Depuis son apparition remarquée en Méditerranée en 2003, le lagocephalus sceleratus — plus connu sous le nom de poisson-ballon argenté — s’impose comme une menace grandissante. Originaire de l’océan Indien et introduit via le canal de Suez (phénomène dit de lessepsian migration), ce poisson toxique et agressif inquiète scientifiques, pêcheurs, autorités et baigneurs. En 2025, sa prolifération atteint un point critique, notamment sur les côtes grecques, chypriotes, turques et désormais françaises.
Une espèce invasive à la progression rapide
Le Lagocephalus sceleratus n’est pas un poisson comme les autres. Doté d’une grande capacité d’adaptation et quasiment dépourvu de prédateurs naturels en Méditerranée, il se reproduit en masse. Chaque femelle pond plusieurs centaines de milliers d’œufs. Résultat : une expansion éclair qui bouleverse l’équilibre des écosystèmes marins.
Une menace sérieuse pour la biodiversité
Prédateur vorace, ce poisson s’attaque aux céphalopodes, crustacés, petits poissons et même aux appâts utilisés par les pêcheurs. Il endommage gravement les filets avec ses puissantes mâchoires, et pousse certaines espèces autochtones au déclin en perturbant la chaîne alimentaire. Sa présence désorganise la pêche artisanale dans de nombreuses régions du bassin méditerranéen.
Une neurotoxine mortelle : la tétrodotoxine
Le danger ne s’arrête pas là. La chair du Lagocephalus sceleratus contient une neurotoxine redoutable, la tétrodotoxine, une substance 1 200 fois plus toxique que le cyanure. Il n’existe à ce jour aucun antidote. Une simple ingestion — même en petite quantité — peut provoquer la paralysie, l’arrêt respiratoire, voire la mort. Plusieurs cas d’empoisonnement, parfois mortels, ont été signalés en Turquie, en Égypte et à Chypre. En France, la consommation est strictement interdite.
Danger pour les baigneurs : une morsure qui inquiète
Le Lagocephalus sceleratus est doté de dents puissantes, capables de sectionner des lignes de pêche ou de mordre des objets durs. Il a déjà été rapporté que certains baigneurs ou plongeurs ont été mordus, notamment à Chypre. Bien que ce comportement reste rare, il souligne la prudence à adopter dans les zones où l’espèce est repérée.
Que faire en cas de capture ou de rencontre ?
Les autorités appellent à ne pas toucher, ne pas consommer, et signaler immédiatement tout individu pêché ou observé. Une campagne d’information a été lancée en 2024 par plusieurs États méditerranéens pour sensibiliser les usagers de la mer à ses dangers. Des cartes de signalement, affiches de prévention, et primes à la capture sont parfois mises en place.
Vers une gestion concertée de l’invasion ?
En réponse à cette espèce classée comme nuisible par l’Union européenne, des initiatives émergent : surveillance accrue, recherches biologiques sur des prédateurs potentiels, projets de valorisation des captures (non alimentaires), et développement de programmes d’éducation à destination des pêcheurs. Mais à ce jour, aucune méthode efficace d’éradication ne semble envisageable.
Le Lagocephalus sceleratus n’est pas un poisson anodin. Sa présence en Méditerranée est un signal d’alerte écologiquee t un enjeu de sécurité publique. Au regard de sa toxicité extrême, son caractère invasif et sa prolifération rapide, la vigilance s’impose. L’été approchant, les baigneurs comme les pêcheurs sont invités à redoubler de prudence.
Photo de une : Ministère des Armées