Alison À coups de pinceau par Lizzy Stewart ou l’artiste en quête de reconnaissance

Avec Alison : À coups de pinceau, publié en avril 2024 aux éditions Helvetiq, Lizzy Stewart signe un roman graphique émouvant et introspectif, traversé par les remous de l’émancipation artistique et personnelle d’une femme dans l’Angleterre des années 1970. Le portrait vibrant d’une femme en quête de liberté et de reconnaissance.

Nous faisons la connaissance d’Alison Porter, jeune femme de vingt ans, fraîchement mariée, dont la vie se limite à l’entretien du foyer tandis que son époux travaille. Enfermée dans une routine morne et sans perspectives, Alison étouffe dans un quotidien trop étroit pour ses aspirations silencieuses. Sa rencontre bouleversante avec un peintre célèbre de trente ans son aîné lui ouvre une brèche vers un autre monde : celui de l’art, de la création, de l’affirmation de soi.

Durant plus de 160 pages, Lizzy Stewart nous entraîne à travers quarante-cinq années de la vie d’Alison, du statut de muse effacée à celui d’artiste accomplie, puis de conférencière respectée. En s’appuyant sur une narration fine et nuancée, l’autrice dévoile la lutte constante d’Alison contre les carcans d’une société patriarcale où l’autorité masculine règne sur la scène artistique. Loin de sombrer dans le manichéisme, Stewart préfère explorer les ambiguïtés du pouvoir, les compromis silencieux et les petites victoires personnelles.

Le graphisme, d’une grande délicatesse, épouse le cheminement intérieur de l’héroïne. Les coups de pinceau légers, parfois presque esquissés, traduisent l’émotion contenue, les élans contrariés, la patiente conquête d’un espace propre. Cette maîtrise du dessin vient renforcer le caractère sensible d’un récit profondément humain.

Encensé par la critique, notamment au Festival international de la bande dessinée d’AngoulêmeAlison : À coups de pinceau est salué pour sa capacité à dresser, sans pathos, un portrait intime de l’émancipation féminine à une époque encore peu disposée à l’accepter. Plus qu’une biographie fictive, ce roman graphique propose une réflexion lucide sur le processus créatif, la légitimité, et la persévérance dans un environnement hostile.

Entre mélancolie, colère sourde et aspirations tenaces, Alison Porter s’impose comme une figure de courage discret, dont la trajectoire résonne longtemps après la dernière page.

La recommandation de Faites-moi lire est une coproduction Champs libres-TVR-Unidivers.fr, présenté et rédigé par Nicolas Roberti en collaboration avec les bibliothécaires de la bibliothèque des Champs libres où vous pouvez consulter cet ouvrage.