Human Kibble : l’ère des croquettes pour humains a-t-elle sonné ?

Human Kibble

Entre hack nutritionnel et dystopie culinaire, une nouvelle tendance alimente les réseaux et interroge notre rapport à la nourriture. C’est la mode du Human Kibble. On a testé pour vous…

Un bol, une louche, un peu d’huile d’olive, et basta. Le tout ressemble vaguement à un mélange de taboulé post-apocalyptique. Bienvenue dans l’univers du Human Kibble, un régime alimentaire qui fait fureur sur TikTok et Reddit depuis le début 2025. Lancée par l’influenceur américain William Kim (@myfoodisme2), cette pratique nutritionnelle, aussi étrange qu’ultra-efficace, propose une vision radicale de la « meal prep » : un grand mélange d’aliments cuits ensemble, à l’avance, sans distinction de plat ni de moment, qui comble tous les besoins du corps humain… à la façon des croquettes pour chiens ou chats.

Le concept : une bouillie nutritionnelle calibrée

Le terme « kibble » – croquette – n’est pas choisi au hasard. Il s’agit ici de concevoir un aliment complet, unique, que l’on puisse consommer tous les jours sans réfléchir. Le human kibble typique contient :

  • des protéines (poulet, tofu, œufs, lentilles…),
  • des glucides complexes (quinoa, riz, flocons d’avoine…),
  • des légumes variés, découpés en minuscules morceaux,
  • et parfois des graisses saines (huile d’olive, graines de lin, avocat…).

Pas de sel, pas de sucre, ni d’épices : neutralité maximale, digestibilité optimale. L’idée est de décharger complètement la fonction alimentaire de sa dimension émotionnelle, culturelle ou sociale.

Les avantages revendiqués

  • Gain de temps : plus besoin de cuisiner plusieurs fois par semaine. Tout est prêt en une session de batch cooking.
  • Simplicité mentale : on ne pense plus à ce qu’on mange. Un stress en moins pour les personnes atteintes d’anxiété alimentaire ou d’hyperchoix.
  • Économie : les ingrédients sont simples, peu transformés, et les portions standardisées.
  • Nutrition contrôlée : si la recette est bien équilibrée, les apports sont stables et complets, comme avec des produits de substitution type Huel ou Soylent.

Les inconvénients (et les inquiétudes)

  • Un appauvrissement de la culture alimentaire : exit la convivialité, la diversité sensorielle, le plaisir de la cuisine. Le human kibble incarne une forme de désenchantement culinaire.
  • Risque de carences à long terme : si la composition n’est pas rigoureusement suivie ou adaptée à chaque profil, les apports peuvent être déséquilibrés.
  • Une uniformisation du goût : manger la même chose chaque jour peut mener à une lassitude profonde ou, pire, à des troubles du comportement alimentaire.
  • Une vision techniciste du vivant : en réduisant la nourriture à une fonction, certains y voient une logique transhumaniste inquiétante.

Human kibble : post-food ou futurisme réaliste ?

Ce régime est le symptôme d’un glissement sociétal. Il questionne la fonction nourricière dans un monde saturé d’images, de choix et de fatigue cognitive. Si Soylent incarnait une utopie de la silicon valley, human kibble est plus artisanale, plus punk, et peut-être plus sincère dans sa tentative de « détox alimentaire mentale ».

Reste à savoir s’il s’agit d’une tendance passagère ou d’une avant-garde durable de notre rapport à l’alimentation. Comme le disait Brillat-Savarin : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. » Le kibble humain, lui, répond : je mange pour ne plus avoir à être.

Informations pratiques

  • Créateur : William Kim (@myfoodisme2 sur TikTok)
  • Ingrédients de base : légumes en brunoise, protéines maigres, céréales complètes
  • Durée de conservation : 3 à 4 jours au réfrigérateur
  • Outils nécessaires : grande poêle ou wok, boîtes hermétiques, balance de cuisine
  • Prix estimé par portion : entre 1,50 € et 3 € selon les ingrédients