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Sondage > Diriez-vous que l’urbanisme rennais est…

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Diriez-vous que l’urbanisme rennais est…

plutôt végétal
plutôt minéral
trop végétal
trop minéral
bien équilibré entre végétal et minéral
sans opinion

France Soir disparaît > La presse ne rigole plus

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Vendredi noir pour France Soir…Le magnat russe Alexandre Poutgatchev décide de passer son journal sur le net. Signe des temps sans doute…versons tous une petite larme de regret et de nostalgie pour sa disparition.

 

Quotidien d’un autre siècle, France Soir a bercé l’enfance des Français et des Françaises. Il noircissait nos mains et égayait le café du matin. Barré d’un grand titre en noir, il traitait bien souvent le côté le plus sombre de notre société. Parfois, il était un brin racoleur. Mais quel talent dans ses plumes ! C’était l’époque où les journalistes devenaient écrivains, et la tournure d’esprit et de phrases était toujours juste.

Les articles étaient évidemment longs, très longs et cassaient les pieds des secrétaires de rédaction qui devaient les mettre en page. Mais c’était le temps où l’on aimait écrire et lire. C’était l’histoire d’une presse où Joseph Kessel, Boudard et Labro côtoyaient Jean-Paul Sartre et le talentueux Simenon. A France Soir, on ne se refusait rien, surtout pas le talent.

Au contraire de nos quotidiens d’aujourd’hui formatés et inféodés à des intérêts particuliers, dans leurs « papiers » et dans leur esprit, l’aventure était au coin des pages. Car au siège de ce canard, on était dans le monde du réel et non dans les allées des cénacles politiques et des entreprises du Cac 40 où les chefs sont trop lisses et les dérapages sanctionnés à coups de règle. A France soir, on n’oubliait jamais de se marrer, de boire un coup, de s’engueuler et de réfléchir un tant soit-peu.

Loin du monde de la presse d’aujourd’hui, le journaliste à la papa était celui de Pierrot Lazareff, un patron de presse formé à la dure. Le petit cancre avait en effet fait ses classes dans la rue et non sur les bancs de sciences-po. « Dès la communale, au pied de la butte Montmartre, ses copains étaient Ray Ventura, Jean Gabin ou encore Marcel Bleustein-Blanchet, » se souvient Yves Courrière dans une biographie consacrée au grand patron de France soir.

En salopette de service, Pierre Lazareff arpentait le Tout-Paris pour dénicher des infos et écrire des papiers de dix lignes à peine. Mais dans son regard, le vagabond de l’actualité respectait déjà les  principes du journalisme : voir, savoir, savoir-faire et faire-savoir. Pierre Lazareff était un travailleur infatigable, un petit homme d’énergie et de savoir. « Jeunes hommes, n’oubliez jamais que les gens sérieux ne sont jamais graves et les gens graves jamais sérieux, » aimait-il dire à ses jeunes journalistes. Il leur répétait également : « le premier devoir d’un journaliste est d’être lu. » A la tête de son journal, ses successeurs ont oublié le mot d’ordre…formatés sans doute par les règles de la rentabilité, de la vassalité et de la peur de dire les choses.

Illuminations de Noël sur la mairie de Rennes, Du triple A au triple 0

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À Noël, la façade de la mairie de Rennes est illuminée de mille feux. Le spectacle est devenu un rituel. Alors que les illuminations de la société Spectaculaires présidée par Benoit Quéro sont toujours d’une excellente qualité technique, narrative et chromatique, cette année, elles en ont refroidi plus d’un… et pas seulement pour une question météo. Hélas, quand le politique s’en mêle… l’artistique trinque !

 

Samedi soir, du monde et encore du monde devant la mairie de Rennes pour le spectacle de sons et lumières. Il fallait être là pour assister à la nouvelle version du conte du Petit géant. Sous la pluie diluvienne, ce fut la douche froide pour beaucoup, que dis-je le bain…honni. Preuve en est, le peu d’empressement des Rennais à applaudir la prestation scénique.

Pourtant, rien à dire techniquement… Il y avait bien quelques effets spéciaux déjà vus : l’habillage coloré des colonnes de la mairie et la pendule tournant à la vitesse grand V. Mais pour le reste, les spectateurs ont trouvé tout simplement « extras » le tourbillon lumineux, les explosions de lettres et tutti quanti… Du grand Benoit Quéro, du grand Spectaculaires.

En revanche, que dire du conte en lui-même ? Navrant, tout simplement navrant. Il est difficilement compréhensible qu’en ces temps de Noël les concepteurs aient tenté de coller à l’actualité économique aussi triste soit-elle… Que diable, il faut un peu de joie, de bonheur pour nos chères têtes blondes. Mais voilà, le politique, autrement dit la municipalité rennaise qui est commanditaire, s’en est mêlée. Bien sûr, le client est roi… Alors le client dit ce qu’il veut dire et ce qu’il veut que les autres entendent. Et l’artiste se soumet, car il faut bien qu’il mange. On aurait toutefois aimé un peu plus de finesse dans les suggestions idéologiques suscitées par cette période préélectorale. Car quand on passe un message, on évite de l’inscrire en grosses lettres, même avec un triple A. On le fait de manière moins pataude, moins lourdaude. Et puis quoi, c’est Noël, c’est la trêve des confiseurs !

Nous ne sommes pas des chantres du Sarkozysme et de l’UMP, loin de là. Mais donnez aux personnages de ce conte les prénoms de Prince Jean (cf. Jean Sarkozy) et de Bernadette, c’est faire preuve d’un snobisme bien facile… et prendre les spectateurs et administrés de la Ville de Rennes pour des nigauds. La crise mérite un traitement beaucoup plus sérieux que des blagues vaguement potaches. C’est dommage. La commande de la mairie de Rennes aura complètement raté le Noël 2011 des Rennais… Alors qu’on espérait de la joie dans un concert de sons et de lumières, la municipalité vient de nous donner un triste exemple de communication politique d’Ancien Régime.

Jean-Christophe Collet et Nicolas Roberti 

Guerre des pauvres au marché des Lices de Rennes > Glaneurs contre recycleurs

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Signe des temps. A l’heure où les Rennais trinquent aux terrasses des cafés, le marché des Lices devient le théâtre d’une guerre pas comme les autres. Entre recycleurs et glaneurs, on se bat pour un morceau de pavé rennais et récupérer les reliefs, voire les “restes”.

 

Tous les samedis matins, le marché des Lices est devenu un lieu de rendez-vous pour toutes les couches sociales. A 6 h du matin, les fêtards finissent leur soirée par une galette saucisse. A 9 h, les cheveux blancs font leurs emplettes et à 12 h, les bobos prennent le relais. Mais dès 13 heures, les glaneurs passent à l’action. Fouillant dans les étals, ils récupèrent les restes, légumes et autres fruits pour leur pain quotidien.

Dans des temps récents, la presse a fait souvent écho de ces pauvres de l’ombre qui fourmillent en « grappes vivantes » dans les allées des Lices. Triste spectacle d’un monde laissé à l’abandon par les nantis du système. Loin d’être en baisse, les « glaneurs » sont même de plus en plus nombreux aux Lices. « J’en vois de plus en plus, » confirme l’employée d’une fromagerie. « Ils entrent en action dès 13 heures. »

A l’heure de la crise, les « fouilleurs » des lices retrouvent désormais sur leur chemin les employés d’une société chargée de recycler les cartons et autres cageots des marchands. Aux dires de certains, la concurrence serait rude entre ces deux castes, les glaneurs et les recycleurs. « Les premiers ne se battent pas pour récupérer les pommes dans un carton, » explique le patron de la fromagère “mais c’est tout comme… Ils n’ont parfois pas le temps de farfouiller ou n’osent pas tout simplement. De peur d’être montrés du doigt par les ouvriers de la société de recyclage. »

Que faire ? Faut-il désormais organiser le temps de passage des glaneurs et des recycleurs ? Faut-il encore demander aux commerçants de trier leurs déchets ? Au-delà de ce conflit de voisinage d’un autre temps, on ne peut que déplorer encore une fois la bêtise d’une telle situation. Que c’est triste notre XXIe siècle : se battre pour un kilo de pommes de terre…

Guerre des pauvres au marché des Lices de Rennes > Glaneurs contre recycleurs

Michel Peyramaure L’orange de Noël

A la fin de l’été 1913, Cécile Brunie, toute jeune institutrice, arrive à Saint-Roch pour y prendre possession de son poste. Dans ce petit village de la basse Corrèze où le curé fait seul la loi et où prospère une école catholique, elle est accueillie comme le diable en personne. Nul doute que, comme ses prédécesseurs, elle ne puisse tenir que quelques mois devant le redoutable abbé Brissaud qui, chaque dimanche, tonne contre l’école sans Dieu et ses suppôts. Mais Cécile fait front, résiste aux injures, aux provocations, aux calomnies et, peu à peu, gagne la confiance du village et voit se peupler son école. Au terme d’une année terrible, sa victoire aura le visage heureux de la petite Malvina Delpeuch, que chacun considérait comme une demeurée et qu’elle aura réussi à conduire jusqu’au certificat d’études.

 Dans ce livre, amour et histoire des campagnes se côtoient. Un roman du terroir qui met en scène une jeune institutrice, Cécile Brunie, et une demoiselle de quatorze ans passant pour simple d’esprit, Malvina. Ces deux êtres que tout oppose vont se trouver et s’apprivoiser tout au long d’une année scolaire.

La narratrice est Malvina Delpeuch à l’âge adulte. Elle raconte une année scolaire de son enfance passée à Saint-Roch, village de Corrèze, en 1913/1914. Considérée comme attardée mentale par la population, on ne s’occupe que très peu d’elle. Elle vit ainsi de façon très libre, à la manière d’un animal.

Lorsque Cécile arrive au village pour enseigner à « la communale » ou école laïque, elle est prise pour cible par le curé et ses partisans. Malvina suit le mouvement et la prend en grippe. Mais une chose va tout changer : Cécile, elle, ne croit pas à la « maladie » de la jeune fille.

En la prenant sous son aile, l’institutrice va changer sa vie et la faire sortir de sa bulle. Cela passe par l’apprentissage du français et la confiance en soi. Petite révolution pour les villageois, Cécile ne s’arrête pas là. Elle va tenir tête au curé, l’abbé Brissaud, qui la dénigre lors de ses offices : le problème étant que Cécile représente l’école laïque.

Ce roman, très simple, doux, sans rebondissement, est très agréable à lire. Mais surtout, il renseigne le lecteur sur la vie dans les campagnes au début du XXe siècle ; notamment, la séparation de l’Eglise et de l’Etat ainsi que l’apparition de l’école laïque dont les représentants sont perçus comme le diable. Un roman du terroir, certes, mais aussi un roman historique. Le personnage de Cécile montre au lecteur la difficulté d’être une femme seule à cette époque. Une femme seule et libre, qui lit des ouvrages interdits par l’Église mais qui n’est cependant pas athée : un duo qui semble impossible. Peut-on enseigner et prôner l’école laïque, l’école sans Dieu, et être toutefois croyante ? Difficile à faire admettre et Cécile devra se battre pour s’affirmer. Sa victoire, pense-t-elle, ne peut passer que par la réussite de Malvina au certificat d’études.

Un roman agréable et intelligent qui ravira les amoureux d’histoire et de littérature du terroir. Michel Peyramaure, réputé dans ce genre littéraire, fait passer beaucoup d’émotions dans son écriture. C’est ainsi qu’un sentiment de nostalgie pourra s’emparer du lecteur à de nombreux passages de cette lecture.

Marylin Millon

Michel Peyramaure L’orange de Noël, Pocket, décembre 1998, 318 pages, 4 €

Claude Coste Bêtise de Barthes

Que la bêtise soit une réalité de plus en plus présente dans la société n’a rien d’étonnant tant la médiocratie encourage un nivellement vers le bas  dans bien des secteurs. Si le constat est triste, il faut aussi prendre le plaisir là où il est : c’est chose faite avec cet ouvrage consacré à l’une des idoles de notre bonne France intellectuelle, Roland Barthes.

 

Pour lui, la bêtise est doublement intéressante. Il y a bien sûr celle des autres, mais aussi la sienne en propre. C’est d’ailleurs pour mesurer la profondeur de cette dernière que Claude Coste fournit un outil d’étalonnage. Aux plus âgés d’entre nous, il suffit de faire travailler leur mémoire pour se souvenir des attaques virulentes contre Barthes lors de l’avènement de la Nouvelle Critique. Il s’était même fait traiter de ‘con’ par un professeur en Sorbonne. Le milieu universitaire français : ses égos, ses coups bas, ses médiocrités et… ses médiocres.

Barthes est bête. Comme tout le monde ? Tout au moins, comme tout le monde l’est à un moment de sa vie. Reste que son analyse de la bêtise contient aussi l’examen de ses propres errances. Voilà qui est digne d’un honnête homme.

Mais qu’est-ce que la bêtise ? Et surtout dans quel cadre se manifeste-t-elle ?

Bêtise de Barthes retient le versant moral. Et dans toute sa splendeur ! Loin d’une pente savonneuse en direction de la crétinerie, l’erreur ou autres joyeusetés de Cambrai, l’acception retenue est d’un spectre large en retenant une subjectivité radicale. Au diable le stéréotype d’universalisme possible en ce domaine.

Dans ce dessein, ce vaste sujet autour d’un auteur qui ne l’est pas moins se révèle à travers les différentes publications, notamment avec le célèbre Fragments d’un discours amoureux, lequel n’est pas dénué d’une certaine… bêtise.

Un livre intéressant susceptible d’introduire d’une manière efficace Barthes auprès de lecteurs qui ne le connaîtraient pas ou peu. Et puis, dès que Barthes est dans le coin, l’entourage est tout de suite un peu moins bête.

 David Norgeot

Roland Barthes, Claude Coste,  14 octobre 2011, 608 pages, 12€
Barthes était fasciné par la bêtise. La bêtise des autres, bien sûr, mais aussi la sienne. Dans la lignée de Flaubert, il confond volontiers la bêtise avec le stéréotype, le lieu commun ou la répétition. Autrement dit, on est bête toutes les fois qu’on se laisse aliéner par la pensée des autres, que l’on n’est pas « soi », et on y échappera en faisant effort pour sortir du lieu commun ou l’investir de sa propre expérience. Mais que signifie « être soi » ? Y a-t-il plus grande bêtise que de croire à une singularité subjective, à une individualité qui échapperait au « fascisme » de la langue, au « déjà » dit de la culture ? Barthes, hanté par la question tragique par excellence, « qui suis-je ? », mise sur la littérature pour se garder de ces deux formes de bêtise. Analysant le malaise et la créativité qui habitent toute son oeuvre, ce livre se propose donc d’explorer la bêtise selon, de et pour Barthes, dans des domaines aussi variés que la littérature, la critique littéraire, la politique, le voyage, le corps ou la « modernité ». Toute action, au départ habile ou avisée, peut produire de la bêtise. Toute pensée, si intelligente soit-elle, peut, en se pétrifiant, en se répétant ou en déclinant, devenir bête. Car la bêtise n’est pas une essence : elle est incluse à l’état latent dans tout geste et toute posture, finalement réveillée par on ne sait quoi : la répétition ? le seuil d’incompétence ? la volonté de plaire ? la mauvaise foi ? Peut-être simplement par ce moment où, paresse ou habitude, on arrête de penser ce qu’on fait, ce qu’on croit. Dans cette collection, des écrivains nous rappellent qu’il n’existe pas de remède définitif à la pétrification de la pensée et que tenir la bêtise à distance exige de constants exercices de vigilance. Leurs essais sont moins des pamphlets que des avertissements et des appels à la responsabilité intellectuelle. Des sortes de « coins » dans la pensée contemporaine. De stimulants éloges de la liberté d’esprit.


Laure Meesemaecker, L’autre visage de Louis Massignon

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« Celui qui aime entre dans la dépendance de celui qui est aimé. »
Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne,

« Mais que cela est triste, de désirer d’aimer, et d’être loin d’elle. J’y pense déjà moins, – et ne sais la regretter autrement que je regrette la chambre familière et commode, – les mains que j’avais coutume de serrer, distraitement, tout ce qui m’aidait, enfin, sans que je m’en doute, à vivre.
Qu’importe.
Il s’agit de rester debout. »
Louis Massignon, dans un texte daté du 22 novembre 1906.

Étrange mais belle étude, qui aurait mérité toutefois une relecture attentive et un chapitrage, que celle de Laure Meesemaecker sur Louis Massignon. La composition de ce livre semble obéir au souci ayant constamment animé l’érudit lorsqu’il a écrit ses propres textes bien souvent remarquables en s’inspirant de l’écriture coranique, dont le principe réside dans la « condensation » également appelée « durcissement » voire, nous dit Laure Meesemaecker, « calcination littérale » : « Mais ce livre [le Coran] n’est pas seulement un code; il appartient à ce genre de livres très rares, qui ouvre une perspective sur les fins dernières du langage, qui n’est pas un simple outil commercial, un jouet esthétique ou un moulin à idées, mais qui peut avoir prise sur le réel, et, en gauchissant sur la syntaxe, comme un avion sur l’aile, fait «décoller» de terre » (1).
L’expression prise sur le réel, utilisée par Massignon dans ce très bel et juste extrait, peut faire sourire, lui que l’on confond désormais avec la légende commode d’une sorte de Lawrence d’Arabie, lui aussi homosexuel (« inverti », écrit Laure Meesemaecker, reprenant le vocabulaire de Massignon), un doux rêveur devant son génie bizarre, bien davantage qu’à une rigoureuse méthode scientifique, aux textes de Huysmans, Bloy et Claudel, qu’il admirait.
Comme l’écrit l’auteur : « Massignon est complètement démodé. Il est érudit, rêveur, un peu fou; il écrit un français admirable, mais n’a rien d’un scientifique et n’importe quel texte de lui ouvert au hasard le révèle » (p. 24).
Problème, donc, de catégorisation de l’œuvre massignonienne : « La seule hypothèse de lecture qui me paraisse tenir la route est celle d’un genre littéraire nouveau, mais non pas isolé, utilisé et peut-être même créé par Massignon, à son corps défendant sans doute : une «étonnante poétisation du discours scientifique» (2), le mélange hardi et un peu inquiétant de l’article d’érudition avec le poème en prose » (ibid.) ou, pou le dire d’une autre façon, c’est « le motif romanesque qui permet de lire Massignon comme un seul long récit, à dominante narrative et de tonalité lyrique » (pp. 31-32).
Ces réserves exprimées et d’autres (3), Laure Meesemaecker n’hésite pas à affirmer que « son œuvre, qui est belle, est capitale pour comprendre comment s’est construite, au XXe, la pensée poétique de l’Islam qui, pour partie, nous tient aujourd’hui lieu de doxa » (p. 25).
L’auteur, pourtant, sur cette question passionnante puisqu’elle semble nous concerner de près, nous donne fort peu d’éléments, puisqu’elle se contente, ce qui est déjà beaucoup, d’éclairer Massignon par ses grands intercesseurs, au premier rang desquels se trouvent Léon Bloy et J.-K. Huysmans. Ainsi est proclamée l’évidence selon laquelle Louis Massignon, d’abord, est un écrivain dont les textes sont innervés par une « poésie souterraine qui nourrit son œuvre de l’intérieur » (p. 57).
Cela ne suffit pourtant pas, car faire de Massignon un écrivain seulement préoccupé d’esthétisme, c’est encourir le danger qui guette tel de ses lecteurs qui, comme Salah Stétié, « se change en thuriféraire d’Yves Bonnefoy, repoussant avec une ardeur épuisante les limites de l’illisibilité » (p. 64). C’est aussi et surtout occulter la quête existentielle évidente dont la littérature n’est finalement qu’un aspect, le plus visible et important sans doute, mais pas le premier, le plus originel, que nous pourrions résumer par cette phrase : « Aller en avant vers Dieu, à fond, à travers la nuit noire où ne brillent que les fusées traîtresses de l’ennemi » (4).
De fait, ce sont les dernières pages de l’ouvrage de l’auteur, fort complexes et qui mêlent un peu trop elliptiquement plusieurs thématiques (la langue arabe comme seule langue véritablement sacrée (5), à la différence du français; le thème, dont Derrida se souviendra dans L’Adieu à Emmanuel Levinas, de l’hospitalité de et par la langue et de son refus, interprété par le prisme de l’épisode biblique de Sodome; l’Islam, dans sa condition de paria, rapproché de l’homosexualité (6) apprise au contact du mystérieux et fascinant Luis de Cuadra, etc.), qui nous rappellent que la figure d’un Massignon se contentant de jouer une petite musique mallarméenne (ou bien byzantine, pour le dire avec Julien Benda) est fausse.
Massignon, tout comme Abraham, semble avoir, très vite, désiré se battre contre Dieu, lui ravir, par l’entremise de la notion de Badalya (7) l’emprise des pécheurs dont le plus singulier, celui qui, tout au long de sa vie, n’a cessé un seul instant de hanter sa mémoire, a été Luis de Cuadra, sur lequel se conclut, et de très belles façons, l’étude de l’auteur qui écrit (p. 158) : « Qui allait sauver Luis de Cuadra, l’orgueilleux «renégat par uranisme» ? C’est la seule question qui, en point de fuite de toute son œuvre, occupa Louis Massignon pendant près de soixante ans. Il a créé cette chose bouleversante et terrible qu’est un poème monumental, à l’image de la Divine Comédie, renfermant un seul nom adoré. « Ô Pâques le matin : noli me tangere», ce mot de pauvresse, ce chant de Madeleine fut celui de Massignon sa vie durant. Le péché, et l’enfer, étaient dans l’imagination et la pensée : l’étreinte fraternelle du Christ, l’honneur des camarades de travail, voilà ce qui permettait dans nos rêves de Pâques la cohabitation chaste des camarades du front de combat spirituel. Sur ce rêve qu’un souffle dissipe, Massignon a construit notre vision de l’Islam. Qui sauvera Louis Massignon ? »
Voici que la chaîne, peut-être, à cette époque creuse qui est la nôtre, du moins en ses figures les plus visibles comme le fut un Louis Massignon, a été brisée de toutes celles et de tous ceux qui ont voué leur charité ad in inferno damnatos.

Juan Asensio (voir l’article sur stalker)

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Laure Meesemaecker, L’autre visage de Louis Massignon (Éditions Via Romana, 2011).[/stextbox]

Notes
(1) Louis Massignon, Situation de l’Islam in Opera Minora, Beyrouth, Dar al-Maaref, 1963, t. 1, pp. 16-7.
(2) Dominique Millet-Gérard, Massignon et Huysmans : « silhouette d’or sur fond noir », in Bulletin de l’Association des Amis de Louis Massignon, n°20, décembre 2007, p. 26.
(3) « Massignon ne saurait être un guide sûr pour apprendre à connaître le monde musulman, ni pour diriger les études d’islamologie » (p. 25). Ailleurs (p. 33), l’auteur évoque la « géniale illisibilité » de Massignon ou sa « ponctuation hystérique » (p. 55).
(4) Lettre à Paul Claudel du 15 décembre 1916.
(5) « Sous son apparence dense et dure, la langue arabe a été de tout temps prédestinée à articuler cette salutation finale, ce dernier mot du pardon. Elle sera la langue de promulgation du Second Avènement, car c’est la langue du pays de Job et de la reine de Saba, d’où les caravanes de chameliers apportent l’encens et la myrrhe qui furent offerts au Sauveur enfant, le nard et les aromates préparés pour l’oindre à sa sépulture, les rameaux de palmes élevés ici-bas devant sa royauté d’un jour, et là-haut pour toujours », Louis Massignon, L’Hégire d’Ismaël, in Les Trois Prières d’Abraham, 1935 et Cerf, coll. Patrimoines, 1997, p. 111.
(6) « La ligne de force de toute l’œuvre de Massignon, c’est la confusion entre le destin de Sodome et la vocation de l’Islam » (p. 138). Homosexuels et musulmans attendent leur réintégration apocalyptique dans la figure du Christ, volontairement rapproché par Massignon du mystique Hallâj auquel il a consacré une thèse aussi fascinante que délirante : «Le maître-mot de [Massignon], c’est l’incorporation, ou la réincorporation, «interato introire et renasci», de l’Islam dans l’Église des derniers temps et toute son œuvre écrit la partition de ce moment grandiose. Le lie ? C’est la Sodome spirituelle des frères séparés, musulmans et «rescapés de Sodome», c’est-à-dire homosexuels, attendant leur réintégration dans le Christ » (p. 135).
(7) En arabe, ce mot, utile pendant à la notion d’intercession apotropéenne chère à Massignon, signifie le « remplacement, [l’]échange avec le soldat tiré au sort; et c’est aussi devenir un des «abdâl», une de ces pierres d’angle rejetées, humbles et cachées, de la Communauté des vrais Croyants au Dieu d’Abraham, qui, imitant Abraham en son intercession, partagent avec lui, selon la légende immémoriale en Islam, de siècle en siècle, l’écrasant (et obscur) honneur de participer à la réconciliation du monde pécheur avec son juge», in Louis Massignon, Explication de la Badaliya, 1947, cité par l’auteur en note 42 p. 163 de son ouvrage.

Marin de Viry Le Matin des abrutis

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 Après avoir lu dans un entretien avec Houellebecq qu’un certain Marin de Viry avait « repris le dossier » de la verve stylistique de Philippe Muray, ma curiosité était suffisamment aiguisée pour me procurer sans tarder ce petit volume du prétendu héritier de l’esprit murayien. Rien que la seule et unique phrase figurant sur la quatrième de couverture du Matin des abrutis me convainquit du bien-fondé de cet achat : « Le monde va si mal que les abrutis n’ont pas l’air con. »

Après quelques pages déjà, l’auteur convoque, au beau milieu d’un rayon de lingerie féminine, quelques figures clé de son univers philosophique et littéraire – Heidegger, Bernanos, Dantec – pour définir ensuite son personnage conceptuel, cousin socialement mieux loti d’homo festivus : « Un abruti est d’abord un possédé. Il ne s’appartient plus, il est le vaisseau d’une volonté de déshumanisation étrangère à son âme. » L’abruti de Viry, son créateur le dit expressément dans un entretien, est un homme évolué et à l’aise financièrement qui rejette consciemment la négativité, alors que le personnage murayien serait plus simple et moins manipulateur

D’emblée, le livre, habilement situé à la croisée des genres, séduit par la posture délicate de l’auteur qui se demande « comment avoir l’air d’être un auteur tout en dormant », et qui craint, du fait de son patronyme, de ne pas pouvoir échapper « à la qualification de pamphlétaire de droite ». Le mélange entre essai et fiction, la fluctuation volontaire entre auteur, protagoniste et narrateur exposent aussi continuellement celui qui écrit, dont l'(auto-)ironie n’exclut pourtant pas une certaine tendresse, une sorte de pitié chrétienne pour ses personnages. Jean, le protagoniste qui forme un couple hilarant avec son épouse Athénaïs, opte pour l’abrutissement afin de s’accomoder du monde moderne.

Avant tout pragmatique, il décide de réduire sa vie intérieure à « la sieste de la conscience », « tout en ayant l’air de penser » d’ailleurs. Le seul antidote à cet endormissement de l’esprit est une certaine tradition littéraire, l’élévation chrétienne de l’Occident, synonyme de « réveil et discipline » – « des notions réactionnaires, qui pourtant sont la condition de la transformation du monde. », écrit-il. Très loin du moindre sens de l’effort, le dispositif psychique de l’abruti est déterminé par deux forces parallèles : un immense « désir d’immunité » – à savoir la volonté de se rassurer dans un environnement socialement et professionnellement familier, de fuir le réel – et « l’imitation constante de ses semblables ».

Avec un beau chapitre sur l’imitation, largement inspiré par René Girard, Viry arrive à conjuguer humour délirant et analyse perspicace. Sous l’angle d’attaque théorique de « la relation franco-allemande vue par Clausewitz », il présente le duo amical Athénaïs-Isabelle à la recherche d’une déco branchée pour leurs apparts respectifs. Tout juste si les aimables copines ne s’égorgent pas dans la course-copie à la tendance – elles sont finalement sauvées par un « référent commun » (autrement dit, les magazines déco) qui leur permet de croire qu’elles ne se copient pas, mais qu’elles suivent LE modèle unanimement valorisé : « L’abrutissement, c’est la paix obtenue par l’originalité de masse », conclue Viry.

Notre abruti qui s’est volontairement mis en veille pour opérer sa transformation personnelle vers le vide sera finalement comblé. Athénaïs, ses copines et l’environnement professionnel de Jean le trouvent dans sa nouvelle coolitude « plus mûr, plus ouvert, plus sympathique ». Bref : « L’énigme de sa transformation lui donne de la profondeur chez ceux qui l’avaient connu un peu crispé. » Pour finir arrive le bréviaire de Jean, sorte de vade-mecum du parfait abruti inspiré par le Dictionnaire des idées reçues. D’âme à zapping, il y a de quoi sourire et rire en abondance ; parfois même un peu trop.

La caricature et l’exagération sont sans doute appropriées dans une époque qui, par sa nature, exagère, comme le faisait remarquer Philippe Muray. Le rire libérateur a beau être thérapeutique, il risque aussi, que ce soit au théâtre avec Luchini-Muray ou ici, chez Viry, d’emporter le spectateur-lecteur sur un nuage d’insouciance. L’équilibre qui manque encore un peu au Matin des abrutis semble par contre atteint avec Tous touristes, autre essai pétillant de Marin de Viry paru en 2010.

Nicola Denis

Née en 1972 en Allemagne, Nicola Denis a consacré sa thèse de Doctorat à la réception de Molière Outre-Rhin et travaille depuis comme traductrice indépendante en Mayenne. Aux éditions Matthes & Seitz Berlin paraîtront à l’orée 2012, dans sa traduction, Un si fragile vernis d’humanité de Michel Terestchenko, Céline de Philippe Muray et Les drames de la mer d’Alexandre Dumas.

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Marin de Viry Le Matin des abrutis, Lattes, 2008, 205 p., 10 €[/stextbox]

Selma Lagerlöf > Le livre de Noël

Au fil de ces récits, aussi charmants que des contes dits à la veillée, on fera la connaissance d’une petite fille suédoise qui reçoit un livre d’étrennes… en français. On découvrira l’origine de la légende de sainte Luce, très prisée en Suède. On saura ce que font les animaux durant la nuit de Noël et comment le rouge-gorge devint rouge. On apprendra qu’une mère peut être jalouse de sa propre fille. On lira l’aventure d’un colporteur, voleur et repenti. On assistera au dialogue entre un fossoyeur et le crâne d’un homme assassiné. Et l’on sera surpris par une confrontation inédite entre Jésus et Judas. De ce recueil, profondément empreint de foi religieuse mais aussi de chaleur et de philosophie, émane ce que l’on appelle volontiers la magie de Noël : un mélange de générosité et de mélancolie, de compassion et de joie, mangifié par le talent de conteuse de Selma Lagerlöf.

C’est un magnifique petit livre de 107 pages qui plonge le lecteur dans l’univers des contes de Noël scandinaves de la fin du XIXe siècle. Son auteure, Selma Lagerlöf (1858-1940), est suédoise. Elle fut la première femme a recevoir le prix Nobel de littérature en 1909. Avec les huit contes rassemblés dans le recueil Le livre de Noël, on entre dans une tradition du conte de Noël différente de la tradition anglo-saxonne plus en vogue. Ici, les récits n’évoquent pas les veillées de Noël ou les cadeaux reçus par les petits enfants. Non, ils s’inspirent plutôt des légendes suédoises qui avaient court dans la région où l’auteure a grandi. Le religieux y occupe une place prépondérante : l’aide de Dieu à ceux qui se conduisent bien, le repentir, la force de la foi, etc. Et tout cela, dans une ambiance hivernale, enneigée et néanmoins chaleureuse.

Au travers de Le livre de Noël, la première nouvelle, une petite fille rêve de recevoir un livre en cadeau : c’est peut-être le seul récit où il n’y a pas de présence divine. La légende de la fête de la Sainte-Luce et Le piège à rats évoquent la charité envers les pauvres et la cupidité. La princesse de Babylone nous raconte en quelques mots le mythe de la tour de Babel. Les quatre nouvelles suivantes nous éclairent sur le divin et la façon dont il sauve les êtres ou leur apporte ce qu’ils désirent.

Ces contes sont à replacer dans une époque pieuse où toute les actions sont réfléchies en fonction de Dieu ou des saints. Beaucoup apprécieront, tout comme moi, la plongée dans un monde de légendes que l’on connaît peu. Les pays scandinaves incarnent l’idéal des veillées de Noël dans des paysages où la neige recouvre tout.

Rapidement lu, ce recueil ravira peut-être plus les adultes que les enfants. Rêve et dépaysement garantis !

Marylin

Actes Sud, Babel, 107 pages, 29 octobre 2007, 6,50€

Monsanto > Action en responsabilité par un agriculteur charentais

Lundi 12 décembre, le TGI de Lyon a examiné la plainte d’un agriculteur charentais de 47 ans, Paul François, contre le géant de l’agrochimie Monsanto. Une nouveau dossier pour l’une des entreprises les plus critiquées au monde.

L’agriculteur accuse le géant chimique de n’avoir pas suffisamment informé des dangers que faisait encourir l’utilisation d’un herbicide, le Lasso. Plus : il est persuadé que les vapeurs dégagées par ce composé sont à l’origine des graves problèmes neurologiques qu’il connait – fatigues chroniques, maux de tête, pertes de mémoire. L’accident initial s’est produit en 2004 : l’agriculteur a nettoyé une cuve, dont se sont échappées les vapeurs gazeuses, il est tombé dans le coma. Le tort de Monsanto serait de n’avoir pas précisé la composition exacte de son désherbant sur l’emballage et d’avoir mis sur le marché un produit qu’elle savait potentiellement dangereux. À noter que le Lasso a été retiré de certains marchés dès les années 80, en France, il aura fallu attendre 2007. Voilà une bataille juridique qui sera suivie avec attention. Engager une action en responsabilité contre un fabricant est une première dans le secteur de l’agroalimentaire.

Poutine, L’Amérique ne veut pas d’alliés mais des vassaux

L’homme fort de la Russie, Vladimir Poutine, a estimé dans une séance de questions-réponses à la télévision que les États-Unis ne cherchaient pas à avoir des alliés sur la scène internationale, mais des vassaux.

 

« Nous aimerions être alliés aux États-Unis, mais ce que je vois aujourd’hui […] ce n’est pas une alliance, parfois, j’ai l’impression que l’Amérique ne veut pas d’alliés mais qu’elle veut des vassaux », a déclaré Vladimir Poutine. Il a cependant assuré que la Russie « voulait et allait construire » de meilleures relations avec les Etats-Unis où des « transformations » sont en cours étant donné que la majorité des Américains ne veut plus « jouer le rôle de policier du monde ». Le message sous-jacent est clair : la Russie poutinienne fera tout son possible pour freiner une intervention américaine en Iran. (Pour information, Reza Pahlavi, le fils du dernier shah d’Iran renversé par la révolution islamique, vient d’appeler avec le soutien des Etats-Unis le Conseil de sécurité de l’ONU à saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, de crimes contre l’humanité.)

Par ailleurs, en réponse à l’évocation d’une perte de soutien populaire, Poutine a affirmé qu’il quitterait le pouvoir dès qu’il « sentirait » que c’est le cas, tout en rappelant que ni les manifestations ni l’internet mais seulement les urnes devaient parler.
 Dans ce cadre, il a demandé à la Commission électorale centrale d’installer dans tous les bureaux de vote plus de 90 000, des caméras fonctionnant 24 heures sur 24 ». De fait, les législatives du 4 décembre ont déclenché en Russie un mouvement de contestation de vaste ampleur rejoint en partie par l’Eglise orthodoxe qui dénonce l’autoritarisme de Poutine. L’opposition a rassemblé entre 50 000 et 80 000 personnes samedi dernier pour réclamer l’annulation du vote et prévoit une nouvelle grande manifestation le 24 décembre. Une journée chaude en perspective.

fondation Cartier > Mathématiques, un dépaysement soudain | 18/03

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Créée à l’initiative de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, l’exposition Mathématiques propose « un dépaysement soudain », selon la formule du mathématicien Alexandre Grothendieck

 

Mathématiciens et artistes ont construit de conserve cette surprenante et passionnante exposition. Les premiers évoluent dans des domaines comme la théorie des nombres, la géométrie algébrique, la géométrie différentielle, la topologie, les équations aux dérivées partielles, les probabilités, l’application des mathématiques à la biologie, etc. Les seconds regroupent Jean-Michel Alberola, Raymond Depardon, Claudine Nougaret, Takeshi Kitano, David Lynch, Beatriz Milhazes, Patti Smith, Hiroshi Sugimoto et Tadanori Yokoo. Ensemble, ils métamorphosent la pensée abstraite des mathématiques en une expérience sensible et intellectuelle offerte à tous. En vidéo, le mathématicien Cédric Villani revient sur les pratiques croisées entre artistes et scientifiques, notamment l’inspiration, l’universalité et l’esthétique.

A Rennes, les télés locales traversent une période difficile

Les télés locales bretonnes ne vont pas très fort. Ty Télé est placée en redressement judiciaire et TVR (TV Rennes) perd la moitié de sa subvention du département. Rien de grave pour l’instant, mais dans un secteur en crise et ultra concurrentiel, leur avenir pose question…

TVR (Rennes) est fragilisée depuis quelques semaines. Elle doit récupérer une somme de 387 000 euros auprès de Ty Télé, elle-même en difficulté. Elle perdra en outre une somme de 700 000 euros sur trois ans jusque là versée par le conseil général d’Ille-et-Vilaine.

Le directeur général de la Chaine, Dominique Hannedouche, se défend dans les colonnes du site Le Mensuel de Rennes : « Ce qui va nous manquer, c’est une socle financier. Nous avons un besoin d’un financement de base qui jusqu’à présent était fourni par le département. » Il a beau ajouterque « le chiffre d’affaires a connu une forte hausse de 30 %(1) », la chaîne aux 55 000 spectateurs par jour (cf. les chiffres de maville.com de février 2011) sera obligée de revoir sa stratégie éditoriale et politique. « Nous allons nous positionner sur de plus en plus d’événements, » confirme-t-il.

N’empêche, les bilans publiés sur société.com laissent apparaître un résultat au 31 décembre 2010 de moins 204 311 euros. La somme est loin d’être anodine…dans un contexte où les subventions sont à la baisse. Quel sera le résultat à la prochaine clôture de leur bilan au 31 décembre 2011 ? Leur déficit sera-t-il encore plus important ou bien la télé aura-t-elle redressé la barre ? Car, rappelons-le, en 2010, au vu de leur EBE (chiffre d’affaires moins leurs charges de personnel et d’exploitation), la télé avait réduit son train de vie.

D’après le site Wikipédia, ses actionnaires principaux sont la ville de Rennes (26%), Rennes métropole (20%), le Conseil général d’Ille-et-Vilaine (5%) le Groupe SIPA – Ouest-France (12%), le Crédit mutuel de Bretagne (4%), et la société fondatrice de la chaîne, Rennes Cité Média. Cet attelage bien connu à Rennes finance environ 20% du budget du fonctionnement de la chaîne. Les ressources commerciales seules sont encore insuffisantes pour soutenir ce projet : les revenus publicitaires n’atteignant en effet que 20% du budget nécessaire. C’est pourquoi TV Rennes 35 fait appel aux subventions publiques (Rennes, Rennes Métropole, Conseil général et Région) pour compenser son manque à gagner (60% du budget !). A combien se chiffre le total des subventions données à TV Rennes, ses 40 employés et ses 55 000 spectateurs ? Difficile de le savoir, mais, au minimum, largement plus du million d’euros.

Comme on peut le voir, sans un soutien financier public, la télévision ne pourrait pas survivre… Imaginerait-on aujourd’hui dans notre monde une entreprise en telle difficulté être aidée de la sorte ? En réduisant sa subvention, le département (de couleur rose) prend une juste décision en ne réinjectant pas de l’argent dans une société qui en perd autant… Dès lors, les dirigeants de TVR vont être contraints d’analyser la structure même de leur entreprise, voire de remettre en cause leur ligne éditoriale.

A l’heure où France soir passe au Net et où la presse traverse des difficultés, les journalistes de télés locales, au demeurant amoureux de leur ville et sans doute compétents, ont-ils à craindre pour leur emploi ? Les salaires des cadres, des dirigeants et des techniciens doivent-ils être revus à la baisse ? Les moyens de production doivent-ils être également remis en cause ? TVR existe depuis 1987, mais a-t-elle su séduire le public rennais et, aujourd’hui, breton ? Sa ligne éditoriale et son traitement de l’information ont-ils su bien rendre compte de la diversité et de la pluralité de ces territoires ? Là est peut-être la vraie question.

(1) Le site Société.com laisse apparaître un chiffre d’affaires de 1 451 710 euros au 31 décembre 2010 contre 1 278 031 euros au 31 décembre 2009, soit une augmentation de 13,59 %. On est tout de même loin des 30 %.

Forte tempête sur la Bretagne > Son nom, Joachim (vidéo)

En liaison avec un flux extrêmement dynamique en altitude (courants à plus de 300 km/h), une dépression s’est creusée en entrée de Manche avant de se décaler vers le Cotentin puis en direction la Belgique et l’Allemagne. Dans ce contexte, une forte tempête s’est formée la nuit dernière et a engendré quelques dégâts sérieux en Normandie et en Bretagne. Elle a été baptisée Joachim par Météo France. Les régions les plus exposées aujourd’hui sont les côtes atlantiques, ainsi qu’une large moitié nord-est. Reste que les conséquences de sa violence ne devraient pas atteindre celles de la tempête Xinthia en 2010. Il peut être bon de préciser que la survenue de tempête en cette saison est tout à fait normale. Qui plus est, les climatologues pensent que leur nombre va croître dans les années futures.

Photos prises ce matin dans la Manche :

 

 

 

 

 

 

La Criée > Départ de Larys Frogier

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Comme l’avait annoncé cet été Unidivers, Larys Frogier, directeur de La Criée centre d’art contemporain, quitte lundi prochain ses fonctions après douze années passées au sein de cet équipement culturel municipal rennais. Si l’avenir lui sourit à Shanghai, Rennes se trouve orphelin d’un directeur artistique à la fois novateur et consensuel.

Au cours de ces années, Larys Frogier a su donner une identité forte à La Criée en construisant un projet artistique prospectif et innovant, articulé autour de quatre plateformes de création (Art au centre, Prospectives, Des Rives continentales, Territoires en création). Son projet s’est défini avec un engagement permanent en faveur d’expériences collectives participant aux pratiques démocratiques de l’art et de la pensée. Sa direction artistique a soutenu des postures constructives questionnant les nouveaux enjeux sociétaux, ainsi que la découverte de nouvelles pratiques artistiques favorisant la diversité des cultures, des identités et des genres. Il a su inscrire au cœur du projet du centre d’art, le mouvement, le croisement et l’ouverture pour favoriser la circulation des idées, des œuvres et le partage des expériences esthétiques.

À partir du 1er janvier 2012, Larys Frogier prend la direction du Rockbund Art Museum à Shanghai. Dans l’attente d’une nouvelle direction à venir, Carole Brulard assurera l’intérim. Étant donné le flou (artistique ?) qui règne à Rennes en matière de politique culturelle relative à l’art contemporain, il y a fort à parier que cet intérim durera un certain temps.

Luguy, C’est la fille du Père Noël

On le sait tous. Luguy, notre dessinateur de la Haute-Ville, a plein de talent. Il est dessinateur de Percevan, de Sylvio, de Gildwyn, de Karolyn et de bien d’autres encore. Pour les fêtes de fin d’année, il a pris le temps, ses crayons et dessiné la plus belle des femmes : la fille du père Noël. La jeune fille est plantureuse à souhait et visiblement assez sympathique. Du coup, Kervin personnage débonnaire à la gouaille granvillaise, a soudainement un petit penchant pour la femme en rouge. On le comprend aisément. Mais à choisir, on préfère largement les cadeaux qu’elle transporte dans sa hotte. C’est Noël tout de même…

Oki’s movie > Ok !

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Oki’s movie se compose de quatre films : Un jour pour l’incantation, Le roi des baisers, Après la tempête de neige et Le film d’Oki.

Quatre histoires courtes sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement. Quatre variations sur une même histoire centrale, mettant en scène les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) et leurs hésitations amoureuses.

 Ce film, qui est une suite de 4 moyens métrages coréens, a été tourné en seulement 13 jours. Le résultat est pourtant remarquable.

Les composants majeurs : de l’humour, rythme bien maîtrisé, un esprit assez corrosif, une technique de répétition toujours intelligemment renouvelée, des nappes d’émotions sans excès, parfois mélancoliques.

Entre hommage à l’homme et ode à la vie, Oki donne à contempler plus qu’à comprendre une description intimiste des rapports humains.

Un film brillant sur lequel souffle l’esprit d’Eric Rohmer.

Comédie dramatique coréenne de Hong Sangsoo
avec Lee Sun-kyun, Yu-mi Jeong, Sung-Keun Moon

Le Louvre, royaume d’Alexandre le Grand > 13/10-16/01

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Le Musée du Louvre a réuni pour une exposition consacrée Au royaume d’Alexandre le Grand  les trésors des palais et sanctuaires de la Macédoine antique. Les matières sont riches : or, argent, marbre et mosaïques foisonnent. Les sculptures exposées, comme les pièces d’orfèvrerie et les objets du XVe au Ier siècle av. J.-C, sont de otut beauté.

Et c’est un homme (certains disent un demi-dieu), Alexandre (365-323 av. J.-C.) qui régna sur cet ensemble de richesses. Un trésor acquis au fil des conquêtes de sa puissante armée qu’il poussa de la Méditerranée jusqu’à l’Inde. Mais qu’en est-il de son royaume d’origine, la Macédoine ? Ce royaume où l’on vit pour la première fois les femmes autorisées à participer au banquet en compagnie des hommes.

Historiquement tenue dans l’ombre d’Athènes ou de Thèbes, la Macédoine n’a révélé que tardivement ses richesses archéologiques. Les fouilles de grande ampleur n’ont débuté que depuis une quarantaine d’années. Mais le résultat en valait la chandelle : les pièces exhumées n’ont rien à envier à leurs cousines hellènes. Le travail des artistes macédoniens, notamment en matière d’orfèvrerie, est en tout point remarquable. Comme le sont également plusieurs fragments de peintures et sculptures de marbre joliment exposés.

A Paris, deux raisons contribuent à la réussite de cette exposition de plus de 500 objets : d’une part, la beauté, la diversité et la rareté des œuvres exposées ; d’autre part, la mise en scène claire, aussi harmonieuse que pédagogique. La vidéo de présentation est remarquable. Le catalogue pêche par un manque d’articles de fond.

Au final, Unidivers recommande cette exposition de taille moyenne qui comprend de belles choses, mais qui est loin de pouvoir concurrencer le musée-tumulus et la tombe de Philippe II à Vergina.

Lieu
Hall Napoléon, sous la pyramide

Horaires
Ouverture tous les jours, sauf le mardi.
De 9h à 17h45.
Nocturnes jusqu’à 21h45 les mercredi et vendredi.
Tarifs sur place
Billet spécifique à l’exposition : 11€.
Billet jumelé (collections permanentes et exposition) : 14€.
Guide multimédia
Parcours disponible en français, anglais et espagnol.
Tarif plein : 6€
Tarif solidarité : 4€
Tarif moins de 18 ans : 2€

C2C -FUYA > Turntablism talentueux mais…

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C2C, anciennement Coups 2 Cross, est un groupe de turntablism qui gagné qatre années à suivre le DMC World Championship par équipe.  Il se compose des djs Atom et Pfel (Beat Torrent) & 20Syl et Greem (Hocus Pocus). Réuni depuis 1998, le collectif n’a produit que 3 vinyles, Flyin’ Saucer I, Flyin’ Saucer II et Flyin’ Saucer III. Un nouvel album est prévu pour la fin janvier 2012. En teasing commercial,  le collectif a mis en ligne sur le web un clip où il joue dans une cathédrale. L’effet de sobriété musicale alliée à une arithmétique spirituelle semble atteint. L’ensemble est propre et talentueux. Mais il y a loin du talent au génie. Verdict final en janvier.

Le manifestant > Elu « personne de l’année » par le Time

L’hebdomadaire américain rend hommage aux millions de contestataires qui ont défilé cette année dans les rues de nombreux pays pour défier les pouvoirs en place. Ce choix a remporté l’assentiment de la large majorité des jurés.

C’est «le manifestant» en général que l’hebdomadaire américain vient de sacrer comme «personne de l’année». Son incarnation : un jeune homme/femme, portant foulard et cagoule. Les traits de son visage sont globalisés ; autrement dit, il peut venir de n’importe quelle région du monde :  «Du printemps arabe à Athènes, d’Occupy Wall Street à Moscou». Une belle preuve de recul et de lucidité de la part du Time.

 

Emplois fictifs > Chirac reconnu coupable, tout comme Mauroy

Jacques Chirac a été déclaré coupable jeudi de “détournement de fonds publics” et “abus de confiance” dans l’un des deux volets de l’affaire des emplois présumés fictifs de la ville de Paris.

 

Le dossier portait sur 21 emplois rémunérés par la mairie de Paris au début des années 90. Quelle que soit l’opinion de chacun sur cette affaire, sur Jacques Chirac, son action, sa personne ou son état de santé, on ne peut que se féliciter de cette marque d’indépendance de la justice française.

On notera que l’ancien premier ministre Pierre Mauroy et Lyne Cohen-Solal, actuellement adjointe au maire PS de Paris, ont été le même jour condamnés à rembourser à la communauté urbaine de Lille les salaires indûment perçus pour un emploi fictif de mars à décembre 1992. 11 années plus tard, la justice est enfin rendue.

Gageons que ces condamnations servent d’exemple à la classe élective française. Même si certains pensent qu’elles sont comme les arbres qui cachent la forêt.

Emplois fictifs > Chirac reconnu coupable, tout comme Mauroy

Société Spectaculaires et Illuminations de Noël, La mairie est-elle toujours le meilleur des endroits ?

C’est devenu une tradition. La société Spectaculaires va mettre en lumière la façade de l’Hôtel de Ville dès le samedi 17 décembre. Leur spectacle est attendu par tous les Rennais. Mais certaines voix s’élèvent dans la ville pour demander la projection dans un autre lieu.

Magnifique, extraordinaire, sensass… les superlatifs ne manquent pas pour décrire les illuminations de Noël de l’Hôtel de ville. Depuis déjà quelques années, les habitants et les habitantes ne rateraient pour rien au monde ce spectacle visuel hors du commun qui tient de la prouesse technologique et de la performance artistique. « Mes enfants adorent, » confie une Rennaise, toute jeune mère.

Réalisés à l’aide de vidéoprojecteurs de haute définition, ces moments rares cousus pour Rennes glanent tous les suffrages et rencontrent son public. Pour cette nouvelle année, les spectateurs sont invités à découvrir en musique et en couleurs la suite des aventures du petit géant. Naturellement, rien ne filtre sur la mise en scène.

Mais déjà dans le centre-ville, certains s’interrogent sur la pertinence du lieu. « On pourrait en changer, » proteste l’un, « pourquoi toujours la mairie ? Il existe d’autres monuments, la cathédrale, le Parlement ou encore les Champs libres. »

Sur le net, certains vont jusqu’à réclamer le « transfert » dans leur quartier. « Et Géant Leperdit, c’est pour quand ? » ironise le propriétaire d’un établissement sur la place du Champ Jacquet. En utilisant l’humour, il met ainsi en valeur les désidératas de certains Rennais et lance le débat…

Interpellée, la municipalité réfléchira-t-elle à la question ? Fera-t-elle droit aux souhaits des aimables contestataires ? Convenons-en, il sera difficile aux élus de remettre en question le lieu… sachant que la localisation d’un spectacle d’une telle qualité sur la place de la mairie reste malgré tout un sacré coup de « com ». Le lieu du pouvoir est bien mis en valeur…

Boulevard de la Liberté > Quel est cet étrange immeuble ?

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Boulevard de la Liberté, à Rennes, un étrange immeuble fait parfois parler de lui… et les passants. Il est plat, étrangement plat à l’une de ses extrémités. De quoi attirer l’œil…

L’édifice est construit en pierre et coiffé d’un toit d’ardoises. On y remarque des balcons, des pourtours de fenêtres du plus bel effet. Mais rien d’extraordinaire. C’est le lot commun de nombreuses habitations des villes de province et de Paris. En revanche, la surprise est de taille quand on le regarde de très près. Son pignon est étroit, particulièrement étroit. « C’est vraiment étrange, » indique un commerçant du quartier. « Je me suis toujours demandé comment les pièces étaient agencées dans les appartements. »

Comme lui, ils sont nombreux les Rennais à lever la tête vers cette étrangeté architecturale. Comme lui, ils sont nombreux à imaginer les occupants se contorsionner tant bien que mal dans des pièces exigües. « C’est une habitation pour Alice au Pays des merveilles, » s’amuse un riverain. « J’imagine parfois ses jambes en sortir par les fenêtres, » ajoute-t-il.

De petites filles à l’étroit dans cette demeure bourgeoise, il n’en est rien. L’immeuble est habité par des couples, des enfants et des personnes âgées. On aimerait pourquoi pas le visiter…pour partager les conditions d’existence. Mais rêvons un peu et imaginons plutôt les locataires bien à l’étroit dans leurs habitations. Presque recroquevillés sur eux-mêmes pour vaquer à leurs occupations.

Daniel Darc, La taille de mon âme

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Daniel Darc fait-il encore des chansons ? Peut-être bien que non ? Cherche-t-il encore « le garçon » ou bien celle qui serait « aussi belle qu’une balle » ? Peut-être sur un autre plan, dans d’autres espaces…

 

C’est davantage les textes que la musique qui imposent la griffe Darc-dark ! Et ce n’est pas évident de composer pour un « garçon » comme lui. Or, si vous ne la saviez pas, Darc a épuisé son sauveur Frédéric Lo. Cette fois-ci, c’est Laurent Marimbert qui s’y colle pour un résultat très aérien. Aérien certes, mais un soupçon moins ‘raccord’ avec la prose darcienne. À moins que cela soit cette dernière qui s’épuise. Mais comment imaginer qu’un filon si personnel et douloureux puisse s’éteindre ?

On sent un amusement supérieur dans cet opus. Un détachement qui pourrait presque décoller la peau des os pour que ceux-ci, enfin, « exultent ». « Et ils exulteront mes os humiliés » psalmodie Darc dans une référence explicite aux vers du Psautier de la Bible. Le créateur vit en chair et en verbe ce que narrent ces admirables chants inspirés. Il parle, il déclame, il s’essaie encore à chanter (comme il parle) avec des tremblements si véridiques. Une sincérité, des vibrations de sincérité qui sont de moins en moins à fleur de peau et de mieux en mieux à fleur d’os !

Jive / Sbme Europe, november 15, 2011

 

Benjamin Biolay > Best of

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Entre 2001 à 2011, Benjamin Biolay a écrit cinq albums studio, le projet Home et 2 bandes originales de films. Révélé avec Rose Kennedy et consacré avec La Superbe, il est devenu avec sa pop de dandy plein de morgue l’un des brillants chanteurs de sa génération. Longtemps attendu, ce premier best of propose en 19 titres le B.A.BA de BB. Ou presque…

 

Les « best-of » ont pour seul intérêt de rapporter une « oeuvre » à une « carrière ». C’est souvent sec, plein de poussière. Surtout après… dix ans de métier ! Reste qu’il n’est pas toujours facile de trouver sa place dans une société qui fait des quarantenaires de jeunes seniors tout en ne cessant d’invoquer une jeunesse perpétuelle. La poésie sonore de Benjamin Biolay présente au moins le mérite de mettre en beauté (bancale, certes) cette aporie de notre époque. L’eau claire des fontaines est l’une des jolies surprises de ce dispensable « album » ainsi que l’Histoire d’un garçon et Négatif, autre inédit relativement pénétrant.

Mais mort ou vif
je reste négatif
puisque tout fout le camp…
(B. Biolay, Négatif)

Alors Biolay, très contemporain ou mécontemporain ? Au moins sait-il être l’un et l’autre avec impertinence. Avec une façon jamais servile, il invite ce qui se fit de mieux et de plus inventif dans le passé de la « chanson française » en le réinventant, sans céder d’un pouce aux facilités de la mode. Cet atout constitue le grand « mérite » de cette habile fabrication… mercantile.

Pour oser une comparaison, les meilleures chansons de Biolay (absentes du Best of, hélas !) pourraient composer la bande son des romans de Houellebecq. Un autre attrait, finalement, de cet  assemblage peu convainquant?

Allons, il faut le dire : cela doit être intimement douloureux pour Biolay de se contraindre à « porter à gauche » lorsqu’on a une âme à ce point aristocratique et hautaine. Heureusement que les mots et les notes excèdent souvent la pensée « consciente trop consciente »… Mais n’est pas Ferré, Manset ou Murat qui veut. Qui plus est, ce best-of rappelle les ratages tels que La Vanité ou La Plage. Dommage !

25 novembre 2011,  EMI Music France

01 L’eau claire des fontaines (Inédit) 05:04
02 Dans mon dos 03:46
03 Dans la merco Benz (Radio edit) 03:05
04 Les cerfs volants (Edit) 04:05
05 A l’origine (Radio Edit) 04:15
06 Chère inconnue 03:15
07 Padam (Edit) 04:02
08 Nuage Noir 02:25
09 Qu’est ce que ça peut faire ? (Radio edit) 04:11
10 Bien avant (Edit) 04:04
11 La ballade du mois de juin 04:20
12 Négatif 04:55
13 Los Angeles #2 04:28
14 Ton héritage 04:18
15 Brandt Rhapsodie (en duo avec Jeanne Cherhal) 04:41
16 La vanité 02:06
17 La plage 04:36
18 Novembre toute l’année (Edit) 03:01
19 La Superbe 06:16

Paroles de L’eau claire des fontaines

On y jette les écus, l’été
la monnaie de singe oxydée
qui déforme les poches des gilets
vœux pieu, vœux d’épure, bonne santé
on pense à de vieux films sous-titrés
on rêve d’y voir gros cul tout mouillé
mais aussi d’y voir les enfants s’y baigner
vœux pieux, vœux impurs, femmes d’à côté

rideaux baissés
femmes d’à côté
rideaux levés

l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
mais qui s’éloignent
l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
mais qui s’acharnent
puis qui s’écharnent, charme
bras en écharpe

on y croise le reflet tordu
d’un amour flou
puis à jamais foutu
d’histoires de fous
puis d’une malle dans la rue
je vous en conjure
Ça jamais plus
en rêvant de pouvoir s’enivrer
a l’eau de cette fontaine éclairée
des lustres cuistres qui n’a pu exaucer
vœux pieux, vœux sordides, vœux d’homicide
vœux jet d’acide, vœux d’homicide
ceux du centre suscitent

l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
mais qui s’éloignent
l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
mais qui s’acharnent
puis qui s’écharnent, charme
bras en écharpe

on observe le futur cornu
qui se tire le portrait d’un néant tendu
rendez-vous dans presque dix-huit mois
repartir à zéro, peut être à trois

on regarde le remoud si calme
indicible à l’échelle de l’âme
et on songe à reprendre la came
vœux pieux, vœux d’épure, dernières larmes
dernières flammes, dernières larmes
tout est si calme

pas assez profond pour s’y baigner
pas assez profond pour s’y noyer
pas assez profond pour s’y baigner
pas assez profond pour s’y noyer

l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
mais qui s’éloignent
l’eau claire des fontaines
est faite des larmes
de tous ces gens qui saignent
puis qui s’acharnent
puis qui s’écharnent, charme
bras en écharpe
charme

15 tonnes d’ivoire d’éléphant saisies en Malaisie

Les autorités malaises ont saisi la quantité effarante de 15 tonnes d’ivoire d’éléphant hier, à Port Klang, à l’ouest de Kuala Lumpur. C’est la sixième et de loin la plus importante saisie d’ivoire impliquant la Malaisie, ces derniers mois.

Les défenses saisies proviennent de Mombasa au Kenya et voyageaient dans des conteneurs supposés contenir des objets en grès sculptés à la main. Les autorités malaises ont estimé la valeur de cette saisie à environ 17,8 millions d’euros. Le chargement était destiné à SihanoukVille au Cambodge, une ville portuaire située à 185 km, au sud-ouest de Phnom Penh.

Cette opération constitue le record de l’année 2011 avec une quantité accablante de marchandises confisquées. Rien qu’au premier semestre 2011, le volume “braconné” dépasse les de loin les saisies annuelles depuis 3 ans. Entre août 2009 et juin 2011, ETIS a même enregistré pas moins de 4 saisies par jour.

“Le trafic d’ivoire reste une activité lucrative et peu risquée pour la criminalité internationale, aussi impliquée dans le trafic d’armes et de drogue,” déclare Kelvin Alie, responsable du programme sur le commerce des espèces sauvages chez IFAW avant de préciser : “Un éléphant tué pour son ivoire a toutes les chances d’avoir été mitraillé de dizaines de balles d’AK-47 ou d’avoir subi une longue et douloureuse agonie .”

IFAW travaille de concert avec INTERPOL pour lancer le Projet WISDOM en 2012 lequel s’attaquera à l’horreur du trafic d’ivoire. Le programme de criminalité environnementale d’INTERPOL coordonnera les opérations de lutte contre le trafic à travers l’Afrique, qui aboutiront à des arrestations, des condamnations, et porteront un très sérieux coup à la menace la plus cruelle qui pèse actuellement sur les éléphants.

Sondage > Etes-vous pour ou contre un métro aérien à Rennes ?

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Êtes-vous pour ou contre un métro aérien à Rennes ?

Pour
Contre
Ne sait pas

Pour information, le 18 décembre, soit 4 jours après le lancement de ce sondage, les internautes avaient répondu pour à 55%, contre à 9% et sans opinion à 36%. Ce résultat sera mis à jour régulièrement.

Les canettes recyclées financent des actions caritatives

« Chaque Canette Compte », le programme de recyclage hors domicile des industriels de « La Boîte Boisson » lancé l’an passé dans toute la France, connaît un franc succès. Il a déjà collecté plus d’1 million de canettes pour recyclage, représentant 180 tonnes d’émissions de CO2 économisées et permettant le financement d’actions caritatives.

 

A travers le programme « Chaque Canette Compte » (CCC), les industriels de « La Boîte Boisson » ont comme objectif de passer de deux canettes sur trois recyclées aujourd’hui en France à trois canettes sur quatre d’ici cinq ans. Une quinzaine de partenaires collecteurs, désormais réunis au sein du « Club CCC », ont rejoint le dispoitif sur Lille, Paris, Nantes, Rennes, Angers, Saint Etienne, Lyon, Marseille…. En seulement un an, le programme a déjà utilisé 2 000 kits de collecte sur plus de 250 sites à travers toute la France dans les centres commerciaux, entreprises, établissements scolaires, lieux publics, parcs d’attraction.

Cette montée en puissance du programme « Chaque Canette Compte » est accompagnée par des actions caritatives, lancées grâce à la valorisation des canettes récoltées. A titre d’exemple, K Net Partage a financé un tricycle adapté pour un enfant atteint de trisomie, une année d’équithérapie pour une jeune fille malvoyante, ainsi qu’un ordinateur à synthèse vocale pour une Classe d’intégration scolaire. L’association caritative « 1000 millions de bouchons », partenaire de « Chaque Canette Compte » sur la région Dunkerquoise est déjà capable, avec ses premiers résultats encourageants, d’organiser une après-midi récréative pour Noël auprès d’enfants défavorisés. Enfin le Lycée Saint Joseph de Boulogne sur Mer, a versé  un chèque de plusieurs centaines d’euros à l’association « Choisir l’espoir » aidant l’accompagnement d’enfants atteints du cancer.

Chaque Canette Compte » développe également des partenariats dans tous les lieux où sont consommées des boissons en canettes.  Parmi les participants, on trouve notamment : Disneyland Paris, Red Bull, la galerie marchande Auchan de Grande-Synthe à Dunkerque, Vauban Humanis à Lille, la direction de Pôle Emploi Nord-Pas-de-Calais…En un an, le programme a ainsi participé à une trentaine d’événements majeurs dans toute la France comme les 24 heures du Mans, la Braderie de Lille, l’Enduropale du Touquet 2011, les Rencontres internationales des Voitures écologiques d’Alès….

Le programme fournit surtout et gratuitement aux sites participants une solution de recyclage des canettes clés en mains, comprenant la participation d’un organisme spécialisé pour collecter les boîtes de boisson usagées ainsi que les matériels de collecte et de sensibilisation au tri : collecteurs, affichettes, chevalets de table et stickers. Ces organismes de collecte sont désormais réunis au sein du Club Chaque Canette Compte (Club CCC),. www.chaquecanettecompte.com : un site dédié à l’opération

David Foenkinos en escale à Rennes

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La librairie le Failler a invité en dernière minute David Foenkinos, le vendredi 9 décembre à 18h, pour une dédicace exceptionnelle. C’était l’occasion de saluer la sortie de son ouvrage Les souvenirs paru chez Gallimard et celle en avant-première le vendredi 9 décembre à 20 h 30, au cinéma Gaumont, place du Général de Gaulle à Rennes, du film La délicatesse adapté de son ouvrage paru chez Gallimard (voir notre article).

 

Son dernier ouvrage, Les Souvenirs, paru aux éditions Gallimard,  offre une méditation sur la vieillesse et les maisons de retraite. Il évoque la difficulté de comprendre ses parents, l’amour conjugal, le désir de créer et la beauté du hasard. C’est une histoire simple racontée avec délicatesse, humour, et un art maîtrisé des formules singulières ou poétiques.

David Foenkinos, né en 1974 à Paris, est un romancier français. Son premier roman est publié en 2002 chez Gallimard. En quelques années, il a réussi à créer un univers singulier, à la fois burlesque et émouvant. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs écrivains de la nouvelle génération. À Rennes, beaucoup de monde est venu saluer un auteur affable et plein d’humour .

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Le film

Nathalie a tout pour être heureuse. Elle est jeune, belle, et file le parfait amour. La mort accidentelle de son mari va couper son élan. Pendant des années, elle va s’investir dans son travail, se sentir en parenthèse dans sa vie sensuelle. Mais sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi, elle embrasse un de ses collègues. Markus, un homme très atypique. S’ensuit alors la valse sentimentale de ce couple hautement improbable qui va susciter interrogation et agressivité au sein de l’entreprise. Choisit-on vraiment par quel moyen on renaît à la vie ? Nathalie et Markus vont finir par fuir pour vivre leur histoire et leur émerveillement à l’abri de tout. Cette histoire de renaissance est aussi celle de l’étrangeté.

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Football > Les Bretons se battent entre eux

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Incroyable mais vrai…A quelques heures du match de football Rennes/Brest (1-1) samedi 10 décembre, les supporters brestois et rennais ont commis l’irréparable. Ils se sont donnés rendez-vous pour en découdre sur une place rennaise et à quelques encablures du stade Route de Lorient. Résultat : deux blessés (Ouest-France du lundi 12 décembre). Les policiers ne sont pas surpris, mais dans la capitale bretonne, c’est quand même peu courant. Il y a bien eu quelques altercations entre Rennais et Lyonnais ou, encore, entre Rennais et Toulousains. Reste que ce genre d’évènements est assez rare entre Bretons. On dit qu’en apprenant la nouvelle, l’écrivain et pape de la Bretagne vivante, Xavier Grall, s’est retourné dans sa tombe.

Métro à ciel ouvert ou non ? Les Rennais donnent leur avis

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Des milliers de pages à consulter en quarante jours… les Rennais auront de quoi lire jusqu’au 20 janvier prochain durant l’enquête publique sur la ligne B du métro. Contrairement à la ligne à dans le temps passé, les opposants ne sont pas contre les rames… Ils veulent juste qu’elles ne soient pas à ciel ouvert comme dans certains quartiers de Paris.

Etes-vous pour ou contre un métro aérien à Rennes ?

Pour
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Ne sait pas

La future ligne B coûtera deux fois plus cher que la ligne A (448, 5 millions d’euros contre 1,029 milliard). Elle sera beaucoup plus longue (12, 7 kilomètres contre 9,4 kilomètres). Elle disposera du même nombre de stations pour des voyageurs toutefois un peu moins nombreux (113000 voyageurs contre 115 000).

Pour en savoir plus sur cette nouvelle offre, cinq enquêteurs sont à la disposition des Rennais dans six lieux d’enquêtes. Nommés par le tribunal administratif de Rennes, ils donneront un avis favorable ou défavorable sur ce projet. Mais en toute hypothèse, c’est le Préfet qui décidera en dernier ressort et déclarera d’utilité publique ou non cette nouvelle desserte.

Contrairement à la ligne A, les oppositions sont beaucoup moins virulentes. On n’est plus dans la contestation systématique. On donne désormais crédit au métro… Car il faut bien l’admettre, ce moyen de transport est plébiscité par les Rennais et les néo-Rennais. Mais le plébiscite n’empêche pas les critiques nombreuses fleurissant ici où là et les associations de défense de riverains se déclarant en préfecture.

Dans un temps pas si ancien, des Rennais ont regretté la destruction envisagée de l’immeuble Dubonnet, situé place Sainte-Anne. D’autres ont encore protesté contre la construction de la station Saint-Germain, à deux pas à peine de celle de la République. Mais à l’évidence (et peut-être malheureusement), Rennes métropole n’aurait visiblement pas cédé d’un iota sur ces deux questions…

Pas de plan B pour la nouvelle ligne de métro

En revanche, l’opposition sera peut-être beaucoup plus vive de la part de deux associations. Sauvons les Long-Champs (SLLC) est certainement la mieux organisée d’entre elles. Elle tient réunions et met à jour son site Internet (et même très bien). Loin d’être inactive, elle rejette le métro aérien proposé par Rennes métropole. « La ligne serait à 7 mètres de logements étudiants et à moins de 10 mètres des logements du lycée Chateaubriand. Elle imposerait également la destruction de 200 arbres, défigurerait un quartier et provoquerait des nuisances sonores (de plus de 25 décibels)… », explique l’association dans un communiqué de presse.

Contre la proposition de Rennes métropole, le collectif propose une autre alternative : un métro en tranchée couverte. Cette proposition est appuyée par une pétition de près de 2000 signatures et par un vote unanime des habitants lors d’une réunion de quartier. « Contrairement à une solution encore plus souterraine par tunnelier, une tranchée couverte est réalisée sous la voirie à faible profondeur pour un prix équivalent à la solution aérienne (1% de surcout), » assure l’association. « Ce tracé alternatif déplacera en revanche la station du coeur du quartier des Longs Champs du côté de Belle Fontaine ( rond-point entre la rue du Clos Courtel et le haut de l’avenue des Buttes de Coësmes). Mais nous sommes prêts à ce compromis sous la condition de conserver naturellement une desserte en bus au moins équivalente à celle actuelle.»

Bien qu’elle aussi hostile à la solution aérienne, Muse (Métro utile souterrain et écologique) déploie en revanche une autre stratégie. « Si le rejet catégorique du métro aérien est une évidence pour nos deux associations, nous n’envisageons pas la position de repli en tranchée couverte sur les Buttes de Coësmes. Nous militons en revanche pour des rames au cœur du quartier (et donc en tunnel), à proximité du centre commercial et des entreprises de Saint-Sulpice. » Ce qui n’empêchera pas les deux associations de coopérer, si besoin est. Rennes Métropole est prévenue et devra impérativement s’engager dans une démarche de concertation si elle veut éviter des retards et des contretemps juridiques dans son ambitieux projet.

Jean-Louis Murat > Grand Lièvre

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Pas un « lièvre de mars », mais un lièvre d’automne-hiver… Animal de nos campagnes en voie de disparition, le lièvre ? Toujours est-il que la chanson-titre a disparu de la mémoire du Haut-Arverne Jean-Louis Murat… Mais le dix-huitième album de l’artisan-stakhanoviste de la « chanson française » se relève fort bien de cette disparition.

 

 Expression poétique d’un monde et d’une vision intérieure toute personnelle, c’est un exclusivisme un peu autiste qui, paradoxalement, émeut dans les chansons de Murat. Ses odes s’élèvent d’un terrier qui n’est pas souterrain, mais creusé dans l’ère du temps par une voix qui les façonne dans la matière. Cet aspect artisanal prend toute son ampleur lors de ses concerts bien peu aseptisés…

Avec une voix d’humus et d’humeur, il chante depuis un lieu disparu, englouti par le temps. Depuis une caverne creusée dans un monde. La brume y est palpable et odoriférante, réchauffée par un pâle soleil matinal. Les roches éthérées scintillent de leurs reflets presque aqueux.

Tout cet univers est traduit par une voix virile et suave (Murat n’a pas peur des mots démodés). Ni réactionnaire ni progressiste, l’Arverne des hautes montagnes aux bruyères grinçantes traduit la guerre, la Grande, et son impact sur la solide sensibilité paysanne.

 Il cisaille (cisèle, ne ferait pas partie de son rugueux lexique) des mélodies avec toute la tendre sensibilité intérieure d’un bûcheron ou d’un tailleur de pierre solitaire dont l’haleine solide se fond à la brume matinale gorgée d’une énergie sensuellement éveillée par la flamme solaire…

L’homme captif a besoin d’aide
Demeurer pur
Oh quel voyage !
L’air libre dévore le Christ
(Haut Arverne)

La nostalgie portée par sa voix à la fois profondément suave et ironiquement rocailleuse ne tolère aucun remugle vindicatif. Il aime (et déteste) sans torture métaphysique. Souvent plaintif, comme seules les vraies âmes amoureuses peuvent l’être.

L’Auvergne traditionnelle court à sa perte. Dans les conseils municipaux, ce sont les commerçants, les agents du tourisme qui ont pris les postes. Ils ne voient pas d’autres développements que le développement touristique. Alors que l’on sait que c’est ça qui a tout tué : va demander à Tahiti ou à Saint-Tropez ce qu’ils en pensent du développement touristique ! En Auvergne, à cause de cela, il reste peu de paysans et l’agriculture va disparaître. (entretien paru dans Serge n°7)

 On le voit, ses récentes déclarations n’arrangeront rien à son statut de « décalé, jamais content »…

 Vous faites malgré tout des choix politiques, comme tout le monde…

Idéologiquement, j’aime beaucoup Léon Bloy, Bernanos. Ils ont une façon de penser dans laquelle je me retrouve. Ce sont des précommunistes, des prochrétiens. Si je doute de quelque chose, il suffit de quelques pages de Bernanos, ça me remet à cheval ! Mais ce n’est pas tellement de la politique, c’est plutôt une façon d’envisager la vie et l’individu. (entretien paru dans Le Point.fr)

Bref, Murat est un beau rebelle authentique en costume de chanteur de variet’. Un grand lièvre libre, encore, pour l’instant ! Dépêchez-vous de l’écouter s’animer…

Jean-Louis Murat, « Grand Lièvre », 26 septembre 2011, V2 Music / Polydor.
 1 / Qu’est-ce que ça veut dire
 2 / Sans pitié pour le cheval
 3 / Rémi est mort ainsi
 4 / Alexandrie
 5 / Haut Arverne
 6 / Je voudrais me perdre de vue
 7 / Vendre les prés
 8 / Le champion espagnol
 9 / Les rouges souliers
 10 / La lettre de la pampa

Tunisie > Investiture à la présidence de Moncef Marzouki

Moncef Marzouki, l’un des farouches opposants à Ben Ali, a été élu hier président de la République tunisienne par l’Assemblée constituante. Aujourd’hui, il a été investi après une prestation de serment au Palais présidentiel de Carthage devant les élus de l’Assemblée constituante et les plus hautes sommités de l’Etat.

Moncef Marzouki, 66 ans, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants sur les 217 membres de l’Assemblée. L’hymne national a retenti dans l’hémicycle, alors que ses partisans criaient « fidélité aux martyrs de la révolution! ».

Costume gris, chemise blanche mais sans cravate comme toujours, Marzouki, un médecin de formation, a remercié tous les députés: « Votre présence est primordiale. Le message par lequel vous me dîtes ‘nous t’aurons à l’oeil’ est bien reçu », a-t-il lancé en direction de l’opposition qui a voté blanc. « Ce jour est mémorable, vive la Tunisie du plus profond de mon coeur », a-t-il ajouté, se disant «fier de porter la plus précieuse des reponsablités, celle d’être le garant du peuple, de l’État et de la révolution ».

Il est réputé pour son intransigeance et ses talents de tribun, mais reste critiqué pour son alliance avec les islamistes d’Ennahda dans la formation de son gouvernement.

Qui est le nouveau Président de la République tunisienne ?

Opposant historique à la dictature de Ben Ali, Moncef Marzouki est désormais le premier Président de la démocratie tunisienne. En 2009, il publiait aux Éditions de l’Atelier Dictateurs en sursis, ouvrage au titre prémonitoire qui anticipait largement les bouleversements politiques actuellement à l’œuvre dans la région.

Répondant aux questions posées sans complaisance par le politologue Vincent Geisser, Moncef Marzouki livre sa vision de l’avenir politique du monde arabe, sa conception des relations avec l’Europe, les USA et Israël, son interprétation de la laïcité et son analyse du rôle des islamistes dans les futures démocraties arabes. Cet ouvrage est aussi une occasion de découvrir l’homme Marzouki sur un registre plus intime : son enfance en exil, sa relation de proximité avec la France, sa passion pour la langue et la culture arabes, son rôle pionner pour une médecine au service des citoyens, ses premiers engagements politiques et philosophiques qui l’ont conduit très tôt à dénoncer la pratique systématique de la torture dans les pays arabes.

 

Dictateurs en sursis. La revanche des peuples arabes, Moncef Marzouki,
entretien avec Vincent Geisser, Éditions de l’Atelier, 19,50 €, 192 p