Nobel de l’environnement 2025 : 7 personnalités récompensées

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Le Prix Goldman pour l’environnement 2025, surnommé le « Nobel de l’écologie », a récompensé sept militants engagés dans des combats écologiques exemplaires.

Les lauréats sont Laurene Allen, assistante sociale du New Hampshire, qui milite aux États-Unis depuis près de dix ans contre la pollution aux PFAS ; Semia Gharbi, militante tunisienne contre l’exportation illégale de déchets italiens vers son pays ; Batmunkh Luvsandash, activiste de Mongolie qui lutte contre l’exploitation minière ; Besjana Guri et Olsi Nika, à l’origine de la création d’un parc national sur une rivière sauvage en Albanie ; Carlos Mallo Molina, militant contre un port aux îles Canaries ; et Mari Luz Canaquiri Murayari, militante péruvienne qui a obtenu une protection juridique pour le fleuve Maranon pour y empêcher des déversements de pétrole. 

Une distinction mondiale pour un combat local

Pour la région Europe, le prix a été attribué à Olsi Nika et Aleko Miho, deux figures centrales du mouvement pour la sauvegarde de la Vjosa, fleuve qui prend sa source dans les montagnes du Pinde en Grèce et traverse l’Albanie avant de se jeter dans la mer Adriatique.

Leur engagement a contribué de manière décisive à l’arrêt de plusieurs projets de barrages hydroélectriques qui menaçaient l’intégrité écologique de ce cours d’eau long de 272 kilomètres, encore exempt de toute infrastructure majeure sur l’essentiel de son parcours.

La Vjosa : un joyau hydrologique européen

Souvent qualifiée de dernier fleuve sauvage d’Europe, la Vjosa coule librement, sans grands barrages ni déviations artificielles, créant un écosystème fluvial d’une richesse rare. Son bassin héberge plus de 1 100 espèces animales, dont plusieurs en danger d’extinction, ainsi qu’une biodiversité végétale exceptionnelle.

Le combat pour sa protection a débuté dans les années 2010, quand une série de projets de barrages, soutenus notamment par des financements internationaux, menaçaient de fragmenter le fleuve et de bouleverser son fonctionnement écologique. Ces aménagements prévoyaient d’utiliser la Vjosa comme source d’énergie renouvelable, au prix d’une altération irrémédiable de son équilibre naturel.

Une mobilisation exemplaire

Olsi Nika, biologiste marin et directeur de l’ONG EcoAlbania, et Aleko Miho, professeur d’hydrobiologie à l’Université de Tirana, ont coordonné un réseau de scientifiques, d’avocats, de riverains, d’activistes locaux et internationaux. Leur stratégie mêlait rigueur scientifique, actions en justice, campagnes de sensibilisation et pressions diplomatiques.

Ils ont notamment travaillé en collaboration avec les ONG Riverwatch et EuroNatur, mobilisant aussi des personnalités comme Leonardo DiCaprio ou la marque Patagonia, qui ont contribué à internationaliser la cause. En 2021, une victoire juridique majeure est obtenue avec la suspension de plusieurs concessions hydroélectriques. Et en mars 2023, la consécration survient : le gouvernement albanais proclame la création du parc national de la Vjosa, le tout premier parc fluvial sauvage d’Europe, sur 12 727 hectares.

Un symbole pour la planète

Le cas de la Vjosa est emblématique d’une nouvelle approche de la conservation. Plutôt que de sanctuariser des territoires vierges, il s’agit ici de protéger des milieux vivants et habités, tout en garantissant des usages durables et concertés. L’inscription de la Vjosa comme parc national ouvre aussi la voie à une coopération transfrontalière avec la Grèce, en vue d’un parc naturel binationale.

Le Prix Goldman vient ainsi couronner un modèle de mobilisation citoyenne, ancré dans la science et la solidarité locale. À l’heure où l’Europe débat de sa stratégie hydrologique et énergétique face au changement climatique, la reconnaissance du combat albanais pour la Vjosa réaffirme que les rivières libres peuvent être un bien commun mondial, et non une ressource à exploiter.

La vigilance reste de mise : bien que le parc national soit institué, plusieurs menaces pèsent encore sur la Vjosa, notamment en amont, du côté grec, où des projets d’aménagement persistent. Les deux lauréats l’ont rappelé dans leur discours : « Ce prix est un encouragement, pas une fin. La protection de la Vjosa doit être permanente, car elle est notre héritage vivant. »

Photo : CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1261006