Le 16 août 2018, pour la quinzième édition de Transat en Ville, Cherry Plum revient sur le parquet du festival dans son plus simple appareil. Seul sur scène pour son Lonesome Tour, Sébastien Chevillard met à nu les chansons de son groupe folk tinté de blues. Entretien avec le chanteur qui vous fera parcourir la route 66 et vous bercera au fil de ses balades.
Unidivers: Comment s’est formé le groupe initial Cherry Plum ?
Le groupe s’est formé il y a environ 6 ans. J’étais sur un autre projet de chanson française où j’étais guitariste. Je commençais à écrire mes propres textes et j’avais envie de faire une musique plus folk et en anglais. Je n’avais pas envie de me lancer dans cela tout seul. Mon dévolu est tombé sur Samuel Galienne avec qui on a vraiment lancé Cherry Plum. On a eu une phase d’amorce tous les deux puis, assez vite, il a ramené 3 autres compères musiciens.
A partir de 2013 on a commencé à tourner tous les 5 et à deux, trois, on a toujours eu plein de formules différentes. Depuis un an je tourne en solo. Les trois autres musiciens dont Samuel ont débuté un autre projet, Le Loire Valley Calypso, qui a joué à Transat l’année dernière. Donc à partir de juin 2017 on a décidé que Cherry Plum continuait en version solo pour une durée indéterminée.
Pourquoi Cherry Plum ?
Cela signifie Fleur de Bach en anglais. Ce sont des plantes qui ont pour but de soigner les personnes en situations de détresse psychologique extrême. Notre musique est donc sensée être un remède de choc !
Vous êtes influencés par des songwriters américains comme Cohen ou Dylan…
Oui tout à fait. Mais je pense tout d’abord à un artiste que je cite souvent, Billy Broonzy. C’est vraiment un blues man qui avait un son très brut, basé sur sa guitare et sa voix. Après j’ai également beaucoup écouté Leonard Cohen, Bob Dylan, mais sans être fan d’aucun en particulier, j’ai toujours vraiment aimé ce style de manière générale. La guitare est mon instrument de prédilection donc tout ce qui tourne autour me parle.
Quelles thématiques vous inspirent particulièrement ?
La plupart du temps j’écris sous le coup de l’émotion, quand quelque chose en particulier a besoin de sortir. Je pars souvent d’histoires d’amour, pas mal de chansons parlent d’amour déchu je dois dire. De manière générale, j’aborde un peu toutes les problématiques qui résonnent en moi et peuvent devenir matière à écrire. On est partis aux Etats-Unis deux années d’affilé et on a traversé tout le sud: le Texas, l’Arizona et la Californie. Ça a aussi dépeint dans les textes, particulièrement sur ceux que je joue en solo. Le côté grands espaces, solitude, parfois désenchanté est beaucoup rentré dans les dernières compositions du groupe.
Ce ne sont donc pas des textes très joyeux pour un groupe supposé sauver de la dépression…
Les textes ne sont pas forcément très joyeux mais jamais complètement sombres. Il y a toujours une leur d’espoir, une nuance. On essaye de garder un équilibre. Dans les derniers textes on remarque un léger virage avec des textes plus paisibles et contemplatifs. Ces morceaux sont joués en live solo mais ne sont pas encore sortis en version enregistrée.
Vous partez du texte pour l’enrichir peu à peu en dentelles sonores et arrangements musicaux. Dites-nous en un peu plus sur votre processus créatif.
Pas mal de morceaux sont composés avec une guitare seule. Dans un premier temps la composition se fait en solo, par Sam et/ou moi, puis dans un second temps on pense les arrangements (basse, batterie) avec Xavier pour enfin les proposer au groupe et jouer tous ensemble.
Comment est-ce d’être seul sur scène ? Comment cela influe-t-il sur votre rapport avec le public ?
J’ai repris les morceaux faits avec tout le groupe en les ramenant au plus simple appareil. Pour certains c’était assez facile car les morceaux avaient une base simple. Pour d’autres il a fallu que je trouve moi même ce qui pouvait porter ces morceaux en solo.
Au niveau scénique, ça change beaucoup de choses de passer d’un groupe de cinq à une scène seul. En groupe, on a quelque chose d’assez massif au niveau sonore, des solos aux instruments, de l’énergie dans tous les sens. On joue ainsi surtout sur des festivals. En solo, je reviens à des plus petites salles où je peux être très proche des gens. C’est vraiment ce que je recherche aujourd’hui, créer une proximité. Cette forme d’intimité me permet de raconter ce dont parlent mes textes, de faire des traductions parfois. Je peux parler au public. Ce qui est amusant c’est qu’une partie de notre public a vu toutes les formules et aucune d’elles ne semble primer, elles plaisent à chaque fois. Chaque formule a ses forces. Le solo est le plus fort émotionnellement, on est très proche du texte et de la chanson brute.
Des envies de carrière solo ?
Je suis pour l’instant ravi de vivre cette expérience, cela m’apprend beaucoup et c’est très fort humainement. A côté de Cherry Plum j’essaye d’écrire un projet en français. J’aimerais trouver des gens avec qui arranger ça et organiser des concerts, sans doute avec des formules en duo ou trio. Musicalement le projet en français ira un peu ailleurs, je ne sais pas encore où exactement, cela reste flou. Je ne lui ai pas encore trouvé de nom.
Est ce que vous présenterez uniquement des chansons du groupe jouées en solo ou également des créations personnelles lors de votre concert à Rennes?
Je présenterai aussi quelques compositions personnelles, des morceaux plus blues qui ne sont pas parus dans Cherry Plum en tant que groupe et quelques reprises également. Cela dépend vraiment des concerts.
Vous avez des clips très esthétiques et cinématographiques, quelle place accordez-vous au visuel dans votre travail?
On toujours accordé une grosse importance au côté visuel, en particulier car le meilleur ami de Samuel est caméraman. Il a ainsi fait pas mal de réalisations pour nous. Il nous a accompagné lors de nos premières live sessions, il est parti avec nous aux États-Unis… On a toujours eu à cœur d’avoir une belle présentation vidéo et photo.
Des nouvelles de votre album en préparation ?
Cela fait un an et demi qu’on a enregistré l’album qu’on est entrain de finir de mixer. C’est notre premier vrai album après deux mini albums. Il devrait sortir à l’automne, et s’appellera Allen Street, une rue d’Austin où on habitait.
Vers où vous porteront vos projets futurs ?
On lance un nouveau projet avec Sam qu’on a monté pendant Cherry Plum et qui s’appelle Ligerian Social Club. On est tous les deux avec deux autres musiciens en mode palet danse, avec des influences afros et créoles. On travaille dessus avec une équipe qu’on aime beaucoup depuis deux ans, cela fait un an qu’on joue avec. Les autres membres de Cherry Plum ont monté leur propre label qui s’appelle Maaula Records. C’est un label qui est vraiment porté musique à danser. On aimerait beaucoup travailler avec eux pour faire grandir le projet !