Dans le cadre d’une convention de don du fonds d’archives de l’œuvre de Claude Bessou par Clara Bessou, architecte, scénographe et fille de Claude Bessou qui aura lieu le mardi 25 février 2025 aux Archives départementales de Rennes, une vingtaine de maquettes de théâtre et des dessins originaux de Claude Bessou seront présentés.
Cette convention marque le don, reçu par les Archives départementales, d’un fonds témoignant de l’œuvre de Claude Bessou, scénographe réputé. Ce fonds se compose en deux parties avec d’un côté 48 maquettes de décors de théâtre, (réalisées entre 1952 et 1991, restaurées et conditionnées aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine en 2023-2024) et de l’autre, 0,32 mètres linéaires de documents originaux (dessins, illustrations, photographies).
A l’occasion de cette signature, une vingtaine de maquettes de théâtre et des dessins originaux de Claude Bessou seront présentés et le travail des équipes de restauration des Archives seront mis en lumière.
Claude Bessou : Scénographe et pédagogue au service du théâtre populaire
Né en 1925 à Paris, Claude Bessou suit une formation à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs. C’est là qu’il acquiert les bases techniques et esthétiques qui feront de lui un scénographe accompli. Ses études lui permettent de développer un sens aigu de l’espace scénique, du volume et de la lumière, des compétences essentielles pour son futur métier.
Dès 1948, à seulement 23 ans, il est nommé professeur à l’École des Beaux-Arts de Rennes. Il y enseigne la scénographie jusqu’en 1986, formant plusieurs générations d’étudiants à la conception de décors et à la réflexion sur l’espace théâtral. Son approche pédagogique repose sur un équilibre entre rigueur académique et ouverture aux innovations artistiques.
L’année 1952 marque un tournant dans sa carrière lorsqu’il rencontre Guy Parigot, metteur en scène et directeur du Centre Dramatique de l’Ouest (CDO). Cette institution, fondée en 1949, joue un rôle clé dans la démocratisation culturelle en France, cherchant à rendre le théâtre accessible à un large public, notamment en province.
Sous l’impulsion de Parigot, Bessou se spécialise dans la scénographie théâtrale. Il conçoit des décors qui s’adaptent aux principes du théâtre populaire : sobriété, efficacité, et expressivité. Loin des décors fastueux du théâtre bourgeois, ses créations s’inscrivent dans une logique de simplicité et d’accessibilité, mettant en valeur le texte et le jeu des comédiens.
Pendant plus de deux décennies (années 1950-1970), Claude Bessou collabore avec le CDO et signe les décors de nombreuses productions marquantes. Son travail est caractérisé par une grande diversité de styles et une capacité d’adaptation aux exigences des pièces mises en scène. Il est particulièrement reconnu pour son habileté à structurer l’espace de manière à servir l’action dramatique.
Parmi ses réalisations les plus notables, on peut citer :
- « George Dandin » (1973-1974) de Molière
- « Les Trente Millions de Gladiator » (1972-1973) d’Eugène Labiche
- « Les Caprices de Marianne » (1971-1972) d’Alfred de Musset
- « Ubu Roi » (1970-1971) d’Alfred Jarry
- « On ne badine pas avec l’amour » (1963-1964) d’Alfred de Musset
- « Junon et le Paon » (1960-1961) de Sean O’Casey
Chacune de ces productions illustre sa maîtrise du langage scénique et sa capacité à proposer des décors à la fois fonctionnels et poétiques.
Claude Bessou ne se contente pas de concevoir des décors : il participe activement à la réflexion sur le rôle du théâtre dans la société. Son engagement dans le mouvement de démocratisation culturelle s’inscrit dans un contexte plus large de réforme des institutions culturelles en France, notamment sous l’impulsion d’André Malraux et de la décentralisation théâtrale.
Après sa retraite en 1986, il laisse derrière lui un héritage important, tant par son travail de scénographe que par son apport pédagogique à l’École des Beaux-Arts de Rennes. Il influence durablement la pratique de la scénographie en France, inspirant de nombreux jeunes créateurs.
Claude Bessou s’éteint en 2001 à Rennes, ville où il a consacré l’essentiel de sa carrière. Son œuvre demeure un témoignage du rôle essentiel des scénographes dans la création théâtrale et du lien indissociable entre l’art et l’engagement social.