Du 8 mai au 28 septembre 2025, le Domaine départemental de la Roche-Jagu accueille une exposition exceptionnelle consacrée à l’art et à la cosmologie des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Une invitation à découvrir un rapport au monde profondément ancré dans la nature, à travers 165 objets rares issus de collections privées et de musées français.
Un art vivant enraciné dans le sacré
Les peuples autochtones d’Amérique du Nord conçoivent la nature non comme une ressource, mais comme une matrice vivante, animée d’esprits, de forces, de récits. Ce lien spirituel à la terre structure leur vision du monde, irrigue leur culture et donne naissance à une production artistique où l’esthétique est indissociable du fonctionnel, du rituel, du sacré.
Organisée en cinq grands ensembles géoculturels, l’exposition explore cette richesse à travers des pièces datant majoritairement des XVIIIe, XIXe et début XXe siècles : vêtements cérémoniels, objets du quotidien, armes de chasse, ornements, masques, poupées rituelles… Chaque artefact, façonné dans des matériaux naturels (bois, ivoire, peaux, plumes, coquillages), révèle l’ingéniosité technique et la profondeur symbolique de civilisations longtemps marginalisées ou figées dans des stéréotypes.
Cinq univers pour comprendre une pluralité de mondes
L’exposition se déploie sur deux niveaux du château de la Roche-Jagu, proposant un itinéraire immersif qui traverse les paysages culturels du continent nord-américain :
1. Les peuples de l’Est et des Grands Lacs
Ojibwa, Delaware, Iroquois ou Huron ont façonné un art riche de symboles et de cérémonies, dans une région boisée propice à la chasse et à l’agriculture. Colliers, mocassins, objets rituels et ceintures de wampum témoignent d’une spiritualité ancrée dans les cycles naturels.
2. Les Plaines et les Prairies
Terre du bison et de peuples nomades ou semi-sédentaires comme les Sioux, Cheyenne ou Comanche. Ici, la peau de l’animal devient toile, armure ou parure. L’introduction du cheval a transformé les modes de vie et engendré un art mobile, lié à la guerre, à la chasse, mais aussi à la mémoire et à la transmission.
3. Le Sud-Ouest et la Californie
Héritiers des civilisations Hohokam, Mogollon et Anasazi, les Hopi, Pueblos, Apaches ou Navajos développent un art de la poterie, de la vannerie, du perlage et de la cérémonie. Les poupées kachina, sculptures invoquant les esprits de la nature, occupent une place centrale.
4. Le Grand Nord inuit
Dans un environnement extrême, les peuples inuit, yupik, iñupiat ou aléoutes ont conçu un art adapté à la chasse marine : kayaks, harpons, parkas, masques rituels sculptés dans l’ivoire ou l’os. Le chamanisme y joue un rôle essentiel, fondé sur l’interdépendance entre humains et animaux.
5. La Côte nord-ouest
De l’Alaska au Pacifique Nord, les Haïda, Tlingit, Nootka ou Salish ont élevé le bois au rang de matière reine. Totems, coffres, pirogues et hameçons sculptés racontent les mythes fondateurs, tandis que le potlatch, cérémonie de partage des richesses, révèle une société hiérarchisée et profondément rituelle.
Photographie et mémoire : Edward S. Curtis
Une salle entière est consacrée aux portraits ethnographiques d’Edward S. Curtis (1868–1952), photographe américain dont les images envoûtantes témoignent d’une époque en mutation. Entre documentation et mise en scène, son œuvre interroge le regard occidental sur l’altérité et la construction d’un imaginaire « romantique » de l’indien d’Amérique.
Autour de l’exposition : conférences, rencontres et ateliers
Le programme d’actions culturelles autour de l’exposition renforce la dimension vivante et contemporaine de ces cultures :
- Conférences avec Walter Echo-Hawk, juriste pawnee, et Fabrice Le Corguillé, conseiller scientifique de l’exposition, sur la place de la nature dans les traditions autochtones et les enjeux de la terminologie.
- Projection-débat du film So Surreal: Behind the Masks, retraçant le destin d’un masque volé au peuple kwakwaka’wakw.
- Rencontre avec l’écrivaine Laure Morali, autour de son récit En suivant Shimun, fruit d’une immersion auprès du peuple innu.
- Atelier de perlage traditionnel avec l’artiste yakama Pauline Echo-Hawk.
Informations pratiques
- Lieu : Domaine départemental de la Roche-Jagu, 22260 Ploëzal
- Dates : du 8 mai au 28 septembre 2025
- Horaires :
- 8 mai–30 juin et 1er–28 sept. : 10h–12h / 14h–18h (fermé mercredi matin)
- 1er juillet–31 août : 10h–12h30 / 14h–19h
- Tarifs : 6,50 € plein tarif / 4,50 € réduit / gratuit sous conditions
- Billetterie et réservations : www.larochejagu.fr













Photos : Anne Auffret