Avec le EP Deaf Hearts, Venera 4 avait déjà démontré une solide aisance à parvenir à la quintessence d’une noisy pop douce, lyrique et altière. Batterie radieusement métronomique et basse aux froides rondeurs, mur de guitares fuzz et voix féminines somptueusement éthérées… Qui a dit 4AD des années 90 ?
Certes les 11 titres de Eidôlon, le premier EP de Venera 4 après Deaf Hearts semblent émaner tout droit d’une caverne baignée d’une miroitante lumière automnale, à moins que ce ne soit des ruines d’une majestueuse cathédrale nimbée de lueurs boréales. Mais, tout n’est pas que calme, luxe et volupté. Venera 4, plus vénéneux, ne dédaigne pas de passer à la moulinette la plus noisy les rythmiques et les mélopées plus typées sixties, sarabande de brumeuse mélodies un brin radioactives. On se croirait presque chez des Mary and the Jesus Chains !! Voix féminines assumant avec force leur fragilité et guitares franchement « branleurs » affichant leur « mal » attitude. Une noisy pop un brin torturée mais plus lumineuse, moins dépressive sans être moins énergique. Bien au contraire…
Malheureusement, une production et un son un peu trop « léchés » viennent, sans doute, atténuer le plaisir des écoutes successives. Trop d’application nuit à l’émotion brute. Trop sage, trop retenu dans l’ensemble par rapport au tranchant que laisse imaginer le jeu des guitares et une énergie qu’on aurait aimé voir se déployer moins à l’abri de tournures un peu « clichées ». De belles tentatives de faire sortir un peu les voix de leur nuage de reverb font, par contraste, pâtir des compositions qui auraient mérité plus d’audace et moins de pâlichonne « pop ».