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ILLUSTRATEURS À RENNES, L’UNIVERS CRÉPUSCULAIRE DE MINUIT STUDIO

Rennes regorge d’illustrateurs et illustratrices aux univers multiples. Unidivers vous présente une série de portraits avec, aujourd’hui, Minuit Studio. Depuis 2017, le duo composé de Corentin et Paul propose un univers acidulé organique et géométrique à l’empreinte résolument artistique. Rencontre avec les deux graphistes et illustrateurs.

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Corentin et Paul, fondateurs de Minuit Studio

Unidivers — Quelle est votre histoire avec l’illustration ?

Corentin — Paul et moi travaillions déjà en binôme sur les projets de groupe quand nous étions en Licence Arts plastiques (Université Rennes 2). On avait la même conception du travail plastique et, en même temps, on était complémentaires sur certains points. Petit à petit, nous nous sommes intéressés aux logiciels de création numérique afin d’intégrer le Master Création et Management Numérique. Cette formation nous a montré les possibilités professionnelles dans les domaines du web, du numérique, du design et de l’illustration.

Paul — À l’issue du master, chacun a réalisé des stages afin de se forger une expérience professionnelle. Corentin s’est formé dans la conception d’interfaces auprès d’une agence de web design à Nantes et j’ai travaillé dans la communication interne et externe au siège Auchan à Lille – impressions grands formats et illustrations. L’idée de créer un projet à deux est venue après quelques expériences professionnelles et Minuit Studio a été lancé. Au début, il s’agissait uniquement de graphisme, web design et identité visuelle. L’illustration et le design n’ont été intégrés que plus tard à notre activité.

Peu importe l’école d’où tu viens, c’est la pratique personnelle qui fait la différence. La licence nous a appris à expérimenter et, finalement, c’est ce qu’on continue de faire.

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Affiche Odorico © Minuit Studio

Unidivers — À quel moment l’illustration et le design se sont-ils ajoutés à vos propositions justement ?

Paul — Cette envie est née de nos projets personnels. Notre formation de plasticiens est importante pour nous, on ne voulait pas seulement donner la priorité aux commandes professionnelles. Comme nous postions notre travail personnel — plus plastique — sur les réseaux sociaux, notre style et notre univers ont commencé à se faire connaître et à intéresser. Comme nos dernières commandes ne concernent que de l’illustration, cela nous permet de créer une patte artistique dans ce domaine en particulier.

Unidivers — Pourquoi Minuit Studio ?

Paul — Nous voulions un mot français et chantant. L’univers nocturne nous a toujours inspirés et les couleurs crépusculaires sont une palette colorimétrique qui se retrouve souvent dans nos créations.

Corentin — Le mot studio était important, on ne cherche pas à se revendiquer comme une agence. Nous essayons d’être un maximum polyvalent, mais Minuit Studio ne regroupe pas tous les corps de métier qu’une agence de communication peut avoir. Nous avions pensé à « Atelier » aussi, mais le mot sonnait trop plasticien… Studio était un bon entre-deux.

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Affiche Friche © Minuit Studio

Unidivers — Comment est né votre style graphique ?

Paul : Le style de Minuit Studio est né de notre travail, aussi bien personnel que professionnel. On est tombés dans l’illustration un peu par hasard. On voulait travailler autour du design et du graphisme, mais nos projets tendaient naturellement vers des propositions illustrées, en s’éloignant des jeux de police au profit des jeux d’illustrations.

Corentin — On fait régulièrement des veilles graphiques à la recherche d’inspirations toujours plus actuelles. Il peut s’agir de studios ou d’agences dont le style nous parle particulièrement comme Graffiquants, le studio londonien La boca ou Parade Studio. À côté de ça, on adore la bande dessinée. Personnellement, je suis fan de Moebius ou des dessinateurs comme Peter Elson, connu pour ses couvertures de livres de science-fiction dans les années 70-80. C’est d’ailleurs un thème qui revient souvent dans nos créations.

Paul — Notre style ne cesse d’évoluer selon les inspirations, qui ne sont pas forcément des artistes d’ailleurs. Personnellement, j’aime beaucoup m’inspirer des choses simples, comme la nature, remplie de détails auxquels on ne prête pas attention. J’essaie de m’approprier tout ce que je peux voir.

Nous tendons de plus en plus vers des univers où des paysages mystérieux, qu’ils soient abstraits ou figuratifs, flirtent entre la réalité et la fiction.

Unidivers — L’exposition Archi-texture à l’Orangerie du Thabor a permis de découvrir cet univers dont vous parlez. Comment est née l’envie d’exposer votre travail ?

Corentin — On a toujours eu une pratique à côté de notre activité professionnelle et au final, on avait un corpus de créations suffisamment conséquent pour les mettre en valeur dans le cadre d’une exposition afin que les gens puissent les voir. Nous restons attachés au côté print et palpable de la création même si nous travaillons le numérique. La ville de Rennes a accepté de nous laisser l’Orangerie pour deux semaines.

Paul — Nous voulions exposer nos créations depuis longtemps, mais sans se précipiter. On peut s’attendre, en toute légitimité, à des affiches dans des cadres, mais une exposition avec des affiches simplement encadrées et accrochées au mur n’était pas le but. L’architecture et la géométrie étant une de nos sources d’inspiration, l’idée principale était donc de ne rien accrocher. Des structures en bois que l’on a conçues ont servi à exposer nos affiches, en papier. Elles sont simplement posées contre le mur afin de représenter une mise en relief.

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Vue de l’exposition Archi-texture, à l’Orangerie du Thabor © Minuit Studio

Il y a un côté frustrant à travailler seulement sur de la 2D, nous voulions apporter du relief aux affiches, tout en étant ludique. En plus d’exposer nos projets, nous avons créé une structure avec des panneaux dont le public a pu moduler chaque pan et faire une proposition. Il s’agissait de motifs abstraits peints en noir et blanc sur le recto et le verso afin que la manipulation des panneaux donne toujours un résultat.

Corentin — Faire participer les gens était un travail inédit. Les gens adorent participer, cette constatation nous conforte dans l’idée de réaliser des projets plus interactifs. Quand l’œuvre a été pensée, on a imaginé deux compositions de base. On s’est rapidement rendu compte que le public était bien meilleur que nous en ce qui concerne les propositions (rires). On s’était laissé cette liberté de ne pas savoir ce que ça donnerait pour découvrir nous-mêmes ce que les gens pouvaient faire avec notre travail de base.

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Vue de l’exposition Archi-texture, à l’Orangerie du Thabo © Minuit Studio

Unidivers — Privilégiez-vous les matériaux numériques ou papiers dans votre processus créatif ?

Paul — Corentin et moi avons une approche plutôt vintage, le crayon et le papier sont nos meilleurs amis. Tous nos projets naissent du dessin. On utilise une feuille pour deux ou chacun la sienne et on griffonne. L’un de nous peut avoir la première idée, puis on en discute ensemble. L’idée de base peut donner de nouvelles idées à l’autre et le projet évolue de cette manière, en se renvoyant la balle.

Corentin — Tous les projets sont réalisés à deux. Une fois que le dessin semble abouti, on passe au logiciel de création numérique. Les idées vont beaucoup plus vite sur papier et c’est une étape à laquelle on tient. Le logiciel numérique nous permet d’ajouter tout ce qui donne du relief : couleurs, textures, profondeur et ombres.

Paul —C’est l’étape la plus amusante, le logiciel offre une palette de couleurs infinie. On expérimente en se laissant la liberté de ne pas savoir jusqu’où on va. On ne pensait pas que la couleur prendrait autant de place, mais au final, c’est ce qui nous prend le plus de temps. On se retrouve parfois avec trois versions de la même affiche, mais avec des couleurs différentes. La couleur est devenue une caractéristique de notre travail.

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Affiche de l’exposition Archi-texture, à l’Orangerie du Thabor © Minuit Studio

Unidivers — Pouvez-vous me parler d’une de vos dernières créations, l’affiche de la Garden au château d’Apigné qui se déroule le 30 juin prochain ?

Corentin — L’association organisatrice Bre.Tone a l’habitude de changer de graphistes à chaque événement. Quand ils nous ont demandé de travailler sur le visuel de cette année, il nous a semblé important de mettre en avant l’endroit, magnifique en soi, et de l’illustrer dans une atmosphère estivale.

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Visuel de la Garden au Château d’Apigné © Minuit Studio

Des recherches en amont nous ont permis de ne pas tomber dans le cliché et l’illustration. L’idée générale est venue rapidement. J’ai commencé par l’ambiance générale de l’affiche, mais je restais bloqué sur le château. Paul est venu m’aider et s’est chargé de l’architecture du bâtiment. Le dessin a fait plusieurs allers-retours entre nous afin qu’on soit autant satisfait l’un que l’autre. L’affiche reste figurative, mais nous voulions conserver une atmosphère mystérieuse et irréelle, de par la taille du soleil et les couleurs surréalistes. Le toucan rappelle le côté exotique de la programmation et le feuillage au premier plan donne l’impression de pénétrer dans la scène. Cet univers nocturne devient un peu notre marque de fabrique.

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Affiche du festival Rituel. © Minuit Studio

Unidivers — Une marque de fabrique qui se confirme et que l’on effleurait déjà, de manière plus abstraite, dans les deux affiches pour le Festival Rituel

Corentin —Le projet Rituel est très abstrait, à la demande des commanditaires. La liberté est quasi totale et permet de travailler des formes pures : sphères, carrés, etc.

Paul : La composition vient de la perspective, elle représente le pilier du projet. Avec des projets comme Rituel où l’abstraction est totale, on peut se lâcher, il faut seulement penser à une globalité cohérente. On navigue entre deux univers qui nous plaisent autant l’un que l’autre, entre la figuration architecturale et l’abstraction géométrique.

« Pour chaque projet, on essaie de donner à voir du visuellement beau, sans pour autant tout révéler, que les personnes fassent parler leur imagination et s’approprient l’illustration afin de se créer une histoire » Corentin.

Unidivers — Une petite anecdote sur votre premier projet en tant que professionnel ?

Paul — On s’en souvient très bien (rires). On a mis beaucoup trop de temps sur un tout petit projet. C’était la réalisation d’une carte de visite pour une paysagiste rennaise. Quand on commence, on a envie d’atteindre la perfection, mais cinq mois pour une carte de visite, c’est peut-être beaucoup…

Corentin — Dix versions ont dû être réalisées au total, on voulait tellement bien faire qu’on a noyé le client. Au bout de quatre mois, on est reparti sur une composition très simple et c’est ce qui a fonctionné.

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Affiche Odyssey © Minuit Studio

Unidivers — Des projets personnels ou professionnels à venir ?

Corentin — On a commencé à travailler le bois avec l’exposition Archi-texture à l’Orangerie du Thabor et approfondi cette recherche avec une structure à base de planches de bois, découpées et peintes, pour une exposition à la galerie Capsule. On aimerait continuer dans cette direction et aller plus loin dans le travail tridimensionnel. On a découvert il y a peu la découpe au laser, ce qui nous a donné envie de travailler sur une série d’affiches en bois constituées de pièces noires de 5 mm d’épaisseur collées sur une planche de bois.

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Installation Recife, à la Galerie Capsule, Rennes © Minuit Studio

Paul — En gardant l’illustration comme activité principale, l’évolution en 3D semble la suite logique. L’Orangerie du Thabor présentait des affiches papier sur des supports en bois et la galerie Capsule nous a permis d’exposer une véritable installation en bois. La planche la plus haute mesurait 2 m 50 sur une envergure de 2 m 30. La structure change du format conventionnel de l’affiche (A1, A2,…). Le public pouvait tourner autour de l’œuvre et a pu appréhender notre pratique de manière différente avec ce même côté frontal et plat que l’on retrouve dans nos affiches. En relief : l’architecture, l’organique, etc.

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Affiche réalisée à la découpe au laser © Minuit Studio

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Contact

Corentin Vigneron : 06 63 96 48 90

Paul Perretti : 06 12 75 21 34

contact@minuitstudio.fr

FILM PARASITE. VIOLENCE SOCIALE EN MILIEU TEMPÉRÉ

Avec le film Parasite, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho signe une fable corrosive et jubilatoire sur la lutte des classes qui résonne comme une mise en garde. La Palme d’or est venue justement couronner une œuvre qui parvient à mêler complexité sociologique, humour et suspense.

Dans l’une des premières séquences du film Parasite, alors que nous est présentée la famille Kim, qui vit dans un entresol insalubre, on voit rapidement la mère écraser du doigt un… parasite, au sens littéral du terme : un des nombreux cafards qui infestent l’appartement de cette famille de chômeurs. C’est la première manifestation, dans le film, de la logique délétère selon laquelle la société (coréenne, mais sans doute, plus généralement, humaine) fonctionne par l’écrasement systématique, mais discret, du plus fort par le plus faible.

L’année dernière, le film Burning de Lee Chang-Dong, autre film sud-coréen salué à Cannes, évoquait déjà la violence de la lutte des classes en Corée, en décrivant la rivalité entre deux jeunes hommes (un plus pauvre, et un plus riche) cherchant à séduire une jeune fille. Les deux œuvres se terminent au demeurant de façon analogue. Mais là où Burning était contemplatif et évanescent, Parasite se montre survolté et mordant. Lee Chang-Dong citait explicitement Faulkner ; chez Bong Joon-Ho, un plan fait discrètement apparaître le visage d’Alfred Hitchcock, sur la tranche d’une jaquette.

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Car dans Parasite, la société est filmée comme le lieu d’une guerre de tous contre tous, avec un rythme d’une intensité folle et une variation tonale permanente. La première partie fonctionne comme une prise d’assaut progressive : par un concours de circonstances, le jeune Ki-Woo est embauché par la riche famille Park pour donner des cours d’anglais à la fille de la maison. Il va alors mettre en place une stratégie redoutable pour faire progressivement pénétrer toute sa famille au sein de la luxueuse demeure des Park, non sans faire renvoyer le chauffeur et la gouvernante pour les faire remplacer par son père et sa mère. Cette fulgurante ascension sociale n’ira malheureusement pas sans heurts – c’est peu dire.

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La grande force du film Parasite est de montrer que la violence sociale n’est pas là où on l’attend, et qu’elle peut donc revêtir des formes foncièrement différentes – on sait d’ailleurs que Bong Joon-Ho n’a pas fait des études de cinéma, mais de sociologie. Car la famille Park n’est aucunement diabolisée ; très conventionnelle et patriarcale, elle semble néanmoins relativement soudée. Les époux ne se disputent pas, veillent attentivement au bonheur et à la réussite de leurs enfants, d’une manière qui vire certes à l’obsession, mais témoigne de bonnes intentions. Ils ne maltraitent pas non plus leurs employés, avec qui ils tissent même des liens quasi amicaux ; dans sa solitude et ses confessions à sa gouvernante, Mme Park suscite presque une forme de compassion.

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Et réciproquement, la représentation de la famille Kim ne cède aucunement à la tentation d’une idéalisation morale. Le tour de force de Bong Joon-Ho consiste à mettre le spectateur du côté des pauvres, tout en montrant qu’ils sont eux-mêmes pris dans la mécanique égoïste et compétitive qui les broie. Le passage le plus emblématique à cet égard se trouve au milieu du film. Alors que les Park sont partis à la campagne, les Kim gardent la maison et discutent autour d’un festin. Le père Kim dit trouver leur employeuse « gentille » ; d’où, réaction de son épouse : « Gentille ? Moi, si j’avais tout ça, je serais vachement plus gentille ! ». Et dix minutes plus tard, alors qu’un retournement de situation proprement virtuose confronte subitement les Kim a une sorte de sous-prolétariat implorant son aide, la même mère refuse froidement.

L’écriture des personnages impressionne ici par sa capacité à les rendre profondément authentiques sans toutefois approfondir leur psychologie, si ce n’est dans l’épilogue ; ce qui intéresse le cinéaste ici, ce ne sont pas des individus, mais des types sociaux.

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Et pourtant, l’inégalité économique implique des rapports de force qui demeurent même lorsque tout semble aller pour le mieux. Parasitefait la part belle à des dimensions moins évidentes des différences entre classes, avec un travail remarquable sur la géographie sociale ; on n’en dira pas trop ici, mais on ne peut que souligner le brio avec lequel Bong Joon-Ho joue sur différentes strates de l’espace urbain et domestique, entre naturalisme et fantaisie, pour donner à penser la complexité de la hiérarchie sociale. Cette inégalité géographique se matérialise lors de la scène impressionnante de l’inondation, dramatique pour la famille Kim, et dont la famille Park, quant à elle, n’entend même pas parler. D’où cette scène étonnante, le lendemain : Mme Park fait ses courses avec M. Kim pour l’anniversaire de son fils, et au téléphone, elle se réjouit de la pluie qui est tombée la veille, dissipant ainsi les nuages pour la fête, pendant que le domestique est en train de ranger ses courses, et de se rappeler avec rage ce que cette pluie vient de lui coûter.

Se nichant dans des situations dont elle semble d’abord absente, la violence sociale est donc également inconsciente. Car dans cette scène que nous venons de décrire, la riche mère de famille est de toute évidence ignorante de la violence qu’elle est en train d’exercer : pendant qu’un homme qu’elle emploie fait ses courses, elle se félicite d’un événement qui, pour lui, revêt une signification dramatique.

film parasite

D’une façon générale, Bong Joon-Ho se montre attentif à la matérialité des inégalités sociales, non seulement géographique, mais également organique. Car ce qui aiguise peu à peu le ressentiment des Kim à l’égard des Park, ce ne sont ni des reproches directs ni des remarques délibérément hautaines : c’est le dégoût latent qu’éprouve le père Park pour l’odeur de ses domestiques, et en particulier de son chauffeur. Ce mépris, les Kim le découvrent au détour d’une conversation entre leurs employeurs qu’ils n’étaient pas censés entendre, et ensuite, le père l’éprouve à plusieurs reprises, en remarquant plusieurs gestes de son patron se pinçant le nez, ouvrant la fenêtre de la voiture… Et fatalement, c’est bien ce mépris-là qui conduira le film à un dénouement que personne n’aurait d’abord pu prévoir, explosion ultime d’une violence sociale qui prendra seulement au bout du terme une forme physique.

Ce que montre si bien Parasite, c’est qu’à l’échelle sociopolitique, les plus petites causes peuvent avoir les plus grands effets, et que si la violence peut un temps se contenir dans un registre inconscient et symbolique, elle menace toujours, et peut-être à plus forte raison, de s’exprimer directement sur les corps.

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Là où, enfin, le film s’avère réellement brillant, c’est par sa capacité à représenter la lutte des classes et le règne de la compétition sociale comme une logique qui échappe en bonne partie aux processus individuels. Personne, ici, n’est rendu responsable de la violence de cette société ; il est même difficile de dire s’il s’agit d’une satire visant proprement le monde capitaliste, ou d’une fable plus générale sur la rivalité sociale.

Ce refus de la responsabilisation des individus tient pour une bonne part à la mise en scène de Bong Joon-Ho, qui fait de la maison des Park, qui est à elle seul un symbole de l’espace social dans son ensemble, un lieu extrêmement mécanique et froid. Le choix de cette maison d’architecte si structurée et implacable, ajouté à la rigueur de la composition des plans symétriques, au refus de la caméra subjective au profit de mouvements d’appareil souvent impersonnels, donne l’impression que les personnages sont tous emprisonnés dans un monde contre lequel ils ne peuvent rien.

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Cela fait écho à la caractérisation non-manichéenne des personnages que nous évoquions : tout, dans Parasite, contribue à montrer que la lutte des classes et ses conséquences ne résultent pas de prises de décision individuelles, mais d’une structure qui doit être profondément modifiée.
Dans Parasite, il est un lieu qui échappe à cette logique de destruction : la cellule familiale, sur laquelle insiste l’émouvant épilogue du film. La tendresse inconditionnelle qui soude les Kim en fait un indestructible îlot de résistance à la violence des rapports sociaux ; elle ne demande qu’à s’étendre à l’ensemble de la société. Mais comment y parvenir, le film ne le dit pas…

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MONSIEUR H, QUI A TUÉ CE BRILLANT ET COURAGEUX DIPLOMATE GÊNANT ?

Cette brillante enquête du journaliste confirmé Maurin Picard prend sa source aux dernières heures du Congo belge. On est alors en pleine décolonisation, les Empires se délitent et les deux blocs s’affrontent par pays interposés dans une guerre qui n’avait de froide que le nom.

ILS ONT TUE MONSIEUR H

 

D’immenses enjeux financiers sont en jeux en particulier dans ce Congo dit belge, véritable « scandale géologique » regorgeant de tout ce qui peut avoir de précieux en matière de minerai ou de gemmes. Cette décolonisation ne se passe pas bien : Patrice Lumumba premier ministre « insolent » a été assassiné sauvagement en janvier 1961, livré à son pire ennemi Moïse Tshombé. Ce dernier avait décrété en 1960 l’indépendance du Katanga, l’une des plus riches régions du Congo avec le soutien des compagnies minières, de l’Afrique du Sud et des deux Rhodésies (actuelles Zimbabwe et Zambie).

L’ONU fraîchement créé depuis la Seconde Guerre mondiale se débat sur tous les fronts. Son secrétaire général Dag Hammarskjöld (1905-1961), s’est illustré brillamment pour trouver une solution à la crise de Suez en 1956 ce que ne pardonneront ni les Français, ni les Britanniques… Face à la sécession Katangaise, l’ONU a envoyé des troupes venant des divers continents (Inde, Irlande, etc.) insuffisamment armées et qui ne font pas le poids face aux mercenaires blancs que le Katanga a recruté à prix d’or.

https://youtu.be/eOWq0movnjg

Il s’agit pour la plupart d’hommes aguerris, issus de la Seconde Guerre mondiale et des combats de la décolonisation et qui sont malgré tout les représentants plus ou moins autorisés de leur pays d’origine : Bob Denard commencera sa carrière dans ce pays.

Dag Hammarskjöld est une personnalité solaire, il recherche le compromis, mais ne plie pas, c’est aussi un intellectuel, ami de Saint-John Perse et traducteur de Martin Buber. Il veut absolument rencontrer Moïse Tshombé pour négocier un cessez-le-feu pour aboutir à une solution politique au Congo et projette de rencontrer celui-ci en terrain « neutre » à Ndola, en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie) sous l’égide de l’ambassadeur britannique.

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Dag Hammarskjöld (1905-1961)

Son avion s’écrasera peu avant l’atterrissage. Autour de ce crash surgiront diverses hypothèses incriminant l’équipage. Clairement il avait beaucoup d’ennemis dont un certain Charles de Gaulle, mais aussi les Britanniques, les Belges, peut-être certaines fractions de la CIA. Maurin Picard démêle patiemment avec beaucoup de sérieux l’écheveau de ce « bourbier », fouille les archives, rencontre les derniers témoins sans se lasser pour aboutir à un faisceau de présomptions fortes.

On ne peut que regretter la disparition d’un homme de la trempe de Dag Hammarskjöld, qui fut « le » Grand Secrétaire général de l’ONU : s’il y avait un Panthéon pour les diplomates, il y serait le premier. Son prix Nobel pour la Paix posthume l’illustre. L’ONU finira par mettre un terme à la sécession Katangaise, Moïse Tshombé fuira son pays et mourra mystérieusement en Algérie. Aujourd’hui la RDC, est un pays à peine pacifié, en proie à des troubles avec des élections douteuses, moins de coups d’État, mais reste toujours une proie des multinationales et d’un petit voisin ambitieux, le Rwanda, compte tenu de ses richesses minières en particulier au Nord Kivu…

Élu Secrétaire général de l’ONU au plus fort de la guerre froide, Dag Hammarskjöld dédie sa vie à la poursuite de la paix. Il renforce l’influence des Nations Unies en intervenant sur de nombreux conflits comme celui au Congo. C’est en allant sur place qu’il meurt, en 1961, quand son avion s’écrase. Le prix Nobel lui sera attribué à titre posthume la même année. Il fut qualifié de « plus grand homme d’État du XXème siècle » par le président américain John Fitzgerald Kennedy.

Ils ont tué Monsieur H. Congo, 1961. Le complot des mercenaires français contre l’ONU de Maurin Picard, Seuil, 480 pages, 23 euros. Parution le 16/04/2019.

ILS ONT TUE MONSIEUR H
Maurin Picard est journaliste. Il est l’auteur de livres sur l’histoire des États-Unis et la Seconde Guerre mondiale. Correspondant à New York, il a couvert deux élections présidentielles américaines et suit l’actualité des opérations de maintien de la paix des Nations unies.

LE VAISSEAU FANTÔME PROJETÉ SUR GRAND ÉCRAN LE 13 JUIN 2019

Les amateurs d’opéra à Rennes attendaient avec impatience d’assister, le 3 mai 2019, à la première du Vaisseau fantôme de Richard Wagner. Matthieu Rietzler, le jeune directeur de cette honorable maison, reconnaissait être à la fois excité, impatient et tendu à l’idée de voir son théâtre transformé en océan et vingt mille litres d’eau peser de tout leur poids sur la scène. Voilà, c’est fait, et ce fut tellement fou qu’il est probable qu’on en reparlera longtemps…

Le jeudi 13 juin 2019 à partir de 19h30 sur la place de la mairie de Rennes (et dans une quarantaine de lieux dans la région), le public pourra assister à la diffusion du Vaisseau Fantôme, depuis l’Opéra de Nantes, sur grand écran en extérieur. Mais aussi à
Pacé Parthenay-de-Bretagne Puyravault Romillé Rostrenen Pontivy Pornic Puyravault Romillé Rostrenen Saint-Gilles-Croix-de-Vie Saint-Marc-le-Blanc Saint-Nazaire Thorigné-Fouillard Vern-sur-Seiche Vitré Betton Le Rheu Montgermont Thorigné Fouillard Chartres
À Rennes : Le Tambour, Les Champs Libres, Piscine des Gayeulles, le Cabinet photographique de WAGNER Maurepas, Pôle de rééducation Saint Hélier, Centre pénitentiaire des femmes.

vaisseau fantôme nantes Le vaisseau fantôme, qui aurait dû normalement être intitulé « Le hollandais volant » puisque son titre réel est « Der fliegende Holländer », est tiré d’un récit du très controversé écrivain allemand Heinrich Heine, « Les mémoires de monsieur de Schnabelewopski ». Si le livret de Wagner puise son inspiration dans cette œuvre légendaire, la musique, elle, lui fut rudement suggérée lors d’un très tumultueux voyage de quatre semaines effectué à bord d’un schooner qui reliait Riga à Rome. Entre les avaries, les ouragans dévastateurs et quelques situations désespérées, Richard Wagner expérimenta avec force la puissance océanique et le courage admirable des gens de mer qui, par leurs chants, exorcisaient leur peur. Ils lui contèrent la légende, il en fit un opéra hors du commun.

vaisseau fantôme rennes

L’histoire raconte le châtiment d’un capitaine et de son équipage, lesquels pour avoir blasphémé, se virent condamnés à errer sur les océans pour l’éternité. Tous les sept ans, ils pouvaient se rendre à terre et leur capitaine devait trouver une jeune fille qui accepterait de l’épouser et faire preuve de fidélité afin de racheter leur faute et d’accéder au repos éternel. Cette jeune femme, c’est Senta, la fille d’un autre marin norvégien appelé Daland. Elle est fiancée à Erik, mais, amoureuse de la figure légendaire et surnaturelle du Hollandais, elle oublie celui qu’elle aime pour devenir une héroïne exaltée. Même si elle n’apparaît qu’au milieu de l’œuvre, elle en est une véritable charnière. Inscrite dans la verticalité elle établit un lien entre deux mondes, d’un côté le réel, de l’autre le surnaturel, elle donne chair aux spectres et les met sur un pied d’égalité avec les vivants. La cantatrice Martina Welschenbach dans ce rôle difficile offrira un personnage partagé entre démence, exaltation et moments d’un sage apaisement, nous offrant un flux et un reflux de sentiments, en parfait accord avec la dynamique océanique et tempétueuse de l’œuvre de Wagner. À l’issue du chœur des fileuses, elle chante la très fameuse ballade de Senta, au cours de laquelle on pressent le basculement vers la folie, de pure jeune fille elle devient une incarnation de la rédemption.

À ce chapitre, il convient de saluer l’impeccable performance d’Almas Svilpa, « le Hollandais », qui campe un personnage sombre dont la voix grave et puissante, servie par une image spectrale, crée une ambiance de peur qui sert magnifiquement la nécessaire intensité dramatique de l’œuvre. Patrick Simper qui puise parfois dans ses ultimes ressources vocales, nous propose toutefois un Daland de bon aloi, petit bémol dont il n’est pas responsable, l’étrange danse, un peu ridicule, qui accompagne sa découverte du trésor du Hollandais n’est pas du meilleur goût, pas plus que d’écarter de force les jambes de Senta pour célébrer le fait qu’elle soit « l’honneur de son sexe ». Cela passerait sans problème dans une comédie italienne, chez Wagner cela met un peu mal à l’aise. En fiancé trahi, l’excellent Samuel Sakker, dans le rôle d’Erik, est digne de bien des éloges. Ses duos avec Senta sont des moments de pure beauté et de grande profondeur. Doris Lamprecht, pour l’occasion, devenue Mary la gouvernante, manie graves et aigus avec une belle assurance, et dans ces rôles un peu secondaires notre suffrage ira sans conteste à Yu Shao, « Le pilote », dont la très belle voix résonne comme une agréable rencontre.

opera vaisseau fantome

Qu’ils soient présents sur scène ou dissimulés, les chœurs des opéras de Rennes et Angers-Nantes font l’admiration de tous. Purement époustouflants! Rencontré à la suite de la représentation, le chef invité Rudolf Piehlmayer ne cache pas le souvenir admiratif qu’il a gardé pour l’ensemble Mélisme(s) et son chef Gildas Pungier qu’il avait connu en dirigeant à Rennes Lohengrin il y a de cela trois ans. Cela ne retire rien à la performance des protégés de Xavier Ribes, chef de chœur d’Angers-Nantes-Opéra, qui en plus de bien chanter ont passé la représentation à se mouvoir les pieds dans l’eau, ce qui s’est révélé extrêmement fatigant.


vaisseau fantôme rennes

 

La mise en scène des sœurs Beverly et Rebecca Blankenship révèle une véritable compréhension de l’âme de l’œuvre de Richard Wagner. L’omniprésence de l’eau et du bruit qu’elle produit ajoute un instrument informel à la puissance évocatrice essentielle. Les cordages qui tombent des cintres et sur lesquelles s’acharnent les marins sont une trouvaille simple mais particulièrement efficace. Les éclairages de Hans-Joacchim Koester ajoutent au climat sépulcral de l’ensemble, autant que les cinq jeunes filles vêtues de blanc dont les cadavres blêmes flottent sur l’eau apportant une note proprement effrayante. Que dire des brumes duveteuses qui parfois recouvrent les eaux obligeant les personnages à évoluer plus comme des spectres que des êtres humains. Petit bémol, lorsque la lumière est un peu forte sur le cadre qui entoure la scène, soulignant notre position de spectateur, on perd un peu de la visibilité de se qui se passe sur le plateau.

vaisseau fantôme rennes

L’Orchestre symphonique de Bretagne, pas vraiment à l’abri des aspersions au fond de la fosse et fort de cinquante-cinq membres, délivre dés l’ouverture une pâte musicale puissante, à ne pas dire brillante, particulièrement lorsque les cuivres étincelants suggèrent avec brio la fureur des éléments. Le maestro Piehlmayer, remarquable chef débordant d’énergie, fait corps avec l’orchestre et en tire le meilleur. On entre alors dans une fascination que la croissante intensité dramatique de cet opéra maintient pendant tout son déroulement. C’est grandiose comme du Wagner, il n’y a rien à ajouter à cela.

 

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Petit scoop pour les mélomanes rennais, c’est de nouveau Rudolf Piehlmayer qui dirigera en juin 2020 le prochain opéra sur écrans, depuis Rennes cette fois. Quel opéra ? Les lecteurs d’Unidivers le sauront prochainement…

 

Le Vaisseau Fantôme sera donné à Rennes le dimanche 5, le mardi 7, le jeudi 9 à 20h et le samedi 11 à 18h, nous ne saurions que trop vous recommander de vous précipiter à la billetterie de l’opéra, pour une première expérience vous seriez éblouis.

vaisseau fantôme rennes

Si cela vous semble impossible, reste la solution de vous rendre le jeudi 13 juin sur la place de la mairie de Rennes (et dans une quarantaine de lieux dans la région) et d’assister à la diffusion du Vaisseau Fantôme, depuis l’Opéra de Nantes, sur grand écran en extérieur….et gratuitement!

Crédit photo : Laurent Guizard

vaisseau fantôme rennes

Mise en scène Beverly et Rebecca Blankenship
Scénographie et costumes Peer Palmowski
Lumières Hans-Joachim Koester

Orchestre Symphonique de Bretagne

Direction musicale Rudolf Piehlmayer

Choeur d’Angers-Nantes Opéra
(Direction Xavier Ribes)

Choeur de chambre Mélisme(s)
(Direction Gildas Pungier)

Holländer Almas Svilpa
Senta Martina Welschenbach
DalandPatrick Simper 
ErikSamuel Sakker
MaryDoris Lamprecht
Steuermann Yu Shao

Coproduction Opéra nationale de Lorraine, Théâtres de la Ville de Luxembourg, Opera Zuid, Angers-Nantes Opéra

I’M FROM RENNES 2019. BOUILLON DE MUSIQUE DU 13 AU 22 SEPTEMBRE

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Découvrez le programme de I’m from Rennes, la rentrée de la scène rennaise qui aura lieu du 13 au 22 septembre 2019. 10 Jours, 40 groupes, 20 lieux. L’équipe du festival I’m from Rennes vous a concocté une 8e édition rythmée par une programmation exigeante, créative et accessible. En extérieur ou en intérieur, de jour comme de nuit : rock, électro, pop et même métal côtoieront de l’improvisation théâtrale et du miam-miam musical.

Vendredi 13 septembre

Concert aux Champs Libres
Le pôle Musiques de la bibliothèque des Champs Libres s’associe une nouvelle fois au festival pour son rendez-vous mensuel de concerts, d’écoutes et de rencontres autour de la scène locale pour celles et ceux piqué.es par la “curiosité du son” !
► Médiathèque des Champs Libres / Les Rendez-vous Muzik / Gratuit

James Eleganz – Folk Rock
Passé de Success au songwriting, James Eleganz nourrit la livraison «The Only One» d’une érudition musicale et littéraire éclairée à la flamme de la production de Toby Dammit (Bad Seeds, Iggy Pop), où le récit prolonge la délectable noirceur des recherches de Nick Cave ou Townes Van Zandt.

Soirée “Vendredi 13”
L’édition 2019 innove avec un puissant Vendredi 13 en soirée d’ouverture, consacré aux musiques extrêmes. Ambiance thrash metal, death metal et hard rock à l’Étage du Liberté, avec la complicité de Garmonbozia et Overcome Records.
► L’Etage / 6 – 12 – 15 euros

Voight Kampff – Thrash
Formé en 2010 par d’anciens membres actifs de la scène Métal/Hardcore rennaise, Voight Kampff est un groupe de techno-thrash originaire de Quimper s’inspirant des écrits et de l’univers de Philip K.Dick.
Leur premier album «More Human Than Human», paru en 2012, leur ouvrit les portes de grands festivals. En 2018 leur second album
«Substance Rêve» les propulse quelques mois plus tard sur la scène Altar du Hellfest. Après près d’un an de silence dû à la disparition tragique de leur guitariste Mathieu Broquerie, le groupe est de retour sur scène.
Photo : DR

Mantra – Métal Progressif
Au croisement de rythmes chamaniques et d’ambiances profondes, Mantra alterne équitablement entre la frénésie du métal et la patience du rock progressif. Le quatuor utilise le pouvoir du son sur l’âme et la chair pour fournir une musique hypnotique et transcendante. Les compositions de Mantra se veulent subtiles et chamaniques : l’oeuvre est pensée tant au niveau sonore que visuel : sur scène, la composition millimétrée est sublimée au cours d’un rituel musical mystique agrémenté de visualisations fractales.
Photo : Misa Isobel

Cadaveric Fumes – Death Métal
Le groupe se fait connaître dans l’underground international grâce à sa première démo K7 “Macabre Exaltation” (2012) qui se verra rééditée en vinyle l’année suivante chez les Suédois de Blood Harvest Records.
Cadaveric Fumes est invité au prestigieux festival Kill-Town DeathFest à Copenhague ainsi qu’au Wolf Throne Festival à Paris, et affirme ainsi sa place comme l’un des groupes prometteurs de sa génération.
Photo : Guillaume Magré Guilberto

Entertain The Terror – Hardcore Death
Des lyrics engagés sur un mix de mosh part et de blast beat dans la veine de Xibalba, No zodiac ou encore Nails. ETT a déjà à son actif un EP 7 titres ainsi qu’un split CD avec le groupe américain Penitentiary sorti sur le label indonésien Diorama Records.
Photo : DR

Hard Mind – Hardcore
Hardmind c’est 4 passionnés et activistes de la scène hardcore/punk rennaise et nantaise. Prônant un hardcore au message clair et engagé, pas de quartier. Beaucoup de concerts à travers la France et 3 tournées européennes leur forgent une solide performance scénique et n’épargnent personne. Le groupe s’agrandit courant 2018 avec l’arrivée d’un cinquième membre, qui leur permet d’évoluer maintenant avec deux guitares. Après 2 EPs, un nouvel album est prévu pour 2019.
Photo : DR

Les groupes Fange (Harsh & Sludgy Death) et Hexecutor (Trash Metal) sont également programmés pour cette soirée.

Samedi 14 septembre

Week-end “Biergarten” (part I)
Le festival prolonge l’été avec un nouveau week-end Biergarten. Cette année, le rendez-vous est au Parc Saint-Cyr, qui a retrouvé une nouvelle jeunesse après plus d’un an de travaux, pour découvrir la qualité des brasseries artisanales locales au son des concerts ou sous le chapiteau de la Prairie du parc.
► Parc Saint-Cyr / Gratuit

People from The Wind – Raw Psych/Pop
People from The Wind explore l’univers du rock psyché. Leurs mélodies lumineuses et aérées nous entraînent dans un tourbillon musical anachronique aux diverses influences savamment dosées.
Avec une nonchalance feinte, ils aiment brouiller les pistes sur certains morceaux afin de garder une identité propre.
Photo : Sarah Michel

Periods – Synth Punk
Periods risque de faire sensation. Ovaires et contre tou·te·s, le trio féminin décoche une synthwave mi-punk mi-litante diablement efficace. Leur musique nous plonge dans un tourbillon moite et addictif, entrecoupé de parenthèses plus « pop » mais toujours rythmées. Fermez les yeux. Trois, deux, une… Dansez !
Photo : Raw Journey

Carambolage – Post Punk & Rock’n’Roll
Gare à la collision, voilà Carambolage ! Un Bruxellois et quelques membres de Kaviar Special dégainent la boîte à rythme et les synthés cradingues pour jouer un garage punk déconnant et vénère.
Sales manières et bonne humeur seront au rendez-vous !
Photo : Romain Dpls

Guadal Tejaz – Krautrage Punk >
Zozo Noiz Recette du Chili Con Carnage pour 4 personnes :
500g de krautrock, 200g de bruit, un bon punk émincé, 175g de fuzz pelée au naturel et 66 c.a.c de sauce Guadal (muy picoso !)
Faites revenir le tout dans beaucoup de gras, saupoudrez de peyotl. C’est prêt, vous allez déguster.
Photo : Titouan Massé

Amablanc – Post Rock
Amablanc puise tout à la fois dans la cold wave, le shoegaze et la noise pop. Des limbes de guitares émergent de limpides mélodies qui transpirent la mélancolie et le désenchantement, le tout sur fond de percussions minimalistes. En 2017, le groupe opère un virage artistique vers les contrées plus instrumentales du Post Rock.
Photo : Titouan Massé

Christophe Brault – Enregistrement live
Enregistrement de l’émission radio “Music Machine” (alter1fo.com / C-Lab) en live sur le site de Biergarten autour des héro.ïne.s (méconnu.e.s) de la power pop. Conférencier, animateur radio,
Christophe Brault dispense la bonne parole rock avec une passion aussi fougueuse qu’inextinguible. Ce sera également l’occasion pour lui d’évoquer la sortie de son nouveau livre chez Le Mot et le Reste.
Photo : Alter1fo

DJ Dupont – Dj Set
La noise mène à tout. Et même aux platines. Du moins pour Dupont DJ set, guitariste et bassiste noise qui manie le crossfader avec générosité et éclectisme. Sa sélection entre pop, électro, rock et hip hop à haute teneur en vitamine D devrait vous coller le sourire et les pieds au dancefloor.
Photo : DR

Impro et musique
En partenariat avec le Théâtre de la Paillette, les troupes de la TIR et de La Serpe, le festival propose à nouveau de mélanger et fusionner les disciplines de la musique et du théâtre autour de l’improvisation. De cet exercice difficile, nos artistes sont passé.e.s maîtres, pour la joie du public.
► La Paillette / 5 – 10 – 12 euros

La TIR présente “La TIR Vous Dit Pourquoi”
La TIR aime jouer avec vos mots, avec vos émotions, mais elle aime aussi répondre à vos questions existentielles, ces questions qui vous hantent jours et nuits et auxquelles vous n’arrivez toujours pas à apporter de réponses ! Pendant deux périodes de 45 minutes et avec l’aide de deux musiciens improvisateurs, les acteurs vont faire prendre vie à des personnages sous vos yeux pour y répondre. Car ce soir, c’est décidé, La TIR Vous Dit Pourquoi !
Photo : Johann Voisin

La Serpe présente “Simone”
La Serpe explore des formules épurées de spectacle se reposant sur les capacités créatives des comédiens et l’énergie collective pour créer des histoires éphémères où la musique prend toute sa part. Pour le festival, la Serpe présente le «Simone», que les Américains nomment «Harold» pour rendre hommage aux femmes. Pour résumer, la Serpe c’est de l’improvisation mais différente. Une nouvelle fois la Serpe explore un peu plus loin les frontières de l’improvisation théâtrale où la musique du DJ accompagnateur prend toute sa part.
Photo : DR

Dimanche 15 septembre

Week-end “Biergarten” (part II) Frangines & Co.
Pour la deuxième journée au parc, et toujours sous la haute autorité de la communauté brassicole rennaise, IMFR installe une ambiance electro-chill sous la houlette de Frangines & Co.
► Parc Saint-Cyr / Gratuit

Albius – Electro rock pop exotique
Trio électro rock pop exotique. Ce trio est un mélange électro/rock/ hip hop/trip hop/sega/maloya.
En anglais, en français, en créole “métro machouillé”, des voix en symbiose, des rythmes secouant la culture créole réunionnaise.
Des textes criant les inégalités et les pouvoirs mais berçant les beautés et les sagesses du monde.
Photo : DR

Katell – Electro / House
Adepte des dancefloors et électrisée, Katell façonne son style derrière les platines depuis 15 ans. En mélangeant les sons : break, electro, techno et drum’n’bass, elle se glisse entre clubs, bars, festivals ou autres lieux insolites et bouillonne. La DJ enchaîne les rôles d’animatrice radio et d’activiste au sein d’Open Fader, puis vogue aux côtés de Twisted Session et entretient sa passion chez Size.
Photo : DR

Menthine – Electro / House
Elle est l’une des figures féminines des nuits électroniques rennaises depuis plus d’une décennie : DJ, organisatrice de soirées et d’événements à Rennes, elle est membre de l’association Frangines & Co avec sa sœur jumelle karlotta- GraphiK. Sous son alias Menthine, seule ou en tandem (“Las Gatas Electronicas”, avec son amie Katell), Clémentine Cordi mixe des sets techno, house mais pas que.
Photo : DR

Lundi 16 septembre Live en bibliothèque

Concert au milieu des livres pour une douce fin de journée dans le cocon de l’espace lecture de la maison de quartier La Maison Bleue.
► La Maison Bleue / Gratuit

Gil Riot – Folk Blues
Gil Riot met clairement ses influences au service de son répertoire où se côtoient composition et pépites du répertoire folk-blues américain.
Quelque part entre Doc Watson, Willy DeVille ou Ry Cooder, un jeu de guitare fluide, expressif et énergique qui illustre des histoires intemporelles et invite l’auditeur à une ballade chantée, joyeusement tourmentée et romantique.
Photo : Laurent Guizard

Mardi 17 septembre

Concerts en appartement
Les traditionnels concerts en appartements où des Rennais.e.s accueillent des Rennais.e.s, en musique.
► Lieux tenus secrets / 4 – 8 euros

Marion Rouxin – Concert en appart #1 – Chanson
Oubliés les clichés du piano-voix. Sur scène, Marion Rouxin nous propose différentes ambiances, parsemées de touches électros bien choisies pour défendre son dernier album « L’autre ». Accompagné du pianiste Edouard Leys, les mots, tel un ultime instrument, questionnent et interpellent au plus profond de l’intime.
Photo : Laurent Guizard

Pokett – Concert en appart #2 – Pop
A coup de symphonies de poches indie pop, serties du même métal que celles d’Eliott Smith ou de Calc, Stéphane Garry (Domotic, Don Nino) aka Pokett affermit un élégant songwriting depuis trois (bientôt quatre) albums. Et se permet désormais de muscler un poil son propos. Avec toujours la même classe.
Photo : B Sammut

Mercredi 18 septembre

Concerts en cours intérieures
Après les concerts en appartement, I’m from Rennes innove avec deux concerts dans les cours intérieures d’immeubles de la ville. Un cadre intimiste et original dans des lieux cachés aux passants.
► Lieux tenus secrets / 4 – 8 euros

Güz II – Cours intérieure #1 – Trio Rock Orchestral
Sur scène ou dans la rue, entre Zappa et Morricone… Où que vous soyez, vous aurez sans doute affaire à eux, car Güz II arrive avec un hold-up instrumental inspiré. Trois vengeurs masqués sortent de chez eux pléthore d’instruments pour interpréter en live des morceaux de leur cru avec un répertoire atypique, mêlant références aux musiques de films, compositions vitaminées et autres poésies sonores.
Photo : Claire Huteau

Soren Canto – Cours intérieure #2  
Chanson Électronique Insulaire Soren Canto a eu plusieurs vies, en d’autres lieux, sous d’autres noms … Soren Canto est chanteur mais aussi poète et musicien. La musique de Soren Canto est un bouillonnement à la chaleur sous-jacente, électronique et organique, le récit d’un changement d’état, d’un passage du très intime à l’universel, en quelques notes, en quelques mots.
Photo : Nicolaï Pinheiro
Notes “concerts en cours intérieures” :

Jeudi 19 septembre

The Roof x ND4J
Le festival et la ND4J s’associent pour une soirée dans un nouveau lieu culturel et sportif rennais. L’ancienne maternité de l’Hôtel Dieu redevient un lieu de vie avec, entre autres, restauration, bar-brasserie, et espaces sportifs. I’m from Rennes s’acoquine avec The Roof pour proposer des concerts dans l’une des salles d’escalade. De quoi donner des envies de grimper !
En partenariat avec The Roof Rennes et Origines.
► The Roof / Hôtel Dieu / Gratuit

Moodkint – Electro Pop
La classe chevillée aux beats, le sémillant Moodkint avance masqué (au sens propre) pour façonner une musique électronique languide et ludique. Ondulant de mille petites secousses subtiles, de clicks, de cuts, de samples vocaux, l’électro inspirée du producteur se révèle tout aussi élastique qu’irrésistible.
Photo : Margaux Dory

Tristesse Club – Shoegaze
Avec ses mélodies aériennes aux guitares claires nappées de brumes et d’effets, le Tristesse Club fait sien l’adage d’Hugo : « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste ». Entre cold wave, dream pop et shoegaze, le quatuor rennais surfe avec un sacré bonheur sur une indie pop des plus addictives.
Photo : DR

MOUNDRAG – Hard Prog Heavy Psych
Cerbère à deux têtes, le duo MOUNDRAG vous emporte dans leur univers bloqué à la genèse du rock progressif et du hard rock… Les frères Goellaen Duvivier, ex-Smooth Motion, sont à la fois organiste chanteur et batteur chanteur, ils proposent une performance unique et organique sur scène entre morceaux écrits et improvisés.
Photo : Cyrille Bellec

Black Boys On Moped – Garage punk
Une guitare fuzz, une batterie qui bastonne, le tout baignant dans la sueur et saupoudré d’un soupçon de groove. Ce duo est influencé par des artistes tel que Jay Reatard, Black Box Revelation, The Pixies ou encore Bass Drum Of Death. Depuis 2013, ils mettent les mains dans le cambouis et nous bricolent un rock garage teinté de blues, de grunge et de psychédélisme. En live, le groupe roule la poignée dans l’angle, double dans les virages, affole le compte-tours. Ca sent l’huile, la bière et l’essence.
Photo : Nina R

Stërnn – Trip Hop
Formé en 2018, le trio rennais Stërnn maîtrise déjà de façon impressionnante les codes d’un trip hop suave et délicat. En équilibre entre mélancolie rêveuse et groove irrésistible, leur pop élégante touche au cœur comme aux jambes. A découvrir d’urgence en attendant la sortie prochaine de leur premier EP.
Photo : Clémence Lesné & Jule 16

Vendredi 20 septembre

Un week-end en Enfer (jour I)
Le traditionnel “week-end en Enfer” au parc du Thabor commence le vendredi avec une grande première pour le festival qui élargit ses horizons le temps d’une soirée “Rennes invite Nantes”.
► Parc du Thabor / Gratuit

Hawaiian Pistoleros – Hawaiian Music & Western Swing
Le groupe se livre à une exploration toute personnelle de la musique populaire américaine, entre western swing, musique hawaïenne et prémices du rock’n’roll. Ce parcours plutôt original dans le paysage musical hexagonal, a été l’occasion de nombreux concerts jalonnés de moments marquants (Ukulele Paris Festival, Les Tombées de la Nuit, Les Escales de Saint Nazaire, Régions en Scène…).
Photo : Laurent Guizard

Mouths – pop Lo-fi
Mouths, c’est Juveniles et Lenparrot qui font de la musique ensemble. Véritable cour de récréation pour ces deux compères, Romain et Jean font fi des styles et barrières en convoquant des influences allant de la bossa au funk autotuné, le tout chapeauté par une production pop foutraque et lo-fi. Avec Arthur Russell comme maître absolu, leur petite collection de chansons semble surgir d’une époque fantasmée où le plaisir faisait encore loi.
Photo : DR

Von Pariahs – Rock
Mûe par une forme de frustration et nourrie à l’ennui des villes de provinces conservatrices, la rage de Von Pariahs s’échappe dans sa musique. Pour “Radiodurans”, leur 3ème et nouvel album, les six gars ont pris leur temps, mûri leurs envies, transformé leur rage en élément constructif comme à leurs débuts. Dès les premières secondes, on sent cette énergie décuplée, cette envie d’en découdre à tout prix. Ces mélodies naïves et cette dissonance étrange c’est de la pop, peut-être, mais alors sérieusement amochée.
Photo : DR

Samedi 21 septembre

Un week-end en Enfer (jour II)
Samedi, l’écrin de verdure proposera un après-midi et une soirée de concerts, accueillant également les trublions du collectif “Les Gérards” qui risquent de répandre de joyeux sourires sur les visages des festivaliers.ières.
► Parc du Thabor / Gratuit

Parapente – Dj Set
Compagnon de route d’In Love With a Ghost, de Haunted Days et de La Battue, Parapente défriche, explore et n’hésite pas à s’affranchir des frontières, qu’elles soient géographique ou de style. Acteur culturel rennais, agence au service de l’artiste, Parapente vous envoie ses meilleur.e.s ambianceuses et ambianceurs : Budovitch, Kelly Lardon, Bondour et manunitedstatesofamerica pour une sélection musicale large. Sois pas surpris on vient de te prévenir.
Photo : DR

Alter Real – Electronica / Pop
Alter Real dévoile d’emblée une impérieuse envie d’arpenter des territoires musicaux inexplorés. Aux commandes de cette rutilante machine musicale à tête chercheuse, le musicien Xavier Laporte se montre plus joueur que jamais. A l’instar d’un Mount Kimbie ou d’un Caribou, il n’hésite ainsi pas à célébrer, pour le plus grand plaisir des oreilles gourmandes, les noces des musiques expérimentales et de la pop.
Photo : DR

La Battue – Quirky Pop
Ellie James (Bumpkin Island, Mermonte) et son frère Bertrand (Totorro) jouent (enfin !) ensemble : ils forment le trio La Battue avec Yurie Hu (Yacht Club). Un batteur et deux claviéristes qui réunissent leurs trois voix sur un excellent premier EP, Search Party, concentré réjouissant d’harmonies vocales et de pop lumineuse.
Photo : Yoann Buffeteau
Photo : Gaëlle Evellin

Timsters – Electro Pop
Timsters a sa propre touche, très lynchéenne, mêlée à l’efficacité d’élégantes compositions pop. Rien de plus normal pour un enfant élevé avec la discographie des Beatles. Ses premiers titres font une apparition distinguée en France ainsi qu’à l’international. Timsters puise son inspiration chez des artistes tels que Bowie ou Prince.
Photo : Noé C Photography

Edell – Electronic
En 2019 Edell sort son premier EP “Ritual” sous le label Geod Music, label qu’il a fondé quelques mois plus tôt en équipe. C’est dans ce mini-album qu’il dévoile la nouvelle face de son projet. Il a puisé son inspiration des sensations qu’il a pu ressentir durant divers voyages pour retranscrire un univers autour de plusieurs morceaux énergiques et mélodieux avec une véritable cohérence.
Photo : Enora Péron

Joanna – Pop urbaine
Joanna est une artiste rennaise de tout juste 20 ans.
Dotée d’une sensibilité artistique soignée, elle réalise et produit ses clips qu’elle imagine parallèlement à ses chansons,
écrites comme des poèmes.
Son premier single “Séduction”, accompagné d’une vidéo hypnotique, est une ode aux femmes et à l’amour.
Photo : Liswaya & Paul Jeannin

Le caisson des Gérards – animation
Selon la norme ISO (Pour isoclinal : flancs parallèles dans un pli) établie en 1967, il y a trois grandes séries de Gérards dont la longueur est respectivement de 20 pieds, 30 pieds (9,14 m) et 40 pieds. Tous Les Gérards de ces séries ont la même largeur, 8 pieds (243,84 cm), ce qui a permis le développement du collectif individuel dès le 16ème siècle, mais cette largeur ne suffit en général pas pour transporter de front deux palettes européennes normalisées EUR (1 200 mm × 800 mm) dans le sens de leur longueur, ni trois dans le sens de leur largeur. C’est pourquoi Les Gérards (dont les dimensions le permettent) ont connu un grand succès en Europe et juste à côté.

Dimanche 22 septembre

Un week-end en Enfer (jour III)
Dimanche c’est la journée des “Copains Thabor” et de ses lives dans différents lieux du parc. Le public pourra également enfourcher son vélo à la découverte de la ville et en musique avec La Petite Rennes et revenir à temps pour le bal populaire en guise de clôture pour cette 8ème édition.
► Parc du Thabor / Gratuit

Les Copains Thabor

Ihris – Jazz & Chansons Italiennes
Une pianiste anglaise à l’humour exhilarant qui rencontre une chanteuse italienne plus qu’exubérante, ça donne Ihris : un duo qui pétille d’originalité ! Un duo aux sonorités à la fois italiennes, napolitaines et afro-américaines, avec une touche de jazz qui fait la cerise sur ce cocktail parfait entre deux cultures très distinctes. Ihris propose une musique unique, qui ne manquera pas de vous surprendre !
► Bar du Thabor
Photo : Maxime Trucas, alias Maxwell Production

Ifa Trio – Voix & Percussions
Ifa vous embarque sur l’île de la Percuphonie, où voix et percussions se rencontrent dans une symphonie rythmée ; des langues d’ici et d’ailleurs aux sonorités inventées. Des inspirations de voyages, un collectage ou une berceuse, Des harmonies singulières, lentes ou prolongées, à l’unisson ou en bourdon, en canon ou en polyphonie, un emprunt aux mélodies latines, séfarades, afro-brésiliennes.
► Kiosque du Thabor / Gratuit
Photo : Maia Picard

French Song del Mundo – Chanson française du monde
Le duo French Song del Mundo dévoile une mosaïque enthousiasmante de langues et de chanson globalisée, où l’on se délecte autant d’un bluegrass que d’un hip-hop, où la guitare caresse une bossa avant de désosser un blues, et où looper rime avec fraîcheur.
► Cloître Saint-Melaine / Gratuit
Photo : Céline Salin

Tour de Rennes / Bike Pride
En collaboration avec La Petite Rennes, en famille, entre ami.es, entre pros du sport ou cyclistes du dimanche mais à vélo, les Rennais.e.s se rejoignent pour une grande balade à travers la ville avec DJs sur vélo-cargo.
► Départ parking Saint-Melaine / Gratuit

DJ Malouve – Dj Set
Des bars rennais aux clubs parisiens, Malouve met en avant la musique indépendante, privilégiant la découverte et le mélange des genres. Si elle nourrit un penchant certain pour les musiques psychédéliques, c’est avant tout la mélodie, le bon morceau, et surtout le plaisir du public qui priment.
Photo : DR

DJ Les Vagins Enchantés – Dj Set
“Des DJ sets par des filles pour tout le monde”, c’est le mantra des Vagins enchantés. De David Bowie à Luna Parker, en passant par Etienne Daho, Depeche Mode ou The Bangles, elles s’autorisent tout, ne s’interdisent rien et elles tapent dans le mille à chaque fois !
Photo : DR

Le Bal Pirate…
Quoi de mieux pour clôturer cette 8ème édition qu’un bal pirate dans les jardins du Thabor.
► Parc du Thabor / Gratuit

Alice et Dora “Princesses Dimanche”
Dans les enfers du Thabor, l’association Le Bal Pirate invite le duo Princesses Dimanche. Jokeuses invétérées, elles affrontent le grain les plumes au vent, prêtes à en découdre en dégainant ABBA dans le coup de tabac ou de la soul dans la houle. À la fin de la tourmente, tout le monde danse.

RENNES. VÉRO 1ÈRE REINE D’ANGLETERRE SUR LA SCÈNE DES GAYEULLES !

Véro 1ère, Reine d’Angleterre est invitée par Les Tombées de la Nuit à se produire à Rennes lors de quatre représentations de plein air au parc des Gayeulles, du 12 au 15 juin. D’après une pièce de Gabor Rassov qui renoue avec le mélodrame, l’adaptation par Philippe Nicolle et les comédiens des 26 000 couverts invite le public à partager un réjouissant moment de théâtre populaire.

Véro reine d'Angleterre
Photo : Patrick Girot

La représentation de Véro 1ère, Reine d’Angleterre aux Gayeulles est l’occasion de découvrir le style particulier de la troupe des 26 000 couverts. La compagnie née à la fin des années 1990 et basée en Bourgogne joue sur tous les fronts : salles de spectacles, gymnases, chapiteaux, rues… Les comédiens menés par Phillipe Nicolle investissent tous les lieux pour partager leur idée du théâtre. Adepte de l’écriture de plateau, la troupe aime créer une relation avec le public. En choisissant de travailler avec le dramaturge Gabor Rassov pour Véro 1ère, Reine d’Angleterre, les 26 000 couverts se confrontent pour la première fois à un texte pré-écrit.

Véro reine d'Angleterre
Photos : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Même si nous avons retravaillé le texte et apporté quelques modifications, nous étions en lien permanent avec Gabor. Il faut respecter le texte et sauvegarder sa structure.

Philippe nicolle

Pensée sur le modèle des mélodrames du XIXe siècle, la pièce écrite par Gabor Rassov raconte l’histoire d’une famille et plus particulièrement celle de Véro. Les spectateurs suivent le parcours de ce personnage de basse extraction : Véronique, dit Véro. Victime de harcèlement, elle rencontre des personnages qui vont changer sa destinée. Son ascension sera telle que Véro passera de prostituée… à reine d’Angleterre ! Alors « qu’elle n’osait se rêver gérante de Franprix ».

Véro reine d'Angleterre
Photos : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Pour Philippe Nicolle, metteur en scène de la pièce, ce texte écrit il y a trois ans est l’occasion de faire rire le spectateur, mais aussi « d’avoir une réflexion sur la destinée et le hasard. C’est aussi l’occasion de rendre hommage au théâtre. » Avec Véro 1ère, Reine d’Angleterre, le théâtre de foire est effectivement mis à l’honneur. 450 spectateurs pourront assister aux quatre représentations du mélodrame satirique en plein air. La compagnie des 26 000 couverts s’installe au parc des Gayeulles avec leur scène sur remorque, renouant ainsi avec les origines du théâtre joué en extérieur. « On installe notre scène démontable un peu comme un forain avec son stand d’autotamponneuses ».

Véro reine d'Angleterre
Photos : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Ce choix d’investir des espaces extérieurs était cher à la troupe, principalement axée sur le théâtre de rue*. Leur précédente production, À bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant, s’étant jouée en salle, la troupe a souhaité poursuivre une réflexion qu’elle affectionne sur l’opposition entre théâtre en salle et théâtre de rue. Philippe Nicolle ajoute : « Nous avions aussi l’envie de nous confronter aux difficultés de cette forme théâtrale et de nous rapprocher des origines du théâtre mélodramatique concentré sur la magie scénique. On avait aussi envie de bronzer ! »

* Découvrez-en plus sur le théâtre de rue dans une interview de Jacques Livchine, créateur du Théâtre de l’Unité, pionnier de cette pratique artistique en France, programmé plus tôt dans l’année par Les Tombées de la nuit et qu’Unidivers rencontrait pour l’occasion. Article à retrouver en cliquant ici !

Véro reine d'Angleterre
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Si le théâtre de rue est difficile, il n’empêche pas une mise en scène riche en effets, bien au contraire. « Véro 1ère, Reine d’Angleterre n’est pas du tout minimaliste, elle ne recherche pas la pureté. Tout repose sur des effets, des coups de théâtre et des rebondissements improbables à la limite de la vraisemblance parfois. » En effet, chacun des six tableaux qui constituent la pièce enchaîne les répliques qui apportent toutes leur lot de rebondissements rocambolesques. La troupe des 26 000 couverts veut raconter une histoire avec le plus d’effets possibles. Machineries et coulisses sont visibles par le spectateur. « Le fait de voir les coulisses fait rire le spectateur sans altérer la magie de la mise en scène. » Les costumes, riches en couleurs, ne sont pas en reste. Chaque comédien interprète différents personnages et revêt plusieurs costumes au cours de la pièce, selon un timing précis qui donne tout son souffle à la forme mélodramatique !

Véro reine d'Angleterre
Photos : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Du 12 au 15 juin, Les Tombées de la nuit vous offrent l’opportunité de renouer avec le théâtre de rue mais aussi « de déguster de la barbe à papa bio ! »

INFOS

Parc des Gayeulles. Spectacle en extérieur, sous la structure couverte du parc. Accessible depuis le parking, rue Patis Tatelin (le 1er feu à gauche après le rond point de la route de Fougères).

Mercredi 12 Juin 2019
21:00 > 23:00

Jeudi 13 Juin 2019
21:00 > 23:00

Vendredi 14 Juin 2019
21:00 > 23:00

Samedi 15 Juin 2019
21:00 > 23:00

2h avec entracte
12€ tarif plein, 4€ tarif Sortir !
À partir de 10 ans.

Renseignements au 02 99 32 56 56 (pas de réservations à ce numéro)

La billetterie en ligne en cliquant ici !

Billetterie Destination Rennes : 1 Rue Saint-Malo, Rennes.

GÉNÉRIQUE

Texte : Gabor Rassov
Mise en scène : Philippe Nicolle
Avec (jeu, musique, manipulation) : Sébastien Coutant, Patrick Girot, Valérie Larroque, Denis Lavant, Julien Lett, Daniel Scalliet, Ingrid Strelkoff
Technique : Michel Mugnier, Béranger Thiery, Lise Le Joncour
Création musicale : Daniel Scalliet
Assistanat à mise en scène : Lise Le Joncour
Construction Scénographie Accessoires : Patrick Girot, Julien Lett, Michel Mugnier
Lumières : Hervé Dilé assisté de Béranger Thiery
Costumes : Camille Perreau avec Laurence Rossignol
Postiches et maquillage : Lucie Pfeiffer’Ova
Régie générale : Daniel Scalliet
Avec l’aide de : Christophe Balay, Charlotte Delion, François Emmanuelli, Alexandre Flahaut, Laetitia Gautier, Claire Jouet, Alain Verdier
Coordination compagnie et tournée : Lise Le Joncour
Administration production : Marie-Violaine Masson puis Marion Godey assistée de Gaëtan Billier et Catherine Euvrard
Production diffusion : Claire Lacroix

Coproductions : L’Atelier 231 Sotteville les Rouen – Le Parapluie Aurillac – Les Ateliers Frappaz Villeurbanne – Lieux Publics Marseille – Quelques P’Arts Boulieu les Annonay – L’Usine Tournefeuille – Les Tombées de la Nuit Rennes – La Transverse Corbigny
Avec le soutien de : DGCA Ministère de la Culture – DRAC Bourgogne-Franche-Comté – Adami – Spedidam – Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté – Ville de Dijon.

ALICE D’HEIDI PERKS UN THRILLER AU SUSPENSE PERMANENT

Un thriller au suspense permanent à propos de la disparition d’un enfant, à propos de manipulations en tout genre ! Vous souhaitez emporter un bon thriller dans vos bagages pour la période estivale ? Alors ne loupez pas Alice d’Heidi Perks, publié chez Préludes Éditions.

HEIDI PERKS ALICE

Harriet, sous prétexte d’un rendez-vous, a confié sa petite Alice, quatre ans, à sa meilleure amie Charlotte pour un après-midi à la kermesse de l’école. Mais voilà, pendant la fête, Charlotte, concentrée sur son smartphone, ne s’aperçoit pas que la fillette, en quelques secondes, a disparu. Aussitôt, la police déploie des recherches et interroge les parents respectifs. C’est une longue séquence qui débute tant au niveau de l’enquête sur le terrain qu’aux domiciles respectifs d’Harriet et de Charlotte.

On imagine la tempête sous le crâne des deux mamans, car Charlotte, elle aussi, est mère et de plusieurs enfants alors qu’Alice est la fille unique d’Harriet. Heureusement, les enquêteurs peuvent compter sur la totale coopération de Brian, mari de Harriet, qui soutient sa femme dans cette épreuve même si la colère et la souffrance l’étouffent souvent. Tom, le mari de Charlotte, bien que séparé de son épouse, sait également se montrer bienveillant avec son épouse qui culpabilise et se mortifie d’avoir manqué à son devoir de surveillance.

Mais les choses sont bien plus complexes qu’elles nous semblent au début de l’histoire et les enquêteurs vont devoir faire preuve de subtilité, de pugnacité pour tenter de dénouer cette étrange affaire. Comment la petite a-t-elle pu disparaître en quelques secondes. Cette tragédie a-t-elle un lien avec l’enlèvement récent d’un petit de la communauté, Mason ? Œuvres abjectes d’un fou, d’un monstre, d’un pédophile ? Faits d’une personne jalouse des deux couples ?

On sait d’expérience que tout peut basculer si l’on n’a pas retrouvé les victimes dans les premières heures de la disparition. Et pourtant, les jours s’égrènent et on ne trouve rien. Alors à force de patience et de questions, on retrace et on croise les emplois du temps des parents, des voisins, des organisateurs de cette kermesse.

De leur côté, Harriet et Charlotte nous racontent de leur point de vue, les jours et les heures qui ont précédé ce rapt. Et cela ne manque pas de piquant. Les deux femmes ont bien des choses à cacher à la police…

En multipliant les allers-retours entre présent et passé, Heidi Perks nous entraîne dans une course contre la montre, fait monter l’angoisse parce qu’un suspense savamment orchestré. C’est dans un véritable labyrinthe que nous invite l’auteur. Et la chute est inattendue. Excellent moment !

AliceHeidi PerksÉditions Préludes – 448 pages. Parution : mai 2019. Prix : 17,90 €. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Freddy Michalski.

Couverture : © Elisabeth Ansley – Photo auteur Heidi Perks © babelio

HEIDI PERKS

Heidi Perks est née en 1973. Elle vit à Bournemouth en Angleterre, avec ses deux enfants. Alice est son premier roman publié en France.

ON AIME SUZANE ET SA CHANSON ELECTRO-RÉALISTE !

Il y a un peu plus d’un an, le grand public découvrait Suzane et sa musique avec le clip de sa première chanson, « L’insatisfait ». Depuis, l’artiste de 28 ans trace sa route avec un succès croissant et la sortie en avril dernier de son premier EP sur le label 3e Bureau de Wagram. Le vendredi 7 juin, elle a donné un spectacle vivifiant sur la scène B du festival Art Rock à St Brieuc.

ART ROCK

D’années en années, les programmations des festivals tels qu’Art Rock accordent une place de plus en plus importante aux artistes électro. Ce phénomène permet ainsi de découvrir, au sein de la scène française, une diversité de styles associés et parfois caractérisés par leur hybridité. S’y démarque notamment la chanteuse Suzane, une artiste qui séduit à chacun de ses passages sur scène. Suite à la sortie en mars 2018 de sa première chanson « L’insatisfait », sa vie et sa carrière ont pris un grand tournant : en novembre de la même année, l’artiste avignonnaise a débuté sa première tournée marquée entre autres par ses deux passages à Rennes : après avoir partagé la scène du Cabaret Botanique avec Hoshi le 3 avril dernier pendant le festival Mythos, elle avait également ravi les spectateurs de L’Ubu le 16 mai lors du concert Société Ricard Live Music. Vendredi dernier, c’est le festival Art Rock de St Brieuc qui l’a accueillie pour son retour en terre bretonne.

suzane, art rock
Photo: Gwendal Le Flem

La soirée venait à peine de commencer quand l’artiste est enfin arrivée sur la scène B, vêtue de sa fameuse combinaison tricolore qu’elle a imaginée avec le styliste Romain Antonini. Si c’est en solo qu’elle a défendu ses chansons et son spectacle, chaque aspect de sa performance porte également la marque des artistes dont les collaborations ont enrichi son projet artistique : ses chorégraphies, en outre, sont le fruit de son travail avec Nicolas Huchard, chorégraphe connu également comme danseur pour Christine And The Queens. De plus, les arrangements de ses instrumentaux ont été réalisés par le musicien Valentin Marceau, ancien leader du groupe BoXoN qui a également travaillé sur les récents albums de Foé et de Naya.

À l’écoute de la vocalité et des textes de Suzane, on ressent une forte proximité avec la sensibilité à l’oeuvre dans la chanson française réaliste. De fait, elle reçut notamment l’influence de Jacques Brel, Barbara et Edith Piaf dès l’adolescence, alors qu’elle poursuivait un parcours en danse classique. En parallèle, la composante électro de sa musique lui vint de sa découverte de groupes comme Daft Punk et Justice qui ont bouleversé son éducation musicale. C’est également les parcours d’artistes multi-facettes comme Stromae qui l’ont encouragée à créer une synthèse personnelle entre une expression lyrique héritée de la chanson, mêlée à une identité électro qui apparaît comme affirmée dans des titres tels que « Suzane » (sa chanson signature) ou encore « Monsieur pomme ». À noter également son intégration harmonieuse de timbres plus acoustiques comme le court motif de guitare dans « L’insatisfait » ou celui de sitar dans « Pas beaux (les kilos) ». De même, elle exploite dans la chanson « SLT » une rythmique marquée proche de celle du hip-hop. Elle recourt également à une vocalité à la fois scandée et traînante qui n’est pas sans rappeler la signature vocale d’Orelsan, dont elle admire d’ailleurs l’écriture réaliste depuis les débuts du rappeur normand en 2008.

suzane, art rock
Photo : Pierre & Florent

De façon plus générale, Suzane se présente comme une « conteuse d’histoires vraies sur fond d’électro ». Les personnages qu’elle met en scène dans ses chansons lui sont principalement inspirés des personnes qui ont croisé sa route depuis des années. Elle imagina, en outre, le protagoniste de « L’insatisfait » lorsqu’elle travaillait comme serveuse dans un restaurant, suite à sa rencontre avec un client particulièrement indécis. Quant à « Monsieur pomme », il reflète la superficialité dont font preuve de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux. De même, elle n’a pas hésité à évoquer des situations de vies et des histoires qui la touchent de près. On est ainsi frappé par la chanson « SLT », dans laquelle elle décrit de façon frontale mais tristement réelle le sexisme et le harcèlement que subissent de nombreuses femmes dans leur vie quotidienne. Parmi toutes ces chansons, pour la plupart au tempo énergique, elle a également interprété la ballade « Anouchka », portant le nom d’une de ses connaissances de lycée et dans laquelle le timbre de son mélodica insufflait une certaine âme slave doucement mélancolique. Pour couronner le tout, l’artiste a proposé des chorégraphies parfois sobres, mais toujours élaborées, dont on retiendra, par exemple, son « sidewalk » (un « moonwalk » sur le côté) pendant la chanson « Monsieur pomme ».

suzane, art rock
Photo: Gwendal Le Flem

La tempête Miguel, invitée de dernière minute du festival, a bien tenté de jouer les trouble-fête pendant la première journée de vendredi. Il en fallait plus pour déstabiliser Suzane et les spectateurs de la scène B qui ont été particulièrement réceptifs à son univers musical à l’expression à la fois dynamique et profonde. De quoi patienter avant la sortie de son premier album qui est vivement attendue…

Suzane sera en concert le 19 juillet prochain au festival des Vieilles Charrues de Carhaix (29).

 

suzane, art rock

Son EP « Suzane » est toujours disponible.

Sa chaîne YouTube 

Sa page Facebook 

RENNES CITÉ DE LA DANSE. LA TABLÉE FANTASTIQUE 2019 AU TRIANGLE

La Tablée fantastique est un événement initié par le Triangle en 2018, désormais porté en collaboration avec différents acteurs du quartier du Blosne, partenaires et habitants. Rendez-vous samedi 15 juin 2019.

TABLEE FANTASTIQUE

 

L’AMAP Monde du Blosne, l’ APF France handicap-SAMS 35, l’APRAS, Au P’tit Blosneur, la Bibliothèque du Triangle, Breizhicoop, le Centre Social Ty Blosne, le Cercle Paul Bert Blosne, les Cols Verts, le Conservatoire à Rayonnement Régional de Rennes, D’ici ou d’ailleurs, la Direction de Quartier Sud-Est, la Grenouille à Grande Bouche, Langophonies, Libertés Couleurs, la Maison des Squares, la Maison du projet, le Relais et le Souffle et la Flamme : tous font partie de l’aventure !

TABLEE FANTASTIQUE

Avec l’objectif commun de préfigurer et investir la future Rambla, territoire physique et symbolique de rassemblement, mais aussi de valoriser les pratiques amateurs en danse notamment sur le quartier du Blosne, de faire se rencontrer les artistes et les publics et puis bien sûr… de danser, manger ensemble, et de créer du lien sur le quartier !
La Tablée prend désormais de l’ampleur, et passe de 2 tables de 30 mètres à 2 tables… de 60 mètres ! Elle se co-construit en amont sous forme de commissions : cuisine, communication, technique… Cette joyeuse réunion de quartier se tiendra le samedi 15 juin 2019, en continu de 14h à minuit.

MANDALA ALI RENNES
Les Mandalas d’Ali sur le toit de la CAF/CPAM

QUE VA-T-ON Y TROUVER ?

Les maîtres-mots de cette journée seront : festivités, repas partagé et présence artistique ! On y trouvera des ateliers en continu sur différentes thématiques (cuisine, radio, jeux géants, photo, sérigraphie…) et d’autres qui se succéderont tout au long de la journée. Notamment :
– une scène ouverte de danse (tous styles, tous niveaux, tous âges).
– l’inauguration d’une nouvelle œuvre Triangle Œuvre d’Art de mandalas (tapis d’accueil) par l’artiste Ali.

TABLEE FANTASTIQUE
Unexpected (journal de voyages de danse) : un solo de danse de Marie Houdin – compagnie Engrenage[S]
– un spectacle de Groove Time Connection – compagnie Engrenage[S].
– une Soul Train au milieux des tables pour inviter tout le monde à danser.
– un gâteau d’anniversaire pour fêter les 10 ans de l’APRAS et de la carte SORTIR ! … et d’autres surprises !

TABLEE FANTASTIQUE
CONCRÈTEMENT, ÇA SE PASSE COMMENT ?

La Tablée Fantastique est un événement gratuit et sans inscription : on peut y passer, s’en aller, puis revenir… Le repas du soir sera accompagné d’un apéritif et d’un cocktail dînatoire offerts et préparés en amont par des habitants du quartier dans des ateliers de cuisine. Le dessert sera également offert. Chaque participant est invité à amener son plat à partager ! Toutes les activités seront accessibles à tous, et on pourra y venir en famille. La part belle sera faite aux échanges puisque tous les membres parlant une langue autre que le français (LSF, espagnol,arabe, allemand…) seront identifiés.
Retrouvez les images de l’édition 2018 :

 

La Tablée Fantastique s’agrandit ! samedi 15 juin 2019 de 14h à minuit – gratuit

JAMAIS L’UN SANS L’AUTRE UN ROMAN COURT ET SEC DE JOËL SCHMIDT

Avec Jamais l’un sans l’autre, paru aux éditions Albin Michel, Joël Schmidt livre un roman court et sec qui nous interroge sur les rapports que nous entretenons avec nos proches, notamment avec nos frères et sœurs, quand la famille s’étend au-delà de l’enfant unique. Un sujet audacieux, risqué, mais plutôt bien mené.

Jamais l'un sans l'autre Joël Schmidt
Couverture : © Mark Owen/Arcangel Images

Aude et Jean sont très proches, même s’ils ont quelques années d’écart. Depuis toujours, Aude berce son petit frère, l’aide à grandir et se conduit à la fois comme une sœur, mais également comme une mère avec lui. Peut-être parce qu’elle sent que sa mère le préfère à elle-même, donc pour exister et tenir sa place. Peut-être aussi parce que son frère la passionne de par sa personnalité, l’intérêt qu’il lui porte depuis toujours. Ces deux-là ne sont pas jumeaux, mais sont cependant totalement fusionnels. Peut-être trop justement. Au grand désespoir de la mère, mais pas nécessairement du père, qui voit d’un bon œil que ses enfants s’entendent si bien. Et qui peine souvent à les séparer pour qu’ils tissent des liens avec d’autres personnes.

Il faut mentionner que les deux enfants partagent les mêmes jeux, les mêmes passions et notamment la musique, le piano qui occupe tout leur temps. Si l’une est brillante scolairement, l’autre ne nourrit pas nécessairement d’appétence pour les études. Mais ces deux-là s’équilibrent via la musique, la grande musique, celle qui va les unir à tout jamais ou presque. Ils vont devenir de célèbres pianistes à travers la France, l’Europe, le monde… Incapables de se séparer plusieurs heures. Ils vont même habiter ensemble…

Étranges et dérangeantes ambiances que la mère dénonce, que le père supporte parce qu’il ne sent rien de malsain dans cette relation-là. Mais le cours de leur destin va être bouleversé comme si les épisodes cathartiques étaient nécessaires pour équilibrer ou déséquilibrer nos existences.

Dans ce roman, onirique et sensuel, Joël Schmidt renoue avec le romantisme allemand qui lui est cher.

Joël Schmidt, Jamais l’un sans l’autre, Paris, Éditions Albin Michel, 172 pages. Parution : mai 2019. Prix : 15,00 €.

Joël Schmidt
Joël Schmidt © babelio

Romancier, historien, critique littéraire, membre de plusieurs jurys et éditeur, Joël Schmidt a publié plus d’une dizaine de romans, la plupart aux éditions Albin Michel.

OPÉRA DE RENNES SAISON 2019-2020, DEMANDEZ LE PROGRAMME !

Le temps semble s’accélérer et la saison lyrique de Rennes n’est pas encore achevée que déjà les questions vont bon train et tous s’interrogent sur les surprises que nous réserve la prochaine édition. Sujet d’autant plus sensible que ce sera l’occasion pour le nouveau directeur, Matthieu Rietzler d’éclairer le public sur sa vision personnelle. Ce n’est vrai qu’en partie puisqu’un programme d’opéra se pensant au moins deux années à l’avance, le travail d’Alain Surrans, maintenant aux commandes d’Angers-Nantes opéra, est encore très déterminant, mais certaines tendances se dégagent et cette évolution promet d’être passionnante à observer.

OPERA RENNES PROGRAMME
L’ensemble Mélisme(s) dirigé par Gildas Pungier

Première constatation, le partenariat entre les deux établissements pré-cités continue de façon intelligente et respectueuse. C’est une très bonne chose. Deuxième remarque que nous inspire la lecture de ce programme, c’est l’utilisation des énergies locales avec une belle présence du Banquet Céleste de Damien Guillon ou de l’ensemble Mélisme(s) dirigé par Gildas Pungier. Toujours en résidence à l’opéra de Rennes, ces deux formations que bien des villes nous envient, auront à plusieurs reprises l’opportunité de nous faire profiter de leurs talents respectifs et remarquables. L’excellent chœur d’enfants, la maîtrise de Bretagne ne sera pas oubliée. Ultime constatation, l’intrusion du ballet et de la comédie musicale vient modifier le paysage et fait souffler une brise novatrice.
Mais concentrons nous sur les spectacles d’opéra !

OPERA RENNES PROGRAMME
Journal d’un disparu Leos Janacek

LE JOURNAL D’UN DISPARU. Leos Janacek inaugurera la saison, les 1er et deux octobre avec Le journal d’un disparu, cycle de vingt-deux chants pour ténor et mezzo-soprano qui nous conte l’histoire d’un jeune villageois qui abandonne les siens pour suivre sur les routes une belle tzigane. Les amours de Janick et Zefka résonnent étrangement comme la vie de Janacek, alors plongé dans une idylle avec une jeune fille de trente-huit ans sa cadette. Une pièce d’Annelies Van Parys, composée en réponse à ces chants viendra compléter le spectacle. 1er et 2 octobre 2019.

HAMLET. Il nous faudra attendre la première décade du mois de novembre (6,8 et 10) pour faire connaissance avec le Hamlet du musicien français Ambroise Thomas. Si son souvenir s’est un peu estompé, il n’en fut pas moins en son époque le musicien français dont les opéras étaient joués dans le monde entier. L’amusante définition du personnage, fournie par Emmanuel Chabrier, donne une image assez exacte du bonhomme. « Il y a deux espèces de musique, la bonne et la mauvaise, et puis il y a la musique d’Ambroise Thomas. Sa musique est légère, facile, mélodieuse, faite avant tout pour plaire au public bourgeois du second empire ». Excellente occasion pour les Rennais de retrouver Julie Robard-Gendre et Jean-Vincent Blot.

LA PETITE MESSE SOLENNELLE. Gioachino Rossini écrivait de son travail : « Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ? ». Cette remarque annonciatrice de l’humour contenu dans l’œuvre permet aux metteurs en scène Jos Houben et Emily Wilson d’aborder cette célébration de manière inattendue. La complicité des membres du chœur Mélisme(s) et la direction assurée par le chef Gildas Pungier sont de toute façon synonymes de qualité pour cette nouvelle production de la Co(opéra)tive, donc, aucune raison de s’en priver. Les 17 et 18 décembre.

OPERA RENNES PROGRAMME
Maria de Buenos Aires Astor Piazzolla

MARIA DE BUENOS AIRES. La nuit de la Saint Sylvestre fournira une occasion de premier ordre pour une soirée dansante avec l’unique opéra de Astor Piazzolla intitulé « Maria de Buenos aires ». Cette œuvre atypique retrace l’histoire du tango à travers la vie de Maria, légende urbaine travaillant à l’usine dans la capitale Argentine. Le ballet de l’opéra National du Rhin permettra cette nouvelle incursion de la danse sur la scène rennaise. Les 30 et 31 décembre 2019 ainsi que les 1er et 2 janvier 2020.

L’INONDATION. Création mondiale à l’Opéra Comique en septembre 2019, cette oeuvre très attendue de Francesco Filidei sur un livret de Joël Pommerat s’inspire d’un texte de Evgueni Zamiatine. C’est l’histoire presque banale d’un couple qui, dans l’impossibilité d’avoir des enfants, se scinde inexorablement. L’adoption d’une adolescente viendra changer la donne. Les 15,16 et 18 janvier 2020.

THE PAJAMA GAME. Cette comédie musicale de Richard Adler et Jerry Ross se déroule, comme le laisse plus ou moins à penser son titre, dans une usine de pyjamas. Satyre des relations sociales dans l’entreprise mais aussi des relations amoureuses, elle fut créée en 1954. Près de 1100 représentations attestent de son succès, comme les trois Tony Awards et le film réalisé postérieurement. Le metteur en scène Jean Lacornerie en donne une lecture plus actuelle et se régale de cette musique aux accents Jazz et à la vivifiante énergie. Les 29-30 janvier 2020, et le 1er février 2020.

LA CLEMENCE DE TITUS. Retour de cette œuvre de Mozart dont la dernière programmation à Rennes remonte à octobre 1996. Opéra en deux actes sur un livret de Caterino Mazzolá, il nous fait vivre les affres de la jalousie et de l’irrépressible envie de pouvoir. Face à cela, un empereur plein de bonté, accorde son pardon à des conjurés et démontre son exemplaire grandeur d’âme. Si cet opéra est dépouillé de tous les attraits du comique tels qu’on peut les trouver dans des œuvres comme, par exemple, la flûte enchantée, il n’en contient pas moins des airs d’une intensité et d’une émotion qui les situent dans les plus éblouissantes productions de Mozart. Les 2, 4, 6 et 8 mars 2020.

OPERA RENNES PROGRAMME
Madame Butterfly, Giaccomo Puccini

MADAME BUTTERFLY. Comme un bouquet final, l’opéra en trois actes de Giacomo Puccini viendra clore la saison lyrique. Diffusé sur écran géant place de mairie à Rennes et dans de nombreuses villes du grand ouest, il permettra au public d’assister gratuitement à la représentation qui se déroulera en simultané dans l’opéra. Ne manquez pas cet événement musical en forme de drame japonais au cours duquel espoir et tristesse vous offriront les pages les plus délicates de l’opéra italien. Ce sera également la chance d’écouter une des voix françaises les plus en vue en la personne de Sébastien Guèze. Les 3,5,6,8 et 10 juin 2020.

Au delà de ce programme lyrique, l’opéra est aussi un lieu de concert. Nous ne vous en donnerons pas la liste exhaustive, mais certaines manifestations ont particulièrement attiré notre attention et nous vous proposons de partager ces réflexions.

Le mardi 17 septembre, les amateurs de piano intimiste apprécieront le retour du turbulent artiste canadien CHILLY GONZALES qui viendra interpréter des pièces du cycle « solo piano », il sera ensuite rejoint sur scène par Stella Le Page au violoncelle et Joe Fleury à la batterie pour une série de surprises dont ce musicien hors normes a le secret.

OPERA RENNES PROGRAMME

LE BANQUET CELESTE et son chef Damien Guillon nous proposeront une lecture des suites de Bach particulièrement émouvante. Impossible de ne pas craquer devant la magnifique interprétation de la cantate « Ich habe genug » telle que l’on peut la retrouver sur le disque paru début 2019 et unanimement salué par la critique. Inutile d’être mesuré, cette production est simplement un miracle d’équilibre et de beauté digne de figurer dans la discographie de n’importe quel amateur de musique baroque. Samedi 21 septembre 2019.
En consultant le programme complet, vous pourrez connaître les différentes dates de cette formation.

STEPHANIE D’OUSTRAC ET L’ENSEMBLE AMARILLIS. Impossible de rater ce passage sur la scène de l’opéra de celle qui, Rennaise, poursuit une brillante carrière internationale. Accompagnée par l’excellent ensemble Amarillis dirigé par Héloïse Gaillard, Stéphanie d’Oustrac viendra incarner la folie au travers d’œuvres de André Campra, Marin Marais, Henry Purcell, Georg Friedrich Haendel et d’autres encore. A ne pas manquer le mardi 8 octobre 2019.

OPERA RENNES PROGRAMME

WINTERREISE. Les amateurs de danse vont sans doute jubiler en apprenant que le chorégraphe de ce spectacle de danse n’est ni plus ni moins que le célèbre Angelin Preljocaj qui viendra avec sa troupe illustrer ce voyage d’hiver de Franz Schubert. Créé à la Scala de Milan en janvier 2019, ce spectacle arrive à Rennes les 25 et 26 mars 2020. C’est un joli coup ! Ou plutôt un coup double puisque les 27 et 28 mars Angelin Prejlocaj propose dans la foulée « Nuit de noces » de Igor Stravinsky. Construction originale et inattendue, ce seront deux conceptions différentes de la chorégraphie qui seront proposées à la sagacité du public.

OPERA RENNES PROGRAMME
L’Odyssée, Jules Matton

Dernière information et pas des moindres, mais l’opéra de Rennes prévoit une large place aux enfants dans cette programmation. En plus du BIG BANG FESTIVAL les 9 et 10 mai, citons L’ODYSSEE de Jules Maton, opéra pour 12 paysages solistes quatuor à cordes et orphelins. Cette curieuse dénomination permettra de retrouver la maîtrise de Bretagne cette fois associée aux élèves du collège Clotilde Vautier, jumelé à l’opéra de Rennes, dans le cadre de l’action culturelle. Le jeune metteur en scène rennais David Gauchard, en plus de tous ces jeunes talents , recevra le soutien du très expérimenté quatuor Debussy. Les 29 et 30 avril.

Gildas Pungier (Mélismes), Damien Guillon (Le Banquet Céleste), Benoit Careil (Adjoint à la Culture) et Matthieu Rietzler (Directeur de l’opéra de Rennes) lors de la présentation de la nouvelle saison

Voila, nous en avons beaucoup dit, mais beaucoup vous reste à découvrir, c’est possible dès maintenant en allant chercher le programme complet à la billetterie ou sur le site de l’opéra, et contrairement à la phrase consacrée, cette fois, il y en aura pour tout le monde !

JE SUIS LE CARNET DE DORA MAAR, LES SECRETS DE LA FEMME QUI PLEURE

Ce carnet de Dora Maar, retracé par Brigitte Benkemoun est une mine d’or, un joyau à soigner. Chacun a ses petites idées cadeau. Et quand vous ne trouvez plus ce qui plaisait à certaines ou certains dans le commerce, vous avez aujourd’hui tout loisir de rechercher l’objet convoité sur des sites en ligne… C’est ce qu’a fait l’auteur de Je suis le carnet de Dora Maar qui a fini par dénicher sur internet un petit répertoire au cuir bordeaux fabriqué autrefois par un sellier de renom.

DORA MAAR

Mais la journaliste écrivain Brigitte Benkemoun ne s’attendait sûrement pas à tomber sur un répertoire qui contiendrait encore des noms, adresses et numéros de téléphone d’une autre époque, 1951. Elle sait dès lors qu’elle tient là un sujet d’enquête littéraire et nous entraîne dans un monde que seuls quelques privilégiés ont fréquenté, celui d’Aragon, de Breton, Braque, Cocteau, Eluard, Giacometti, et autres Lacan, Picasso, Poulenc.

DORA MAAR

À qui appartenait donc ce carnet ? À Dora Maar (de son vrai patronyme Henriette Theodora Markovitch), artiste, photographe, avant-gardiste et mondaine qui vivait en recluse – au moment où elle a noté toutes ces informations -, peut-être par déception, probablement parce que trop fragile et blessée par une existence agitée psychologiquement.

DORA MAAR
Dora Maar photographiée par Izis, 1946.

Et l’auteur nous entraîne, grâce à une enquête minutieuse et une imagination maîtrisée, dans une époque où tout semblait plus facile, où les artistes vivaient ensemble dans une sorte de bulle en dehors de toute réalité. N’oublions pas qu’on est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et que d’aucuns comme d’aucunes nourrissent le besoin de s’affranchir de toutes formes de restrictions. Certaines et certains d’entre eux ont péri, ont été dénoncés et déportés ; d’autres ont fui la France et l’Europe ; d’autres encore sont passés à travers les mailles des filets des nazis ou des collabos pour poursuivre leur œuvre, qui la peinture, qui la littérature, qui le théâtre, qui la musique.

DORA MAAR
Picasso et Dora Maar photographié par Man Ray

Brigitte Benkemoun, petite fourmi, aura mis pas moins de deux ans à retracer l’itinéraire artistique, parfois cocasse de ces noms célèbres et illustres sans gommer toutefois les noms d’inconnus parce qu’appartenant en outre au quotidien de Dora Maar (son vétérinaire, son coiffeur, ses artisans). Car si l’on croise dans cesse des artistes de renom dans ce livre, on s’attache surtout à la personnalité de Theo-Dora qui n’a pas toujours vécu des jours et des nuits tranquilles.

DORA MAAR
LASSAIGNE (Assia). L’Idiot du village. Chansons 1940-1945.
Envoi autographe avec un dessin et deux photographies collées de l’auteur à Dora Maar.

Ainsi on découvre ses amours, ses rivalités, sa bataille personnelle contre la fragilité mentale dont elle était atteinte… Et ses illusions qui souvent l’ont conduite à des désillusions, notamment avec Picasso (qui n’apparaît pas dans le carnet, leur séparation remonte à 1945), qui n’a pas manqué lui infliger sa cruauté et ses infidélités. Même si hâtivement on pourrait détourner le regard de Dora Maar, quand on la découvre, aigrie, paranoïaque, antisémite, elle reste attachante de par ses fêlures, ses déchirures et sa fin si triste et sinistre. On ne la plaint pas mais elle attire cependant une forme de compassion et d’empathie. Et de saine curiosité.

Benkemoun

La maestria de l’auteur, c’est d’avoir lié avec harmonie les recherches justes et précises au romanesque. Les descriptions de rencontres de Dora avec les uns comme les autres sont souvent croustillantes. Et quel bonheur de plonger dans une époque où une certaine forme d’insouciance reprenait le dessus après trop d’années d’interdictions.

À lire avec envie !

Je suis le carnet de Dora Maar, BRIGITTE BENKEMOUN. PARUTION :02/05/2019. 336 pages. COLLECTION : LA BLEUE. STOCK. 21, 50 €.

CONSTRUCTION D’UN CHATEAU MÉDIÉVAL EN BOURGOGNE, GUÉDÉLON 2

À l’occasion des 10e Journées nationales de l’archéologie, organisées du 14 au 16 juin 2019 par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) sous l’égide du ministère de la Culture, ARTE propose, samedi 15 juin, une programmation exceptionnelle consacrée aux plus beaux sites archéologiques en France et dans le monde, au travail des archéologues et aux résultats de leurs recherches, avec notamment en prime-time un documentaire sur les étapes clés de la saison 2018 du château de Guédelon.

À l’heure où le chantier de Notre-Dame de Paris porte à la connaissance du grand public des problématiques de conservation du patrimoine, le château de Guédelon offre, grâce aux expériences d’archéologie expérimentale, un cas concret sur la manière dont les bâtisseurs travaillaient au XIIIe siècle.

Guédelon bourgogne

ARTE, partenaire historique des Journées nationales de l’archéologie depuis leur création il y a 10 ans : depuis toujours, la chaîne accorde une place privilégiée à l’archéologie dans sa programmation, notamment le samedi soir en prime-time. Sous la forme de grandes enquêtes tournées dans le monde entier, les documentaires de la case « L’aventure humaine » dévoilent l’histoire des civilisations, au plus près des chercheurs et des chantiers de fouilles.

Guédelon Bourgogne

L’intérêt du public pour les découvertes exceptionnelles ne se dément pas au fil du temps, à en juger par les très bonnes audiences de ces documentaires, à l’antenne comme en replay, et par la fréquentation en hausse régulière des JNA. Renforcé par le soutien de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) apporté à nombre de coproductions de la chaîne, ce compagnonnage naturel entre ARTE et l’Inrap est appelé à se poursuivre. Une grande part de ces films ambitieux est désormais accessible en six langues européennes (français, allemand, anglais, polonais, italien et espagnol) sur le site d’ARTE. Plus que jamais chaîne culturelle européenne, celle-ci ne peut que saluer l’effort de l’Inrap pour élargir les JNA au-delà des frontières françaises.

En Bourgogne, depuis plus de vingt ans, des archéologues et des artisans bâtissent un château-fort selon les techniques et les matériaux du Moyen Âge. Pour la deuxième fois, un documentaire témoigne de cette incroyable aventure et propose un nouveau point d’étape.

Guédelon CHATEAU FORT

Plus grand site d’archéologie expérimentale au monde, le chantier du château médiéval de Guédelon en Bourgogne, qui s’effectue avec des outils, des matériaux et des techniques du XIIIe siècle, entre dans sa 21e année. Au fil des saisons, il aura offert aux « œuvriers », comme se nomment eux-mêmes les artisans qui y officient avec l’aide des archéologues, de s’approprier les savoir-faire des bâtisseurs du Moyen Âge. Un public nombreux – 300 000 visiteurs en 2017 – vient admirer sur le chantier la virtuosité de ces tailleurs de pierre, charpentiers ou forgerons capables de transformer le grès de cette ancienne carrière et le bois de chênes d’une forêt voisine pour élever un imposant ouvrage fortifié. Aventure humaine grandeur nature, la construction rassemble une quarantaine d’artisans, épaulés par des centaines de bénévoles, et par un comité scientifique constitué d’archéologues et d’historiens.

Grands défis

En 2015, Guédelon : renaissance d’un château médiéval, déjà coproduit par ARTE et l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), offrait une première immersion au cœur du site. Le temps d’une saison, cette nouvelle exploration dévoile des phases inédites du chantier et présente une vue d’ensemble du bâti sorti de terre grâce à de spectaculaires images aériennes.

En partenariat avec le site expérimental allemand de Campus Galli dans le Bade-Wurtemberg, où se construit un monastère carolingien, les bâtisseurs de Guédelon percent les secrets de fabrication des panneaux en parchemin qui obtureront les fenêtres de la chambre seigneuriale. En s’appuyant notamment sur une visite du château de Laval, les charpentiers et les scientifiques réfléchissent également à la meilleure technique pour concevoir la toiture de la tour de la chapelle. L’érection de la porte principale du château, entre deux tours, constitue quant à elle le dernier grand défi à relever avant la pose de la dernière pierre de Guédelon, prévue en 2023.

Quelques chantiers de la saison 2018 à découvrir

TOUR MOYEN AGE

La pose de la charpente sur la tour de la chapelle

La tour de la chapelle sera la première de Guédelon à être coiffée d’une charpente. Comme dans de nombreux châteaux médiévaux, le toit sera de forme conique et s’élèvera à 22 mètres. Depuis plus de quatre ans, les charpentiers de Guédelon travaillent à la réalisation de cet ouvrage. Au cours de leurs recherches, ils ont visité un grand nombre de châteaux du Moyen Âge, comme celui de Semur-en-Auxois en Bourgogne, pour se faire une idée de la complexité des toits coniques. Ils constatent, qu’il n’est pas facile de trouver du bois courbe naturel dans les forêts d’aujourd’hui. Une partie du bois doit finalement être apportée d’une forêt située à une quarantaine de kilomètres de Guédelon. Au total, la charpente circulaire compte 265 pièces de chêne taillé. La plus lourde pèse 450 kilos.

Guédelon CHATEAU FORT

La construction de la porte principale.

La porte principale de Guédelon culminera à 18 mètres de haut. Elle est flanquée de deux tours, chacune percée de nombreuses archères. Ouvrage défensif, elle est constituée des trois dispositifs de protection destinés à repousser l’ennemi. Au XIIIe siècle, cette stratégie architecturale de défense active avait été mise au point par le roi Philippe Auguste, notamment pour le Louvre achevé en 1202, qui servira de modèle pour tous les châteaux forts du royaume de France. C’est également son plan que l’on a suivi à Guédelon. L’entrée principale, la partie la plus vulnérable du château, devient un élément défensif dynamique. Son architecture exigeait qu’elle soit défendue au moins par cinq personnes. Deux soldats gardaient les archères de chaque côté de la herse, deux autres gardaient la herse elle-même et un cinquième surveillait les vantaux en bois de la porte proprement dite.

FOUR A CHAUX GUEDELON

La construction du four à chaux

Pour réaliser la porte principale, les maçons de Guédelon ont décidé de fabriquer eux mêmes la chaux nécessaire. Depuis trois ans, ils travaillent à la construction du four à chaux, dans lequel du calcaire est brûlé à 1 000 degrés. Pour savoir à quoi ressemble un four à chaux du XIIIe siècle, l’équipe de Guédelon a collaboré avec des archéologues de l’INRAP, l’institut national de recherches archéologiques préventives, afin d’en apprendre le plus possible sur les fours anciens.

FENETRE GUEDELON

La fermeture des fenêtres

C’est le chantier d’archéologie expérimentale de l’année : dans la chambre seigneuriale l’équipe de Guédelon va recréer une fenêtre du Moyen Âge. Pour la première fois, elle va tenter de restituer une fenêtre du XIIIe siècle dans un château seigneurial. Elle va s’inspirer de l’expérience similaire menée sur le site partenaire de Campus Galli en Allemagne pour concevoir et réaliser un panneau en cuir parcheminé tendu dans un cadre en bois. À la fin de la saison, la fenêtre est enchâssée dans la paroi de pierre à l’aide de petits coins de bois. Désormais, la chambre seigneuriale est à l’abri des éléments.

Les Journées nationales de l’archéologie fêtent leur 10 ans

Les Journées nationales de l’archéologie invitent depuis 10 ans, un large public, partout en France, à découvrir les coulisses de cette discipline à travers activités pédagogiques et ludiques (simulateurs de fouilles, ateliers de céramologie, mosaïques, taille de silex, monnaie…), rencontres et visites avec les chercheurs mais aussi expositions, reconstitutions, projections, manipulations en laboratoire… Pendant trois jours, plus d’un millier de manifestations accessibles à tous se déploient sur tout le territoire, dont l’ouverture exceptionnelle de chantiers de fouilles.

Cette année, les JNA s’ouvrent à l’Europe : Autriche, Allemagne, Belgique, Espagne, Estonie, Italie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Portugal, République d’Irlande, République Tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Slovaquie, Suisse… Plus de quinze pays européens participent pour la première fois à l’événement et près de 400 sites et musées ouvrent
ainsi leurs portes !
Le programme complet des JNA est disponible sur journees-archeologie.fr

Guédelon 2 : une aventure médiévale. Samedi 15 juin 2019 à 20h50 et en replay jusqu’au 13 août 2019 sur arte.tv.

DOCUMENTAIRE DE BIANCA ZAMFIRA
COPRODUCTION : ARTE FRANCE, INRAP, LION TELEVISION LTD.
(FRANCE /ROYAUME-UNI, 2019, 1H30MN)

Journée spéciale archéologie Samedi 15 juin 2019 de 11h à 23h20

Site de Guedelon

Site de Campus Galli

LE SAVOUREUX DÎNER À MONTRÉAL DE PHILIPPE BESSON

Quelques mois après Un Certain Paul Darrigrand, Philippe Besson publie Dîner à Montréal, troisième volet d’une trilogie autobiographique parue aux éditions Julliard.

Philippe Besson Dîner à Montréal
Couverture : © Planpicture – Yvonne Rôder

De quel droit, nous autres lectrices et lecteurs, nous invitons-nous à ce dîner-là ? Car les quatre protagonistes de la séquence, Philippe, Paul, Isabelle et Antoine se suffisaient peut-être à eux-mêmes ? Mais le lecteur est voyeur, et comme Philippe Besson a aiguisé notre curiosité parfois limite et friande via « Arrête avec tes mensonges » et Un certain Paul Darrigrand, nous resterions bien sur notre faim en ignorant le dernier volet de cette trilogie. Et rester sur sa faim lors d’un dîner ce serait fâcheux.

Mais le restaurant, l’ambiance feutrée, les plats, les boissons, les clients alentour ne sont que des éléments de décor, des prétextes pour installer l’intrigue. Dès l’ouverture de cette joute littéraire, on devine que l’on est au théâtre où les unités, de lieu, de temps, d’action seront scrupuleusement respectées. Et pour ce jeu de massacre, il ne pouvait en être autrement. Attention rien du boulevard, ici l’art réside dans une subtilité monstrueuse.

Besson dégaine rapidement. Il ne perd pas de temps. Les phrases sont courtes, tranchantes, le ton est sec. Parce qu’il a besoin de savoir, parce que Philippe, le personnage a besoin de savoir tout de Paul depuis leur rupture trente ans plus tôt. Mais pourquoi, si ces deux-là ont des choses à se dire, sont-ils en présence de leurs conjoints respectifs ? Parce que la séquence serait moins équilibrée. Après tout, Isabelle est la femme de Paul et quand les deux hommes se sont aimés dans les années 80, elle était déjà la compagne de Paul. Sa présence semble donc légitime autant que celle du jeune homme, Antoine, le compagnon tout récent de Philippe. Il jouera son rôle de témoin, tantôt amusé, tantôt amuseur et permettra des rebonds indispensables comme des pastilles colorées, évidant ainsi les lourdeurs de la situation. Ses vingt ans ne sont pas là non plus par hasard, ils permettent de renforcer la notion du temps qui passe. C’est cruel, mais nécessaire.

Au fil du repas, Philippe et Paul vont donc tenter de dialoguer (attention les silences, les regards, les gestes sont aussi pertinents que les échanges verbaux), d’analyser pourquoi leur histoire passionnée, incandescente de leur jeunesse bordelaise, rétaise fut aussi brève. Est-ce que l’un aimait plus que l’autre, est-ce que l’autre aimait sincèrement l’un ? L’heure des vérités, de l’adieu aux faux-semblants a sonné. C’est au menu ce soir à Montréal (la ville où vit le couple Isabelle-Paul, la ville où Philippe est venu dédicacer l’un de ses romans), et les plats ne seront pas toujours digestes, au-delà des mondanités de façade. Il vient rapidement le moment où chacun doit payer l’addition d’un temps que l’on regrette ou pas, des remords que l’on a éprouvés ou pas. Mais la note est salée !

Que reste-t-il de nos amours ? Sont-elles défuntes ou perçoit-on encore quelques lueurs dans le regard de l’autre entre deux verres, entre deux trois bouchées ? Que reste-t-il du désir qui nous a emportés, il y a trente ans ? Est-ce que les choses s’éteignent, est-ce qu’on s’est réellement aimé avant même de se trahir, de fuir, se taire ou se conformer par lâcheté peut-être à la « norme » sociale ?

C’est monstrueusement savoureux. On pourrait craindre l’indigestion quand on sort de là… Il n’en est rien, car tous les ingrédients sont savamment pesés, mesurés, et mariés. Les deux personnages principaux ne sont pas victimes de leur histoire commune, ils ont joué leur vie. Sincères et authentiques. Entre mensonges et quelques vérités. Comme nous tous !

Philippe Besson, Dîner à Montréal, Paris, Éditions Julliard, 200 pages. Parution : mai 2019. Prix : 19,00 €.

 

Philippe Besson Dîner à Montréal
Philippe Besson © DR

Depuis ses premiers pas en littérature, en 2001, Philippe Besson est devenu un romancier de premier plan traduit dans une dizaine de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et l’Italie. Il a publié près d’une vingtaine de romans, dont, entre autres, Son frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, En l’absence des hommes, L’Arrière-saison, La Maison atlantique ou encore, Un personnage de roman, Arrête avec tes mensonges et Un certain Paul Darrigrand.

CULTURE CLUB AVEC BROKEN BACK A SAINT-MALO

Culture Club pose ses caméras sur la terrasse de l’Atelier de la crêpe à Saint-Malo ! Avec le musicien malouin BROKEN BACK, l’illustratrice BENEDICTE KLENE qui revient d’une expérience folle au Groenland et JEAN-PIERRE IBERTO pour la présentation de la saison des théâtres de Saint-Malo. L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes (jusqu’à Saint-Malo…). TVR et Unidivers – deux regards culturels en un pour le même prix (gratuit). Culture Club, l’essayer c’est l’adopter !

Broken Back, de son vrai nom Jérôme Fagnet, né le 10 août 19901 à Saint-Malo, est l’invité vedette de Culture Club. Jérôme Fagnet grandit en Bretagne, à Saint-Malo. En 2012, un déplacement vertébral le contraint à une longue convalescence, et il commence la guitare. Broken Back, son nom d’artiste, signifiant « dos cassé » fait référence à cette période de sa vie. Sa première chanson, postée sur SoundCloud, est une version d’une chanson de Bon Iver. En 2016, il publie son premier album studio, l’éponyme Broken Back. Broken Back est nommé à la 32e cérémonie des Victoires de la musique en 2017 dans la catégorie « révélation scène de l’année ». La même année, il contribue au morceau Trace ton chemin sur l’album Gemme de Nolwenn Leroy.

Bénédicte Klène a séjourné l’hiver dernier pendant 1 mois en Arctique à bord du Manguier, un ancien remorqueur transformé en navire d’expédition polaire, pris dans les glaces de la côte ouest du Groenland. En amont de son périple, l’artiste a rencontré les enfants de l’école de Bécherel pour parler de son voyage dans le Grand Nord, l’idée étant d’établir un lien et un dialogue avec les enfants du Groenland. Les Petits Riens du Groenland, exposition des carnets de croquis de Bénédicte Klène, sont à voir jusqu’au 11 juin à la Maison du (du mardi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.)

LIAMM. MARQUE BRETONNE DE PRÊT-À-PORTER HAUT DE GAMME

Lancée officiellement en février 2018, l’artisane et designer de mode Justine Morvan signe la marque de vêtements Liamm. Une marque de prêt-à-porter haut de gamme conçue en Bretagne aux influences poétiques de la région, pour un style intemporel et élégant. Présentation.

liamm marque rennaise
Justine Morvan, créatrice de la marque de prêt-à-porter haut de gamme Liamm

Intéressée davantage par le dessin que la couture, rien ne prédestinait Justine Morvan à fonder sa propre marque. « J’ai commencé à 16 ans avec un BEP Métiers de la Mode, mais je n’ai pas du tout aimé. J’ai voulu faire de la mode car j’aimais le dessin, mais le BEP dispensait énormément de cours de couture. Au fil des stages et des rencontres avec des personnes passionnées et passionnantes, la tendance s’est inversée ». Cumulant les diplômes afin d’acquérir les compétences nécessaires – BEP métiers de la mode à St-Brieuc ; bac artisanat et métiers d’arts, option vêtement et accessoire de mode à Brest ; mise à niveau en Arts appliqués au lycée Joseph Savina de Tréguier ; BTS et une licence design de mode à Lille, chaque expérience professionnelle lui a peu à peu ouvert la porte d’un nouvel univers, rempli de patronages, d’épingles et de matières nobles. Un univers dans lequel elle a su se projeter.

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Top Ille, jupe Néal et vareuse Hyères

Un stage dans une maison de créations textiles lui a appris le tissage sur métiers à bras. Les maisons de haute couture, comme Chanel en 2011 et Yiqing Yin en 2014, lui ont permis d’appréhender la conception d’accessoires spectaculaires comme des ailes en papier. Après son passage chez des créateurs indépendants, le projet Liamm a commencé à s’écrire. « Ma vision était peut-être utopiste. Maintenant que j’ai ma propre marque, je me rends compte de la complexité d’un tel projet », souligne-t-elle.

« Créer des vêtements qui ne sont pas des basiques, travailler avec des matières nobles aussi. le travail de la coupe et de la fragmentation des parties du vêtements m’éclate »

Quel nom ? 

Choisir un nom semble une des étapes cruciales dans la création d’un projet. Un vent d’inspiration bretonne souffle résolument sur celui retenu par Justine Morvan, Liamm. La prononciation douce et poétique du mot Liamm, « lien » en breton, s’accompagne de nuances significatives.

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Vareuse Odet

Au-delà de l’utilité pratique de l’habillement, la créatrice associe l’attachement à un vêtement à celui que l’on peut avoir envers un objet, à l’image des fripes récupérées de son arrière-grand-père, qu’il lui arrive de porter. « J’ai mis du temps à trouver le nom, mon choix s’est finalement arrêté sur Liamm pour ses nombreuses significations : le lien à la culture, à ses origines, mais aussi le lien avec les vêtements que l’on choisit, comment on en est arrivé à le porter et le lien que l’on entretient avec eux aussi ».

Le prêt-à-porter haut de gamme ?

Le prêt-à-porter haut de gamme rime avec produits plus onéreux, la marque Liamm ne déroge pas à cette règle – haut, jupe, robe, vareuse et pantalon entre 185 et 460 €. Cependant, Justine Morvan refuse de faire l’autruche en ce qui concerne la difficulté à intégrer ce marché et à se forger une clientèle. « Je me rends bien compte que ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir mettre autant dans un vêtement. La vente en ligne n’est pas forcément la solution la plus adaptée pour cette clientèle. La prochaine étape est de trouver des boutiques multimarques prêtes à distribuer mes modèles ». Dans une société où la fast fashion propose de plus en plus de prix attractifs, Justine Morvan mise sur des matières nobles et la qualité — incontestable — de son travail.

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Jupe Néal et Robe Etel

Quelles matières, quelles coupes ?

La designer de mode s’inscrit dans la nouvelle vague de créateurs qui se positionnent sur l’importance des composants à utiliser et leur provenance. Afin de diminuer son empreinte carbone, elle privilégie la filière européenne : France, Belgique et Allemagne.

Qu’elles soient animales ou végétales, la créatrice sélectionne de belles matières nobles et organiques et évite les énergivores, comme le coton. Matières synthétiques, cuir et fourrure sont également exclus. « La soie biologique que j’utilise est certifiée KBT — Kontrollierte Biologische Tierhaltung, (NDLR : élevage biologique contrôlé en français). Ce label allemand certifie qu’aucun pesticide ou engrais chimique n’est utilisé dans la production, avec l’assurance de salaires équitables pour les travailleurs. La soie est récoltée selon des méthodes biologiques dynamiques dans une culture mixte de mûriers et d’arbres fruitiers. Les engrais artificiels, les antibiotiques et les hormones de croissance sont strictement interdits — explique-t-elle. Cette certification garantit la protection des mûriers qui servent à nourrir le bombyx du mûrier, le papillon qui fabrique la soie. Ils utilisent une méthode plus lente afin de récolter la soie sans tuer l’insecte ».

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Haut l’Aven et jupe Néal

« L’inspiration peut aussi bien venir d’un morceau de musique que d’une légende bretonne… les petites choses du quotidien en général »

Après les lainages sans mélange, 100 % vierges et tissés en Belgique et en France, et la soie biologique de la première collection automne-hiver, Tombolo, la collection printemps-été, Les Horizons, propose des modèles en lin, reine des fibres écologiques, et ramie, ou « ortie de Chine ». Autant dans les matières que dans la coupe, les modèles artisanaux Liamm révèlent une subtilité dans la création et un goût pour le détail toujours plus croissant. À observer le travail des poches et des manches dans la structuration de ses vêtements, ses modèles naissent dans l’élégance d’une découpe, à l’image de la jupe Elorn, ou la finesse d’un pli, sans omettre les points mains des finitions… des caractéristiques qui sont en passe de devenir une des signatures de la marque.

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Jupe Elorn

« Les coupes étant déjà bien travaillées, la gamme chromatique reste neutre afin de concevoir des vêtements aux couleurs faciles à porter »

Ces éléments ancrent sans conteste ses créations dans la sobriété digne d’une ligne haut de gamme, comme le montre le travail fourni pour les trois déclinaisons de la vareuse bretonne. Elle a retenu l’essentiel de ce symbole vestimentaire breton, avec une attention particulière pour le dos conçu dans un jeu de soufflet. « Je décompose une partie du vêtement, dans laquelle je rajoute d’autres matières avant de le recomposer ».

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Vareuse Odet et jupe Néal

La femme Liamm ?

« Ça va paraître un peu flou comme réponse, mais j’ai envie d’habiller une femme singulière, joyeuse, élégante, mais aussi attentive à sa manière de consommer et qui se retrouve dans les valeurs Liamm, sans parler de générations ». Justine Morvan propose quatre tailles, du 36 au 42, mais a mis en place un service de demi-mesure afin de s’adresser à toutes les morphologies. « Des coupes sont moins faciles à porter que d’autres selon la morphologie, comme la jupe droite, mais d’autres conviennent à toutes les morphologies ».

« J’espère que Liamm parlera autant à une femme de 25 que 65 ans »

De nouveaux projets ? 

Des idées plein la tête, la designer de mode ne compte pas s’arrêter au prêt-à-porter haut de gamme et a réalisé sa première robe de mariée sur-mesure. Une expérience qu’elle ne demande qu’à réitérer. « Cette idée de créer un vêtement unique est super intéressante, que ce soit pour un vêtement particulier, pour une cérémonie ou dans le milieu du spectacle. Je vais essayer de développer cette particularité dans les mois qui viennent ».

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Liamm, prêt-à-porter haut de gamme 

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EXPO HEEWON LEE AUX CHAMPS LIBRES, MEMORY OF TIME

HeeWon Lee est une artiste multimédia originaire de Corée du sud. Les Champs libres de Rennes accueillent son exposition intitulée Memory of time du 5 juin au 1er septembre 2019. Invitation à contempler la beauté des paysages traversés par des flux et des temps plus ou moins singuliers. Une expérience immersive sensorielle et psychique à ne pas manquer.

« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » (Héraclite)

HeeWon Lee développe une pratique artistique où se rencontrent vidéo, graphisme, son et installation. Univers fragile et onirique, ses projets ont été primés et présentés à de nombreuses reprises en France et à l’étranger. L’exposition Memory of time, présentée cet été aux Champs Libres, rassemble pour la première fois quatre de ses créations les plus récentes.

Hee WonLee
Hee WonLee

Les Rennais sont invités à assister, dans la salle Anita Conti dont la qualité programmative ne se dément pas, à trois voyages dans des flux immobiles. Dans des lieux primitifs (merveilles naturelles des paysages de Corée) où les rapports qu’entretiennent l’espace et le temps s’inscrivent à la fois dans les règles physiques communes en même temps que dans une expérience quasi-phénoménologique où ils deviennent singuliers, se détournent, voire se dérobent. Combien de gouttes d’eau faut-il ensemble pour donner l’impression du mouvement ou son illusion ?
hee won lee hee won leeDes chutes d’eau deviennent ainsi l’espace-temps où se rappelle à nous l’expérience de la contemplation primitive de la création nue et originelle. Le physique s’exhausse dans la métaphysique. A quoi ressemble le temps quand il n’y a personne pour le percevoir ? Et l’espace ? Que sont l’espace et le temps avant l’homme et sa conscience sensible ? Et comment décrire la création avant la conscience qui la perçoit ?

 Heewon lee

Ensuite et pour finir, une quatrième vidéo – à travers un casque 3D – vous fait dériver dans un vallon marin à la beauté naturelle immémoriale tandis qu’une bande sonore décrit le fonctionnement d’un des plus vifs traumatismes en Asie : les femmes de réconfort abusées par les soldats japonais entre 1930 et 1945 (environ 200 000 femmes, principalement chinoises et coréennes, ont été réduites en esclavage sexuel par l’armée impériale). In cauda violatum !

hee won lee

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Infinity II (2012)
Installation vidéo, 9’56’’
À la fois extrêmement réaliste et quasi surnaturelle, Infinity II est une œuvre immersive invitant le public à contempler une cascade au cours inversé, s’écoulant lentement du bas vers le haut. Un flux ininterrompu, tel le fantasme d’une nature perdue, dont l’homme se serait éloigné il y a longtemps… Ce voyage suspendu, renforcé par la création sonore de Ulf Langheirich, nous enveloppe, efface notre propre temporalité et nous renvoie vers l’infini.

https://vimeo.com/81414949

Infinity IV et V (2014)
Installations vidéo, 4’56’’ x 2
Dans ces deux projections grand format en noir et blanc où le temps s’étire, la force des éléments se déploie avec une lenteur quasi surnaturelle. Infinity IV représente une cascade en partie gelée qui s’écoule lentement, devenant un objet quasi monolithique et hypnotique.
Dans Infinity V, les éléments se déchaînent au ralenti. Le paysage marin que nous contemplons, brutal et aérien à la fois, exhale un sentiment étrange, hors du temps.

La Pluie (2017) Court-métrage en réalité virtuelle, 5’
La Pluie est un court-métrage en réalité virtuelle. L’action, dès lors que l’on s’équipe d’un casque, nous amène à survoler lentement un paysage coréen majestueux au crépuscule. Des voix féminines se font entendre. Qui sont-elles ? Peu à peu on devine leur histoire et leur présence semble flotter à nos côtés. Ce film est un hommage aux jeunes filles victimes de l’exploitation sexuelle établie par le gouvernement japonais durant la seconde guerre mondiale.
Pour HeeWon Lee, la réalité virtuelle est le moyen le plus approprié pour explorer la vision d’un spectre. Cette forme permet d’envisager une immersion totale dans l’œuvre et de créer une identification immédiate ; un flou entre les limites physiques et mentales du spectateur et des personnages.

heewon lee champs libres

heewon lee rennes

Hee WonLee

heewon lee
HeeWon Lee

AUTOBIOGRAPHIE D’UNE BIOGRAPHE, MES VIES SECRÈTES DE DOMINIQUE BONA

« Je le sens bien, vous n’écrirez plus de romans… ». C’est François Nourissier qui dit ces mots à Dominique Bona, quand elle vient rendre visite au vieil écrivain, malade et isolé dans sa demeure parisienne. Cette phrase la touche au cœur, elle qui fut d’abord une romancière deux fois couronnée – Prix Interallié et prix Renaudot.

BONA VIES SECRETES

François Nourissier dit juste, confesse-t-elle, « le genre s’éloignait de moi et me menaçait d’un départ définitif ». Car Dominique Bona est devenue, au fil de son œuvre, d’abord une biographe elle aussi reconnue et distinguée comme la romancière – Goncourt de la biographie pour Berthe Morisot, le secret de la femme en noir en 2000, puis Prix Prince Pierre de Monaco pour Clara Malraux, Nous avons été deux en 2009 -. Elle s’en explique, d’une plume lumineuse portée par cette grâce et ce charme des mots dont elle est coutumière, dans son dernier livre Mes vies secrètes, paru en janvier 2019 chez Gallimard.

DOMINIQUE BONA

Cette académicienne, devenue Immortelle depuis 2013, élue au fauteuil de Voltaire – pas le moindre des devanciers ! – et succédant à son ami Michel Mohrt, dont elle fit l’éloge admiratif et affectueux dans son discours de réception sous la Coupole, est face à un dilemme et prise d’un questionnement dont elle a bien du mal à trouver la réponse dans un genre et un style qui peut balancer entre fiction et réalité, avoue-t-elle dans le dernier des 17 chapitres du livre.

Il y a souvent plus de rêve et d’imagination qu’on ne croit dans les vraies vies qu’on raconte. [Finalement], la biographie n’est-elle pas la forme la plus extrême du roman, l’alliage du rêve et de la vérité dans une union parfaite ?

Dominique Bona nous a raconté depuis 1987 d’authentiques et romanesques existences, treize à ce jour, qu’elle nous a fait réellement découvrir tant son attachement aux « héros et héroïnes » de son Panthéon personnel fut sensible et profond.

ROMAIN GARY

Le premier des personnages qui inaugure ces chapitres de la vie des autres est Roman Kacew, né dans le froid et les brumes de la lointaine Russie, arrivé avec sa mère dans la lumière et l’azur niçois à l’âge de treize ans. Ce Juif errant, devenu en littérature Romain Gary, baptisé « l’Enchanteur » par Dominique Bona, entrera dans la guerre dès 1939 qui l’entraînera de l’Afrique du Nord vers l’Angleterre puis la France aux côtés de De Gaulle, pour finir, à la paix retrouvée, dans un poste de consul en Californie où il rencontrera celle qui allait devenir sa femme, Jean Seberg. Tous deux s’aimèrent follement mais finirent par se suicider, à un an d’écart. La vie de Gary offrait aux biographes la matière d’un parcours d’aventures et de combats digne d’un roman, vécu par un écrivain à l’identité multiple. C’est en 1971 que Dominique Bona découvrira la littérature de Gary au cours de l’été de ses dix-huit ans, dans la chaleur d’une fête familiale au bord de la Méditerranée. On glissa alors dans la poche de Dominique un modeste cadeau d’anniversaire qui s’avérera essentiel, Les Racines du ciel, le plus beau des titres de roman, dit-elle.

C’est dans ses pages brûlantes au goût de sel que j’ai connu Gary. Un écrivain qui a changé ma vie.

Un écrivain d’abord méprisé par l’intelligentsia germanopratine – « Gary,…un romancier populaire ! » – puis encensé quelques années plus tard par ceux-là mêmes qui le rejetaient. Dominique Bona ne cite personne mais ils sont connus, issus de la maison Gallimard elle-même, s’amuse-t-elle à rappeler. Le choix courageux d’une biographie de Gary, appuyé par Simone Gallimard, femme de caractère admirée de Dominique et soutien de tous les instants de nombre de ses jeunes auteurs du Mercure de France, fut critiqué sur le plateau même d’Apostrophes quand Bernard Pivot lui servit les mots d’une lettre pleine de fureur de Diego Gary, le fils, très hostile au livre de Dominique Bona.

La rencontre avec Jean-Marie Rouart, pour les besoins d’une émission de France Culture, allait donner une impulsion décisive à ses envies et son parcours de biographe. Jean-Marie, à l’époque modeste journaliste au Figaro – et futur académicien aux côtés de Dominique, comme le monde est petit…-, issu d’une famille d’artistes-peintres, vivait dans son appartement au milieu des toiles collectionnées par ses aïeux, eux-mêmes peintres, comme son arrière-grand-père, Henri Rouart, élève de Corot, ami de Degas, Renoir, Monet. Jean-Marie s’est alors mis à raconter à Dominique les péripéties aussi riches qu’étourdissantes, aussi multiples que dramatiques, d’une « famille, condensé inouï de l’histoire de l’art » et de la création du XXe siècle, une famille qui n’avait cessé de côtoyer aussi bien peintres que romanciers, Manet que Gide ! Augustin, père de Jean-Marie, était peintre lui aussi. Il était fils de Louis, personnage jouisseur et truculent, amateur de femmes et de vins fins. L’opposé parfait du fils. La visite à Jean-Marie Rouart s’avéra ainsi décisive pour la biographe et offrit, avoue-t-elle, « tout ce qui serait la matière et la trame de mes futurs livres : les joies et les affres de la création artistique, les tragédies familiales, les désordres amoureux, le sort incroyablement romanesque des œuvres quand elles quittent l’atelier et l’illustration de cette vérité que j’étais alors très loin de comprendre n’ayant côtoyé les artistes que dans les musées hors de tout contexte humain : l’art est en deuil du bonheur. Tout ce qui me passionnerait par la suite, le pourquoi, le comment de mes livres, était en place ici et je n’en savais rien ».

dominique bona

 

Après cette belle rencontre, Dominique abordera aux rives des « Vies extraordinaires des sœurs Heredia », dont l’une, Marie, jeune femme aux yeux noirs, fille du poète José Maria de Heredia, fascinait le regard et aimantait l’objectif photographique de l’érotomane Pierre Louÿs. Comme elle attirait et attisait dans des jeux étranges tout un cénacle d’écrivains où se mêlaient Gide, Valéry ou Proust. Pierre Louÿs eut de Marie trois filles, aux yeux noirs, comme leur mère. La phtisie qui rongea l’une d’elles, Louise, emmena la malheureuse en cure à Arcachon, station balnéaire « avec des villas tristes, des jardins pleins d’ombre, de vieux kiosques à musique et d’inavouables secrets […] dans ce Sud océanique et balsamique, si semblable à leur rêve d’une île bienheureuse », un lieu mélancolique que l’on retrouvera dans le roman de Dominique Bona, La Ville d’hiver. Par un jeu de miroir, la biographie de l’une inspirera la fiction de l’autre.

PAUL VALERY
Dans un enchaînement inattendu, la vie de Pierre Louÿs amena Dominique sur les pas de Paul Valéry. L’auteur de la Jeune Parque, poète et essayiste rigoureux et austère, tomba amoureux fou, « ce péché capital aux yeux de M. Teste », durant les sept dernières années de sa vie, de Jeanne Voilier, une femme à la beauté sculpturale, arriviste, conquérante et mangeuse d’hommes, écrivains célèbres de préférence. « Le poète obscur et difficile, amant ivre du parfum capiteux de sa belle muse » lui dédia un recueil d’amour fou, Corona et Coronilla. Ses derniers mots, testamentaires, ce fut elle qui les lui inspira : « Le Cœur triomphe. Plus fort que tout, que l’esprit, que l’organisme. Voilà les faits. Le plus obscur des faits ». La majuscule du Cœur est de Valéry.

Berthe Morisot fut couchée aussi sur la palette biographique de Dominique Bona. Elle a séduit beaucoup sa biographe : « En art comme dans la vie, elle ne souhaitait qu’une seule chose et l’a elle-même écrit : être soi, rien que soi, en toute sincérité. […] J’y trouvai l’écho d’un désir tout aussi vif et tout aussi intime, éprouvé depuis l’enfance : suivre une voie personnelle, de préférence artistique. Dès lors ma biographie de Berthe Morisot allait jouer secrètement pour moi non seulement comme un miroir, où essayer de me comprendre égoïstement moi-même mais comme une source de courage et de volonté, où puiser devant tous les coups du sort ». Berthe Morisot, admirable exemple de ténacité, de force et de courage, réussit à conjuguer son statut d’épouse et de mère, adoratrice de sa fille Julie, de peintre, enfin, respecté par ses pairs, Cézanne et Renoir en tête, lui-même nommé tuteur de Julie à la mort de Berthe.

Suivent, sous la plume de Dominique Bona, nombre d’autres écrivains et artistes. Stefan Zweig, Autrichien de Salzbourg, Juif errant lui aussi, écrivain secret qui « évite de parler de soi et ne donne rien à voir à sa vie privée », homme de paix et apôtre de l’entente fraternelle des peuples, vécut tragiquement la montée du nazisme dans son propre pays. La nationalité autrichienne lui fut retirée. « Pire encore, il se découvrait en exil dans sa propre langue, qu’Hitler et l’ennemi nazi s’étaient appropriée ». Dominique Bona attache une vertu particulière aux textes de Zweig : « Tout ce que ce grand neurasthénique écrit a une puissante force de consolation. On se sent immédiatement compris, aimé, absous, grâce à lui. [ Dans le monde de Zweig] la tendresse circule à flots ».

Clara Malraux, première épouse du grand écrivain, fascina aussi Dominique Bona. Juive née de parents allemands naturalisés Français en 1905, elle grandit dans une famille disséminée des deux côtés du Rhin, déchirée par la Grande Guerre. Le second conflit mondial ne l’épargna pas non plus. Elle refusa de porter l’étoile jaune et s’engagea dans l’armée des ombres. « Modèle d’énergie, de résistance et de combativité » pour Dominique, Clara sera toute sa vie une rebelle, restée attachée malgré tout à Malraux qui la quitta, l’infidèle, pour Josette Clotis. « Nous avons été deux » persistera-t-elle dire à Dominique Bona, avec toute la difficulté d’exister aux côtés d’un tel homme, grand amour de sa vie, et de pouvoir « être une femme et conquérir sa propre lumière ».

C’est ce que n’a pas réussi à faire Camille Claudel, prisonnière des barreaux familiaux autant que de la geôle sanitaire de l’hôpital de Montdevergues, disciple talentueuse et maîtresse malheureuse dans l’ombre du géant Rodin.

Rien de commun avec l’explosive et libre Gala, compagne de Dali qui en était fou. « La biographie que j’écrivais valait une cure intense de vitamines tant cette femme injectait l’optimisme et le tonus à hautes doses ».

COLETTE
Dernière en date de ses admirations féminines, Colette, femme libre, ô combien ! Elle fut « une femme de l’aube, heureuse de voir naître le jour », que l’appétit de vie et de sensualité ne quitta jamais, même dans ses dernières années, arthritique et cloîtrée dans son appartement dominant les jardins du Palais-Royal.

Au final, le livre de Dominique Bona, parcours d’une écriture de biographe qui embrasse le XXe siècle en autant de jalons et figures littéraires ou artistiques aussi passionnées que bouleversantes, est à sa manière l’autobiographie d’une biographe. En ouvrant, autant que faire se peut, un mince et délicat rideau sur la vie des autres, Dominique Bona dévoile, à sa manière, sa propre vie, ses propres élans et sa vision du bonheur. François Nourissier qui a bien saisi la nature de cette aventure de plume finira par lui dire, comme une confidence :

Dominique, la biographie…, c’est par là que vous livrez les secrets de votre cœur.

DOMINIQUE BONA, Mes vies secrètes, Collection Blanche, Gallimard. Parution : 03-01-2019. 20,00 €

PRIX LITTÉRAIRE : PRIX DE LA PETITE MAISON 2019

PREMIER TOURNOI DE SANDBALL DE FRANCE, SANDBALLEZ À LA PRÉVALAYE EN JUIN

Sport, bonne humeur, village-santé : tout est réuni sur le site de la Prévalaye à Rennes pour que petits et grands s’amusent du 4 au 8 juin 2019 pour la 16e édition du Sandballez !

SANDBALLEZ PREVALAYE RENNES

Les objectifs prioritaires de Sandballez : découverte d’un sport sur sable par les enfants et les adultes, sans la notion de compétition, avec un travail pédagogique entre le sport et la santé. Le village santé-bien-être sur le site de la Prévalaye, « Sport Nature, Nutrition et Bien-être », a pour but de sensibiliser jeunes et moins jeunes sur l’importance de l’alimentation. Des fruits sont proposés à tous les visiteurs et sportifs sur le site, ainsi que d’autres produits locaux. Les enfants peuvent également s’initier à diverses activités sportives.

SANDBALLEZ PREVALAYE RENNES

 

Les objectifs de cette thématique :

1 – Participer efficacement et de façon pérenne à la promotion des comportements favorisant l’équilibre alimentaire et la lutte contre l’obésité.
2 – Mobiliser tous les acteurs concernés, publics et privés, autour d’une politique globale.
3 – Soutenir des projets existants et générer de nouveaux projets, pour accentuer l’impact des actions sur le grand public.
4 – Prévenir en pilotant ou en contribuant aux programmes de recherche sur les comportements alimentaires et la réflexion sur les modes de consommation.

SANDBALLEZ PREVALAYE RENNES

Retrouvez ci-dessous le programme de l’édition 2019 qui se déroulera du 4 au 8 juin 2019 à la Prévalaye :

Mardi 4 juin : 9h30 / 16h30 : Tournoi scolaire
Mercredi 5 juin : 14h00 / 17h00 : Centres de loisirs / Clubs du territoire
Jeudi 6 juin : 9h30 / 16h30 : Tournoi scolaire
19h00 / 0h : Challenge Inter-entreprises Interaction
Vendredi 7 juin : 9h30 / 16h30 : Tournoi scolaire
19h00 / 20h : Zumba Party
19h00 / 21h : Tournoi Loisirs
Samedi 8 juin : 9h / 13h : Sandball Challenge Groupama Jeunes
13h / 20h : Sandball Challenge Groupama Adultes

SANDBALLEZ PREVALAYE RENNES

Chaque année, plus de 80 équipes viennent s’amuser sur la plage de Sandballez à Rennes, alors vous aussi inscrivez-vous vite et réserver votre place pour l’une des plus belles soirées de l’événement !

Tarifs
Tournoi Inter-entreprises : 135€/7 personnes (+5€ par repas supplémentaire)
Challenge Groupama jeunes : 20€/ équipe
Challenge Groupama Adultes : 20€/équipe
Tournoi Loisirs : Gratuit (Ouvert aux équipes loisirs inscrites en championnat Loisirs)

Inscriptions en ligne (obligatoires) ici.

Projet pédagogique pour les scolaires ici.

SANDBALLEZ PREVALAYE RENNES

Site du Sandballez

Site du CPB Handball Rennes

 

 

 

 

RENNES. INAUGURATION DES PRAIRIES SAINT-MARTIN LE 8 JUIN

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Samedi 8 juin 2019, de 10h à 18h, les Prairies Saint-Martin de Rennes accueilleront des ateliers nature, des visites guidées et des animations pour les enfants. À 11h 30, sur la plaine festive, au niveau de la butte de jeux, aura lieu le temps d’inauguration officielle de la première tranche des travaux d’aménagements. Chacun est invité à venir avec son pique-nique.

Programme de la journée

Visites guidées

La Ville de Rennes invite les habitants à découvrir ce projet unique qui rend accessible 30 hectares de nature en cœur de ville (1 h 15).

→ 10 h – 13 h 30 – 15 h – 16 h 30

***Inauguration officielle de la première tranche des aménagements, suivie d’un pot convivial***

En présence de Nathalie Appéré, Maire de Rennes et de Stéphanie Thiebault, Directrice de l’institut d’écologie du CNRS.

→ 11 h 30

Pique-nique géant

Moment musical et théâtral autour d’un pique-nique géant.

Chacun est invité à apporter son pique-nique. Galettes saucisses et boissons en vente sur place.

→ A partir de 12 h, avec la compagnie Le Criporteur

Balades en carrioles

→ Pour les plus petits de 10 h 30 à 17 h 30 (départ toutes les 20 mn environ)

Navigation sur une toue

→ Navette fluviale de 10 h à 18 h entre l’écluse du mail et les Prairies Saint-Martin (départ toutes les 40 mn environ, aller ou retour)

Cerfs-volants

Fabrication de cerfs-volants. Les enfants les testeront dans la plaine festive.

→ Atelier pour les enfants (45 mn), 13 h, 15 h, 17 h

Découverte d’un jardin associatif

Visites du jardin lauréat du budget participatif.

→ De 11 h à 18 h (en continu)

Observation des papillons

Dans la bonne humeur et muni d’un filet à papillons, découverte du sédentaire Tircis, du curieux Robert le diable ou encore des virevoltantes Piérides.

→ Ateliers (45 mn), 13 h, 14 h et 15 h, dans le cadre des 80 ans du CNRS

Zones humides et faune aquatique

Ouvert à tous les curieux, ateliers de découverte des invertébrés, ces petites bêtes vivant dans les zones humides.

→ Ateliers de 45 mn, 13 h – 14 h 30 – 16 h, dans le cadre des 80 ans du CNRS

Observatoire d’écologie urbaine

Continuités écologiques, évolution du paysage, îlot de chaleur urbain…

→ Présentation en continu de 10 h à 18 h dans le cadre des 80 ans du CNRS

À la découverte de la biodiversité

Après prélèvement de petites bêtes de différents milieux, le « laboratoire » des petits débrouillards tentera de les identifier.

→ Explorations (45 mn), 13 h 30 – 15 h – 16 h 30. Ateliers sur stands (30 mn), par les petits débrouillards

Rallye nature

Avec une carte et quelques indices, le rallye invite à jouer les aventuriers naturalistes.

Une mission sensorielle à faire en famille.

→ En continu de 10 h à 17 h (45 mn), par la Ligue de protection des oiseaux (LPO)

Informations et exposition photos sur le projet d’aménagement, coin lecture

Tout au long de la journée.

prairies saint-martin rennes 

Rappel des différentes phases de travaux

Première phase

Démarrée en 2017, la première phase des aménagements, s’est achevée au printemps 2019. Elle aura permis de dépolluer une partie du site, de restaurer les zones humides, essentielles à la survie des populations fauniques et floristiques.  Des cheminements, des observatoires, un parvis pour jouer à la pétanque, un kiosque, des aires de pique-nique et de repos, des agrès sportifs et des jeux pour les enfants ont été livrés. Une nouvelle passerelle piétonne a été posée en 2018 à l’entrée Motte Brûlon, améliorant ainsi le raccordement du parc au nord-est de la ville. 550 arbres d’essences locales ont été plantés. Ces arbres et arbustes, présents naturellement et adaptés au milieu et au paysage, garantissent une grande diversité biologique.

Deuxième phase

En août 2019, la deuxième phase de travaux démarrera avec le terrassement au nord du site pour améliorer le champ d’expansion des crues et réduire les risques d’inondation en ville et la poursuite des aménagements paysagers. Au total, 1 000 arbres seront plantés d’ici la fin de l’aménagement.

 

Les Prairies Saint-Martin : un espace de respiration et d’observation de la faune et de la flore en plein cœur de la ville

Un observatoire d’écologie urbaine du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), composé d’enseignants chercheurs des universités rennaises, est présent sur le parc qui fera l’objet d’un suivi naturaliste à long terme. Les scientifiques y observent la faune et la flore, les continuités écologiques, l’évolution des paysages et du climat.

Les Prairies Saint-Martin, ce sont 30 hectares de nature qui offrent aux Rennais un espace de respiration et de loisirs en pleine ville. Les Prairies constituent un îlot de fraicheur, avec 2°C de moins que la température relevée dans le reste de la ville en période de forte chaleur. La Ville de Rennes agit de longue date en faveur de la gestion écologique de ses espaces verts et de ses espaces publics. Avec le projet des Prairies Saint Martin, elle s’engage durablement dans la préservation de la biodiversité.

Pratique

  • Information et inscriptions (dans la limite des places disponibles) au village d’accueil, sur la plaine festive.
  • Métro Anatole France et Sainte-Anne. Bus – arrêt auberge de jeunesse ligne 12. Vélo Star Pont Saint-Martin.
  • Accès au parc par le canal Saint-Martin, entrée Motte Brûlon ou par le parc des tanneurs (accès Antrain fermé).

 

SAINT-BRIEUC. ART ROCK ANIMALISE SON 36E FESTIVAL

Le festival Art Rock annonce pour sa 36e édition de belles émotions artistiques à vivre les 7, 8 et 9 juin prochain dans le centre-ville de Saint-Brieuc.

ART ROCK
Photo : Guénolé Tréhorel

Chaque année le centre historique briochain se transforme en de véritables scènes artistiques, rythmées par des concerts et des spectacles urbains. Après une édition 2018 haute en couleur dédiée à la danse, qui a rassemblée pas moins de 70 000 festivaliers, Art Rock part cette année à la rencontre d’artistes issus des quatre coins du monde. Le festival a convié plus de 200 artistes réunis dans 70 propositions, et invite son public à la férocité et à la bestialité autour de la thématique Animal[s].

https://youtu.be/tm7T4FydcNE

3 jours d’une programmation éclectique et multiculturelle

Ce week-end de la Pentecôte devrait être placé sous le signe de la diversité animale, rien de tel pour faire rugir de plaisir les festivaliers.

ART ROCK

Dès le vendredi 7 juin, l’homme sera le premier à être représenté en animal politique dans le spectacle Fix Me du chorégraphe Alban Richard et du DJ producteur électro Arnaud Rebotini. Ce même jour, deux figures féminines, Camélia Jordana et son électro-pop chantée en arabe, anglais et français, puis Fatoumata Diawara vont honorer les musiques du monde. Le rappeur engagé Kery James sera lui aussi de la partie. Damon Albarn, connu avec les groupes mythiques Blur et Gorillaz, montera sur scène pour accompagner son supergroupe The Good, The Bad & The Queen. Pour terminer la soirée, Meute et ses fanfaristes allemands réviseront les tubes technos pour transformer la Grande Scène en véritable dancefloor.

ART ROCK

Samedi 8 juin, la folk mélodieuse de Charlie Winstron illuminera la ville. Il sera suivi du mythique groupe de rock écossais Primal Scream, tandis que Charlotte Gainsbourg fera sonner ses mélodies pop sur des productions électroniques avec un concert visuel et résolument moderne. L’électro de SebastiAn achèvera la soirée sur la Grande Scène en une fantastique serre tropicale.

ART ROCK

Dimanche 9 juin, c’est la chanteuse du groupe Lilly Wood & the Prick, Nili Hadida, à la voix volupteuse, qui ouvrira la dernière soirée du festival. Gringe, des Casseurs Flowters, figure majeure du rap français, nous emmènera dans son univers d’éternel rêveur. La charismatique Jeanne Added lui succèdera pour un show percussif, entre pop électronique et fièvre rythmique. Enfin, Angèle et Lomepal, les deux têtes d’affiches du festival, nouveaux représentants de la pop franco-belge, se chargeront de clôturer Art Rock en beauté.

La scène B en mode découverte

Chaque année, Art Rock promeur l’émergence artistique en convoquant de nouveaux noms prometteurs sur la scène B. Pour cette 36e édition, c’est au tour des nouvelles bêtes de scène Suzane et Voyou, des drôles d’oiseaux Johan Papaconstantino et Aloïse Sauvage et des rugissants félins du rap Loud et Jazzy Bazz de faire leur apparition. Le festival mettra une nouvelle fois à l’honneur les artistes régionaux en proposant un concert par soir sur la scène B. Buck, SBRBS et Skøpitone Siskø devront donc prouver à tout le monde que la Bretagne est bien une terre de rock.

cette année, Art Rock met en avant la scène régionale avec Buck, SBRBS et Skøpitone Siskø sur la scène B !

BUCK ART ROCK
Photo : Vincent Paulic

Le duo Buck sort son nouvel album ce 24 mai chez Beast Records. Sombre et martial, orageux et païen, le boogie patibulaire et oppressant de Buck provoque une fièvre froide, comme la dépouille de Joy Division égarée dans le bayou ou sur les rives du Delta. La chevauchée maléfique du voodoo gang empreinte les chemins de traverse arpentés par le Birthday Party ou le Grinderman de Nick Cave, le rockaboogie des Cramps ou le synth-blues de Suicide. Le duo basse-batterie s’enivre de claviers et de sax, les textes et la voix écorchés résonnent sous la lumière d’une lune inquiétante. Un Last Night Boogie ensorcelant !

SBRBS ART ROCK
Photo Guillaume Magré Guilberto

SBRBS sortira son 1er EP à la rentrée prochaine. Il y a quelque chose d’impertinent et de rude qui se dégage lorsque l’on traîne dans les quartiers résidentiels. Une atmosphère singulière que les trois musiciens de S B R B S ont naturellement assimilé. Ils construisent une musique à l’évidence pop mais aussi puissante que leurs références anglaises et américaines (Queens Of The Stone Age / Led Zeppelin / Band Of Skulls). Sans avoir la prétention des beaux quartiers, S B R B S ne prend que ce qui les intéresse dans ce labyrinthe musical actuel.

SKO ART ROCK
Photo : Vincent Paulic

Skøpitone Siskø a sorti son nouvel EP en novembre dernier lors de la tournée des Trans. Le reflet du Skøpitone nous hypnotise d’images fragiles et charmeuses quand Siskø nous embarque dans une virée nocturne éclairée d’une ardente torche. Mélodies pop lentes, hymnes cinématographiques ou indie-rock frénétique, Skøpitone Siskø ravive un feu sous la glace. Poursuivre les saisons, écouter le temps, sentir les couleurs… ces combinaisons aux sens larges redéfinissent une musique en trois dimensions. Un mélange pop, folk, indie-rock psychédélique et sonorités électro.

ART ROCK c’est 55 concerts, 3 expositions, des spectacles de danse, d’art de rue, des projections et le meilleur de la gastronomie costarmoricaine, plus de 170h de spectacles, 75 000 personnes attendues et un centre-ville en ébullition : le festival Art Rock s’apprête encore une fois à faire rugir Saint-Brieuc !

 

Site du festival

Page Facebook

ROCK’N TOQUES 2019. FESTIVAL GASTRONOMIQUE À SAINT-BRIEUC

Rock’N Toques 2019 : la 12ème édition est officiellement lancée ! Rock’N Toques approche à grand pas… Cet événement organisé par l’office de tourisme en collaboration avec Art Rock rythme les trois jours du festival. Des invités, des habitués, des nouveautés… Une chose est sûre, musique, gastronomie et convivialité seront les ingrédients connus d’une recette qui ravit les mélomanes gourmands depuis 2008 !

 

Savoureux mélange de gastronomie, de musique live et de street-food, Rock’N Toques est né en 2008 d’une volonté collective d’offrir une restauration de qualité aux 75 000 festivaliers d’Art Rock, chaque week-end de Pentecôte.

ROCK N TOQUES ART ROCK
Photo Rock’n Toques

Chaque année depuis 36 ans, le festival Art Rock prend ses quartiers en cœur de ville pour trois jours de fête. Sur le « Village », une scène gratuite accueille les musiciens du métro parisien, invités pour l’occasion. En face, se dressent les cuisines de Rock’n Toques. Dès le vendredi soir, lancement du festival, on fait la queue pour déguster les plats concoctés par ce collectif de chefs et artisans, dont la bonne humeur est contagieuse. Burger iodé, beignet de poisson, paëlla revisitée, brochettes, brioches aux rillettes …, les festivaliers d’Art Rock ont la chance de pouvoir goûter des recettes gastronomiques uniques et originales à petit prix. Jolie présentation, richesse des goûts, finesse des saveurs… c’est comme au restaurant, l’ambiance festival en plus.

ROCK N TOQUES SAINT BRIEUC

Rendez-vous est donné du 7 au 9 juin à Saint-Brieuc pour découvrir et profiter de ce délicieux menu en cinq services… déjantés ! Revue de détails de cette 12ème édition.
Des invités talentueux : Mathieu Kergourlay et Baptiste Denieul. Lors du service du dimanche soir, deux nouveaux chefs seront invités aux fourneaux de Rock’N Toques : Mathieu Kergourlay, domaine du Boisgelin à Pléhédel (22), et le chef étoilé Baptiste Denieul, Auberge Tiegezh à Guer (56).

ROCK N TOQUES ART ROCK

Une programmation culinaire qui s’annonce de haute volée avec le jeune et talentueux Mathieu Kergourlay, étoilé au guide Michelin à seulement 25 ans (2012) et prix du jeune talent Gault & Millau (2016) qui officiera à domicile, et le Morbihannais Baptiste Denieul, qui viendra avec sa brigade et son jeune second Maël, l’enfant du pays qui fera son grand retour et ne manquera pas de tester sa popularité après sa participation remarquée dans l’émission TOP CHEF sur M6.

Duos de chefs : Johan Leclerre et Lionel Hénaff en habitués ! Le chef étoilé Nicolas Adam, pilier du collectif Rock’N Toques, a invité les talentueux chefs Johan Leclerre, MOF et chef du restaurant La Suite à La Rochelle qui avait déjà répondu à l’invitation du collectif en 2015, et Lionel Hénaff, chef du restaurant Allium à Quimper, nouvellement distingué d’un Gault et Millau d’Or Grand Ouest, mais aussi un grand habitué de Rock’ N Toques ! Pour ces duos de chefs, deux dates sont à retenir :
Vendredi soir pour se régaler de la création culinaire à quatre mains du duo Nicolas Adam /Johan Leclerre et le dimanche midi lors du Brunch pour le duo Nicolas Adam / Lionel Henaff, une paire qui se respecte autant qu’elle s’apprécie. Si les créations proposées ne sont pas encore connues, l’ambiance aux fourneaux est dès aujourd’hui garantie !

ROCK N TOQUES SAINT BRIEUC

Le brunch joue les prolongations : bonne nouvelle pour les gourmands du dimanche, face au succès du Brunch, l’office de tourisme de la Baie de Saint-Brieuc, organisateur de l’événement aux côtés d’Art Rock, a décidé de proposer aux bruncheurs deux services : 11h30 et 13h. Une amplitude qui va permettre de limiter l’attente des festivaliers, et de profiter de cette parenthèse gourmande tranquillement et à son rythme, que l’on soit lève-tôt… ou couche-tard ! Le Brunch du dimanche sera comme à son habitude composé de trois plats, fromage, pain, dessert et d’une boisson, mais aussi cette année d’une portion du beurre de baratte local : deux services pour ce Brunch plébiscité, le premier à 11h30 et le deuxième à 13h.

ROCK N TOQUES ART ROCK
Photo Laurent Bacquer La cantine des Chefs

Nouveau : un plat végétarien par Laurent Bacquer

C’est une première. Laurent Bacquer réalisera un plat végétarien le samedi soir. Il concoctera ainsi deux plats dont une recette à base de veau. Une nouveauté qui répond aux attentes nouvelles de certains festivaliers, 200 plats végétariens seront ainsi proposés par le chef quimpérois.

Un duo Chef – Artiste inédit : Nicolas Adam et Charlie Winston

Après Camille en 2018, c’est l’artiste britannique Charlie Winston, auteur du célèbre Like a Hobo, qui formera le duo-chef artiste cette année. Avec la complicité du chef Nicolas Adam, il a imaginé une recette inédite, un plat vietnamien à base de poisson, qui sera proposée au service du samedi soir. Charlie Winston sera à retrouver sur la Grande Scène du festival le samedi 8 juin à 20h.

ROCK N TOQUES SAINT BRIEUC

Mot d’Art Rock

Festival pluridisciplinaire par excellence, Art Rock se réjouit d’accueillir pour la douzième année consécutive le meilleur de la gastronomie bretonne avec Rock’N Toques. Récompensé par le prix Atabula de la meilleure offre culinaire de Festival en octobre 2018, cette manifestation unique en son genre et pionnière en France est une des fiertés du Festival Art Rock ! Des chefs talentueux, des artistes inventifs, des plats gastronomiques à petits prix, et le tout en musique, voilà la recette d’un rendez-vous immanquable, à ne rater sous aucun prétexte !

Les membres du collectif Rock’N Toques impliqués en 2019 :

Nicolas Adam (La Vieille Tour – Plérin), Mathieu Aumont (Aux Pesked – St-Brieuc), Youenn Allano (La Crêperie de Youenn – Langueux), Christope Cheneaux & Gaëlle Leroux (Caramel & Compagnie – St-Brieuc), Mathieu Le Tinier (La Marne – Paimpol), Kim Martin (Le Zen – St-Brieuc), Gwenaël Lavigne (Ô Saveurs – St-Brieuc), Serge Abalain (Abalain Chocolaterie Pâtisserie – St-Brieuc), Denis Ozanne (Pâtisserie Ozanne – St-Brieuc), Jonathan Santré (Desserts Events – Trégueux), Lomik Cozian (Le P’tit Fausset – Merdrignac), François Charroy (caviste L’Eau Rouge – Plérin), Romain Paris (Caviste Au Fil du Vin – Lamballe), Pascal Rubon (Caviste Le Cellier du Goëlo – Paimpol).

Une deuxième participation pour :
Benjamin Agu (Le Manoir des 4 saisons – St-Brieuc), Samira El Mir (Pastilla Tempura – St-Brieuc), Laurent Bacquer (La Cantine des Chefs – Quimper), Julia Fromentin (Les Petits Gâteaux – St-Brieuc).

Les chefs invités exceptionnels de 2019

Mathieu Kergourlay (Domaine du Boisgelin – Pléhédel – 22), Baptiste Denieul (Auberge Tieghez – Guer -56), Lionel Henaff (Allium – Quimper – 29), Johan Leclerre (La Suite – La Rochelle – 17)

Des préventes pour profiter en toute tranquillité
Face à un public chaque année plus nombreux et au Rock’N Brunch qui affiche complet, l’Office de Tourisme de Saint-Brieuc, organisateur de cet événement aux côtés d’Art Rock, propose un service de préventes des tickets.
Tickets en ventes à partir du 7 mai à l’Office de Tourisme de la Baie de Saint-Brieuc, 2 quater rue des lycéens martyrs : 9h30-12h30/13h30-18h
Ticket PLAT : 8 € / Ticket DESSERT: 4 € / Ticket P’TIT CREUX : 4 € / Ticket BOISSON (vin, cidre, jus de pomme) : 3 € / Ticket BRUNCH (dimanche midi) : 15 €

En 2018, 16 000 plats sucrés et salés ont été servies sur les 3 jours du festival. Soit 700 à 1 000 portions par chef et par service (contre 30 pour un service classique en salle). Une belle performance quand on sait qu’à sa création ce nombre était divisé par 4 ! Le challenge est grand et le plaisir intense pour le collectif, dont le succès ne cesse de grandir.

ROOF RENNES ET ORIGINES ESCALADE ET BRASSERIE À L’HÔTEL-DIEU

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T​he Roof Rennes ​et ​Origines ouvrent leurs portes sur le site de l’Hôtel-Dieu de Rennes au mois d’août. Le bâtiment de cet historique hôpital rennais​ abritera des activités sportives, des propositions culinaires et des événements artistiques et culturels. L’ambition de l’équipe à la tête des deux enseignes : redonner vie à ce lieu historique en créant une nouvelle destination atypique et populaire, en plein ​cœur ​de ville. Ouvert du lundi au dimanche de 11h à 23h.

Deux enseignes, un lieu The Roof Rennes ​et ​Origines​, ce sont deux enseignes mais un seul lieu​ ​: l’Hôtel-Dieu. Aujourd’hui désaffecté, cet ancien hôpital du centre-ville deviendra dans quelques semaines une nouvelle destination de sortie. Dans l’espace de 1200 m2, se croiseront :

● Un lieu de vie autour d’un café
● Des espaces pour l’accueil d’expositions, de concerts et spectacles
● Une salle d’escalade de bloc
● Un espace détente et bien-être, yoga et shiatsu
● Un resto-bistro-microbrasserie
● Un atelier et des bureaux partagés

À boire et à manger !

Côté cour, boissons maison, expresso, thé, pâtisseries, salades et sandwichs seront servis toute la journée au café. Côté cloître, à O​rigines, le premier bistro-microbrasserie indépendant à Rennes, on mitonnera une cuisine “faite maison” à base de produits de saison, principalement bio et locaux. La carte courte du midi fera place, le soir, à de petites assiettes pour accompagner un large choix de bières majoritairement brassées sur place et de vins nature.

Brassée et consommée sur place

En plein centre-ville, à quelques pas du couvent des Jacobins, O​rigines p​rendra ses quartiers autour du cloître de l’Hôtel-Dieu. Adossé au bistro, qui sera ouvert midi et soir, la microbrasserie, d’une capacité de production d’environ 1 500 litres par mois, produira une partie de la bière consommée sur place.

Benoit le brasseur créera des bières d’inspiration multiple : anglo-saxonne, I​ndian pale ale​, stout, p​ale ale,​ sans négliger le patrimoine culturel français, ainsi que des bières d’inspiration belge, type blonde, triple et blanche. Le resto façon bistronomie populaire Origines ​est un lieu à mi-chemin entre un biergarten ​berlinois et un brew-pub ​montréalais avec une touche française côté cuisine. En été, la terrasse extérieure se transformera ponctuellement en scène musicale ou artistique.

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The Roof Rennes, la maison de l’escalade et du bien-être

The Roof Rennes​, c’est 350 m2 dédiés à l’escalade, dont 220 m2 et 35 mètres de linéaires de blocs dans l’aile est de l’ancien hôpital. Spécificité ici, il est aussi possible de grimper en extérieur. Protégée des intempéries par une toile, une structure en forme de champignon offre 10 mètres de linéaires supplémentaires.

Ici, pas de vertige insurmontable. Sans corde, ni baudrier, chaussons aux pieds et magnésie sur les mains, on grimpe sur des murs limités à 4,5 mètres de haut. La réception est assurée par de gros tapis. Très ludique et plus accessible que les murs à corde, la pratique est ouverte à tous. De jaune ou vert pour les débutants, à noir ou violet pour les experts, un code couleur permet à chacun de trouver sa voie. Les plus jeunes pourront aussi s’essayer à la verticalité. Un espace à leur échelle a été spécialement pensé pour les 3 à 10 ans.

Les grimpeurs et grimpeuses pourront s’y rendre du lundi au dimanche de 11h à 23h. Des animations, concerts ou DJ-set, seront organisés le week-end. La pratique gratuite de la s​lack-line​, progression en équilibre sur une sangle tendue entre deux points, sera également proposée en intérieur.

Ouvert du lundi au dimanche de 11h à 23h. Entrée de 7€ à 10€, carnet de 10 entrées, abonnements mensuels et annuels.

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Spectacles et expos gratuits

The Roof Rennes​ et ​Origines accueilleront de nombreux événements tout au long de l’année à l’Hôtel-Dieu. Ils pourront prendre place dans les différents espaces du lieu : patio couvert, salle d’escalade ou jardin du cloître à la belle saison. Cette modularité et cette flexibilité d’accueil permettront une diffusion pluridisciplinaire (concert, exposition, spectacle vivant).

Décoré par Grand Géant, un collectif de scénographes très sollicité par les festivals, cet ancien hôpital sera aussi un lieu de diffusion artistique et culturel. Dans le patio couvert, la salle d’escalade ou le jardin du cloître seront proposés expositions, spectacles et concerts tout au long de l’année. La programmation, imaginée en lien avec le réseau d’acteurs culturels rennais et bretons, mêlera une pluralité de pratiques artistiques. Expositions, concerts, spectacles vivants… Les événements, gratuits et ouverts à tous, cultiveront les moments de découverte, de partage et de bien vivre ensemble.

Un projet, une équipe

Projet d’urbanisme transitoire pendant trois ans, T​he Roof Rennes​ et Origines ​s’installeront ensuite dans une autre aile du bâtiment. L’occasion de poursuivre leur ascension sur une nouvelle voie​.

Manuel Bouillon – Il a fait des études d’ingénieur à l’INSA de Rennes en section sportif de haut niveau (SHN) en escalade et son doctorat à l’IRISA à Rennes. Il est également très investi dans la vie associative et il a notamment été président du Cercle Paul Bert Escalade pendant plus de 3 ans.

Olivier Lhopiteau – Coordinateur sports et loisirs Responsable du club d’escalade Cercle Paul Bert à Rennes pendant 6 ans, il a créé en 2016 à Maurepas le CPB Summer Contest,

Lucie Smith – ​Coordinatrice arts et culture Chargée de production pour l’association Electroni[k] et son festival Maintenant depuis plus de quatre ans.

Romain Joly – ​Chef de cuisine ancien photographe de presse, passé aux fourneaux en 2014 après un apprentissage à L’Arsouille à Rennes où il découvre la cuisine bistro et les vins nature. En 2016 il assure la création de La Cantine des Ateliers du Vent.

Nicolas Meunier – ​Journaliste, il a lui aussi entamé une reconversion vers la cuisine. En 2017, il se forme auprès de Romain Joly à la Cantine des Ateliers du Vent. En 2018, il obtient son CAP cuisine et continue sa formation dans d’autres maisons rennaises, notamment au restaurant Les Carmes.

The Roof Rennes​ et ​Origines Hôtel-Dieu 2, rue de l’hôtel-Dieu 35000 Rennes

À vélo :
● Parking à disposition dans la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu
● Station Vélo star Hôtel Dieu, rue de la Cochardière En métro :
● Ligne a, station Saint-Anne En bus :
● Arrêt Hôtel-Dieu: lignes 30, 1, 5, 8 et 9
En voiture :
● Parking Hoche, place Hoche

LES TABLEAUX DE L’OMBRE, UNE BD DE DYTAR ORIGINALE ET LUDIQUE

Jean Dytar nous invite à regarder les oeuvres oubliées des musées. Au Louvre, il y a la Joconde mais aussi Nils, Saskia, Tobias. Si l’on y prête un peu d’attention, ils sauront aussi vous parler, vous toucher, vous émouvoir. Une BD originale et ludique.

JEAN DYTAR TABLEAUX DE L'OMBRE

On connait le « tableau dans le tableau », qui chez Velasquez ou Vermeer, permet d’intégrer dans le cadre de l’oeuvre une autre image produisant une mise en abyme étonnante. On a désormais avec Les tableaux de l’ombre, la BD dans la BD qui permet à Jean Dytar de faire figurer son ouvrage dans les pages mêmes de l’album. Au-delà de l’étrangeté de voir la couverture à l’identique dans les pages centrales, ce procédé permet au dessinateur de briser le cadre d’un récit traditionnel pour le dynamiser et poser la question essentielle : la qualité des oeuvres d’art, se mesure-t-elle, à la période des réseaux sociaux, au nombre de « likes » ou à l’émotion qu’elle procure dans le regard des spectateurs ?

JEAN DYTAR TABLEAUX DE L'OMBRE

 

Avec Jean Dytar, qui nous avait enchantés avec Florida, lui qui sait cacher une formidable érudition derrière une forme et un récit simples, la réponse se devine aisément, mais encore faut-il la donner avec justesse et pertinence. Dans cette thématique déjà traitée par Davodeau ou Taniguchi notamment, le dessinateur lyonnais apporte son originalité en faisant sortir les personnages des tableaux oubliés dans les couloirs du Louvre, le soir quand tous les visiteurs ont quitté les lieux.

JEAN DYTAR TABLEAUX DE L'OMBRE

 

C’est qu’ils ne sont pas contents, ces personnages des tableaux de l’ombre, ces soldats de garde ou ces chiens en laisse, jamais regardés et agacés par le succès de l’incontournable Joconde. La révolte gronde, car pour tous ces oubliés du regard, l’existence est morne et triste. Les journées n’en finissent pas et particulièrement pour cinq tableaux peints vers 1630 par Anthonie Palamades, cinq personnages allégoriques des cinq sens. Nils et sa poule, Saskia et son miroir, veulent se faire entendre ou plutôt se faire voir.

JEAN DYTAR TABLEAUX DE L'OMBRE

La révolte des oubliés ne pourra aboutir, car le poids des modes est trop fort et les moyens d’action limités : détruire les oeuvres célèbres aboutira à la fermeture du musée. Finir chez un collectionneur privé dans un coffre-fort n’est pas un sort enviable. Alors il faudra peut être saisir le regard d’un enfant et plus sûrement devenir le sujet d’une BD intitulée les tableaux de l’ombre par exemple pour avoir la chance d’être enfin vu et regardé. Un BD à succès au secours d’oeuvres inconnues, c’est la magie que propose cet album habilement construit, en évitant les habituels poncifs des « anciens et des modernes ».

JEAN DYTAR TABLEAUX DE L'OMBRE

Le dessin de Jean Dytar est désormais bien identifié avec ce trait noir qui délimite les sujets avec précision et dessine des personnages aux bouilles enfantines. Comme dans La Vision de Bacchus où il s’intéressait aux peintres de la Renaissance italienne, il réussit ici avec maestria à mélanger ce dessin avec la reconstitution imagée des oeuvres classiques. Ces oeuvres sont identifiables mais jamais reproduites à l’identique. Légèrement iconoclate, il n’hésite pas à briser le cadre de La Joconde, la dotant de lunettes de soleil ou la transformant en tableau cubiste. Le dessinateur s’amuse avec les chefs-d’oeuvre classiques, mais les respecte. Il propose simplement un autre regard et sous l’apparence d’une histoire enfantine nous incite à réfléchir sur la notion même de chef-d’oeuvre.

Après avoir lu cette BD jubilatoire, originale, au scénario impeccablement ficelé, quand vous vous promènerez dans un musée, vous ne passerez certainement plus d’un pas rapide dans les salles où aucune oeuvre majeure n’est accrochée. Vous vous attarderez sur un petit tableau, peut être mal éclairé, peut être mal accroché mais dont le personnage vous fera un clin d’oeil pour attirer votre attention, vous inciter à faire un pas de côté. Et qui sait, vous procurer une émotion. Pure et sincère, en dehors des modes.

Les Tableaux de l’ombre de Jean Dytar. Éditions Delcourt, Le Louvre. Parution mai 2019. 72 pages. 14,95€.

Scénariste : DYTAR Jean
Illustrateur : DYTAR Jean
Coloriste : DYTAR Jean
Série : TABLEAUX DE L’OMBRE (LES)
Collection : DELCOURT – LE LOUVRE

ACTUS LITTERAIRES, NOTRE SÉLECTION LITTÉRAIRE DE JUIN

En juin, l’été s’annonce. Les lecteurs pensent à leurs imminentes vacances, les éditeurs préparent la rentrée littéraire. Vous trouverez donc peu de nouveautés littéraires en ce mois de transition.

ACTUS LITTERAIRES

Ouvrons cette rubrique avec un essai, un hommage au grand Karl Lagerfeld qui nous a quitté en février dernier. Avec Kaiser Karl (Albin Michel, 5 juin 2019), Raphaëlle Bacqué dresse le portrait féroce de cette icône mondiale, de ce grand couturier adorateur de la féminité, de ce patron hyperactif, souvent provocateur. Un récit littéraire nourri de révélations qui permettra à ses nombreux admirateurs de passer quelques temps en compagnie d’un homme exceptionnel, inoubliable.

actus litteraires

 

Françoise Bourdin est une auteure prolifique assez discrète. Classée en 2012 à la quatrième place des écrivains français en nombre de livres vendus, elle a un lectorat fidèle, présent à chaque sortie d’un roman souvent ancré dans le terroir français. L’auteure se veut toujours une ambassadrice de la nature et des liens familiaux. Si loin, si proches (Belfond, 6 juin 2019) est le roman d’un homme qui consacre tout son temps à son parc animalier dans le Jura. Lorsqu’il va passer un mois dans une réserve au Kenya, il s’engage dans la protection des espèces menacées et découvre son sentiment pour Julia, sa meilleure vétérinaire à laquelle il a confié la direction du parc en son absence.

actus litteraires juin 2019

Au rayon Littérature étrangèreCanyons (Gallmeister, 6 juin 2019), premier roman de Samuel Western, est un huis-clos au pied des Bighorn Mountains qui fait d’un drame intime une réflexion universelle sur le pardon. En 1970, Ward, sa petite amie Gwen, et Éric, le frère jumeau de cette dernière partent pour une partie de chasse dans l’Idaho. Un accident mortel ruine la jeunesse de ces trois adolescents. Vingt-cinq ans plus tard, Ward, abîmé par l’alcool et hanté par le passé, retrouve Éric et l’invite à une ultime partie de chasse où l’un cherche sa rédemption et l’autre sa vengeance.

actus littéraires Thorsson

Le second roman choisi nous vient de l’Islande. Guðmundur Andri Thorsson se base sur des faits réels qui ont marqué l’histoire de l’Islande intellectuelle pour évoquer le passé d’un vieux magistrat, Olafur Arnason. Et notamment, une affaire de vol en 1882 qui lui valut le conseil de discipline alors qu’il était interne dans un pensionnat de lycée. L’enseignant Benedikt Grondal, poète, se sacrifie pour sauver le jeune Olafur de l’exclusion et de la honte.Dans L’affaire Benedikt Gröndal (Gallimard, 20 juin 2019), d’une langue riche et imagée, l’auteur fait évoluer ses personnages plongés dans la tourmente vers la grandeur de valeurs humaines universelles comme l’honneur ou la dignité.

actus litteraires juin 2019

À corps perdu (PLON, 6 juin 2019) remet en scène le commissaire Galien et celle qui fut son amante, Pauline Rauman. Le commissaire a abandonné la Brigade criminelle pour un poste à l’État-major. Mais lorsqu’il apprend que le fils de Pauline a été kidnappé dans d’étranges circonstances, il reprend le chemin de l’enquête avec la seule femme qu’il a jamais aimée. Marie Talvat et Alex Laloue, couple d’auteurs remarqué pour leur premier roman, Comme des bleus (PLON, 2018) reviennent avec une impitoyable course contre la montre, entre remords, griefs et faux-semblants.

ACTUS LITTERAIRES KELLERMAN

Trentième enquête d’Alex Delaware et Milo Sturgis, les héros récurrents de Jesse Kellerman, Crime et délice (Seuil, 6 juin 2019) s’avère une des enquêtes les plus compliquées de leur carrière avec plusieurs meurtres autour d’un dîner gastronomique étonnamment mis en scène.

Ils sortent en format poche et ne les ratez pas

L'ENFANT QUI

L’enfant qui (Babel, juin 2019) est l’histoire formidablement mise en musique par Jeanne Benameur de trois personnages touchés par la disparition d’une femme. Mère, épouse ou bru, ce fantôme de femme à la robe rouge ne laisse personne indifférent.

actus litteraires yalom

Avec En plein coeur de la nuit (Livre de Poche, juin 2019), Irvin Yalom compose un roman magnifique sur l’amitié en nous confiant l’histoire de son ami chirurgien poursuivi par les ombres de son passé en Hongrie pendant la Shoah.

AU TNB LE PROGRAMME 2019/2020 DÉCHIFFRE LE MONDE

La première saison d’Arthur Nauzyciel a la tête du TNB de Rennes a introduit des artistes associés et une ligne artistique où l’approche didactique de l’histoire occupait une place centrale (voir notre article). Une deuxième, en 2018/2019, s’est axée sur la défense et la promotion des minorités à travers des créations dédiées (voir notre article). Voilà une tentative de déchiffrer le programme de la saison 2019/2020 du TNB qui s’emploie à rencontrer le monde.

Selon les chiffres communiqués par Arthur Nauzyciel à l’occasion de la présentation à la presse ce matin, la saison 2018/2019 a été une réussite. « 331 levers de rideaux, 100 000 billets émis, 11 000 abonnements et, surtout, un festival qui a accueilli 33000 spectateurs. » Des chiffres de fréquentation indéniablement appréciables indépendamment du fait que la diversification et le rajeunissement du public laissent encore à désirer.

Loin d’une programmation ou bien trop ciblée (susceptible de verser dans le réductionnisme) ou trop pointue (qui n’aurait pas manqué d’être taxée d’élitiste par les thuriféraires radicalisés de la mixité sociale), Arthur Nauzyciel offre pour 2019/2020 un éventail aussi varié que transversal. Décloisonnement des disciplines et circulations entre elles : cirque, danse, marionnette, concert et, même, patinage sur glace se croisent dans des spectacles diversifiés, classiques, ludiques, engagés, voire à thèse. Une saison éclectique et indéniablement prometteuse, car susceptible de plaire à des publics variés (bien que d’aucuns regretteront a priori l’absence de propositions décalées d’une originalité à risque).

tnb saison
Arthur Nauzyciel a présenté le 27 mai le programme de la saison 2019/2020 du TNB

Directeur-acteur-metteur en scène, Arthur Nauzyciel s’emploie à poursuivre son geste théâtral qu’il décrit ainsi : « transcender le réel pour révéler ce qu’il cache, le non-visible, les mondes parallèles, les reflets du monde. Bref, plus le monde est mystérieux, plus il est habitable ».

Si l’on retrouve cette année la tonalité politique de l’année précédente – la réflexion autour de ce qui fait communauté, ce qui fait exclusion, ce qui fait identité –, elle est tempérée au profit des dimensions de l’énigme, l’inconscient, l’illusion, des parallèles, les matières brutes (eaux et forêts notamment) et des points de vue formels. En somme, matières, formes, in-visibilités et chiffres sont au rendez-vous. Et se conjuguent au service d’une pratique théâtrale qui déchiffre le monde dans sa dimension d’immanence énigmatique. Bien sûr, le politique et le mystère sont susceptibles de se conjuguer. Voire efficacement. Notamment quand « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », comme l’écrivait Gramsci.

En parallèle de ce programme événementiel qui occupe déjà de nombreux jours dans l’année, différents ateliers, amateurs ou non, rendez-vous, en famille ou non, rencontres, festivalières ou non, pauses théâtre, impromptus, master class, club des curieux, nuit des idées, séances de cinémas et brunchs au café sont proposés aux Rennais par le TNB. Arthur Nauzyciel veut faire vivre ce lieu qu’est le TNB en exploitant toutes ses ressources (et ce, malgré une architecture intérieure complexe) ; on ne peut que l’en féliciter. Pour autant, c’est peut-être trop… on s’y perd un peu. A l’image de la croissance des propositions de sorties à Rennes qui tourne à la congestion.

A ce propos, on soulignera combien la Ville s’emploie à faire de Rennes une destination festive où l’animation règne en maître. C’est certes mieux que les dimanches immobiles et sans fin passés à s’ennuyer. Pour autant, l’inconvénient d’un agenda hebdomadaire bourré ras la gueule, c’est que trop de propositions tuent la proposition. Un équilibre est à trouver.

Ainsi, loin de réduire cette saison 2019/2020 du TNB à quelques événements, je conseille aux Rennais de porter une attention soutenue, sans pour autant être exclusive, à certains spectacles, notamment Der Teich de Gisèle Vienne, Omphalos de Damien Jalet, Liberté à Brême par Cédric Gourmelon, Monstro collectif sous le manteau, Les mille et un nuits par Guillaume Vincent, Pelleas et Mélisande par Julie Duclos, l’Oiseau-lignes par Chloé Moglia, Je m’appelle Ismaël par Lazare, Rothko Untitled, Cosmos 1969 par Thierry Balasse, Le bruit des loups par Etienne Saglio, Mes frères de Pascal Rambert et le ciné-concert Haxan.

PROGRAMME TNB 2019/2020 :

OCT 09
OCT 12

TNB Comme il vous plaira

12 octobre 201918 octobre 2019
OCT 15

TNB W.A.M. WE ARE MONCHICHI

15 octobre 201919 octobre 2019
NOV 06

TNB Der Teich (L’Étang)

6 novembre 201916 novembre 2019
NOV 06

TNB Liberté à Brême

6 novembre 20199 novembre 2019
NOV 06

TNB Omphalos

6 novembre 20199 novembre 2019
NOV 06

FESTIVAL TNB 2019

6 novembre 201917 novembre 2019
NOV 07

TNB Monstro

7 novembre 20199 novembre 2019
NOV 12

TNB Juve contre Fantômas

12 novembre 2019
NOV 14

TNB L’OISEAU-LIGNES

14 novembre 201916 novembre 2019
NOV 14

TNB White Dog

14 novembre 201916 novembre 2019
NOV 14

TNB Requiem pour L.

14 novembre 201917 novembre 2019
NOV 27

TNB Je m’appelle Ismaël

27 novembre 201929 novembre 2019
DÉC 04

TNB EDENDAHOTOUR

4 décembre 20195 décembre 2019
DÉC 10

TNB L’APRÈS-MIDI D’UN FOEHN

10 décembre 201921 décembre 2019
DÉC 10

TNB VORTEX

10 décembre 201920 décembre 2019
DÉC 11

TNB UNE MAISON

11 décembre 201914 décembre 2019
JAN 07

TNB What if they went to Moscow?

7 janvier 202011 janvier 2020
JAN 14

TNB Compulsory Figures

14 janvier 202018 janvier 2020
JAN 16

TNB AUTOPORTRAIT À MA GRAND-MÈRE

16 janvier 202017 janvier 2020
JAN 22

TNB Le silence et la peur

22 janvier 202029 janvier 2020
JAN 28

TNB Queen Blood

28 janvier 202030 janvier 2020
FÉV 04

TNB Pelléas et Mélisande

4 février 20208 février 2020
FÉV 11

TNB Rothko untitled #2

11 février 202014 février 2020
FÉV 16

TNB Häxan

16 février 2020
FÉV 27

TNB TINDERSTICKS EN CONCERT

27 février 2020
MAR 03

TNB Les Mille et une nuits

3 mars 20207 mars 2020
MAR 10

TNB Cosmos 1969

10 mars 2020
MAR 12

TNB Médée poème enragé

12 mars 202018 mars 2020
MAR 18

TNB CRIA

18 mars 202021 mars 2020
MAR 28

TNB The Sun

28 mars 2020
AVR 02

TNB La Dispute

2 avril 202011 avril 2020
AVR 23

TNB 20000 lieues sous les mers

23 avril 202024 avril 2020
AVR 29

TNB Moving in concert

29 avril 202030 avril 2020
LUN 04

TNB Arthur et Ibrahim

4 mai 20207 mai 2020
MAR 12

TNB Infini

12 mai 202016 mai 2020
MAR 26

TNB Mon grand-père

26 mai 2020
MER 27

TNB Mes frères

27 mai 20204 juin 2020
JUIN 11

TNB Un souffle de vie

11 juin 202012 juin 2020

 

 

Théâtre national de Bretagne 1, Rue Saint-Hélier, 35040 Rennes

DE LA TECHNO À L’OUEST, MADE, ASTROPOLIS, PACO TYSON ET MODERN

Terre de culture, terre de musique et culture techno, le Grand Ouest fourmille de festivals dédiés aux musiques électroniques ! À l’occasion d’une soirée de promotion inter-festivals organisée au 1988 Live Club par le Made Festival, Unidivers a eu la chance de s’entretenir avec les organisateurs de plusieurs festivals importants de la région : Rémy Gourlaouen et Thomas Mahé (Made), Gildas Rioualen (Astropolis), Nicolas Viande et Julien Laffeach (Paco Tyson) et Arno Gonzalez (Modern).

UNIDIVERS —Astropolis à Brest, Made à Rennes, Paco Tyson à Nantes, Modern à Angers, et on pourrait en citer bien d’autres dans le Grand Ouest. On a l’impression que toutes les grandes villes du Grand Ouest veulent avoir leur festival électro, comment expliquez-vous les raisons de ce succès ?

GILDAS RIOUALEN —Le Grand Ouest a toujours été riche de collectifs, d’un tissu associatif dynamique, quel que soit les styles dans les musiques électroniques. Dans les années 1990, on a été une grande terre de free party. On l’est toujours aujourd’hui, mais le mouvement a ralenti avec toutes les contraintes et la répression du gouvernement. Mais de nombreux collectifs ont évolué et veulent se professionnaliser dans le spectacle et la musique électronique.

C’est une richesse bretonne, car la plupart des festivals viennent de ce milieu là, de passionnés qui ne sont pas là par hasard. Ce ne sont pas des entreprises de spectacles qui se sont dit qu’il y avait du pognon à faire dans la musique électronique. Dans les années 2000, il y a eu beaucoup d’essais de ces entreprises de spectacle, ils débarquaient dans des villes sans connaître personne, sans travailler avec personne, et ils se prenaient des grosses tartes en général, mais tant mieux. Ça reste une terre de passionnés, une terre riche en culture. Il n’y a qu’à voir l’été le nombre de festivals en été, et pas que de musique électronique (d’ailleurs, les festivals électro sont assez étalés sur l’année) : c’est une terre riche en musique, en musiques actuelles, mais aussi traditionnelles. Je compare souvent les soirées électro au fest-noz où les gens en sabots et en chapeaux faisaient la fête et rentraient dans une transe toute la nuit.

Riddims du lieu-dit est un disque de Low Jack paru en 2018 qui constitue la première sortie des Disques de la Bretagne, sous-label des Éditions Gravats. L’artiste et le label étaient présents lors de la dernière édition d’Astropolis d’hiver en février 2019.

Breizh Power Vol. 1 est la première sortie du label Krakzh, lancé par le Breton Théo Muller (ayant également participé à plusieurs reprises à Astropolis avec son collectif Midi Deux). La compilation est une forme d’hommage à la scène électronique bretonne.

UNIDIVERS —Dans quelle mesure ce bouillonnement est-il soutenu par les pouvoirs publics ?

NICOLAS VIANDE —Aujourd’hui, c’est vrai qu’on a l’impression que le festival est devenu à la mode : toutes les villes, même les petites communes, veulent leur festival. Certaines manifestations ont fait des émules : le Hellfest à Nantes, Astropolis à Brest.

UNIDIVERS —C’est donc que les festivals apportent quelque chose aux villes ?

NICOLAS VIANDE —Bien sûr, une animation, un rayonnement, de l’emploi, etc. C’est l’exemple de Clisson (Hellfest) et Carhaix (Les Vieilles Charrues), des communes qui ont tout misé sur un événement, qui l’ont fait rayonner.

Hellfest
Hellfest, Clisson (Loire-Atlantique).

Festival Vieilles Charrues
Festival des Vieilles Charrues, Carhaix (Finistère).

GILDAS RIOUALEN —Pour une ville, un festival c’est du peps pour la jeunesse, c’est une attraction, une dynamique. À Brest, par exemple, on était boycotté par la plupart des politiques au début. Aujourd’hui, ils sont fiers d’avoir un festival pour les jeunes de 16-25 ans. Brest est une ville étudiante [NDLR : 25 000 étudiants sur une population de 205 000 habitants], mais, il y a encore 15 ans, quand un étudiant avait le choix entre Brest, Nantes et Rennes, tu venais à Brest si tu aimais bien la mer et la planche à voile, mais sinon tu allais forcément à Rennes ou Nantes pour faire la fête.

On parle beaucoup aujourd’hui de tourisme culturel, et je reviens sur la saison estivale des festivals, pour laquelle un véritable tourisme s’est mis en place en Bretagne. Des gens viennent d’autres régions parce qu’il y a des festivals tous les week-ends, ce qui n’est pas le cas partout en France. On le voit bien en tant qu’organisateurs, on reçoit tous des demandes de stage d’étudiants de master en culture, mais aussi de gens qui viennent du tourisme, parce qu’ils savent que toute une dynamique s’est mise en place. Les villes l’ont compris aussi : si elles veulent retenir les étudiants, il faut créer cette dynamique et cette culture autour de la jeunesse.

THOMAS MAHÉ —Mais il y a tout de même des communes plus frileuses que d’autres. Ça fait de l’animation pour la commune, peu importe la taille de la ville, mais quand on rentre dans le vif du sujet on s’aperçoit qu’elles aimeraient bien l’animation sans prendre de risque…

NICOLAS VIANDE —C’est là que ça peut coincer pour les festivals électroniques.

THOMAS MAHÉ —Dès que tu parles d’événements nocturnes, qui se prolongent après une heure du matin, la barrière psychologique du bar est franchie, ça change la donne…

NICOLAS VIANDE —Ce n’est plus une animation, mais une nuisance que tu apportes…

THOMAS MAHÉ —Il y a l’élu qui s’inquiète pour sa position, la préfecture qui peut mettre le holà… On se met à leur place aussi, mais c’est plus ou moins compliqué selon les régions, les villes et les styles musicaux.

NICOLAS VIANDE —On le voit bien autour de Nantes : on a fait un peu le tour pour trouver un terrain pour le Paco Tyson, qu’on cherche encore d’ailleurs. Quand tu vas voir une mairie, ils ont des étoiles dans les yeux, tout le monde semble vouloir son Hellfest. Mais quand on leur explique ce qu’on fait, ils déchantent souvent…

Paco Tyson
À un mois et demi de la troisième édition du festival Paco Tyso, les organisateurs se sont vus retirer leur terrain d’exploitation près de Nantes pour des raisons administratives. Au prix d’une réorganisation complète, le festival a pu avoir lieu comme prévu du 19 au 21 avril 2019 dans différents lieux de Nantes.

UNIDIVERS —Il y aurait donc une ambivalence entre les villes qui soutiennent et d’autres, plus frileuses. Cette différence de traitement peut-elle s’expliquer par l’âge du festival ?

GILDAS RIOUALEN —On n’a rien sans rien, ça reste toujours une bataille. Ce qui s’est passé à Nantes en est la preuve : même si le Paco Tyson est bien implanté désormais, même si on croit que ça y est c’est une espèce de cathédrale qui est sortie de terre et qui a fait ses preuves, tout peut prendre feu du jour au lendemain, on est à l’abri de rien. Il suffit que le maire change de bord, de gauche à droite, et tout peut être remis en question.

Hadra Trance Festival
Créé en 2005, le Hadra Trance Festival a organisé huit éditions sur le site de Lans-en-Vercors. Suite à l’élection d’un nouveau maire, Michaël Kraemer, en 2014, le festival est obligé d’annuler son édition de 2015 et de chercher un nouveau site d’exploitation. Crédit : Ephem’R

NICOLAS VIANDE —Les politiques peuvent être différentes. Il y a des réalités distinctes dans les villes qui font qu’on ne peut pas jouer les mêmes cartes. Le problème à Nantes, c’est que c’est une grande ville qui a déjà beaucoup misé sur la culture pour le tourisme. Par exemple, les Machines de l’île de Nantes attirent des centaines de milliers de personnes. Quand on s’adresse aux pouvoirs publics, avec notre festival qui ramène 15 000 personnes, on n’a pas du tout le même poids… Il y a déjà un énorme attrait culturel avec un festival comme Scopitone, le Lieu unique, le Warehouse… On a vite fait de nous dire que si notre festival disparaît, les jeunes pourront quand même sortir à Nantes.

RÉMI GOURLAOUEN —Le Made est dans la même situation à Rennes, ils n’ont pas besoin de nous, et nous ne sommes pas subventionnés.

UNIDIVERS —Hormis ce rapport compliqué aux pouvoirs publics, quels sont aujourd’hui les principaux enjeux, ou les principales difficultés, rencontrés par les festivals de musiques électroniques ?

GILDAS RIOUALEN —On entre dans une période de sur proposition. Tous les week-ends il y a quelque chose, avec de très beaux line up. C’est souvent organisé par des collectifs de passionnés qui créent une identité en laquelle le public a confiance, et qui proposent aussi bien des artistes à découvrir que des têtes d’affiche. Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, une tête d’affiche n’est pas forcément aussi rentable qu’il y a dix ans, parce qu’on tourne en rond avec les mêmes artistes qu’on a déjà vu des dizaines de fois.

L’enjeu pour un festival est donc de réussir à maintenir une excitation auprès du public. Parce que de la proposition, ils en ont. Aller écouter des DJs tous les week-ends, c’est faisable. Donc quand tu construis ton festival, il faut proposer quelque chose d’excitant, de fédérateur. Personnellement, j’ai fait le choix de faire moins de têtes d’affiche cette année, ou en tout cas de réduire mon budget artistique, pour peut-être davantage améliorer l’accueil avec de la décoration, des surprises durant la nuit, etc. Panoramas (Morlaix) ou Les Nuits Sonores (Lyon) ont fait l’inverse : ils ont augmenté leur budget artistique pour rassembler plus de têtes d’affiche dans l’espoir de faire venir plus de monde. Ce sont des directions différentes, mais l’objectif est le même : réussir à créer quelque chose d’excitant, tout en continuant à proposer de la découverte, à mettre en avant la scène régionale, ce qu’on fait tous parmi nous.

Astropolis
Le 19 mai 2019, Astropolis investit à nouveau le Fort de Pendeld pour la Fête de la Bretagne ! Familial et convivial, cet événement est l’occasion pour toutes les générations de découvrir les nouveaux talents de la scène bretonne : musique instrumentale amplifiée, électronique ou traditionnelle.

Tremplin Astropolis Tremplin Astropolis Tremplin Astropolis

Depuis 2003, Astropolis soutient la créativité et la vivacité de la scène électronique du Grand Ouest avec un tremplin annuel permettant de se produire sur le festival. Il s’ouvre à tou.te. s les product.rices.eurs et DJs de Bretagne, du Pays de la Loire et de la Basse-Normandie. Peu importe le style, toute la grande famille des musiques électroniques est la bienvenue, de l’ambient au hardcore en passant par la house, la techno, la bass music, synth wave… Une quinzaine de lauréat. e. s sont sélectionné. e. s et programmé. e. s sur les différentes scènes du festival.

THOMAS MAHÉ —Ce qu’il faut, c’est parvenir à créer une identité. Modern et Astropolis sont installés depuis longtemps. Nous, le point commun qu’on a avec Paco Tyson, c’est qu’on cherche encore notre identité, comment se démarquer ? Quand tu fais venir un headliner, au-delà de l’aspect musical, il faut que ça ramène du monde, sinon t’es mal. Mais il y a toujours un rapport notoriété/prix assez discutable aussi. Beaucoup de jeunes se masturbent sur les gros festivals allemands, où tous les ans on voit le même alignement de gros noms à l’affiche… À quel moment tu bascules dans le marketing pur, le business, que tu alignes les gros noms et que tu t’en fous complètement de l’identité du festival ?

GILDAS RIOUALEN —Après 30 ans d’une culture, c’est compliqué de continuer à surprendre… Parce qu’on a un peu fait le tour quand même. C’est pour ça qu’il y a aujourd’hui un retour en arrière : les gens veulent retourner à des événements à taille humaine, de 1 000 personnes, voire moins. Il n’y a pas de commission de sécurité, tu peux encore faire à peu près ce que tu veux en matière de déco. Il y a un retour à ce côté bricolage, que j’adore, mais qui, pour Astropolis, est impossible désormais. Néanmoins je comprends bien l’intérêt de ces petites soirées.

ARNO GONZALEZ —Modern n’est plus un festival. Nous n’avons fait qu’une édition, en 2016. On a failli réitérer l’expérience, mais ça ne s’est pas fait par manque de moyens, on n’a pas atteint l’objectif la première année. Mais on continue d’organiser des événements à Angers avec des petites jauges, au Chabada par exemple, qui peut accueillir 1000 personnes, ou dans des salles plus petites de 300 ou 400 personnes.

Modern Festival
Fondée en 2002 avec pour mot d’ordre les musiques dansantes exigeantes, Modern organise pour la première fois un festival en novembre 2016.

JULIEN LAFFEACH —C’est moins stressant pour les organisateurs. Et je pense que le public s’y retrouve plus. C’est plus cool d’être dans une teuf à taille humaine, où tu t’amuses bien, où il y a un line up cool. On n’est peut-être moins dans une demande exigeante. Avec le Paco Tyson, on se pose pas mal cette question de la direction à emprunter… C’est ce qu’on a commencé à faire cette année en s’ouvrant à de nouvelles sonorités, par exemple Miel de Montagne. Jamais je n’aurais cru programmer un artiste dans ce style, et, finalement, c’est une des soirées qui a le mieux marché !

Ce que je veux dire par là, c’est qu’aujourd’hui, si on veut faire un festival avec une jauge importante comme la nôtre (8000), il ne suffit pas de programmer des Marcel Dettmann, Ben Klock et cie. On le voit très bien au Warehouse quand ils font venir des grosses têtes d’affiche et que ça ne se remplit pas tant que ça…

RÉMI GOURLAOUEN —En plus de la sur proposition d’événements, il y a aussi énormément d’artistes aujourd’hui. Or, le buzz d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. Les Jeff Mills, Laurent Garnier ou Carl Cox ont créé leur carrière sur l’artistique avant l’avènement d’Internet, de YouTube, etc. Si on devait faire un best of des classiques de la techno, « The Bells » de Jeff Mills y figurerait certainement… Aujourd’hui, on est vraiment dans le showbusiness, il y a du management, des agents, un timing prévu, un DJ est à 1000 € pour un set une année, l’année d’après c’est un zéro de plus… Sauf que tout ce buzz fonctionne sur un temps court.

NICOLAS VIANDE – Selon moi, le côté positif dans cette histoire de têtes d’affiche qui ne sont plus rentables, c’est qu’on s’en détache. Ça permet aussi de revenir à des programmations plus aventureuses. Le 14 juillet l’an dernier (2018), on avait pris le parti de n’inviter que des artistes inconnus.

ARNO GONZALEZ – L’avantage, c’est quand les gens viennent parce qu’ils ont confiance en notre programmation ou notre état d’esprit… On peut alors leur proposer des choses qu’ils n’auraient pas découvertes sinon. Et là, t’as gagné ton pari.

GILDAS RIOUALEN – Dans la continuité du problème de sur-proposition, il y a autre chose qui m’inquiète beaucoup, c’est que j’ai l’impression qu’on rentre dans une société où la musique électronique, cette culture pour laquelle on s’est battus, devient une musique de discothèque, comme dans les années 1980. Il y a beau avoir plein d’outils pour connaître les artistes, on est dans une société du zapping. Les gens ne retiennent même pas le nom de l’artiste, le label on n’en parle pas, tant que ça danse, tant que c’est festif… Même s’il y a des niches de connaisseurs qui suivent ça de près, la grande majorité oublie que ce n’est pas de la musique de discothèque qu’on propose. Quand on programme un artiste, c’est qu’il y a une raison, une logique de programmation. Il ne faut pas oublier qu’on a beau faire des festivals, on fait partie du réseau culturel, on ne fait pas de l’animation ni de la discothèque.

Fondé en 1991 et réunissant les pionniers Jeff Mills et Mike Banks, X-102 est un projet collaboratif du mythique label Underground Resistance. En 1992 sort le concept-album Discover The Rings of Saturn, pierre angulaire de la culture techno. Inédit en France, le projet se reforme à l’occasion des 25 ans du festival Astropolis pour la première fois depuis 10 ans !

Made festival

UNIDIVERS – Vous êtes réunis ce soir pour une tournée de promotion de vos festivals. Existe-t-il d’autres collaborations entre vous ?

THOMAS MAHÉ – Ce n’est pas strictement professionnel, plutôt amical, ça fonctionne sur une entente sincère.

GILDAS RIOUALEN – Si quelqu’un a une merde, ou qu’à un moment il faut se mettre en réseau pour un bras de fer politique en Bretagne ou dans le Grand Ouest, c’est sûr qu’on ira au front tous ensemble.

NICOLAS VIANDE – Et comme on se connaît, ça arrive qu’on s’accorde sur nos programmations. On communique ouvertement, sur les dates aussi.

THOMAS MAHÉ – En cela on collabore : quand quelqu’un est sur un artiste on ne surenchérit pas sur l’autre. D’ailleurs les agents qui ont essayé de le faire entre nous le font moins parce qu’ils ont compris qu’on se connaissait et qu’on ne se faisait pas ce genre de coups.

UNIDIVERS – C’est que vous partagez autre chose que les musiques électroniques au fond ?

(rires)

RÉMI GOURLAOUEN – Une bonne dose de connerie !

JULIEN LAFFEACH – La fête !

GILDAS RIOUALEN – Notre point commun, c’est un état d’esprit qu’on partage. On n’est pas là par hasard, on a tous une histoire. Petit à petit, on s’est tous professionnalisés à partir de notre passion. On est prêts à programmer des styles différents, à ouvrir les portes aux jeunes collectifs, on fait tous des tremplins, on essaie de proposer des projets aussi bien payants que gratuits. On est sur la même longueur d’onde.

UNIDIVERS – Merci à vous tous, pour le temps que vous nous avez consacré, mais aussi pour celui que vous dédiez à la musique électronique et à l’activité culturelle dans le Grand Ouest…

« Jack is the one who gives you the power to Jack your body!

Jack is the one who gives you the power to do the snake!

Jack is the one who gives you the key to the wiggly worm!

Jack is the one who learns you how to whop your body!

Jack is the one that can bring nations and nations of all Jackers together under one house!

You may be black, you may be white,

you may be Jew or Gentile.

It don’t make a difference in our house.

And this is fresh ! »

Chuck Roberts, « My House »

Retrouvez un article sur le Made festival réalisé à l’occasion de l’édition 2019 en cliquant ici !

RENNES. LA CARTE SORTIR FETE SES DIX ANS

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Une décennie que la carte Sortir ! a été mise en place, d’abord à Rennes et à Saint-Jacques-de- la-Lande, puis progressivement étendu aux communes de la métropole qui le souhaitaient. Du 11 mai au 11 juillet 2019, plus de cinquante manifestations seront proposées aux 38 000 détenteurs de la carte. L’occasion de rendre visible ce qui a été construit collectivement, de promouvoir le dispositif pour le faire connaître à de nouveaux utilisateurs potentiels, de réunir l’ensemble des acteurs et dynamiser le partenariat porté par près de 900 acteurs sur le territoire.

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Retrouvez les activités prévues pour le dixième anniversaire de la carte sortir :

 

LOVE, TEARS GUNS, LE RETOUR DE MALTED MILK

Né il y a maintenant plus de 20 ans, le groupe Malted Milk, mené par Arnaud Fradin, a réussi à s’imposer sur la scène blues et soul européenne. Cinq ans après l’album Milk & Green et une série de concerts menés avec la chanteuse américaine Toni Green, le septuor nantais s’apprête à dévoiler son septième album studio, Love, Tears & Guns le 24 mai prochain.

malted milk
Malted Milk sera en promotion de leur nouvel album samedi 25 mai à la FNAC de Nantes pour un mini concert et une séance de dédicace.

Cela fait désormais quelques décennies que les artistes européens se prennent de passion pour les musiques populaires afro-américaines, notamment les styles du blues et de la soul. Parmi les groupes français qui s’illustrent actuellement dans cette dynamique, figurent entre autres des personnalités bien connues comme Ben L’Oncle Soul, ou d’autres plus émergents tels que Kimberose et Théo Lawrence avec son groupe The Hearts. Il en est un autre qui, depuis maintenant une vingtaine d’années, célèbre lui aussi ces répertoires avec un talent indéniable : Malted Milk.

Fondé en 1997 par le guitariste et chanteur nantais Arnaud Fradin, il prit tout d’abord la forme d’un duo acoustique appelé Delta Blues, l’autre nom du blues rural qui les influence depuis plusieurs années. Puis le groupe prend son nom définitif après la découverte par son leader du disque de la chanson « Malted Milk » (1937), interprétée par le fameux bluesman Robert Johnson.

Après deux albums sortis en auto-production entre 1999 et 2005, deux événements furent décisifs dans leur carrière : ils rencontrent tout d’abord le chanteur américain Karl W. Davis, avec lequel ils enregistrent l’album 2 en 2005, puis partagent une tournée commune. Cette expérience les amène à s’orienter vers un registre davantage tourné vers les esthétiques soul et funk qu’ils continueront d’exploiter par la suite et qui feront leur marque de fabrique. Puis, deux ans plus tard, ils participent à l’International Blues Challenge de Memphis, duquel ils seront finalistes et qui leur permettra d’accompagner des pointures du blues telles que Big Joe Turner. C’est ainsi qu’en 2010, ils publient l’album Sweet Soul Blues qui fait connaître au grand public leur identité musicale, alliant blues, soul et funk.

malted milk, love tears guns
Photo: Renaud Defoville

Leur dernier album studio en date sorti en 2014, Milk & Green, est né de leur collaboration avec la chanteuse Toni Green qui fut notamment choriste pour les productions du label Hi Records, pour lequel enregistrèrent entre autres Al Green, Don Bryant et Ann Peebles. Cinq ans plus tard, les voici de retour avec leur nouvel opus Love, Tears & Guns, dont la sortie est attendue le 24 mai prochain sur le label Mojo Hand Records créé en 2017 par Arnaud Fradin. Cet opus s’ouvre en douceur par « Some Tears You Need To Shed », qui captive immédiatement par le jeu éloquent de Damien Cornelis à l’orgue, ainsi que les rythmiques relâchées et « groovy » assurées par le batteur Richard Housset et le bassiste Igor Pichon. Cette entrée en matière donne le ton général de l’album, car ce sont effectivement des rythmiques assez modérées, mais néanmoins très efficaces et sensuelles, qui marquent la plupart de ses chansons. Parmi elles, figure cependant le tonique « Branded By Your Love », au tempo résolument énergique qui semble réaffirmer la fonction première des chansons up tempo de soul et de funk : la danse.

À travers Love, Tears & Guns, on retrouve avec plaisir le style développé par Malted Milk depuis ses débuts. Celui-ci emploie des éléments tirés des chansons de funk et de la soul sudiste popularisée par les artistes des labels Stax et Hi Records ou encore de Muscle Shoals : par exemple, un jeu de batterie marquant le backbeat (accentuation du 2e et 4e temps de la mesure binaire) avec une grosse caisse et une caisse claire généralement en premier plan, ainsi que des sections de cuivres percussives et servant souvent de ponctuation dans le discours musical. De même, elle s’appuie sur des lignes de basse dont le rôle mélodique est central. Celles-ci s’affirment entre autres pendant la chanson « Children Of The World », dont le très beau solo de guitare électrique est interprété par Arnaud Fradin et sublimé par sa pédale « wah-wah ». Le guitariste et leader du groupe ne manque pas non plus de fougue dans des chansons plus énergiques, par exemple dans « Branded By Your Love », dans laquelle certains de ses licks (courts motifs utilisés dans les solos, les lignes mélodiques et l’accompagnement) rappellent ceux de Steve Cropper, musicien du label Stax qui accompagna notamment Otis Redding et Sam & Dave. On y savoure également les interventions mélodiques du second guitariste Max Genouel lors des refrains. Notons également que sur le plan harmonique, la musique de Malted Milk se rapproche ici davantage de la musique soul et du funk que du blues, du fait de ses parcours tonaux diversifiés et donnant souvent lieu à des modulations plutôt habilement amenées.

malted milk, love tears guns
Photo: Jean-Marie Jagu

Parallèlement à ce fort ancrage dans la musique soul et funk des années 60 et 70, le blues qu’affectionnent Arnaud Fradin et ses compères n’est pas absent pour autant. En témoigne la chanson « Your Daddy Has A Gun », à l’ostinato hypnotique articulé sur le mode de mi pentatonique et dans laquelle la guitare électrique du frontman occupe un rôle de premier plan. Dans un registre assez différent, la chanson « Pay Day », seul morceau acoustique de cet album, s’oriente vers une esthétique plus posée et apparentée à celles du revival folk des années 60. Elle nous permet d’apprécier le timbre chaleureux de la guitare acoustique, en même temps que l’on apprécie la rythmique discrète de la batterie de Richard Housset et le jeu d’orgue placide de Damien Cornelis.

malted milk, love tears guns
Photo: Jean-Marie Jagu

La présence des sections de cordes sur les arrangements de nombreuses chansons apparaît comme un élément nouveau dans la musique de Malted Milk. Cet aspect la rapproche ainsi de celle des artistes du label Stax pendant les années 70 et de la Philly soul (soul de Philadelphie) de la même période. Cette dimension orchestrale occupe par moments une place très importante dans l’espace sonore, ce qui atténue parfois celle des autres instruments comme la guitare électrique, notamment dans « To Build Something ». Cependant, ces parties de cordes offrent tout de même une texture instrumentale qui, bien que classique, reste plaisante. Elles s’avèrent même subtiles et savoureuses à l’écoute de « Children Of The World », dans laquelle leur timbre s’allie de façon harmonieuse avec celui de la guitare électrique en pédale « wah-wah » et celui plus percussif de la batterie.

Outre l’instrumentation, l’influence des grands interprètes de blues et de soul est bien évidemment perceptible à travers la voix légèrement nasillarde d’Arnaud Fradin, qui bénéficie par moments du soutien des choristes Laurence Le Baccon et Julie Demoulin. Dans la ballade nostalgique « More And More », la voix de tête du chanteur rappelle par moments celle d’artistes comme Al Green et Curtis Mayfield, autre éminent guitariste de soul qui fut le leader et le compositeur du groupe The Impressions. Cette chanson fait également entendre de délicats accords de piano électrique joués par Damien Cornelis et des sections quasi chorales de cuivres assurées par Vincent Aubert au trombone et Pierre-Marie Humeau à la trompette. Leurs interventions, tantôt en unisson, tantôt polyphoniques, évoquent immédiatement celle des Memphis Horns du label Stax. Dans « Pay Day », au contraire, la vocalité d’Arnaud Fradin adopte un timbre plus grave et une prosodie parfois légèrement irrégulière qui peut rappeler celle de Leonard Cohen.

malted milk, love tears guns
Photo: Jean-Marie Jagu

Comme le souligne le titre Love, Tears & Guns, les chansons de l’album de Malted Milk traitent de l’amour, des joies, des peines et des violences qui lui sont associées, des thèmes plus que centraux dans l’immense majorité des chansons soul et blues. Ainsi, tandis que « The Best in Me » met en scène un amour salvateur et que « To Build Something » retranscrit l’allégresse qui caractérise très souvent le sentiment amoureux, « Branded By Your Love » exprime la notion d’abandon et de perte de contrôle qu’il peut parfois susciter. De même, d’autres chansons expriment davantage les affres de la jalousie (« It Ain’t Time For A Change ») ou la tristesse ressentie suite à la fin d’un amour (« Pay Day ») dont le souvenir peut parfois revenir nous hanter tel un fantôme (« More And More »). Sur d’autres aspects, elles abordent aussi de façon juste notre approche parfois difficile des troubles qui agitent le monde contemporain et choquent les plus jeunes générations. C’est notamment le propos au centre de « Children Of The World », qui raconte le désarroi et l’impuissance d’un père en réponse aux questions inquiètes de son fils face à l’état du monde moderne. Monde qui est menacé notamment par le capitalisme exacerbé, dérive que dénonce explicitement la chanson « Money ».

Avec ce septième album, les musiciens de Malted Milk confirment une fois de plus leur habileté à s’approprier des références soul, blues et funk, en une synthèse personnelle qui fait leur identité musicale propre. Elle s’incarne ici dans des chansons inspirées et sensibles qui, à l’égal du visuel de la pochette de l’album réalisé par la graphiste Nakissa Ashtiani, devraient toucher les cœurs de leurs auditeurs. À mettre donc dans toutes les mains et toutes les oreilles…

malted milk, love tears guns
Visuel: Nakissa Ashtiani

L’album Love, Tears & Guns de Malted Milk sortira le vendredi 24 mai sur Mojo Hand Records.

Leur tournée passera le 24 août prochain au Snap Jazz Festival de Pont-Labbé (29).

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BD AUDE MERMILLIOD, IL FALLAIT QUE JE VOUS LE DISE EN DESSINS

Raconter son avortement, c’est ce que Aude Mermilliod souhaite nous dire dans sa deuxième BD. Elle le fait avec une franchise et une sensibilité totale. Un album remarquable à mettre entre les mains de toutes les femmes. Et de tous les hommes.

BD MERMILLIOD

IVG, trois lettres qui claquent comme un slogan en cette période où ce droit chèrement acquis par les femmes est de plus en plus remis en cause. Au delà de ce combat, on oublie souvent l’acte médical lui même et les conséquences psychologiques qui en résultent. Car l’IVG n’est pas anodin, neutre, et Aude Mermilliod qui y a eu recours en 2011, dans sa BD Il fallait que je vous le dise témoigne de toutes les souffrances et des incompréhensions qui l’ont assaillie, et l’assaillent encore.

BD MERMILLIOD

Dans cette deuxième BD, qui fait suite au remarquable Reflets changeants, l’auteure poursuit son trait, directement attaché à la banalité apparente du quotidien. Elle dessine la vie de nous tous, sa vie et ses moindres interstices dans lesquels se glissent des moments essentiels. Lorsque on l’avait rencontrée au cours d’un salon BD en octobre, accompagnée de Tripp, avec qui elle réside à Montréal, elle nous avait fait part de la parution de cette BD au printemps, avec dans la voix, une émotion non feinte. Car il s’agit bien de cela, raconter « ce foutoir émotionnel que nous procure cette possibilité d’avoir ou non un enfant » et « d’entrer dans les zones d’ombre dont ne parle pas assez ».

BD MERMILLIOD

Dans la première partie de la BD, elle se représente sans fard, sans embellissement, « pas épilée et avec ses bourrelets » dans un processus chronologique précis, de la connaissance de la grossesse à l’acte médical lui même, en passant par toutes les phases de déni, d’acceptation, de refus. Tout, Aude Mermilliod, montre tout, mais avec le talent qui lui est propre, celui de la délicatesse, de l’honnêteté, de la vraie pudeur, le dessin permettant de montrer ce que la crudité des mots peut cacher. On la suit pas à pas, comme dans un journal quotidien, y compris dans cette salle d’opération où tout ne dure que quelques minutes, mais des minutes qui marquent une vie. On comprend alors l’ambivalence des sentiments, la solitude liée à l’incompréhension des autres, y compris des femmes qui ont connu cette situation, la souffrance physique. Mais la qualité du travail de Aude Mermilliod, est de montrer, y compris dans les moments les plus sombres, les recoins poétiques de la vie, comme celui de regarder un arbre grandir, ou d’offrir son corps nu à un paysage. Et de savoir dessiner le silence quand celui ci est nécessaire.

BD MERMILLIOD

On peut se poser alors la question de savoir quel est le rôle des hommes dans cette histoire, à qui la dessinatrice dédie également son ouvrage eux « qui ne vivent pas ce deuil dans leur corps, qui épaulent malgré leur propre peine, sans toujours comprendre ». L’écrivain Martin Winckler, mais aussi médecin engagé à côté des femmes dans leur combat pour la libéralisation de l’IVG, qu’il a pratiquée pendant de nombreuses années, apporte dans la deuxième partie de la BD des réponses à cette question. Aude Mermilliod, le rencontre, le dessine, trace le parcours d’un homme qui veut aider les femmes, les accompagner, mais qui les comprendra véritablement grâce à Yvonne, une infirmière. Une femme. Ce témoignage du corps médical complète magnifiquement les tourments de ce « deuil-qui n’en porte pas le nom- qu’est l’avortement ». L’auteur de Le Choeur des femmes, animé des meilleures intentions, est lui aussi assailli de doutes, sur son action, ou plutôt sur la manière de mener son action.

BD MERMILLIOD

Les deux regards conjugués de Aude Mermilliod et de Martin Winckler, composent une mosaïque où les slogans n’ont pas cours, où les simplifications sont écartées. Ils racontent ce qui est rarement dit avec délicatesse et intelligence. Une formidable BD où la dessinatrice nous invite, comme sur la couverture, à prendre notre souffle, pour écouter la voix des femmes. « Il fallait que je vous le dise », un titre en forme de nécessité.

Il fallait que je vous le dise de Aude Mermilliod. Avec la participation de Martin Winckler. Éditions Casterman. 164 pages. 22€.

RENNES DIMANCHE 2 JUIN 2019, PETIT MARCHÉ DE L’ART HALLES MARTENOT

Le Petit Marché de l’Art revient à Rennes pour une seconde édition qui se tiendra le dimanche 2 juin 2019. La jeune création rennaise entend faire vibrer les Halles Martenot place des Lices le temps d’une journée haute en couleur. Venez découvrir les artistes plasticiens de la métropole. En partenariat avec Unidivers.fr.

 

 

rennes halles martenot petit marché art

Au programme : travaux d’artistes, ateliers, animations, restauration sur place et vente aux enchères. Après le succès de la première édition du Petit Marché de l’Art (LPMA 2017) à l’Hôtel Pasteur de Rennes, puis aux Halles Martenot (LPMA 2018), le Petit Marché de l’Art revient pour une troisième édition qui aura lieu le 2 juin 2019. Le temps d’un dimanche, plus d’une centaine d’artistes rennais de disciplines plastiques différentes se réunissent pour exposer leurs œuvres dans un lieu mythique au cœur de la capitale bretonne : les Halles Martenot.

PROGRAMMATION DIMANCHE 2 JUIN 2019, 11h-19h
Au programme de la journée :
– Une ​exposition collective des oeuvres. Chacun des artistes présents sur l’événement dispose d’un espace dédié pour présenter ses travaux. Chaque artiste choisit une oeuvre qu’il présente au vote du public et accepte de mettre aux enchères si elle remporte les votes. Chacun peut disposer de son espace pour présenter autant d’oeuvres que voulu, une seule étant “en lice”.
– *Nouveauté* Cette année un ​mur d’oeuvres rassemblant une production de chaque artiste composera une mosaïque de 26 mètres de long visible depuis l’entrée : un bel aperçu des travaux exposés lors de l’événement.
– Un ​vote du public.​ Chaque visiteur se verra distribuer une enveloppe de 5 gommettes, à attribuer à ses 5 oeuvres préférées.
– Une ​vente aux enchères​. A l’issu du vote du public, les 10 oeuvres ayant reçues le plus de voix seront mises aux enchères. La vente sera animée par Maître Jezequel, commissaire priseur de Rennes Enchères. Les visiteurs auront la possibilité d’enchérir pour obtenir leur oeuvre favorite.
– Divers ateliers artistiques et créatifs gratuits organisés par ART2RENNES à destination des visiteurs (quelque soit leur âge), ainsi que des animations/happenings​ tout au long de cette journée.
Entre autres :
– Jam Session par le Collectif Asarue (graffiti)
– Ateliers initiation : Ebru (marbrage sur papier), mosaïque
– Oeuvres participatives : Coloriages géants, Fibre optique
– Atelier création de cartes postales dessinées
– Et d’autres surprises à découvrir le jour J
– Une ​boutique commune avec divers objets produits par les artistes : cartes postales, reproductions, stickers…
– Un espace restauration sur place, pour manger un morceau ou se désaltérer dans une ambiance conviviale.
– *Nouveauté* Cette année, une tombola est organisée afin de soutenir l’association organisatrice ART2RENNES. De nombreux lots à gagner : reproductions d’oeuvres artistiques, temps d’ateliers, initiations à des techniques plastiques…

HALLE MARTENOT RENNES

Consacré à l’art contemporain local, le Petit Marché de l’Art veut refléter les spécificités multiples de la scène artistique rennaise. L’intention des organisateurs est de faire du Petit Marché de l’art un rendez-vous offrant à découvrir les talents qui œuvrent près de chez vous et d’acquérir à prix modéré des pièces originales, dans un cadre novateur favorisant l’échange. L’objectif de cet événement est de faire découvrir à la population rennaise une partie de ses artistes locaux, le tout dans une ambiance ludique, créative, et décomplexée.

Une participation active du public
Les visiteurs seront invités à voter pour leurs œuvres préférées. À l’entrée, une enveloppe d’accueil leur sera distribuée avec l’intégralité des informations sur les artistes exposés et les temps forts de la journée, ainsi que 5 gommettes. Ces gommettes seront à coller sur les cartels des œuvres proposées à la vente aux enchères, en fonction des préférences de chacun. Pas de jury de professionnels, ici, ce sont les visiteurs qui décident !

FUNDA TOKAC
Funda Tokac. Uyku, desin sur ebru

Une vente aux enchères
Les 10 œuvres ayant reçu le plus de voix de la part du public seront mises aux enchères le jour même en fin de journée. Les visiteurs auront donc la possibilité d’acquérir les œuvres pour lesquelles ils auront le plus voté. C’est l’occasion d’acquérir simplement une œuvre unique, et pour certains, de s’initier à ce que sont les ventes aux enchères. La vente aux enchères aura lieu dans l’enceinte des Halles Martenot et sera animée par Maître Jezequel, commissaire priseur qui a accepté de se prêter au jeu pour la seconde fois.

Plus de 1000 m2 d’exposition
Situées en plein cœur de Rennes, les Halles Martenot sont un lieu incontournable de la métropole. Édifiées à la façon Baltard en 1870 par l’architecte J.B. Martenot, elles sont un lieu chargé d’Histoire. Avec leur marché hebdomadaire et les divers événements culturels et professionnels qu’elles accueillent, elles sont un lieu de rencontre, de découverte et de convivialité phare de la vie de la population du centre-ville. Avec plus de 1200 m2 de surface exploitable, les Halles Martenot sont l’écrin idéal pour venir découvrir les trésors de créativité déployés par les artistes locaux. Pouvant accueillir jusqu’à 1300 personnes, les visiteurs sont attendus en nombre pour cette journée artistique.

Les artistes exposés
C’est dans les Halles Martenot que l’association Art2Rennes accueillera plus de 100 artistes plasticiens travaillant sur la métropole. L’un des objectifs de l’association est d’ouvrir la possibilité d’exposer aux artistes rennais, et ce, quel que soit leur niveau de reconnaissance, afin de leur donner une visibilité inédite. Ainsi, professionnels, en voie de professionnalisation et autodidactes se mêleront pour présenter leurs travaux côte à côte. L’exposition étant ouverte à toutes les disciplines plastiques, la variété des productions présentée saura séduire tout un chacun. Peinture, dessin, graffiti, sculpture, céramique, collage… : il y en aura pour tous les goûts !

Petit Marché de l’art, dimanche 2 juin 2019 de 11h à 19h, Halle Martenot, Rennes. Par l’association art2rennes.

Les Halles Martenot, Place des Lices
35000 RENNES
Entrée gratuite
Animations et ateliers gratuits
Restauration payante sur place
Transports
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immédiate

ART2RENNES
L’ASSOCIATION ART2RENNES. RÉSEAU D’ARTISTES PLASTICIENS

Art2Rennes est une association loi 1901 née après le premier Petit Marché de l’Art, réalisé en avril 2017 à l’Hôtel Pasteur. L’association est basée à Rennes et se propose de contribuer au dynamisme de la scène artistique du bassin de vie de la métropole rennaise. Elle s’y emploie par l’ organisation d’événements culturels donnant à voir le potentiel créatif artistique de la ville tel que le Petit Marché de l’Art. Elle est également un réseau d’entraide entre artistes ouvert à tous les plasticiens de la métropole, qui créent ensemble des outils concrets pour donner une meilleure visibilité de leur travail, ainsi qu’un accès plus facile aux ressources de la métropole pour avancer dans leur parcours. En outre, elle a pour vocation de favoriser les rencontres et les liens entre public et artistes, de proposer des espaces d’échange, d’expérimentation, de découverte et de création collective. Art2Rennes tente de réduire les inégalités culturelles en rendant visibles et accessibles à tous des pratiques artistiques locales variées, et d’encourager ainsi la mixité sociale et générationnelle.

L’équipe organisatrice de l’association est composée d’artistes plasticiens aux pratiques variées, animés par l’envie de réaliser des projets communs.

Les permanences du réseau art2rennes ont lieu chaque samedi de 11h à 13h chez « Pool d’Art » 49 Bd de la Liberté, Rennes.

Contact : art[@]2rennes.fr

Téléphones : Vera : 06.61.51.43.97

LE MONDE EST BLOSNE, ENTRETIEN AVEC L’ÉCRIVAIN OLIVER ROHE

Actuellement en résidence au Triangle, Oliver Rohe est le quatrième écrivain du projet d’écriture collective Blosne, mode d’emploi, mené depuis 2016. Il animera une rencontre mardi 12 mars 2019. Unidivers a pu échanger avec lui ainsi qu’avec Charles-Édouard Fichet, directeur du Triangle, et Sabine Helot, chargée du projet.

TRIANGLE RENNES BLOSNE MODE D'EMPLOI,
En novembre 2016, Oliver Rohe, Emmanuel Ruben et Arno Bertina étaient présents au Triangle pour le lancement du projet Le Blosne, mode d’emploi. Et Unidivers vous en parlait déjà !

UNIDIVERS : Pouvez-vous nous rappeler l’intention de Blosne, mode d’emploi, et comment vous avez réuni quatre auteurs autour de ce projet ?

CHARLES-EDOUARD FICHET : L’objectif de ce projet du Triangle est de parler du quartier du Blosne, mais en le fictionnant, faire un point d’histoire, laisser une trace, mais en racontant quelque chose par l’art du récit. Sabine Helot a suggéré l’idée de travailler à partir du modèle de Georges Perec (La Vie, mode d’emploi, 1978).

GEORGES PEREC LA VIE MODE D'EMPLOI
George Perec, La Vie, Mode d’emploi, Paris, Hachette, 1948.

À l’époque, Mathieu Larnaudie venait d’achever sa résidence au Triangle (2015). C’est un écrivain très intéressé par la question politique, ce qui construit une société, avec ses acteurs politiques. Pour un autre travail qu’il avait préparé pendant sa résidence, il avait interrogé des élus locaux, il en avait suivi un. Tout de suite cette idée l’a séduit, il la trouvait complémentaire de ce qu’il venait de faire.

MATHIEU LARNAUDIE RESIDENCE TRIANGLE
SABINE HELOT : Il a transmis notre appel à projets dans son réseau. Très rapidement nous avons eu le retour qu’Arno Bertina et Oliver Rohe étaient intéressés, et qu’ils avaient déjà l’intention de travailler sur un projet collectif resserré à trois ou quatre.

UNIDIVERS : Ce sont trois auteurs du collectif Inculte

inculte collectif revue édition(À l’origine collectif d’écrivains réunis autour d’une revue créée en 2004, Inculte devient une maison d’édition à partir de 2011. Il est aujourd’hui composé de Philippe Aronson, Bruce Bégout, Arno Bertina, Alexandre Civico, Claro, Mathias Enard, Hélène Gaudy, Mathilde Helleu, Maylis de Kerangal, Mathieu Larnaudie, Stéphane Legrand, Benoît Maurer, Nicolas Richard, Charles Recoursé, Oliver Rohe et Jérôme Schmidt)

OLIVER ROHE : Avec Inculte, nous avons l’habitude de faire des livres collectifs, nous avons déjà écrit un roman, des essais, des livres. Pour un tel projet, je crois qu’il était nécessaire d’avoir l’habitude de travailler ensemble. Nous avons chacun des subjectivités différentes, nous arrivons à un moment du quartier différent, à un moment de nos vies différent. S’il n’y a pas un dénominateur commun pour nous permettre de travailler ensemble, c’est compliqué. Même quand on se connaît depuis quinze ans, il y a toujours des échanges, parfois houleux, mais qui font partie du processus. Mais on sait que c’est toujours du débat, qu’il n’y a pas de vexation, comme ça peut être souvent le cas avec les écrivains.

UNIDIVERS : Blosne, mode d’emploi rejoint-il des intérêts particuliers du collectif Inculte ?

OLIVER ROHE : Nous avons publié plusieurs ouvrages sur la ville, j’en ai écrit, Arno Bertina aussi, ce n’est pas une matière qui nous est étrangère. La question formelle, aussi, est quelque chose qui nous excite tous : comment écrire un livre à plusieurs, comment inventer à plusieurs ? Le but est de trouver une forme inédite en travaillant à plusieurs. L’avantage n’est pas de juxtaposer des individus, mais de créer une entité tierce qui serait elle-même à l’origine des idées formelles du livre.

UNIDIVERS : Et comment Emmanuel Ruben a-t-il été associé au projet ?

OLIVER ROHE : J’avais lu son blog au moment où il était en séjour à Jérusalem. Il a fait de très bons textes sur la géographie des lieux, les populations, la démographie. Des choses qu’on ne lit pas forcément dans la presse quand on parle de ce sujet là. Inculte s’est intéressé au blog qui a été remanié et publié en livre sous le titre Jérusalem terrestre. Pour Blosne, mode d’emploi il s’agit aussi d’écrire sur un territoire précis, une géographie, une population, une démographie, j’ai donc pensé à lui. Il est aussi légèrement plus jeune que nous et pourrait avoir une vision plus fraîche des choses. Et il s’est plutôt bien inséré au projet. Il revenait d’un long séjour en Serbie, et il débarque au Blosne, boulevard de Yougoslavie…

EMMANUEL RUBEN JERUSALEM TERRESTRE
Emmanuel Ruben Jérusalem terrestre, Paris, Édition Inculte, 2015.

EMMANUEL RUBEN JERUSALEM TERRESTRE

SABINE HELOT : Oui il a fait une belle résidence. Il était très présent sur le quartier, il y habitait vraiment. Après avoir été absent de France pendant deux ans, il redécouvrait le pays par le prisme du Blosne. Il a vu des choses qui l’ont vraiment touché et cela correspondait aussi à un moment de questionnement sur ce qu’il allait faire après. Emmanuel allait beaucoup en direction des individus, Arno Bertina plutôt vers les acteurs et notamment ceux du chantier de rénovation urbaine du Blosne.

arno bertina emmanuel ruben
Après leur résidence respective en 2017 et 2018, Emmanuel Ruben (droite) et Arno Bertina (gauche) sont revenus au Triangle en décembre 2018 pour une soirée tenant de la conférence littéraire autant que de la rencontre.

UNIDIVERS : Et vous, Oliver Rohe, quelles problématiques animent votre travail d’écrivain et que souhaitez-vous aborder au sujet du Blosne ?

OLIVER ROHE
Cliquez sur l’image pour trouver sa bio sur le site d’Inculte.

OLIVER ROHE : Mes livres ont pour point commun de parler des questions de mémoire et de langues, et de la façon de représenter la guerre et la violence en général, soit par la fiction, soit par les essais. Je travaille aussi sur la question de l’exil. Ce qui m’intéresse d’une façon générale rejoint les préoccupations du Blosne, quartier d’immigration où il y a constamment de nouveaux arrivants, qui restent ou partent au bout d’un an ou deux. Dans la dernière migration en date, il y a beaucoup de Syriens, même si la France n’en a pas accueilli beaucoup. Il s’agit  pour moi de savoir comment s’est passé leur départ de chez eux, leur arrivée, des processus extrêmement compliqués.

quartier blosne
Grand ensemble des années 1960, le Blosne est un quartier du sud de Rennes, parfois surnommé la ZUP sud. « Les premiers arrivants au Blosne sont les migrants du centre Bretagne venus travailler à Rennes, et les ouvriers qui ont construit le quartier », explique Charles-Édouard Fichet, directeur du Triangle.

UNIDIVERS : Quelle a été votre première impression sur le quartier ?

OLIVER ROHE : C’était un paysage étranger pour moi, différent de ce à quoi j’ai l’habitude, c’est ce qui m’intéresse. Je suis frappé par la faculté des gens à s’engager les uns pour les autres ici, à s’aider, à trouver des parades. Donc à faire de la politique là où la politique ne les aide pas, je trouve ça fascinant.

UNIDIVERS : Comment se déroule la résidence au quotidien ?

OLIVER ROHE : Ces deux derniers mois, j’ai rencontré énormément de gens, surtout des Syriens. J’ai fréquenté les cours de langues dispensés par l’association Tous pour la Syrie, qui dispose d’une salle au Triangle le mercredi. J’ai rencontré des travailleurs sociaux, des médecins, des psychologues. Un peu dans toutes les directions, mais, pour ce qui me concerne, je cherche vraiment à travailler sur la question de la migration dans les centres. Sur l’arrivée et sur ce que cela signifie de partir.

Un des volets politiques du projet est de déconstruire les représentations communes sur les quartiers. La représentation des immigrés et des migrants en particulier. Combien de fois entend-on dans les discours politiques que ce sont des gens qui viennent pour toucher le RSA ? Il suffit d’entendre un Syrien parler pour très vite comprendre que c’est un récit politique qui n’a rien à voir avec la réalité. Raconter pourquoi ils sont partis, comment, c’est déjà une épopée. Ils font preuve d’un héroïsme impressionnant. Et leur aventure requiert un deuxième héroïsme : l’arrivée en France, sans en connaître ni la langue, ni les codes, ni l’administration. L’État aide un tout petit peu. Heureusement, il y a beaucoup d’associations et de volontaires qui aident, mais l’essentiel du boulot reste pour eux. Et de ce que j’ai vu, il n’y en a pas un qui manque de motivation. Les volontaires non plus d’ailleurs. Nombre d’arrivants soulignent l’effort qui a été fait pour les accueillir, ils n’ont aucune parole négative sur la France ou sur les gens qui les ont aidés. Pour avoir rencontré des acteurs sociaux du quartier, c’est évident que la part d’engagement politique des gens est phénoménale et, semble-t-il, propre à la Bretagne et à Rennes.

tous pour la syrie rennes
Tous pour la Syrie est une association rennaise datant de 2012 et qui a pour buts d’apporter une aide humanitaire et médicale gratuite à la population syrienne à l’intérieur ou à l’extérieur de la Syrie et de développer l’amitié et la solidarité entre le peuple français et le peuple syrien.

UNIDIVERS : Deux soirées au Triangle sont aussi prévues, le mardi 12 mars et le mardi 2 avril. La première est une soirée carte blanche autour du thème du rapport à l’étranger porté en soi, à laquelle vous invitez Zeina Abirached et Hélène Ling. Pouvez-vous nous en dire plus ?

OLIVER ROHE ZEINA ABIRACHED HELENE LING TRIANGLE

OLIVER ROHE : Le thème de la soirée rejoint les mêmes préoccupations. Zeina Abirached est Franco-libanaise, elle fait des romans graphiques, elle est là pour parler de deux de ses derniers livres. Le Piano oriental (2015) parle de son grand-père qui a inventé le piano oriental. Elle mêle à cette histoire celle de sa propre migration en France au début des années 2000.

ZEINA ABIRACHED le piano oriental
Zeina Abirached, Le Piano oriental, Paris, Casterman, 2015.

Prendre refuge, son dernier livre, écrit avec Mathias Enard, parle des réfugiés syriens en Allemagne.

PRENDRE REFUGE ZEINA ABIRACHED MATHIAS ENARD
Zeina Abirached et Mathias Enard, Prendre refuge, Paris, Casterman, 2018.

Hélène Ling est une romancière dont le dernier livre, Ombre chinoise, est une déconstruction assez géniale de l’idée d’origine, qu’elle met en miroir avec le western, ça a l’air conceptuel comme ça, mais c’est vraiment un livre très riche et une écriture prodigieuse. Elle a des origines chinoises, que contrairement à moi elle ne peut pas cacher, et cela fait partie du livre.

HELENE LING OMBRE CHINOISE
Hélène Ling, Ombre chinoise, Paris, Rivages, 2018.

La soirée du 2 avril sera une rencontre à la médiathèque, nous invitons les gens à venir parler de leur livre préféré et je présenterai moi-même des auteurs.

SABINE HELOT : Il y aura également une soirée le 22 mai qui sera une forme de premier bilan. L’historien Patrick Boucheron interrogera les quatre auteurs réunis sur leur expérience.

UNIDIVERS : Blosne, mode d’emploi est à la fois un programme d’action culturelle et un projet d’écriture collective. Quel est votre point de vue sur ces deux dimensions ?

OLIVER ROHE : L’action culturelle c’est d’une part ces soirées, mais aussi le fait d’aller voir les gens. Le simple fait que je sois en résidence au Triangle signale qu’il y a un peu de culture mise en évidence ici, ce dont certains ne se doutent pas.

J’ai habité pendant longtemps à Berlin, et j’ai participé à un volume collectif sur ce sujet. À l’époque c’était encore une ville artistique pas chère pour les pauvres, mais qui connaissait déjà les débuts de la gentrification. C’est un peu ce que le Blosne vit actuellement avec les travaux de rénovation urbaine. Le moment où la gentrification arrive et où l’ancien est encore présent est celui où il y a une pluralité maximale. Ici les travaux commencent, on sait que le quartier peut changer progressivement de visage. C’est une photographie de ce moment du Blosne qu’on veut donner.

Blosne Rennes
Blosne actuel. « Putain c’ qu’il est blême, mon HLM ! », Renaud, « Dans mon HLM », 1980.

UNIDIVERS : Avez-vous déjà une idée de ce à quoi ressemblera le roman ?

OLIVER ROHE : Nous nous sommes inspirés de La Vie, mode d’emploi de George Perec pour trouver une trame narrative qui permette de parler de ce quartier d’une manière qui ne serait pas statique. Comme il y a des travaux de rénovation urbaine importants dans le quartier, on a pensé à calquer la chronologie du livre sur l’avancée des travaux en décrivant comment les gens se positionnent par rapport à ça, l’usage qui est fait de la ville. Cela parle forcément de transformations. C’est une tentative de fixer quelque chose qui bouge tout le temps. Les habitants du quartier changent énormément. Quand on a commencé, le bâtiment à la sortie du métro (Quadri) n’existait pas. Ce ne sont pas des choses mineures. On s’est dit que c’était une bonne manière de raconter à la fois une ville, la façon dont les habitants consomment cette ville, mais aussi une manière formelle de travailler. Est-ce qu’un livre fonctionne avec un plan préétabli qu’on viendrait simplement appliquer, ou est-ce que ce plan se modifie et se transforme au fur et à mesure de l’écriture. En réalité c’est ce qu’il se passe.

Mais comme il s’agit d’écrire sur un lieu et une population plurielle, le but n’est pas de tout faire rentrer dans une narration à suspens. C’est aussi une photographie des gens qui sont là. C’est cet équilibre-là qui est complexe à trouver. Entre le tableau et la nécessité d’avoir une forme qui avance.

UNIDIVERS : C’est le détail de la vie quotidienne que vous souhaitez mettre en avant ?

OLIVER ROHE : La politique ce n’est pas forcément les grands principes, c’est la pratique du quotidien. Lorsque cette pratique est entravée ou au contraire favorisée, cela témoigne d’une politique plus générale. Quand j’ai rencontré un groupe d’adolescent avec Sabine Hélot, la première chose qui est ressortie de la discussion avec eux, c’est l’ennui. Parce qu’ils ont juste une salle disponible au Triangle le mercredi après-midi, le reste du temps ils sont dehors, ou ils vont au centre commercial. Quel parcours propose-t-on aux jeunes ? Cela montre qu’il y a des carences à combler. Les îlots autonomes formés par les grands ensembles empêchent un plus grand brassage, plus de rencontres entre les gens, d’où l’idée du projet de rambla comme à Barcelone pour relier le centre du quartier, ou de lieux comme le Triangle. Un Syrien qui vient ici prendre des cours trouvera aussi un accès à la culture, à de la danse, à une bibliothèque. La politique, ce n’est jamais des gestes spectaculaires quand il s’agit d’une ville.

UNIDIVERS : Merci à vous Oliver Rohe, Charles-Édouard Fichet et Sabine Hélot.

Le Blosne, mode d’emploi est un projet de roman écrit par quatre auteurs. Ses personnages sont créés à partir des témoignages d’habitants complices, mais non identifiables. Ce roman devrait paraître en janvier 2021.

LOGELLOU Y2K19. LIVE LOOPING À PENVÉNAN

Philippe Ollivier est un musicien, sculpteur de son, développeur. Voilà trente ans qu’il plonge les mains, au sens propre comme au figuré, dans la matière acoustique pour l’apprivoiser, la transformer, la sublimer. Cette marque de fabrique l’a amené à la création d’un outil numérique très apprécié par d’autres musiciens qui ne peuvent plus concevoir une partie de leur travail sans ce petit bijou breton, made in Penvénan : Logelloop.

LOGELLOOP

C’est le cas encore aujourd’hui de Michel Aumont, clarinettiste de St-Brieuc, qui n’est pas pour rien dans cette invention, puisque Philipe Ollivier a commencé cette longue aventure grâce à l’un de ses spectacles. Échange de bon procédé, Michel Aumont est l’un des quatre musiciens bretons à l’affiche du Logelloù Y2K19, avec Jean-Luc Thomas, Christophe Correc et… Philippe Ollivier.

Michel Aumont présentera un extrait de sa toute dernière création en avant-première devant de prestigieux artistes venus des USA, de Tchéquie, d’Allemagne. En faisant un tour sur le site du clarinettiste, vous noterez qu’il y est fait d’emblée mention d’un looper sophistiqué, Logelloop.

Son savoir-faire de la boucle musicale lui permet de jouer seul et de s’accompagner avec un matériau qui se compose en temps réel, tel un jongleur performeur. Il raconte son instrument et souffle sa musique pour en faire ressortir toutes les voix intérieures.

Avant de créer Logelloop et de se produire dans des Loopfest à Paris et à l’étranger, Philippe Ollivier a travaillé sur bande, comme un projectionniste de cinéma. Le couper-coller artisanal prenait du temps et nécessitait pas mal d’ingéniosité. C’était avant l’ère numérique, quand fils et micros envahissaient encore les plateaux. Philippe Ollivier a beaucoup appris dans l’art de « bricoler » les sons. Quand de nouveaux outils sont arrivés sur le marché, le musicien ne s’est pas contenté de rechercher ce qui pouvait le mieux convenir à sa pratique et à sa passion d’ancien ingénieur du son. Il est devenu en 2002 créateur et développeur de logiciel.

À cette différence qu’ici la machine ne prend jamais le pas sur ce que veut l’artiste, et surtout sur ce qu’il ne veut pas.

Avec Logelloop, explique Philippe Ollivier, c’est paradoxalement déconstruire des boucles sonores qui m’intéresse le plus et explorer la transformation du son en temps réel pour définir des perspectives, un langage, qui intègrent pleinement les potentialités énormes de l’outil numérique en matière de création, de son spatialisé.

Après deux Loopfests aux USA, deux autres au Mexique, Philippe Ollivier a su se créer un réseau international au-delà des usagers du Logelloop. Il a saisi le bon moment pour faire découvrir tous ces univers en Bretagne, permettre aux artistes de se croiser dans un cadre privilégié.

Cette année, nous recevons par exemple la chanteuse Laurie Amat, organisatrice du Loopfest de la Providence aux USA. En 2020, c’est le créateur du concept, Rick Walker, percussionniste californien, qui viendra ouvrir le Y2K20 à l’occasion de l’anniversaire de la 1ère édition en 2000.

LOGELLOU Y2K19

En Asie, le loopfest est une sorte de long festival itinérant. Petit à petit, le Logelloù prend sa place dans ce paysage culturel du Live Looping que le public est amené à découvrir du 23 au 26 mai dans le Trégor grâce à plusieurs temps forts dont les deux soirées du jeudi et du vendredi à Penvénan qui feront date dans les archives, comme les rencontres du dimanche dans le cadre bucolique de la Roche Jagu de 12h à 19h.

À noter également la tenue dune conférence-concert à Lannion le samedi 25 mai, à 17h « comment j’ai loopé mes musiques, avec Laurie Amat, Friedrich Glorian et Emmanuel Reveneau ou encore le concert multi-média de Jean-Luc Thomas à la Sirène avec son « Oficina ». Si vous êtes impatient, ou tout simplement curieux, le site du festival vous permet d’accéder au site web de chacun des artistes invités.
Grâce à la mobilisation autour du festival Logelloù Y2K19, La Bretagne, terre de festival par excellence, joue son rôle dans la constitution de ce réseau mondial en respectant la tradition. En Europe, les loopfest ont lieu au printemps. D’un prototype de logiciel créé en 2002 à une manifestation aussi originale et inédite au programme de la Fête de la Bretagne 2019, il y a tout une histoire qui méritera d’être racontée un jour. Peut-être par les héritiers de ces explorations musicales particulièrement poussées, dans des directions très différentes, mais qui se retrouvent au carrefour d’une pratique partagée : le Live Looping.

Le Logelloù organise sa première LoopfestAu programme, quatre jours de découvertes, concerts, rencontres et spectacles.

Le Logelloù & Association Fur Ha Foll
2, rue de Pen Crec’h
22710 Penvénan
02 96 43 93 57
07 81 47 88 15

UNE DÉFLAGRATION D’AMOUR, TOUTES À L’ÉCOLE DE TINA KIEFFER

Tina Kieffer fait paraître Une Déflagration d’amour aux éditions Robert Laffont. C’est l’histoire d’une aventure humaine formidable, celle de Toutes à l’école, une association fondée par l’ancienne journaliste française qui permet la scolarisation des petites filles du Cambodge. Du futile à l’essentiel, du plus léger au plus profond, une déflagration d’amour peut changer la vie !

Une déflagration d'amour Tina Kieffer
Couverture : © Toutes à l’école.

Hier, à savoir il y a vingt, vingt-cinq ans, donc une éternité pour les jeunes d’aujourd’hui, la télévision était un monstre que d’aucuns adulaient. Par là même, les visages que l’on y voyait semblaient des icônes intouchables. Avec les années et la multiplication des chaînes, avec l’avènement du tout numérique et des chaînes web, les bobines se sont multipliées et attirent moins les « fans ». Encore que ! Certaines vedettes se donnent en pâture à coups de selfies, cela les maintient dans une société du tout à l’ego…

Tina Kieffer, journaliste phare des années 90, appartenait à ces personnes que l’on admirait le vendredi ou le samedi devant une petite lucarne où les téléspectateurs s’agglutinaient en millions, entre des tunnels de pub qui enrichissaient les annonceurs… Puis, la belle a quitté le petit écran en plein succès (l’intelligence de ne pas faire LA saison de trop), pour renouer avec ses premières amours, la presse écrite féminine : elle a créé DS Magazine, puis a pris les rênes de Marie Claire, premier mensuel français où les reportages de fond côtoient des articles plus légers autour de la mode, la cosmétique. Mais pour cette femme hyperactive, maman de quatre enfants — dix mille idées à la seconde —, ce n’était pas suffisant. Tina voulait donner un autre sens, du sens à sa vie de femme, elle voulait s’investir dans un projet humain et humaniste et s’ancrer dans le concret, fuyant paillettes et faux-semblants.

À l’occasion d’un séjour en famille au Cambodge, elle se retrouve face à la réalité du terrain au cœur même d’un orphelinat de la banlieue de Phnom Penh. Elle rencontre de nombreux enfants souvent laissés-pour-compte qui seront destinés dès six ou sept ans soit à des négriers qui les installent douze à quinze heures par jour derrière des machines, soit à des proxénètes… Il faut bien répondre à l’appétit financier des grandes puissances occidentales et aux desiderata de prédateurs sexuels…

Tina Kieffer décide donc de s’investir, de monter une école à Phnom Penh… Tout un programme…

À force d’imagination, d’idées, de ténacité, de volonté, d’énergie, de sollicitation de son réseau, de patience comme d’impatience, encouragée par une équipe qu’elle réunit en des temps records, elle réussit un tour de force : gérée par l’association Toutes à l’école, fondée en 2005 par la journaliste et femme de cœur, une école destinée aux petites filles ouvre ses portes en 2006.

Toutes à l'école Toutes à l'école

Elles seront une centaine pour cette première promotion. Nom de baptême de l’école : Happy Chandara. Pourquoi Chandara ? En khmer, cela signifie lumière d’étoile. C’est le prénom de la petite fille délaissée, maigrelette, que Tina Kieffer avait repérée le premier jour de sa visite dans l’orphelinat et que toute la famille a décidé d’adopter. Aujourd’hui, Théa (Chandara) est une jeune fille de seize ans, sœur des enfants de Tina, qui suit ses études dans l’Ouest parisien. La déflagration d’amour, c’est ce qu’a ressenti cette femme, maman, journaliste, sensible, en lui prenant la main. Cela n’a rien d’un conte, ce sont des choses qui arrivent et qui changent la vie pour toujours.

2019 : Happy Chandara est un complexe scolaire qui accueille quelque 1 400 élèves, de la maternelle au baccalauréat (100 % de réussite en 2018). Ces jeunes filles se destinent souvent à de grandes carrières. Et l’association Toutes à l’école poursuit sa mission humanitaire : donner une chance à des petites filles qui peuvent accomplir des miracles.

Toutes à l'école
Vue aérienne du campus de Happy Chandara avec l’école primaire (bleu) et le centre médico-social (jaune) en avant-plan, le collège (rouge) en second plan et le lycée et l’internat (jaune) en arrière plan. Photographie extraite de la page Facebook de Toutes à l’école.

Toutes à l'école
Promotion 2018-2019.

Au-delà de l’histoire, ici très résumée, Tina Kieffer défend avec justesse combien il est important et nécessaire que les petites filles, les jeunes filles, aient accès à l’éducation, car on sait que ce sont elles, devenues femmes, qui serviront de trait d’union entre les générations. C’est un rôle de transmission capital, pour plus de liberté, de respect, d’égalité et de démocratie. Quant aux politiciens, la journaliste les égratigne parfois, non sans raison : ils stagnent souvent dans le discours alors qu’on a besoin d’actions concrètes sur le terrain. On ne défendra jamais assez le travail pertinent et nécessaire des ONG et des associations.

Bien sûr à la lecture d’Une déflagration d’amour, on est ému. Mais l’émotion nous conduit nécessairement à nous poser la bonne question, jamais dans le jugement, jamais dans la leçon, jamais dans la culpabilisation de la lectrice, du lecteur… Simplement : comment aider l’autre, les autres en donnant du sens à sa propre existence ? Respect entier pour cette démarche très humaniste !

Pour en découvrir davantage sur l’association Toutes à l’école, ou pour parrainer une fillette (pour 30 €/mois, défiscalisés), consultez leur site internet ou leur page Facebook.

Une partie des droits d’auteur de cet ouvrage seront reversés à l’association.

Tina Kieffer, Une Déflagration d’amour, Paris, Robert Laffont, 245 pages. Parution : mai 2019. Prix : 20,00 €.

Tina Kieffer

En 2005, Tina Kieffer a fondé l’association Toutes à l’école qui scolarise aujourd’hui 1 400 petites et jeunes filles sur son campus Happy Chandara au Cambodge. D’abord journaliste à Cosmopolitan, elle a créé le magazine DS et dirigé pendant dix ans le journal Marie Claire. Elle a aussi été scénariste et animatrice-productrice pour la télévision. Une déflagration d’amour est son premier livre.