Voyager Solar System fête son premier EP, paru le 19 décembre 2021 sur le label brestois Tannhäuser Gate. Dans Ambiant Macintoxh, le jeune producteur originaire de Vitré déploie l’univers cosmique qui lui est cher : une musique oscillant entre ambient et techno qui se prête à l’exploration spatiale et à la contemplation stellaire.
Voyager Solar System signait récemment la neuvième sortie du label brestois Tannhäuser Gate, l’EP Ambiant Macintoxh, paru le 19 décembre 2021. C’est le premier EP de Julien Guéret, jeune producteur originaire de Vitré et installé à Brest depuis 2018. Héritier d’une longue tradition des musiques électroniques, il tente à travers cet opus de se rapprocher des étoiles qui le fascinent.
Julien Guéret est tombé tardivement dans les musiques électroniques. Avant son arrivée à Brest, ses premières révélations ont lieu au festival Don Jigi Fest de Vitré, qui a progressivement inclus la techno dans sa ligne musicale. Le passage de Nina Kraviz en 2018 sera une claque pour lui, celle qui le pousse à commencer à mixer sur vinyles puis à se mettre à la production. Julien se plonge alors dans le label animé par la DJ russe superstar, Trip Recordings, et découvre le producteur islandais Bjarki, et son univers sonore qu’il décrit comme « satellisant ». Passionné depuis tout petit par l’exploration spatiale — en contemplant les photos du télescope Hubble, il rêvait de devenir astrophysicien — il en trouve des échos indéniables dans la scène ambient et IDM (Intelligent Dance Music), avec des artistes comme Aphex Twin et ses fameux Selected Ambient Works, Board Of Canada, Autechre.
Arrivé à Brest en 2018 pour ses études, Julien intègre peu à peu la riche communauté techno de la ville, profitant des programmations de collectifs tels WestSound ou Night Birds, ou encore du festival Astropolis, bien connu dans la région pour les nombreuses vocations qu’il a encouragées. Un autre moment important de son parcours musical est d’ailleurs le passage au manoir de Kéroual à l’été 2019 de X-102. Formé à l’origine en 1992 par les pionniers de la techno Jeff Mills, Mad Mike et Robert Hood autour d’un album resté culte, le projet rappelle bien les liens entre le début des musiques électroniques et l’imaginaire spatial, Discovers The Rings Of Saturn.
Avec les années, Julien développe peu à peu son projet musical, produisant ses premiers morceaux sous l’alias Julien G, puis sous le nom M104, référence à la galaxie du sombrero, avec lequel il opère également comme DJ pour le collectif Project Saturn. Il pratique la scène principalement dans des rave parties du Finistère, passant aussi à plusieurs reprises sur les ondes de Radio U dans l’émission Bside Airlines. De DJ, il se dirige vers un live hybride, dans lequel « il ne s’agit pas seulement de passer des tracks en les enchaînant, mais d’improviser à partir d’eux et de se concentrer sur des séquences plus créatives », précise-t-il.
Juste retour des choses, Voyager Solar System apparaît officiellement en 2020, sur la compilation Hot Steel lancée par Nina Kraviz. Le morceau, « She Hopes I’m A Dancer », vaudra au jeune artiste une petite notoriété locale, mais aussi des contacts à l’international, avec un morceau signé sur le label russe Collective / Коллектив, sorti le 23 décembre 2021, ainsi que des propositions de dates à Copenhague, et ce avant même d’avoir produit son premier EP.
C’est chose faite désormais, avec Ambiant Macintoxh, paru chez les Brestois de Tannhäuser Gate. Fondé en 2020 par Charlie Rozec et Simon Capillon, également musiciens sous les alias ILYSS et Ozimozi, le label, qui doit son nom à une expression du fameux monologue final du film Blade Runner (Ridley Scott, 1982), ne cherche pas à mettre en avant un style particulier de musique électronique, mais plutôt des univers sonores évoquant la science-fiction. Son association avec Voyager Solar System tombait donc sous le sens.
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Composé de quatre titres, l’EP Ambiant Macintoxh esquisse un voyage solitaire dans le cosmos, à bord d’un cockpit représenté sur la pochette. Le morceau éponyme lance l’expédition, concentré d’ambient mélodique où les superpositions d’effets bruitistes rappellent les appareillages mécaniques du vaisseau. L’esquif spatial prend de la vitesse avec « Blawablaw », qui repose sur un roulement percussif de drums, sans délaisser pour autant les nappes cosmiques. « GTO Pure », titre référence à un morceau techno des années 1990, voit la rencontre avec une espèce extraterrestre venue en paix, dont la voix est quant à elle tirée de Mars Attacks ! (Tim Burton, 1996). Le dernier morceau, « La Cantache », laisse à nouveau toute la place à de longues plages sonores, dessinant un paysage à mi-chemin entre l’organique et l’artificiel, où résonnent çà et là des chants d’oiseaux. Une conclusion qui n’est pas sans rappeler la conquête du paradis mise en musique par Vangelis dans un autre film de Ridley Scott, 1492.
En somme, Voyager Solar System réalise là un joli décollage spatial depuis le port de Brest, et prend ainsi place dans la riche constellation bretonne des musiques électroniques.