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40mcube = 10 ans, l’espace d’art contemporain souffle sa dixième bougie

40mcube
40m cube (extérieur)

 

Sarah Fauguet & David Cousinard, Carlingue, 2011. Bois panneau et bois massif. Dimensions variables. Production 40mcube. Photo : Patrice Goasduff.
Sarah Fauguet & David Cousinard, Carlingue, 2011. Bois panneau et bois massif. Dimensions variables. Production 40mcube. Photo : Patrice Goasduff.

 

Sarah Fauguet & David Cousinard, Découverte, 2011. BA 10, porte standard. 128 x 325 x 155 cm. Production 40mcube. Photo : Patrice Goasduff.
Sarah Fauguet & David Cousinard, Découverte, 2011. BA 10, porte standard. 128 x 325 x 155 cm. Production 40mcube. Photo : Patrice Goasduff.

 

Sarah Fauguet & David Cousinard, Sans titre, 2011. Dessin. 77 x 57 cm. Production 40mcube. Photo Patrice Goasduff
Sarah Fauguet & David Cousinard, Sans titre, 2011. Dessin. 77 x 57 cm. Production 40mcube. Photo Patrice Goasduff

 

9e édition de Bâtir sur le Rock à Laval (53)

La 9e édition du festival Bâtir sur le Roc…k aura lieu le 4 juin 2011 à Laval (53) autour des musiques actuelles d’inspiration chrétienne.

Cette année, 3 groupes se partageront la scène :
– Christafari (us) : Pionnier incontesté du reggae chrétien, le groupe originaire de Los Angeles plonge au cœur de la Bible pour nous offrir un concert d’anthologie mélangeant dub, reggae et hip-hop : une énergie communicative et un message radical.
– Isaac Bonnaz (fr) : Chanteur et guitariste au parcours atypique, ayant vécu en Afrique, il restitue ses influences et ses voyages au travers de sa musique aux sonorités très métissées, entre afro beat, rock, funk ou simplement ballades acoustiques. Des textes puisant dans la vie, les réflexions de l’auteur.
– LZ 7 (uk) : Groupe anglais qui mélange le rock et le Hip-hop dans un style entre les Beastie Boys et Dizzee Rascal. Habitué des grandes scènes et des shows explosifs.

Nouveauté 2011, Ghislaine Chaveton (fr), une artiste d’Angers, qui ne jongle pas avec les mots et les sons mais avec les couleurs, les formes, les dimensions, les matériaux et les images, réalisera pour la première fois en live au festival Bâtir sur le roc…k, une sculpture en métal.

Myspace :http://www.myspace.com/batirsurlerock


Land Gigs

Graeme Allwright en concert, Fougères, jeudi 15 septembre 2011

Graeme Allwright est en concert Centre Culturel Espace Juliette Drouet à Fougères le jeudi 15 septembre 2011 à 20h30. Celui qui a marqué des générations (bien que son nom soit assez méconnu)  de sa voix berçante et suave avec Emmène moi, Jolie bouteille, Il faut que je m’en aille, Petit garçon, En 1942, Pour tous les affamés, l’Etranger, Suzanne, Qui a tué Davy Moore ?, Sacrée bouteille, Jusqu’à la ceinture, Le Jour de clarté. Il sera accompagné de ses amis et artistes malgaches, Erick Manana (guitare – voix) et de Dina Rkotomanga (contrebasse – voix). Tarif : 16,80€.

Graeme Allwright est un chanteur, adaptateur de chansons et auteur-compositeur d’origine néo-zélandaise.Il est un des premiers introducteurs en Franc du folk américain dans sa veine protest-song. Il a largement contribué également, par ses adaptations très fidèles de Leonard Cohen, à faire découvrir ce dernier au public français. Dans le sens inverse, il interpréta en 1985 des adaptations en anglais de chansons de Brassens. Ses textes où l’émotion, la dénonciation moqueuse du conformisme ou des injustices et les appels à la liberté se conjuguent à des mélodies « country » ou « blues » remportent l’adhésion d’un public de tout âge.

Son œuvre et sa pensée sont fortement imprégnées de la philosophie du penseur indien Sri Aurobindo, notamment dans la chanson Lumière. Il fait de fréquents séjours à Auroville, même s’il considère que l’éveil des consciences peut se faire partout et chez tous. Refusant la relation artiste/fan classique malgré son succès dans les années 70, il mène une carrière en marge des médias. Il militer pour le changement des paroles belliqueuses de La Marseillaise. Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Le peintre Lucian Freud est mort

Figure centrale de la peinture contemporaine figurative, Lucian Freud s’est éteint à Londres à l’âge de 88 ans

Il est notamment célèbre pour avoir peint, en 2001, le portrait de la reine Élisabeth II à l’occasion de son jubilé, tableau qui a soulevé une polémique en Grande-Bretagne. Par son style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural, le proche de Francis Bacon est considéré comme un des peintres figuratifs contemporains les plus importants, et un des plus exemplaires. Il est le petit-fils du médecin et fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud. Le portrait qu’il a réalisé en 2002 du mannequin Kate Moss, nu et enceinte a été vendue l’an dernier pour 4 millions de livres. En 2010 a été présentée à Paris l’exposition « Lucian Freud – L’Atelier », au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, plus de vingt ans après la première rétrospective que lui avait consacrée le Centre, en 1987.

Quelques  lien pour lire, écouter des émissions relatives à l’homme et son oeuvre :

http://www.franceculture.com/2011-07-22-le-peintre-lucian-freud-s-est-eteint.html

une présentation sous forme vidéo :

http://www.arte.tv/fr/2469020,CmC=2469466.html

rétrospective au centre Georges Pompidou en 2010 : http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/57C293CB2BD5E0CFC12576E3003A4771 ?OpenDocument

Rennes > 12e Rencontres d’été | Penser l’actuel avec Anselm Jappe, 25-26-27 août

Né en 1962 à Bonn, Anselm Jappe a grandi à Cologne et dans le Périgord. Il a fait ses études à Rome et à Paris où il obtient un doctorat de philosophie sous la direction de Mario Perniola. Il enseigne actuellement l’esthétique à l’école d’art de Frosinone et à Tours. Ancien membre du groupe Krisis (Nuremberg), il a publié de nombreux articles dans divers revues et journaux dont Iride (Florence), Il manifesto (Rome), L’indice (Milan), Mania (Barcelone), Lignes (Paris), Illusio (Caen) et publie dans la revue allemande Exit !. Théoricien de la valeur et spécialiste de Guy Debord, Anselm Jappe a notamment publié : « Guy Debord » (éditions Denoël, 2001), « Les Aventures de la marchandise : pour une nouvelle critique de la valeur », (éditions Denoël, 2003) et « Les Habits neufs de l’empire » avec R. Kurz (éditions Lignes, 2004).

Avec son dernier ouvrage « Crédit à mort-La décomposition du capitalisme et ses critiques » (éditions Lignes, 2011), Anselm Jappe réunit ses récents travaux de recherche et, constitue à la fois une première approche de la théorie de la valeur et son application à différents objets, chaque texte s’appliquant à exposer ses propres présupposés théoriques.
La crise mondiale du crédit survenue à l’automne 2008 aurait conforté la théorie marxiste orthodoxe d’une crise tendancielle du capitalisme : ce dernier porterait en germe sa propre faillite. Les tenants de la « critique de la valeur » ne se satisfont pas de cette théorie, pas plus qu’ils ne se réjouissent véritablement de sa récente et apparente vérification. Car ainsi que l’expose ici Anselm Jappe, la question théorique principale doit demeurer celle de l’émancipation sociale. Or, jusqu’à preuve du contraire, la crise financière mondiale n’a nullement contribué à son progrès.
« La seule chance est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c’est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l’argent, du marché, de l’État, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s’en emparer, de les améliorer ou de s’en servir. » « L’émancipation sociale, si elle doit advenir, sera un saut dans l’inconnu sans filet de sécurité, non la réalisation d’une sentence émise par l’histoire. »
« Le mot « émancipation » n’est pas encore aussi abîmé que celui de révolution. Originairement, il désignait l’affranchissement de l’esclave, qui n’a donc plus de maître et accède à l’autonomie. On s’émancipe toujours à l’égard de quelque chose… » A. Jappe, « Crédit à mort-La décomposition du capitalisme et ses critiques » (éditions Lignes, 2011)
Programme détaillé en photo de profil ou sur http://planeteio.blogspot.com/
Tél : 0299793514 planete.io@free.fr Accès Rencontres : métro Villejean

In memoriam > Jean Corrot | l’illustre incognito

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A la demande d’un de ses proches, Unidivers vous informe du décès de Jean Corrot survenu à Rennes le 16 juillet 2011.

Son nom ne vous dit certainement rien, mais son existence mérite d’être (re)connue.
Cet homme a vu le jour en 1916 à Dijon et a vécu tous les affres du 20e siècle à travers sa quête personnelle, philosophique. En effet, après avoir été scolarisé à Louis le Grand et avoir étudié la philosophie, sa thèse de Doctorat, sous la direction de l’illustre Gaston Bachelard, a obtenu la meilleure mention du rectorat de Paris en 1936. Mais il n’eut pas le temps de pavoiser avec cet accessit. Il fut très vite engagé dans l’armée et, sous le grade de capitaine, a vécu de très près la débâcle de 40 en participant, notamment, à la pathétique exode des soldats et des civils lors du repli vers l’Espagne…
À la libération, il rencontra sa future épouse, la pianiste Madeleine Élain. Ce nouvel élan lui permit de trouver un nouveau souffle en revenant à la philosophie et en passant l’agrégation en 1946… Il refusa alors des propositions qui lui prédisaient une belle carrière politique et s’engagea plus prosaïquement dans une vie familiale et sociale qui l’a conduit à enseigner la philosophie au Prytanée militaire de la Flèche puis au Lycée Chateaubriand de Rennes.
Lieutenant-colonel d’État-major, Grand officier de la légion d’honneur, Chevalier des palmes académiques, etc. Les différentes distinctions et reconnaissances l’avaient laissé de marbre. Il était resté un homme simple, proche des gens, du terroir. Il avait continué ainsi à rester en marge de l’élite et des honneurs en persévérant jusqu’à ses vieux jours dans des recherches philosophiques dont il ne parlait que rarement.
C’est cette singularité qui lui vaudra une reconnaissance post mortem. Personne ne le connaissant dans son lieu d’habitation, Rennes, ni ailleurs, il ressemblait à tout un chacun, aux humbles ayant peu de famille, d’amis, de connaissances. Or, sa vie, malgré cette solitude, n’a pas du tout été vide de sens. Sa personnalité, qui s’était construite autour du monde des idées, des questionnements et des concepts, représentait ce qu’il y a de plus haut dans l’élaboration d’un homme d’esprit. Et, bien qu’il se pensait agnostique – peut-être par conscience professionnelle –, son accomplissement intérieur quasi incognito avait quelque part préfiguré une réalisation spirituelle, un chemin que de nombreux anachorètes ont déjà essayé. Somme toute, il a été l’entrepreneur de sa conscience propre, le maçon de sa pensée saine, l’architecte de son être terrestre.

The Tree of Life, grâce, nature et disgrâce d’une variation autour du livre de Job

Article du 7 mai, mis à jour le 18 mai

The Tree of Life, écrit et réalisé par Terrence Malick, est un film dramatique et méditatif américain à résonance spirituelle. Les comédiens principaux sont Brad Pitt, Sean Penn et Jessica Chastain. La musique est composée par le franco-grec Alexandre Desplat. Durée : 2h18. La première mondiale a eu lieu le 16 mai (une date de sortie qui a fait l’objet d’une certaine confusion…).

The Tree of Life questionne le sens de la vie en faisant entrer en résonance les souvenirs et les épreuves d’une vie humaine et les étapes de la naissance, vie et mort du cosmos.

Critique

Après l’annonce de la perte d’un des membres d’une famille qui compte trois enfants, le film narre les épisodes existentiels et psychologiques, plus ou moins anodins mais chacun marquant, qui ont orienté la constitution de l’identité de chaque protagoniste en interaction avec les autres.

Jessica Chastain interprète heureusement la mère ; elle représente la grâce rayonnante d’amour qui par nature ne se braque pas contre la réalité. Brad Pitt joue sans éclat un père qui aime mal, pétri qu’il est de certitudes concernant l’existence et convaincu qu’en suivant la conception de la nature et de la vie sociale dictée par la Loi (civilisationnelle), il ne pourra que parvenir au bonheur.

Mais Satan s’acharne contre Job : sa vie individuelle et professionnelle semble à ses yeux échouée, l’ainé de ses enfants se rebelle (comme Lucifer). Quelles en sont les conséquences ? Le cadet meurt.

Accident, assassinat, suicide ? Impossible de trancher, mais une certitude demeure: le deuxième enfant qui incarnait la mère, qui incarnait l’amour et son chemin, a fait les frais des vexations de son frère ainé qui est devenu à l’adolescence le double opposé de son père et de sa rigueur. Le cadet est la victime expiatoire d’un drame généalogique familial mais, au-delà, de toute l’humanité.

Voilà le résultat des manifestations divergentes mais additives du Bien, du Mal, de la nature et de la raison. Gardons le mystère en ne dévoilant pas une fin qui sombre – hélas – dans un new age naïf.

En dépit d’une réalisation et d’une photo exceptionnelles, malgré des moments d’une rare intensité poétique, esthétique, psychologique, voire spirituelle, The tree of life est à nos yeux un chef-d’oeuvre manqué. Un chef-d’oeuvre qui offre autant de moments de grâces que de faiblesses dans une réponse un peu trop lisse et démonstrative à la problématique ouverte par le récit de Job dans l’Ancien Testament.

Cannes

Les chances pour que le film en compétition à Cannes remporte plusieurs prix restent fortes malgré la présence cette année au Festival de réalisateurs remarquables à l’image d’Aki Kaurismäki, Lars Von Trier, Pedro Almodovar, Kim Ki-duk mais aussi de Takashi Miike et Julia Leigh. Ce qui ne serait que justice eu égard à la filmographie déjà exceptionnelle de Terrence Malick qui s’inscrit à 68 ans dans la continuité des plus grands réalisateurs du cinéma mondial. Les Moissons du ciel (Days of Heaven) a reçu le Prix de la mise en scène à Cannes en 1979.

Nicolas Roberti

John Marcus, “La France souffre d’un manque profond de vulgarisateurs et de passeurs”

Entretien avec John Marcus. Le romancier qui préfère cacher sa véritable identité présente ses parutions actuelles et futures et confie à Unidivers sa conception de la spiritualité.

« La nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux, l’homme a un langage » Aristote

« Ce n’est point le perfectionnement des machines qui est la vrai calamité; c’est le partage injuste que nous faisons de leur produit » Sismondi

« Ô mon âme, n’aspire pas à la vie éternelle, mais épuise le champ du possible » Pindare

Unidivers Mag – Votre premier roman paru en 2009, L’Éclat du diamant, s’est vendu à plus de 11000 exemplaires. Il semble que la campagne de promotion ait emprunté des chemins de traverse…

John Marcus – Avec mon éditeur, Jean-Marc Bastardy, nous avons développé plusieurs opérations média originales comme la lecture gratuite ou l’offre de livre. En pratique, la maison remettait gracieusement un livre à un lecteur qui s’engageait soit à le régler si le contenu lui avait plu soit à le transmettre à un ami. La promotion sur le Web a été également intense étant donné que la presse nationale nous était fermée. Le milieu culturel parisien est tellement nombriliste et son modèle économique bouclé sur soi que les découvreurs de nouveaux talents y sont bien rares. Quant aux libraires, malgré un dossier de présentation abouti, quasiment aucun ne s’est montré intéressé. Heureusement, les journalistes régionaux sont  plus ouverts. Ainsi, pas à pas, le livre s’est fait connaître jusqu’à trouver enfin un diffuseur. D’où une seconde compagne de lancement en 2010 (couplée avec une opération de soutien aux librairies indépendantes), laquelle a rencontré un succès certain.

L’Homme qui rêvait est le second volet d’une série de cinq tomes. Pouvez-vous nous présenter les suivants ?

John Marcus — Plus exactement, j’ai conçu d’exprimer ma vision des choses à travers une série de critiques sociales épousant la forme de l’essai romancé, ce sont les enquêtes du commissaire Delajoie. Après L’Eclat du diamant (2009), L’homme qui rêvait, T.1 : Aristote (04/2011), T.2 : Le Magicien (11/2011) introduit à l’économie politique. Le suivant D’os, de sang et de douleur évoquera le domaine de la santé. Ensuite suivra L’agneau mystique qui se concentrera sur la religion. Le sixième et dernier, L’âme noire, parlera de… en fait, je ne préfère pas trop en dire…

Le mystère demeure bien qu’on puisse raisonnablement penser à un essai sur le mal. Au demeurant, Aristote s’emploie à conjuguer exposition d’idées sociales et narration romanesque dans un souci de vulgarisation. Ce procédé narratif dialectique vous semble-t-il abouti ?

John Marcus — Je travaille sur un mode expérimental. Et je sais que le chemin est encore long. En pratique, l’exercice est très compliqué : je suis sans cesse à la recherche de nouveaux biais et solutions. Si L’Éclat du diamant présentait un certain déséquilibre en matière de rythme et de linéarité, Aristote corrige quelque peu ce défaut. L’avis des lecteurs est à ce propos tranché : certains apprécient le mélange, d’autres ne s’y retrouvent pas.

Reste que je ne suis pas encore parvenu à l’équilibre, mais cela ne m’invite que davantage à explorer. Parfois, je passe des journées entières à reprendre un chapitre. Par exemple, ma présentation des théories socialistes et anarchistes m’a occupée deux mois ! Rien que l’idée et le déploiement du prétexte ou de l’anecdote qu’est la pérégrination nocturne dans les rues d’une ville d’Île-de-France m’ont pris des jours.

Pourquoi ne pas consacrer un essai à ces différents sujets ?

John Marcus — Parce que je ne m’en crois pas capable. Qui plus est, mon lectorat n’a que peu de goût pour les essais (souvent austères). La dimension récréative est capitale. En somme, je tente d’investir l’espace divertissant de la littérature en y faisant passer de la pensée. Si M. Untel ne s’intéresse pas au débat public, aucune étude ne pourra l’en convaincre. L’objectif de mon travail est de le conduire par d’autres biais aux problématiques soulevées, en particulier, par le libéralisme.

Au final, quelle solution économique prônez-vous ?

John Marcus — Si je ne possède pas la panacée, les économistes hétérodoxes retiennent toute mon attention. Je pense notamment à Jean de Sismondi. Les analyses sur le travail, la monnaie et la protection sociale qu’il a échafaudées dans la première moitié du XIXe siècle sont injustement ignorées. Je présente aux lecteurs des pistes de réflexion. Inviter à réfléchir, donner à penser – tel est mon leitmotiv.

On murmure que vous préparez également une série romancée consacrée à l’histoire du monothéisme. Qu’en est-il ?

John Marcus — En effet. Il s’agit de La chronique de Tripoli. Elle devrait compter trois tomes intitulés respectivement Les fils du diable, Pour que ne meure partage, Le chevalier errant. Le premier, qui devrait paraître en 2014, déploiera une enquête narrée par un moine cistercien sur fond d’annexion de l’Occitanie à la France et de croisade albigeoise au XIIIe siècle. Étant originaire du sud de la France, le catharisme m’a toujours intéressé. J’irai jusqu’à dire qu’il est à l’origine de mon intérêt pour le fait religieux. Le martyre albigeois constitue tout de même la première croisade menée par des chrétiens contre des chrétiens. En termes historiques, je pense qu’Innocent III, l’un des papes les plus intelligents de l’Église latine, s’est employé à porter la théocratie à son stade ultime. La répression cathare a fourni un moyen pour parvenir à ses fins.

Somme toute, La chronique de Tripoli ambitionne de parler de foi, de spiritualité et de religions au grand public. C’est pourquoi, d’ailleurs, je trouve la ligne éditoriale de votre magazine particulièrement intéressante. Il répond à un réel besoin, quel que soit le point de vue de chacun. D’autant plus que – à mes yeux d’autodidacte sauvé par les livres – il y a une carence, voire une incurie, de la presse en la matière. La France souffre d’un manque profond de vulgarisateurs et de passeurs.

Comme une préfiguration de cette série et pour mieux cerner votre pensée, pourriez-vous nous confier la conception que vous vous faites de la spiritualité ?

John Marcus — Pour moi, elle est le souffle qui anime l’homme et rend possible tout questionnement. Je crois que c’est véritablement le propre de l’homme puisque la vie de l’esprit nécessite une structure de langage, une voix intérieure, première sans doute, suffisamment audible et élaborée pour susciter l’éclosion d’une première question. C’est elle qui va forcer l’esprit à formuler une réponse, à tenter de trouver une solution apaisante pour fuir le doute lancinant et l’affliction d’une interrogation qui resterait ouverte. Ainsi, la spiritualité est ce dialogue intime qui s’établit en chacun pour donner du sens à sa vie. C’est une discussion avec soi-même autour de sa curiosité et de ses craintes de petit être nu et solitaire qui s’éveille au monde et découvre un univers mystérieux, lequel souvent l’effraie. Parfois je me dis qu’elle traduit un processus naturel, un dispositif de régulation de l’espèce humaine afin de répondre à l’intuition de notre profonde solitude et de notre finitude. La spiritualité serait alors un mouvement d’élévation pour se hisser hors de la bourbe, une recherche perpétuelle de solutions intellectuelles qui, même accompagnée par une pratique rituelle et une célébration collective, permet à l’homme de vivre son temps et dans son temps d’une manière apaisée.

En outre, je refuse le postulat que toute absence de foi serait synonyme d’un vide immense ou d’un attachement matérialiste non moins condamnable. C’est pourquoi, poser l’inspiration religieuse comme source de vie spirituelle revient tout simplement à inverser le processus. La spiritualité est l’opération cognitive qui suscite l’éclosion d’une vérité personnelle ; la foi n’est donc que l’une des options finales possibles, une réponse qui paraît acceptable. On voit bien, d’ailleurs, l’étroite corrélation qui s’établit entre l’évolution de la pensée humaine, sa capacité à ‘manier’ l’abstraction, son degré croissant de conceptualisation et de rationalisation et, parallèlement, la sophistication des concepts religieux et dogmatiques. De l’animisme au monothéisme, de la peur mystique à la recherche de la transcendance, du mythe brut à la quête de la ‘preuve de Dieu’, le seul dénominateur commun de cette évolution, c’est l’homme.

John Marcus —  Vous êtes donc un véritable athée, au sens strict…

Oui, mais ma vie spirituelle n’en est pas moins intense et équilibrée, même si la gestion du doute, plus précisément de cette douleur que peut générer une hésitation permanente qui n’arriverait pas à trouver de solution définitive à son questionnement existentiel, s’avère indéniablement plus délicate. Au début seulement, puisque ladite douleur peut aussi définitivement disparaître au fil des années. Mais même sans dieu, sans mystique ni croyances métaphysiques ou promesse d’une continuité, la perspective de ma mort, de l’effacement complet de mon être, de mes traces, de ma mémoire n’effraient pas. En cela, sans doute, ai-je succombé aux arguments de Démocrite et aux vers de Lucrèce.

Quelle morale de vie découle de la voie spirituelle athée que vous revendiquez ?

John Marcus — Celle de profiter intensément du temps présent, de sa propre humanité et de celle des autres, de la beauté du monde. Également d’expérimenter un peu plus le champ du réel. A mon avis, la pratique de l’hédonisme est plutôt une ascèse, la recherche exigeante d’un équilibre intérieur – d’un plaisir donc, d’un état plaisant pour les sens et l’intellect – qui de facto exclut tout ce qui est excessif et préjudiciable au corps et aux émotions. Surtout… à ceux des autres ! C’est d’ailleurs la grande force de cette éthique qui, suggérant seulement un chemin, ne postulant aucune vérité et ne prétendant à aucun pouvoir, n’exerce aucune contrainte vis-à-vis des tiers et ne veut absolument imposer aucune morale au monde entier. Pour terminer sur une boutade, je dirai même que l’hédonisme est la voie le plus sûre pour mettre en oeuvre son libre arbitre.

John Marcus — Pour finir sur une note plus légère, mais non moins essentielle, quel est votre écrivain préféré ?

Camus. Indiscutablement. Il a bouleversé ma vie d’adolescent en me rendant intelligibles mes interrogations existentielles. À l’âge de 18 ans, j’ai voulu monter La chute, mais on m’a refusé les droits d’adaptation. Camus m’a changé et a contribué largement à faire de moi ce que je suis aujourd’hui.

Propos recueillis par Nicolas Roberti

John Marcus > L’homme qui rêvait, Aristote ou de la Politique

Après le remarqué L’Éclat du diamant – un coup de projecteur sur la collusion entre médias et industrie – John Marcus revient avec un diptique intitulé L’homme qui rêvait, deuxième enquête du commissaire Delajoie. Dans le premier tome, Aristote, l’auteur livre un essai romancé économico-policier afin de sensibiliser le grand public à des questions et réformes sociales qui demeurent habituellement le pré carré de quelques experts patentés.

« Une société meilleure est-elle possible ? Maintenant ? C’est en tout cas ce que pensait le sénateur Aristote avant d’être retrouvé sauvagement assassiné dans la célèbre villa Arabe, quelques jours à peine après l’annonce de la création du PIB, le nouveau Parti international du bien-être. Dans l’agitation qui suit la mort du vieux sénateur, candidat à l’élection présidentielle, la fine équipe du 36, quai des Orfèvres, dirigée par le commissaire Delajoie, est aussitôt lancée sur la trace des meurtriers.
Quelles relations pouvait bien entretenir le politicien avec un joueur invétéré de poker et un jeune trader londonien, eux aussi retrouvés à l’état de cadavres ? Quels puissants intérêts menaçait donc Aristote, celui que tous nommaient « L’utopiste du Luxembourg » ? Qui pouvait avoir peur des propositions originales énoncées dans son programme et des changements radicaux de société qu’elles auraient engendrés?
Traquant la main invisible du Marché, l’équipe du commissaire Delajoie entreprend alors un voyage insolite au coeur de l’économie politique. D’Adam à Lycurgue, de Sismondi à Gesell, d’Owen à Proudhon, de Veblen à Duboin, de Keynes à Sen, autant de témoins improbables qui aideront pourtant les policiers à comprendre le mobile des meurtres et à retrouver le ou les coupables. »

Fonctionnement : Après le constat d’un meurtre dans chacun des deux premiers chapitres, l’enquête démarre au troisième avec la mort du sénateur Aristote. Dès lors, l’intrigue devient politique ; si la tête d’un « Parti international du bien-être » a été décapitée, c’est qu’elle menaçait les principes de fonctionnement de la société. Voilà le motif narratif qui permet à l’écrivain de déconstruire les rouages économiques de notre monde.

Unidivers a goûté : Une association originale des genres, une intelligence didactique, un regard décalé, une fiction qui fonctionne bien et de l’humour… parfois noir (« On avait bel et bien émasculé le sénateur, avant de lui enfoncer ses parties dans le gosier. Et de l’éventrer. De quoi donner un haut-le-coeur, même au professionnel le plus aguerri. Et provoquer ainsi une première pollution de la scène de crime par un déversement biliaire non autorisé. »)

Unidivers a moins goûté : Un excès de thèmes, une insuffisance de points de vue contraires, une exposition un peu déséquilibrée, démonstrative, voire moralisatrice.

Au final, notre rédaction a aimé le style de pamphlet divertissant déployé par John Marcus, l’ensemble est tout à la fois éducatif et revigorant. Un très bon polar à emmener avec soi cet été et qui donne envie de découvrir le tome suivant, lequel promet à coup sûr une parfaite maîtrise.

L’Autre Édition, 396 pages, 19,90 €


La Gacilly Festival Photo Peuples Nature

Dans le cadre de l’Année internationale des Forêts du 3 juin au 30 septembre 2011, le Festival Photo Peuples & Nature se tient à la Gacilly du 3 juin au 30 septembre.

L’année 2011 a été proclamée année internationale de la forêt par l’Assemblée générale des Nations Unies.
L’intention n’est pas vaine.
Le but : sensibiliser et renforcer les initiatives devant contribuer à la gestion durable de nos forêts, dans l’intérêt des générations présentes et futures.
Pour sa 8e édition, le Festival Photo Peuples et Nature de la Gacilly se doit de faire la part belle aux auteurs qui nous sensibilisent aux dangers de perdre ce patrimoine vert de notre Terre. En effet, chaque année, 13 millions d’hectares de forêts se volatilisent. Un véritable cancer du poumon planétaire. Des peuples, voire des civilisations ont disparu corps et biens, et continuent de s’éteindre, pour n’avoir pas su préserver leur environnement végétal. L’arbre est source de vie. Il produit de l’oxygène, ses racines fixent les sols, retiennent et purifient l’eau, ses feuilles fertilisent les sols, et ses ramures freinent les vents. Une terre sans arbres serait une terre sans vie. La forêt reste l’habitat d’un monde végétal et animal qui représente plus de 50% de la biodiversité. Et ce monde régresse au même rythme que les surfaces boisées.

Dinard > Big brother – l’artise face aux tyrans | 11.06, 11.09.2011

Après les oeuvres de la collection Pinault, en 2009, puis Hope, l’été dernier, Dinard renouvelle sa troisième exposition d’art contemporain. « Big brother, l’artiste face aux tyrans » a ouvert ses portes samedi 11. 58 oeuvres de 33 artistes différents sont à l’honneur. La grande majorité vient d’Europe, mais aussi du Canada, d’Afrique du Sud, de Dubaï et de Pékin. Commissaire d’exposition pour la seconde année consécutive : le Ashok Adicéam, ancien directeur du Palazzo Grassi de Venise. Budget : 450 000 €.

Le vernissage de l’exposition samedi 12 juin s’est enorgueilli de la présence de François Pinault et de l’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon. Autre arrivée remarquée en provenance de la Chine via le Havre : le bronze de Zhang Huan. Une main de 6 mètres de long, sur 4,20 mètres de haut, pour un poids de 8 tonnes !

Le visiteur remarquera « L’artiste et son tyran », de Yan Pei-Ming, « German Express-sionism », de Marc Seguin, «Le sage à la rose», « War Games », de Martial Raysse, une automobile baroque recouverte de fusils en plastique et pleine de peluches, de Joana Vasconcelos.

Le tout est visible au Palais des arts et du festival jusqu’au 11 septembre.

 

Dominique Figarella, le catalogue de l’expo disponible

Conçu et édité par le LiFE – Lieu International des Formes Émergentes (Saint-Nazaire, France), le présent ouvrage prolonge les enjeux de l’exposition Dominique Figarella produite et présentée au LiFE du 13 février au 11 avril 2010.

Placer sous le signe d’une rétrospective la présentation des travaux d’un artiste âgé d’à peine plus de quarante ans eut bien sûr été prématuré. C’est toutefois un vaste ensemble de ses œuvres que cette exposition a permis de réunir pour la première fois en France, offrant ainsi une lisibilité étendue aux différentes pratiques du tableau qui caractérisent son projet tout en mettant l’accent sur nombre de ses travaux récents.

Le catalogue de l’exposition se propose à présent d’offrir aux lecteurs une intelligibilité approfondie du projet artistique de Dominique Figarella, en écho à celle déployée dans l’exposition présentée au LiFE. Éclairant tour à tour ses motivations, ses enjeux, ses caractéristiques, ses conduites et les priorités définies au fil des pratiques auxquelles il donne lieu depuis une quinzaine d’années, les pages qui suivent rassemblent à ce titre des textes dont les régimes et le statut ont été conçus à la fois comme distincts et complémentaires.

Outre un essai de Dominique Figarella, il regroupe différents textes et entretiens. Signés de Catherine Perret, les premiers livrent deux analyses distinctes du travail de cet artiste. L’un a été explicitement écrit en regard de l’exposition du LiFE, dont il dégage à la fois certaines caractéristiques et conséquences au regard du contexte élargi des pratiques constitutives de la modernité artistique et du présent qui est le nôtre ; l’autre a été rédigé à l’occasion d’une exposition antérieure des œuvres de Dominique Figarella présentée au Quartier, centre d’art contemporain de Quimper, qui nous a généreusement autorisé à le reprendre ici. Enfin, deux entretiens réalisés à l’occasion de cette publication détaillent, à date donnée, la matérialité et la substantialité des pratiques du tableau à l’œuvre dans le travail de Dominique Figarella, et situent les enjeux à partir desquels cet artiste conçoit son projet.

DOMINIQUE FIGARELLA
Auteurs : Dominique Figarella, Catherine Perret, Paul Sztulman, Christophe Wavelet

Publié par le LiFE – Ville de Saint-Nazaire
Distribué par Les Presses du réel (Dijon). Tél. : +33 (0)3 80 30 75 23

2011
bilingue (français / anglais)
24,3 x 28,6 cm (relié)
304 pages (90 ill. coul.)
ISBN : 978-2-9533038-1-0
EAN : 9782953303810
34 euros TTC

Hors-série > Le Monde des Religions | Après les hauts lieux, les textes fondateurs du christianisme

Des écrits du Nouveau Testament aux dernières encycliques papales, la tradition chrétienne a produit un nombre absolument considérable de textes en 2 000 ans d’histoire. Des spécialistes ont choisi des extraits de genres très divers – témoignages spirituels, écrits théologiques, textes dogmatiques, poèmes – et les éclairent d’un bref commentaire pour en donner toute la portée.

 Format : 18 x 23 cm Nombre de pages : 100  Prix : 7,5€ Publication : juillet 2011

Pour info, le hors-série de mai était consacré aux hauts lieux spirituels en France :

Du Mont-Saint-Michel aux alignements de Carnac, du mont Bugarach au temple des Mille Bouddhas, ce hors-série part à la découverte de 50 hauts lieux sacrés de notre patrimoine national.


Le père de la contre-culture est mort à 77 ans > Hommage à Theodore Roszak

Né à Chicago, Roszak obtient son diplôme d’études secondaires à Los Angeles puis décroche sa licence à l’Université de Californie avant d’obtenir un doctorat en histoire anglaise de l’Université de Princeton. Il a commencé à enseigner l’histoire à la California State University-East Bay en 1963 et y est resté durant plus de 30 ans. Il est mort à Berkeley le 5 juillet. Son épouse, Betty Roszak, a révélé que sa mort était la conséquence d’un cancer.
Le romancier érudit et critique est connu pour avoir créé le terme de «contre-culture » dans son livre fondateur The Making of A Counter Culture, paru en 1968 aux États-Unis. Il forge ce terme pour décrire les bouleversements sociaux et estudiantins des années 1960 au sein de la pensée dominante.  Des chapitres sont consacrés à Herbert Marcuse, Allen Ginsberg, Norman Brown, Paul Goodman, Jacques Ellul, etc. The Making of A Counter Culture reste une référence à la manière de la Société du spectacle de Guy Debord en France.
Comme auteur ou éditeur, il est à l’origine de la publication de plus d’une vingtaine d’essais et d’œuvres de fiction. Les thèmes récurrents sont : l’information, l’écologie, la psychologie, la technologie, la manipulation.
Unidivers ne peut que recommander la lecture de La Conspiration des ténèbres. Le personnage principal, Jonathan Gates, est un étudiant en cinématographie qui retrouve la trace d’un réalisateur allemand émigré aux États-Unis dans les années 1920, disparu en mer durant la Seconde Guerre mondiale et oublié du public. Ce roman cinésotérique, tout en clair-obscur, fait découvrir sous un jour énigmatique l’histoire du cinéma et le rapport entre l’image, la technique, la manipulation et la domination mentale. Un classique.

Nicolas Roberti

Jean-Louis Marçot Musée Aulnette

TRAVAUX SUR NATURE, CHAIR et MATIERE.

Jean-Louis Marçot (JLM), chercheur indépendant, peintre et écrivain né le 10 avril 1950 à Alger, docteur en anthropologie sociale, n’a cessé de pratiquer le dessin d’après modèle vivant appris aux Beaux-Arts de Paris et dans les ateliers de Montparnasse, membre de plusieurs ateliers coopératifs.

L’exposition qu’il propose donnera à voir non pas une « œuvre » mais un travail, libre, à un stade de son développement, avec ses différentes techniques (lavis, pastel, huile, photographie…) et quelques-unes de ses thématiques (le corps humain, le paysage, le désert).

L’ensemble présenté apporte une réponse personnelle à la question : comment figurer ce qu’on a coutume d’appeler la nature ? à un moment où cette nature est menacée par l’exploitation démultipliée et irraisonnée des ressources planétaires, la dématérialisation des modes de production économique et intellectuelle, les manipulations génétiques…

Jean-Louis Marçot a habité Rennes il y a vingt ans. Il réalisait alors des « dispositifs » (L’ordre et le rêve, Silence Bureau…) mêlant plusieurs formes d’expression, dans lesquels le public était invité à pénétrer.

Il vient de faire paraître La Montagne aux Oublis, approche plurielle d’un fleuron du paysage provençal.

Jean-Louis Marçot
Jean-Louis Marçot – techniques mixtes

Musée Eugène Aulnette, 2 rue Nominoë au Sel De Bretagne (35320). Exposition ouverte tous les dimanches après-midi.

Pour en savoir plus [http://jeanlouis.marcot.free.fr]

DIALECTIQUE DU DESERT
(DESERT DEFIGURE – DESERT PREFIGURE)

La toile vierge est le désert. Elle est comme lui, sèche, nue, maigre, inerte et, pour peu qu’elle soit enduite à la céruse, elle renvoie la lumière aussi bien que les vastes étendues des ergs et des regs ou des banquises, et provoque l’éblouissement. Or cet éblouissement est souvent le contraire de l’émerveillement. Il accompagne la panne, l’évidence du non-sens et de la vanité de sa propre pratique. Qui connaît l’angoisse de la toile ou de la page blanches la ressent lors de sa première course dans le désert, sa première pénétration.
À moins de vouloir ne montrer que cette identification entre tableau et désert par une totale abstention – la toile brute, immaculée, représentant ipso facto ce lieu déjouant toute emprise qu’est le désert -, l’acte de peindre est au premier chef un recouvrement : en même temps que je recouvre la surface préparée, que je la comble, l’habille, trompe sa vacuité, jette sur sa nudité une couverture… je recouvre quelque chose qui me manquait, qui flottait dans le défaut, l’absence, la latence, je travaille à mon salut.
Si le sujet est le désert, l’acte devient décidément paradoxal. Alors qu’il me faudrait ne toucher à rien, je m’efforce d’entamer la surface, je la force, je l’ensemence. Cette tension, renouvelée à chaque contact avec le support, en l’occurrence la toile marouflée ou tendue sur châssis, représente le premier ressort de la dialectique : je recouvre un désert originel, je l’anéantis pour mieux le signifier, le dépeindre, le percer à jour. Le tableau accompli expose l’antinomie à défaut de la résoudre.
Pour représenter cette dialectique, je réduis ma technique à sa plus simple expression. Le désert est une terre raclée jusqu’à l’os, la toile sera l’os. Je l’effleure à peine, j’y répands des jus, du sable, de la poudre, retire la matière ou la couleur que j’y ai introduite, effaçant, grattant, gommant, blanchissant. J’imite le vent, le soleil, la lune, le gel, la touffeur… et j’érode, jusqu’à ne laisser subsister qu’une empreinte ou un relent. Il me faut du temps, revenir sans cesse sur l’ouvrage, l’user jusqu’à la corde.
Mon sujet est emprunté au Sahara. Ce qu’on appelle « la bouche du désert », entre Biskra et Gabès, dans la région des chotts, a attiré très tôt, à cause de sa proximité avec l’Europe et de la puissance de ses paysages, un public de savants, de colonisateurs et d’aventuriers qui nous ont laissé une masse de descriptions, d’études et de rêves à laquelle j’ai emprunté avant de me rendre à mon tour sur place. Ces lieux interlopes allient le sec et l’humide, le solide et le liquide, le dur et le mou, le brûlant et le glacial, le salé et le doux, le plein et le vide, le maigre et le gras, l’aride et le fertile… Ils témoignent à l’extrême d’une dialectique qui est au fondement de toute vie. C’est elle, plus que les lieux mêmes, que j’ai cherché à peindre.
J’ai inclus dans ma « dépeinture », les illusions et les fantasmes nés de la rencontre. Le chott el-Djerid, immensément plat, n’est pas seulement réputé pour les mirages qu’il génère. Des érudits l’ont identifié au fond d’une mer évaporée connue d’Hérodote sous le nom de Baie de Triton, à une mer souterraine insondable recouverte d’une croûte percée d’« yeux », ou encore à l’Atlantide.
Ce bout de Sahara condense l’idée du désert. Il éveille contradictoirement fascination et épouvante, attire et repousse ; on l’aime et le viole ; on le contemple et le défie. Faute d’identifier le Sahara pour ce qu’il est, on le confond avec l’océan, ses dunes avec les vagues, ses oasis avec des îles, le chameau avec un vaisseau, les Touareg avec des pirates ; on l’imagine secoué d’horribles tempêtes, semé de mortels sables mouvants. Aux hantises familières répond la rigueur délirante des scientifiques. De modernes démiurges s’offrent à domestiquer le Sahara voire à l’éradiquer. Pour guider les caravanes qui l’eussent traversé à la fraîche, de nuit, des ingénieurs du XIXe siècle concevaient de le baliser de phares. D’autres proposaient de placer la caravane sur des rails et étudiaient l’itinéraire d’un chemin de fer transsaharien, quand d’autres encore, rivaux, rêvaient – ils en rêvent encore -, de noyer le tout sous les flots de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Passée l’euphorie propre à l’époque, la question se pose : à vouloir, grâce à la science et la technique, refaçonner le donné, supprimer les déserts, ne risquons-nous pas de transformer la planète entière en un unique désert ? Les visions d’engloutissement, de naufrage qui accompagnent ordinairement notre idée de désert seraient-elles prémonitoires ?
Marçot - La montagne aux oublisMais on ne fait pas de tableaux avec des questions. Quelque chose de plus fort que l’angoisse initiale l’emporte, je dirais un instinct. La graine enfouie dans le sable brûlant peut attendre dix ans la goutte d’eau qui la fertilisera d’un coup. Les formes s’adaptent aux conditions les plus extrêmes. Camus l’a noté : « Les déserts sont ainsi des royaumes de la vertu unique, celle qui existe par elle-même et sans qui aucune autre vertu n’existe, la volonté d’être. » La toile devient le champ de ma volonté d’être.
Elle était linceul. Elle devient sous ma main une peau où s’inscrivent plaies et bosses, déchirures, crevasses, écorchures, éraflures, rides, griffures et croûtes, portant cicatrices et sutures, d’où perlent sève et sang, ma peau. Je sonde la surface et ses dessous. La toile est le tissu et la trame de ma volonté d’être.
De reprise en reprise, dans le choc des contraires, le tableau prend corps, le désert prend vie. À ces manipulations, cette chimie, cette couture, je me reconnais peintre. Je me détourne de mes inquiétudes philosophiques pour opérer à même le sensible, brasser, triturer, pétrir, lisser, affouiller ; je retrouve les gestes de la vie, les projets, les échecs, les réussites. Mon désert se peuple. En l’imitant, je le trahis. Il s’efface. Commencée en 2005 par le tableau In Deserto, cette dialectique m’aura permis de me renouveler et, en quelque sorte, de traverser mon propre désert.
Mais ultime paradoxe : pour autant que le désert reste cet espace inapproprié, sans clôture, sauvage comme la sylve amazonienne, la calotte glaciaire des pôles, les sommets de l’Himalaya, me voilà cherchant à contenir son immensité informe dans une étendue minime, marquée d’un cadre, d’un titre, d’une signature et d’un prix !
Tout ne s’explique pas, loin s’en faut…

JLM

La Rochelle > 39e édition du festival de cinéma | 1-10 juillet 2011

Le Festival International du Film de La Rochelle, c’est une histoire d’amour à trois entre une ville au début de l’été, un public curieux et enthousiaste, et des films venus du monde entier.

Créé en 1973, le Festival International du Film de La Rochelle fêtera ses 40 ans en 2012. En 2010, 131 longs métrages et 101 courts métrages ont été présentés à 78 150 spectateurs au cours de 277 séances sur 12 écrans.

Le programme du Festival International du Film de La Rochelle se veut, chaque année, éclectique, géographiquement et thématiquement divers, exigeant et équilibré.

Le Festival maintient son refus de compétition, de prix et de jury, dans une volonté de comparaison plutôt que de confrontation.

Infos pratiques

Le kenj ou le roseau chantant des Hmong

Le chant occupe une place prépondérante dans la culture hmong. Les chants illustrent la plupart du temps des histoires passées ou à venir. Si les chants servent à exprimer les sentiments, ils sont, avant tout, le conservatoire de l’histoire collective. Ils constituent une littérature vivante, sachant que, jusqu’en 1970, la langue hmong ne connaissait pas d’écrit. Les anciens chants commencent par la création de la terre, de son développement, de la naissance des êtres humains et des migrations des Hmong. Ils mentionnent tous la fonte du métal, la construction des piliers en or, en argent, en bronze et en fer pour soutenir le ciel et l’usage de métal pour fabriquer le soleil et la lune puis les douze soleils et douze lunes que comprend le cosmos. En contrepoint, l’instrument de musique qu’est la pipe de roseau (qeej ou kenj) occupe une place capitale dans la vie des Hmong.

Paris > Expo | Dépasser les frontières, Philippe Melanchthon, 7 juillet-31 août

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En 2010, les églises protestantes ont célébré le 450ème anniversaire de la mort de Philippe Melanchthon (1497-1560), bras droit et successeur du réformateur Martin Luther.

Peu connu du grand public et même de la communauté protestante française, le réformateur Philippe Melanchthon est pourtant l’un des plus illustres humanistes du XVIe siècle. Devenu à partir de 1518 le plus proche collaborateur de Martin Luther à Wittenberg, il est considéré comme l’éminence grise de ce dernier et comme théoricien de la Réforme, tout en étant un infatigable défenseur du dialogue œcuménique. En vingt tableaux, l’exposition présentée durant tout l’été dans le cloître des Billettes à Paris, montre comment l’humaniste Melanchthon, de son vrai nom Philipp Schwartzerdt, tenta toute sa vie de dépasser les frontières confessionnelles et politiques qui divisaient l’Europe.

Sous la direction du professeur Nicola Stricker (Institut Protestant de Théologie) et du pasteur Caroline Baubérot-Bretones (Mission intérieure luthérienne), qui en a assuré la traduction, mais aussi grâce à l’aimable participation des professeurs Matthieu Arnold (Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg) et Marianne Carbonnier-Burkard (Institut Protestant de Théologie), l’exposition donne l’occasion de mieux connaître l’une des figures majeures de la Réformation, restée dans l’ombre de Luther.

Exposition au cloître des Billettes, 24 rue des Archives, Paris 4ème, du 7 juillet au 31 août 2011, du mardi au samedi de 11h à 19h, les dimanches de 14h à 19h.

Brest, Art abstrait Charles Estienne

Critique d’art d’humeur romantique ou massacrante selon ses mots, poète et auteur de chansons, Charles Estienne (Brest, 1908 – Paris, 1966) est une figure majeure du monde de l’art des années 1950 et 1960. Il est le talentueux chroniqueur et polémiste des rubriques « arts » de journaux comme Combat, France Observateur où Art d’Aujourd’hui.

Marqué par l’œuvre de Paul Sérusier découvert en Bretagne en compagnie de Jean Deyrolle et par la pensée de Kandinsky, il s’intéresse aux artistes contemporains dès son arrivée à Paris en 1945 devenant un fervent défenseur des artistes de la deuxième école de Paris puis particulièrement des abstraits lyriques. Proche d’André Breton – leur rencontre date de 1947 – il participe à la vie de la galerie A L’Etoile scellée dans laquelle Breton va montrer les jeunes talents à côté des surréalistes. Il est l’auteur de nombreux textes, dont L’Art abstrait est-il un académisme ?,    pamphlet    dirigé    contre    l’abstraction    géométrique    jugée    « froide »    et formaliste.
Profondément attaché à sa région, il invite en 1954 ses amis peintres à séjourner dans le Finistère, afin qu’ils se confrontent aux éléments naturels. Ce fut pour Jean Degottex (1918- 1988), René Duvillier (1919-2001), Jan Krizek (1919-1985), Serge Poliakoff (1900-1969), Fahr- El-Nissa Zeid (1901-1991) et Pierre Jaouen une révélation. C’est autour de cette sorte d’« École    d’Argenton »    qu’a    démarré    la    collection    contemporaine    du    musée    de    Brest, enrichie en 2010 par l’acquisition d’une œuvre de Degottex, L’Épée dans les nuages.
L’exposition, réalisée en partenariat avec le Frac Bretagne est forcément sélective et de parti-pris. Elle retrace le parcours critique et passionné de Charles Estienne, des maîtres de l’École de Pont-Aven aux peintres abstraits de l’après guerre. Elle part des œuvres du Frac et du musée de Brest et bénéficie de nombreux prêts de plusieurs grands musées, d’archives (Archives de la critique d’art à Rennes et Bibliothèque Kandinsky – Centre Pompidou) et de collections particulières.
Catalogue à paraître en juillet 2011
Commissaires de l’exposition : Françoise Daniel, directrice du musée des beaux-arts de Brest, Catherine Elkar, directrice du Frac Bretagne
Musée des Beaux-arts de Brest 24 rue Traverse 29200 Brest 02 98 00 87 96 Ouvert tous les jours sauf lundi et dimanche matin
10h – 12h ; 14h – 18h Ouvert le lundi pour les groupes sur rendez-vous Ouvert le 14 juillet.