Le monde de la pêche connaît une polémique qui ne cesse d’enfler autour de la question du silure. Ce poisson d’eau douce (également appelé glane, salut et merval) peut atteindre en France jusqu’à 2,5 mètres et une centaine de kilos. Pour certains, c’est une plaie, voire un danger (son comportement serait devenu carnassier et on parle de-ci de-là d’animaux avalés tout rond en bord de rive) ; pour d’autres, cette nocivité est fantasmée et le silure réputé en voie de régulation par l’intermédiaire de Dame nature. Les uns veulent le pêcher pour l’éliminer et son classement en espèce nuisible ; les autres le remettre à l’eau et laisser les écosystèmes gérer. Si ce problème de pêche paraît à première vue mineur, il interroge pourtant d’une manière exemplaire différents rapports à notre environnement et à la nature. Philippe Sanchez, Président du Silure Club Rhodanien, défend sa position.
« Le monde de la pêche connait une polémique qui ne cesse d’enfler autour de la question du silure. Ce poisson d’eau douce (également appelé glane, salut et merval) peut atteindre en France jusqu’à 2,5 mètres et une centaine de kilos. Pour certains, c’est une plaie, voire un danger (son comportement serait devenu carnassier et on parle de-ci de-là d’animaux avalés tout rond en bord de rive) ; pour d’autres, cette nocivité est fantasmée et le silure réputé en voie de régulation par l’intermédiaire de Dame nature. Les uns veulent le pêcher pour l’éliminer et son classement en espèce nuisible ; les autres le remettre à l’eau et laisser les écosystèmes gérer. Si ce problème de pêche parait à première vue mineur, il interroge pourtant d’une manière exemplaire différents rapports à notre environnement et à la nature. Philippe Sanchez, Président du Silure Club Rhodanien, défend sa position :
La question pratique est : faut-il remettre à l’eau les silures ? Il faut alors bien l’analyser. En ironisant, je pourrais à mon tour demander : Un lion au bois de Boulogne est-il nuisible ? Et oui, le silure dans son écosystème, c’est l’eau. Mais quelle eau ? Une rivière ? Un fleuve ? Ou un étang ?
On imagine très bien le résultat sur une étude réalisée sur un petit plan d’eau. Le silure, comme tous les autres poissons, doit manger. Certains se nourrissent d’insectes, de vers, mais lui c’est un carnassier. Oh ! Il n’est pas le seul, le brochet, le sandre, le black-bass et la carpe quand elles deviennent adultes adoptent le même régime alimentaire et peuvent mettre en échec les autres espèces. C’est notre histoire du lion au bois de Boulogne !!!
Mais la réalité n’est pas celle-ci. Présent dans nos fleuves depuis de longues années, il a su s’imposer sans pour autant éradiquer les autres espèces. Il est tel le campeur en plein mai : vous arrivez au camping et là vous êtes seul. Oui, toute cette surface est pour vous. Alors, vous placez la voiture là-bas, la caravane par ici et les enfants jouent au foot sur toute la pelouse. Mais arrivent quelques vacanciers. Il vous faut alors réduire votre espace de vie et demandez alors aux enfants de venir jouer à proximité et rapprochez votre véhicule de quelques mètres. Le temps passe, et c’est déjà juillet. Vous n’avez plus le choix : il vous faut cohabiter. Vous demandez aux enfants de jouer devant la caravane à des jeux de société, et vous placez alors votre voiture dans l’espace approprié. Mais vous êtes toujours là ! Nous n’avons rien à envier sur les espèces animales, car c’est exactement l’attitude qu’ils adoptent, et ce depuis qu’ils existent.
J’aime prendre pour exemple la rivière la Seille d’où est arrivé le silure dans les années 77. Le patrimoine piscicole étant riche, il a su se développer, mais aussi se réguler. On a bien pensé pendant quelques années qu’il allait dévorer toutes les espèces et ne laisser de cette rivière qu’un flux d’eau. Et bien, non. Tout le monde a cohabité et malgré cette intrusion qui a été une explosion démographique, on peut annoncer aujourd’hui que cette espèce s’est régulée.
Et les fosses hivernales ? Ne sont-elles pas représentatives de la cohabitation ? Par grand froid, les silures se regroupent dans les fosses (pas forcément les plus profondes). Mais ils ne sont pas seuls. Tous les autres poissons s’y retrouvent. Nous en avons la preuve suite à nos nombreuses prises de sandres ou de poissons blancs et puis il y a l’écho sondeur. Ah, l’écho sondeur ! Un appareil qui en dit long. Tellement long, qu’il confirme bien que les silures se tiennent dans les fosses et qu’on peut aussi les décompter.
Hier la Seille, la Saône, le Rhône et aujourd’hui la Camargue, l’Espagne, l’Italie ! Eh oui, la nature fait bien les choses et a régulé les silures. Les plus belles prises se font maintenant dans le Sud et en dehors nos frontières. Jamais dans l’histoire de l’homme la nature n’a laissé une espèce en surpopulation : Elle régule !
Connaissez-vous le requin d’eau douce ? Oui, je fais bien allusion au brochet ! C’est le nom qu’on lui accordait ! Avec une telle réputation, il ne pouvait être qu’indésirable dans nos eaux. Et aujourd’hui ? Lui n’a pas changé, mais par contre nos mentalités sont différentes. On le recherche, on le respecte, on le protège !
Et celui qui tue par plaisir ? N’est-ce pas la réputation du sandre ? Voilà encore une espèce qui a été indésirable sous prétexte que ses attaques n’étaient pas justifiées et que son origine de l’Europe de l’Est faisait de lui un étranger. Et aujourd’hui ? Qui n’a pas espéré sortir un beau spécimen ?
Qui ne souhaite pas voir ce poisson vivre dans nos eaux ? Alors si les années nous apportent sagesse, réflexion et modération, peut-être la présence des autres poissons notamment celle des silures sera-t-elle enfin respectée.
Facile de tuer un poisson ! Plus difficile d’en donner les véritables raisons. Chacun veut faire sa loi ? Mais alors chacun veut se prendre pour Dieu ? Il est quand même bien triste de voir une personne éradiquer une espèce sous tel ou tel prétexte alors que d’autres se battent pour la faire vivre.
Sa présence a été signalée dès 1860 et sa première capture sur la seille (médiatisée) date de 1977. Plus tard vers 1979, d’autres silures sont capturés, mais leur présence reste rare dans le Rhône, la Saône et la Seille. C’est en 1984-1985 que la densité de silures devient importante et on assiste alors à une explosion démographique. Aujourd’hui, sa rivière natale n’est plus peuplée comme à ces années-là.
Je pêche en Seille depuis plus de 15 ans et je peux vous assurer que toutes les espèces y sont présentes à l’exception peut-être des poissons-chats. Oui, le silure les a dérangés, il a même probablement pris leurs places, mais les sandres et brochets ont modifié leurs mœurs : on les trouve près des berges sous les branches
Le “crever” ? Mais pourquoi de tels propos alors que Gestion, Contrôle, Régulation seraient plus adaptés. Oseriez-vous – alors que vous êtes près d’un camping et que de nombreux enfants et parents vous admirent – sortir un poisson, laisser les enfants faire des photos et sortir un couteau pour le crever devant leurs yeux ? Il ne me viendrait pas l’idée de mener une campagne pour tuer les serpents ou les araignées ou tout simplement ce que je n’aime pas !
Laissons la nature faire. Elle le fait si bien !!! »
Plus d’un milliard d’êtres humains, soit près d’un sixième de la population mondiale, a aujourd’hui faim. Le nombre de personnes en sous-alimentation (moins de 2.400 kcal/jour) n’a jamais été aussi élevé depuis 1970. Une personne meurt de faim dans le monde toutes les quatre secondes. En sus des difficultés locales de production s’ajoutent les habituels conflits nationaux et internationaux, la corruption, le détournement, la gabegie et la hausse des prix des denrées durant ces dernières années. Résultat : 650 millions souffrent de malnutrition en Asie-Pacifique, 270 millions en Afrique subsaharienne, 52 millions en Amérique latine, 40 millions au Proche-Orient/Afrique du Nord mais aussi 16 millions dans les pays développés. Selon les projections de l’ONU, la population mondiale devrait passer de 7 milliards à peu ou prou 9 milliards en 2050. Si le réchauffement climatique monopolise beaucoup le débat d’idées, résoudre la faim dans le monde reste un problème majeur à résoudre pour le survie de l’humanité. Et il ne s’agit pas seulement de la survie de ceux qui ont faim, mais de la survie de notre conscience collective d’être humain qui, si elle pouvait se regarder dans une glace, ne manquerait sans nul doute de mourir de honte.
Coup de projecteur sur la Corne de l’Afrique. Les informations en provenance de cette zone géographique soulèvent bien des questions : est-ce que l’Afrique cessera un jour d’être un synonyme de « faim » ? Où sont les hommes et où est Dieu dans tout cela ? Ces questions ont été posées, lors d’un interview radio sur la BBC Radio 4, le 30 juillet 2011, au pasteur Joel Edwards, Directeur International du Défi Michée. Le Défi Michée est un mouvement mondial de chrétiens qui demandent à leurs gouvernements de tenir la promesse de diminuer l’extrême pauvreté de moitié d’ici 2015. Qui plus est, le Défi Michée lance en ce moment une vaste campagne contre la corruption.
« Le flot interminable de personnes affamées venant de Somalie pour s’abattre sur les ressources surexploitées du Kenya et de l’Éthiopie nous remplit d’exaspération et de colère. Cependant il semble qu’une fois encore on nous demande de dépasser une réaction de désespoir paralysante pour aider des personnes que nous ne rencontrerons jamais.
Leurs visages et leurs corps décharnés nous disent que l’indifférence froide n’est pas une option. Nous devons réagir. Mais c’est précisément cet appel à l’action qui soulève des questions difficiles.
Est-ce que quelque chose de plus pourrait être fait en réponse à cette famine – une soi-disant « catastrophe naturelle » ? Et que peut-on vraiment faire devant le comportement inique d’extrémistes religieux qui réquisitionnent l’aide lorsqu’elle arrive enfin ?
Et où est Dieu dans tout cela ?
Voilà une question toujours embarrassante pour les croyants et un joker pour les non-croyants.
Mais, en regardant le déroulement des événements, il n’est pas difficile d’imaginer que n’importe quel dieu digne de ce nom pourrait aussi nous demander où nous étions.
Le livre de la Genèse raconte une histoire bien connue de famine en Égypte. La clé de la survie impliquait un discernement spirituel pratique, une stratégie qui a anticipé sept années de sécheresse et un système économique qui répondait au besoin.
Au lieu de critiquer Dieu, le roi d’Égypte a promu Joseph, un génie hébreu, qui est passé du rang d’esclave victime du trafic qui l’avait enlevé à son pays natal à celui de premier ministre. Et le Dieu hébreu a reçu un statut spécial en Égypte.
« Où est Dieu dans tout cela » est une bonne question.
Mais ce n’est pas la meilleure ou la plus utile.
Nous devrions demander pourquoi on a laissé ces personnes dépérir si longtemps, jusqu’à ce que le problème devienne si aigu. Et c’est le bon moment pour parler de notre relation avec la création de Dieu et l’environnement. Ces dix dernières années, nous avons eu quatre sécheresses majeures dans la Corne de l’Afrique. Étant donné que chacune présentait des avertissements et des occasions de réagir plus rapidement qui étaient amplement suffisants, nous devrions demander pourquoi nous avons attendu que le déluge de souffrance sape notre capacité d’aider.
La réponse grandissante en faveur de l’Afrique a été encourageante et nous devons tout faire pour qu’elle continue dans les mois qui viennent. Mais personne parmi ceux qui répondent aux événements tragiques en Afrique de l’Est ne peut le faire sans poser certaines questions cruciales.
Faisons simplement attention à ne pas attribuer toute la responsabilité au Ciel. »
Mise à jour du 24 août : selon nos sources, devant la levée de boucliers suscitée par le projet de fusion dont Unidivers s’était fait l’écho, la Municipalité aurait fait machine arrière. Reste que le transfert de La Criée au site Kronenbourg se retrouverait gelé. Dommage collatéral d’une politique ambitieuse et soutenue ?
Au demeurant, on se félicitera de la nouvelle programmation de la Criée. L’exposition du 9 septembre au 16 octobre 2011 offrira de se familiariser avec les œuvres vidéo de Benoît Laffiché. Vernissage le vendredi 9 septembre 2011, 18h30.
La Municipalité de Rennes s’apprêterait à fermer La Criée et à limoger son directeur, Larys Frogier.
La raison ? L’absence de rentabilité du lieu.
Mais n’est-ce pas le lot de la large majorité des lieux d’exposition d’art, en particulier, contemporain?
Si cette décision est confirmée, on peut craindre qu’elle contribue à rendre encore plus obscure la politique du bassin rennais, voire de la Bretagne, en matière d’art contemporain. A contrario, il serait pourtant temps que la Bretagne rattrape son retard en déployant une politique audacieuse visant à coupler la visibilité des lieux d’exposition avec les dispositifs de promotion touristique.
Au demeurant, la solution de rechange de la Municipalité serait d’attribuer au FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain) la gestion et l’organisation dans ses locaux d’un nouveau Centre d’Art Contemporain. On peut se demander si une telle responsabilité entre bien dans ses missions…
Suite à note demande d’entretien avec René Jouquand, adjoint à la Culture de la Ville de Rennes, Unidivers est heureux de vous communiquer la réponse que la rédaction vient de recevoir de la Ville : « La Ville de Rennes dément avec la plus grande vigueur le projet qui lui est prêté de fermer La Criée centre d’art contemporain et de se séparer de son directeur. La Ville mène une politique artistique ambitieuse et soutenue, notamment en matière d’art contemporain, et elle entend poursuivre cette politique. »
Unidivers se réjouit donc d’apprendre que les années à venir continueront avec Larys Frogier à nous montrer au sein des halles centrales ou du site ‘Kronenbourg’ une Criée riche d’audaces réflexives, esthétiques et artistiques. Au demeurant, dans le respect des opinions et du devoir de réserve de chacun, Unidivers et ses lecteurs se réjouiraient d’entendre Larys Frogier et Catherine Elkar développer leur vision prospective.
Dans cet ouvrage qui s’est vendu à 35 000 exemplaires au Canada, Chris Irwin décrit la méthode d’un « chuchoteur ». Des chuchotements qui en apprennent autant au lecteur sur les chevaux que sur les humains…
Fruit de plus de vingt années de dressage et d’observation éthologique, ce guide à lire et relire mêle réflexions sur la relation humain cheval, commentaires morphologiques, examen des langages corporels des chevaux et des hommes et explications techniques simples sur la méthode du dressage sans résistance. Irwin nous montre de façon claire et positive combien assurance intérieure, conscience de soi, honnêteté et confiance sont indispensables dans l’établissement d’une bonne relation avec le cheval, dont la sensibilité et la nature de proie face aux prédateurs que nous sommes enrichissent nos propres perceptions.
En déchiffrant nos attitudes comme les chevaux les perçoivent, en toute vérité, et en nous enseignant comment nous ouvrir à leur langage, Irwin nous montre ce que les chevaux nous apprennent en matière d’empathie et de patience. Et ce qui est vrai avec les animaux et le monde naturel, l’est tout autant avec nos semblables.
Son livre s’achève par un programme d’entraînement pratique à destination de tout cavalier ou amoureux des chevaux, pour commencer à « parler cheval ».
A Tours, on va penser la terre autrement : 3 jours de débats, 60 personnalités venues des 5 continents, 35 thématiques abordées… PlanetTours : une belle planète de participants pour une rencontre qui laissera, Unidivers l’espère, une empreinte plus visible que sa présence ne l’est pour l’instant dans les médias.
Tous acteurs de l’empreinte que nous laissons
De Mohamed Yunus, à Sir Nicholas Stern, de Cécile Duflot à Serge Orru de l’ONG WWF, d’Al Gore en passant par Wangari Maathai « Prix Nobel » de la Paix Ministre de l’écologie kenyan… de Charles Beigbeder à Michel Serre, de la présidente de l‘INRA à Martine Aubry, Ségolène Royal ou Jean-Louis Borloo… Tous prendront part au débat, apporteront leur contribution et laisseront leur « empreinte »… Un événement international
A Tours, pour la première fois, un événement international donne la parole à tous ceux qui s’intéressent, expertisent, critiquent, innovent, inventent, conceptualisent et s’interrogent sur l’avenir de notre planète. Développement durable, empreinte écologique, pollution, biodiversité, climat, transport capitalisme, des mots qui souvent cachent des peurs, soulèvent des questions, suscitent des espoirs… La diversité pour provoquer le débat
Pendant 3 jours, plus de 60 personnalités, venues du monde entier, vont donner vie à « planetTours ». Penser le développement durable et l’écologie exige que l’on embrasse cette diversité, que l’on prenne la mesure des équilibres et des tensions qui les traversent. Décideurs, experts, ONG, philosophes, économistes et citoyens, tous vont se rencontrer, se parler, croiser leur point de vue et confronter leur vision du monde.
Unidivers présente chaque mois le « portrait d’un décideur » dont la vie et le métier sont nourris par une conscience citoyenne, sociale et spirituelle. Il confie la conception de son métier, du territoire breton et formule quelques suggestions pour mieux vivre ensemble.
L’invité du mois : Yves Neveu, fondateur et dirigeant de la société Neveu Nettoyage à Saint-Grégoire, président de la Faculté des Métiers, à Ker Lann, et vice-président de la CCI de Rennes.
En chine, la province du Sichuan accueille une importante population tibétaine et les tensions avec les autorités dégénèrent depuis plusieurs mois. Aussi, pour faire suite au suicide il y a trois jours par immolation d’un moine bouddhiste tibétain, Tsewang Norbu – lequel protestait contre la politique répressive chinoise et demandait le retour du Dalaï Lama, – les autorités chinoises se préparent-elles à une escalade des tensions. Plus de 1000 policiers armés viennent d’être déployés autour du monastère. Les moyens de communication de ce dernier ont été réduits au minimum. Plus tôt dans l’année, le suicide d’un autre moine, Phuntsog, au monastère de Kirti dans une préfecture voisine du Sichuan, avait déclenché une confrontation violente entre les résidents locaux et la police paramilitaire, laquelle avait arrêté 300 moines.
C’est dans le petit village de caractère de Fontaine-Daniel que se tient le premier week-end de septembre la 8e édition la Fête de la terre. Une manifestation écologique hors du commun. D’une part, ce village a été l’un des premiers dans le Grand Ouest à promouvoir l’agriculture biologique (dans les années 1950). D’autre part, cette manifestation réunit aussi bien des producteurs, des inventeurs, des consommateurs, des artistes que des intellectuels. Entretien avec le coorganisateur en chef, Raphaël Denis : pourquoi près de 5000 personnes se sont-elles pressées l’année dernière vers ce lieu où présent et avenir de l’homme et de la nature s’inventent ?
Le film de Catherine Rechard, le Déménagement, produit par Candela productions, raconte le transfert des prisonniers de l’ancienne Maison d’arrêt de Rennes vers le nouveau centre de détention de Vezin-le-Coquet. Il n’a pas le droit d’être diffusé sur les télés nationales. La raison est une soudaine interdiction de l’Administration Pénitentiaire qui a demandé à la réalisatrice de flouter les visages des détenus et surveillants acteurs du documentaire.
Cette décision est pour le moins inattendue. En effet, la convention signée entre les deux parties ne stipulait aucunement cette exigence. Alors, que s’est-il passé pour que l’administration aille jusqu’à censurer une œuvre cinématographique dont la finalité est de toucher un large public ?
J’ai vu le documentaire en question en avant-première au TNB (Théâtre National de Bretagne). De fait, il a la possibilité d’être présenté dans certaines salles de cinéma et festivals. Le contenu n’est aucunement critique ni dangereux pour personne. Au contraire, tout ce qui y est dit est sensé. Mieux : une certaine humanité transparaît finement entre surveillants et détenus dans les murs de l’ancienne maison d’arrêt de Jacques Cartier.
C’est d’ailleurs peut-être là que repose le problème. Ayant travaillé comme conseiller d’insertion et de probation, je connais parfaitement les vieux mécanismes existants chez les hauts fonctionnaires de cette administration. La contrainte du floutage n’est qu’un prétexte. Étonnamment au XXIe siècle, dans une démocratie libérale occidentale, il semble que cela soit la présence de cette dimension humaine que craint la bureaucratie.
En effet, le film fait passer les détenus interrogés pour des êtres humains normaux. Des individus qui réagissent intelligemment à chaque augmentation des paliers de la contrainte sécuritaire. Et pour l’administration, cette humanisation du détenu est en contradiction avec le profil dangereux auquel il doit répondre.
En outre, Le déménagement établit une relation de cause à effet entre la liberté dont jouissaient les détenus dans les coursives de l’ancienne maison d’arrêt et un climat carcéral plus apaisé.
Dans un contraste saisissant, la nouvelle prison se fait sans tarder remarquer par les problèmes générés par les constructions en partenariat avec le privé. Leurs noms et conséquences : fadeur des lieux, surenfermement, déshumanisation, surcoût, etc.
Aussi suis-je conduit à penser qu’ici reposent les vraies raisons qui expliquent l’entrave faite par le directeur de l’administration pénitentiaire. Critiquer gentiment la délégation au privé des constructions carcérales et de certaines activités équivaut à montrer que cela ne marche pas.
L’administration a décidé – par on ne sait quel processus « démocratique » – qu’il en serait ainsi. Il ne resterait donc plus qu’à se taire !
Pourtant, il peut être utile de préciser un point. Alors qu’à l’horizon 2012, environ 50 % des établissements pénitentiaires fonctionneront en gestion déléguée ou mixte (et souvent pour des formules de partenariat de très longue durée), la Cour des Comptes a émis un rapport en 2010 dans la veine de celui de 2006. Ce dernier avertit que cette hausse de la gestion déléguée s’est produite sans véritable évaluation des partenariats ni réelle comparaison entre gestions publique et privée.
Une pétition est en ligne sur le site : www.ledemenagement-lefilm.com. Beaucoup de personnalités l’ont déjà signé. Il y est demandé, notamment, une intervention du ministre de la Culture.
Tous ceux qui oeuvrent pour une prison plus humaine et plus juste attendent une autre réponse du Directeur de l’administration pénitentiaire ou du Garde des Sceaux.
La question du floutage est minime au regard des problèmes de la condition carcérale. Mais on ne peut laisser passer une censure qui ne devrait plus avoir sa raison d’être dans notre époque.
Michel Théron livre aux lecteurs d’Unidivers une réflexion particulièrement spirituelle… Ces dernières d’ailleurs sont légion dans son dernier ouvrage qui vient de paraître Des mots pour le dire – L’actualité au fil des jours.
L’humour est le remède essentiel face au sentiment de notre finitude. La vie, comme le dit Hermann Hesse à la fin du Loup des steppes, est une TSF. Pour quelques instants de musique sublime, il faut subir les parasites, les crachotements, les miaulements des ondes folles. Un instant on entend Mozart, l’instant d’après les grésillements, ou le spot publicitaire, ou l’interférence de la station voisine. Mozart violé par de la friture : c’est l’image et c’est la loi de l’existence.
Dans la vie, on ne peut zapper. Il faut donc prendre au sérieux ce qui en vaut la peine, et rire du reste. Admettre le mélange, s’émouvoir quand il y a lieu, et à côté de cela admettre le sordide, le grotesque, et s’en moquer. Regarder les choses en farce. L’humour est garantie de santé psychique : il prouve la plasticité de l’être, sa capacité à échapper au refuge stable des certitudes. Il ne s’agit pas de nier l’exaltation, mais l’orgueil de l’exaltation ; une part de banalisation est inévitable. Le tragique demeure, même quand le sérieux disparaît. « Il n’y a pas de sérieux, mais il y a le tragique », dit Montherlant dans Le Chaos et la Nuit. Dans cette existence mêlée, je navigue entre deux interjections, l’admiration et le mépris : la vie est faite de Oh ! et de Bah !
On a défini l’humour comme la « politesse du désespoir » ; ou comme une façon élégante de se sortir d’une situation, sans pour autant se tirer d’affaire. Ainsi faudrait-il, par exemple, mourir avec savoir-vivre. On pourrait dire aussi que l’humour est comme les essuie-glaces d’une voiture : ils permettent d’avancer, mais n’empêchent pas la pluie de tomber.
L’humour est renversement de l’importance habituellement accordée aux choses. Il invite l’esprit à la prudence et au mystère. Que savons-nous du tout des choses ? Savons-nous si nos déterminations à leur propos sont justes ? « Dieu rit quand l’homme pense », dit un proverbe juif. L’humour juif (Chaplin, Woody Allen, mais aussi Freud) peut-être lu comme sentiment et signe de la transcendance absolue de Dieu – ou de l’échec du logos humain. Réhabilitation du petit, dévalorisation du grand, l’humour subvertit les habitudes mentales. Il joint le futile à l’agréable. La parole évangélique : « Les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers », est de ce point de vue totalement humoristique.
Dans un monde d’humoristes, les chefs subjuguant les peuples, les ayatollahs divers, sont impossibles. L’humour est le meilleur antidote au fanatisme. Tout ce qui concerne le rire est tabou dans les cultures closes, psychorigides. Si on commence à rire de quelque chose, où s’arrêtera-t-on ? Dans Le Nom de la rose, Umberto Eco montre qu’un traité d’Aristote sur le rire et la comédie, exhumé en plein intégrisme médiéval, peut être le salut humain de cette époque : le symbole ici est évident. En ce sens l’humour est le plus grand des bienfaiteurs culturels, peut-être le signe des cultures les plus achevées.
Tony Anthony, dont l’histoire vraie a été révélée par Taming the Tiger et Cry of the Tiger (vendus à plusieurs millions d’exemplaires) est aujourd’hui un conseiller réputé sur les questions de crime et de réadaptation. Chaque année, il s’adresse à des centaines de milliers de personnes pour raconter son expérience peu commune. Son histoire qui défie l’imagination est en cours d’adaptation au cinéma pour une sortie pour Noël 2012. Tous les ingrédients sont réunis, espérons que Tony Anthony qui réalise le film soit à la hauteur de… lui-même.
« Une tragédie personnelle m’a transformé en une bête assoiffée de sang, un homme violent. J’ai été incarcéré dans la tristement célèbre prison centrale de Nicosie, à Chypre où, le 3 mai 1990, ma vie a été radicalement transformée. Nous vivons dans un monde qui a désespérément besoin d’espoir et de rédemption. Mon histoire montre comment cela peut être le cas ».
Histoire et scénario
A l’âge de 4 ans, il est envoyé à Guangdong en Chine du Sud pour être élevé par son grand-père maternel, le légendaire Kung Fu Master, Cheung Ling Soo. Seul, confus et dans une terre étrangère, Tony comprend vite que, s’il veut survivre, il doit se plier à un régime sévère de discipline. Etranger aux yeux de tous, il est rejeté et traité comme un animal. C’est ainsi que commence son initiation – à la manière de ses ancêtres : dans la violence.
De la chaleur torride de plaines ouvertes du Guangdong aux ravins glacés des montagnes où il défie la mort, le jeune novice réalise des exercices visant à faire de son corps une machine de combat ultime. Maître de la puissance du Ch’i, il fait la rencontre d’un tigre blanc sauvage dont il va tirer son style de combat. Dès lors, il se voit attribuer un nouveau nom : petit tigre».
Quand un syndicat de la drogue pour la traite des êtres humains kidnappe l’une de ses cousines, son grand-père lui l’envoie à la ville pour la retrouver et la ramener vivante. Tony fouille les ruelles sombres et les bordels à sa recherche jusqu’au siège de la triade la plus meurtrière de la ville. Il y sauver la jeune fille.
Commence alors un périple qui le mène à être trois fois Champion du Monde de Kung Fu puis à travailler comme garde du corps d’élite en Europe, à la clé : voyages, jets privés, yachts, argent, fréquentation des puissants du Moyen-Orient… à mille lieues des temples aux cerisiers en fleur, du lit de bambou et des plaisirs restreint de sa jeunesse.
Mais n’en disons pas plus, le décor est planté. Les péripéties vont se succéder jusqu’à échouer en prison à Chypre, un lieu infâme (qui défie les règles de dignité en vigueur en Europe). C’est là qu’il va se confronter aux démons de son âme sombre. Il essaie d’abord de trouver un réconfort dans la méditation et de vieux rituels, mais sans succès. La rencontre de Michael Wright, un clerc irlandais, va tout changer. Tony va connaître une nuit de rédemption et de transfiguration qui l’ouvre à une nouvelle vie laquelle se poursuit aujourd’hui…
Dans la saga Harry Potter, les gobelins aux nez crochus contrôlent le système bancaire du monde magique. Unis contre tous depuis des siècles par l’argent, ces derniers refusent de prendre position pour le camp des bons au profit d’une neutralité intéressée.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher la polémique. Certains voient dans les gobelins une caricature élaborée (consciemment ou non) par Rowlings à partir de stéréotypes antisémites. À notre avis, l’écrivain utilise une figure classique propre au monde féérique, une figure constituée bien avant elle et qui demeure dans notre patrimoine culturel. Dès lors, il nous paraît infondé de la tenir pour coupable d’antisémitisme, sauf à exiger dès aujourd’hui que soit banni des livres à venir l’utilisation de tout stéréotype. Ajoutez à cette nouvelle forme de politiquement correct l’interdiction faite aux personnages fictifs et aux autres protagonistes romanesques de fumer et de consommer plus de deux verres d’alcool, la prochaine rentrée littéraire promet d’être peu réjouissante. Mais le sera-t-elle de toute façon ?…
Cette période estivale 2011 aura marqué la fin d’une époque pour des millions d’aficionados de la suite de roman fantasy de J. K. Rowlings. De la parution du premier tome de Harry Potter en 1997 jusqu’aujourd’hui, le monde entier a été emporté par un engouement qui a entraîné aussi bien des adolescents que des adultes, en particulier âgés de 14 à 28 ans. Rowling – qui se revendique chrétienne pratiquante – fait bien figure de magicienne, tout au moins, a-t-elle réalisé là un Grand Oeuvre.
Cet opus n’a ni débuté ni ne s’est déployé sans susciter nombre de controverses
Aux Etats-Unis, des exemplaires détenus par les bibliothèques sont régulièrement détruits par des fondamentalistes qui y voient une apologie satanique de la sorcellerie, des pro et des anti s’opposent dans toutes les religions, en particulier au sein du christianisme. Si aucune interdiction officielle n’a eu heureusement lieu, c’est loin d’être la seule dimension magique, spirituelle ou religieuse du magicien à la cicatrice qui fait débat. De fait, plusieurs sagas de fantasy où intervient la magie ont été éditées auparavant ou en même temps et n’ont pas suscité de telles oppositions. Il en va ainsi de Le Monde de Narnia de C. S. Lewis(aux forts accents messianiques)oud’À la croisée des mondes de Philip Pullman(une trilogie à la teinte autrement moins chrétienne). Alors pourquoi une telle réaction ? Tout simplement, parce que l’oeuvre de Rowling a su charmer, enchanter, magnétiser, envouter, ensorceler, autrement dit gagner le coeur et l’esprit de millions d’adolescents – ce que les institutions religieuses peinent à faire. On peut donner trois ingrédients de cette opération magique et, pour le coup, bien réelle.
D’une part, durant ces 15 années écoulées, les tomes de la saga ont été publiés en même temps que grandissait dans notre monde une angoisse diffuse devant l’avenir. Alors que le monde réel conjugue chaque jour avec une intelligence déroutante bonnes et mauvaises nouvelles dans un idéal de stabilité chaque semaine ébranlé, le monde d’Harry Potter fournit un cadre stable et cohérent. Un cadre aussi bien psychologique, émotionnel, intellectuel que religieux où s’opposent le Bien et le Mal d’une manière binaire.
C’est dans ce cadre, d’autre part, que se déroulent les aventures fort bien narrées de jeunes magiciens sympathiques, bien élevés, intelligents et pleinement humains. Comme des millions d’autres enfants, les apprentis magiciens vont à l’école où ils étudient pour acquérir des pouvoirs et devenir plus forts et meilleurs. Ce qui est très réconfortant et suscite la confiance.
En outre, cela facilite un lien d’identification avec les trois adolescents magiciens qui forment un trio fondé sur l’amitié et l’union. Harry Potter et ses compagnons de fortune et d’infortunes se donnent autant la main entre eux qu’à des millions d’enfants et d’adolescents pour qui ils constituent un exemple.
Dès lors, il est naturel que les adolescents se retrouvent dans l’univers créé par Rowlings. D’autant plus quand le monde des adultes qui les entourent présente des repères flous, voire brouillés. Cette lecture leur procure un mode de formation, voire une éducation : l’apprentissage des relations aux autres, de l’amour, de la mort, de la souffrance, des étapes de l’existence, de la morale. En ce sens, la saga joue un rôle de lieu intermédiaire d’adaptation entre la vie intérieure du lecteur et le monde collectif. Un intermédiaire socialisateur, certes, mais aussi spirituel.
La question peut être posée ainsi
Qu’elle soit combinée ou non avec la transmission de références religieuses traditionnelles (chrétiennes, juives, musulmanes, bouddhistes, etc.), quelle est l’influence spirituelle exercée par Harry Potter dans le développement personnel du lecteur et comment s’apprécie-t-elle ? Est-elle une aide, une direction ou un supplément d’âme, une spiritualité à part entière ? Son influence est-elle bonne ou mauvaise ?
Répondre à cette question demanderait une analyse approfondie ; on retiendra par défaut trois points :
Au regard d’une certaine désaffection des nouvelles générations à l’égard des expressions religieuses traditionnelles, le monde, le cadre et le discours éthique déployés par Harry Potter et ses compagnons jouent un rôle non de remplacement mais d’auxiliaire. De fait, contrairement à certaines formes émergentes de religiosité, on ne relève aucun élément à charge contre les religions révélées, notamment le christianisme.
Une fois le traitement spécifique (le contexte magique) de la saga mis de côté, les questions fondamentales évoquées, les choix opérés et les valeurs prônées – l’amour, l’amitié, le partage, la solidarité, le refus des stigmatisations, la promotion de la vie contre la mort, la gestion de la perte et des étapes existentielles, la puissance du sacrifice, la résurrection – ne semblent pas entrer en contradiction avec le discours de ces dernières. Bien au contraire.
Harry Potter installe le lecteur dans un monde fictif qui a en commun avec le monde réel de reposer sur une opposition fondatrice entre le Bien et le Mal. Mais le premier est bien plus nettement régi par cette opposition que ne l’est le second. En effet, le monde réel brille en pratique par le brouillage de ces deux notions régulatrices. Autrement dit, Bien et Mal, valeur du sacrifice de soi pour la vie du monde et autres dimensions fondamentales sont plus présentes, plus normatives et plus lisibles dans la saga qu’elles ne sont dans notre société.
Cela conduit à deux remarques
D’une part, les adolescents ont besoin d’un monde bien plus lisible qu’il ne l’est en ce moment. De fait, dans un monde lisible, il est bien plus aisé de faire face à des épisodes complexes, aux accidents de la vie, quelle que soit leur injustice ou leur cruauté. Dans la fosse aux lions gentils dans laquelle on pousse aujourd’hui les enfants et ados, c’est le sens des relations humaines qu’ils cherchent de tous côtés.
D’autre part, la littérature de Rowlings, sa puissance d’évocation, sa capacité participative (le vecteur de personnification) sont telles que nombre de lecteurs vibrent à l’unisson des aventures du trio adolescent bien plus que n’arrivent à le faire les Églises chrétiennes avec la vie, la passion et le message tout à la fois exemplaire et révolutionnaire, humain et divin, de Jésus-Christ. Ce qui renvoie en contrepoint les institutions chrétiennes au choix des modes de communication employés pour transmettre.
Ces modes varient fortement selon les Églises et les pays. Ainsi, un télé-évangéliste américain, un travailleur social français ou un copte orthodoxe ne lisent pas ni ne racontent ni n’illustrent les Évangiles d’une même manière. Reste que les pays historiquement chrétiens font tous face à un recul de la pratique (il est vrai plus ou moins marqué). Ne serait-ce pas là la conséquence d’une difficulté à exprimer la Bonne nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ d’une manière qui gagne les esprits et les coeurs ? Autrement dit, les institutions chrétiennes ne devraient-elles pas réfléchir à la capacité d’enchanter et d’émerveiller l’expression de leur message afin que le lien d’identification et d’imitation entre les jeunes générations, le Christ et la possibilité de devenir des Saints ressuscite ?
Au demeurant, que va devenir cette génération potterienne ?
Va-t-elle rester fermée sur soi, va-t-elle rayonner (mais de quelle manière), va-t-elle contribuer à réfléchir aux transformations en profondeur que connait le monde, notamment chrétien ? Qui sait si les valeurs, en grande partie chrétiennes, véhiculées par la saga ne vont pas au final encourager plusieurs lecteurs devenus grands à approfondir leurs liens au christianisme.
Unidivers publie une lettre de Mohamed Ben Hassel, président du Centre Avicenne de son inauguration en 2006 à 2009. Eu égard au fait qu’il s’adresse non au Collectif pour la Transparence d’Avicenne, mais à notre rédaction, nous insérons directement nos réponses aux affirmations exprimées.
Madame, Monsieur,
En cette période de congé annuel où nombre d’entre nous sommes sous des cieux divers il m’apparait nécessaire d’apporter à vos lecteurs les informations suivantes:
– aucune action en justice n’est en cours contre le CCI Avicenne à ma connaissance ni en tant que personne morale, ni vis à vis de ses dirigeants;
Unidivers – Selon les informations en notre possession, une plainte contre le trésorier d’Avicenne est en cours, un dossier aux Prud’hommes de Rennes devrait être instruit au mois de septembre 2011, une plainte pour agression a été déposée à Cesson et se trouve en attente d’une décision du Procureur de la République.
– la gestion du CCI est conforme à la législation : la presse ainsi que l’ensemble des élus du conseil municipal ont été invités à un débat en présence du bureau et du Commissaire aux Comptes qui peut à tout moment saisir le procureur de la République de toute violation des lois en vigueur. La Chambre Régionale des Comptes a été invitée à cette réunion sur l’initiative du président du CCI Avicenne. Si la Chambre ne s’est pas déplacée ou ne s’est pas saisie du dossier c’est qu’il y a de bonnes raisons.
Unidivers – Selon les informations en notre possession, c’est ladite administratrice dont vous parlez plus bas qui a alerté la Chambre Régionale des Comptes au mois d’octobre 2010 par recommandé. Un magistrat a été saisi. Cela étant, il est notoire que la Chambre attend souvent que les tensions soient retombées pour se manifester.
Il est toujours possible de déposer une plainte devant de Procureur de la République en tant que citoyen : cette action donnera en cas de poursuites un sens aux informations recueillies par votre journal.
Je note que les services du contrôle financier de la ville de Rennes n’ont pas trouvé d’anomalies et que nombre d’associations rennaises n’offrent pas autant de transparence dans leur gestion. Il est d’ailleurs étonnant que les comptes de celles qui ont une vocation culturelle et religieuse n’aient pas subi un tel intérêt médiatique.
De fait, quelle autre association culturelle et cultuelle de Rennes reçoit des centaines de milliers d’euros de subvention et se trouve divisée à un tel point qu’un Collectif pour la Transparence naisse ? Cela étant, si vous alléguez que certaines associations présenteraient des comptes peu clairs, Unidivers vous remercie d’être plus explicite afin de remplir sa mission journalistique dans le cadre de la rubrique ‘Transparence’.
L’acharnement d’une ancienne administratrice dont le mandat n’a pas été renouvelé par la municipalité pour des raisons qui lui appartiennent ne saurait à lui seul justifier une telle gloire pour une dissection acrimonieuse du fonctionnement d’une association composée de bénévoles et d’adhérents.
Elle n’est certainement pas parfaite mais de là à l’accabler de tous les maux il y a là un fossé que seul le bons sens peut combler.
Vis à vis de la présence des administrateurs aux différents conseils d’administration je dirai qu’elle est à l’image d’autres conseils pour des associations du même type: ni plus parfait ni plus inconséquent.
Là encore, la comparaison avec d’autres structures ne semble pas de mise. Le régime des associations est soumis à des lois édictées par la République – où le président veille à leur respect ou non. Qui plus est, les dissensions violentes entres administrateurs ne nous semblent pas la norme ni réelle ni souhaitable en matière de CA d’association (a fortiori quand elle est comme la vôtre très largement et généreusement subventionnée par la collectivité publique). Bien sûr, encore une fois, Unidivers vous remercie de nous préciser le nom de toutes ses associations qui présenteraient une gestion à l’image de la vôtre.
Il est étonnant encore une fois que le CCI Avicenne devienne le marronnier des médias locaux: j’aurais tellement aimé voir un article paraître sur des sujets plus en rapport avec la spiritualité et tout ce qui peut rassembler les citoyens d’une cité riche de sa diversité.
Donner la parole aux différents membres d’une association qui présente une crise avérée ne constitue aucunement un marronnier. Au demeurant, nous vous invitons à parcourir notre site qui de fait offre “de nombreux articles en rapport avec la spiritualité et tout ce qui peut rassembler les citoyens d’une cité riche de sa diversité”.
Vous aviez souhaité notre collaboration avant la naissance d’Unidivers: elle était acquise mais pas pour un travail de rédaction qui vous appartient. A vous de trouver les personnages et les oeuvres qui peuvent enrichir votre magazine et faire connaître la culture de l’Islam.
Nous ne pouvons que nous étonner de cette affirmation : durant les quelques mois de préparation qui ont précédé la naissance d’Unidivers, nous vous avons téléphoné une dizaine de fois sans jamais obtenir de réponse, Unidivers vous a envoyé 7 mails (au Centre Avicenne et à vous en nom propre) sans plus en obtenir. Constatant dès lors que le Centre Avicenne ne souhaitait pas remplir sa mission de truchement entre le public et la communauté musulmane, nous nous sommes adressés à l’Imam Mohamed Loueslati. Ce dernier, malgré tout le temps qu’il passe en prison à soulager les détenus, s’emploie avec zèle à exprimer la position de l’Islam chaque mois dans nos colonnes. Unidivers remercie ce dernier comme tous les musulmans de Bretagne qui s’expriment dans notre webzine et souhaite que le centre Avicenne s’emploie à cesser de déroger à sa mission. Nos pages vous ont toujours été ouvertes. Il vous appartient de vous y exprimer.
J’ai regretté votre absence lors du débat public avec Monseigneur Pierre d’Ornellas sur la problématique bioéthique à la veille des récentes lois.
Encore aurait-il fallu que vous nous y invitiez ! Nul regret ne vous aurait alors tourmenté. Mais, au fait, la chose était impossible : cette conférence a eu lieu le 2 octobre 2010, soit quasiment 8 mois avant le lancement d’Unidivers ! Du reste, nous n’avons depuis jamais reçu la moindre invitation ni information d’aucune sorte de votre part.
Sincères salutations malgré l’amertume.
Dr Mohamed Ben Hassel
PS: cette lettre est une initiative personnelle et n’a fait l’objet d’aucun débat au sein du CCI Avicenne en cours de congé annuel pour la vie culturelle mais en veille spirituelle en ce mois sacré de Ramadhan.
Unidivers souhaite que cette période du Ramadhan vous apporte la douceur nécessaire pour calmer toute amertume et au Centre Avicenne le discernement nécessaire au déploiement d’un avenir radieux.
Bien loin d’affoler les consciences, le clip «Judas» – extrait de l’album de Lady Gaga Born this way sorti en juin dernier – s’est heurté au silence de l’Eglise . Bien qu’elle ait sorti sa vidéo à Pâques – tout comme Madonna -, la pop star n’a pas su ranimer la controverse engendrée par Like a prayer. Peut-être n’est-ce que la conséquence d’une pauvreté générale du clip, de sa musique et de ses paroles.
Marie-Madeleine aime Jésus, le biker latino, mais elle est amoureuse de Judas, le clubber concupiscent. L’histoire est aussi simple que ça. D’une autoroute à cinq voies à un jacuzzi, en passant par la boîte «Electric Gospel» et un improbable rocher en bord d’océan, le «trouple» et son «gang» de disciples alignent les références religieuses: couronne d’épines scintillante, sacré cœur brodé sur la poitrine, colliers de croix, imposition des mains, lavement de pieds et lapidation. A se demander ce qu’un flingue, dont ne sort qu’un rouge à lèvre, vient faire dans tout ça.
Le clip de six minutes, présenté à grand renfort de teasers, a ému la blogosphère des semaines avant sa sortie: on spéculait bon train sur son prétendu caractère blasphématoire et on jubilait d’avance quant à la probable réaction des milieux catholiques.
Quelques jours après Pâques, dans une interview accordée à «E!Online», Lady Gaga annonçait d’ailleurs qu’elle avait choisi de terminer la vidéo sur une scène de lapidation pour se garder le privilège de la première pierre. Pourtant, depuis, l’Eglise catholique ne s’est pas fendue du moindre caillou, ni même d’un gravillon.
Il est bien loin le temps où le Vatican condamnait publiquement Madonna pour «Like a prayer» (1989). Le nouveau CD de Lady Gaga a certes été interdit pour «offense au christianisme»… mais au Liban! Et les critiques musicaux et journalistes people d’enterrer à regret «la controverse religieuse» dans la culture pop. L’implacable silence de l’Eglise pourrait bien faire de la star la fossoyeuse d’un style qui jusqu’alors a fait florès.
«La portée intellectuelle, argumentée, documentée, intelligemment polémique de <Judas> est beaucoup trop indécise, fugitive, planante pour exiger – ou mériter – la moindre réplique», estime le théologien et historien de l’art François Boespflug. Et d’ajouter: «Lorsqu’il y a une question, il est possible de répondre. Mais je ne sens pas de question dans ce clip. Il s’agit plutôt d’une tendance caractéristique du XXe et XXIe siècle: on veut se détacher de l’héritage chrétien mais on refuse de se priver du plaisir de bricoler avec.» Donc, pas de tempête dans le bénitier.
Frank Darcel est le cofondateur du groupe Marquis de Sade en 1977 avec Philippe Pascal. À la dissolution de Marquis de Sade, il fonde le groupe Octobre. Un six titres, Next Year In Asia, sort en 1982, avec Éric Lanz au chant. Un 2e album sort en 1983, Paolino Parc, avec cette fois au chant et à l’écriture des textes Patrick Vidal, ancien chanteur de Marie et les Garçons. Frank Darcel accompagne en parallèle Étienne Daho à la guitare pour son premier album Mythomane, puis devient son réalisateur attitré en 1983 pour le maxi single Le Grand Sommeil. Il réalisera également La notte en 1984. En 1995, Frank Darcel s’essaie au chant pour un premier et unique album solo, ATAO.
En 2003, il se met à l’écriture : son premier roman, Le Dériveur, est publié en 2005 chez Flammarion. Puis, en 2007, ce sera L’Ennemi de la chance, toujours chez Flammarion. Frank Darcel est membre du Parti breton, un parti nationaliste qui milite pour l’indépendance la Bretagne et la création d’une Europe fédérale. Il a été présent à ce titre sur la liste du Parti Breton pour les Européennes de 2009 (2,5% sur la Bretagne administrative) et se retrouve en 7e place en 35 sur la liste « Nous te ferons Bretagne », menée par Christian Troadec et de tendance fédéraliste, pour les élections régionales de 2010. Il soutient ponctuellement le Modem. Il s’est relancé dans la musique en créant un nouveau groupe, Republik, dont le six titres I thought war was over est sorti en mars 2010. Voici mon sang, son dernier roman, est dans le commerce depuis le 26 avril 2011. Quant à l’ouvrage ROK, histoire du rock en Bretagne, il rassemble une trentaine d’auteurs ainsi qu’une iconographie très riche et souvent inédite. Il plongea le lecteur dans l’Histoire socio-économique de la Bretagne à travers le monde du Rock. Second tome attendu pour novembre 2011.
Virginie Merle, alias Frigide Barjot, aime se présenter comme « la fofolle de Dieu ». Frigide Barjot croit en Dieu : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Et prie la Vierge Marie avec son chapelet fluo. Pourtant, à première vue, sa Trinité à elle, c’était plutôt fêtes, alcool et rock’n roll en compagnie du groupe rock Dead Pompidou’s (à écouter : son émoustillant Fais-moi l’amour avec deux doigts, avec trois, ça ne rentre pas de 2009). Jusqu’à son mariage avec Basile de Koch (tête du groupe Jalons), la mort de ses parents et la naissance de ses enfants, Frigide était une catho culturelle. Au tournant des années 2000, elle fait son coming out et vit désormais sa foi à 200 %, sans y voir de contradiction avec la fête, bien au contraire ! Confessions d’une catho branchée raconte son parcours de Saint-Tropez au Saint-Esprit, de Ruquier à Benoît XVI, de Jacques Chirac à Jésus-Christ. Cet ouvrage traduit avant tout sa révolte contre la vulgate anticatho répandue en France et la laïcité positive. Ses analyses s’élèvent contre les idées reçues dans une langue personnelle susceptible de parler à nombre de croyants qui n’osent plus parler de leur foi. Comme Claudel, elle a reçu la foi à Notre-Dame. Le résultat est-il le même ? D’un catholicisme culturel bourgeois à une foi profonde qui s’appuie sur un socle doctrinal, entretien avec un membre de la paroisse Saint-Léon qui n’a pas son missel dans la poche.
Unidivers a goûté : l’originalité du propos, la franchise du ton, la vivacité, la fraicheur et l’humour qui émaillent les pages.
Unidivers a moins goûté : un penchant narcissique (plus que ne réclame l’exercice), un style assez commun, un manque de prise en compte des points de vue divergents au sein de la sociologie catholique.
Unidivers recommande la lecture de cet ouvrage qui montre une face de la vie et de la sociologie catholiques qui n’est que peu relayée par les médias. Conseillé sur la plage ou à une terrasse.
Votre confession fait figure de témoignage…
Initialement, je ne désirais pas raconter ce que j’ai vécu. Précisément, car ce qui m’est arrivé, le recul que j’ai acquis, cette espèce de choc qui m’est tombé dessus, cette conversion, renvoie à une intimité si fragile. À l’époque, je voyais ma vie sombrer, s’abimer dans une épiphanie du non-sens. Pourtant, tout ce que je désirais depuis l’enfance s’était réalisé : la vie affective, la maternité, la réussite professionnelle à Paris. Pourtant, j’étais arrivée à un stade où l’alternative entre rester en vie ou disparaître perdait de son acuité. Je n’avais plus de moteur en moi. Je me lamentais sur moi-même tout en désirant être utile mais sans y parvenir. En plus, autour de moi, plusieurs amis sombraient dans l’alcool, la drogue, le divorce. Je me trouvais dans une crise de milieu de vie où toutes les étapes étant franchies, plus rien ne suscitait en moi de joie profonde. J’étais comme coupée de moi-même, il me manquait l’essentiel. C’est alors que la dimension du spirituel est intervenue dans ma vie comme sens et salut. « Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. » (Jean 14:6)
Comment cette irruption s’est-elle manifestée ?
Comme la conjugaison d’une succession d’étapes et d’un rêve improbable. À cette époque où j’étais comme étrangère à moi-même, je dissolvais ce sentiment dans une fête ininterrompue. Je me noyais dans les sorties pour oublier mon incapacité à gérer la complexité de ma vie. Mais, heureusement, j’avais un ami.
Un petit matin, nous nous rendîmes à Notre-Dame tout embrumés d’alcool après une nuit passée à mettre le feu au dance floor. Je suis entrée dans la cathédrale toute chancelante sur mes escarpins et j’ai été immédiatement frappée par la magnificence du lieu et de l’orgue qui résonnait en de vastes courants porteurs d’un mystère sublime. Au point d’orgue, j’étais complètement retournée. À ce moment arrive le cortège du clergé pour le commencement de la messe. Je n’avais pas assisté depuis des années à une célébration liturgique. J’écoute l’évangile puis le sermon du prêtre ; une parole pénètre au plus profond de ma chair : « Vous êtes aimés inconditionnellement, qui que vous soyez, uniquement ». J’ai entendu, vécue, infusée, compris : « Virginie, tu es aimée inconditionnellement, Jésus est là, avec toi, et jamais il ne te fera souffrir ». La parole, la Parole est entrée en moi. Elle a pénétré mon âme qui s’est comme réveillée, mon esprit a pris conscience qu’un être supérieur m’aimait depuis toujours. Je me suis répandue en larmes sur l’épaule de mon ami. Les vannes du coeur étaient ouvertes. Des cataractes.
D’où votre changement de vie, cette conversion qui a redéployé votre vie dans d’autres voies et d’autres combats…
Tout à fait. Une autre fois, alors que j’étais chroniqueuse chez Laurent Ruquier, il m’est soudain devenue évident qu’un même discours unilatéral et anticatho régnait sur les ondes. Toujours un seul son de cloche. Quand l’Église romaine était attaquée, j’essayais vaguement, bon an mal an, de la défendre. Mais quand l’équipe de Ruquier m’a demandée de me déguiser en nonnette et d’aller vendre des sextoys à Saint-Denis, j’ai refusé. Et refuser (pour des raisons morales), c’est impossible dans le système actuel du PAF. Surtout, quand il y a 250 personnes qui poussent derrière pour obtenir votre poste. En répondant ‘non’, je me suis fait virer, mais je disais ‘oui’ à une dimension en moi que je réprimais depuis des années.
Ras le bol de taper tout le temps sur les cathos ! C’est pourquoi, en 2009, alors que sévissait une irrationnelle vague médiatique contre Benoit XVI, je me suis engagée dans une action de communication intitulée « Touche pas à mon pape ! ». Depuis, je m’emploie à réunir autour de moi des artistes catholiques afin de défendre la foi et la culture chrétiennes à travers le monde des médias. Je le dis sans ambages : pour moi, il n’y a pas de culture sans Dieu. La recherche de l’absolu est fondamentale. Et quoi qu’on cherche, on arrive toujours à Dieu.
Vous dîtes que les chrétiens catholiques romains ne sont pas assez dans les médias. Pourquoi ?
Parce qu’ils ont peur.
Peur de quoi ?
Je l’ai expérimenté pendant la vague d’agression contre Benoit XVI : ils craignent d’aller au casse-pipe ou, a contrario, d’être pris pour de gentils débiles.
La réalité, c’est qu’il y a un trio médiatique – composé de Frédéric Lenoir, Alain de La Morandais et Christian Terras – qui représente soi-disant les fidèles catholiques alors qu’il fait écran à leur expression. La réalité, c’est que la majorité des catholiques n’a pas voie au chapitre tandis que le système médiatique fait croire que le journal Témoignage crétin (sic) exprime des opinions quasi unanimes.
Quelle vision de la foi défendez-vous ?
Les gens ont besoin de revenir à l’essentiel : c’est quoi le Bien, le Vrai, le Beau ? La domination d’un discours ambiant qui conjugue marxisme, ultralibéralisme et archiconsommation impose aux gens d’être suragis par le sexe, l’accumulation des richesses et une conception matérialiste et profondément pauvre et triste de la vie.
Aujourd’hui, parler de Dieu équivaut à un discours emmerdant (sic). C’est faux ! Reste qu’il est plus que jamais temps d’échafauder de nouveaux modes d’expression sans devenir des clowns. Les cathos peinent à y parvenir, mais nous sommes quelques personnes tolérées dans le système médiatique qui souhaitons diffuser sur les plateaux aux heures de grande écoute un message fondée sur la défense de la vie, du pauvre, du faible. Tout l’enjeu consiste à trouver des mots qui ne sont pas liberticides mais qui conservent du sens.
Votre démarche se traduit-elle par l’adhésion à un mouvement politique ?
Ni droite ni gauche : Dieu ! Certes, je me réjouis qu’il existe des élus chrétiens. Cependant, le mode conflictuel et d’anathème de la politique dans l’Hexagone me paraît stérile. Et puis, au final, si le choix se situe entre une carrière et la foi, il faut avoir le courage d’être soi-même. C’est ainsi que la dimension de la vie temporelle cessera d’être de plus en plus le fardeau faussement réjouissant qu’elle devient chaque jour. Pour réformer la cité en son coeur, il faut une redécouverte de l’amour et de la vie spirituelle afin qu’une véritable vie politique puisse advenir. En attendant, aujourd’hui, je ne peux voter pour personne.
Quel avenir pour le monde alors ?
Sans conversion, il est mal parti ! J’espère dans la venue du Saint-Esprit. J’espère dans la fin des violences, de la volonté de puissance et de la continuelle recherche du pourvoir. Il est impossible de faire l’économie du retour à Dieu. Je pars du principe qu’Il m’a sauvée, pourquoi ne sauverait-Il pas les autres ? Cela passe par la culture et les médias, un discours accessible, le témoignage, etc.
Et quel est l’avenir de la spiritualité ?
L’avenir est radieux, car tout est à refaire. Cessons de nous fourvoyer et admettons que nous ne sommes pas notre propre dieu.
Nombre de personnes de droite comme de gauche considèrent qu’il y a un échec du modèle multiculturaliste. Qu’en pensez-vous et qu’elle pourrait être vos suggestions pour mieux vivre ensemble ?
Je ne sais pas en quoi consiste ce modèle : vivre tous ensemble sans modifier sa culture d’origine !?! De fait, cela ne fonctionne pas. Cela ne fait qu’alimenter les peurs. D’où une montée des populismes. Pour échapper à ces deux ornières, une seule réponse : rechristianiser la France.
Contrairement aux apparences, les divergences à ce propos sont très fortes dans l’Église catholique romaine. Entre un travailleur social et un membre de l’Opus Dei, le fossé est profond. Comment concevez-vous le rapport entre le message du Christ délivré dans les Évangiles et celui diffusé par l’institution ?
Tirer l’institution vers un modèle démocratique, politisé et social, cela ne me parle pas du tout. Je nourris une fibre solidaire et sociale, mais elle est à mille lieues d’une vision gauchiste. À mon sens, le problème est plus vaste et plus simple à la fois : les prêtres doivent s’unir pour clamer un témoignage centré sur l’avenir de l’humanité, l’avenir de la planète, la défense de la vie, la lutte contre la pauvreté matérielle, psychologique et spirituelle.
Reste que le nombre de prêtres décroit. Comment faire l’économie de recourir aux fidèles ?
À défaut ou en attendant une rechristianisation de l’Occident, il faut inventer de nouveaux tiers-ordres.
Que pensez-vous du mariage des prêtres ?
Si l’on se consacre à Dieu, on ne peut pas se consacrer à une famille. La différence entre l’âme et le corps est telle qu’on ne peut pas s’épanouir dans les deux sphères.
Toutefois, les prêtres ne sont pas moines. Du reste, ils pouvaient se marier en Occident jusqu’au célibat ecclésiastique promulgué en 1073 et l’apparition du sacrement du mariage. En outre, à l’image des apôtres, de nombreux évêques furent mariés durant le premier millénaire. L’interdiction du mariage est avant tout liée à la volonté de mettre fin à l’émiettement des richesses de l’Église entre les enfants. En quoi le fait d’être marié vous semble-t-il empêcher l’accomplissement de leur ministère ?
Précisément, parce qu’il faut au prêtre toute son amplitude intérieure pour se consacrer à son ministère. Ce que la vie familiale empêche. Il faut leur laisser leur part de sublime. L’Esprit-Saint les aide. Ils se sanctifient ainsi. C’est pour cela que je les admire. Et pour me remettre mes péchés lors de la confession, je ne souhaite pas qu’un prêtre soit marié. Autrement dit, ils n’ont pas à vivre ni dans la bouffe ni dans le cul !
Virginie, Unidivers vous remercie de votre franc-parler.
Quant à moi, Nicolas, je vous remercie de vos questions qui ont le mérite d’aller droit au but !
Propos recueillis par Nicolas Roberti
Confessions d’une catho branchée, 2011, Plon,390 pages
Julie de Hauranne, jeune actrice française d’origine lusitanienne, parle le portugais sans jamais avoir mis un pied dans ce pays. Lorsqu’elle arrive à Lisbonne, où elle doit tourner dans un film inspiré des Lettres Portugaises de Guilleragues, elle se trouve vite fascinée par une religieuse qui vient prier toutes les nuits dans la chapelle de « Nossa Senhora do monte » sur la colline de Graça. Au cours de son séjour la jeune femme fait toute une série de rencontres, qui, à l’image de son existence antérieure, semblent éphémères et sans suite, mais après une nuit où elle parle enfin avec la religieuse, elle entrevoit le sens de sa vie et de son destin… La magnifique intuition du réalisateur Eugene Green est d’avoir compris la possibilité mystique de Lisbonne ! Ce film est un bonheur si on accepte de s’y couler. On pourra alors en sortir à la fois intériorisé et émerveillé.
Visite du Lisboa des monts. L’église, la mesa senhora del monte, qui sera le lieu final de la Révélation, où Julie de Hauranne, la jeune actrice française venue tourner Les Lettres de la religieuse portugaise, rencontre une sœur qui est comme sa sœur. Des chants de fado, parfois sur des paroles de Pessoa, d’où émane la tristesse/espérance de la saudade, avec des paroles comme celles-là : « Etre ce que je ne suis pas ? » Tout n’est que mélancolie mais d’une mélancolie aérée, pas trop pesante, car les lieux privilégiés sont les belvédères! En fait, Julie de Hauranne, à travers la découverte de Lisbonne, rencontre la solitude, la désespérance, l’abandon, la perte, l’absence, la séparation… Elle vient « sauver » les hommes qu’elles rencontrent, le gamin des rues orphelin Vasco qui ne va pas à l’école et qu’elle adoptera. Le comte de Viseu, fis d’un dignitaire de la dictature frappé de déchéance, qui voulait se suicider. Martin, son partenaire de tournage qui s’ennuie dans son couple et à qui elle va se donner comme en cadeau… Son baiser guérit. Sa quête est celle du bonheur. Alors que passe l’idée que Lisbonne et le Portugal tout entier est un pays cloîtré, écrasé par son fatum, relégué dans ses marges géographiques, largué par ses grands moments d’Histoire révolus.
Oui, on peut décrocher de ce film, qui dure deux heures, à l’allure parfois de pièce montée, de guet-apens insignifiant. On surprend ici un tournage trop amateur, là un formalisme quasi fétichiste, ou encore quelques dialogues anodins… Mais comprendre que ces contre-acteurs hiératiques à la diction si formaliste et distanciée, rend le langage comme incréé… Comprendre que ces images très lentes permettent l’appropriation des scènes et des lieux souvent déserts. Comprendre que cet éloge de la sobriété et de l’ immobilité, « contraire à la modernité », peut creuser en nous un « vide » salutaire, propice à l’Attente.
Une certaine nuit le film passe sur un autre mode. Commencée par un chant de fado à l’issue duquel Julie pleure, poursuivie par une sortie en boîte (ah l’admirable façon dont les jeunes femmes lisboètes se déhanchent, sans aucune frénésie, tout en douces ondulations. Que le désir portugais reste toujours celui-là !). Puis c’est la rencontre avec un beau jeune homme qu’elle désigne comme la réincarnation de Don Sebastiao, la figure légendaire du Portugal à l’origine du grand mythe du retour du Roi caché qui sauvera le pays… Et sous le croissant de lune, et au son des cloches, Julie s’en va rejoindre l’église. Elle s’évanouit, ranimée par Irma Joana, la jeune sœur qui passe ses nuits à prier, et là surgit un dialogue de toute beauté et d’une rare intensité au cinéma. « On disparaît à force d’aimer… … aimer au point d’enfanter… trouver sa vie c’est enfanter… nous portons tous une nouvelle vie… Nous sommes quelqu’un d’autre. » Les mots muets sont à l’œuvre… Éternelle jeunesse du vrai sentiment mystique !
Hervé Colombet
Un film d’Eugène Green, avec Leonor Baldaque, Beatriz Batarda Titre original : A RELIGIOSE PORTUGUESA (Portugal) Genre : Drame – Duree : 2H07 mn Distributeur : Ocean films – Editeur DVD : Bodega films
Martin Buber est un philosophe et pédagogue israélien d’origine autrichienne. Il quitte l’Allemagne en 1938 pour s’installer à Jérusalem. A l’Université hébraïque de Jérusalem, il professe l’anthropologie et la sociologie. Il oeuvre toute sa vie à une meilleure entente entre Israéliens et Arabes, se faisant l’apôtre d’un État bi-national et démocratique en Palestine. Il se forme durant sa jeunesse à la philosophie par l’intermédiaire de Kant, Nietzsche et Kierkegaard. Mais il est frappé par la découverte des écrits hassidiques. La doctrine hassidique enseigne que l’on atteint la sagesse non en se détachant du monde, mais en s’en imprégnant profondément pour mieux le comprendre. Il s’emploie à la renouveler pour lui restituer son universalité sous-jacente. Sa pensée et son existentialisme religieux sont aujourd’hui considérés comme l’un des principaux sous-bassement de la philosophie juive moderne.
« Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se pré-occuper de soi. »
«À force de sonder la vie des choses et la nature de leur relativité, tu arriveras à l’insoluble ; à force de contester la vie des choses et leur relativité, tu arriveras au néant; en sanctifiant les choses, tu rencontreras le Dieu vivant. »
Pour Buber, l’être humain est par essence homo dialogus, et ne peut s’accomplir sans communier avec l’humanité, la création et le Créateur. Il est aussi homo religiosus, car l’amour de l’humanité conduit à l’amour de Dieu et réciproquement. Il est donc impensable de parler aux hommes sans parler à Dieu, et réciproquement. La divine Présence participe donc à toute rencontre authentique entre les êtres humains et habite ceux qui instaurent le véritable dialogue.
Dans son ouvrage le plus célèbre, Je et Tu (1935), Martin Buber souligne l’attitude duelle à l’égard du monde: la relation Je-Tu et la relation Je-cela.
Ni le Je ni le Tu ne vivent séparément, ils n’existent que dans le contexte Je-Tu, qui précède la sphère du Je et la sphère du Tu.
De même, ni le Je ni le cela n’existent séparément, ils existent uniquement dans la sphère du Je-cela.
La relation Je-Tu n’est absolue qu’à l’égard de Dieu – le Tu éternel – et ne peut être pleinement réalisée dans les autres domaines de l’existence, y compris dans les relations humaines, ou Je-Tu fait souvent place à Je-cela. L’être humain ne peut être transfiguré et accéder à la vie authentique que s’il entre dans la relation Je-Tu, confirmant ainsi «l’altérité de l’autre», ce qui suppose un engagement total: «La parole première Je-Tu ne peut être dite qu’avec l’être tout entier, alors que la parole première Je-cela ne peut jamais être dite avec l’être tout entier». Je et Tu sont deux êtres souverains dont aucun ne cherche à impressionner l’autre ni à l’utiliser.
Selon Buber, l’homme peut vivre sans dialogue mais qui n’a jamais rencontré un Tu n’est pas véritablement un être humain. Cependant, celui qui pénètre dans l’univers du dialogue prend un risque considérable puisque la relation Je-Tu exige une ouverture totale du Je, qui s’expose ainsi à un refus et à un rejet total.
La réalité subjective Je-Tu s’enracine dans le dialogue, tandis que le rapport instrumental Je-cela s’ancre dans le monologue, qui transforme le monde et l’être humain en objet. Dans l’ordre du monologue, l’autre est réifié – il est perçu et utilisé – alors que dans l’ordre du dialogue, il est rencontré, reconnu et nommé comme être singulier.
Les conceptions de Buber s’opposent tant à l’individualisme, où l’autre n’est perçu que par rapport à soi-même, qu’à la perspective collective, où l’individu est occulté au profit de la société. Dès lors, il s’agit pour l’homme de rechercher Dieu « dans l’intervalle même qui nous sépare les uns des autres ».
Le directeur du Théâtre national de Bretagne (TNB) est reconduit pour trois ans par Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture. À 60 ans, François Le Pillouër, directeur du TNB depuis 1994, est donc reconduit jusqu’à 2016.
Théâtre national de Bretagne
Le Théâtre national de Bretagne est une institution culturelle créé à Rennes en 1990 par la réunion du Centre dramatique de l’Ouest et de la Maison de la Culture de Rennes.
Adresse : 1 Rue Saint-Hélier, 35040 Rennes
Chacun des travaux de prospectives et essais de Jeremy Rifkin et de sa Fondation déclenche débats et polémiques dans le monde entier. Taxé autant d’utopiste que d’apocalypsophile, force est de reconnaître sa contribution à la constitution d’un matériau de données efficace pour penser l’économie présente et à venir.
Dans « Who should play God ? », son premier essai en date de 1977, l’écrivain prévenait des dangers des manipulations génétiques rendues possibles par la découverte de l’ADN ;
En 1993, Au-delà du bœuf est vilipendé. Il dénonçait la boulimie américaine de viande et du milliard de bœufs qui dévore plus d’un tiers des céréales mondiales. Aujourd’hui, nombre de ses anciens détracteurs lui donnent raison.
En 1995, dans La Fin du travail,il annonce que la révolution technologique va entraîner la disparition du modèle d’un emploi stable et protégé pour tous.
En 1997, Le Siècle biotech, il décode les avancées colossales des biotechnologies et les risques inédits qu’elles entrainent : pollution irréversible par les OGM, confiscation industrielle du patrimoine génétique, individus catalogués par génotype, etc.
L’Age de l’accès. La Révolution de la nouvelle économie analyse la sphère du Web pour conclure sur la question suivante : « Existe-t-il encore une différence entre communication, communion et commerce ? »
Aujourd’hui, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Civilisation de l’empathie explique que la sortie de l’humanité de la révolution industrielle du XXe siècle (fondée sur l’énergie nucléaire et fossile) s’inscrit dans la crise écologique actuelle et, par conséquent, par la remise en cause de ses modèles de croissance compris comme reposant sur une conception égoïste de l’individu. Mais fi du catastrophisme, Jeremy Rifkin annonce l’émergence d’une civilisation de l’empathie. De fait, pour la première fois dans l’histoire du monde, les citoyens du monde sont confrontés à une potentielle destruction de l’espèce. Or, ils y sont confrontés au sein d’une civilisation globale, gouvernée collectivement, connectée et coresponsable. En termes institutionnels, on citera les Nations unies, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international, l’Union européenne, l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation météorologique mondiale, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la Cour pénale internationale, etc. Qui plus est, la mondialisation, en contrepoint des ses effets néfaste, s’accompagne d’un accès radical à la connaissance. Dans ce cadre la civilisation de l’empathie s’ancre dans une conception libérale de collaboration. Pour ce faire, il faut donner aux hommes l’occasion et les moyens afin de les conduire à collaborer avec les autres dans un objectif d’intérêt général.
«Être empathique, ce n’est pas être utopique, mais plutôt prendre conscience de la difficulté d’exister. La raison pour laquelle j’ai écrit ce livre, c’est que j’ai le sentiment que notre espèce est arrivée à un tournant. En regardant les faits, les chiffres, il est réaliste d’envisager que l’humanité arrivera à son extinction dans le siècle prochain.»
« Nous sommes, j’en suis convaincu, à la veille d’un tournant historique vers un climax de l’économie mondiale – son passage à un état autostabilisant – et vers un repositionnement fondamental de la vie humaine sur la planète. L’âge de la raison s’efface, place à l’âge de l’empathie. »
« Un monde qui se mondialise est en train de créer un nouveau cosmopolitisme, dont les identités et les affiliations multiples couvrent toute la planète. Les cosmopolites sont l’avant-garde, si l’on veut, d’une conscience biosphérique naissante. »
Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Civilisation de l’empathie, de Jeremy Rifkin, traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise et Paul Chemla – Éditions Les liens qui libèrent, 29 euros.
Unidivers a goûté : la thèse principale : La nature humaine n’est pas essentiellement avide de pouvoir, l’empathie naturelle est susceptible de la sauver de la catastrophe qu’elle génère.
Unidivers a moins goûté : la carence de réflexions consacrées aux technologies de surveillance, à la real politik du jeu politique de financement des régimes dictatoriaux et des activités terroristes ; une mise en perspective unidimensionnelle qui fait l’impasse d’une réflexion sur l’homme ; l’absence de distinguo entre la tension altruiste et la tension narcissique dans l’empathie.
Au final, Unidivers recommande cette lecture mais en posant la question : une acception trop générale de l’empathie ne risque-t-elle pas de réduire l’intervention de cette dernière à une fonction d’antibiotique dans une conception écolo-organiciste du monde ?
À vingt ans, Fabrice Midal a rencontré l’enseignement de Chögyam Trungpa. Il s’est dés lors engagé dans la pratique de la méditation. Aujourd’hui, il enseigne la méditation depuis plus de quinze ans. Fabrice Midal a fondé L’École Occidentale de Méditation où il dirige de nombreux séminaires visant à présenter une autre approche de la méditation qui soit en rapport réel avec notre vie quotidienne et en dialogue avec la pensée et la poésie d’Occident. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont Risquer la liberté (Seuil), Et si de l’amour, on ne savait rien (Albin Michel), il fraie – à partir de la philosophie, du bouddhisme et de l’art moderne – un chemin nouveau pour notre temps. Une part de son travail, consiste à méditer le sens de l’art moderne ; il est, notamment, l’auteur de Comprendre l’art moderne et Jackson Pollock ou l’invention de l’Amérique. C’est à l’occasion du séminaire qu’il dirigera en Auvergne du 14 au 21 août 2001 – Cesser de rêver les yeux ouverts – qu’Unidivers lui a demandé de résumer le chemin qui l’y a mené.
Quel est, selon vous, le principal obstacle au développement d’une vie spirituelle dans notre société ?
L’obstacle le plus profond à toute entente de la Voie est le règne du consumérisme total, dans lequel nous sommes si profondément pris. Ce consumérisme se manifeste sous un triple visage :
Le consumérisme du corps (nous consommons des biens matériels sans jamais être repus), celui de la parole (nous sommes avides d’idées nouvelles, de concepts, d’idéologies qui ne font que nous donner le sentiment d’avoir raison ou encore d’être dans l’air du temps) et celui de l’esprit (nous recherchons à tout prix à vivre des expériences spirituelles qui nous rendront supérieurs en nous élevant dans un monde idéal).
Le problème est à chaque fois le même. Nous tentons de nous rassurer plutôt que d’entrer en rapport à ce qui se passe. Cette attitude manque totalement de générosité ; elle est mue par un état de panique non reconnu. Nous cherchons à ce que toutes choses, tout être, nous donnent le sentiment que nous avons gagné quelque chose. Et nous sommes chaque jour un peu plus frustrés. La sécurité recherchée n’est jamais accordée. Jamais un surcroît de bien, l’élaboration d’une construction idéologique plus solide ou un rêve spirituel, ne nous donnera un véritable sentiment de paix.
Quelles sont les conséquences de ce consumérisme ?
En fait, nous nous engageons ainsi dans une lutte incessante. Car en n’obtenant pas la sécurité voulue, nous intensifions nos efforts.
Cette lutte nous fait adopter des stratégies complexes :
Nous choisissons une forme d’ignorance qui gèle la situation, et nous avons alors l’illusion que tout va bien parce qu’en fait, tout est émoussé… Nous avons décidé de vivre dans notre petit cocon sans vision ni réelle dignité…Mais, au moins, les risques sont moindres. La douleur est comme anesthésiée. Cela nous suffit. Nous faisons des efforts constants pour maintenir cet état et refuser tout ce qui pourrait le remettre en cause.
Ou encore, nous recherchons un sentiment de confort qui soit le plus sophistiqué possible… mais les distinctions que nous ne cessons de faire nous laissent toujours plus insatisfaits tout en nous occupant intensément.
Nous sommes aussi parfois dans un état de compétition: cherchant à être meilleur que le voisin, vérifiant sans cesse ce que nous faisons en le comparant aux autres sans hésiter à nous engouffrer dans une jalousie intense…L’état de paranoïa, malgré la douleur qu’elle génère, nous donne le sentiment illusoire de dominer la situation.
Une autre stratégie consiste à chercher à atteindre un idéal de perfection, de calme et de détente. En réalité, nous ne faisons alors que nous intoxiquer au sein d’un état d’absorption que nous avons nous-mêmes fabriqué. La plupart des gens confondent cet état avec un état de paix authentique…
Ou encore, n’obtenant pas une sécurité suffisante, nous nous sentons appauvris, nous étouffons. La beauté, le sens et la richesse du monde, nous semblent inatteignables et notre frustration grandit. Pourquoi cela nous est-il, à nous, refusé ?
Nous sommes alors si frustrés que nous ne cessons plus d’être en colère, vivant un véritable enfer… Nous avons l’impression parfois de nous taper la tête contre les murs.
Nous passons ainsi d’une stratégie à l’autre, même si parfois nous en adoptons une pendant des années, voire toute une vie. S’il existe bien un chemin réel, un chemin qui nous libère de ces diverses modalités de luttes, il ne correspondra pas à ce que nous voudrions, à notre quête incessante de sécurité. Il se doit d’être une ouverture beaucoup plus inconditionnelle à ce qui est.
Dans ce cadre, quel secours la pratique de la méditation procure-t-elle ?
Tel est précisément le sens visé par la méditation : démanteler cette bataille. C’est même là son apport principal. Elle dispose pour ce faire de trois atouts précieux :
La méditation consiste à nous ouvrir sans condition à la réalité. Elle nous permet ainsi de surmonter le pseudo-héroïsme qui nous fait croire que nous pourrions nous améliorer, nous changer et qui repose en vérité sur un manque d’amour envers qui nous sommes. Non pas qu’il n’est pas possible de se transformer, mais certainement pas à partir d’un ressentiment contre ce que nous sommes. Se transformer, ce n’est pas avoir un projet, mais faire confiance au mouvement même de la vie en soi et être prêt à s’y abandonner sans condition.
La méditation nous révèle le sens le plus pur de la générosité ; se donner sans condition à ce qui est… ne rien attendre, ne pas chercher à acquérir ni des expériences ni des gratifications. Juste donner de l’attention gratuitement. Remarquez qu’il en est de même dans la vie de tous les jours. Si vous voulez aider quelqu’un, le plus beau cadeau que vous puissiez généralement lui faire, n’est pas de lui donner des conseils, mais de l’écouter réellement avec attention et une présence bienveillante.
Enfin, la méditation nous permet de surmonter la dichotomie artificielle entre intérieur et extérieur, entre soi et les autres, entre objectivité et subjectivité. En pratiquant nous sommes tout autant en rapport à qui nous sommes qu’en rapport à la réalité. Le monde devient ainsi plus profondément poétique.
Nous découvrons alors que la cause de notre enfermement est notre désir incessant de gagner quelque chose. À partir du moment on l’on se pose cette question – que vais-je gagner ? –, la situation est d’une certaine manière corrompue. Si, quand vous rencontrez quelqu’un vous vous demandez ce que vous allez gagner, vous ne verrez plus réellement la personne en face de vous. Ce qui peut nous guérir de cette approche si frustrante sur le long terme, c’est la générosité : être prêt à faire quelque chose pour rien, donner et se donner pour de bon. Tel est le sens le plus juste de la méditation.
Quelle conception vous faites-vous de l’ego ?
Ce qu’on nomme « ego » est précisément ce mouvement de crispation dans lequel on est pris sans répit – et qui dépend des trois visages du consumérisme et des six mondes dans lesquels nous sommes emprisonnés, tournant de l’un à l’autre comme un rongeur dans sa cage. Plus nous voulons nous libérer, plus nous nous enfermons. Toute lutte pour sortir de l’ego est un jeu de l’ego ! Abandonner l’égo, c’est abandonner la lutte. Cela ne peut se faire que sans condition. Quand vous méditez, vous apprenez qu’il existe un autre monde que le jeu de l’ego. Car on ne peut pas saisir l’ouverture, on ne peut pas la fabriquer, on peut juste consentir.
J’espère que vous voyez l’étrange confusion qui règne sur cette question de l’ego. Pour la plupart des gens, l’ego désigne le sentiment de se sentir bien, de se sentir quelqu’un d’important. Mais cela n’a strictement rien à voir avec ce dont nous parlons. L’ego dont nous parlons se manifeste tout aussi bien par le sentiment d’orgueil que de haine de soi. Se dénigrer, se méjuger, penser qu’on est incapable, qu’on n’est pas à la hauteur est une manifestation de l’ego – tout aussi problématique que l’orgueil. Il arrive que l’on soit très content d’un travail que nous avons fait, ou encore que nous soyons touchés d’un remerciement et que cela nous détende profondément. Il n’y a là rien, mais absolument rien de problématique. Je crois important de lever cette mécompréhension. Il est même très sain de reconnaître nos capacités et qualités.
Je dois dire que parmi les gens que je rencontre et qui s’essaient à la méditation, il y en a tout autant de gens qui s’arrêtent sur leur chemin parce qu’ils sont aveuglés par leur arrogance, que parce qu’ils ne se sentent pas à la hauteur. C’est sans doute là les deux obstacles principaux et la raison qui font que tant de gens, qui ont un jour touché à la délivrance qu’offre la pratique de la méditation, y renoncent. Les premiers préfèrent la médiocrité de leurs élucubrations – qui ont parfois un certain style ! – plutôt que de s’abandonner pour de bon et reconnaître qu’il existe un chemin qu’ils doivent suivre mais qui demande efforts et remises en question. Les seconds préfèrent vivre dans le confort d’un monde éteint, sans relief et sans vision que de risquer de s’abandonner. Ils affirment alors que le chemin est trop grand, trop difficile, trop élitiste pour eux. C’est une forme de lâcheté.
Que doit-on alors apprendre ?
Nous cherchons à vivre heureux et nous nous enfermons dans des schémas comportementaux qui nous empoisonnent et nous empêchent précisément d’être heureux. Et au lieu de prendre le problème avec courage et honnêteté, nous préférons rejeter la faute sur le dos des autres, de notre mari ou de notre épouse, de notre travail, de la société ou encore – et cela ne change rien – de notre propre insuffisance. Puis nous rêvons à ce qui pourrait bien se passer ! Voilà ce qu’il faudrait arrêter si nous voulons entrer dans cette voie.
Il n’y a quasi aucune situation où il n’est pas possible d’entrer dans la plus haute humanité et la plus juste générosité. Si je décris ainsi le mécanisme de ce cercle vicieux de l’ego où nous sommes enfermés, la bataille que nous livrons jour après jour, ce n’est pas par cynisme mais parce que telle est la seule possibilité d’entrer dans le chemin. Reconnaître que notre existence est un fiasco. Sans cela, rien n’est possible. On ne peut pas pratiquer la méditation comme on va nager à la piscine ou fumer une cigarette.
Le chemin commence quand nous réalisons que, oui, vraiment, nous sommes tout à fait loin du compte. Que nous voulons vraiment que quelque chose change. Que notre vie s’ouvre réellement. Qu’il n’est pas de raison, d’être ainsi malheureux et à côté de la vie.Le chemin est décrit dans les textes comme le fait que nous ne sommes pas encore vraiment des êtres humains et qu’il nous faut le devenir grâce à la méditation qui court-circuite ces absurdes stratégies qui nous rendent peu libres et peu dignes. Nous vivons en effet souvent comme des animaux.
Chez les Tibétains, « animal » se dit « ceux qui ont la tête penchée, qui se tiennent à quatre pattes ». Être humain, c’est être droit. Tant que nous vivons prisonniers de nos stratégies consuméristes, nous sommes bien peu humains. Les textes tibétains ne pensent cependant pas du tout l’être humain comme un « animal rationnel » et, donc, l’être humain comme ce qui se détache de l’animalité par la raison. Ils font une description beaucoup plus juste, me semble-t-il, en termes phénoménologiques. Être humain, c’est se tenir dans la droiture. Ce que la posture de la pratique de la méditation nous apprend.
Autrement dit, nous ne devenons humains qu’en reconnaissant ce qui nous empêche de l’être…
Oui, sachant que nous ne le sommes pas encore. Ceux qui croient qu’ils le sont déjà, s’illusionnent – ils préfèrent leurs rêves. Autrement dit, personne ne peut être vraiment humain sans avoir reconnu le monstre.
Durant le séminaire que je conduirai cet été, j’aborderai plus avant cette question. Qu’est-ce qui fait que le monstrueux est à l’œuvre ? Comment le reconnaître ? Comment le surmonter ? Comment le transformer ? Comment ne plus en avoir peur ? C’est tout le paradoxe : penser être à l’abri du monstre, c’est ne pas être humain !
Cet été, cela sera un peu l’aboutissement d’un travail de cinq années jalonnées par cinq thèmes : Méditation & Action, La Beauté sauvera le monde, Le Pur Amour (qui a donné naissance chez Albin Michel au livre « Et si de l’amour, on ne savait rien ? »), Entrez dans la Confiance, Le sens Authentique de la Relation (Il reste bien du travail pour éditer ces séminaires !). Ces enseignements ont permis de montrer le chemin en partant de l’expérience qui est la nôtre en Occident aujourd’hui.
Chaque année, j’ai tenté de repenser le sens de la méditation en dessinant autrement les contours du chemin. Ainsi en une semaine, chacun peut avoir un aperçu de ce qu’est la méditation, mais aussi du sens du chemin que peut ouvrir cette pratique dans la vie quotidienne de chacun. Chaque séminaire s’est fait en travaillant à partir d’une langue qui ne s’appuie sur aucun jargon – y compris bouddhique. En se mettant ainsi à l’écoute des poètes, des écrivains et des penseurs, j’ai cherché à ancrer le sens de la méditation dans le plus concret de notre existence (et, ici, l’exemple de Chögyam Trungpa présentant la voie sacrée du Guerrier n’a cessé de me guider et de m’inspirer).
Qu’est-ce qui, en effet, peut faire chemin pour nous ? Entrer dans la beauté de manière à ce qu’elle sauve le monde. Entrer dans le pur amour… Entrer dans la confiance – le manque de confiance à tous les niveaux de notre société, à tous les niveaux de notre existence est bien ce qui empêche le déploiement libre de la générosité. Reconnaître le sens authentique de la relation toutes les situations de notre vie.
Cet été, je voudrais aborder l’un des angles les plus difficiles et parfois même insoutenables qui soient : le monstre. Le monstre en nous, le monstre que nous sommes, le monstre de la société, le monstre parfois qu’est notre confrère, notre collègue ou encore notre conjoint… Et bien sûr, le monstre non reconnu comme tel, et par là encore plus terrifiant ! Il me semble que le chemin n’a de sens que pour autant qu’il soit vraiment à même de nous mettre en face du négatif sous tous ses visages.
Que peut-on faire du négatif : s’en débarrasser, le nier, le rejeter, le regarder, l’accepter, le subsumer ?
Toute tentative de fuir l’effrayant ne nous aide aucunement. Il faut s’y confronter… mais comment faire ? C’est un vrai défi pour moi qui me force à faire un travail que je n’avais pas encore fait, un travail pour voir où j’en suis sur cette question… Et qui devrait faire de ce séminaire une aventure passionnante. Cesser de rêver les yeux ouverts pose la question de la catastrophe. Que fait-on de la catastrophe ? Comment s’y confronte-t-on ?
La méditation est appelée ici à son sérieux le plus haut – comme la manière la plus digne et la plus haute d’avoir le courage d’affronter le négatif, sans chercher de consolation. En effet, ma conviction est que toute forme d’explication, toute forme de consolation sont un leurre. Si vous aimez quelqu’un, vous ne pouvez pas vraiment expliquer pourquoi vous l’aimez. Si vous aimez un morceau de musique, vous ne pouvez pas pour autant l’expliquer, même si vous pouvez bien dire des choses à son propos. Attention cependant à être ici très précis : Ne pas être consolé ne veut pas dire pour autant ne pas être soulagé. Le soulagement est l’espace dans lequel nous ne sommes plus prisonniers de la souffrance, tandis que la consolation chercherait à nous débarrasser – artificiellement — de la souffrance, à faire comme si elle n’existait pas.
Le sens du chemin, le sens de la méditation consiste à nous permettre d’apprendre à habiter l’espace de la souffrance de telle manière que nous en devenons plus humains… L’être humain véritable est celui qui accueille réellement quelque chose du monstre — et d’abord de ce monstrueux qui vient le visiter. Tandis qu’à l’inverse le monstrueux consiste à ne pas entrer en rapport avec la souffrance, à refuser d’établir un rapport au monstre.
Vous souhaitez donc affronter dans ce séminaire la folie monstrueuse propre à notre temps…
C’est ainsi qu’on cessera de rêver les yeux ouverts et le sens authentique de la méditation pourra apparaître comme une source de vie féconde et réelle. Cela fait longtemps que je voulais entrer dans un tel travail. J’ai souvent évoqué le sens de la dévastation. Cet été, je vais essayer d’affronter cette question en m’appuyant sur quelques textes de Franz Kafka. Ce dernier offre l’une des plus intenses, des plus fines et inouïes descriptions de ce qu’en langage bouddhiste on appelle le fonctionnement de l’ego, et qu’en langage moderne on pourrait appeler le visage très singulier de l’effroi. Kafka parle sans chercher de consolation mais en touchant une lucidité qui est un soulagement d’une dignité éblouissante. En partant de lui, nous allons pouvoir travailler et dire, je l’espère, des choses un peu moins vagues que le prêchi-prêcha auquel la spiritualité est souvent contrainte.
Cesser de rêver les yeux ouverts devrait être l’occasion de faire le point sur le sens le plus profond de la spiritualité si souvent travestie ou, tout au moins, diluée au nom d’une prétendue capacité limitée des hommes et des femmes de notre temps. J’ai toujours cru que nous étions à une époque où nous devions déployer le sens le plus profond et le plus radical du chemin. C’est ce qu’on fait les poètes – de Rimbaud à Paul Celan ou Cummings – les peintres – de Cézanne à Pollock ou Barnett Newman – et que nous devons faire à propos du sens de la spiritualité – délivrée de l’aspect religieux, dogmatique, conformiste, institutionnel ou encore facile.
Je crois qu’il faut parier pour la grandeur et l’intelligence des êtres humains. Il faut tenter de dire l’essentiel du chemin. Comment le repenser à neuf ? Comment éviter cette terrible méprise qui fait que la spiritualité flirte si souvent avec le vague, le confus, cette forme de médiocre consolation. Alors qu’elle devrait se mesurer à la plus haute exigence qui éclaire en retour le sens et la vérité tout aussi bien de la politique (au sens de Péguy qui pense que la vérité de la politique est la mystique qui devenant politique, puis compromis, puis compromission ne fait que se trahir), de tout art ou de toute éducation réelle.
Le monastère Kagyu Samye Ling et le Centre Tibétain à Eskdalemuir, près de Langholm, Dumfries et Galloway, en Écosse, fondé par Chögyam Trungpa Rinpoché
Les chemins de Compostelle, en France ou en Espagne, attirent aujourd’hui un nombre croissant de marcheurs, éternellement en quête de sens. L’exposition propose une pérégrination sur les différentes routes de Saint-Jacques de Compostelle. Leurs beautés architecturales et naturelles, parsemées d’œuvres d’art, sont à découvrir à travers le regard du photographe morbihannais Yvon Boëlle. Les étapes du chemin sont également évoquées par des enregistrements sonores de certains lieux emblématiques.
Exposition « Compostelle: la marche aux étoiles » – cloître de Sanctuaire – Cloître 56400 Ste Anne d’Auray
tous les jours de 14h à 18h30
Exposition conçue par l’Académie de musique et d’arts sacrés, en collaboration avec le Conseil Général du Morbihan.
Initiative à la fois originale et exceptionnelle dans le monde de la poésie, le Tour de France de la Poésie, dont le départ sera donné à Carnac en juillet 2011 sera tout simplement une exposition itinérante de poèmes illustrés qui aura lieu toute l’année sur le thème de « Cent Poètes Contemporains – Cent poèmes illustrés ». Son objectif est de faire mieux connaitre cette expression culturelle.
Le choix des œuvres participant au Tour de France de la Poésie sera soumis à un jury littéraire et artistique présidé par Olivier Furon Bazan. Carnac est la première ville étape de ce Tour de France, en hommage à Jean Grassin qui y résidait et oeuvra sans relâche pour la poésie.
Exposition tout public visible à la médiathèque du samedi 2 au samedi 30 juillet 2011.
Quand l’art contemporain rencontre le patrimoine religieux, ce sont plus de 20 artistes de renommée internationale qui œuvrent sur 25 sites patrimoniaux.
Quand l’art contemporain dialogue avec le divin, l’échange nous fascine… est la thématique choisie pour cette vingtième manifestation
Programmation 2011
Olivier Alibert / Cécile Bart / Werner Bouwens / Christophe Cuzin / Suzana Fritscher Michel Gouery / Rainer Gross / Patrick Hébrard / Fabrice Lauterjung Philippe Mayaux / Miquel Mont / Olivier Nottellet / Slimane Raïs Olivier Soulerin / Eric Vigner / Eric Winarto / Heidi Wood.
Week-end d’inauguration en présence des artistes les 8, 9 et 10 juillet 2011
Entrée libre et gratuite
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 14h à 19hEt les trois premiers week-ends de septembre, samedi et dimanche, de 14h à 19h
Un guide vous accueille dans chaque chapelle
Visites accompagnées et ateliers de pratique artistique sur réservation.
Petit journal 3 € (programme complet de la manifestation)
Entretien avec chaque artiste disponible sur lecteur MP3 dans chaque chapelle (prêt gratuit)
Parmi les 6 concerts organisés dans la région de Vannes par l’Académie Européenne de Musique Ancienne, figure un concert de musique baroque à l’église Saint-Cornély le Samedi 9 Juillet à 21h00. Il s’agira d’un concert d’orgues avec Maude Gratton, plusieurs fois lauréate de concours internationaux. Au programme de ce récital d’orgues, des oeuvres de Henry Purcell, Jean-Sébastien Bach, De Grigny et Muffat. Si l’église de Carnac (XVIIème et XVIIIème) a été choisie comme lieu d’interprétation de musique baroque par les organisateurs de cette tournée de l’Académie Européenne, c’est d’abord en raison de la qualité exceptionnelle des orgues datant du XVIIIème siècle. Cette « Académie Européenne de Musique Ancienne » installée à l’Hôtel de Limur de Vannes propose à 21 musiciens étudiants du monde entier de participer à des Master Classes entre le 4 et le 12 Juillet 2011, sous les directions de Bruno Cocset, Amandine Beyer, Bertrand Cuiller, et Guido Balestracci, enseignants de grandes écoles européennes.
Informations au 02 97 52 13 52. Entrée libre.
L’Age d’homme, fondé à Lausanne en 1966, possède une antenne à Paris près de Saint-Sulpice. Après avoir publier des classiques slaves et des textes inconnus du public français – notamment Biely, Pouchkine, Blok, Mandelstam – c’est son fondateur et directeur, Vladimir Dimitrijevic, qui fit découvrir l’extraordinaire Vie et Destin de Vassili Grossman. Plus encore, il contribua à la reconnaissance de Chesterton, Laforgue, Amiel, Wolfe, Zinoviev, Dürrenmatt, Volkoff, Corti, Haldas, Gripari et bien d’autres.
Né en Serbie, il s’échappa de Yougoslavie en 1954 pour se retrouver sans-papier en Italie puis en Suisse (pays qui le naturalisa). À la façon d’un Spinoza ou d’un Wittgenstein, il fut jardinier et horloger avant de devenir vendeur en librairie puis éditeur.
Et quel éditeur ! L’un des quelques rares qui refusent le système d’arrangements et de médiocrité dans lequel se vautre nombre de leurs homologues. Résultat : Dimitrijevic n’a jamais édité que… de la qualité ; tout au moins, des publications qu’il a toujours aimées et, donc, qu’il a toujours soutenues. Son courage politique fut à l’avenant : il refusa de se plier à l’opinion publique en soutenant mordicus la Serbie contre l’OTAN et exigea toujours des autres qu’on respectât sa position.
Au Panthéon des éditeurs, son nom brille d’une aura particulière. Souhaitons, comme sa foi orthodoxe le lui faisait espérer, qu’il trouve le repos « dans un lieu de lumière, un lieu de verdure, un lieu de fraîcheur, où il n’y a ni douleur, ni tristesse, ni gémissement, mais la guérison de l’âme et la vie éternelle. »
Marie-Anne Chapdelaine, adjointe de la Mairie en charge de l’égalité des droits et de la laïcité, présente la gestion municipale rennaise des associations culturelles à pratique cultuelle.
L’artiste américain (Edwin Parker) Cy Twombly (Jr.) est mort mardi 5 juillet à l’âge de 83 ans dans un hôpital de Rome.
Hospitalisé depuis quelques jours, le peintre, qui résidait en Italie, se battait contre un cancer depuis plusieurs années.
Son œuvre conjugue la dialectique abstraction/figuration, écriture/peinture, l’intervention des modèles d’analyse de la psyché, le primitivisme, les références au classicisme et à l’Antiquité.
Célèbre pour ses graffitis, qui laissent transparaître la force du geste, sa reconnaissance mondiale fut acquise en 1994 quand le MoMA de New York organisa la première rétrospective de ses peintures.
Une exposition consacrée à ses photographies venait d’être inauguré il y a deux semaines au sein de la collection d’Yvon Lambert, qui fut son premier galeriste en Europe.
Intitulée « l’Homme et la Mer », cette manifestation, ouverte à tous et entièrement gratuite, promet d’habiller les murs et rue de la commune de reproductions géantes d’oeuvres de sept artistes. Les photographes amateurs ne seront pas en reste puisque le Club Photo du Guilvinec, étroitement associé à l’événement et représenté par l’avitailleur Jakez, ouvre ses portes à tous ceux qui souhaitent exposer leurs clichés.
A travers la photographie, ce médium artistique qui montre le réel et révèle l’imaginaire de nos sociétés contemporaines avec une évidence et une acuité sans cesse renouvelées, Le Guilvinec invite le public estival à la découverte de son identité intimement liée à la pêche et à la mer. Avec ce premier festival, la commune entière, où le retour des chalutiers constitue déjà un spectacle apprécié par tous sur la terrasse de la criée, deviendra à la fois le théâtre de la pêche et une galerie d’art à ciel ouvert en bord de côte. En toile de fond, des rencontres avec les photographes et des projections constitueront autant d’opportunités pour encourager, autour des œuvres présentées, une médiation encore plus directe entre les artistes et le public.
Panorama sur les métiers de la mer nourricière
Populaire, démocratique, la photographie, de reportage ou d’expression, se distingue en effet par sa richesse et sa pluralité. Au pays où la pêche artisanale constitue aussi bien une activité économique phare qu’un art de vivre à partager, la programmation de la première édition du festival fait la part belle aux travaux s’inscrivant dans un style documentaire, social et humaniste. Les images d’Anne Criscuolo et Xavier Dubois, saisies sur le vif dans l’intimité des bords des ligneurs ou de filayeurs, ou encore les portraits des jeunes en formation au lycée maritime professionnel signés Guy Hersant apportent, chacun à leur manière, autant d’éclairages sur les travailleurs de l’océan et les métiers de la mer nourricière.
La relation au Cosmos et à la Nature dans les traditions spirituelles
Le Centre Sainte-Croix en collaboration avec le Réseau des Ecosites sacrés les Rencontres « Ecologie et Spiritualité 2011 » autour des grandes traditions spirituelles et des questions écologiques de notre temps, pour une réflexion et un vécu partagés. Les représentants des différentes traditions spirituelles, Chrétiens, Juifs, Musulmans, Bouddhistes, Hindouistes et Peuples Premiers ont choisi de se retrouver pour cheminer ensemble dans une même perspective.
« Nous avons objectivé le monde et tout converti en marchandise. Ce n’est pas uniquement de protection de l’environnement dont nous allons parler, mais d’un changement de vision, d’une mutation nécessaire pour inverser la tendance actuelle. Il nous faut sortir d’une logique productiviste et consumériste qui épuise les ressources et engendre des inégalités criantes, pour entrer dans une éthique respectueuse de chaque être humain et de chaque être vivant. N’est-il pas devenu nécessaire de construire un monde plus responsable, de partage et de solidarité et d’inventer un art de vivre ensemble qui ouvre un avenir stimulant aux générations futures ? La racine de la situation actuelle est dans le cœur de l’homme. Ce n’est donc que par un changement radical d’état d’esprit et une élévation de conscience que nous pourrons espérer une issue positive et salutaire. La tâche des grandes traditions spirituelles est d’initier cette mutation. »
Quatre jours pour changer son regard sur le monde
Ces quatre journées de rencontres sont proposées pour réfléchir et agir ensemble au service de la planète et de l’humanité. Elles seront tissées de conférences, de rencontres, de temps de prière, de méditation et d’échanges ainsi que d’ateliers en pleine nature, de moments artistiques et créatifs dans un partage convivial.
1 – Quel regard portent les différentes traditions spirituelles et quelle est leur relation au cosmos ?
2 – Quelle association est possible entre ces traditions pour pouvoir réinventer un monde écologique ?
3 – Quelle écologie pratique mener et quelles perspectives concrètes mettre en place ?
4 – Exemple d’une action : l’organisation d’un réseau d’éco-sites sacrés (centres spirituels à dimension écologique)
Un programme qui s’adresse à l’esprit, au cœur et au corps
En parallèle des conférences et des tables rondes, chaque jour des ateliers seront proposés aux participants : ateliers nature, de méditation, de chants, animés par les représentants des diverses traditions, ateliers d’écologie pratique… et une nuit musicale en forêt. L’art, la musique et la créativité auront également une place d’honneur avec une soirée de contes, un concert-spectacle « naturel » à la contrebasse, une projection du film « Forêt Primordiale » de Bernard Boisson, des chants venus d’Inde et d’autres festivités. Un programme pour les enfants est également prévu.
À l’occasion de la refonte du programme scolaire, les éditions Hachette vont éditer un nouveau manuel d’histoire à destination des classes de 1re. Un chapitre traite de la création de l’État d’Israël et du rôle de l’ONU. Il semble que l’équilibre des points de vue n’y soit point respecté. Notamment, le nom d’Israël n’apparait qu’une seule fois ; et encore dans une légende de carte. Si la question du Proche-Orient s’avère particulièrement épineuse, doit-on accepter qu’un manuel de formation intellectuelle des adolescents s’ancre dans un point de vue partial ? C’est la question que posent plusieurs associations juives qui s’émeuvent depuis trois jours de cette présentation historique. En réponse, l’éditeur vient d’annoncer le lundi 4 juillet que les passages sujets à caution vont être modifiés avant l’impression définitive. Il est probable que la tension créée par le spécimen de ce nouveau manuel prenne quelque temps pour retomber.
Le Collectif pour la Transparence à Avicenne dénombre près de 80 sympathisants. Il a souhaité porter à la connaissance des lecteurs d’Unidivers son travail d’investigation pour tenter de clarifier la gestion du Centre Avicenne. Une gestion qui serait dans le collimateur de la justice et viendrait d’arriver sur le bureau de la Cour des Comptes. Le Collectif dénonce la situation suivante : opacité et irrégularités de la gestion financière ; climat tendu et fondé sur l’insulte, l’intimidation et l’agression ; irrégularités répétées dans l’organisation. Dans le cadre du respect du contradictoire, Unidivers a sollicité le point de vue de la direction du Centre Avicenne et de l’élue de Rennes en charge des cultes. Le Centre Avicenne Rennes n’a pas répondu à notre demande au contraire d’Anne-Marie Chapdelaine qui livre sa vision des faits (voir également Entretien).
Tout d’abord, il peut être utile de rappeler que le Centre Culturel Avicenne a été créé en 2006 et a bénéficié d’environ 450 000 euros de subventions pour, entre autres :
assurer 2 demi-postes de salariés (homme d’entretien et animateur). Il est à noter que pour ces deux salaires le Centre reçoit une aide de l’Etat,
organiser quelques conférences par an,
donner des cours d’arabe et de civilisation (pour lesquels il est demandé une participation aux parents).
Depuis plusieurs mois, le Collectif demande au conseil municipal de Rennes des éclaircissements quant au fonctionnement du Centre culturel Avicenne, fonctionnement qui apparaît des plus opaques et en porte-à-faux avec ses missions premières et la législation en vigueur.
le premier Conseil d’administration a eu lieu au mois d’octobre 2010 (dans une atmosphère électrique).
il est impossible d’obtenir les comptes financiers et le rapport moral dignes de ce nom.
Un Conseil d’Administration a eu lieu trois jours avant l’Assemblée générale au mois d’octobre 2010. Des demandes d’éclaircissements sur différents points ont pris place. Sans succès. Voilà 6 exemples significatifs :
Un voyage en Turquie a été organisé par l’association en 2009 dont on profité un public restreint. Le bilan financier a été demandé à plusieurs reprises au président de l’association. Après moult mois passés à batailler, il est apparu « qu’il y avait un petit problème sur une somme de 6900 euros dépensée en liquide pendant cette semaine et pour laquelle il n’y a aucun justificatif ». Est-ce anormal de demander les justificatifs de cette somme de 6900 euros dépensée en liquide. Et puis, pourquoi autant de mystères sur le nombre d’adultes accompagnateurs : 14 enfants pour 7 adultes ? Mieux : les deniers du Centre financent d’autres voyages, notamment au ski. Ce voyage au ski entre-t-il dans le cadre des missions pour lesquelles le Centre Avicenne a été créé, à savoir promouvoir la civilisation arabo-musulmane ?
Les comptes font montre de frais de déplacement exorbitants. Pourquoi ? Réponse : ce sont des personnes qui viennent de très loin pour donner des cours d’arabe. Après enquête, ces personnes s’avèrent venir de La Guerche et Janzé.
Des factures d’alimentation (boucherie et supermarchés) sont réglées par le Centre culturel Avicenne, elles représentent des sommes conséquentes. Comment se fait-il que les repas de rupture de jeûne pendant le mois du ramadan soient payés par le centre culturel car il s’agit d’une dépense cultuelle ?
Comment se fait-il que de la viande soit vendue dans le Centre aux mépris des règles d’hygiène et de commerce ?
Pourquoi les membres du CA n’ont-ils pas le droit de connaître l’identité des adhérents de l’association ?
Reste l’argent du culte, la zakat, soit environ 100000€/an. Plusieurs voix se sont fait entendre pour ouvrir un compte destiné à recevoir l’argent du culte et les dons des fidèles. Malgré de nombreuses demandes, le trésorier, M. Talibi, s’est opposé fermement à ce projet. Résultat : l’argent cultuel n’a jamais fait partie des bilans financiers ! Pourtant, il n’ y a pas deux associations au sein du centre culturel Avicenne, l’une culturelle et l’autre cultuelle, il n’y a qu’une seule et unique association. Aussi, tous les aspects financiers – y compris les dons en espèces – doivent figurer dans la comptabilité. Où sont passés cet argent du culte et les dons manuels dont il n’y aucune trace dans le bilan financier ? Le plus étonnant est que deux élues de la municipalité sont administratrices de l’association et sont au courant de ce fait mais ne font rien.
Grâce à des subventions importantes depuis plusieurs années, le Centre culturel Avicenne pourrait être un espace culturel exceptionnel. Nombreux sont les femmes et les hommes, musulmans et non-musulmans, qui désirent être acteurs de ce Centre. Nombreux sont les femmes et les hommes de Rennes qui désirent réaliser des oeuvres à hauteur de la subvention attribuée par la Ville.
La réalité : le Centre n’a guère de rayonnement culturel, il n’y a pas de rapport d’activités et le nombre de ses membres est passé de 400 à 150 en deux ans. Si le fascicule que la Mairie de Rennes a édité sur le Centre en 2007 affirmait que « l’objectif est que les musulmans de Rennes soient considérés par tous comme des citoyens ordinaires », on peut exiger de responsables d’une association Loi 1901 généreusement subventionnée qu’ils proposent des activités en fonction des missions premières. Le tout géré avec transparence.
Ainsi, le Collectif pour la transparence à Avicenne est fondé à se poser la question suivante : que recherche la Mairie de Rennes en couvrant les dysfonctionnements du Centre ? La seule chose que réclame le Collectif est pourtant simple : un audit réalisé par un organisme indépendant. Est-ce trop demandé à une collectivité territoriale, démocratique, transversale et de proximité qui se targue de « Vivre en intelligence » ?
Pour télécharger le communiqué du Collectif, cliquer sur le lien suivant : communiqué CTA