalie, une jeune femme mariée à François. Leur amour file son petit bonhomme de chemin jusqu’un dimanche où François ne revient pas de son jogging. Renversé par une voiture. Coma. Décès. Dès lors, Nathalie va tenter de continuer sa vie comme elle le peut. Un jour, elle fait la connaissance de Markus sur son lieu de travail.

Où est l’originalité, le petit plus qui fait de l’ensemble un beau livre ? Il repose au sein de l’écriture et dans la façon dont l’auteur conte cette histoire.

Au début du roman, le deuil est exprimé non pas crument, non pas avec jugement, mais d’une façon très douce. Nathalie tente de s’en sortir en acceptant qu’elle ne reverra pas son mari. Très entourée par son entourage, chaque jour voit son lot de bonnes âmes qui viennent lui parler, la distraire. Difficile pour les proches d’imaginer que l’on peut se remettre doucement en restant seule. Oui, il faudrait qu’elle retravaille et non qu’elle végète. Mais comment fera-t-elle après une journée de travail normal, quand François ne sera pas là pour l’accueillir ?

Des mots simples, des réflexions touchantes, pour exprimer un désarroi, pour tenter de comprendre la reconstruction après une mort violente.

Tout au long des 209 pages du roman, le lecteur suit l’évolution de cette femme qui se réfugie dans le monde professionnel pour s’occuper l’esprit. La délicatesse : un titre tout à fait approprié, puisque les personnages autour d’elle font montre d’attentions délicates ou, au contraire, en sont dénués.

Les nombreux chapitres du livre sont souvent entrecoupés de didascalies telles que : Résultats de ligue 1 le soir où Charles comprit qu’il ne plairait jamais à Nathalie. Les petits riens du quotidien prennent un autre dimension à la faveur d’un évènement qui marque la vie d’une personne. C’est si juste que ces petits riens deviennent simplement lumineux passée l’insignifiance première.

Un roman d’une délicatesse magnifique. Certes, banal, mais ancré dans un quotidien qui pourrait être celui de chacun. C’est bien écrit et fluide dans l’enchaînement.

Marylin Millon

Non nous n’allons pas parler de l’adaptation cinéma mais bien du livre qui en est à l’origine et sorti il y a quelques années. L’idée était de comprendre comment une histoire à l’apparence aussi banale peut amener un succès puis une adaptation cinématographique.

Quand je dis banale, j’exagère à peine tant la bande annonce cinéma nous vend une histoire d’amour entre une jolie jeune femme sortant d’une dépression et un homme jugé moche par ses pairs. Le roman nous montre quelque chose d’un peu plus complexe que cette publicité simpliste. En effet, cette jeune femme est veuve et reprend son travail après une période de deuil. Son patron est amoureux d’elle et cédant à une pulsion elle embrasse un jour ce collègue suédois (joué par un Belge au ciné!! ) qu’elle ignorait totalement, comme tout le monde d’ailleurs.

C’est vite résumé et là encore, ça ne donne pas forcément envie, même à un amateur de comédie romantique (oui, il y en a aussi parmi le public masculin). En réalité, le livre est original dans sa forme plus que dans son fond. Les nombreux chapitres sont en effets entrecoupés par des listes, des classements, des remarques qui ont un lien avec le contexte et y rajoute une note d’humour tout en apportant un coté “journal”. Forme car ici, le narrateur est omniscient et même plus car il sait tout, sent tout, voit tout, bien plus que n’importe quel personnage. Alors il passe des pensées et actes de l’héroine à ceux de notre anti-héros ou même de ce satané patron.

Le succès de ce livre tient aussi dans le style employé et un certain talent pour les dialogues et les petits commentaires de ce narrateur. Mais à trop vouloir nous faire attendre, il y a quelques longueurs inutiles. Car une histoire d’amour, c’est des hauts, des bas, des attirances, des répulsions soudaines, de la découverte et de ce coté, on peut être un peu déçu. L’auteur se focalise finalement plus sur son héroïne, dont on sent qu’il en est lui même amoureux. Il en oublie un peu son opposé suédois, et donc l’opposition qui finalement n’en est pas une. Il traite plus du veuvage et de la rupture que d’autre chose et sous un dehors de comédie, il traite un drame. En cela, le livre (et donc le film) peut décevoir ou surprendre agréablement.

Ice

David Foenkinos, La délicatesse, Editions Gallimard (20 août 2009), 200 pages, 16€

Caisse d’épargne > Victoire de la Bretagne sur l’Europe

Selon une information révélée par le Parisien, la rémunération annuelle de neuf des dix-sept patrons des caisses locales de la caisse d’épargne varie entre 245 000 euros et 435 000 euros en 2011. En deuxième place, Didier Patault, président du directoire de la caisse d’épargne Bretagne-Pays-de-la-Loire atteint le demi-million d’euros grâce à la part variable. Bien plus que les  367 863 euros empochés par Trichet à la Banque Centrale Européenne. Alors, elle n’est pas belle la victoire des régions…

Au fixe de 320 000€ que reçoit Didier Patault s’ajoute une part variable qui s’établit autour de 65 % du précédent montant. Soit une trentaine d’années de SMIC encaissée chaque année. Certains trouveront cette rémunération exorbitante, mais il faut relativiser : une fois les impôts prélevés, Didier Patault n’a même plus 750 € pour survivre au quotidien !

Certes, à l’instar de ses homologues, il impose à ses salariés une rigueur salariale, dictée notamment par la conjoncture, sans se l’imposer à lui-même. Qui n’a pas ses petites contradictions…

Reste un point en suspens. D’un côté, les représentants du Sud ont publié « les seuls chiffres qu'[ils ont] réussi à arracher à l’omerta des patrons ». De l’autre, l’Écureuil affirme que les rémunérations des dirigeants de l’écureuil sont discutées en toute transparence lors de « conseils d’orientations et de surveillance » auxquels participent les représentants des salariés. Que signifie donc cet exploit contre une soi-disant omerta si ces derniers sont parfaitement informés des chiffres ?

Sans doute la transmission entre représentants et personnel représenté se fait-elle mal… Quant aux salaires montrés du doigt, ils dépassent de loin la ‘limite de la décence’, fixée à vingt fois le salaire le plus bas de l’entreprise. À quand le bon sens près de chez nous ?