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Pär Lagerkvist, Pays du soir

Pär Lagerkvist est né en 1891 à Växjo, petite ville du sud de la Suède. Il est mort en 1974. Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1951.

Pär Lagerkvist, Pays du soir aux éditions Arfuyen

Depuis quelques années, même s’il ne devient pas encore difficile de trouver dans les librairies les principaux romans de Pär Lagerkvist (Le Nain, Le Bourreau mais aussi La mort d’Ahasverus, Barabbas ou La Sybille), bien peu d’études me paraissent être consacrées à cet auteur qui reçut le Prix Nobel de littérature en 1951. Je profite de la parution d’un recueil de poèmes somptueux, où chaque vers résonne d’une douloureuse inquiétude métaphysique (par exemple, p. 63 : «Ô puissant, pourquoi ne nous enseignes-tu à lire ton livre. / Pourquoi ne passes-tu le long des signes ton doigt / pour nous apprendre à épeler et comprendre / comme des enfants.»), recueil intitulé Pays du soir (chez Arfuyen, livre à mon sens inutilement postfacé par Charles Juliet) pour publier dans la Zone un vieux texte consacré aux deux romans (il s’agirait plutôt de longues nouvelles) les plus connus de Lagerkvist, Le Bourreau et Le Nain.

«Il s’effrite comme un lépreux sur son trône et le vent sinistre de l’éternité répand sa poussière dans les déserts célestes».
Pär Lagerkvist, Le Bourreau.

«Peut-être le Mal a-t-il une demeure éternelle,
Une aire lointaine, désolée, inaccessible
Où l’on aspire en vain à la rédemption,
Quelque chose d’impérissable comme la lumière même».
Pär Lagerkvist, Genius.

Nous allons tenter d’examiner ces deux étranges récits de Pär Lagerkvist sous le regard le plus déroutant, le seul, vital pour notre temps sans Dieu, regard qui du Christ fait un nain, dénué jusqu’au vertige de la plus petite parcelle de charité, regard qui du Christ fait un bourreau, cette fois digne de pitié. A dire vrai, il eût été plus juste d’inverser les termes de la provocante égalité – et de dire ainsi que Lagerkvist fait d’un nain ou d’un bourreau le Christ, moins même, une figure christique –, mais ce serait faire preuve d’une sotte prudence, et se condamner à sous-estimer la portée du renversement absolu, non seulement des valeurs, mais plus encore du sens de la verticalité, qui se joue dans ces deux œuvres – renversement de sens, inversion de polarité, que l’on trouve déjà dans Macbeth, pièce la plus noire de Shakespeare qui fait du héros éponyme un contre-Christ bien que, dans cette pièce, ce renversement ne soit pas aussi explicite et radical que chez Lagerkvist.
Le Nain (Dvärgen, 1944) donc, Piccolino, qui est l’auteur d’un récit à la première personne, monstrueux comploteur, difforme créature au service d’un prince d’une cour italienne de la Renaissance, qu’un critique et traducteur éminents, Régis Boyer, a tort de confondre avec Satan (dans son Introduction aux Âmes masquées, Flammarion, coll. G.F., 1986; certes, cette identification, le nain l’établit en personne : «Je me sentais comme Satan lui-même, entouré des esprits infernaux»; là pourtant n’est pas l’essentiel). Aussi méchant soit-il, notre nain n’est pas Satan : sa sensibilité délicate s’émeut de beaucoup de choses, de trop de choses, et certains tableaux violents lui donnent une franche nausée. Non, ce nain n’est pas Satan, mais plus : l’adversaire en personne de ce dernier, le Christ. Cette identification va infiniment plus loin que la précédente, puisqu’elle porte le soupçon du Mal au sein même de la divinité, au sein même du cœur du Fils de l’homme, et qu’elle n’érige plus seulement en figure trop évidente le diabolique. Le nain Piccolino est un Christ inverse, inversé, un contre-Christ, c’est-à-dire, un Antichrist, non pas le formidable émissaire du Diable, tout gorgé du sang des martyrs chrétiens que nous décrivent les textes anciens, mais un Antichrist veule, grotesque, méchant – non, intrinsèquement mauvais, Piccolino, comme on dit, a le Mal dans les veines –, un pitoyable solitaire dégoûté de tout et de tous, hormis, peut-être, de son maître, le Prince. Notre nain, c’est le Christ des Temps Modernes, le seul, ridicule et publicitaire, qui puisse convenir à nos temps troubles et oublieux de Dieu. Piccolino est un Christ de carnaval, ridicule mais conforme en tout point à son modèle. Simplement, le petit personnage ne s’est pas avisé qu’il regardait dans une glace son reflet contradictoire. C’est au cours d’une messe carnavalesque qu’il célèbre en personne, que notre nain va acquérir sa stature christique : «Je mange son corps, qui était difforme comme le vôtre», hurle-t-il à l’assemblée uniquement composée de nains, «Il est amer comme fiel, car il est plein de haine. Puissiez-vous en manger tous ! Je bois son sang, qui brûle comme un feu inextinguible. C’est comme si je buvais le mien.» L’opposition entre le nain et le Christ dès lors, de tracer une trame aisément repérable : l’Un est pure donation de Son corps aux hommes, l’autre pure réserve et égoïsme : «Mais je me hais aussi moi-même. Je dévore ma chair imbibée de fiel. Je bois mon sang empoisonné. Sombre évêque de mon peuple, j’accomplis chaque jour mon rite solitaire.» Le Christ vrai ne craint pas de dire qu’Un le surpasse, son Père; l’autre se veut sa propre origine, comme le Démon de saint Anselme de Cantorbéry : «Et je reconnais tout ce qui vient de moi, rien n’émerge des bas-fonds de mon être, car rien n’y est caché dans l’ombre. L’Un apporte la paix, l’autre la guerre farfelue et pitoyable du monstre, de la contrefaçon : «Sauveur des nains, puisse ton feu consumer le monde entier !», et la parodie se poursuit, dans ces quelques lignes par exemple, où Piccolino médite sur la personne du Christ, que Maître Bernardo (masque transparent de Maître Leonardo da Vinci) a représenté lors de la Cène : «La haine a été mon aliment depuis les premiers instants de ma vie, j’ai absorbé sa sève amère, le sein maternel sur lequel je reposais était plein de fiel, tandis que Jésus, lui, tétait la douce Madone, la plus tendre, la plus suave de toutes les femmes, et buvait le lait le plus délicieux qu’ait jamais goûté un être humain.» Remarquons alors que le nain infâme se représente sous les traits de Judas : «Je songeai avec joie que ce dernier allait bientôt être pris, que Judas, recroquevillé dans un coin, ne tarderait pas à le trahir. Il est encore aimé et honoré, pensai-je, il siège encore à sa table d’amour – tandis que je me tiens debout dans la honte !» [Piccolino pose en effet pour Maître Bernardo] «Mais son heure viendra ! Au lieux d’être assis avec les siens, il sera cloué sur la croix, trahi par eux. Et il y pendra nu, comme je le suis en ce moment, aussi honteusement avili ! Exposé aux regards de tous, raillé et injurié. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne subirait-il pas le même traitement que moi ?»

Le second récit, lui aussi bref – à peine plus d’une centaine de pages en édition de poche – pourrait être une sorte de geste du maudit, ici représenté par le personnage du bourreau, une amplification romanesque des quelques dizaines de lignes que le grand Joseph de Maistre consacre à l’exécuteur dans le Premier Entretien de ses Soirées de Saint-Pétersbourg. Ce court texte date de 1933 et a été adapté au théâtre avec Gösta Ekman. Le Bourreau est ce personnage, honni de tous, qui symbolise le Mal absolu. Mais le bourreau qui est le serviteur du Mal, le compagnon préféré de Satan, est le Christ aussi, est le Christ pourtant, est le Christ plus que le Christ. Le Fils de l’homme, qui obsède Lagerkvist dans ses derniers récits, Lagerkvist qui est aux prises avec Lui et qui, comme Jacob avec l’ange, ferraille dur, le Christ que l’on retrouve, mais inversé, dans le très cruel récit Le Nain, comme une contre-épreuve, un petit Christ minable et joyeux de l’être, même pas Satan, rien qu’une caricature grotesque, un parasite informe et atone, content d’être là et de faire le Mal à sa toute petite et puérile échelle, sans aucune ascension de Golgotha, sans désespoir, sans peur de la mort et sans l’angoisse d’être abandonné au dernier moment (car Piccolino n’a pas peur; emprisonné, torturé, il est absolument incapable d’éprouver la peur du Christ face à son agonie. Le nain n’a pas peur, car, dit-il, il ne s’ignore pas : «Et je reconnais tout ce qui vient de moi […]. Aussi n’ai-je point peur de ce qui effraie les autres, de cet hôte bizarre et mystérieux»). A moins que le nain ne soit assimilable au Dieu mort. Il faut ainsi remarquer la similarité de deux scènes, évoquant l’une et l’autre la solitude stupide de ce qui n’a plus aucune raison d’être : la première décrit la vision du Dieu mort dans notre nouvelle, la seconde, celle du nain emprisonné : «Je suis là dans mes fers et les jours passent et il n’arrive jamais rien. C’est une existence vide et sans joie, mais je m’y trouve bien. J’attends d’autres temps qui viendront sans doute. Il n’a sûrement jamais été question que je reste ici pour toujours. Je trouverai bien l’occasion de poursuivre ma chronique au grand jour, comme avant, et l’on trouvera bien, de nouveau, à m’employer. Si je connais bien mon maître, il ne pourra pas se passer de son nain, à la longue.»
Suivons pas à pas la narration de notre deuxième nouvelle – et comprenons que la critique, bien souvent, devrait se contenter de ce seul rôle fort modeste. Et d’abord, ce bourreau, personnage tutélaire et thuriféraire du Mal, ne parle pas, ne vit pas, n’est pas mis en scène autrement que par une présence qui est absence. La nouvelle commence dans une taverne mal famée : «Attablé dans la pénombre de la taverne, le bourreau buvait». C’est tout ce qu’on nous dit ou presque. Immédiatement alors surgit la conversation entre les différents arsouilles qui peuplent le lieu interlope : tous parlent du bourreau, car «Oui, c’est effrayant de ce que les gens sont avides de tout ce qui se rapporte à lui», cet être nocturne, présenté comme l’allié, l’émissaire du Diable : le bourreau est celui «qui se tient si près du Malin». C’est le premier chapitre, qui se termine sur la prise de parole d’un des ivrognes, qui durant tout le deuxième chapitre va raconter l’expérience qu’il vécut jadis, enfant, à laquelle le bourreau fut intimement mêlé : «Il n’est pas facile de connaître à fond le Malin, et lorsqu’on y arrive, on peut avoir des surprises. Ce n’est pas que j’y comprenne grand-chose moi-même, mais un jour le Malin m’a pour ainsi dire tenu entre ses mains et m’a laissé voir son visage. Enfant, ce narrateur momentané a joué avec les deux enfants d’un bourreau, vivant à l’écart du reste des habitations. Ayant pénétré dans sa demeure et s’étant approché d’une épée accrochée au mur, celle-ci a gémi. Aucun doute pour la compagne du bourreau, qui interprète le signe maléfique : c’est par l’épée du bourreau qu’un jour l’enfant devenu adulte périra. La conjuration funeste est défaite, le jour où le bourreau, par trois fois, fait boire dans sa main à l’enfant l’eau d’un puits auquel puise la famille proscrite. «Que Dieu vous bénisse», s’exclame la mère du petit au bourreau. Mais, pour toute réponse, nous dit le narrateur, le bourreau «se détourna». «Le Malin est bizarre, qui peut le nier ?», est la première des constatations à faire, suivie par cette autre, surprenante, «On dirait qu’il y a quelque chose de bon en lui». Il faut faire donc le constat de la force mystérieuse qui gît dans le Mal, capable de sauver une vie que la fatalité enchaînait pourtant à son pouvoir de mort.
C’est là le premier renversement qu’opère le texte : le Mal est bénéfique dans certaines conditions, point ne sert de se le cacher. Jusqu’à présent, le bourreau n’a pas ouvert la bouche, peut-être même n’écoute-t-il pas les histoires que se racontent les hommes. Un deuxième narrateur prend alors le relais du premier. C’est une histoire d’amour qu’il va nous raconter, entre un bourreau et la femme qu’il devait exécuter. Au moment de trancher la tête adorable, il avoue ne pas pouvoir le faire : tout le monde le sait, c’est un motif suffisant – le seul, à vrai dire – pour que la condamnée soit graciée (certes, comme il faut encore préserver la «part du gibet», la femme sera marquée au fer rouge). Hélas, lorsqu’un enfant naîtra au couple singulier, son front sera marqué d’une tache en forme de potence. Horrifiée, l’ancienne condamnée tue son enfant, et pour ce crime elle est enterrée vivante par son propre époux. Après cette deuxième histoire – et le bourreau attablé dans la taverne n’a toujours pas prononcé un seul mot –, un intermède grotesque a lieu, qui fait s’ouvrir la gueule de l’Enfer : le Mal s’y déchaîne, servi par le hideux Lasse, voleur de grand chemin sans main, qui déclare posséder un trésor démoniaque dans l’objet singulier dont il est devenu le possesseur, une mandragore. Lorsqu’il a arraché celle-ci, au pied même de la potence, à l’endroit où l’on enterre les pendus lorsque le vent les a fait tomber, voici ce qu’il a entendu : «Et quand je l’arrachai de terre, il y eut un fracas épouvantable autour de moi, ça grondait et tremblait ! – l’abîme s’ouvrit, du sang et des cadavres en jaillirent ! – l’obscurité se fendit et du feu coula sur le monde ! quelle horreur et quels cris ! – et tout brûlait ! – on aurait dit que l’enfer avait été lâché sur la terre ! – «Voilà que je la tiens ! je la tiens !» ai-je crié !» Mais alors qu’éclatent dans la gargote ces paroles hallucinées, le bourreau, «toujours immobile et comme hors du temps, fixait gravement l’obscurité devant lui». Comme s’il savait depuis longtemps que sa présence néfaste jamais n’allait se démentir tout au long du gouffre des âges futurs, comme s’il voyait déjà la hideuse prolifération du Mal dont il est le serviteur.
Il a raison. Les années ont passé, creusant un peu plus profond le gouffre du Mal. Le quatrième chapitre débute, de nouveau, sur l’intérieur bruyant d’une taverne, quelques siècles après le cadre d’ouverture de la nouvelle, ou quelques heures, peu importe. Le bourreau, une fois de plus, est muet : le Mal en personne se tait, peut-être regarde-t-il – mais rien n’est moins sûr – les hommes – des soldats nazis, nouvelle incarnation temporelle et temporaire du Mal – en train de s’amuser au son d’un orchestre noir. Un dilemme de pensée totalitaire, un meurtre qui le solde rapidement, et puis la bagarre éclate entre l’orchestre et les Allemands. Enfin, après celle-ci, qui se conclut par quelques morts, un soldat interpelle le bourreau, dans un panégyrique qui mêle au salut des nouveaux dieux de la horde, l’exaltation de la sainte violence et la certitude réjouissante que la silhouette puissante du bourreau remplira les guerriers de confiance et de courage. «Heil ! Heil !», crie le soldat au bourreau; mais ce dernier garde le silence, continue à «les regarder sans souffler mot». Puis il prend la parole, pour ne plus la laisser jusqu’à la fin. Oui, à ceux qui en doutaient, il crie qu’il est bien le bourreau. C’est lui qui, depuis les premier âges du monde, vagissants encore depuis qu’ils ont quitté leur berceau d’infamie, c’est lui qui suit pas à pas la carrière frénétique et grotesque des Hommes : «On m’appelle encore et j’arrive, car c’est pour le mal l’époque du rut ! C’est l’heure du bourreau !» Comme Caïn dont il est le frère infortuné, le bourreau, parce qu’il porte sur le front la marque du crime, est condamné à n’être qu’un tueur, pour l’éternité. Selon la logique propre au sacré – sacer : toujours l’étymologie est révélatrice – dont il est la figure mystérieuse et symbolique, le bourreau est le Mal et le Bien, l’exécuteur et sa victime : le bourreau est condamné à servir les hommes, il est aveuglé par leur sang, qu’il répand en larges torrents – condamnations, guerres, sacrifices religieux, etc. –, qui pourtant est le sien, selon cette étonnante préfiguration de la parenté christique : le sang des hommes est celui du bourreau et le sang du bourreau, comme le sang vivificateur du Fils de l’homme, circule en l’humanité. Il porte, pas moins que l’absurde Sisyphe, un fardeau: il est, selon ses paroles, le seul à le faire : «Je dois porter vos fardeaux, suivre vos chemins sans me lasser, tandis que dans vos tombeaux vous reposez depuis longtemps. Qui creusera une tombe assez profonde pour me cacher ? Pour me donner la paix ? Qui soulèvera de mes épaules le fardeau de la malédiction et me procurera le repos de la mort ? Personne !», s’exclame le bourreau, car «personne ne serait capable de porter ce que je porte.» Personne ? Ne reste-t-il pas, même pour le pire des criminels, même pour le Gilles de Rais le plus délectablement pervers, le recours d’adresser ses prières à Dieu ? Non, répond le bourreau, car Dieu, cela est sûr depuis belle lurette, est mort et bien mort. À dire vrai, le bourreau a certes éprouvé le désir de parler au créateur, mais à une époque reculée, à «l’époque où il y avait encore un Dieu», afin, nous dit-il, de «plaider [sa] cause devant lui». Plus précisément encore, la veille de la grande exécution accomplie par le bourreau, celle d’un homme qui se prétend le sauveur des hommes, qui s’appelle le Messie, qui a prêché la paix sur la terre. Incompréhension du bourreau qui s’entretient quelque instant avec le pauvre diable: pourquoi la paix nécessite-t-elle que meurt celui qui la désire et aspire à elle de ses vœux, de toutes ses forces de Dieu ? C’est, répond étrangement l’homme qui se prétend le fils de Dieu, une «convention mystique» entre lui et son père. Pourtant, au moment de l’agonie, et juste avant celle-ci, lorsqu’il s’agit d’aider le condamné à porter la croix sur laquelle il va être cloué par le bourreau, nul autre que ce dernier ne se trouvera pour l’aider. Lui seul est venu à son secours et nul autre, car, bien entendu, «son fardeau pesait moins que ce [que le bourreau] porte d’habitude pour les hommes». Le bourreau est donc devenu Simon de Cyrène, – pas encore le Christ –, comme, auparavant (dans la narration, non dans la logique temporelle, mais qu’importe ?), il avait aidé le jeune enfant, ou encore sauvé celle qu’il allait épouser. Au moment de le mettre en croix, le Christ murmure «Je te pardonne, frère» au bourreau, dont un témoin prétend qu’alors la marque inscrite sur son front disparut. Parce que le Christ a appelé frère le bourreau, celui-ci a l’impression de crucifier son propre frère : désormais, cette certitude sera inébranlable dans l’esprit du tortionnaire. Après la mort du Christ et la profération de son cri formidable – «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?» –, le bourreau, assis près du lieu du supplice, a l’idée d’aller parler à Dieu. «Je quittai la terre et m’élevai dans les cieux», nous dit le personnage, comme dans les vieilles apocalypses juives, «où du moins l’air n’est pas étouffant et fade. J’ai marché, marché, je ne sais combien de temps. Il habitait terriblement loin, Dieu. Enfin, je le découvris trônant devant moi, grand et puissant, dans l’immensité céleste.» Alors le bourreau parle, comme il ne l’a jamais fait ni ne le fera plus jamais. Comme on dit, il se déverse, car comment ne pas conter sa misère au Dieu de tous les âges ? Cela est inutile, car nous assistons à la vision du Dieu mort qui «s’effrite comme un lépreux sur son trône. Mais il ne me voyait pas. Ses yeux bombés, au regard vide comme le désert, fixaient toujours l’espace. Je fus pris de crainte et d’un désespoir au-dessus de mes forces. «Aujourd’hui j’ai crucifié ton propre fils !» lui criai-je, fou de rage. Mais aucun trait de son visage dur et impassible ne bougea. Il semblait taillé dans la pierre. Seul dans le silence et le froid, je sentais le vent de l’éternité me glacer. Il n’y avait rien à faire. Personne à qui parler. Rien. Je dus reprendre ma hache et rebrousser chemin. Je compris que le crucifié n’était pas son fils. Il faisait partie des hommes et ce n’était pas étonnant qu’on l’eût traité comme ils ont l’habitude de traiter les leurs.»
Le texte, bien sûr, est superbe : il nous fait penser à telle page de Dostoïevski – la légende du Grand Inquisiteur ? – et nous permet de saisir le retournement par lequel désormais le bourreau va pouvoir se prétendre Christ. Comment L’autre pouvait-il se dire Sauveur, alors qu’Il n’est pas même capable de venir en aide au bourreau, celui-là même qui en a le plus pressant besoin ? Non, le Christ véritable, le seul que méritent les hommes inhumains, c’est lui, le Mal incarné, le bourreau, abandonné de tous, mais présent fantastiquement, alors que l’autre, le frère supplicié, est parti et qu’il n’était pas, d’ailleurs, le fils de Dieu. «Mais moi, je suis le Christ, je vis !», crie le bourreau, qui alors n’aspire, comme son frère abandonné, qu’à se faire crucifier, bien qu’il sache que jamais sa croix ne sera dressée, car le Mal sans aucun doute n’aura pas de fin et, s’il en avait une par hasard, qu’en ferait-il, lui ? Est-ce que pour autant cela amoindrirait son indicible souffrance ? Est-ce que pour autant ses crimes lui seraient pardonnés ? «Et néanmoins j’aspire à cela. A ce que ce soit fini, à ce que ma culpabilité cesse d’augmenter. J’aspire au moment où vous [vous, les hommes] serez effacés de la terre et où mon bras pourra enfin retomber. Aucune voix rauque ne se lèvera plus vers moi, je serai seul et en regardant autour de moi je comprendrai que tout est accompli. Et je m’en irai dans la nuit éternelle», conclut-il, désespérément. Désespérément ? Certes, la profondeur de l’angoisse atteinte dans ce court récit, l’irréparable doute porté sur la divinité du Christ, la certitude définitive de la mort de Dieu, enfin la pérennité de la mission du bourreau et de la présence du Mal, enté au plus intime des flancs de l’humanité, tout cela plaide pour une noirceur irréfragable. Mais il reste, encore une fois comme dans l’œuvre du grand Russe, le secours de la femme, de l’amour que celle-ci porte à son compagnon de misère. Qui est-elle ? Nul ne le sait, pas même le bourreau : «Je ne sais pas qui elle est, mais elle est bonne pour moi. Quand la nuit est tombée, elle passe sa main sur mon front et me dit que la marque au fer rouge a disparu. Elle ne ressemble à personne, elle peut m’aimer. J’ai demandé aux hommes qui elle est, mais nul ne la connaît.» Dans un univers renversé, inversé, mis sens dessus dessous depuis que Dieu est mort, au point que le bourreau est le seul à pouvoir prétendre remplacer un Christ misérable et abandonné, sans que cela ne puisse même pas – plus ? – nous choquer, il ne reste plus rien qu’une morne route qui se fraie son passage au creux d’une Mer Rouge de gibets, de cadavres et d’abominations: mais au loin, c’est peut-être bien le soleil rescapé de l’amour qui luit encore.

Juan

Le Bourreau et Le Nain, ainsi que les titres majeurs de Lagerkvist sont publiés par les éditions Stock, dans la collection de poche Bibliothèque Cosmopolite.

Le retour des rockers dans la cité bretonne

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Rennes, ville de Rock. Il y a trente-trois ans, qui l’aurait cru ? Dans cette ville bourgeoise, où les chignons façon grand-maman tenaient encore lieu de coiffure standard, il fallait être un peu fêlé pour créer les Trans Musicales. Mais grâce à l’énergie des Bordier, Macé et Brossard, le festival est désormais ancré dans la ville.

Durant un week-end prolongé, une horde de musiciens débarquent dans la cité rennaise, arrivant tout droit de New York, de Finlande ou encore d’Australie. Dans la ville, les Rennais croisent des hommes et des femmes aux blousons de cuir et aux jeans délavés, avec en guise de talismans autour du cou : des passes droits marqués du sceau Trans.

L’air dégagé, les cernes sous les yeux, l’haleine fétide et la démarche de « branleurs », on les aime nos musicos, nos rockers, nos chanteuses et nos groupies. Il y a un je-ne-sais-quoi de concerts à ciel ouvert dans le centre-ville. C’est Franck Margerin et sa clique qui déboulent. C’est Métal Hurlant qui rugit salle de la cité et c’est Kurt Cobain qui ressuscite. Les Trans revivent une fois l’an pour donner à Rennes ses lettres de noblesse. Dans Libé, les journalistes parlent de nous. Dans les Inrocks, les critiques en font des tonnes et dans Le monde, on glose sur le phénomène des Trans.

Loin de nous de faire du reno-rennais, mais bon… Il suffit de voir Stéphane Eicher le sourire aux lèvres à la Trinquette. Il suffit de croiser Yann Tiersen un brin fatigué sur les trottoirs rennais pour se dire : « Moi, je l’aime ma ville ». Bien sûr, il existe bel et bien des chroniqueurs parigots jetant l’opprobre sur nos nuits festives. Un brin bobos, ils ne supportent pas le mélange des genres, l’hétérogénéité des aficionados des Trans. Mais au diable le snobisme, Rennes a besoin des Trans comme une bouffée de rock dans l’hiver pluvieux.

Car les Trans, c’est la pluie qui tombe sur les contrebasses et qui mouillent les visages des étudiantes à la mèche rebelle. Les Trans, c’est un porche glauque où l’on fume une clope en prenant la pose. Les Trans, c’est un bar miteux, le 1929, où les rencontres sont improbables entre le quinquagénaire blanchi par l‘alcool et le jeune « raveur » au look de militaire junky.

Dans quelques semaines, nous retrouverons les Trans pour sa 33e édition du 30 novembre au 4 décembre. Cinq jours de folie s’achevant toujours un dimanche dans les brumes musicales, teintées de fêtes, de gueules de bois et de libations en tous genres. Et c’est tant mieux et tant pis pour les grincheux.

Sallie Ford aux Trans > De la pop ingénue aux allures de midinettes sixties

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En concert aux Trans, Sallie Ford and The sound outside plaira aux fans de pop acidulé et de rock perché. Venant tout droit de Portland, la jeune femme a un faux air de Janis Joplin. Là s’arrête sans doute la comparaison. Elle descendrait plutôt de Little Eva et de Ruth Brown, trempées dans la discographie des Beatles.

 

Accompagnée par trois musiciens aux looks juvéniles et binocleux, Sallie a la bouche d’une pin-up et la voix gospel. Rien de tel pour créer un univers à la mode sixties ou seventies. Sallie Ford, c’est la pop l’air de rien, le rock énergique et la culture de l’insolite musical. On est même parfois dans la musique be-bop.

Avec leur dernier album, Dirty radio, la nostalgie des belles années n’est jamais loin, mais elle est totalement assumée. Elle au service d’une musique efficace et de l’Amérique des reds necks aux couleurs de Nova FM. Bienvenue à OK Chorale teintée de guitares (Jeffrey Munger), de basse et de contrebasse (Tyler Tornfelt et Ford Tennis).

Sallie Ford pourrait créer la surprise aux Trans, emportant le cœur des rockers et la raison des amateurs de pop. Il y a un je-ne-sais-quoi de ludique dans cette formation américaine. On aime sa rythmique, son ambiance so « cool » et ses envolées lyriques à la manière d’une chanteuse oubliée, Carmel. Elle est en concert le 2 décembre, aux Trans, avec ses trois compères.

Benetton provoque > Le pape risposte

Benetton a lancé mercredi une campagne publicitaire intitulée Unhate. Elle met en scène une demi-douzaine de grands dirigeants politiques en train de s’embrasser.

Ainsi, en-va-t-il du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou en train s’embrasser, mais aussi de Barack Obama et Hugo Chavez, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
Elle viserait à promouvoir la tolérance et l’amour universel à travers une série de photomontages. Mais foin de cette philanthropie soudaine de l’entrepreneur qui n’est pas à son premier coup d’essai en termes de provocation.
Le photomontage était des plus provocateurs, la réaction du Vatican des plus vives. Quelques heures après la plainte du Vatican, l’entreprise de prêt-à-porter a retiré la publicité de cette manifestation d’affection. La technique de Benetton est bien rodée : ce nouveau coup médiatique aura créé le buzz.

 

 

David Lynch Crazy clown time

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Comme Unidivers l’annonçait cet été, David Lynch ajoute une casquette publique à son arc artistique. Du son cyber-indus qui nous rappelle qu’“un coup de dés jamais n’abolira le hasard” (Mallarmé).

Il fait du cinéma, il crée de l’art et il compose de la musique depuis longtemps. Cette dernière n’avait jamais quitté son garage jusqu’à maintenant. Certes, il a participé à des expériences, mais jamais comme ici avec un album tout entier. Si l’on met entre parenthèses l’effet positif comme négatif de sa notoriété pour s’en tenir à la musique proposée par cet album, on obtient un disque assez rassurant.

La première assurance vient du fait que le résultat est très lynchien. Étrange comme il faut, barré dans le juste ton.  L’ambiance est proprement électro-industrielle. On est embarqué dans un étrange vaisseau pour un voyage lointain vers une autre galaxie.

Un disque d’une qualité indéniable, mais totalement barrée. Ce qui au final fait du bien. Un disque qu’il faut écouter la nuit dans un état second. Autrement dit : à n’écouter que dans une disponibilité d’écoute et d’imagination à se créer soi-même.

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David Lynch Crazy clown time

Guide Bretagne insolite et secrète

Apprenez pourquoi un saint breton est au cœur du mystère sacré de la dynastie mérovingienne, découvrez comment les Templiers ont hérité des traditions celtes les plus secrètes et comment les menhirs peuvent être vus comme une véritable acupuncture de la planète, assistez à la seule véridique réunion de druides accessible au public, découvrez l’existence du grimoire magique de Mérode à Rennes, passez les chaînes de saint Léonard à votre enfant pour lui apprendre à marcher, marchez dans un village englouti sous un lac que l’on vide tous les 10 ans, visitez le manoir où serait en réalité né Napoléon, faîtes bénir votre cheval par un prêtre, participez au championnat du monde de lancer de menhir, priez devant une touffe de varech qui sert d’ex-voto. Terre de légendes et de mystères, la Bretagne regorge de lieux cachés où la magie et le fantastique ne semblent pas si loin de la réalité. Loin des foules et des clichés habituels, le guide de la Bretagne nord insolite et secrète les révèle aux habitants et aux voyageurs qui savent sortir des sentiers battus.

Un guide touristique d’une petite maison d’édition à découvrir ? Oui, et pour plusieurs raisons. D’une part, un format très pratique : fin, petit en largeur. Il se glisse parfaitement dans un sac – un élément essentiel pour un guide pratique. D’autre part, il faut souligner la qualité matérielle de l’ouvrage : une couverture solide, des pages en papier glacé épaisses où les photos sont d’une qualité parfaite.

Quant au contenu, il est à l’avenant. Ce guide a été pensé tout aussi bien pour une personne souhaitant se rendre en vacances en Bretagne (Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor et Finistère Nord) que pour un résident breton qui souhaiterait redécouvrir sa région côté lieux rares. D’une manière générale, c’est la ligne éditoriale des éditions Jonglez : “Les lieux qui se trouvent dans nos guides, qui ne figurent pas dans les guides traditionnels, sont insolites et/ou méconnus et permettent de sortir des sentiers battus.
Le livre est organisé autour des trois départements (pour rappel, Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor et Finistère Nord). Au début de chaque partie, une carte de chaque territoire avec des numéros : les lieux à découvrir. Pour en parler, une grande photo illustre un petit paragraphe d’explications. Au-dessus de celui-ci, le nom du lieu, l’adresse ainsi que toutes les informations nécessaires si besoin est. Ainsi, lorsque les charmes d’un camping suspendu (Plum’arbres) sont vantés, les tarifs, le nécessaire à apporter et les plages d’ouverture sont précisés. Des encadrés verts permettent aux auteurs de faire des apartés historiques et de conter des légendes aux lecteurs. L’aspect culturel est donc bien présent.
À la fin de l’ouvrage, un index thématique déploie un éventail des différents types de lieux à découvrir : Curiosités, Esotérisme, Héritage industriel, Histoire, Hôtels Restaurants Chambres d’Hôtes, Légendes, Menhirs Dolmens, Religion, Traditions, Templiers. Lire un extrait.

Un petit guide thématique original et bien fait. À recommander.

Guillaume Musso > Seras-tu là ?

Et si l’on nous donnait la chance de revenir en arrière ? Elliott, médecin réputé, père comblé, ne s’est jamais consolé de la disparition d’Ilena, la femme qu’il aimait, morte il y a trente ans. Un jour, par une circonstance extraordinaire, il est ramené dans le passé et rencontre le jeune homme qu’il était alors. Les années 1970 battent leur plein à San Francisco, Elliott est un jeune médecin passionné et plein d’ambition. Fera-t-il cette fois le geste décisif qui pourrait sauver Ilena ? Saura-t-il modifier son implacable destin ?

Que voudriez-vous changer si vous aviez la possibilité de revenir dans le passé ? C’est ce qu’Elliott se voit proposer par un Cambodgien dont il vient d’opérer le petit fils.
Atteint d’un cancer des poumons à soixante ans, Elliott va souhaiter revoir la femme qu’il a toujours aimée et qui est morte trente ans auparavant. Pour cela, le voilà projeté en 1976. Il a trente ans, il est jeune, il est beau, il est amoureux. Un peu insouciant aussi.
Guillaume Musso nous entraîne dans une histoire fantastique où le voyage dans le temps devient réalité. Le personnage d’Elliott de 60 ans va rencontrer l’Elliott de 30 ans et tenter d’influencer sur sa vie. Le problème c’est qu’il prend conscience que s’il sauve Ilena – sa bien-aimée de l’époque, – sa fille Angie n’existera probablement pas dans le futur. Tout le roman s’organise autour de cette problématique : comment sauver Ilena et Angie ?
Voilà donc l’intrigue du roman. Il n’y a rien de plus à ajouter, car le récit ne va guère plus loin. L’histoire reste sympathique. Un peu comme de la chick-lit, ce genre de lecture peut être un en-cas entre deux lectures plus recherchées. Le style est simple, les phrases bien tournées. Rien de transcendant donc, mais c’est bien fait et c’est assez plaisant.
Ce jugement en demi-teinte concerne également les personnages. Ils sont très basiques et pleins de bons sentiments ; néanmoins, ils ne sont pas ennuyeux. Peut-être leur peu de développement découle-t-il du fait que  l’auteur place toutes ses cartes sur la question d’une possible modification du passé et tous les travers inhérents.

Une lecture sympathique, mais guère inoubliable.

Marylin Millon

Frédéric Lenoir

 Dans le cycle de ses  conférences, l’association rennaise Nouvelles Convergences propose une  rencontre avec Frédéric Lenoir le 15 décembre.

Directeur du Monde des Religions, écrivain réputé pour ses essais sur la spiritualité et ses romans évoluant dans le même univers (à l’image de son récent Petit traité de vie intérieure), intervenant régulier dans l’émission C dans l’Air et animateur-producteur des Racines du Ciel,  il donnera une conférence intitulée La spiritualité : avec ou sans Dieu ?

Il y abordera des thèmes récurrents dans son travail : Qu’est-ce que la spiritualité ? Quelles sont les clés d’une sagesse universelle ? Quelle différence entre religion et spiritualité ? Dieu parle-t-il encore à nos contemporains? Quelle différence entre une spiritualité religieuse et laïque ? Exister est un fait, vivre est un art.

Pratique : 15 décembre 2011, 20.30, à Rennes (salle le Triangle, boulevard de Yougoslavie, Rennes)

Nouvelles Convergences propose également deux autres conférences avant la fin de 2011 :
Christophe André, Vivre en pleine conscience, mardi 22 novembre, 20.30, Le Triangle, Rennes
Stéphane Allix, Face à l’extraordinaire, mardi 6 décembre, 20.30, Salle du Ponant, Bd Dumaine de la Josserie,

Alice au pays des champs libres

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Alice au pays des merveilles :le merveilleux à portée de mains

Jusqu’à la mi-mars 2012, l’espace culturel « Les Champs Libres » présente le monde imaginaire d’Alice au pays des Merveilles. Loin de Paris où paraît-il le culturel est une exception, cette exposition force le respect. Le visiteur laissera poindre une émotion. Car la petite madeleine de Proust n’est jamais très loin.

Rien d’intellectuel et de prise de tête dans cette exposition, loin de là. On est dans la nostalgie. Rien que dans cette nostalgie qui soigne les affres de la vieillesse. Comme Alice, pénétrons vite dans le couloir de l’imaginaire et croquons le gâteau magique « Eat me ». Car une fois cette précaution prise, l’univers de la petite fille de Lewis Caroll se dévoile comme dans un tourbillon culturel. Le visiteur est sollicité par son imagination, son intellect et ses émotions. Il entre par une porte pour en sortir par une autre. Et à chaque fois, Alice séduit le petit garçon et fait rêver la petite fille.

Loin d’être un simple accrochage et une présentation érudite, l’expo des Champs Libres convainc par sa mise en scène soignée. Elle donne l’impression d’être en mouvement par des détails intensément « carollien » : des chaises et les pendules qui volent, des portes qui s’ouvrent vers nulle part et des miroirs qui se déforment. Ici et là, on est dans le ludique artistique et dans la poésie enfantine.

Dans ce monde coloré, les visiteurs retrouvent avec plaisir les fleurs qui chantent, le lapin toujours en retard et la reine des cartes. Ils n’en reviennent toujours pas d’avoir découvert Alice en brune, Alice au cou démesurément long et Alice en comédienne holywoodienne. Car là est l’intérêt de cette exposition. Elle fait la part belle aux différentes adaptations d’illustrateurs (on pense à Mary Blair), de cinéastes (le surréaliste Svankmajer) ou de musiciens (Jefferson Airplane) séduits par la protégée du professeur Lewis Caroll.

De l’autre côté du miroir, on passe aisément afin de côtoyer Alice dans le merveilleux. Une aventure un brin facilitée par l’interactivité de cette exposition, utilisant à bon escient vidéos, ipad et écrans tactiles. On est comme assis dans un fauteuil. Mais attention le dossier de chaise peut se transformer en écran télé du plus bel effet. Alice est un délice, Caroll un brin…“fol”.

Images d’Alice, au pays de merveilles, exposition du 25 octobre au 11 mars 2012. Tarifs plein : 4 euros. Tarif réduit : 3 euros. Découverte à 5 : 14 euros. Gratuit pour les moins de 8 ans et pour les moins de 26 ans le mardi après 18 heures. Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, 35 000 Rennes. Tél. 02 23 40 66 00.

Insolite, J’en pince pour le homard des Halles Rennes

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A Rennes, sous les grandes halles, il y a les fromagers, les bouchers, le boucher chevalin, les vendeurs de fruits et légumes… En revanche, peu de promeneurs prêtent attention aux viviers où barbotent les homards et autres tourteaux. Ils sont nos copains pourtant….

 

Depuis que la poissonnerie La Mouette a fermé ses portes rue Saint-Hélier, difficile de trouver du poisson de qualité dans le centre-ville de Rennes. Heureusement, il reste encore une adresse courue par les vieux Rennais et Rennaises : Les halles centrales. Dans ce temple de la bonne bouffe où l’entendrait presque la voix de Jean-Pierre Coffe, les poissonniers sont encore deux. Sur leurs étals, l’arrivée du jour attire le chaland, bien souvent des retraités à la tête blanche de souvenirs. Elevés à la fin de la Guerre, ils ont le portefeuille bien rempli et une attirance certaine pour les Saint-Jacques.

Bien souvent encombrés par leurs cabas, nos cheveux blancs jettent peu de regard sur les viviers des Halles. Tant pis pour eux… Ces sauvoirs, au nombre de quatre, font en revanche le bonheur des enfants. Les homards bleus de Chausey, les araignées de Saint-Malo et les tourteaux de nulle part intriguent nos chères têtes blondes aux yeux devenus soudainement globuleux. Par mimétisme sans doute… Il est dommage toutefois que les bacs soient un peu hauts. Mais finalement, on se dit que ce n’est pas si mal pour les petites menottes de Pierre, Paul, Jean et leurs petits copains.

Car ces petites bêtes sont dangereuses. Il faut du doigté et de l’expérience pour éviter le coup de pince. Laissons donc aux poissonniers le soin de les manipuler et observons longuement nos amis les crustacés. Ils ont la fâcheuse habitude de se camoufler derrière leurs congénères. A croire qu’ils trouvent notre faciès bien laid, immonde et terriblement humain dès qu’on les observe du coin de l’œil.

Fort heureusement, crabes et autres homards retrouvent leur sérénité dès le soir venu. On dit qu’ils s’en donnent alors à cœur joie sous les halles. On dit même que l’on entend des « clacs, clacs » surprenants. Ces bruits étranges proviennent sans aucun doute de la marche des tourteaux sur le carrelage de notre marché couvert. J’en pince décidément pour le homard et les crabes.

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Insolite : J’en pince pour le homard des Halles Rennes

Insolite > Paris à la campagne

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Notre-Dame du Touchet se situe dans le sud-Manche, à quelques encablures de Saint-Hilaire du Harcôuêt.

Dans le sud-Manche, Notre-Dame-du-Touchet était dans les années quatre-vingt la commune d’un brocanteur un rien facétieux. Natif du coin, l’homme travaillait du chapeau, pardon… de la casquette. Récupérant un stock de vieilles plaques de rues de Paris, il a eu l’idée saugrenue de les poser ici ou là dans son petit village.

Avec l’accord du maire de l’époque, Claude Lebigot, les plaques de fonte ou en émail ont fleuri aux quatre coins du village. Aujourd’hui, une seule manque au tableau celle de l’avenue du Général de Gaulle. Une nuit, elle a été descellée par un mauvais bougre . Heureusement, les soixante autres n’ont pas bougé d’un iota au grand dam des agents des postes et télécommunications.

Les agents de Poste sont un peu perdus

Au hasard de votre promenade, promenez-vous en plein milieu du village le long du boulevard de la Chapelle, dans la rue de Varennes et la rue interdite aux voitures. À pas de loup, prenez le temps de découvrir la place de la Pucelle, le rond-point des Champs-Élysées et la rue de l’Egalité qui rejoint le cimetière communal.

Dans cette traversée de Paris pas du tout ordinaire, dénichez sur l’ancienne départementale 84 la signalisation de la bouche de métro de la porte de Vanves. Avec un peu d’imagination, elle vous mènera au bistrot du village, rue de Suresnes, à l’angle de l’avenue des Ternes et à la boulangerie. En dégustant le teurgoule du coin, ne manquez pas enfin la place de la République, l’avenue Foch, le passage des Épinettes et… l’avenue Patton. Au moment du Débarquement, lors de la Seconde Guerre mondiale, le célèbre général américain fit une halte remarquée, se souviennent les anciens du village.

Trans > On the road again !

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Du 12 au 26 novembre 2011, 12 dates de concerts sont programmées dans les salles partenaires du Grand Ouest. Écho annonciateur du festival, la Tournée est la pierre angulaire du processus d’accompagnement artistique de l’ATM. Ce dernier a pour objectif principal d’accompagner les artistes locaux programmés sur le festival, vers la professionnalisation, en leur apportant selon leurs besoins, les clefs d’une insertion durable dans le milieu. Prélude aux Trans, la Tournée offre l’opportunité à ces groupes de s’y préparer en multipliant les expériences, tout en bénéficiant de la dynamique de visibilité du festival. Pour info, retrouvez l’avant-présentation détaillée du programme publiée par Unidivers.

Jeudi, à l’Ubu (Rennes centre), venez soutenir les nantais de Backpack Jax, les normands Jesus Christ Fashion Barbe, et les rennais des Spadassins ! Des compilations des 33èmes Rencontres Trans Musicales seront offertes aux 150 premiers arrivants ainsi que des Pass à gagner pour le Festival !

BACKPACK JAX

Boogie Monsta vient de Nantes. Mauikai, de Miami. Ces rejetons du hip-hop le plus chaleureux (A Tribe Called Quest, The Fugees) et de la soul la plus classieuse (Al Green, Stevie Wonder) auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais il n’est pas de hasard, il est des rendez- vous…
Aujourd’hui, le tandem métissé (des origines irakiennes pour lui, cubaines pour elle) dessine un rap syncrétique, mariant un chant onctueux à un rap nerveux. Des accointances avec Hocus Pocus, de nombreuses dates aux États-Unis et surtout, un premier album paru cet automne (Remember The Future) placent définitivement BACKPAK JAX au rang des valeurs sûres du hip-hop international.
BACKPACK JAX est soutenu par Trempolino, structure de formation & d’accompagement des artistes de la Région Pays de La Loire.
pour aller plus loin…

JESUS CHRIST FASHION BARBE

Comme Gablé, ce trio vient de Caen et partage avec LA révélation 2009 un certain sens de l’absurde – jugez de ce nom ! Mais ne vous arrêtez pas à ce patronyme surréaliste. Loin du second degré rédhibitoire, JESUS CHRIST FASHION BARBE possède une tripotée de chansons importantes. Et déploie une pop vive et nerveuse, pas loin du Wedding Present (le hit Pimp) ou de Sebadoh (cette coolitude apparente). Bref, des enfants des années 90 qui ont fait l’école buissonnière chez les bons disquaires, et se permettent également de titiller la nouvelle scène folk orchestrale.
Mine de rien, ces trois messies que personne n’attendait pourraient bien créer la surprise.
Jesus Christ Fashion Barbe est accompagné par Le Cargö, Salle de musiques actuelles de Caen.

LES SPADASSINS

Casquettes à la Beatles, chaussures italiennes dans le plus pur style mod, guitares et amplis vintage : en plein coeur de Rennes, les SPADASSINS res- suscitent le Swinging London et l’esprit de Carnaby Street. Mais ce n’est pas qu’une affaire de look ou d’attitude. Musiciens déjà confirmés – on reconnaît ici plusieurs membres de Dadds, A Cake A Room ou Bumble Bees désormais rejoints par Fred Gransard, le chanteur de Bikini Machine –, ces SPADASSINS jouent un mélange de rock et soul sixties avec une fougue et un enthousiasme qui forcent l’admiration. Bien plus qu’un simple revival : un tourbillon rétro et moderne à la fois.
Les SPADASSINS font partie des 8 groupes accompagnés par l’ATM lors de la Tournée des Trans Musicales.

 17 NOVEMBRE - UBU - GRATUIT

Béatrice Alemagna > La gigantesque petite chose

Un jour d’été elle est passée par là, juste à côté des pieds de Bastien. Il y en a qui la trouvent dans les odeurs, dans les regards, dans les bras des autres. Les gens la poursuivent sans arrêt. Parfois ils essayent de se la procurer avec de l’argent ou de l’enfermer dans une boîte. Mais impossible de la garder, elle ne fait que passer. En virevoltant comme une feuille, elle se pose sur une épaule. Puis s’envole déjà, disparue tout à coup. Cette petite chose invisible, et gigantesque pourtant, qu’un jour quelqu’un a appelée bonheur.
Si la littérature pour les adultes à ses génies, celle pour nos petites têtes blondes n’est pas en reste. Le livre de Béatrice Alemagna est simplement formidable !  L’histoire de cette chose que chacun de nous recherche est une jolie et douce histoire. Mélange de philosophie et de poésie, ce conte nous transporte dans un monde cotonneux et soyeux. Dans un monde où ne sont présents que joie et bonheur. A noter : le fait que la palette artistique de l’ouvrage soit une sorte de melting-pot constitue une très bonne idée. Une belle leçon de vie et un instant de belle fragilité. Pour enfants et… grands enfants.
Autrement, sept. 2011, 18€
 

Il était une fois en Anatolie > Magnifique !

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Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface.

Cette promenade a pour but de découvrir un cadavre. Elle se déploie comme est un western moderne sans côté italien. Le mystère que la nuit apporte à l’aventure accentue le côté féerique de cette jolie ballade. D’autant plus que la découverte de cette partie peu connue de la Turquie est délicieusement exotique. Quant aux personnages, ils sont bien campés ; leur jeu suscite une forme de joie partagée par le spectateur. Enfin, la présence d’une réflexion psychologique, sociologique et  politique sous-tend intelligemment le fil conducteur autour duquel s’enchaînent les actions. En résumé, les situations sont réfléchies, les personnages beaux, les paroles succulentes et l’atmosphère enivrant.

Nuri Bilge Ceylan propose donc un film bouleversant. Une sorte d’errance magnifique autour de l’âme humaine. La philosophie inspire la caméra, le romanesque saupoudre le récit d’un vent violent. Bien sûr, certains reprocheront des mots superflus, lassants, voire incompréhensibles. Mais a contrario, il y a également une qualité de silence. Un silence troublant qui permet de se concentrer sur une foule de petits détails qui font tout le côté majestueux de l’œuvre. C’est assez rare que l’homme, au cinéma du moins, soit aussi proche de lui-même.

Un bijou à ne pas manquer, tant il est rare de voir sur nos écrans une aussi belle mise en beauté du monde.

Drame turc, par Nuri Bilge Ceylan, avec Muhammed Uzuner, Yılmaz Erdoğan, Taner Birsel, 2h37, 2 novembre 2011

Rennes rue Papu > Une congrégation ouvre une pension de famille

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Rue Papu, la résidence Marie Heurtaut veut créer de la mixité sociale et générationnelle autour d’une Maison Relais pour personnes en situation difficile. Le pari est en passe d’être réalisé dans les prochaines semaines.

 

 À deux pas du centre-ville, au 52 et 54 rue Papu, la congrégation religieuse Notre-Dame de la Charité voulait concéder son terrain de 3500 m2 à un projet immobilier social. Quoi de plus normal, elle intervient régulièrement auprès de femmes en grande difficulté sociale ou relationnelle (sortant de prison). En prenant contact avec Habitat et humanisme et Maison en ville, elle a trouvé les partenaires idéaux. Le premier agit en faveur du logement et de l’insertion, le second spécialisé dans l’accueil des étudiants.

Plaidant la mixité sociale et générationnelle, les trois institutions vont sortir de terre la résidence Marie Heurtaut. « Nous voulons faire de cet espace un îlot d’humanicité, » expliquent les opérateurs sur le site Internet de la ville de Rennes. « Nous souhaitons que des personnes en fragilité de vie puissent côtoyer des jeunes, des familles et des personnes âgées autonomes. »

L’une des maisons détruites, rue Papu.

Cette opération immobilière se déclinera en une pension de famille de 18 logements, 5 maisons et 16 appartements. Elle s’intègrera dans un quartier dense et habité, non loin d’un parc, de services et de commerces Financée par Espacil avec le soutien de Rennes Métropole, la pension recevra des personnes bénéficiant des minima sociaux. « Un suivi sera assuré par des travailleurs sociaux. On souhaite vraiment que cette pension soit intégrée dans le quartier et qu’elle puisse s’appuyer sur du bénévolat des habitants. » indique encore le site de la ville de Rennes.

À côté de cette pension, les seize autres appartements appartiendront à la congrégation religieuse, deux autres à Habitat et Humanisme. « Ils accueilleront des étudiants qui en contrepartie d’un loyer avantageux devront consacrer un peu de leur temps à la pension de famille. » Six autres appartements seront mis à disposition de propriétaires privés. En revanche, quatre maisons seront vendues à des jeunes ménages et la dernière sera à la disposition de la congrégation.

Les logements de la pension seront livrés en novembre 2011 et les premiers sont attendus début décembre. Tandis que les locataires des appartements et des maisons devraient arriver en février et en mars 2012. Habitat et Humanisme assurere la gestion de la Maison relais (pension de famille) et de la résidence et l’animation du site. Habitat et humanisme 35, 6 rue de l’hôtel-Dieu, Rennes. Tél : 02 99 27 76 92. Adresse internet

Rennes rue Papu > Une congrégation ouvre une pension de famille

 

 

Puligny Montrachet > La viticulture biodynamique au domaine Leflaive

Puligny et Chassagne ont en commun le Montrachet. La naissance du vignoble Puligny se situe il y a 2000 ans. Ces crus, ces climats sont connus et réputés dès le Haut Moyen Âge. Ils s’épanouissent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis une vingtaine d’années, le domaine Leflaive poursuit une nouvelle période de perfectionnement de ce vignoble en le cultivant selon les principes de la viticulture biodynamique issue des recherches de Rudolph Steiner, fondateur de l’anthroposophie. Anne-Claude Leflaive, gérante à l’audace opiniâtre, détaille ce travail de vivification de la nature dans une conférence donnée à Fontaine-Daniel lors de la 8e Fête de la Terre.
La biodynamie

La biodynamie est une méthode de culture fondée sur une science spirituelle et l’intelligence sensible des phénomènes naturels. Elle n’est pas une méthode de lutte et ne permet pas d’éradiquer une maladie ou un parasite ; mais, en favorisant la vie d’un nombre important d’espèces, elle permet de maintenir les ennemis de la vigne à un niveau tolérable. Le parasite devient marginal.
 François Bouchet, conseiller du Domaine Leflaive en agriculture biodynamique de 1989 à son décès en décembre 2005, l’expliquait ainsi :

“La biodynamie développe toutes les espèces vivantes grâce à des préparats spécifiques, élaborés à partir d’achillée, de camomille, d’ortie, de pissenlit, de valériane, de compost et de silice, véritables catalyseurs d’énergie. C’est par l’intermédiaire de la plante que l’ensemble de l’organisme est vivifié, tant par l’enracinement profond que par les feuilles captatrices d’énergie solaire. Le vin, issu de cet accord, est le résultat de l’équilibre entre le terroir et l’environnement aérien”.

Les résultats de la biodynamie sur la santé des vignes sont incontestables. Les préparats utilisés en biodynamie permettent à la vigne de renforcer son immunité en respectant l’équilibre naturel de la faune et de la flore.
Les vins ont gagné en équilibre, en structure et en profondeur.

L’École du Vin et des Terroirs

C’est une association à but non lucratif fondée par des personnalités du monde viticole bourguignon partageant les mêmes valeurs. «En créant cette école, nous avons voulu prolonger et communiquer sur notre expérience de la biodynamie. Il ne s’agit pas de la promouvoir, mais d’essayer d’ouvrir les consciences aux enjeux environnementaux, écologiques et humanistes. Nous avions régulièrement des demandes d’information sur cette viticulture, notamment en provenance de l’étranger. Tous les sujets abordés comportent une dimension de développement personnel et de créativité, » explique Anne-Claude Leflaive, Présidente de l’Association aux côtés d’Aubert de Villaine, Dominique Lafon, Jean-Marc Roulot, Pierre-Henri Gagey, Michel Boss et Antoine Lepetit, membres fondateurs.

Depuis juin 2008, l’école accueille vignerons, clients, importateurs ou simples amateurs pour des séminaires d’une durée d’une demi-journée à deux jours. Ces stages sont animés par des les meilleurs spécialistes des questions abordées. C’est ainsi que Claude Bourguignon intervient sur l’étude des terroirs, Bruno Quenioux « désapprend à déguster », que Pierre Masson propose une introduction à la biodynamie ou que William Berton mêle couleurs de vignes et de terroirs…

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Puligny Montrachet > La viticulture biodynamique au domaine Leflaive

Les bouddhistes à Rennes et dans… le bocage normand

 

Les temples bouddhiques disposent de moulins à prières.

Le conseil municipal de Rennes, en date du lundi 14 novembre, a donné satisfaction aux adeptes du bouddhisme. Comme Unidivers l’annonçait et s’en réjouissait dans un précédent article, un Centre culturel bouddhiste ouvrira ses portes dès le mois de décembre, au 2 rue des Veyettes, dans la ZI du sud. En attendant leur emménagement, coup de projecteur sur un autre temple et une autre expérience… au cœur du bocage normand.

À quelques kilomètres de Gacé, pays de la Dame aux camélias, Aubry-le-Panthou se blottit dans le bocage normand, loin de tout. Pour trouver ce joli petit village aux 90 âmes, il faut être vigilant et ne pas rater la bifurcation. Les mauvais plaisantins évoqueraient un vrai…chemin de croix. Mais miracle, le panneau d’entrée de la commune, cerclé de rouge, apparait au détour de la route. Étonnamment, rien n’indique le centre tibétain dans ce bourg typique avec église et mairie, au demeurant très croquignolet. Tout juste remarque-t-on une pancarte au détour de la route principale qui invite à descendre prudemment un chemin caillouteux et brinquebalant. Petit à petit, l’automobiliste découvre l’incroyable, l’impensable : un centre tibétain au cœur du bocage.

Cent millions de mantras

 À ce moment-là, il n’est plus question de reculer…Des drapeaux multicolores en haut de mâts flottent au vent et accompagnent votre route vers l’entrée du centre. Laissant sur la gauche un château de briques rouges, les visiteurs arrivent finalement à destination. Sur le perron, Joëlle Brault, la responsable du site, vous accueille avec un grand sourire et vous convie à entrer dans les lieux. « Nous sommes dans la dépendance du château depuis 1982, » confie-t-elle. À l’époque, le Lama Gyourmé, responsable d’un centre à Paris, recherchait un endroit calme à la campagne pour des séminaires et des retraites. Tombé sous le charme, il signe tout de suite et ne regrette pas son choix.

Vingt ans après, les bouddhistes sont toujours là. Naturellement, leur arrivée n’a pas été sans interpeller les habitants, peu habitués aux pratiques tibétaines. « Ils étaient curieux de savoir qui nous étions, » confirme Joëlle Brault. Mais au fil du temps, les fidèles des enseignements bouddhistes sont acceptés par tous. « Nous sommes comme tout le monde et nous participons à la vie de la commune, » insiste-t-elle.

N’empêche, leur installation a mis un coup de projecteur très médiatique sur la commune. En 2008, le Dalaï-Lama est même venu en personne consacrer le Stupa, temple au sein duquel les bouddhistes distribuent des offrandes. Élevé en l’honneur d’un haut dignitaire tibétain, qui peu avant avait prophétisé… son existence, le monument se visite en silence et pieds nus. On y découvre un Bouddha grand et majestueux, placé au cœur d’une grande salle colorée et nimbée de dévotion.

La surprise ne s’arrête pas là et la découverte spirituelle se poursuit dans le centre. Derrière une porte, Joëlle présente le moulin à prières, lui aussi béni par le Dalaï-Lama. Il contient aux dires de la responsable cent millions de mantras consacrés au Bouddha de la purification, dont la mise en mouvement répand sur tous les êtres du monde des flots de bénédiction.

C’est encore dans cet esprit que les bouddhistes veulent ériger un temple pour la paix, à deux pas de leur stupa. Cet espace sacré, s’il est construit, rassemblera pratiquants et visiteurs pour se recueillir et méditer. Il sera aussi un lieu d’éducation et d’échanges œcuméniques. Une manière de communier avec un pays de Normandie qui selon Joëlle ressemble parfois au Tibet quand la neige fait son apparition.

Pratique. La congrégation Dachang Vajradhara Ling, Domaine de château d’Osmont, 61 120 Aubry-le-Panthou.

Le fondateur des éditions Actes Sud nous a quittés

Notre pays aura perdu coup sur coup deux de ses plus grands éditeurs qui eurent en commun d’avoir été naturalisés français. Après Vladimir Dimitrijevic, le fondateur des éditions l’Âge d’homme (voir notre article), Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud en 1978, s’est éteint samedi 12 novembre. Il avait découvert et édité Nina Berberova, Paul Auster, Cormac McCarthy, Günter Grass, Nancy Huston , Imre Kertész, Stieg Larsson et bien d’autres.

Né en Belgique en 1925, cet universitaire, docteur ès Lettres, a trouvé le courage et l’audace de lancer avec son épouse Christine Le Boeuf une maison d’édition près d’Aix-en-Provence.  Il fut rejoint par Bertrand Py, Jean-Paul Capitani et sa fille, Françoise Nysse. C’est à cette dernière qu’il confia la destinée d’une maison qui en un quart de siècle s’est imposée comme une référence dans le paysage littéraire national.  Installée dans une bergerie du Paradou, Actes Sud prenait ses quartiers à Arles en 1983. Cette entorse à la tradition germanopratine du milieu français des éditions en a fait jaser plus d’un.

Avec Vladimir Dimitrijevic, ils avaient en commun d’être des chercheurs et des travailleurs infatigables, de promouvoir une manière de travailler à l’ancienne, artisanalement, voire en réaction avec les procédés industrialisés en vogue dans nombre de grandes maisons parisiennes, de privilégier des formats de livre non conventionnels, d’ouvrir la France à des auteurs étrangers méconnus.

On pense, pour les plus récents, au Hongrois Imre Kertèsz dont l’Être sans destin en aura dérangé plus d’un (« on peut être heureux dans un camp de concentration ») et se trouve couronné du Prix Nobel de littérature 2002. En 2007 et 2008, la trilogie Millenium du Suédois Stieg Larsson séduit 2 millions de lecteurs. De quoi assurer à un catalogue déjà riche de nouvelles belles signatures originales.

Le grand silence > Silence, neige et chef-d’œuvre…

Le Grand Silence est une plongée de 2 heures 40 dans le monastère de la Grande Chartreuse situé dans les Alpes dauphinoises. Son essence n’est ni pédagogique ni journalistique, mais contemplative et méditative. Dans une lignée qu’on peut imaginer être celle de Karlfried Graf Dürckheim. Selon l’intention de son réalisateur, qui se révèle être un magnifique artiste, l’Allemand Philip Gröning, «ce film ne raconte pas le monastère, mais est le monastère lui-même ». Et, miracle, c’est vrai !

Le texte que vous allez lire est le fruit de notes prises pendant le  film et suit la trame des images voulue par leur auteur. Il est un essai pour accompagner la contemplation orante et l’infusion de beauté qui s’opère tout au long de cette œuvre dont l’autorisation de tournage a été obtenue au bout de treize ans de patience.

Premières images diaphanes et diaprées d’éternité. Certitude teintée de larmes que ce film va vraiment nous faire partager au plus près, à la lumière d’un regard veilleur et non-voyeur, une intimité avec Dieu. L’émotion étant assurément, dans son bon versant, un des modes de dialogue avec le divin.

Neige épaisse et son silence digne des tableaux des grands maîtres flamands ou japonais. Une sainte lenteur installe le long bruissement de ce silence qui ne nous quittera pas. Les hommes en bure blanche au sein de leur chartreuse de pierre située dans la grande nature, minérale, végétale et animale, composent avec un monde blanc. Celui du vide, du silence et de la neige.

Litanie des gestes de tous les jours. Au travers des pratiques se dévoilent la vertu d’attention et la saveur de l’instant. Ces images appellent en nous la prière et l’entrée dans la profondeur. On ressent comme l’aventure de cette poignée d’hommes est une part constitutive et fondatrice de notre identité, une racine sûre de notre liberté. Et si nous étions issus de ces hommes, leurs fils même bien indignes…

Premier son. Les cloches. Pleines de vide. Ici, mouvement de forage, de creusement. Les monastères perdus dans les campagnes ou les montagnes sont des creusets. Le silence creuse. La prière creuse. Prouesse de nous faire toucher le rien qui dit tout. Premier chant à la lumière vacillante d’une bougie. Tout le film ne sera, à bien y voir, qu’écho, auras, nimbes, halos, ombres portées, résonances, tant silence et prière ne sont que vibrations. Qui frappe ainsi à l’instant en nous ?

Des nuages virevoltent dans le ciel du monastère bordé de monts. En rien un effet gratuit du réalisateur, mais la compréhension profonde que la prière, ininterrompue, est déjà inscrite dans l’univers et que ces hommes ne font que tenter de la rejoindre. Ils font tourner la roue du monde et en sont le moyeu. C’est le secret.

Au bout de quelques dizaines de minutes, déjà tant d’images primordiales apportées. Nos larmes ne s’étaient pas trompées.

Un moine aveugle à la canne blanche comme à l’exact diapason du lieu. Gros plan sur ses yeux, ces grands-pères sont des grimoires. Un arbre aux branches couvertes de neige, comme un cerisier en fleur au printemps. Les vœux d’un jeune chartreux noir et les signes qui le reconnaissent.

Séance de tonsure. Vue de la clôture extérieure aux hauts murs. Portraits serrés de visages muets. Splendeur du simple, épaisseur du silence tissé par ces hommes entre infini et minutie, extase et pauvreté, étoiles et glèbe. Ils tentent de fixer en leur cœur l’âme volatile de Dieu.

Déjeuner au réfectoire, manducation de la Parole. Des vaches dans le cloître, rumination de la Parole. Massage de l’épiderme d’un vieux moine, inscription de la Parole. Longues glissades sur la neige, rires. La foi est aussi une texture et une saveur.

Dernières images. La neige ensevelit les toits ; les capuches blanches, les visages ; les monts, la chartreuse des hommes. Ils sont 25 et sont partis au désert, renoncer pour gagner la Vie et regarder en face la mort. Son des cloches, parcelles de feu, ciel bleu blanc sur la neige poudroyée. L’austérité rencontre une vérité. Philip Gröning, en son penchant astrophysicien, nous fait voir les particules de l’invisible. Dieu est un murmure.

Hervé Colombet

 

Philip Gorning,Diaphana films, 2006, 2h42. DVD disponible.

 

L’Age d’Homme fête ses 45 ans

45 ans, c’est une belle vie. Au regard de la longévité actuelle ce paraîtra peut-être court… Mais 45 ans c’est un bel âge d’homme et, malgré la disparition prématurée de leur créateur, Vladimir Dimitrijevic, c’est ce bel âge que vont fêter les incontournables éditions L’Age d’Homme.

 

Le 26 novembre 2011, dans les salles de la mairie du VIe arrondissement de Paris, c’est toute la famille des amis de la rue Férou qui offrira aux visiteurs, en ces temps de crises européennes, toutes les couleurs d’une autre Europe, encore riche de sa variété, de ses langues et de ses sensibilités diverses. Autour des hommages en honneur de Vladimir Dimitrijevic, cette journée sera surtout une perpétuation de l’esprit chaleureux de cet exilé toujours en mouvement, de cet insatiable curieux, de ce passeur toujours indépendant, jamais rassasié d’aventures littéraires…

Une journée à l’image de la maison d’édition que Vladimir Dimitrijevic définissait comme « une intersection de passions communes… ». Une journée, ce sera bien court pour plonger à la découverte des 4500 titres dans des domaines aussi variés que la littérature et la poésie (Belgique, Serbie, Russie, Suisse, Allemagne, France…), l’art (théâtre, cinéma, peinture…), la philosophie, la politique, la religion…

PROGRAMME : 26/11/2011 de 14h à 19h, Mairie du VIe arrondissement de Paris, place Saint Sulpice

hommage au fondateur et directeur vladimir dimitrijevic (1934-28 juin 2011)

florilege des editions l’age d’homme : les plus belles histoires editoriales

rencontres avec les directeurs de collections et de revues, et les auteurs

lectures dextraits doeuvres de gripari, haldas, volkoffpar guy moign et nell reymond

films : sablier du siecle. pierre marie gallois, par claude herdhuin (avantpremiere mondiale) ; personne deplacee. portrait de vladimir dimitrijevic, par jean-claude bonneau et le pere nicolas ozoline

librairie l’age d’homme et vente de livres rares

exposition de photos decrivains de l’age d’homme par louismonier

choeur orthodoxe saint simeon de la cathedrale serbe saint sava à paris, dirige par nana peradze

exposition des carnets de dessins de vladimir volkoff

concert balkanique sous la direction de dragoslav djuric

La pluie et le beau temps

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Les cultivateurs de lin normands seront-ils sauvés par les Chinois ? La pluie ou le beau temps ont depuis toujours décidé des récoltes. Sauf que le monde change et qu’une nouvelle météorologie s’impose, faite de spéculation, de gestion de stocks et d’échanges internationaux. La Normandie produit à elle seule près de la moitié du lin mondial. Pour conserver cette culture millénaire, les agriculteurs du Pays de Caux se sont tournés vers un nouveau et presque unique client : la Chine.

Un film-documentaire beau, intelligent et interrogatif : quelles relations entretiennent l’Asie et l’Europe dans le domaine agro-industriel ? Un propos lourd d’enjeux…

Cette mondialisation – au final, autant diabolisée qu’idolâtrée – fait ici l’objet d’une analyse minutieuse et précise. Si précise qu’étrangement une certaine émotion se dégage devant le constat exposé et déroulé devant le spectateur.

On est comme partie prenante de la situation de personnes pauvres et dignes qui subissent des pressions forcées, voire violentes. Nos sens virent et notre cerveau finit par se demander si, au final, toute cette construction kafkaïenne en vaut bien la peine.

Un film esthétique, spirituel et un soupçon effrayant. Mais n’est pas le lot de toute mise en exergue du côté fou et absurde de notre monde moderne ? Un monde qui ne semble d’ailleurs pas si moderne dès qu’on l’aborde sous d’autres angles.

Un film spirituel, à voir aussi bien pour sa forme que pour son fond, quand même l’opus est parfois un peu ennuyeux.

Ariane Doublet, 1h14, 2 nov. 2011

BHL > La guerre sans l’aimer

Si Coluche avait lu tout Freud, de mon côté, j’ai lu tout BHL. Il est inscrit, avec Paul Valéry et un certain nombre d’autres, sur la liste des écrivains lus in extenso. Tout de suite, certains pesteront qu’il ne mérite pas un tel honneur tandis que d’autres y verront le régime de faveur réservé à un génie. La modération semble de bon aloi dans le cas présent : BHL est un individu pétri de défauts (et des majeurs, comme la boursouflure de son ego), mais il n’est pas sans qualités, notamment, une audace qui va au-delà du simple toupet.

 

Cette recension n’a pas pour objet de trancher quant à son appartenance à la catégorie des philosophes, mais d’estimer la qualité de La guerre sans l’aimer. Le sujet du livre est résumé par son sous-titre : Journal d’un écrivain au cœur du printemps libyen. Toile de fond et comédiens : une guerre, un homme et des intervenants illustres. La problématique qui sous-tend l’ensemble : BHL est-il un génie diplomatique singulier ou bien un imposteur de la plus haute volée ?

D’emblée, il faut remarquer que l’ouvrage est passionnant. Les informations méconnues et dignes d’intérêt sont légion. Par ailleurs, BHL démontre que sa participation à l’intérêt collectif peut être intelligente et efficace, quand bien même elle servirait in fine à le mettre en valeur. Voilà un début de réponse à ses détracteurs qui affirme que « BHL est bien gentil, mais s’il s’agite autant, c’est quand même en premier pour sa petite personne ». C’est vrai, mais s’il y a tant de causes à défendre, les plus intéressantes ne sont-elles pas celles où le risque de s’y brûler est grand ?

À ce propos, combien ne se sont pas couchés devant Sarkozy et combien ne sont pas tombés dans l’antisarkozisme primaire ? En parallèle de BHL qui affirme n’être guère partisan de Sarkozy, le sujet secondaire du livre est le président lui-même, en particulier dans la première partie. À sa suite se déploie le motif primaire même de l’ouvrage. Une armada d’interrogations est au service d’une démonstration audacieuse et d’une leçon réfléchie sur la nature des hommes quand ceux-ci sont acculés aux plus grandes difficultés. Certes, il y a là hommage déguisé au rôle joué par Sarkozy dans le dossier libyen. En outre, quelle que soit la position du lecteur à ce sujet, La guerre sans l’aimer délivre une démonstration argumentée (parfois, moralisante) en faveur du droit d’ingérence quand un peuple est à la merci d’une volonté tyrannique.

Le dernier point qui mérite d’être souligné demeure le témoignage que l’ouvrage laisse à l’histoire récente. L’action d’un homme qui grâce à ses relations va réussir à convaincre le président de la République de la nécessité urgente de prendre un sacré risque. À cette occasion, on ne pourra que regretter le rôle si effacé du ministre des Affaires étrangères. Reste un constat des plus curieux : le destin géopolitique de notre monde se règle parfois un peu par hasard. Ou, du moins, d’une façon quasi artisanale, par un coup de dés et non par des calculs longs et savants.

Un livre intéressant qui nécessite de le rappel d’un adage bien connu : “il n’y a que ceux qui n’écrivent jamais qui ne font jamais de fautes”. Peut-être le livre le plus convaincant de BHL après son Cadavre à la renverse.

À lire, après avoir accepté de taire un moment ses préjugés et quel que soit l’opinion qu’on nourrit sur le dossier lybien. Peut-être certains en concluront que BHL est arrivé à sa pleine maturité et à un type de reconnaissance morale glorieuse qu’il peinait tant à trouver depuis des années…

David

Grasset, 642 pages, 22€, 9 novembre 2011

Bruz > 3e Forum de la démocratie locale l Oui, c’est possible !

Nouveau rendez-vous de la démocratie locale à Bruz ! Un laboratoire de pensée, d’échanges d’idées et de bonnes pratiques autour d’un vivre-ensemble démocratique local, direct et transversal. Il s’inscrit dans le cadre du travail méthodologique engagé courageusement par la Ville de Bruz depuis 3 ans. Après avoir regroupé les démarches poursuivies en cinq “grands outils”, la Municipalité souhaite partager un cadre d’action simple et efficace. Loin des mots d’ordre galvaudés et des artifices de la communication politique institutionnelle, ce 3e Forum s’affirme comme un lieu de réflexion démocratique originale et volontariste dans le territoire départemental et régional. Comme s’écriait Marceau Pivert dans Le Populaire de mai 1936 : “Tout est possible !” Présentation vidéo par Jean-François Durand.

Programme de la journée

  • 8h30 accueil autour d’un café
  • 9h15 table ronde animée par l’Adels (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) : les villes de parlent de leurs démarches participatives
  • 10h présentation des principes de fonctionnement et des cinq « grands outils » de démocratie locale proposés par la Ville de Bruz
  • 10h45 témoignages
  • 11h15 travail en atelier sur les cinq grands outils de la démocratie locale
  • 12h30 synthèse des ateliers
  • 13h déjeuner.

Les ateliers

  • Ateliers 1 et 2 : « Les rendez-vous de la proximité »
    Aller à la rencontre des habitants d’un secteur, d’un quartier ou d’une rue pour les informer, écouter, échanger et envisager ensemble les solutions aux problématiques soulevées. Confronter les points de vue.
  • Ateliers 3 et 4 : « Les ateliers thématiques »
    Aider à la définition et mise en oeuvre de projets ou d’événements sur un thème précis.
  • Ateliers 5 et 6 : « Les Comités citoyens »
    Aide à la décision par la formulation d’avis et de propositions à partir de questions/demandes émises par les élus ou les services de la Ville.
  • Ateliers 7 et 8 : « Les Comités d’usagers »
    Permettre aux usagers des équipements municipaux de formuler des avis et propositions sur les actions menées, les services proposés et le fonctionnement de l’équipement.
  • Ateliers 9 et 10 : « Les réunions publiques d’information »
    Informer les citoyens sur un projet futur ou en cours et sur tout sujet relatif au fonctionnement et à la situation de la commune.

Brève > Oeucuménisme chrétien à Vienne

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Le Vatican vient d’approuver la décision du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, de donner l’église de Neulerchenfeld aux pratiquants orthodoxes serbes de la ville.

Le saint-siège est ainsi passé outre les hurlements des paroissiens catholiques romains qui ont protesté contre ce cadeau. C’est pourquoi ils  ont fait remonter l’affaire aux plus haut niveau des autorités ecclésiastiques. On notera que la plupart des opposants étaient des Polonais.

L’archevêque a motivé sa décision en expliquant qu’il existe à Vienne 172 églises de rite romain pour 750 000 catholiques tandis seuls trois temples permettent à 150 000 orthodoxes de prier. Aussi, estime-t-il, qu’eu égard à la baisse des pratiquants, il vaut mieux mettre à disposition les églises à ceux qui en ont besoin plutôt que de les fermer.

Cet édifice a été construit entre 1733 et 1753 et peut accueillir jusqu’à 1000 fidèles.

Eglise St Jacques, Le diocèse signe en blanc

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La construction d’une église n’est pas monnaie courante en France. L’Eglise consacre son temps bien plus à restaurer ses bâtiments qu’à en édifier. A Saint-Jacques de la Lande, le diocèse prévoit d’en construire une nouvelle dans le quartier de la Morinais.

 

Depuis quarante ans, pas une seule église n’a vu le jour dans le département de l’Ille-et-Vilaine. Sous l’impulsion de Monseigneur Pierre d’Ornellas, le Diocèse de Rennes envisage d’en édifier une toute neuve et pimpante à Saint-Jacques de la Lande, dans le quartier de la Morinais. Situé le long de la quatre voies entre Rennes et Redon, le projet avance même à grand pas depuis l’achat d’une parcelle constructible en 2004, la création d’un comité de pilotage et d’un comité d’assistance d’ouvrage.

L’une des perspectives de l’église (sources :site internet du diocèse).

Sur une surface de 469 m2, la nouvelle église cherchera à créer du lien entre les gens dans une ville dénuée d’âmes (on peut le dire sans blesser outre mesure le maire de cette commune). « L’implantation choisie semble prédestinée grâce à la présence de la chapelle du Haut Bois dont les vestiges remontent aux XVe et XVIIe siècles » explique Véronique Orain, membre de la commission des Arts sacrés sur le site Internet du Diocèse. « Même si cette dernière est désaffectée depuis de nombreuses années, elle confère incontestablement à cet espace un caractère sacré. Sa situation centrale sur l’axe des différents équipements publics de la ville : cimetière, salle des sports, écoles, bibliothèque et bientôt la mairie, invite à y faire une pause, un détour.»

D’ici à la fin de l’année 2013, la nouvelle bâtisse devrait voir le jour. Elle sera construite sous l’œil de son architecte portugais, Alvaro Siza. L’homme aux multiples réalisations prévoit un édifice de béton blanc sur deux étages. « Un rez-de-chaussée sera consacré à l’accueil des croyants et des non croyants, au partage des moments heureux, à la convivialité. En revanche, le second étage “la chambre haute” sera réservée à la liturgie, à la prière personnelle ou collective. Elle pourra accueillir entre 120 à 150 personnes », ajoute Véronique Orain.

Loin d’être un novice, Alvaro Siza veut donner une dimension sacrée à son projet et puiser dans le passé ses sources d’inspiration. Le bâtiment pourrait évoquer la partie circulaire de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem ou encore une représentation simplifiée du Christ. « L’architecture d’Alvaro Siza ne suit pas les tendances à la mode. Elle est intemporelle, elle demande une certaine réflexion, une approche particulière, un temps d’adaptation », précise Véronique Orain.

A Saint-Jacques où a été construit il y a sept ans un temple maçonnique, on regardera de près cette nouvelle construction dont le presbytère sera situé dans un immeuble tout proche. Pour un coût total et bien modeste d’environ 3 millions d’euros, le programme reste à peaufiner avec toutes les partenaires en présence. Il s’agira de réfléchir notamment à la lumière intérieure, au revêtement extérieur… Dans le meilleur des cas, l’église sera inaugurée à Pâques en 2013 et placée sous le signe de la Résurrection.

Siza par le peintre Bottello.

Encadré : Álvaro Siza Vieira (né en 1933, Matosinhos) est un architecte portugais. Il a étudié à l’École Supérieure des Beaux-Arts Porto. Inspiré par les œuvres de Frank Lloyd Wright, Alvar Aalto et Adolf Loos, il développe un style épuré et voue à la couleur blancheur un vrai culte. On lui doit plusieurs réalisations : la piscine de Quinta de Conceiçao, à la piscine de Leça da Palmeira de Porto, la faculté d’architecture de Porto, la Fondation Ibère Camargo de Porto au Brésil…

Rennes église St Jacques > Le diocèse signe en blanc

L’Elysée > Visite virtuelle du château

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Citoyennes, citoyens, suivez un huissier dans le château tant convoité ! Bien entendu, le parcours scénarisé présente un style de communication des plus conventionnels. L’important est de respecter le rang ! Mais, au-delà d’un angle pédagogique trop ciblé adolescent, l’ensemble vaut bien une journée du patrimoine à distance.  Au menu, dîner d’État avec le président de la Chine. L’internaute est invité à suivre les pas d’un huissier : bureau du président, garage et tous les drapeaux… Mais aussi la fleuriste qui concocte les tables, l’argentier qui dispose les candélabres fleuris, le chef et sa brigade qui composent le diner et la sommelière, Virginie, qui règne sur une des innovations du Général de Gaulle : l’une des meilleurs caves de France. De France, de Navarre et de Chine ? Fi des contrefaçons, gageons que les ors de la République ne fassent pas l’objet d’un espionnage esthétique de la part de la République chinoise…

 

Les Représentants Théâtre de la Tête Noire Saran

Les Représentants Théâtre de la Tête Noire Saran Jeudi 4 mai 2023

Trans Musicales

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Unidivers se réjouit de son partenariat avec les Trans Musicales. Dans ce cadre, toute notre équipe s’emploiera à vous présenter chaque jour du festival un regard sur l’événement comme d’habitude spirituel, décalé et gratte-poil. Une relation non platonique mais spirituelle à suivre dès le 30 novembre…

 

Moon Squad Makeda Marseille

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Moon Squad Makeda Marseille Vendredi 13 janvier 2023

Ateliers de théâtre Espace George Sand Chécy

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Ateliers de théâtre Espace George Sand Chécy 27 – 29 juin 2023

Les indignés à la Défense > Défense des indignés

Unidivers informait ses lecteurs dès septembre de la tentative d’occupation de Wall Street par les indignés. Depuis quelques jours, des indignés français campent sur le parvis de la Défense. Petit reportage plein d’espoir par David.

 Le mouvement des Indignés a pausé ses valises sur le Parvis de La Défense. Ce camping de fortune est bien évidemment encadré par des CRS vigilants mais plutôt bienveillants.  Devant la Grande Arche, il est heureux de noter qu’en parallèle du désarroi collectif une forme de solidarité s’est installée avec les cadres des tours environnantes.

Partage des repas, échanges artistiques, dialogues à bâtons rompus, etc. Échanges intellectuels et spirituels ainsi que réchauffage des cœurs semblent occuper une place prépondérante. C’est d’autant plus frappant que  la situation de cette manifestation est paradoxale : toute cette activité des indignés et de leurs sympathisants se déroule sous les yeux des salles de marchés des grandes banques voisines et devant le marché de Noël qui s’installe.

Une belle leçon de la part de gens qui n’ont plus rien à perdre et qui démontre une fois de plus qu’avec du courage on peut tenter de faire bouger les choses et de s’offrir un monde meilleur. Un monde meilleur pas que pour soi. Pour tous.

Merci pour cette belle leçon du courage et cette jolie démonstration d’utopie concrète. Merci donc à chacun et tous.

D’ailleurs, rien n’empêche les parisiens voisins de passer les voir. Un petit coucou n’est jamais superflu. Surtout dans ces conditions.

Roméo Castellucci > Fascisme versus intégrisme

Suite du feuilleton Roméo Castelluci. Rennes, vendredi soir à 20 h, square de Kergus. D’un côté, un groupe d’une quarantaine d’intégristes au style vestimentaire et capillaire un rien caricatural. De l’autre, une trentaine de jeunes militants, notamment du syndicat Sud Education, en partie cagoulés, insultant les premiers. Entre les deux, un cordon d’une vingtaine de policiers encadrés par deux capitaines. Grand absent de la confrontation : l’art. En fait, c’est inexact : le tableau était tout à fait surréaliste.

Unidivers : manifestation intégristes de droite et fascistes de gaucheAux premiers, la pièce de Castellucci fournit un prétexte pour exprimer ce qu’ils ont sur le cœur : le sentiment d’une christianophobie généralisée. Quoi qu’on pense de la réalité de ce ressenti, cette partie de fidèles catholiques appartient à un microcosme sociologique qui vit mal le recul de la présence de leur Église dans la société française. Ils constatent avec effroi qu’ils sont devenus minoritaires dans “la fille ainée de l’Eglise catholique”. Dès lors, beaucoup de ces traditionalistes se considèrent comme les martyrs d’une société en pleine dégénérescence, les champions et bras armés de Dieu, bref, les derniers remparts de la vérité romaine. prière de catholiques intégristes à Rennes

Unidivers : manifestation intégristes de droite et fascistes de gaucheComme le montre l’entretien avec le responsable de la manifestation intégriste, c’est le ternaire vérité-art-sacré qui est ici en jeu. L’art doit se plier à la vérité qui procède du sacré. (La juste interprétation étant nécessairement celle des intégristes car, pour eux, la vérité ne peut être que radicale).

Cette conception, c’est cela l’intégrisme : la parole – le logos – est arraisonnée par un sens supérieur. Un sens ni dialectique ni pluriel, mais univoque. Hantés par la peur d’un monde en proie à une crise de sens et pétris de certitudes fermées à tout exercice du doute, la pensée et la praxis des intégristes se sclérosent dans une manière d’adorer la vérité qui les ferme aux autres tout en les enfermant dans du (soi-)même inlassablement ressassé. Aussi conçoivent-ils l’opinion des autres comme étant frappée d’erreur.

Certains, à la vie psychique et spirituelle unilatérale, vont jusqu’à vouloir faire triompher leur vérité au détriment de ceux qui sont dans l’erreur : l’intégriste devient alors terroriste. Premier pas vers ce glissement: quelques éléments extrémistes ont tenté de perturber la pièce de Roméo Castellucci qui était donnée au TNB alors que leurs congénères se tenaient en prière dans la rue. Un processus et un glissement que l’on retrouve chez tous les fondamentalistes religieux, mais aussi idéologiques.

À ce propos, la partie adverse n’était guère en reste. Avant l’arrivée des intégristes, les militants du syndicat Sud éducation ont distribué à l’entrée du TNB un tract exprimant leur position. Les termes en étaient clairs et rappelaient avec raison que “la laïcité est une conquête démocratique fondamentale dans notre pays”. Une brève conversation avec deux d’entre eux a permis de constater qu’ils ne réduisaient aucunement tous les chrétiens aux intégristes qu’ils combattent. Chouette : des militants pondérés et sympathiques ! Hélas, la réjouissance fut de courte durée.

Unidivers : manifestation intégristes de droite et fascistes de gaucheUne heure plus tard, lors de la confrontation avec les intégristes, une trentaine de militants scandaient des propos haineux qui ne portaient sur la défense ni de l’art contemporain ni de l’espace public laïque républicain. Qui plus est, leurs slogans ne se concentraient même pas sur leurs contradicteurs, autrement dit les intégristes soutenus par l’officine Civitas, mais sur les catholiques dans leur ensemble et même tous les croyants que compte notre bonne terre.

En fait, leurs injures ne visaient qu’un seul but : faire mal à l’autre en salissant ce en quoi il croit et son état de croyant. “Les Apôtres, c’est parfait pour une partouse / Oui, Judas était un camarade / Je prends dans ma bouche [la communion, NDLR], c’est quand même un peu louche.” On peut se demander sur quel socle doctrinal s’adossent ce désir d’humilier l’autre et la principale revendication de ces militants : “les cathos, c’est la gangrène, on l’élimine ou en crève […] la religion, c’est la gangrène, on l’élimine ou en crève” ?     Anti catholiques            Anti croyants

Quel est l’apport à la réflexion collective de ces généralités malveillantes ? Pour information, les 4000 religions en activité sur la planète terre regroupent environ 85% des humains (sources : chiffres 2011 de D. Barrett,  adherents.com et chartsbin.com). Les sans croyance et agnostiques forment moins de 15% de la population mondiale, dont 3% d’athées convaincus (hypothèse basse : 2 % ; hypothèse haute : 3,6% – sources : chiffres de 1995 de l’Encyclopaedia Britannica). Doit-on comprendre que ces militants veulent éliminer plus de 6 milliards d’êtres humains ? Mais où vont-ils construire des goulags et des fours crématoires assez grands pour assouvir leurs désirs génocidaires ?

Unidivers : manifestation intégristes de droite et fascistes de gauche

Malgré la pauvreté doctrinale et humaine de ses appels à l’élimination, nous avons proposé à quelques militants du syndicat Sud Education de préciser leur point de vue afin de le mettre en balance avec le témoignage de la partie adverse. Celui avec qui nous avions courtoisement discuté précédemment à décliner la proposition au motif d’une transition de son statut d’enseignant dans l’éducation nationale (?!). Quant aux autres, la formulation d’un argumentaire ne semblant pas leur fort, aucun n’a souhaité s’exprimer. L’un d’eux a finalement conclu qu’“il n’y a pas besoin d’avoir d’arguments contre les fascistes”. C’est ce qu’on appelle une preuve par le fait !

Cette conception, c’est cela le fascisme : la parole – le logos – est arraisonnée par une simplification de la complexité du réel. La réalité et l’action sont dès lors régies par des œillères, quelques mots d’ordre et un prêt-à-porter idéologique : si le monde ne va pas comme il faudrait, c’est la faute des croyants (a fortiori s’ils sont chefs d’entreprise…) ! Mus par la haine et pétris de certitudes simplistes, la pensée et la praxis des fascistes se sclérosent dans la détestation des autres qui sont tous considérés à différents degrés comme des ennemis. Ce raisonnement est valable pour les fascistes de gauche comme de droite.

Que dire de plus ? A part qu’un intégriste peut devenir politiquement fasciste et un gauchiste devenir idéologiquement intégriste. Ah si, le comportement de ses groupes d’extrémistes suggère deux remarques. D’une part, il y a une destination où les pratiques religieuses sont quasi-inexistantes, ce paradis sur terre s’appelle la Corée du Nord. D’autre part, il peut être profitable de méditer cette bonne parole de Nietzsche : “Je croirais en Dieu lorsque les chrétiens auront des têtes de ressuscités en sortant de l’église”.

Nicolas Roberti

Trans > Rencontres et débats | 30-3/12

Les rencontres et débats des Trans poursuivent leurs réflexions sous l’angle du développement durable et mettent l’humain au centre des débats. De la notion de droits culturels aux principes de responsabilité sociale et sociétale, il s’agit de questionner les fondamentaux de l’action publique au sens large et de repenser la place de la culture dans notre “environnement”. Rendez-vous à Rennes du 30 novembre au 3 décembre à la Maison des Associations sur l’Esplanade Charles de Gaulle (entrée libre : renseignements et inscriptions par mail debats@transmusicales.com). Programme des conférences et, à la suite, des ateliers :

CONFÉRENCES

JEUDI 1er DÉCEMBRE — 14h30 — 16h30 : LE CHEMINEMENT VERS LES DROITS CULTURELS

Depuis le travail réalisé par le Groupe de Fribourg, force est de constater que cette notion nouvelle des droits culturels était contenue en germe dans le corpus des textes définissant les droits de l’homme : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et 1793, déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, convention sur la protection et promotion de la diversité des expressions culturelles, texte d’Arc et Senans, etc.  Après le décryptage de la Déclaration de Fribourg en 2009, cette seconde conférence-lecture propose une approche juridique de la notion avec les changements de point de vue qu’elle induit. De même qu’elle en analysera les conséquences sur la conception même de la culture et de nos métiers.

JEUDI 1er DÉCEMBRE — 17-19 h : QUEL SENS DES RESPONSABILITÉS POUR LES ARTS ET LA CULTURE ?

À un moment où le croisement culture et développement durable est à l’honneur dans nombre de colloques et rencontres, nous proposons de rechercher les lieux de convergence entre ces deux domaines en questionnant les principes fondateurs. Au-delà du seul pilier environnemental, comment fonder l’intérêt et l’investissement des acteurs culturels dans le développement durable ?

VENDREDI 2 DÉCEMBRE — 15 h-17 h : LES CONTRADICTIONS ENTRE DROITS CULTURELS ET POLITIQUES PUBLIQUES

Après la visite des grands textes et principes internationaux proposés lors de la conférence lecture, penchons-nous sur l’adéquation entre les valeurs revendiquées et leur mise en œuvre à travers les politiques publiques européennes et nationales.

TABLES RONDES

MERCREDI 30 NOVEMBRE — 9h30-17h30 : LA CONVENTION COLLECTIVE DES ENTREPRISES ARTISTIQUES ET CULTURELLES (CCNEAC)
Avec la présence des syndicats membres de l’Ufisc et négociant la CCNEAC : le SCC (Syndicat du Cirque de Création), le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles), le Synavi (Syndicat National des Arts Vivants).

JEUDI 1er DÉCEMBRE — 11h — 13h : RENDEZ -VOUS AVEC CLAUDE LEMESLE
Auteur de Reggiani, Dassin, Bécaud, etc., Claude Lemesle est également Vice-Président de la SACEM. Rencontre proposée par Pôle Emploi Spectacle à destination des jeunes artistes, avec la participation de la SACEM.

VENDREDI 2 DÉCEMBRE — 11h-13h : DANS QUELLE MESURE LA MODIFICATION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE DES PROJETS DE SPECTACLE, QU’ILS SOIENT DE CRÉATION, DE PRODUCTION OU DE DIFFUSION, A-T-ELLE UNE ACTION SUR LA DIVERSITÉ ARTISTIQUE ?
Le désengagement de certains partenaires, ou l’investissement croissant d’autres, ont très clairement modifié au sein du spectacle vivant la structure des financements voire des dépenses. Ces évolutions financières ont-elles eu un impact sur la diversité au sein du secteur ?

VENDREDI 2 DÉCEMBRE — 14h-17h : LA MISE EN PLACE D’UNE DÉMARCHE GPEC DANS LES ENTREPRISES DE MUSIQUES ACTUELLES

La GPEC, un acronyme qui envahit les discours et nous est présenté comme l’Eldorado des ressources humaines, mais que recouvre concrètement « la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » ?
Attention : Lieu : Jardin Moderne -11, rue du Manoir de Sévigné- Rennes Navette réservée aux professionnels au départ de République à 13h30.

SAMEDI 3 DÉCEMBRE — 14h — 16h30: L’OBSERVATION PARTICIPATIVE ET PARTAGÉE A L’ÉCHELLE D’UN RÉSEAU EUROPÉEN : ENJEUX ET PERSPECTIVES
Faisant sens avec les réflexions portées par la conférence lecture et la table ronde « Les contradictions entre droits culturels et politiques publiques » des Rencontres & Débats, cet atelier vous présentera les travaux du Survey Committee du réseau LIVE DMA et laissera la place à une discussion ouverte avec l’ensemble des participants.

 

Paul Cézanne > Un provencal à Paris

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Ils sont drôles ces Parisiens. Ils ont toujours besoin d’évoquer les choses à la lumière de leur ville ! L’économie, c’est Paris, le foot, c’est Paris, la culture, c’est Paris. En proposant une exposition Cézanne et Paris, le Musée du Luxembourg réussit même le tour de force de faire de Cézanne (1839-1906) un artiste parisien « pur jus ».

Loin de nous l’envie de jeter l’opprobre sur la cité lumière, mais convenons-en, elle n’a pas séduit le Maître d’Aix. Le peintre n’a jamais peint le Paris de son époque. Tout juste a-t-il croqué ce qu’il voyait de sa fenêtre : les toits. « Il faut un exception, » note l’auteure de la présentation de l’expo, Marguerite Moquet. « Ce sera la Rue des Saules, à Montmartre. Mais encore la rue est déserte. »

Cézanne trouvait son inspiration à l’extérieur de Paris sur les bords de Marne ou encore à Auvers sur Oise. Le Pont de Maincy en est le meilleur exemple… Il recherche au-delà de la ville lumière le silence de la nature, la fraîcheur d’une rivière ou les couleurs de la campagne. Paris le tente uniquement pour la…sexualité. Il y peint des nus à sa manière ; comme cette fameuse Moderne Olympia ou encore La Lutte d’amour...

A Paris, Cézanne fera pourtant des séjours réguliers. Plus de vingt fois, il fera l’aller-et-retour entre la Provence et la capitale. La cité des arts l’intéresse par ses aspects pédagogiques. Lors de ces venues, il trouve des « formules » auprès d’artistes afin de les exporter du côté d’Aix. « Durant toutes ces années parisiennes, il s’approprie les traditions anciennes et modernes. Ses carnets de dessin attestent d’un regard attentif sur les grandes maîtres,» ajoute-t-elle..

Précurseur de l’art moderne, le peintre du Nègre de Scipion se montra vigilant à l’égard de la reconnaissance de Paris et de ses marchands. Mais vivant retiré et solitaire en Provence, ses visiteurs venaient beaucoup plus le voir là-bas que lui ne se rendait à Paris… Il fallait bien une exposition pour réparer l’affront.

Pratique : L’exposition est organisée en collaboration avec le Petit palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Elle est ouverte jusqu’au 26 février, de 9 h à 22 heures, du vendredi au dimanche et de 10 h à 20 h du mardi au jeudi. Tarif : 12 euros. Tarif réduit : 7, 50 euros. Elle réunit environ 80 œuvres majeures issues du monde entier.