L’Île des Faisans, le confetti franco-espagnol qui change de nationalité deux fois par an !

île faisans

Nichée au beau milieu de la rivière Bidassoa, entre la France et l’Espagne, l’Île des Faisans est probablement le plus petit territoire au monde à connaître un régime de garde partagée. Tous les six mois, le 1er février et le 1er août, comme un enfant dont les parents se disputent la garde, elle passe d’un pays à l’autre dans une chorégraphie diplomatique bien huilée. Mais comment un petit bout de terre de 3 000 m² en est-il venu à symboliser la paix, la diplomatie et une forme unique de cohabitation internationale ? Accrochez-vous, l’histoire vaut le détour !

Un lopin de terre au grand destin

L’Île des Faisans (en basque : Faisaien uhartea ; en espagnol : Isla de los Faisanes) ou île de la Conférence (en basque : Konpantzia)  n’a pas toujours été un paisible caillou administratif. Au XVIIe siècle, elle fut le théâtre de l’un des événements diplomatiques les plus marquants de l’époque : la signature du traité des Pyrénées en 1659. Ce traité mit fin à la guerre franco-espagnole qui durait depuis 1635 et scella le destin de l’île comme « condominium » (comprenez : un territoire géré en alternance par deux nations). La France et l’Espagne décidèrent que cette île serait neutre et qu’elle appartiendrait aux deux pays, mais jamais en même temps !

ile faisans

Pourquoi « Île des Faisans » ?

On aimerait vous dire que l’île est peuplée de faisans dorés qui paradent fièrement sous le soleil basque… mais non. En réalité, l’origine du nom reste floue. Certains avancent que des faisans y nichaient autrefois, d’autres pensent qu’il s’agit d’une mauvaise traduction du mot basque « faissan » qui pourrait signifier autre chose (probablement pas « île des licornes », mais on peut rêver). Quoi qu’il en soit, si vous visitez la région, ne comptez pas sur une observation ornithologique palpitante.

Une colocation diplomatique inédite

Depuis le traité de 1659, l’île change donc de nationalité tous les six mois. Du 1er février au 31 juillet, elle est espagnole, puis, du 1er août au 31 janvier, elle devient française. Il n’y a pas de poste-frontière ni de cérémonies grandioses, mais la transition reste symbolique : ce bout de terre prouve qu’avec un peu d’organisation, deux pays peuvent partager pacifiquement un territoire pendant plus de trois siècles sans déclencher de guerre.

Une île inaccessible… ou presque

Si vous espériez poser le pied sur ce bout d’histoire mouvant, il va falloir vous accrocher ! L’Île des Faisans est interdite au public et n’est accessible qu’aux autorités françaises et espagnoles lors des cérémonies officielles. Si vous voulez absolument l’admirer, il faudra vous contenter d’un coup d’œil depuis les rives de la Bidassoa ou d’une balade en kayak (sans poser le pied, sous peine d’incident diplomatique… et d’une amende).

Un modèle pour la paix mondiale ?

Finalement, l’Île des Faisans incarne une utopie diplomatique en miniature. Alors que les frontières sont souvent sources de tensions, elle prouve qu’un accord séculaire peut perdurer dans la bonne entente. Peut-être que si toutes les nations adoptaient une approche de « colocation pacifique », les conflits mondiaux ressembleraient davantage à une garde alternée bien réglée…

En attendant, ce minuscule îlot continue son petit manège diplomatique, changeant de drapeau comme on change de saison. Qui aurait cru qu’un si petit bout de terre aurait une si grande leçon à donner au monde ?

Photo par Zarateman — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31171600

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