Dans le cadre des Tombées de la nuit, le Museum of the Moon de Luke Jerram a illuminé pour un mois de plus la piscine Saint-Georges de Rennes. Pour sa dernière soirée, samedi 27 janvier, l’établissement a organisé une baignade nocturne, accompagnée par les DJ Barbes & Velours.
Il y a la même atmosphère que dans toute piscine. Les mêmes cris joyeux, la même humidité dans l’air lourde de chaleur, la même odeur chlorée persistante. Et puis, au-dessus du bassin, il y a cette lune, immense.
Ce samedi 27 janvier, la piscine Saint-Georges a voulu adresser un dernier salut à l’astre qu’elle hébergeait en son sein. Elle a offert à son public une dernière baignade nocturne, sous la lune artificielle du plasticien britannique Luke Jerram. Large de sept mètres, la sphère gonflée à l’hélium y avait déjà été exposée au mois de juin. Six mois plus tard, en janvier, ce Museum of the Moon avait fait son retour. Financée en partie par les Tombées de la Nuit, cette nouvelle version, copie de l’originale, n’a rien à lui envier.
Dans l’eau, au bord du bassin, les couples d’amoureux s’enlacent au clair de cette lune artificielle. Au-dessus de la lune, sous le plafond de la piscine, les DJ rennais Barbes & Velours enchaîne les morceaux, loin des regards. Certains dansent dans l’eau, d’autres s’élancent pour tenter d’effleurer l’astre. En vain.
La musique envahit l’atmosphère chlorée pendant que les familles s’ébattent dans l’eau bleutée. Dans les galeries qui surplombent le bassin, certains profitent de ce spectacle poétique, assis dans des fauteuils. D’autres se photographient, pour une fois élevés au niveau de cette lune.
Pour une nouvelle fois, les mers lunaires effleurent presque la surface de l’eau. Mer de la tranquillité, mer de la sérénité, mer des humeurs… Des balustrades qui surplombent le bassin, on peut les voir avec netteté, pour peu que l’on sache les situer. Mais le plus souvent, l’on ne vient pas faire là des observations astronomiques; davantage, peut-être, admirer la beauté poétique de l’astre bercé de lumière.
Il a fallu 15 ans au plasticien britannique Luke Jerram pour concevoir ce Museum of the Moon. A partir d’images de la NASA rendues accessible au public, il a pu retranscrire avec précision le moindre détail de l’astre lunaire. Chaque centimètre de la sphère représente cinq kilomètres de la lune, et l’on peut se perdre dans ces micro-détails pendant de longs moments, enveloppés dans la musique.
« Chaque culture a sa propre relation à la lune, laquelle varie d’un pays à l’autre », expliquait Luke Jerram. Dans la mythologie chinoise, un lièvre y réside, et y pile la drogue d’immortalité. Avant la colonisation espagnole, les populations du Mexique associaient le lapin à l’astre, symbole de fécondité; pour les Grecs au contraire elle était associée à la chaste Artémis.
Partout, on cherche à expliquer les brûlures figurées par ses cratères, ses cycles de disparition. Elle rythme les différents calendriers, se fait, dans la littérature, la complice des amours secrètes, nocturnes. Pour le plasticien britannique, elle est un « miroir culturel de nos croyances, de nos compréhensions du monde et de nos façons de voir les choses ».
Classée aux monuments historiques, avec ses mosaïques Odorico, la piscine offre un écrin parfait à cette lune. Son éclat bleuté offre un écho poétique aux arcades, aux balustrades de fer forgé, aux tessons multicolores qui recouvrent les murs, le sol. Elle renoue pour cette fois à sa proximité avec l’eau, elle qui provoque les marées. Elle devient surtout un objet magique, suspendu dans l’air au-dessus du bassin aussi bien pour les simples spectateurs que pour les nageurs.
Pour une dernière fois, ceux-ci se laissent dériver dans l’eau sous sa masse impressionnante, brisant son reflet dans les éclaboussures du crawl. L’heure passe sans que la musique ne cesse, et ce soir-là, la lune appartient encore à la nuit, avant de partir illuminer d’autres cieux. Au moins restera-t-il encore l’autre lune, la vraie, que l’on pourra toujours admirer dans le ciel rennais quoi qu’il arrive, les cheveux toujours mouillés et sentant le chlore.
Crédit Photo : Yves Souben (sauf mention contraire)
Les DJ rennais Barbes & Velours à découvrir ici et sur leur page Facebook.
https://soundcloud.com/barbesetvelours