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Charles Wright, Les moines catholiques et la sexualité

Pendant de longues semaines, Charles Wright s’est immergé dans la communauté des moines catholiques bénédictins de Ganagobie dans les Alpes de Haute Provence. Il s’y est, notamment, entretenu avec le frère-abbé Michel Pascal. Il en suit un échange d’une grande profondeur dans lequel l’abbé explore sa foi, sa dévotion entière au Christ et le sens de la vie monastique sans cacher les conflits intérieurs qu’il peut rencontrer. La question de la chasteté par la sublimation de l’énergie sexuelle est abordée sans tabou comme le montre le passage suivant.

 

Désolé de retomber à des niveaux sublunaires, voire carrément sous la ceinture, mais je voudrais qu’on évoque désormais la sexualité des moines. Les moines sont-ils comme les anges, libérés des servitudes du corps, asexués ? Une partie de la littérature monastique le laisse entendre. Pourtant vous avez bien un corps et, comme disait Pascal, « qui veut faire l’ange fait la bête ». Alors recyclez-vous ces pulsions ?

Là, on peut parler d’un mot très utile que tous les psychanalystes connaissent, c’est le mot « sublimation ». Toutes ces pulsions, il ne s’agit pas de les rabaisser, de les brider, de mettre un couvercle dessus parce qu’elles trouveront toujours une issue. Je t’ai parlé de ce moine, un ascète vigoureux, qui mettait une telle énergie à se brimer que ça ressortait dans la colère : il était insupportable (rires). Toutes ces pulsions, il faut au contraire les laisser monter et les sublimer. La sublimation, cela veut dire que l’énergie de l’amour, qui pourrait être purement sexuelle, la voilà captée et dirigée dans une autre direction. Moi, homme, je le vis dans l’amour du Christ. Si le Christ n’était pas mon ami intime, à qui je ne cache rien, à qui je ne refuse rien, devant qui je vis tout, je dis tout, je ne pourrais pas vivre une telle réalité, à une telle hauteur. Parce qu’à certains moments, le torrent et la vague seraient trop forts. Sublimer, ce n’est pas couper le courant d’énergie que représente l’élan sexuel, mais c’est lui donner sa vraie finalité, non pas en gommant l’étape intermédiaire qui pourrait être l’union des corps, mais en lui donnant un autre sens, en le tournant vers l’auteur de l’amour. (…). Une mystique comme Thérèse d’Avila dit ne jamais avoir eu d’expérience sexuelle humaine, mais, selon elle, l’amour qu’elle a vécu avec Dieu est certainement bien au-delà de toute forme de réalisation humaine. Je veux bien la croire (…). François d’Assise aussi a vécu un amour immense avec Dieu. Sans parler des martyrs. S’ils ont été capables de donner leur vie pour le Christ, c’est que leur amour pour Dieu était plus grand que l’amour terrestre qu’ils auraient pu connaître et que certains ont d’ailleurs connu.

Alors qu’on vit dans une civilisation que Bergson qualifiait d’«aphrodisiaque », on a du mal à comprendre qu’on puisse ainsi se couper de la vie sexuelle. Ce que vous nous expliquez, c’est que vous ne vous en coupez pas.

Non, elle est sublimée, elle est redirigée. Cela n’empêche en rien les moments difficiles où nous sentons monter des désirs puissants. Mais saint Benoît nous enseigne à ne pas suivre ces désirs charnels parce qu’ils sont la source de toutes les complications et aboutissent souvent à la fermeture de la vie spirituelle.

Vous êtes souvent chargé d’accueillir les hôtes. Comment faites-vous quand vous croisez de jolies filles ?

Tous les moines ont un talon d’Achille : pour l’un, ce sera l’argent ; pour un autre, le pouvoir… Moi, c’est l’attirance que je peux ressentir pour les personnes de l’autre moitié de l’humanité ! Je ne suis pas insensible. Dans les cas que tu évoques, je me dis : « Seigneur, tu as permis que dans le genre humain il y ait des femmes si belles, c’est magnifique. » (…). Alors évidemment, il faut que je surveille où se portent vraiment mon désir et ma contemplation. Si je contemple cette femme pour elle-même ou pour le bien que je compte en retirer, c’est un désir que j’estime dévoyé. (…) Quand je vis ces rencontres- là, je rends grâce à Dieu (…). Je me dis que c’est l’autre face de mon humanité, un alter ego. J’ai comme cela plusieurs amies femmes que je suis en accompagnement. C’est d’une très grande richesse parce que nous essayons de vivre ce lien sans la moindre ambiguïté. Il ne s’agit pas de déraper parce que nous réalisons là, sans l’aspect sexuel, la communion de l’humanité.

 A quoi servent les moines ? Dialogue entre un jeune homme et un homme de Dieu, Bourin Editeur, 14 avril 2011, 21 €


Hugo Boss > La bosse du tissu nazi

 La maison Hugo Boss vient de s’excuser publiquement des conditions de travail en vigueur durant la Seconde-Guerre mondiale dans ses ateliers destinés à fabriquer une partie des uniformes allemands, dont la parure aussi belle qu’effrayante des SS.

Dans un livre intitulé Hugo Boss 1924-1945. L’histoire d’une usine d’habillement pendant la République de Weimar et le Troisième Reich, le chercheur Roman Koester décrit comment Ferdinand Boss encadrait très durement des travailleurs de force dans sa fabrique de Metzingen. 140 personnnes (dont 40 Français), en majorité des femmes, s’usèrent sur les métiers d’octobre 1940 à avril 1941.

Le lien de Boss avec le nazisme fut idéologique et économique. Il a rejoint le Parti Socialiste des Travailleurs Allemands d’Hitler en 1931. La commande d’uniformes pour les SA (Sections d’assaut) la même année lui permit d’éviter la banqueroute…

Certains s’étonneront que ces révélations proviennent d’un ouvrage financé par l’entreprise. En fait, le passé nazi de celui que l’on surnomme ‘le tailleur d’Hitler’ était un secret de polichinelle jusqu’à sa révélation publique par le Washington Post en 1997. A la demande de la firme, la chercheuse Elisabeth Timm a réalisé une étude sur les activités de Boss à l’époque nazie. En 2000, la société Hugo Boss a accepté de verser une somme de 500 000 livres sterling au Fonds d’indemnisation des anciens travailleurs forcés.

Il s’agit donc là d’une tactique de communication de la part de l’actuelle entreprise qui espère finir de crever l’abcès en jouant la carte de la franchise et, sans doute, en tentant de cantonner les activités coupables de son fondateur au travail forcé loin de son activité de styliste de l’armée nazie. Reste que la stratégie adoptée peut se révéler périlleuse en raison des réactions de plus en plus incontrôlables des internautes, forums, vagues de rumeurs et buzz d’infos sur internet. L’association entre Boss et le nazisme pourrait a contrario en sortir renforcée.

« Nous souhaitons exprimer nos profonds regrets à ceux qui ont été maltraités ou ont enduré des sévices dans l’usine dirigée par Hugo Ferdinand Boss sous le régime nazi »

Au demeurant, il peut-être utile de rappeler que plus de 5000 entreprises allemandes ont employé entre 10 et 20 millions de travailleurs forcés et collaboré étroitement avec le Reich. Hitler avait compris que son maintien au pouvoir et sa politique économique expansionniste nécessitaient le soutien des socialistes impérialistes et des conservateurs ainsi que le financement capital des banquiers et industriels allemands :

notamment, le patron des medias Alfred Hugenberg, Hjalmar Schacht de la Deutschbank, les aciéristes Fritz Thyssen et Alfred Krupp, Emil Kirdoff, le banquier Reinhard Schroeder, les entreprises Opel, IG Faben, Luft Hansa)

et américains : Union Banking Corporation, General Motors, Ford, WA Hariman and Co – toutes deux dirigées notamment par Prescott Bush.

Le cas de Günther Quandt a fait l’objet d’une enquête indépendante de Joachim Scholtyseck parue en septembre dernier : elle montre un homme particulièrement détestable qui avait perdu tout sens de l’humanité. Qui était Günther Quandt ? Le père et grand-père des actuels propriétaire de BMW et de… Hugo Boss.

On conclura en rêvant que la France (y compris la principauté de Monaco, plaque-tournante de tous les trafics sous le Reich…) fasse montre d’un tel courage vis-à-vis de son passé. Pays où la majorité du monde de l’édition et de la presse a adopté un comportement plus qu’ambigu à l’égard de la collaboration. Cette histoire toujours taboue est symbolisée par l’assassinat non élucidé de Robert Denoël en 1945.

Comme dit l’Eclésiaste : « Rien de nouveau sous le soleil !» Mais il y a là comme l’arrière-goût d’un soleil invaincu…

Nicolas Roberti

Le Goncourt des Lycéens quitterait-elle La Chope, Les Champs libres et bientôt Rennes ?

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Petite bombe dans le milieu très fermé des prix littéraires…Le Goncourt des Lycéens sera désormais proclamé lundi prochain, à 12h30 au café de la Fnac, à Rennes, en présence d’Alexandre Bompart, président de l’enseigne. La nouvelle n’a pas fait que des heureux dans la capitale bretonne…

 

Depuis quelque temps, les délibérations n’avaient déjà plus lieu dans la mythique brasserie de La Chope aux plafonds et murs parsemés de contrepèteries. Elles se déroulaient au Café des Champs libres… sans que l’on comprenne d’ailleurs vraiment pourquoi.

En quittant cet estaminet un brin tristounet, les lycéens rejoignent l’antre d’un “ogre” de la distribution. C’est guère mieux… Bien sûr, La Fnac est à l’origine de la manifestation avec le Rectorat de Rennes. Bien sûr, elle en est le partenaire principal et met beaucoup d’argent sur la table. Mais a-t-elle vraiment besoin d’en contrôler tous les rouages de A jusqu’à Z ?

Il y a en effet un je-ne-sais-quoi de détestable d’imaginer des lycéens en train de délibérer au milieu de livres marqués du sceau de la Fnac. « On ne veut pas que le Goncourt devienne un prix Fnac, un produit marketing », expliquent des enseignants au comité d’organisation dans les colonnes d’Ouest-France.

On peut comprendre leurs protestations. Mais derrière tout cela, certains voient se profiler à l’horizon 2013 le déménagement du « prix » vers une autre grande métropole…. La crainte est loin d’être surréaliste. Car, naguère, il fut déjà question que le Goncourt passe de ville et en ville au fil des années. Mais devant le tollé général, les organisateurs avaient remis le dossier aux calendes grecques.

Lundi prochain, les élus rennais et les journalistes devront poser les bonnes questions à Alexandre Bompard. Car il serait dommage que Rennes perde l’unique et seul prix littéraire national décerné en province par plus de 1500 lycéens issus de 55 lycées. Délivré au début novembre, avant son prestigieux aîné, il a récompensé les plus grands écrivains, dont Erik Orsenna (L’exposition coloniale), Andréï Makine (Le testament français), Sylvie Germain (Magnus), etc. Certains affirment même que les récompenses lycéennes valent beaucoup mieux que celles des jurys nationaux, notamment par la qualité du récit. Et puis, elles ne seraient pas attribuées sous l’emprise germanopratine des maisons d’éditions…

Pour information, ces questions vont être posées à Alexande Bompard
par Arnaud Wassmer, notre sympathique et efficace confrère de RCF Alpha,
et retransmises demain à 12h30 sur ladite chaîne.

Rennes > (Re)naissance du Centre Culturel Bouddhique

En 2006, la Municipalité de Rennes a décidé de créer un Centre Culturel Bouddhique. Répondant aux aspirations d’habitants du bassin rennais qui pratiquent le culte bouddhiste, un bâtiment de quelque 400 m2 situé rue des Veyettes (à l’Est) a été gracieusement mis à leur disposition. Unidivers ne boude pas son plaisir et se réjouit de cette nouvelle qui promet de contribuer à faire connaître ce qui est à la fois une culture, une philosophie, une cosmologie, une pratique spirituelle et une religion née en Inde à l’ère axiale. Le bouddhisme est professé par 3 à 400 millions d’adeptes dans le monde. Mais les paroles prêtées à Bouddha, Siddhārtha Gautama, peuvent être une source d’éveil au-delà :

 

Il y a quatre pensées illimitées :
l’amour,
la compassion,
la joie et
l’équanimité.

La communauté sud-est asiatique de Rennes regroupe près de 1 500 personnes. On estime qu’entre un quart et un tiers pratiquerait le bouddhisme. A ceux-là, s’ajoutent quelques dizaines de convertis d’origine occidentale.

C’est pour mettre à disposition un lieu commun à cet ensemble d’environ 500 sectateurs que la mairie de Rennes et les associations concernées ont créé le Centre Culturel Bouddhique au mois d’octobre dernier. (Pour être précis, une structure du même nom existait déjà à Rennes depuis 2007, sise rue Sétif ; elle est morte pour renaître en Union des bouddhistes rennais en septembre dernier.)

Soyez votre propre lampe, votre île, votre refuge. Ne voyez pas de refuge hors de vous-même.

Elle réunit Sarun Suon (Association AKIV), Isabelle Froger (Association Drukpa), Dinh Hung  Nguyen (Association des vietnamiens bouddhistes de Rennes), Gilles Ollivier (Union des Bouddhistes Rennais), Hervé Le Goaziou (Association Dojo Zen de Rennes), Guillard Durox (Association Rigpa), Rolande Guillard Durox (Association Rigpa) et Céline Cabioch-Lê (Association Mam Trê). Cette dernière a été élue présidente. Le conseil d’administration accueille également le Comité Bouddhique Rennais et un membre représentant l’association Amitiés France Laos.

Pour favoriser la vie du Centre, la mairie de Rennes serait en passe de lui octroyer une subvention financière annuelle. En outre, le bâtiment de la rue des Veyettes, d’une valeur locative de quelque 30 000 €, est mis à disposition gratuitement.

La compassion peut être développée envers une personne qui vous irrite : c’est ainsi que l’agacement peut également être surmonté.

Outre d’être un lieu de culte, de prière et de méditation, les objectifs généraux du Centre Culturel Bouddhique s’organisent autour de trois pôles : culturel, citoyen, philosophique. L’association s’attachera à « faire connaître le bouddhisme », son apport intellectuel, spirituel et religieux. Qui plus est, à l’image du Centre musulman Avicenne, elle développera une semblable mission d’animation « d’un espace d’échanges interculturel
s » dans une « démarche citoyenne de respect
 ».

Pour réaliser ces honorables buts, la communauté rennaise va donc sortir du silence où elle se tient confinée pour faire connaître ses points de vue et activités. Unidivers ne manquera pas de les relater.

La patience est la plus grande des prières.

 

 Nicolas Roberti

Amélie Nothomb entre à l’Institut…franco-américain

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Les Français connaissent au moins deux Amélie. L’une d’elles porte le nom de Poulain et l’autre de Nothomb. Rien à voir a priori entre ces deux jeunes femmes. Quoique… elles sont toutes les deux dans la fiction… et dans la représentation.

Exceptionnellement, Amélie Nothomb sera à Rennes le mercredi 9 novembre, à 18 h, à l’Institut Franco-Américain. Dédicace prévue vers 19 h 30. Comme l’on peut s’en douter, les aficionados seront nombreux à lui rendre visite pour lui exprimer toute leur admiration. Il faut dire que la jeune femme entretient avec ses fans une relation particulière, voire intimiste. Elle n’hésite pas à leur écrire des lettres entières où elle se livre… à coeur ouvert.

On aime ou n’aime pas Amélie Nothomb. Mais convenons-en, on peut lui reconnaître ce talent-là, d’être proche de gens. Et c’est déjà beaucoup.

Mgr d’Ornellas > Roméo Castelluci l Prendre le temps de comprendre

La pièce de théâtre « sur le concept du visage du fils de Dieu » de Roméo Castelluci sera représentée à Rennes les 10, 11 et 12 novembre prochains. Dans la veine de l’analyse déployée le 29 octobre par Jean-Christophe et intitulée Les intégristes n’ont pas de coeur avec Roméo, Monseigneur d’Ornellas, Archevêque de Rennes, développe, dans un article paru le 3 novembre sur Catholiques en Ille-et-Vilaine, une argumentation qui souligne la nécessité de prendre le temps de comprendre et de faire un pas en profondeur. En voilà l’édifiante conclusion :

Mais le dialogue entre l’Église et l’art contemporain est une voie indispensable à l’évangélisation. Ce dialogue – difficile – appelle au préalable un dialogue entre chrétiens, fascinés eux aussi par le Christ et aimant l’Église, pour essayer de mieux comprendre la place de l’art dans nos sociétés contemporaines. Que ce dialogue renforce la foi de chacun, même s’il nous remet en question. Il nous fera avancer dans notre “amitié avec le Fils de Dieu”.

Ne nous trompons donc pas de combat en luttant contre une christianophobie à laquelle on veut nous faire croire. Manifester contre Castelluci est une erreur de perspective. Nous, chrétiens, nous croyons au Christ, Fils de Dieu. Vivre selon notre foi est notre vrai combat quotidien, dans l’amour qui écoute vraiment le cri des chercheurs de Dieu, dans l’amour qui dialogue en vérité.

 

Les Arts de la rue descendent dans… la rue

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Vendredi 28 octobre, sous les coups de midi, dans une petite ville de France, c’était comme une illusion d’été en plein cœur de l’automne !

Une caravane de joyeux lurons déboulait en fanfare sur la place de l’Hôtel de Ville, devant la statue du vaillant Poilu, pour porter la bonne parole des arts de la rue.

Cette opération de communication était organisée partout en France par la Fédération nationale des arts de la rue, sous le nom générique de « La ruée libre ». Et comme slogans mobilisateurs : « l’art est public » ou « un régime sans l’art m’aigrit » .

Partie de Brest, deux jours auparavant, la délégation bretonne composée de comédiens et de musiciens devait rallier Paris où une grande manifestation était organisée, Place de la République, le 29 octobre.

But de l’opération : mobiliser les citoyens et sensibiliser les élus autour des problématiques de territoires et la place des arts de la rue dans leur développement culturel. L’objectif était de récolter 500 signatures de responsables locaux partout en France.

La mort dans notre société > Sujet tabou

Pourquoi les Français ont-ils autant de difficultés à évoquer la mort? Pourquoi autant de personnes âgées meurent-elles encore seules ? Mais comment accompagner les mourants ? Enquête et témoignages.

Lorsque Jessie Westenholz a lancé l’idée, avec Jean-Pierre Jouet, d’un Salon de la Mort ! (elle tient au point d’exclamation) à Paris, c’est peu dire qu’elle a suscité l’incompréhension. Cette Danoise de soixante-sept ans, qui vit en France depuis 25 ans, n’en était pourtant pas à son coup d’essai. On lui doit déjà des événements artistiques et culturels comme la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), Musicora, le Salon nautique ou le Salon du patrimoine culturel. Loin d’être guidée par l’appât du gain, c’est un événement douloureux qui a conduit Jessie Westenholz à organiser ce salon.

« En 2008, après la mort de ma mère, je me suis rendu compte qu’elle n’avait pas “préparé” son départ : on ne connaissait pas ses dernières volontés ni la manière dont elle voulait être enterrée. J’ai acquis la conviction que chacun devait être responsable de sa mort. Et que la mort d’une personne devait lui ressembler, à l’image de ce qu’a été sa vie. Ce premier Salon de la mort ! a donc réuni les professionnels du secteur, mais aussi des associations. » En organisant un tel événement, Jessie souhaitait briser un tabou.

« En France, on peut parler de tous les sujets, sauf de la mort, s’indigne-t-elle. Pourtant, la mort fait partie intégrante de nos vies. Pour ne pas être dépourvu au moment où cela arrive, il faut en parler avec sa famille de son vivant. » A en croire la sexagénaire, ce projet fou n’aurait pas pu se monter il y a seulement 20 ans. Preuve que les lignes commencent à bouger et la parole à se libérer. Mais ce salon est surtout une première mondial, car il n’existe aucun événement équivalent.

Une initiative saluée par les médias et le grand public : le salon a attiré plus de 15 000 visiteurs l’an dernier. Il faut dire que le défi était de taille : réunir à la fois le côté concret (choix du cercueil, de l’urne, organisation des obsèques…) et théorique (accompagnement psychologique au deuil, soins palliatifs…). Cette année encore, des centaines d’exposants seront au rendez-vous. À côté des métiers classiques du funéraire, le salon s’ouvrira aussi aux nouveaux moyens de communication comme les albums de vie virtuelle ou les testaments sur Internet.C’est cette diversité qui plaît aux visiteurs. À l’instar de Cathy, soixante-quatre ans, retraitée, qui est venue, l’an dernier, de Seine-et-Marne spécialement pour le salon : « Aujourd’hui, je suis en bonne santé, mais la vie peut basculer d’un instant à l’autre, je ne voudrais pas laisser mes enfants régler seuls les formalités autour de ma mort. Autant leur simplifier la tâche et choisir moi-même le lieu de mon enterrement et le déroulement de la cérémonie. »

L’ancienne secrétaire de direction s’est dite « bluffée » par les stands qui proposaient des innovations numériques (albums photo, testament sentimental en ligne…). Même intérêt pour Patrick, quarante ans, comptable dans une société de communication qui a tenu à s’y rendre l’an dernier dans l’espoir de trouver du réconfort : « J’ai perdu ma fille il y a quatre ans. À l’époque, personne ne m’a aidé dans mon travail de deuil. Ici, j’ai trouvé une écoute et des regards compatissants. Ce n’est pas la même chose de parler à des proches et à des professionnels dont c’est le métier et qui sont formés à ces problématiques. »

La force du déni

Alors, certes, le salon a suscité la surprise et a levé le voile sur un domaine mal connu, mais la façon d’envisager la mort dans notre société reste marquée par le sceau du déni. Marie de Hennezel a travaillé pendant plusieurs années dans une unité de soins palliatifs en tant que psychologue et sait combien le déni est fort dans notre pays. À ses yeux, refouler la mort a pour conséquence une forte angoisse, une désocialisation et une perte de sens.

« Auparavant, on gardait nos aïeux à la maison, on s’en occupait jusqu’à leur dernier souffle. La mort était vécue aux yeux de tous, l’on portait les signes distinctifs du deuil et la foi religieuse était plus répandue. Aujourd’hui, la mort est sortie de la sphère de l’intime et de notre quotidien. Trois personnes hospitalisées sur quatre meurent sans un proche à leur côté. » Et d’ajouter que de nombreuses maisons de retraite préfèrent envoyer leurs pensionnaires à l’hôpital plutôt que de les laisser finir leurs jours paisiblement, entourés d’amis de leur âge dans un lieu serein. Ainsi, la mort ne se voit pas, n’existe pas. C’est ce qu’a constaté Hanna Shemla, attachée de presse de vingt-neuf ans, dont la grand-mère a été brusquement transportée dans un hôpital parisien le jour où elle a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

« J’ai vite compris que la maison de retraite préférait la voir mourir dans un couloirs aux urgences que dans ses murs ! Nous avons trouvé cela d’une extrême brutalité, d’autant qu’aucun accompagnement psychologique n’avait été prévu. » À en croire Marie de Hennezel, il y a toujours beaucoup de fantasmes et de craintes archaïques autour de la mort. Comme si les gens avaient peur de mourir rien qu’en en parlant ! « La mort reste quelque chose de sale, de honteux.

Les gens évitent souvent d’employer le mot et préfèrent parler de départ. C’est symptomatique de notre malaise. De la même façon, on doit dire la vérité aux enfants et ne pas les écarter des cérémonies funéraires. En les faisant participer au deuil, ils comprennent la portée de cet événement dramatique, mais constatent dans le même temps que les gens se soutiennent mutuellement. »La thérapeute anime aujourd’hui des séminaires sur le bien vieillir. Un débat crucial à l’heure où l’Insee prévoit qu’en 2050 une personne sur trois sera âgée de soixante ans ou plus.

Dans son dernier livre, coécrit avec son fils, Marie de Hennezel ouvre le débat entre deux générations. Avec un mot d’ordre : rétablissons le dialogue autour de la vieillesse et de la mort.Alors, la société serait-elle malade de son jeunisme ? C’est le sentiment de François Michaud-Nérard, directeur général des Services funéraires – Ville de Paris (SFVP), une société d’économie mixte créée en 1998 à la fin du monopole des pompes funèbres. « Nous sommes dans un schéma paradoxal. D’un côté, on n’a jamais vu autant de morts sur les petits et les grands écrans, on scénarise la mort des personnalités (Lady Di, Mitterrand). De l’autre, on occulte la vraie mort, celle qui pourrait nous toucher à titre personnel. Un sondage Ipsos/Services funéraires – Ville de Paris réalisé en 2010 a montré que 18 % des 40-50 ans n’avaient jamais vu un mort. »

Une révolution nécessaire

Le responsable va même plus loin en faisant un parallèle entre la place du sexe et de la mort dans nos sociétés. « La mort a le même traitement que le sexe il y a une cinquantaine d’années. À l’époque, il était inconcevable de se dénuder.

Aujourd’hui, le sexe est d’une totale banalité. C’est la même chose pour la mort qui, depuis Mai 68, a été totalement écartée de la société. Cette mise à l’écart nous cause beaucoup de tort. » Et d’affirmer que la « révolution de la mort » que nous vivons sans le savoir passe par une réflexion globale et un travail de normalisation sur le plan symbolique et social. C’est notamment la mission de la Fondation Services funéraires – Ville de Paris qui vient d’être lancée officiellement par la Ville de Paris.

Marinette Bache, conseillère de Paris, reconnaît qu’elle a longtemps évité de se confronter à la mort… avant d’être projetée à la présidence de la Fondation. « Aujourd’hui, la mort est aseptisée. Elle se déroule à l’hôpital de manière technique. Chacun s’en conforte, sauf quand ça nous tombe dessus ! On se dit alors que l’on n’y est pas préparé.

Toutes les composantes de la société doivent amorcer le changement des mentalités. On pourrait même imaginer que la télévision fasse un travail de fond sur la perception de la mort dans notre pays. » Pour Marie de Hennezel, on ne pourra pas faire l’impasse sur un grand débat de société autour de la dépendance. Et de rappeler que la canicule de 2003 n’a été qu’un avertissement face à ce qui nous attend à l’avenir. « Nous devons réintroduire cette réalité dans nos vies et méditer sur notre condition de mortels. C’est la clef pour bien vivre. » Et de citer Jacques Prévert : « La mort aidant la vie, la vie aidant la mort. »

À lire

Qu’allons-nous faire de nous ?

Marie de Hennezel 
et Édouard de Hennezel
Carnets Nord
368 p., 20 €.

Y aller

Salon de la mort !
du 12 au 14 avril 2012
Carrousel du Louvre, Paris
01 53 75 00 17.
www.salondelamort.com

Source : Fanny Bijaoui Protestants.org

Salon du Livre de Brive > Journal de bord de David

Première journée au 30e Salon du Livre de Brive.

Comme d’habitude l’entrée en matière est assez calme. Quelques pointures, mais le gotha est loin d’être présent. Cela étant, ce n’est pas déplaisant, car les travées sont assez aérées. C’est plutôt plaisant ! Pour l’instant… car dés demain, bienvenu en enfer ! Que dire d’autre sinon que l’entrée en matière est agréable avec de jolis stands bien mis en place, un large éventail de contenus ? Sont présents, comme requis,  diversité des styles, des anonymes, des conférences, des stars, de la jeunesse, de la boisson, des comestibles…

Mais… j’ai eu une bonne prise de contact dont je vous ferai part demain ;  je vous réserve un petit jeu sympathique pour demain. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de monde mais le résultat promet d’être réjouissant…

Ce soir, les festivités se poursuivent avec le match de rugby Brive-Racing qui va secouer la ville un peu plus.

Sinon pour l’anecdote, mon seul et unique achat littéraire a été : Les parfums d’Élisabeth de Feydeau. Une belle anthologie des parfums qui raconte toute l’histoire de ces derniers.

Un compte-rendu vous sera offert une fois ce livre digéré et surtout… dégusté.

Musée Marmottan > Henri-Edmond Cross l 20/10-19/02

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Le musée Marmottan  du 20 octobre 2011 au 19 février 2012 une exposition intitulée  Henri Edmond Cross et le néo-impressionnisme, De Seurat à Matisse.

Le fameux Cross (1856-1910) a  été désigné comme chef de file du courant néo-impressionniste (ou post-impressioniste). Il était légitime qu’une exposition de grande envergure lui soit consacrée. C’est le musée Marmottan-Monet  qui s’y emploie. Mettant en valeur une œuvre injustement méconnue.

Au-delà de la présentation d’un courant et de la mise en avant d’un artiste, c’est la façon de percevoir cet art pictural qui est aussi souligné. Si, au premier abord, on remarque la rigidité de ses formes et de ses formules, cette famille artistique est plus souple et  riche qu’elle ne pourrait la laisser présager au premier contact. En analysant au plus près, on peut même s’apercevoir que le cheminement qui se dirige vers le fauvisme passe par cette étape.

L’art de Cross présente une certaine particularité, et non des moindres : une allégresse domine tout ce qui en lui pourrait relever du mécanique. L’installation au début de sa carrière artistique en Provence n’étant probablement pas pour rien dans cette affaire.

Les couleurs sont élégiaques et les touches sonores sont retentissantes, voluptueuses et inoubliables.

Une exposition exquise qui subjugue son spectateur surtout quand la spontanéité culmine.

Quand la poésie se fait descriptive…

L’Appel à la Prière > Illustration digitale koweitienne

Commande de la télévision koweïtienne et réalisée par Firas J. Ershead, cette motion video de l’Appel à la Prière est réussie grâce à des plans fluides et originaux.

L’appel à la prière est l’annonce faite par le muezzin de l’arrivée de l’heure de la prière ; il emploie des paroles bien précises et invite les musulmans à participer à la prière qui leur assurera la félicité ici-bas et dans l’Au-delà. L’appel à la prière est une pratique cultuelle qui précède la prière. C’est l’un des principaux rites et signes distinctifs de l’islam. Il a été institué dès la première année de l’hégire ;  le Prophète en a ensuite poursuivi la pratique de nuit comme de jour, sur son lieu de résidence comme en voyage. Les paroles en sont :

Dieu est le plus grand
Dieu est le plus grand ( 2 ou 4 fois )
J’atteste qu’il n’y a nulle divinité digne d’être adorée à part Allah
‘atteste qu’il n’y a nulle divinité digne d’être adorée à part Allah ( 2 fois )
J’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu
J’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu ( 2 fois )
Venez à la Prière ! Venez à la Prière ! ( 2 fois )
Venez à la félicité ! Venez à la félicité ! ( 2 fois )
Dieu est le plus grand  – Dieu est le plus grand ( 2 fois )
Il n’y a nulle divinité digne d’être adorée à part Allah

 

 

Jérémie Lefebvre > Danse avec Jésus

Jean Sauveur a 75 ans. Heureux paroissien dans un village touristique, il souffre de la distance de Christian, son fils unique, qui a violemment rejeté la religion pour devenir psychanalyste à Paris où il élève sa fille sans références chrétiennes.  Marie Sauveur a 18 ans. En attendant les résultats du bac, elle vient passer quelques jours chez son grand-père. Mais Jean vieillit, son chagrin l’étouffe, il n’a plus la force de faire bonne figure devant sa petite-fille devenue grande…  L’histoire intime des Sauveur entraîne le lecteur au coeur d’une paroisse vivante, avec son groupe de prière et ses laïcs engagés, et lui dévoile des personnages qui, croyants ou non, luttent pied à pied pour vivre à la hauteur de leurs convictions : Brigitte, qui s’est juré de convertir son mari agnostique ; Christian, qui se bat contre toutes les formes de croyances ; Geneviève, qui tente de résister aux avances d’Olivier ; Philippe, qui se pose des questions sur la mortification ; Marie-Ange, qui croit en Jésus mais ne sent pas sa présence… Danse avec Jésus cherche une troisième voie – en forme d’école buissonnière – entre les sentiments viscéraux d’allégeance et de refus qu’inspire le monde religieux. Les positions les plus radicales y sont montrées de l’intérieur, les stéréotypes tour à tour flattés et disqualifiés, et le lecteur emmené en voyage dans le fond des consciences, promené entre Paris et la campagne en été, invité à rire – et à trembler – devant Dieu et son absence, l’envie et la terreur d’exister.

Mes nouvelles fonctions au sein d’Unidivers m’ont conduit à sortir des sentiers battus et à lire un roman qui traite de la chrétienté et de sa place dans la société moderne. Son style est agréable, vivant et clair. Le lecteur est donc bien disposé pour que le livre ne lui tombe pas des mains. Si l’entrée en matière du roman prend un peu de temps, on pénètre heureusement assez vite dedans. Dès lors, on ne le lâche plus, et on en accompagne le parcours. Sa forme un tantinet pamphlétaire aide beaucoup à la forte adhésivité qu’il génère.

Quant au fond du livre, il s’attache à montrer comment une famille, à travers les générations, vit sa foi religieuse ; le panel de sentiments traités est large : doute, certitude, renoncement, égarement, etc. Les personnages sont intelligemment structurés les uns vis-à-vis de leur foi. Les passerelles entre le monde réel et le monde spirituel sont bien dosées – ce qui concourt à intéresser un lectorat diversifié. Le petit fond analytique freudien du roman fait fonction de supplément d’âme, une saveur supplémentaire pour l’ouvrage.

Sans tuer le suspense et dévoiler la fin, il faut noter combien cette dernière est inattendue. Mieux, elle est interrogative, comme une façon de poursuivre son propre questionnement à l’égard de ses croyances.

Un roman spirituel au sujet religieux. Intéressant, contemporain et vivant.

À lire, pour sa qualité littéraire autant que pour un sujet traité d’une manière palpitante.

David Norgeot

Danse avec Jésus, Editions lunatique, 24 €, 364 pages


Après l’Agnus Dei, le Père Noël cassa un morceau d’hostie dans le calice, le couvrit, murmura une prière à voix basse et présenta le ciboire à l’assemblée.

« Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau. »

Et tout le monde répondit :

« Seigneur, je ne suis pas digne de Te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. »

Cinquante ans plus tôt, quand Gérard Labbé allait à la messe, quelque chose en lui se suspendait durant le silence qui suivait « mais dis seulement une parole et je serai guéri ». C’était comme si l’espoir contenu dans cette phrase annonçait la présence tangible du Christ dans l’église, comme si Gérard pouvait soudain s’attendre à ce que Jésus se penchât physiquement à son oreille pour lui dire une parole.

Quelques secondes plus tard, alors que retentissait le premier accord du chant de communion et que cette légère tension retombait, il ressentait du soulagement ; ce n’était pas le fait que Jésus fût resté silencieux qui le rassurait – au contraire -, c’était de voir son attention distraite avant que le constat de ce silence n’ait eu le temps de se former dans son esprit. On demandait à Jésus seulement une parole, la formulation portait à croire que ce n’était pas trop exiger, et cependant, cette parole ne venait jamais. Que Jésus ne se manifestât pas à chaque fois, qu’il ne suffît pas de le siffler, c’était la moindre des choses ; mais pourquoi ne répondait-il jamais ? Pourquoi ne prononçait-il jamais cette petite parole après laquelle on serait digne de le recevoir ? La question ayant fini par affleurer à la conscience du jeune Gérard, il avait bien essayé d’y trouver une réponse, mais s’était heurté à l’impossibilité de trancher définitivement entre différentes hypothèses :

1. Jésus ne voyait pas en quoi on n’était pas digne de le recevoir, il trouvait qu’on en était tout à fait digne et que son intervention était inutile.

2. Jésus estimait qu’en effet on n’était pas digne de le recevoir, mais qu’une parole de lui ne réglerait pas le problème.

3. Jésus était d’accord sur le fait qu’on n’était pas digne de le recevoir et aussi sur le fait qu’une parole de lui pouvait régler le problème mais, pour une raison mystérieuse, il ne souhaitait pas le régler.

4. Jésus était d’accord pour régler le problème et disait une parole pour qu’on fût guéri. Pour une raison mystérieuse, on n’entendait pas cette parole, mais elle était prononcée, et on devenait digne de le recevoir.

5. Jésus n’entendait pas ce qu’on lui demandait parce qu’il n’existait pas.

6. Jésus n’entendait pas ce qu’on lui demandait, pour une raison mystérieuse, mais il existait.

Entretien > Jérémie Lefebvre l Danse avec Jésus

Jérémie LefebvreUD – Vous vous attachez à montrer une partie de ce que vivent et ressentent des croyants chrétiens dans une période déchristianisée. Des croyants, faut-il dire, qui sont parfois stigmatisés et perçus comme des arriérés. Il est rare aujourd’hui que ce sujet soit traité d’une manière neutre et romanesque. Mais, certes, Danse avec Jésus n’est une apologétique. Pas plus qu’il n’est un documentaire sur un conservatoire d’un nouveau type (qui pour certains fait figure de zoo). Serait-ce une contribution à la mise en exergue des dimensions, formes et textures de fragilité et de grâce qui caractérisent la foi de nombreux croyants authentiques ? 

J.L. – La fragilité et la grâce sont pour moi des entités autonomes, sauvages, qui peuvent se trouver partout, dans la foi comme dans son refus. La manière dont je fouille les consciences des personnages est d’abord une invitation à se mettre à leur place, qu’ils soient chrétiens ou non ; c’est pour moi une condition à la notion même de roman : emmener le lecteur en voyage, lui permettre de se quitter momentanément, de suspendre son jugement, pour éprouver les sensations intimes d’un autre. Il s’agit ensuite de mettre en scène la vie spirituelle comme une composante esthétique de la nature humaine, de produire une impression de beauté qui transcende les questions d’adhésion ou de rejet. Pour rejoindre ce que vous dites, concernant mes personnages de paroissiens engagés, la question qui m’intéresse n’était pas : « sont-ils d’aujourd’hui ou d’hier ? », ou « ont-ils raison ? », mais plutôt : « où est leur grandeur ? » et « qu’est-ce qui peut justifier esthétiquement l’appartenance au christianisme ? »

Dans Danse avec Jésus, Jean a une rencontre avec le Christ qui fait qu’il renonce à son activité de notaire et qu’il se consacre ensuite à aider les autres ? Est-ce une expérience de détachement que vous vivez à travers lui ? En outre, Jean est-il une figure de l’Evangéliste ou du Précurseur ou des deux ?

Je dirais plutôt que Jean fait une expérience d’attachement. Il a quitté une existence en contradiction avec le message évangélique pour s’attacher réellement à Jésus. N’ayant pour ma part jamais été dans une situation de respectabilité bourgeoise, si je devais « suivre le Christ » je n’aurais à renoncer à rien de social ni de matériel… il faudrait plutôt que je me détache de ma vocation de créateur, ce qui ne serait pas une mince affaire. Je m’imagine plus facilement renoncer à une situation de notaire ! Quant au choix du prénom Jean, c’est « le disciple que Jésus aimait », son successeur auprès de Marie, presque son double… il a un côté « premier de la classe » qui fait rêver, mais suscite aussi l’exaspération du rebelle qui se dit : « Où est la faille ? Qu’est-ce qui se cache derrière toute cette perfection ? » Et quand on cherche la faille, bien souvent, on la trouve… c’est toute l’histoire de Jean Sauveur avec son fils Christian, qui récuse, quant à lui, toute idée de croyance.

Vous êtes en résidence d’écriture à la Maison de Louis Guilloux à Saint Brieuc jusqu’au mois de janvier 2012. D’une part, comment ‘ressentez’-vous le territoire breton ? D’autre part, cette résidence est-elle féconde, autrement dit : travaillez-vous à un troisième roman ?

Je suis frappé par le calme et la douceur de Saint-Brieuc. Le paysage m’étonne beaucoup, la manière dont on y surplombe la mer est impressionnante : d’abord discrètement, par un plateau à peine vallonné, puis très brusquement, on se retrouve en haut de collines qui plongent dans l’eau comme des montagnes. C’est magnifique. Je suis là pour trois mois, accueilli dans la maison de Louis Guilloux, dans des conditions de rêve pour travailler à mon troisième roman, en parallèle à l’animation d’ateliers d’écriture sur le même sujet. Il y sera encore question de foi catholique, mais beaucoup plus discrètement, ce ne sera cette fois qu’une des explications de l’histoire…

Propos recueillis par Nicolas Roberti

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Entretien > Jérémie Lefebvre l Danse avec Jésus

Tim Willocks > La religion

Mai 1565. Malte. Le conflit entre islam et chrétienté bat son plein. Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, a déclaré la guerre sainte à ses ennemis jurés, les chevaliers de l’ordre de Malte. Militaires aguerris, proches des templiers, ceux-ci désignent leur communauté sous le vocable de « la Religion ». Alors qu’un inquisiteur arrive à Malte afin de restaurer le contrôle papal sur l’ordre, l’armada ottomane s’approche de l’archipel. C’est le début d’un des sièges les plus spectaculaires et les plus durs de toute l’histoire militaire. Dans ce contexte mouvementé, Matthias Tanhauser, mercenaire et marchand d’armes, d’épices et d’opium, accepte d’aider une comtesse française, Carla La Penautier, dans une quête périlleuse. Pour la mener à bien, ils devront affronter les intégrismes de tous bords, dénouer des intrigues politiques et religieuses, et percer des secrets bien gardés.

Un coup de coeur énorme pour tout ce que ce roman véhicule. Un livre qui transporte.

On achète d’abord ce livre pour sa belle couverture. Également, car il est édité chez Sonatine, la maison d’édition qui, en matière de polars, est une référence désormais. Ensuite, après avoir lu la quatrième de couverture, ce livre met l’eau à la bouche : thriller historique sur déroulant au XVIe siècle. Pourtant, il s’agit d’un bon pavé (852 pages pour le grand format) ; il faut vraiment que l’histoire passionne pour  les terminer… C’est ici le cas.

Le roman est empli de personnages, tous représentatifs de leur époque chacun à leur manière. Le récit s’articule néanmoins autour de trois principaux : un homme et deux femmes – Matthias Tannhauser, Carla La Penautier et Amparo. Ce trio amoureux va se rencontrer et évoluer dans une époque ravagée par les guerres de religion, notamment, le conflit entre les Turcs et la Religion (autrement dit, l’Ordre de Malte, une institution chrétienne).

Carla est une jeune femme noble de vingt-sept ans. Elle vit seule et reniée de sa famille à la suite d’une relation qu’elle entretint avec un homme à l’âge de quinze ans. De cette union est né un enfant, qu’on lui a enlevé aussitôt. Ainsi, la quête du livre commence par sa volonté de rejoindre l’île de Malte où une guerre est sur le point d’éclater. C’est ainsi qu’elle va se retrouver là-bas avec Tannhauser et Amparo, une jeune fille de dix-neuf ans, que Carla a recueillie sept ans plus tôt.

Voilà le début de l’histoire. De fait, on imagine bien que l’amour profond qui va se lier entre Matthias et les deux femmes va être au coeur de la narration. Mais, derrière cela, il y a aussi le récit d’une guerre et celui des religions. Une phrase du livre résume cela :

« Soldats de l’Islam. Soldats du Christ. Chacun est le diable pour l’autre, et Satan ricane dans sa manche » (p. 638).

Le lecteur se retrouve à lire un récit d’amour, d’aventures, un récit historique et érudit – un récit puissant et poétique.

La force de ce pavé tient dans la faculté de conteur de Tim Willocks. Il possède une langue magnifique et très riche. Lorsqu’il décrit des scènes de passion ou d’amour, on vibre avec les personnages. Quand il évoque l’histoire et la religion, on est attentif comme un écolier. Quand il décrit la guerre, on reste pantois. Oui, parce que ses descriptions des scènes de bataille, de blessés, de morts, sont réalistes tout en gardant une fibre romanesque. Ces scènes sont parfois très longues ; aussi sera-t-on tenté d’en survoler … Mais, waouh, quel roman !
Quelques mots sur le personnage de Matthias Tannhauser qui est attachant du début à la fin. C’est l’homme avec un grand « H » : un amoureux galant, un amant fougueux, un ami fidèle, un guerrier qui se bat pour sa liberté et non pour telle ou telle religion. Il a été élevé par les Turcs et se retrouve enrôlé dans la Religion. Bref, ce personnage est juste exceptionnel !
Que dire de plus ? Peut-être mon coup de coeur de l’année 2011. Si vous aimez ce genre de récit, mais que vous hésitez au vu du nombre de pages, jetez-vous dessus sans plus tarder !

Marylin Millon

 La Religion de Tim Willocks (Benjamin Legrand pour la traduction), Sonatine, 852 p., 23€

Bolchoï > Etoiles et toile

Afin de célébrer l’ouverture à neuf du théâtre du Bolchoï, une vidéo promouvant l’identité du festival et du lieu a été réalisée par le motion designer russe Anton Nenashev. Magnifique.

 

 

 

Film Intouchables

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2/4 étoilesA la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables.

D’un point de vue cinématographique, ce film est tout sauf un chef d’œuvre.

Les clichés se succèdent : le riche aime la musique classique, l’art contemporain, la sophistication ;  le pauvre banlieusard déteste ce que l’autre aime pour adorer l’opposé. Le côté démagogique est vraiment too much.

Le manque de rythme, bien que rare peut aussi être une source d’ennui. L’esprit SAV cher à Omar se révèle énervant, avec des moments très drôles cependant. Le dernier point négatif : cette histoire est aussi moralisatrice qu’une chanson de Grand Corps Malade…

Bon, il y a aussi du positif. On rigole pas mal. A la limite de l’hilarité parfois. La chose est vraiment agréable. En outre, les acteurs sont bons, surtout Cluzet qui comme d’habitude est dans le bon ton. L’écriture reste de  bonne qualité, cohérente, rapide, tendue et sans trop de fausses notes. La bonne tenue de la relation est aussi à souligner, car le sujet n’était tout de même pas facile à équilibrer. Sensibilité et pudeur sont bien distillés.

Bref, Intouchables est un film qui accuse de gros défauts mais qui parvient à bien se rattraper.

Ni intouchable, ni inoubliable, mais fréquentable…

Equipe d’Unidivers, Présentation de Marylin Millon

Unidivers a la joie d’accueillir un nouveau membre au sein de sa rédaction : Marylin Millon. Eu égard à l’étymologie de son prénom, on ne peut douter qu’elle contribue à tirer l’information vers le haut. Diplômée ès sciences de l’information et spécialiste des NTIC, Marylin est passionnée de lecture depuis son plus jeune âge. Histoire, histoire de l’art, civilisations anciennes,  sciences – bref, tout ce qui touche à l’Uni(di)vers… Elle aime retrouver ces thèmes dans des récits de fiction ou dans des livres-documentaires. Elle a débuté en octobre 2008 en amateur une activité de chroniqueuse littéraire sur son blog baptisé Le boudoir littéraire. Trois ans qui lui ont permis d’affiner et d’affirmer son style. La critique qu’elle publie aujourd’hui en est la preuve. Mais avant cela, la question rituelle :

Unidivers – Marylin, vous connaissez la question rituelle réservée à tout nouveau membre d’Unidivers : c’est quoi, pour vous, la vie spirituelle ?

Marylin – “Spirituel” et “spiritualité” font partie de ces mots dont on pense connaître la signification ; pourtant, lorsque l’on nous demande une définition, il est souvent difficile, voire impossible, de répondre !  Je dirais que la vie spirituelle est, dans mon cas, tout à fait étrangère à la notion de religion, étant athée. Elle se manifeste plutôt au travers de très fortes émotions ressenties lorsque je vois et “touche” un monument ancien, lorsque je visite un musée, lorsque je suis en présence d’un très vieil objet, etc. Peut-être puis-je dire que ma quête de spiritualité passe par la transmission de sensations dans un lieu visité, dans un objet touché, dans une phrase lue…

Maurice Herzog, survivant de l’Annapurna > Catherine de Baecque l Un sommet d’amour

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Aux éditions Arthaud, la Nantaise Catherine de Baecque réserve sa plume à un maître de l’alpinisme, Maurice Herzog.  Elle rend hommage à celui qui un jour lui tendit la main au moment où elle en avait le plus besoin. Car est-il nécessaire de le rappeler encore et encore… Victime de la lâcheté des hommes, cette ex-lanceuse de marteau fut violée par d’autres athlètes, condamnés par la justice en 1993 et 1994.

 

Licenciée du ministère des sports où elle avait déniché un emploi, elle a retrouvé la foi de ses jeunes débuts sportifs dans l’écriture d’un récit haletant. Naturellement, Catherine de Baecque n’est pas Roger Frison-Roche, auteur de Premier de Cordée. Mais, elle donne du piquant à l’histoire d’un homme hors du commun. Mieux encore, elle procure de la vie à celui qui fut sans aucun doute son père spirituel.
Son style est limpide et glissant, comme une luge à pleine vitesse sur une pente verglacée. Par petite phrase courte, à coups de « piolet », elle raconte cet aventurier du siècle dernier. Maurice Herzog était un aristocrate de la montagne, un résistant de la première heure et un homme de  conviction. Fils de bourgeois, il gravit les échelons du courage, se gardant bien de “dévisser” en chemin.
Maurice Herzog n’est pas simplement le vainqueur de l’extrême, le premier à atteindre un sommet de 8000 mètres le 3 juin 1950. Il est de ceux qui inspirent le courage et la volonté d’accomplir. Bien sûr, il revint de l’Annapurna amputé, après avoir frôlé la mort. Bien sûr, il gagna le respect de toute une profession et du public friand d’audace. Mais c’est naturellement bien que plus que l’auteur offre à ses lecteurs. Herzog suscite le respect par sa personnalité, par son humanité rare et par sa gentillesse extrême.
Catherine de Baecque entre à pas feutrés dans l’existence du pionnier. Elle évoque son parcours d’homme politique, de grand patron et de membre du comité international olympique. Mais qui mieux qu’elle pouvait le faire… Elle trouve le ton juste, évitant les écueils de la sensiblerie et de l’autosatisfaction. On est dans la biographie du vrai et de l’admiration raisonnée.

JCC

Catherine Moyon de Baecque, Arthaud, 25/10/2011, 368 p., 22€

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Maurice Herzog, survivant de l’Annapurna > Catherine de Baecque l Un sommet d’amour

Frédéric de Coninck > Si proches, mais si loin les uns des autres

En cent ans, nos définitions du proche et du lointain ont été bouleversées. Les systèmes de solidarité sont attaqués et leur légitimité mise en doute. La construction de l’Europe n’enthousiasme plus. Les étrangers font peur et tous les pays riches limitent le flux d’immigrants. Les relations sociales de proximité sont devenues plus violentes. Les menaces : terrorisme, crack financier, pandémie, effrayent. Qui est mon prochain ? De qui me montrer solidaire ? Avec qui élaborer le vivre ensemble, le développement économique ou les dispositifs qui me protègeront des risques ? Des questions ardues et des réponses jamais unanimes.

Pour répondre à ces questions, l’auteur examine les lignes de force qui dessinent les logiques du proche et du lointain, les tensions sociales provoquées, les pratiques de solidarité qui subsistent ou émergent, malgré tout.

À son époque, l’Eglise primitive a redéfini à l’échelle du bassin méditerranéen la fraternité (et donc de la proximité), le dialogue interculturel, les échanges… Sommes-nous capables, aujourd’hui, de répéter, à notre mesure, une telle expérimentation ? Quel rôle les chrétiens et les Eglises peuvent-ils jouer dans le contexte actuel d’une redéfinition radicale du proche et du lointain ? Quelles nouvelles solidarités, quels nouveaux échanges peuvent-ils promouvoir ?
Si proches mais si loin les uns des autres, Qui est mon prochain dans la société mondialisée ? Frédéric de Coninck, Editions Olivétan, 2011, 92 p., 14 €

Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…

Les affres de la solidarité lorsque l’espace s’élargit et que la mobilité augmente

La parabole du bon Samaritain est l’un des textes les plus connus et les plus commentés de l’évangile de Luc. Elle est introduite par un bref dialogue entre un légiste et Jésus à propos, notamment, du commandement : «tu aimeras ton prochain comme toi-même». Ce commandement soulève une question chez le légiste : «qui est mon prochain ?» (Le 10.29). Lorsque nous lisons le texte, aujourd’hui, nous considérons volontiers cette question comme mesquine. Le légiste nous semble chercher la petite bête et restreindre un peu vite la portée du commandement de Dieu. Je crois, pour ma part, que sa question était sincère et qu’elle renvoyait à un authentique malaise qui le travaillait. Et je pense, qui plus est, que ce malaise est largement analogue au malaise que ressentent aujourd’hui beaucoup d’hommes sur la surface de la terre.

L’idée de prochain, en grec comme en français, renvoie à l’idée de quelqu’un qui est près de nous : «proche». Mais proche dans quel sens ? Au premier siècle de notre ère, les conditions de la proximité ont bien changé. Il est devenu plus facile de se déplacer dans l’ensemble de l’Empire romain. Depuis le règne d’Auguste (le «César Auguste» mentionné au moment de la naissance de Jésus), les conflits régionaux se sont éteints en Asie Mineure et les guerres se sont éloignées aux frontières de l’Empire, loin de la Méditerranée alors sillonnée par de nombreux navires. Les routes romaines se sont multipliées et tout cela est d’ailleurs lisible en creux quand on remarque avec quelle facilité les apôtres voyagent dans le livre des Actes. Paul mentionne bien l’existence de bandits (2 Co 11.26); il y en a également dans la parabole, mais il n’en reste pas moins que la mobilité a considérablement augmenté à cette époque. On se retrouve donc à croiser dans la ville ou sur les routes des personnes qu’on ne connaît pas. Celui qui est proche dans l’espace n’est pas forcément proche socialement.

Et puis il y a pire et cela remonte à plus loin. Depuis 63 avant Jésus-Christ, la Palestine est occupée par les Romains. Les juifs croisent tous les jours, dans les rues, une armée d’occupation. La Palestine est une colonie dont les richesses partent à Rome. Ces soldats ennemis sont proches, trop proches : sont-ils des prochains ?

La librairie Saint-Germain, librairie de tous les plaisirs spirituels

Rue Nationale, en plein centre ville de Rennes, la librairie Saint-Germain résiste aux franchises et autres grandes chaines de magasins depuis 1850. Tenue par Hélène Lemestre, la librairie accueille un public de fidèles (on peut le dire) et de curieux.

 

Derrière sa façade bleue, elle reçoit comme au confessionnal, en chuchotant le nom des livres: Les saints guérisseurs en Bretagne, Les Pardons Bretons, Les Moines de Tibhirine…

On est loin des libraires Procures matinales où se pressent à Paris les aficionados de littérature religieuse. Ici, rien n’est logé à l’enseigne du mercantilisme. Rien ne ressemble aux traditionnels marchands du temple. Les libraires vendent par tradition, conviction et foi. Dans ce temple du rayonnage en bois et de l’encaustique littéraire, il y a un je-sais-quoi de suranné, mais tellement vrai…

En plein cœur de Rennes, la librairie existe encore et toujours dans sa spécificité loin des modes et des tendances.  Ses fans sont encore nombreux, préférant encore le conseil au stress d’un vendeur au gilet trop petit. Pour les autres, ils adorent les icônes d’inspiration byzantine collées, peintes ou encore sérigraphiées fabriquées et importées par la boutique. Ils en commandent et en redemandent pour leur plus grand plaisir.

L’art religieux trouve sa raison d’être rue Nationale entre deux magasins de vêtements. On ne dira jamais assez que tout est possible dans le commerce. La preuve, la Foi fait parfois déplacer des montagnes. Demandez donc aux santons qui règnent en maître dans ce haut-lieu spirituel. Dans leur  vitrine, ils ont soudainement un aspect humain… comme la librairie Saint-Germain.

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La librairie Saint-Germain : librairie de tous les plaisirs spirituels


Rennes > Bénédicte Pagnot en tournage (suite)

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Comme Unidiver l’annonçait dans un article en date du 12 octobre, Bénédicte Pagnot tourne à Rennes Les Lendemains. Dans le cadre du financement du long métrage, une proposition d’ordre participative a été lancée par le producteur rennais Mille et une films. A votre bon coeur…

Lamballe > Festival du polar 11-13/11

L’association La Fureur du Noir organise la 15e édition du festival du polar « Noir sur la Ville ».

Au programme : des rencontres avec pas moins d’une quarantaine d’auteurs de polars, des dédicaces, des lectures à la bibliothèque, un film, des spectacles dans des bars, des conférences… À noter, le samedi 12, à 19 h 30, l’enregistrement en direct au quai des Rêves de Lamballe, de l’émission « Des Papous dans la tête » et, le dimanche 13 novembre, à la salle municipale, la tenue de l’assemblée générale de l’association « 813 » et la remise des trophées 813 du meilleur roman francophone, du meilleur roman étranger ainsi que le prix Maurice Renault. L’entrée au festival est gratuite. Plus d’infos.

Vendredi 11 novembre :

17h00 : au Bar La villa café (en face de la salle municipale)
(En partenariat avec Quai des rêves, centre culturel de Lamballe)

Nature morte dans un fossé Théâtre – Groupe Vertigo

Ce polar à l’humour très noir plonge dans l’univers de la jeunesse et de la nuit à la recherche de l’assassin d’une jeune fille sans histoire. Deux comédiens pour six personnages joués avec astuce dans cette version bar.

A noter : L’Addition Théâtre propose une mise en scène différente de la pièce au Quai des rêves mardi 15 novembre à 20h30.

Texte : Fausto Paravidino
Jeu : Bérangère Notta et Guillaume Doucet

Tarifs : 6€, 8€ ou 10€
Réservations / infos : 02.96.50.94.80n http://www.quaidesreves.com


20h30 : au Cinéma Le Penthièvre de Lamballe

Hommage à notre ami Patrick Pommier

suivi de

Bons baisers de Bruges

2008 – 1h41 – Réalisé par Martin McDonagh Avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes

Après un contrat qui a mal tourné à Londres, deux tueurs à gages reçoivent l’ordre d’aller se faire oublier quelque temps à Bruges.

Alors que Ray rongé par son échec, déteste la ville, ses canaux, ses rues pavées et ses touristes, Ken se laisse gagner par le calme et la beauté de la cité. Ce séjour forcé va les conduire à faire d’étranges rencontres avec des habitants, des touristes, un acteur américain nain, des prostituées et une femme qui pourrait bien cacher des secrets aussi sombres que les leurs…

Tarif : 5,50 € café compris.

Samedi 12 novembre :

10h00 – 12h00 : à la Bibliothèque de Lamballe

Café noir & courts polars

Lectures par Hafed Benotman, Hervé Commère, Didier Daeninckx, Dominique Manotti présidées par Jean-Hugues Oppel – (Entrée libre)


13h45 – 18h00 : à la Salle municipale

Rencontres / Dédicaces Tout l’après-midi un cabinet de lecture vous fait entendre des extraits des œuvres des auteurs du salon.

13h45 : Ouverture officielle du salon

Remise des prix du concours de nouvelles (organisé par La Noiraude, la Fureur du Noir et Terre de Brume) et nominations des coups de cœur de « Des mots sur les rails » (dans le cadre de TER de Polars organisé par la Fureur du Noir, la SNCF et la région Bretagne)


15h00 : Le polar américain
avec Claude Mesplède )


16h30 : Nouvelles voix du polar

avec Sophie Di Ricci, Philippe Georget, Marin Ledun et Arnaud Le Gouëfflec animé par Christine Ferniot


18h00 : Fermeture des portes du salon


19h30 : au Quai des Rêves (centre culturel de Lamballe)

Des papous dans la tête

Enregistrement en public de l’émission de France Culture.Ouverture des portes à 18h45, enregistrement à 19h30. Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Dimanche 13 novembre :

9h00 – 12h00 : à la Salle municipale AG de 813 (Association des amis des littératures policières) & remise des Trophées.

A l’issue de l’AG de la célèbre association seront décernés, les Trophées 813 du meilleur roman francophone, du meilleur roman étranger ainsi que le prix Maurice Renault. – (Entrée libre)

Infos : http://blog813.over-blog.com/


14h00 – 18h00 : à la Salle municipale
Rencontres / Dédicaces

Tout l’après-midi un cabinet de lecture vous fait entendre des extraits des œuvres des auteurs du salon.


14h30 : Quinze ans après, où va le polar ?

avec Didier Daeninckx, Jean-Bernard Pouy et Marc Villard


16h00 : Rencontre

avec John Harvey (Angleterre) et Moussa Konaté (Mali) animée par Christine Ferniot


18h00 : Clôture du festival

Ça y est, le programme de cette quinzième édition est sorti. Téléchargez le et diffusez le sans vergogne.

 

Rennes > « Chibanis d’ici » l 15/11

Rennes. « Chibanis d’ici », projection en avant-première, le 15 novembre, à 18h00, à la maison de quartier de Villejean.

Réalisée par Pierrick Guinard, les « Chibanis d’ici » sont ces immigrés marocains de la première heure qui débarquèrent un jour dans l’Ouest de la France, à l’époque des Trente Glorieuses et des grands travaux, la tête pleine de rêves… Ainsi étaient-ils venus chez nous, se faisant la promesse de repartir « dès que possible », ou au pire de « finir leurs vieux jours » sur leur terre natale, dans la « belle maison » qu’ils se feraient construire là-bas « chez eux », durant leur exil et leurs années de sacrifices en France.  Mais le destin en a décidé autrement. Inch Allah !  Pour ne pas perdre leurs droits à la retraite, et parce qu’une grande partie de leur vie se trouve désormais ici, ils ont finalement renoncé à leur vœu de jeunesse, à ce qui avait été un moment le sens de leur existence… Cette chronique d’un exil et d’un enracinement est une coproduction Éole Production/France Télévisions.

Annie Ernaux Ecrire la vie

Agrégée de Lettres, Annie Ernaux vit en grande banlieue ouest de Paris. D’inspiration autobiographique, son œuvre littéraire vise à faire émerger les souvenirs personnels dans la nudité des faits ou à fixer « la mémoire du présent » à travers les signes de la vie quotidienne. Elle a notamment publié aux Éditions Gallimard L’événement, La vie extérieure, Se perdre, L’occupation, Les années. Un concentré de 40 ans de vie et d’écriture dans ce beau volume des éditions Gallimard/Quarto.

 

Écrire la vie a toujours été le but ultime du travail d’Annie Ernaux, dès sa première parution en 1974, son œuvre Les armoires vides donnait déjà le ton de ce qui allait être le fil conducteur de sa carrière littéraire.  Si on analyse l’ensemble de toute son œuvre, l’on voit clairement que notre amie n’a absolument jamais changée de ligne de conduite. D’une constance rageuse tant l’accident n’a même jamais été approché.  Si au fil du temps qui passe, son style a évolué, migré et son propos tout autant, alternant le lucide et le plus féroce. La construction de ce volume donnant encore plus d’aspect à ce fait.

L’ordre n’est pas chronologique mais suivant un fil conducteur de son existence.

La seconde particularité de l’ouvrage est d’avoir proposé une vision alternée à la classique biographie, ici aucune trace de vie romancée via une écriture qui raconte. C’est un album photo et une présentation de son journal intime qui raconte cette dame. L’analyse de sa vie étant donc plus vivante car c’est la capture des instants du passé qui s’offre au regard du lecteur.

Si on analyse ce  choix plus dans le détail, on ne manquera pas de noter qu’il s’agit de faire rejoindre le personnel et l’universel. Une façon habile de rester dans les mémoires.

Un beau livre qui montre que si la littérature raconte souvent des histoires, elle raconte aussi la vie et c’est une des raisons que lire est indispensable à la vie.

Un beau livre qu’il faut lire pour s’évader et voir un peu la vie autrement.

Ce volume est organisé en miroir : à la place du traditionnel « Vie et oeuvre » ou de la Préface, il s’ouvre sur des séquences de photos organisées chronologiquement. Le commentaire de ces photos est composé d’extraits du Journal secret inédit d’Annie Ernaux (elle en a interdit la publication de son vivant). Les photos sont toutes des photos personnelles des proches, des lieux. Photos sans ambition esthétique, mais qui rendent parfaitement compte du projet immense de ce Quarto : Écrire la vie.

Cette première écriture, celle de l’instant devenu souvenir, n’a rien de spontané. L’état des photos en témoigne. Elles ont souffert, la surface a perdu son aspect lisse, elles ont reçu quelques coups malgré tout le soin dont on sent qu’elles ont été entourées. Elles sont précieuses malgré leur modestie, et l’émotion nous étreint, sans que l’on sache pourquoi, à les regarder ainsi rassemblées. Sans doute parce que l’on pressent ce qu’elles cachent derrière ce qu’elles disent. Elles sont la mémoire vive des drames qui constituent la trame de l’écriture des textes, mais sans l’action.Elles en sont plutôt le décor, les acteurs figurent paisiblement, le café épicerie est là en arrière-fond, la Normandie, Yvetot, les promenades du dimanche, le quai de la gare, un décor et des gens si banals ! Les onze ouvrages sélectionnés pour ce volume, précédemment parus dans la « collection blanche », répondent à ce premier corpus dans un autre registre : le drame assumé, sinon exorcisé. « Écrire la vie » prend alors un autre sens : sans l’écriture qui livre le chemin d’une vie libre, il n’y aurait que souffrance, remords, accablement et refoulement.

La passion de l’écriture se confond avec la passion de la vie, après l’avoir engendrée. Vivre et écrire ne font plus qu’un. Rien n’est banal, rien n’est dérisoire. À ces onze titres s’ajoutent dix textes brefs : tous sont de courts récits, des observations, des réflexions sur l’écriture ou la lecture (à l’exception d’une fiction, « Hôtel Casanova »).

« Écrire la vie. Non pas ma vie, ni sa vie, ni même une vie. La vie, avec ses contenus qui sont les mêmes pour tous mais que l on éprouve de façon individuelle : le corps, l éducation, l appartenance et la condition sexuelles, la trajectoire sociale, l existence des autres, la maladie, le deuil. Je n ai pas cherché à m écrire, à faire uvre de ma vie : je me suis servie d elle, des événements, généralement ordinaires, qui l ont traversée, des situations et des sentiments qu il m a été donné de connaître, comme d une matière à explorer pour saisir et mettre au jour quelque chose de l ordre d une vérité sensible. » Annie Ernaux, juillet 2011.

 Annie Ernaux Ecrire la vie, Gallimard (20 octobre 2011), 1088 pages, 26€

Scientologie > Escroquerie et/ou médecine illégale

En octobre 2009, le Celebrity Centre et sa librairie avaient été condamnés en première instance à des amendes de 400 000 et de 200 000 euros et ses membres jusqu’à deux ans de prison avec sursis. Aujourd’hui, l’affaire d’accusation d’escroquerie en bande organisée et exercice illégal de la médecine revient devant la cour d’appel de Paris.

 

Alain Rosenberg, fondateur de l’association spirituelle et considéré comme son dirigeant de fait, est de nouveau appelé à comparaître. L’officine de la scientologie qu’il représente – classée par le rapport Vivien comme association sectaire – avait échappé de justesse à la dissolution réclamée par le ministère public. En effet, ironie du sort (qui ne laisse pas d’interroger sur la profondeur de l’entrisme de la scientologie dans les milieux de la justice et du pouvoir),  cette possibilité de sanction n’était hélas plus en vigueur ! Depuis quand ? Précisément, depuis le mois précédent. En mai 2009, une modification législative avait rendu impossible la dissolution d’une personne morale pour escroquerie. Même si elle a été rétablie depuis lors, elle ne peut pas s’appliquer à cette affaire lors de l’appel.

Dans ce cas comme dans d’autres, il reste quelques témoignages dont la quantité n’arrivera jamais à atteindre les sommes réglées par les plaignants pour l’utilisation des fameux électromètres, saunas, cures vitaminées et autres outils destinés à dissiper le brouillard mental. Dissiper le brouillard ou le répandre ?

Pour information,  il est utile de préciser qu’en France le fait d’être une association religieuse n’est en rien réprimée ; il en va autrement si cette dernière s’adonne à des comportements coupables. À la justice de trancher. Au demeurant, nous avons répondu au test de personnalité en ligne proposé par l’église de scientologie.

Il était dit que ce test promettait une réponse qui allait nous éclairer. Chouette : nos abimes de ténèbres allaient s’illuminer ! Pourtant, à la fin d’un test interminable et aux questions farfelues, aucune réponse ne nous a été donnée. Une erreur peut-être ? Non, pas du tout. En fonction de notre adresse postale, nous avons été invités à venir retirer le résultat dans l’officine la plus proche (dans notre cas à Angers) !

Que se passe-t-il quand une personne mord à l’hameçon et se rend au rendez-vous ? Quid, si, en outre, cette dernière est du genre dépressive à faible interaction sociale ? Certains oseraient affirmer que le poisson est dès lors ferré…

Nicolas Roberti

Place Vendôme, Ring ou le Miroir aux alouettes l 20-23/10

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Dans le cadre de la Fiac, on notera la singulière installation d’Arnaud Lapierre (lauréat des Audi Talents Award Design 2011). Sise place Vendôme, il s’agit d’une circularité réfléchie et réfléchissante d’un jeu de miroirs cubiques de 4 mètres de haut. Le paysage urbain s’y réfléchit, s’y déforme et se donne à travers des significations de traverse. Ce n’est pas sans évoquer l’esprit du futurisme (italien), qu’Arnaud Lapierre décrit ce réassemblage continue d’images virtualisées comme “une œuvre dynamique qui modifie les rapports entre les individus et l’espace qu’ils traversent”.

Place Vendôme > Ring ou le Miroir aux alouettes l 20-23/10

Laval > Glorious l 18/11

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Si Glorious est de retour dans les bacs, le groupe sera en chair et en os ainsi qu’en en gloire à Laval le 18 novembre. Son leitmotiv : “Juste des gars ordinaires qui servent un Dieu extraordinaire…” Alors que Glorious rencontre un indéniable succès, les médias restent dans l’ensemble muets à leur sujet.

Enchaînant concerts à travers l’Hexagone, la Belgique et  l’Italie, le groupe pop/louange n’en finit pas de produire de nouveaux enregistrements live, au succès nullement égalé en France pour une formation revandiquant clairement son caractère chrétien. Ils interpréteront leur dernier opus “Live Frat 2011” à Laval le 18 novembre.

Eglise St Pierre, 20H30 (entrée: 10€) 126, boulevard des Trappistines 02 43 67 16 58

Maurice Denis et la Bretagne

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Port d’attache et région de prédilection de Maurice Denis, la Bretagne, qu’il fréquente presque chaque été dès sa jeunesse, est pour lui un lieu tout à la fois d’inspiration artistique, d’épanouissement familial et de recueillement spirituel. Autour du thème des éléments naturels, l’exposition réunit plus d’une centaine d’oeuvres empreintes de l’harmonieuse correspondance entre l’homme, la terre, la mer et le ciel qu’exprime la vision singulière de Maurice Denis.

 

Si de temps en temps l’étranger et la province sont des lieux de ballades, la pauvre banlieue n’était que rarement visitée. Mais comme toute injustice à sa réparation, sortons la boite à outils avec notre exposition du jour.

Maurice Denis est un homme qui illumine la peinture. Étant spécialiste des petits formats, il assemble les couleurs sur des surfaces planes pour en faire des trésors qui s’évadent vers les cieux.

Une seule volonté, celle de rendre le plus grand hommage à sa chère terre bretonne. D’un aspect primitif, le rendu de ses toiles est enivrant au possible, on s’émerveille des formes, on se réjouit des couleurs et on s’extasie devant le résultat final tant c’est beau.

Ses paysages rocheux, ses plages, ses décors naturels, ses îles sont autant de mystères que notre imagination peut nous porter. Et que dire de la sublimation que les îles environnantes lui inspirent.

Il a choisi le particulier. Il s’inspire des meilleurs pour au final faire la création d’une symbiose de ce meilleur qui n’existerait pas sans lui. Rembrandt dans les paysages bretons pourrait être son sous-titre.

C’est une centaine de peintures que cette exposition propose à un public qui sera ravi de découvrir ou redécouvrir ce beau peintre.

40mcube Cyrille Guitard, Spiritualité et art contemporain

Cyrille Guitard, responsable du service des publics et des relations presse de 40mcube, répond à 5 questions relatives à l’art contemporain et la spiritualité.

 

Curling > Un extraordinaire non-film

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Jean-François a la garde sa fille Julyvonne, 12 ans. Il l’élève seul, refuse qu’elle fréquente l’école et limite ses contacts avec le monde extérieur, par méfiance et par peur. Employé d’un salon de quilles, concierge dans un hôtel, Jean-François est lui aussi assez timide et réticent aux contacts avec des étrangers. Son quotidien change alors qu’une nouvelle préposée, elle aussi marginale, vient travailler avec lui au salon. Suite à une découverte morbide, la curieuse Julyvonne essaie d’entrer en contact avec le monde extérieur, à l’insu de son père. Mais ce dernier a aussi un secret dont il ne parle à personne.

Encore un huis clos assez déroutant en raison de son grand mystère et de cette façon de nous insérer et imposer  cette étroite relation père-fille. L’accent québécois des protagonistes du film donne un supplément d’âme et de charme à l’ensemble. Emmanuel Bilodeau qui joue le père est totalement extraordinaire, de présence, de justesse, une performance divine qui mérite, rien qu’à elle seule le déplacement du public pour admirer ce bijou.

Ce film accroche avec une force viscérale – on rit souvent, mais plutôt jaune que de façon clownesque. Le spectateur est vite gêné par tournure des événements, car on comprend  vite que la relation qui se déroule sous nos yeux entre ce père et sa fille n’est pas que catholique… L’ambiguïté perdure tout au long du film ; ce  lui confère un sel des plus piquants, c’est le fil conducteur qui accrocher. Saisissant au plus haut point ! Aussi est-ce une ambiance de mystère qui  plane dans la salle pendant toute la projection. Un mystère  parfois à la limite du supportable.

Un film de très haut niveau. Des dialogues forts, des prestations excellents et des situations enivrantes. On en redemande tellement tout est bon. La nuance de ce bel ensemble est quand même une marque de très grand talent. Certes, on reconnaitra certaines inégalités, mais rien de répréhensible au regard de la force du reste du film. Je recommande grandement cette expérience fascinante qui alterne des sentiments contradictoires, comme pour heurter le spectateur dans ce qu’il a de plus profondément enfoui.

Drame, Québec, 1h32

Rennes > Soirée APAtT et Secret Chiefs Three l Magique !

Interview exclusive de Trey Spruance par Thierry Jolif pour Unidivers.

Unidivers : La musique n’a donc aucune part dans votre conversion à l’Orthodoxie ?

 Trey Spruance : C’est encore une très longue histoire… Environ un an avant ma conversion j’ai rencontré quelqu’un qui ce faisait connaître sous le nom de Anonymous 13. Elle est maintenant none dans un monastère en Roumanie, elle est d’origine roumaine et c’est une grande musicienne, à cette période elle jouait de la musique, c’était ma petite amie, elle a vécu trois ans chez moi, ce fut une période vraiment très fructueuse. C’est à cette époque qu’elle a commencé naturellement à se tourner de nouveau vers l’Orthodoxie. Elle traversait quelque chose de très douloureux, elle avait besoin d’être soigner de cela, naturellement elle se tourna vers sa patrie spirituelle alors que nous avions le même intérêt profond pour les mêmes sujets, l’ésotérisme et tout ça. Maintenant je peux dire, c’est de l’avoir vu guérir après avoir traversés des voies différentes, d’avoir rencontré les gens qui l’ont aidé qui m’ont permis de ne pas, je ne peux pas dire, « me perdre » mais, enfin, de ne pas être, oui, perdu spirituellement, enfermé dans des limbes intellectuelles. J’ai fait la même expérience avec mon père spirituel. Donc la question du rapport de sa guérison avec la musique, puisque la musique est notre vocation me vient à l’esprit car c’est par elle, à cette époque, que je me suis retrouvé confronté au chant byzantin, de même pour elle, en Roumanie, sa particularité, pour les moines et spécifiquement pour le chant roumain byzantin, ce fut son talent musical, elle a été très importante pour la renaissance de ce chant, mais ce fut également un combat, il lui a fallut du temps pour ajuster les choses, elle n’est pas une « diva » mais elle en a le talent, alors, une jeune moniale qui doit apprendre à tout le monde le chant byzantin et les moniales agées qui guident le coeur à aller au-delà, mais c’est une bonne relation. Ce fut ça mon introduction, par la musique à l’orthodoxie, toute l’énergie du chant, l’harmonie, entendre le vrai sens de l’harmonie qui prend place de le cycle liturgique…

 UD : Alors, finalement, l’Orthodoxie aura été une guérison de quelque chose de très sec et intellectuel vers quelque chose qui soit plus « du coeur » ?

TS : Pour ma moi il s’agit de deux catégories tout à fait différentes… Je vois une profondeur au centre de la musique, une profondeur au centre de ce que signifie l’harmonie, ce que j’ai toujours recherché et que la musique orthodoxe incarne, qu’elle incarne idéalement si ce n’est toujours dans l’exécution mais en tout cas elle sait toujours où est la profondeur… je ne fais que recevoir ça, je me sens très passif face à la musique orthodoxe, dans un contexte orthodoxe je n’ose pas…

 UD :Que pensez-vous des différents groupes « d’indignés » de par le monde ?

TS : Tout d’abord je pense que comme tout le monde le fait généralement il convient de juger de ces mouvements de protestation selon leur « mérite », il y a un discours articulé, et vous décidez si cela vous semble correct et si vous le suivez

… Ce que j’aime à propos de ce mouvement c’est qu’il n’y a pas besoin de cela, les gens descendent dans la rue et disent simplement « c’est inacceptable », « on ne peux plus accepter ça », pour moi c’est suffisant ! Je suis content de voir ça, parce qu’il s’agit de gens de différents milieux, ça n’a rien de spécifiquement de « gauche » ou de « droite », dès lors j’aimerais peut-être voir ceci grandir encore. D’un autre côté je ne suis pas du genre à croire en la révolution, du tout… je ne crois pas que la société progresse et qu’elle ait jamais réellement progressé. Pour moi s’il y a quelque chose de fixe même si nous ignorons ce que c’est, même si nous n’avons pas à le définir, mais nous savons que c’est quelque chose d’éternel et que nous y enracinons notre société humaine alors nous pouvons avoir une certain stabilité, c’est comme avoir un compas, vous savez où est le nord, en l’absence de cela personne n’est capable de se mettre d’accord sur « où est le nord », c’est le chaos alors même avec une révolution si vous n’avez aucun accord sur le « nord » immanquablement vous aurez encore plus de chaos. Donc ça me concerne un peu, je veux croire que les humains par quelque chose comme l’esprit humain pourraient s’accorder sur ce « compas »… mais, je ne suis pas certain qu’ils puissent y arriver par eux-mêmes, je ne peux pas moi-même, alors je ne sais pas trop si je peux croire tous ceux qui crient afin de réaliser ça… Toutefois, ça doit être fait, Wall Street doit tomber, essentiellement je suis d’accord avec tout cela, je suis un supporter de cette idée : juste dire « assez », assez avec cette violence faite à la race humaine, c’est insultant en plus d’être blessant et destructif c’est vraiment insultant d’être traité de la sorte, les riches et les pauvres… tout ça devient vraiment intolérable !

UD : Trey, penses-tu qu’il existe réellement une forme d’énergie spirituelle dans la musique, et en particulier dans la tienne ?

TS : D’une certaines façons j’espère que non parce qu’en général lorsqu’il y a des énergies spirituelles dans la musique ce ne sont pas les bonnes, je sais que pour moi dans le passé il y a eu beaucoup de travaux diaboliques, le mieux qui puisse être fait c’est de vider tout cela, je ne peux pas dire que j’y sois parvenu… si je me dresse ici et que je déclare que je parviens à transmettre de bonnes énergies je ne serais qu’un menteur, ce n’est pas à moins d’en décider. Ce que j’essaie de faire c’est de me concentrer sur le style et la forme, en particulier lorsque nous jouons sur scène ; lorsque je regarde en arrière, être capable d’apporter un certain sourire au public, c’est vraiment le moment le plus pur auquel je puisse parvenir… avoir le contrôle sur ce genre de chose c’est vraiment une autre histoire…

UD : Quel est le poids de ta propre spiritualité dans la musique de SC3, tu as étudiés en profondeur l’ésotérisme, particulièrement l’ésotérisme musulman avant de te convertir à l’Orthodoxie… ?

TS : A ce point c’est très bien que je puisse parler de ça, c’est certainement le seul moment ; le seul « lieu » où je puisse le faire car d’habitude je n’en parle pas… Habituellement je garde ça à un niveau très personnel, même dans la musique… nous avons travaillé sur des symboles, sur des idées très vastes, très nombreux et de ce fait nous avons un grand nombres d’auditeurs très différents et qui se concentrent sur ces choses, et c’est merveilleux d’une certain manière, et parfois, ce n’est pas si merveilleux que cela parce que chacun apporte ces idées propres et nous pouvons nous sentir un peu irresponsables… D’une certaine manière je suis parfois entravé par ce que le musique reflète de moi-même et par ce qu’elle me fait, c’est pour cela que je préserve un peu plus de ce qui est, actuellement, intensément personnel. Mais maintenant je peux dire que cette étude très intensive, l’ésotérisme musulman, tout ça… sur lequel je me suis penché pendant une très longue période, douze ans… cette façon de faire était très sèche, c’était comme une terre aride, très intellectuelle à partir de laquelle rien ne pouvait pousser, toutefois cette étude, froide, détachée, très intellectuelle de l’ésotérisme musulman aura certainement brisé quelque chose qui m’a amené à pouvoir concevoir la théologie… d’une façon ultime la théologie elle même, cette rupture avec un rationalisme dur… il y a douze ans de cela je n’aurais certainement pas été capable de lire les Pères comme je le fais aujourd’hui… Une réponse très convenue, non ? Mais vraiment c’est ce qui m’a permis de comprendre la balance entre le coeur, l’intuition et l’intellect… c’est quelque chose de très important…

Compte-rendu du concert d’APAtT et Secret Chiefs Three à L’Antipode, le 17 octobre 2011, qu’Unidivers avait annoncé dans ses pages. Une réjouissance sonore et spirituelle ! Et félicitations à l’Antipode pour la pertinence de sa programmation qui ne se dément pas.

 L’organisateur des tournées des Anglais de APAtT et des Américains de SC3 se fait appeler Madame Macario et dénomme les concerts qu’il organise « les folles soirées de Mme Macario ». En fait de « folies », Rennes croit avoir tout vu et n’aura, finalement, jamais rien vu… Tout dépend de l’orientation et de l’énergie… Ce 17 octobre 2011, à L’Antipode, les présents furent servis ! Du dadaïsme électro-choc de APAtT aux extrémités orientalo-métal des Secret Chiefs Three…

 APAtT est un collectif originaire du nord de l’Angleterre, c’est tout dire, et ne rien dire ! Ne dire rien d’une entité musicale qui se joue, précisément, des onomatopées tant verbales que musicales ce serait le mieux ! Les mots sont toujours de trop face à une telle assurance sonore ! Cette entité a digéré tant sur le mode intellectuel, aussi sérieux que franchement rigolard (avec une énergique pointe d’ironie), tous les courants musicaux « post-modernes » (de Throbbing Gristle à John Zorn en passant par la variété « froide » et dansante  des années quatre-vingt – Propaganda autant que Partenaire Particulier – jusqu’au jusqu’au-boutisme genre « metal ») et les assumant tous en les poussant dans leurs derniers retranchements. APAtT a offert au public rennais une prestation de pure désorientation. Une prestation hors-norme et hautement réjouissante, à la hauteur de celles que tous espéraient et parfois expérimentaient lors desTransmusicales passées – avant que celles-ci ne deviennent le haut lieu du lieu commun musical (et avant de décider de faire raquer les journalistes en leur monnayant leurs accréditations – 68€ les 2 jours !). Disons, pour les connaisseurs, que APAtT c’est un peu comme les français de D.D.A.A mais puissance 10 000 (pour preuve le final infra-basse+larsen qui n’avait d’autre but que de faire fuir le public pour cause « d’oreilles-qui-saignent »…) !

Le même sentiment resurgit lorsqu’on y pense, durant la prestation des Secret Chiefs Three… Du moins pourrait-il resurgir si l’intensité de l’instant nous en laissait l’occasion ! Les Américains surexcités ont su reconcentrer l’attention d’un public un peu atterré par le set dada de APAtT avec leur extrême dynamique synergétique ! SC3 c’est, en mode musique électrique énervée, la « conspiration des contraires » dont saint Grégoire de Nysse fait le mode de la création divine originelle. Tout d’abord, SC3, ce sont sept entités musicales en une…

Lors d’une conversation privée, Trey Spruance, le pivot axial de cette multi-entité, m’a conforté dans cette idée que ce projet correspond parfaitement à l’idée d’une « union sans confusion » ! Dès lors, à travers des mégatonnes de décibels, le public de L’Antipode a expérimenté l’électrique conjonction de l’Extrême-Orient et de l’extrême occident !

Nous avons été transmutés en point conjoncturel énergétique, neutrino humain mû par une obscure et encore inconnue puissance à la fois entropique et néguentropique. Traversés par la suave souplesse de sonorités et rythmes arabiques soufis, transfigurés par la puissance innervée des expérimentations sauvages d’un occident sublimement éperdu.

Ultime et désespérée danse de Saint-Guy, illuminée par les odes et orgues électrisées d’un Orient tout aussi défait, et autant fantasque que fantasmé, nous avons dansés en sueurs sur les sept corps-incarnations d’idées électrisées reliant tout ce globe globalisé-divisé…

Une méta-physique (très physique) qui ne dit rien (musique nue sans parole) nous a tout dit en parole-vibrations dans le corps ! Une alchimie authentiquement « dé-mondialiste » qui, contrairement aux illusions de métissage « ethnic » ou « world music », met du côté de l’Orient traditionaliste l’extrême électricité solaire et l’obscure dynamique résurrectionnelle sur la face de l’Occident (avec, par exemple, l’exaltante reprise spiritualisé de Ennio Morricone) !  Shazad Ismaïly (extraordinaire bassiste) nous avouera après le show avoir eu, durant leur performance, la sensation de chevaucher un cheval sauvage sur le dos duquel il aurait lu son livre favori… !

Le secret des chefs est sans doute de relier et réconcilier la tête et le coeur dans l’alchimie électrique du « secret séjour du coeur » (Heiddeger) !

Thierry Jolif

Les affiches de la collaboration

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Un auteur qui vaut le détour ! Le Caennais Emmanuel Thiébot est historien, titulaire d’un DEA d’histoire et spécialiste de la franc-maçonnerie. Depuis sa plus jeune adolescence, il se passionne pour les documents de l’Occupation. Dont acte.

Tout gamin, il a déniché des images et des photos chez ses grands-parents, plus tard il a parcouru les brocantes et les vide-greniers. Là, il a déniché des trésors, des documents qui racontent toute l’histoire de cette période trouble. Emmanuel se revendique de “30 ans de collectionnite aiguë”. Il a amassé des milliers de photos, de tracts, d’affiches.

Chroniques de la vie des Français sous l'OccupationAujourd’hui, il vient de réunir tous ces documents dans un ouvrage publié chez Larousse. C’est un véritable livre-objet encarté avec des fac-similés reproduisant des tickets de rationnement, des chants d’école distribués aux élèves (notamment, à la gloire du Maréchal Pétain), des bandes dessinées vantant les bienfaits de l’Occupation, des programmes de spectacle dédiés à la culture allemande. Le livre d’Emmanuel Thiébot est un vrai spectacle éditorial. Un ouvrage qui lui ressemble puisqu’il a en charge tout l’événementiel et la scénographie au Mémorial de Caen.

Dans son livre sont imprimés et reproduits plus de 380 documents, imprimés comme à l’époque. Un véritable travail iconographique qui replonge le lecteur au plus profond d’un passé régional, du temps où la Normandie était au centre du plus grand conflit mondial.

Chroniques de la vie des Français sous l’Occupation, 128 pages, Larousse, 26 octobre 2011, 30 €

Giorgio Vasari > Dessins du Louvre | 10/11-06/02

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A l’occasion du cinquième centenaire de sa naissance, le Louvre rend hommage à Giorgio Vasari, peintre, architecte et écrivain italien, à travers une exposition des plus beaux de ses dessins conservés par le musée.

Giorgio Vasari, peintre, architecte et écrivain italien, naît en Toscane en 1511. Il se forme à Florence, puis à Rome où il découvre l’Antiquité et les grandes créations de Raphaël et de Michel-Ange. De longues années d’itinérance enrichissent sa connaissance de l’art italien. En 1554, il entre au service du duc de Toscane, Cosme Ier de Médicis, sous le règne duquel l’ancienne République florentine achève de se constituer en État monarchique. Peu à peu, il se retrouve au centre de toute la production artistique florentine, qu’il domine par l’extrême diversité de ses talents, par son sens de l’organisation et par son infaillible instinct de courtisan. Le palais des Uffizi, destiné à abriter l’administration du nouvel État, est l’expression la plus accomplie de son génie. Il meurt en 1574.

Vasari est l’un des plus purs représentants de ce qu’il a lui-même contribué à définir comme la bella maniera, la « belle manière » moderne destinée à surpasser la nature et l’antique : un art de cour, élégant et précieux, plein de grâce, de douceur, d’apparente facilité, et dont l’unique fondement théorique et pratique est le dessin. C’est cette conception du dessin comme principe premier de tout acte créateur qu’illustre cette exposition.

Christian Dior et moi

Dans l’histoire de la mode, il se détache un certain nombre de noms et à l’intérieur de cette liste, un dernier filtre s’applique pour rendre hommage aux plus grands. Si dans cette liste on retrouve bien évidemment le regretté Yves Saint-Laurent, on retrouve aussi le contemporain Karl Lagefeld et si on en retrouve quelques autres de plus, le nom de celui qu’on retrouve pour le livre qui nous concerne aujourd’hui, est peut être celui qui est tout en haut de cette liste.

Mort de façon fulgurante en 1957, Christian Dior a été un grand monsieur de la mode, il a été celui qui a inspiré presque tout le gratin d’aujourd’hui.  Si l’élégance était son fil conducteur dans la création de ses vêtements, elle était aussi une part prépondérante lors de l’écriture de son journal.

Et dans ce journal il raconte tout : ses doutes, ses inspirations, son génie, ses joies, ses peines, ses hontes, ses secrets… Rien ne manque tant tout est livré.

Je sais ce que vous allez me dire, et parfois avec raison d’ailleurs, comment est-il possible de faire rejoindre un monde qui a l’air si superficiel avec la profondeur de l’écriture et l’introspection de soi ?

C’est tout la grandeur de cet ouvrage que d’apporter une réponse à cette question, étape par étape, le château de cartes se construit, du début de son origine à sa fin inachevée à cause de cette disparition subite.  Le fil conducteur de toute l’œuvre étant cette frivolité joyeuse et parfois décadente.

Un livre intéressant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de la mode, à l’histoire d’un homme, d’un homme qui était double d’ailleurs puisque même dans le titre tout était dit.

David