Le prix Nobel de Littérature 2015 a été attribué aujourd’hui à l’écrivain et journaliste biélorusse Svetlana Aleksievitch. Elle est l’auteur notamment de La Supplication Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse paru en 1997. Un prix Nobel que certains jugent d’emblée quelque peu politique…
Le prix a déclaré dans son communiqué l’Académie Nobel de Stockholm récompense la romancière pour « ses écrits polyphoniques, un mémorial à la souffrance et au courage de notre époque ».
Première femme de langue russophone à décrocher la distinction, Svetlana Aleksievitch est née le 31 mai 1948 en Ukraine d’un père biélorusse et d’une mère ukrainienne et a réalisé son cursus de journalisme à Minsk.
Marqué par la thématique de la guerre – son premier ouvrage « La guerre n’a pas un visage de femme » laisse la parole à des femmes qui ont participé au Seconde Guerre mondial.
Svetlana Aleksievitch a reçu de nombreux prix prestigieux pour son ouvrage La Supplication Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse (1997) (dont le Prix de la paix Erich-Maria-Remarque en 2001). Ce livre, traduit dans une vingtaine de langues, reste cependant toujours interdit en Biélorussie. À propos de la censure dont elle fait l’objet, l’écrivain déclarait en 2013 :
« Je suis protégée par le fait que je sois connue. Malgré tout, je dis ce que je crois nécessaire de dire. Malgré tout, j’écris ces livres. Que ça plaise au pouvoir ou non. Et je sais qu’il y aura toujours des gens qui vont les lire, pour qui ce sera un soutien. (…) Aujourd’hui (car Loukachenko flirte de nouveau avec l’Europe), mes livres publiés en Russie ont été introduits en Biélorussie, (…) ma fille qui est professeure dans une école perçoit un salaire de 300 euros (…) mon livre coûte 30 euros, c’est aussi un moyen [de censure, ndlr]. Des personnes cependant en achètent plusieurs exemplaires, et se le passent ensuite. Mon lectorat principal, les enseignants, les médecins, les représentants de l’intelligentsia sont aujourd’hui la partie la plus pauvre de la société » Interview à RFI, 2013
Œuvres traduites en français
Les Cercueils de zinc, [« Cinkovye mal′čiki »], Paris, Christian Bourgois, 1990, trad. de Wladimir Berelowitch, 285 p., (ISBN 2-267-00991-9).
Ensorcelés par la mort, [« Začarovannye smert’û »], Paris, Plon, 1995, coll. « Feux croisés », trad. de Sophie Benech, 214 p., (ISBN 2-259-02791-1).
La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse, [« Tchernobylskaïa molitva »], , Paris, Lattès, 1999, trad. de Galia Ackerman et Pierre Lorrain, 267 p., (ISBN 2-7096-1914-8).
La Guerre n’a pas un visage de femme, Paris, Presses de la Renaissance, 2004, trad. de Galia Ackerman et Paul Lequesne, 298 p., (ISBN 2-85616-918-X).
Derniers Témoins, Paris, Presses de la Renaissance, 2005, trad. d’Anne Coldefy-Faucard, 378 p., (ISBN 2-85616-973-2).
La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (trad. du russe par Sophie Benech), Arles, Actes Sud, 2013, 542 p. (ISBN 978-2330023478)
Distinctions
Prix du Komsomol (1986)
Prix Kurt Tucholsky (1996)
Prix Herder (1999)
Prix de la paix Erich-Maria-Remarque (2001)
Prix Ryszard Kapuściński (2011)
Prix de la paix des libraires allemands (2013)
Ordre des Arts et des Lettres (2014)
Prix littéraire Grand livre (2014)
Prix Nobel de littérature (2015)