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La tombe de Saint-Léonard, La rémission est toujours possible

A Andouillé-Neuville, sur la route de Sens, dans le bois de Borne, un ensemble votif est érigé en mémoire de Saint-Léonard. Il est composé d’ex-votos singuliers (cartes postales, peluches, boîtes à gâteaux…) et de nombreuses gerbes de fleurs. En ces lieux, les pèlerins et visiteurs rendent hommage à saint-Léonard pour implorer la guérison des malades.

Mais qui était cet homme ? Il fut un brigand de grand chemin et sa méchanceté  légendaire. Dès qu’il le pouvait, il déposait des pierres sur les routes contre lesquelles les attelages venaient buter allègrement. Il suffisait alors au chenapan de dévaliser de leurs biens es marchands et autres riches nobles.

Un jour, dans le bois de Borne, il mangea une pomme amère. Rien d’extraordinaire, vous me direz. Mais en revenant le le lendemain, il eut la surprise de goûter une autre,  placée par ses soins dans les feuillages d’un chêne. Étonnamment, elle était bonne à croquer.

Devant ce miracle, Léonard décida de devenir sage. Rencontrant un charretier, il lui proposa de l’aider. En vain, l’homme, l’ayant reconnu, crut bon de le tuer à coups de bâton. Depuis, l’homme a été canonisé par le Saint-Siège. Pour prier devant sa sépulture, rejoignez Saint-Aubin d’Aubigné, puis prenez la direction d’Andouillé Neuville. Avant le passage à niveau, tournez à droite en direction de Sens. Vous finirez par trouver…

Mémento n°5, Sexualité

Chaque mois, des responsables de culte religieux du Grand Ouest répondent à un sujet général ou d’actualités. À la suite, un élu répond à la même question. Dans les deux cas, Unidivers livre leur témoignage in extenso, sans retouche. A noter que pour ce mémento n°5, les élus que nous avons contacté ont préféré décliné l’invitation en raison du caractère ‘délicat’ du sujet.
5e mémento : “C’est quoi, pour vous, la sexualité ?” Répondent le père Jean-Michel Amouriaux (catholique romain), le pasteur Olivier Putz (protestant), le père Jean Roberti (orthodoxe), l’imam Mohamed Loueslati (musulman).
Le mémento prochain aura lieu au mois de décembre. Il répondra à : « C’est quoi, pour vous, l’homosexualité ? »

Rennes > Un sérieux coup de jeune pour le Cimetière

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Le cimetière de l’Est fut conçu en 1887 par un certain Jean-Baptiste Martenot. Il abrite désormais 132 000 défunts, dans plus de 29 000 sépultures. De nombreux grands hommes, connus des Rennais, y dorment dans leur dernière demeure.

Outre le sculpteur Jean Boucher (de nombreux monuments en l’honneur des combattants de 14/18), les visiteurs pourront rendre hommage aux anciens maires, Jean Janvier et Henri Fréville mais aussi au résistant Charles Tillon.
Si ce cimetière n’est pas le Père Lachaise (encore que…), il cache tout de même un cèdre centenaire, des chênes offerts par un tsar de la Russie et des ifs. Il trouve également grâce à nos yeux pour son carré militaire et sa stèle en mémoire de ceux qui ont  donné leur corps à la science…Non sans oublier ici où là les derniers repos des petites soeurs des pauvres, de nos résistants et le colombarium.
Depuis quelque temps, la ville de Rennes s’est mis dans le  crâne…de réhabiliter cette nécropole à ciel ouvert. Elle tient à améliorer l’écoulement des eaux, éviter les inondations dans les  fosses funéraires (tant mieux) et augmenter le nombre de points d’eau potable. Ce n’est pas tout. La mairie va planter ici où là des jeunes arbres et remarquables, comme le copalme d’Amérique, le ginkgo biloba et des lilas des Indes. De même, elle a déjà agrémenté son jardin des morts avec des érables, des cornouillers à fleurs, du gazon d’Espagne et des roses de Noël..
Dans les mois qui viennent, la ville va aménager un archipel cinéraire pour un montant total de 75000 euros. Il sera composé d’ un colombarium, des cavurnes et un espace de dispersion des cendres.

L’embaumeur travaille sur 600 corps par an

Il faut lire la presse hebdomadaire locale. Dans la dernière livraison du Journal de Vitré, en date du vendredi 28 octobre 2011, le journaliste Benjamin Chenevièvre consacre un reportage sur Yannick Gicquel, thanatopracteur depuis trente ans.

Associé depuis 2001 avec un confrère, le Rennais sillonne tous les jours le département de l’Ille-et-Vilaine pour embaumer les cadavres. “Je travaille sur 600 corps par an en moyenne. Ce qui, en 30 ans, représente une ville entière”, indique-t-il au Journal.
Appelé par les entreprises de pompes funèbres générales, l’embaumeur intervient sur les corps avec deux préoccupations : leur conservation et leur aspect. “Il faut compter au minimum une heure et demi pour chaque mort, » affirme-t-il au journaliste. « Si on se rend à domicile, il faut prévoir un peu plus de temps, car on fait aussi la  toilette, le lit…”
Pour exercer au mieux son métier, Yannick Gicquel se promène toujours avec deux valises. Une d’injection contenant des produits à base de formol et une d’aspiration pour aspirer le plus de sang possible. “On ne s’habitue jamais avec la mort,” avoue-t-il. “Parfois, on tombe sur des cas où on a envie de fermer la porter et de s’en aller. Mais on se dit, si je ne le fais, qui va le faire ?”
Bien souvent, sa tâche est particulièrement difficile. “Les corps rongés par le cancer, c’est le travail le plus pénible,” précise-t-il. “Lorsque la personne n’a plus de joue ou de gorge, il faut être solide….On a bien sûr la possibilité de refaire une joue avec de la cire, mais dans certains cas, comme pour lesaccidents, on peut le décider de ne pas le présenter aux familles.
Loin d’être insensible, Yannick Gicquel reconnaît parfois qu’il flanche devant la mort. “Au moment de sonner chez les gens, je meurs parfois de trouille. Si le décès est accidentel, c’est encore pire,” précise-t-il.
Un groupe français international de la mort : Hygéco international est l’un des plus grands fournisseurs de secteur des pompes funèbres. Il fournit produits aux entreprises de pompes funèbres, crématoriums, hôpitaux…Il conçoit des chambres froidres, assure l’aménagement des morgues. Hygéco est aussi le leader du marché européen dans la thanatopraxie, le fondateur de l’Institut français de Thanatopraxie.

Portrait de décideur rennais n° 4, Anne Le Menn

Unidivers présente chaque mois le « portrait d’un décideur » dont la vie et le métier sont nourris par une conscience citoyenne et sociale et philosophique. Il confie la conception de son métier, du territoire breton et formule quelques suggestions pour mieux vivre ensemble. L’invitée du mois : Anne Le Menn, fondatrice et dirigeante de Buroscope à Rennes.


Anne Le Menn
Anne Le Menn

Linda Lê > À l’enfant que je n’aurai pas

Linda Lê n’est pas femme à se mentir ni à s’épargner. Et la lucidité teintée de pessimisme dont elle fait preuve dans ce nouveau récit autobiographique est toujours l’expression d’une intelligence aiguë et d’une sensibilité écorchée.

 

Ce petit livre s’ouvre par une apostrophe qui donne le ton : “Toi, l’enfant que je n’aurai pas, je me demande quels traits auraient été les tiens si je t’avais donné le jour…” Nul pathos sous la plume de Linda Lê, nul apitoiement sur soi ; bien au contraire, elle ne s’épargne pas. Une grande partie du texte consiste à présenter les raisons – objectives, légitimes et sensées – pour lesquelles, précisément, faire un enfant n’est ni absurde ni vain.

De surcroît, ces arguments sont présentés par S. : un homme qui – à travers ce que dit de lui Linda Lê elle-même – l’a aimée et a exprimé avec constance le désir parfaitement compréhensible de fonder une famille. Mais l’écrivain porte en elle ses propres réticences – allons même jusqu’à parler de blocages.

La source première de cette difficulté à concevoir la maternité est la relation, douloureuse et presque effrayante, avec sa propre génitrice, surnommée “Big Mother”, et ses soeurs. De cette femme à la fois dérisoire, “vieille femme délaissée”, et néanmoins tyrannique, l’auteur dresse un portrait d’une ironie féroce et se livre à une satire d’un comique grinçant, traversée de moments hilarants. C’est là que Linda Lê laisse libre cours à son talent : elle dépasse le simple matériau autobiographique et cette figure de harpie acquiert véritablement la dimension d’un personnage littéraire. Par ailleurs, à travers le méchant regard maternel, qui ne voit en sa fille qu’une vague “faiseuse de bouquins”, Linda Lê affronte ses propres failles – qui sont parfois des gouffres : son rapport à l’écriture, scrupuleux jusqu’au fanatisme ; son statut social de quasi-marginale et son refus de participer au cirque médiatico-littéraire ; ses épisodes de souffrance et de déréliction morales.

Poignants, ces aveux de faiblesses ne perdent jamais de leur dignité, car ils sont portés par une langue élégante et exigeante.

Ainsi, elle tisse, avec cet enfant qu’elle n’aura pas, un dialogue émouvant qui semble tout naturel, et, sublimant cette absence, elle lui donne un sens – et même, une présence.

Delphine Descaves   

Edition Nil, 18/08/2011, 7 €

Antoni Casas Ros, Le théorème d’Almodóvar

«Rien n’est plus doux que ton visage, quand tu le poses sur mon corps je vois l’espace à travers les murs, la Voie lactée.»
«Lisa se tourne, je suis maintenant collé à son dos, je respire sa nuque, je tiens sa bite dans ma main gauche avec la puissante sensation d’être relié à l’essentiel.»
«Je serai peut-être un écrivain. Un écrivain écrit.»
Antoni Casas Ros, Le Théorème d’Almodóvar.

 

J’aurais dû commencer par lire le premier roman d’Antoni Casas Ros plutôt que le dernier. J’aurais dû lire, en premier, puis ne rien lire d’autre signé par cette plume insignifiante, Le Théorème d’Almodóvar où, dès l’incipit, est exposé sans le moindre panache mais dans une enfilade de phrases monocordes et livides le manque de talent de cet écrivant qui nous donne, une bonne fois pour toutes hélas suivie de trois autres fois (trois pour le moment, croisons les doigts pour qu’il n’y ait pas de quatrième, voire, horreur, de vingt-troisième, selon le vœu de Casas Ros, cf. p. 149 !), qui nous offre, dans une libéralité calculée qui me semble n’avoir qu’une fort lointaine parenté avec un bel humanisme, les ingrédients du potage insipide qu’il nous sert de livre en livre.
Quels sont-ils ? Mesdames les ménagères de plus de cinquante ans, mesdemoiselles les poétesses de deux sous et trois rimes plates (soit 90% du lectorat de cet auteur), prenez bonne note je vous prie, ce n’est pas tous les jours que vous est ainsi livrée la recette de la soupe au navet façon Casas Ros : versez, dans un tout petit récipient puisque notre chef aime assez la chose lilliputienne (c’est, au moins, une chance), quelques poils suspects de cervidé, mammifère aussi fortuit qu’imprévisible (cf. pp. 13-4, 18, etc.), perturbateur stochastique de circulation (oui, mais en 4L, cf. p. 16, ce qui change tout) et colocataire sentant fort surtout lorsqu’il urine sur la terrasse, ajoutez quelques gros croûtons, frottés d’ail à la mode catalane, de métaphores pseudo scientifiques (ici, les mathématiques, la série de Fibonacci, comme dans les Chroniques de la dernière révolution et Newton), versez une crème épaisse, de couleur trouble, de sexualité libérée de toute contrainte morphologique et culturelle (1) panachée d’un désir orgiastique (2) irrépressible, blafarde infinité de «corps désirants» (p. 31), intumescent grouillement de vits et de vulves en perpétuel mouvement, éjaculation de tous pour tous, de tous pour tout, de tout pour tous, de «nobles vieillards» pour «un fœtus qui oscillerait, encore androgyne» (p. 13), mélangez avec de molles endives de tentation terroriste (cf. p. 148), de belles grosses nouilles de plate contestation esthético-philosophique contre l’ordre, l’Ordre qui paralyse tout, les consciences et les corps, oui, surtout les corps si affreusement «contraint[s] par les limites de la peau» (p. 58, cf. encore p. 147), corps qu’il s’agit de réduire à de petites particules affectives (ou pas, c’est selon) animées par un extatique mouvement brownien, touillez énergiquement le tout en y versant quelques courges de dialogues (3), servez la soupe très froide (à la catalane, encore une fois) en y disposant un boudin transparent de métaphores creuses et de comparaisons idiotes (4), saupoudrez enfin de petits flocons d’intertextualité censée relever le goût de cette soupe si finement tamisée au filet de chalutier du truisme.
Si on leur présentait la délicieuse soupe façon Casas Ros, il est évident que les journalistes, ces si fins spécialistes de l’art littéraire, ces gourmets du bon vers et du haut verbe, crieraient au génie, ne serait-ce que par la présence, dans le texte, d’un Almodóvar dont Casas Ros résume admirablement, pour une fois, le talent : «Tu as vu Le Labyrinthe des passions ? Magnifique ! Tu te souviens quand Queti et Sexilia changent d’identité ? Oui, elle sort de l’inceste en mettant sa copine qui lui ressemble tellement avec son père qui de toute manière la confondait avec sa femme» (p. 76). Mais suis-je donc bête, puisque ces journalistes n’ont pas manqué de saluer, en France, patrie des lettres, l’éclatant talent de ce jeune prodige de cuistot sans visage alors que, en Espagne, cette sidérante nullité qu’est le premier texte de Casas Ros a reçu le prix du Meilleur Premier Roman, en l’an de grâce 2008.
Peut-être savez-vous que, dans bien des cas, c’est une soupe qui a fait la renommée d’un grand chef. Souvenons-nous de Paul Bocuse et de sa fameuse soupe dite VGE aux délicieuses truffes noires. Sa recette doit rester évidemment secrète et, surtout, le chef, une fois atteint le sommet de son art papillo-synesthésique, ne doit pour rien au monde s’amuser à varier, ne serait-ce que de quelques grammes, la composition érudite de son chef-d’œuvre gustatif. S’il faisait une telle folie, il tomberait de toute sa hauteur, il déchoirait de son rang, bref, il deviendrait une sorte de non-être, une espèce de sous-Casas Ros, ce qui doit être, je l’avoue, une entité aussi exotique et improbable qu’un chat souriant de Lewis Carroll.
Livrer les ingrédients d’une soupe énigmatique, pas franchement primordiale bien que grouillante elle aussi d’animalcules, signe la mort commerciale d’un grand chef. Casas Ros ne craint rien, car il ne me semble vraiment pas disposé à changer les ingrédients de sa soupe dont la variante la plus exquise, destinée à un public de connaisseurs latino-américains et japonais vers lesquels il comptait exporter sa recette parée des vertus les plus roboratives, consiste à placer une seule couille de taureau en béate et délicate flottaison au centre de l’assiette creuse remplie de l’affreux potage, «plat barbare entre tous, que le Catalan se fait un point d’honneur de déguster» (p. 19). Je crains que mon estomac de Basque ne soit trop délicat pour tenter une telle dégustation.
J’allais oublier ! Tout potage digne de ce nom ne saurait se passer d’un liant, cuiller de farine la plus fine ou superstitieux ingrédient de grand-mère. Le liant d’un roman, du moins d’un bon roman, se nomme l’écriture et il me semble que Casas Ros n’en a jamais entendu parler, lui qui adore pourtant cuisiner. Il est vrai que cet ingrédient est aussi rare, dit-on, qu’une feuille de salsepareille à huit lobes. Il est également vrai que, de cet apôtre qu’est Antoni Casas Ros de la non-fixité absolue (5) de toute chose dans un univers radicalement contingent, incertain (6), nul ne s’attendait à être ébloui par une maîtrise narrative, qui est, nous rappelle l’étymologie, la capacité de diriger un navire, de préférence en ligne droite. La chaloupe qui fait eau de toutes parts sur laquelle Casas Ros a embarqué ses personnages bavards et inconsistants qui ne sont pas contents parce que la soupe promise est froide et agrémentée d’algues tourne en rond, non point en accomplissant un de ces beaux et complexes mouvements que tout bon capitaine sait faire accomplir à son navire, le faisant quitter le môle où il est amarré, pointant la proue face au grand large après avoir fait pivoter son vaisseau sur lui-même, mais bien davantage en reproduisant les gestes comiques du gamin qui, sur une flache de parc, tire la langue en donnant la première impulsion à son bateau en plastique, fronce les sourcils lorsque le bourdonnement d’un éphémère le fait dévier de sa trajectoire, fait une moue contrariée et finit par se répandre en pleurs intarissable lorsqu’il constate que l’esquif chargé de son appétit d’aventure, pitoyable navire, montre le fond de ses cheminées aux têtards.
Un texte c’est, quoi qu’en dise notre thuriféraire du désordre, de l’ordre et les tentatives artistiques les plus échevelées, celles qui prétendent, avec la plus invariable monotonie, s’abreuver aux mamelles taries du désordre ou du hasard (que je ne confonds pas), ne peuvent toutefois bouter hors de leur pré conceptuel cette évidence : il leur faut de l’ordre pour écrire le désordre et évoquer le chaos, le désordre ne peut s’exprimer que dans une suite logique, du moins articulée, d’images, de sons ou de mots. Le désordre qui s’exprime, si je puis dire, dans son propre langage, n’a pas plus d’objectivation possible que le filet de bave de l’idiot prostré contre son mur.
On sent bien que Casas Ros, lui, n’a qu’une hâte et même qu’une unique obsession, non pas celles de bâcler son roman (chose qu’il est parvenu, sans beaucoup de peine, à accomplir) mais celles de rompre les digues une bonne fois pour toute, afin de se dissoudre dans le vide, afin de détruire, dans un geste moins anarchiste que, comble de l’ironie, fasciste, sa conscience, son ego dans la foule indifférenciée. L’anarchiste veut être seul, alors que le fasciste n’est jamais plus heureux que lorsque sa conscience est abolie au fin fond d’une foule abrutie qui lui donnera un cerveau, flasque, et un corps, surpuissant mais mécanique.
L’évocation du fascisme n’est point due, on s’en doute, au hasard. C’est Casas Ros qui écrit que la «misère même de notre pensée vient de l’espace contigu dans lequel notre cerveau fonctionne. Manque d’air, manque d’infini, absence de perspective maintenue par l’ego qui a la forme d’un rat. Il tire les ficelles. Il engendre la peur. Il nous garde de tout débordement (pp. 36-7). C’est ce même rat qui, selon notre auteur venant de découvrir le passé sordide de son père, jeune phalangiste ayant probablement torturé et tué des sympathisants communistes, est l’animal favori du fasciste : «Le rat est l’animal fétiche du fasciste, son frère des tréfonds, ils en ont tous un dans leur poche» (p. 37). Ces pages, durant lesquelles il évoque le passé de son père et le pardon que, finalement, sur son lit d’hôpital, le visage bandé, il lui accordera, auraient pu donner quelque consistance au roman de Casas Ros alors que nous avons, en guise d’introspection dostoïevskienne dans la conscience tourmentée d’un probable salaud, cette révélation bouleversante : «On peut marcher sur les mains [allusion à une scène du roman, dans laquelle, pour témoigner son amour à une jeune fille, le narrateur traverse une ville sur les mains]. Être amoureux de quelqu’un qui vous ignore. Aimer un fasciste» (p. 53).
Il est vrai que Casas Ros n’est pas un écrivain avare. Il nous prodigue sa nullité par gamelles débordantes de facilités et d’évidences. Voici notre amoureux transi décrivant le corps féminin : «Je ne pouvais avoir d’elle que l’image connue, parfaite, sensuelle et vibrante. Que le regard de sombre intelligence, que la grâce des membres, la beauté des seins, la taille, les hanches, la douceur du ventre, le galbe des fesses merveilleuses où j’aimais frotter mon visage pendant qu’elle riait […]» (p. 68), description où les métaphores sont tellement usées qu’elles nous montrent le tissu élimé jusqu’à la corde des catachrèses les plus échevelées. À l’instant de toucher la mort (durant le coma qui a suivi son accident), le narrateur croit pouvoir saisir une ultime joie, «comme une fusée qui traverse la stratosphère» (p. 69). Lorsque Casas Ros devient professeur sourcilleux d’esthétique, nous avons droit à cette sentence fulgurante : «On ne peut haïr ou mépriser ce qu’on regarde assez longtemps» (pp. 78-9) ou bien encore, et l’on croirait ces lignes extraites d’un article de Femme actuelle : «La dictature de la beauté des corps est totale et anorexique par excellence. Je ne veux pas dire que les filles exposées dans les magazines sont trop maigres (bien qu’elles le soient pathétiquement) mais qu’il y a dans cette dictature la folie de celui qui se laisse mourir de faim alors qu’un tiers de l’humanité meurt de faim et que les deux autres tiers meurent de l’absence de regard. Pourtant, une anorexique se regarde plus que n’importe qui. Toute notre culture est anorexique, toute notre civilisation. Nous avons l’œil fixe» (pp. 81-2). Nul ne m’en voudra de ne point gloser de si ridicules affirmations car, le temps nécessaire pour évoquer cette série de syllogismes ridicules, Antoni Casas Ros l’aura employé à nous assener une bonne cinquantaine de nouvelles fadaises, comme celle-ci : «il suffit de regarder assez longtemps pour transformer l’horreur en beauté» (p. 82), une phrase qui est employée, si ma mémoire est bonne, dans la bande-annonce de La Belle et la Bête, version Walt Disney bien sûr. J’allais oublier, et vous auriez été en droit de m’en vouloir, la conclusion de notre épopée dans les entrailles du truisme comme si, après notre difficile progression dans l’Enfer du cliché, notre pénible ascension du Purgatoire du lieu commun, nous débouchions, émerveillés, incapables de nous exprimer, dans le Paradis baignant dans la lumière salvifique de la roture immarcescible : «Toute œuvre d’art réveille en nous ce que l’être a de plus vivant, de plus subversif, de plus libre» (p. 89).
Le plus drôle, ou bien pathétique, c’est lorsque Antoni Casas Ros descend de son ânon dressé à accomplir, en une seule journée, huit cent tours de manège, pour enfourcher l’indomptable destrier du penseur. Et que pense Antoni Casas Ros ? Tout et son contraire bien sûr, comme le prouve ce passage consacré au chaos, un sujet qui, nous l’avons vu, revient dans les livres de l’auteur comme une ritournelle aigrelette : «Moi je revendique le chaos comme seul territoire qui vaille la peine d’être traversé, et quand toute une civilisation se tourne vers le «spirituel» c’est le début de la fin et la fin c’est le commencement. Il y a dans le chaos une sorte d’élégance aléatoire que tous les néo-classiques ignorent. La manifestation la plus aiguë du chaos se manifeste dans la recherche de l’ordre, de la perfection, de l’harmonie. C’est également l’une des conséquences du théorème d’Almodóvar : Harmonie = Chaos» (p. 83). Je vous assure que je n’ai pas touché à un atome de cette citation magnifiquement représentative de la profonde confusion intellectuelle de notre écrivant (les prudents me rétorqueront : de son narrateur) et, surtout, de l’absence pour le moins manifeste de toute capacité, fût-elle de prestidigitation, à envelopper une pensée creuse sous les atours de phrases ronflantes. Rien de tel et, pour le dire en imitant le style de Casas Ros : Indigence intellectuelle = Indigence stylistique.
Ailleurs, nous passons du coq à l’âne, c’est-à-dire du sexe à l’écriture ou bien l’inverse, cela n’a d’ailleurs aucune espèce d’importance : «La seule chose qui m’apporte un frémissement continu est l’écriture. Le sexe est puissant, il apporte l’invasion, l’oubli, les sensations extrêmes, le silence enfin retrouvé» (p. 133). J’ai lu et vu, dans les excellents films érotiques de José Benazeraf, des considérations sur le sexe autrement fines, justes et spirituelles que celles que nous prodigue Casas Ros, cet écrivain impuissant bramant son impossibilité d’écrire.
Je m’en voudrais tout de même, tentant de vous donner une idée de ce brouet honteux, dans cet étalage de bêtises et de vulgarités (7), dans cette fastidieuse exposition de l’art de Casas Ros qui certes n’écrit pas comme «un guerrier pourfend le ciel en sachant qu’il coupe des mots, sectionne des liens douteux, remet en évidence la nudité extrême de l’être» (pp. 90-1), de ne point saluer un éclair de lucidité : «Mon ventre écrit, mes pieds écrivent, la totalité sensorielle de mon corps écrit et l’esprit n’est là que comme une sorte de relais, de traducteur, qui exprime le vrombissement étrange d’un corps» (p. 85). Nous comprenons mieux, désormais, d’où provenait cette sensation, fort pénible, d’avoir affaire à la prose d’une pythie enfermée en chambre d’isolement : c’est que l’esprit de Casas Ros n’est là que pour traduire ce que lui disent son ventre, ses pieds et, avançons cette hypothèse herméneutique point extravagante, quelques autres organes tout aussi essentiels à l’art littéraire. Après tout, le narrateur lui-même n’éprouve-t-il pas quelque difficulté à séparer sa part humaine de sa part animale ? : «C’est la rage qui nous étouffe, qui m’étouffe, la rage de ne pas être libre de gambader dans les forêts, de s’accoupler en bramant, de mépriser les lois et les règles édictées par ceux qui veulent transformer l’humanité en un gigantesque zoo» (p. 94). Après tout encore, n’apprenons-nous pas, stupéfaits, que les «animaux font l’amour avec infiniment plus de douceur et de subtilité que les êtres humains» et que c’est «un cliché de dire que les humains se comportent comme des bêtes» (p. 124) ? Le roman de Casas Ros, lui, est bien prêt de ressembler à une ménagerie, lorsque le cerf (on le suppose celui-là même qui a provoqué l’accident) s’installe, comme un vieil ami silencieux, dans l’appartement que le narrateur occupe avec sa compagne, enfin, son compagnon puisqu’il s’agit d’un transsexuel, une «femme qui a une bite», comme nous le précise délicatement l’auteur (p. 62).
Je suis probablement injuste avec Antoni Casas Ros car les exemples sont, avouons-le, assez peu nombreux en fin de compte d’une aussi parfaite convergence entre les intérêts esthétiques d’une platitude nanométrique de l’auteur et le résultat ridicule que nous lisons en ce moment même, son propre livre indigne et non pas surfait mais, pourrait-on dire, sous-fait : Antoni Casas Ros, qui n’est qu’une baudruche commerciale, un pseudonyme privé de la moindre once de talent s’inventant une vie non pas pseudonymique mais vide, a réussi à nous faire lire un livre-baudruche qu’on dirait privé du plus faible souffle d’écriture, fût-elle ridicule comme celle des productions de l’école sollersienne au tableau rose de laquelle sont exposés les devoirs raturés, pas même passables, d’un Badré, d’un Meyronnis ou d’un Haenel qui, rendons-leur ce maigre honneur, ont le courage élémentaire de signer leurs rinçures de leur patronyme.
Je suis tellement injuste avec Antoni Casas Ros que j’ai failli oublier de mentionner la seule vérité, absolument irrécusable, que contiennent ces pages navrantes, indignes, tout simplement indignes d’avoir été publiées et, surtout, vantées : «Toute ma substance se trouve dans ce livre» (p. 136), et cette substance, Antoni Casas Ros, n’a aucun poids, et ce livre, comme les deux autres que j’ai lus de vous, est sans conséquences au sens que Jean-Philippe Domecq donnait à cette expression. Et, à la fin, disons-le bien clairement : les ouvrages d’Antoni Casas Ros sont, ni plus ni moins, une imposture littéraire, un ectoplasme bavard d’écriture approximative, un coup de marketing et de publicité (8), relayé et amplifié, comme il se doit, par des journalistes aux langues saponifiées.

Notes
(1) Le Théorème d’Almodóvar [2008] (Gallimard, coll. Folio, 2009), p. 23 : «Quel jeu de tromper les chromosomes et de s’inventer un sexe au point d’attirer les hommes !» Les pages entre parenthèses, sans autre mention, renvoient toutes à cette édition. Les citations mises en exergue proviennent respectivement des pages 105, 128 et 153.
(2) Antoni Casas Ros, qui dit tout, dit aussi le contraire de tout, c’est-à-dire rien et évoque ainsi, quelques lignes seulement après l’ouverture de son roman, non plus un désir illimité et universel, comme il y était claironné, mais son absence drastique : «Une suspension des sentiments et des désirs, les sexes jouiraient d’être toujours entourés d’étendue», p. 14. Ailleurs, de nouveau, nous sommes conviés à sauter dans la bassine du désir infantilement exposé : «Ce serait l’aire d’une jouissance sidérale à laquelle tout pourrait participer» (p. 22).
(3) Op. cit., p. 28 :
« — Avec toutes les larmes du monde, il ne devrait y avoir que des îles, les neuf dixièmes de la planète devraient être submergés !
— Nous sommes sur des îles, toi et moi on le sait. Si personne n’arrête le déluge, on sera noyés.
— On devrait construire un bateau.
— À quoi bon s’il n’y a plus de port ?»
(4) «Il y avait une telle syntonie [un mot que Casas Ros adore, qui l’emploie plusieurs fois] entre ma mère et moi que les différences n’étaient que les franges d’un noyau passionné» (p. 53)
(5) «Rien n’est fixe, tout est en mouvement dans l’Univers, les formes sont des passages transitoires», p. 26. Page 27, cet autre évangile : «C’est cette fixité que chacun pense avoir qui tisse lentement l’illusion générale. C’est ce qui consume le monde. C’est la violence première. Chacun prend soin de sa fixité et entretient celle des autres.»
(6) «C’est sans doute la vie la plus harmonieuse, la vie à laquelle j’aspire. une vie si belle que le rêve n’a même pas besoin d’affleurer. Une vie dépourvue de tension. Une vie qui est une mélodie offerte au principe d’incertitude» (p. 37).
(7) Comme la scène où la mère du narrateur, qui vient d’être hospitalisé après son accident de voiture, promène son opulente poitrine sur le visage de son fils, afin de le réveiller (cf. pp. 121-2). Voici comment est décrite une sodomie : «Le sentiment d’invasion heureuse, par le fait que Lisa me tienne à la pointe de sa bite comme un corsaire tient sa victime empalée sur son sabre et le regarde mourir» (pp. 98-9).
(8) Explicitement évoqué par l’auteur, qui ne s’est pas trompé sur ce point, dans des propos qui contredisent, une fois de plus, les déclarations précédentes où Casas Ros affirmait ne pas s’intéresser à lui-même : «Toi, tu vas interviewer le masque, toi tu vas le photographier. On le mettra en première page. les émissions de télévision se l’arrachent. En trois semaines, le masque est partout. On en oublie même son livre, on en oublie même son nom. Et lui, dans sa grande solitude, se voit adulé, courtisé. Libération publie une photo magnifique en noir et blanc. C’est le seul journal qui publie de vraies photos. Ils dépêchent la crème de la crème, le roi du portrait. Qui se souvient que j’ai écrit un livre ?» (p. 144).

Juan Asensio (voir l’article sur Stalker)

La question chrétienne > Une pensée juive du christianisme

 Philosophe, écrivain, président de la commission du CRIF chargée des relations avec les catholiques, Gérard Israël est l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire des idées religieuses. Il vient d’ajouter à sa biographie,  La question chrétienne, Une pensée juive du christianisme.

 

Comment expliquer que, pendant deux mille ans, les maîtres de la tradition d’Israël aient toujours refusé de s’interroger sur l’émergence, le développement et le succès du christianisme ? Pourquoi l’Église n’a-t-elle jamais entendu rompre le lien primordial qui la rattache à la religion première issue du Sinaï ? L’enseignement de Jésus, sa messianité, sa mort sur la croix, sa résurrection, l’incarnation peuvent-ils être « interprétés » à la lumière de la tradition judaïque ? La volonté de rapprochement, clairement exprimée de nos jours, pourra-t-elle réduire les différences ?

« Que tous aient soin de ne rien enseigner dans la catéchèse ou la prédication de la parole de Dieu qui puise faire naître dans le cœur des fidèles la haine ou le mépris envers les juifs ; que jamais le peuple juif ne soit présenté comme une race réprouvée ou maudite ou coupable de déicide. Ce qui a été fait dans la passion du Christ ne peut nullement être imputé à tout le peuple alors existant et encore moins au peuple d’aujourd’hui. » (Concile Vatican II, 1963)

Un événement dans les relations entre juifs et chrétiens. »
(R.P. Bernard Dupuy o.p.)

« Cet ouvrage frappe par son ampleur, son érudition, sa profondeur, sa générosité… »
(Élie Wiesel)

Gérarl Israël, Payot, oct. 2011, 10,50 €

Maire et préfet évacués de l’Hôtel de ville

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C’était  vendredi dernier, vers 12 heures. Le maire de Rennes, Daniel Delaveau, et le préfet Michel Cadot reçoivent la nouvelle direction générale d’Aiguillon construction. Rien de spécial. Mais voilà, l’alarme incendie se déclenche en pleine réception.

Dans une ville où les incendies ne sont pas du tout pris à la rigolade, les pompiers arrivent très vite sur les lieux. Une fois sur place, ils évacuent tout ce beau monde pour une reconnaissance des lieux. En fait, une forte fumée sur un chantier voisin aurait déclenché l’intempestive alarme. Pas de quoi alarmer Daniel Delaveau et ses convives qui ont pris l’évènement avec philosophie.

Roger Tallon dessina le TGV Atlantique

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Vous ne le savez pas sans doute. Mais celui qui a créé votre TGV est mort à l’âge de 82 ans, le jeudi 20 octobre dernier, à Paris. L’homme plein de talents s’appelait Roger Tallon.

 

Né en 1929, à Paris, il fut anar, dadaïste puis finalement designer. « Dessinateur industriel, il s’est battu pour introduire le mot « design » en france, de l’école des arts appliqués aux Arts décoratifs à Paris, » rappelle Anne-Marie Fèvre, journaliste de Libération.

On doit à ce concepteur 400 produits de 1953 à 1973. En 1966, il imagina le téléviseur portable Téléavia P111, objet devenu culte qui le fit connaître dans le monde entier. Il inventa par la suite des chaussures de ski pour Salomon, une brosse à dents pour Fluocaril, des bidons d’huile pour Elf, un funiculaire pour Montmartre, une gamme innovante de montres Lip…Il réinventa également la grille graphique de la revue Art Press en 1973 de sa copine Catherine Millet.

En fait, bien des objets du quotidien sont le fruit de son imagination. Mais l’homme n’en a jamais tiré gloriole ni dans les médias ni dans le monde des designers. “Je n’ai jamais fait de cinéma, comme Super Starck” — ironisait-il.

Le designer de la conquête de l’Ouest

A partir des années soixante-dix, Tallon est devenu le designer de  la SNCF, dessinant le TGV Atlantique. Mises en service en 1989, ces rames électriques se caractérisaient par ses motrices mieux profilées, ses rames plus longues, ses couleurs bleues et ses espaces pour les familles. “Il a fait du TGV un habitacle aux lignes douces,” indique un spécialiste.

Proche du monde des arts, il travailla avec César, Arman, Klein pour des performances hors du commun. Mort des suites d’une longue maladie, il avait pris la précaution de céder aux Arts décoratifs de Paris l’ensemble de ses archives. De quoi faire une exposition très pédagogique dans les prochaines années sur ce designer hors du commun.

JCC

Les fondamentalistes n’ont pas de coeur avec Roméo Castellucci

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Depuis quelques jours, le dernier spectacle de Roméo Castellucci, sur le concept du visage du fils de Dieu, fait l’objet d’une campagne violente menée par des fondamentalistes chrétiens et des militants royalistes de l’Action française. Actuellement présenté sur la scène parisienne du Théâtre de la ville, il est régulièrement perturbé par des jets d’oeufs et de boules puantes sur le public, quand les perturbateurs ne rentrent pas carrément sur les planches.

 

Les jeunes extrémistes ne supportent pas la mise en scène du Christ, dont l’image est maculé par une étrange matière (assimilée par les provocateurs à de la m….). Mais de là à censurer bruyamment la création du metteur en scène italien, l’intelligentsia parisienne ne peut le comprendre. Sous l’égide du directeur de la salle parisienne, Emmanuel Demarcy-Molla, plusieurs artistes et intellectuels ont signé une pétition. Tandis que Frédéric Mitterrand a porté plainte contre les agitateurs. Quoi de plus normal.

Jouée dans d’autres pays, la pièce n’a pas fait de bruit. Mais pourquoi donc en France, provoque-t-elle autant de remous ? Dans notre contrée, les oeuvres anti-chrétiennes ont toujours suscité les protestations virulentes des mouvements traditionalistes et intégristes. A l’époque de La tentation du Christ, film de Martin Scorcèse, tout fut tenté pour empêcher que le film soit vu par les cinéphiles. Dans les salles, des activistes ont cassé des glaces, menacé les spectateurs et incendié le cinéma Saint-Michel.

Dans les journaux, Castellucci pardonne les fauteurs de troubles car “ils n’ont jamais vu le spectacle”. Visage de la raison, le metteur en scène trouve les mots pour apaiser les choses. Il apparaît bien au dessus de la mêlée et se fait au passage un sacré coup de pub. Car, encore une fois, la qualité du spectacle n’est pas mesurée à l’aune des critiques, mais à celle de l’imbécillité des extrémistes. Convenons-en, ces jeunes hommes auraient été mieux inspirés s’ils avaient su manier l’ironie  dans leur protestation.

A Rennes, où le spectacle est programmé dans le cadre du festival Mettre en scène du jeudi 10 novembre au 12 novembre, on utilisera la force publique en cas de fauteurs de troubles. François Le Pillouër, directeur de la salle du Théâtre nationale du public, l’a dit et redit dans les colonnes des journaux locaux. En attendant, il prévient les âmes sensibles sur son site Internet par ces quelques mots : “Attention, ce spectacle peut choquer”. Pour s’en convaincre, il suffit juste d’aller le voir…

 Résumé de la pièce : Sous le visage du fils de Dieu, dans un salon d’une suprême élégance, un vieillard au corps délabré crache sa souffrance, ses dégoûts, se déleste de tout ce qui l’encombre : le monde policé qui l’entoure, auquel il appartient et dont il se voit prisonnier. A ses côtés, son fils, pareil à ce qu’il fut et qu’il ne peut plus être, le soigne et tente de le ramener aux convenances.

A Rennes le square de Villeneuve dispose d’un sacré coeur

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« C’est un jardin extraordinaire, » chantait Trenet. Dans le quartier du Sacré Coeur, le square de Villeneuve ne mérite peut-être pas ce qualificatif. Mais qu’on se le dise, il n’en est pas moins croquignolet et pittoresque à souhait.

 

Bordé par des petites maisons de quartiers et des rues tranquilles, il est accessible par quatre portes grillagées. Un conseil, entrez par la rue Marcellin Berthelot, un chimiste aujourd’hui tombé dans l’oubli. Respirez à fond et appréciez le calme de l’endroit. A peine plus grand que l’Enfer du Thabor, cet espace de verdure est apprécié par les habitants du coin pour ses nombreuses espèces d’arbres.

Comme dans grands parcs rennais, les visiteurs devineront aisément le nom des plantations grâce aux petits écriteaux légèrement vieillis, posés sur les troncs. Pour la petite histoire, ils dénicheront un févier d’Amérique, un hêtre pourpre d’Europe ou encore un catalpa commun du sud des Etats-Unis. Ils s’amuseront sans doute à lire leur nom en latin, en heurtant assurément sur la prononciation du Gleditsia triancanthos.

A peine cinquante mètres plus loin, la maison du jardinier est planté étonnament au milieu du square. Toute en briques, elle possède une façade au style balnéaire. Entourée de massifs de fleurs, cette maisonnée détonne dans ce parc construit pour « la population laborieuse et méritante du quartier », comme l’indiquait une délibération du conseil municipal du 18 août 1920.

Bâti sur l’ancien terrain du manoir de Villeneuve par l’entrepreneur Briand, le square doit ses plans à l’architecte célèbre de Rennes, Emmanuel Le Ray. Achevé en 1926, il s’intègre parfaitement dans un quartier parsemé de jolies petites maisons, d’un habitat social et connu pour  sa prison départementale datant de 1898.

De forme rectangulaire, l’endroit est cerné par l’école primaire de la rue Guinguené et de la crèche Alain Bouchart. Edifiée par Emmanuel Le ray, cette dernière bâtisse vaut le coup d’oeil pour ses éléments de décor et ses frises Odorico ( à l’intérieur). Horaires d’ouvertures : Du 1/09 au 30/09 8h15-19h30 ; du 1/10 au 27/10 8h15-18h45 ; du 28/10 au 31/01 8h15-17h30 ; du 1/02 au 28/02 8h15-18h30 ; du 1/03 au 29/03 8h15-19h ; du 30/03 au 30/04 8h15-19h30 ; du 1/05 au 31/08 8h15-20h.

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Quand les « fous » se font la malle…

Des malades s’enfuient parfois du centre hospitalier spécialisé Guillaume Régnier sous les yeux des riverains du quartier Jeanne d’Arc. Ils ne vont jamais très loin et sont vite rattrapés. Car le dispositif de surveillance est particulièrement efficace.

A Rennes, sur l’ancienne route de Paris, le centre hospitalier spécialisé Guillaume Régnier, plus connu sous le nom de Saint-Méen, dispose de 2145 lits, dont 1201 lits d’hospitalisation complète (cf : chiffres donnés au 31 décembre 2003).

Quand les patients y sont hospitalisés de longue semaine, ils ont parfois l’envie de prendre la poudre d’escampette. Profitant de la nuit ou de bien d’autres circonstances, ils s’enfuient en courant vers les rues avoisinantes. « Un jour, j’en ai vu un, » se souvient un quarantenaire musicien, habitant dans le quartier Jeanne d’Arc. « Il était caché derrière un abri-bus. Mais chose étonnante, il est retourné d’où il venait devant l’impressionnant dispositif mis en place pour le retrouver. » Car en cas d’évasion, au centre hospitalier, on ne lésine pas avec les moyens mis en place et les alarmes sonores. « On ne veut pas d’accident tant pour les tiers que pour les patients, » reconnaît un infirmier. « C’est une question de responsabilité. »  A Saint-Méen, les malades n’ont qu’à bien se tenir…

Encadré : Les  vieux Rennais connaissent leur hôpital sous le nom de Saint Méen
Les Rennais d’un certain âge appellent toujours le centre hospitalier Guillaune Régnier du nom de Saint-Méen. Cette dernière
appellation remonte au temps où sévissait le mal de Saint-Méen, sorte de lèpre qui rongeait jusqu’à l’os. Pour s’en protéger, il fallait faire le long pèlerinage jusqu’à Saint Méen le Grand.
Afin de porter assistance aux pèlerins au cours de leur périple,  Guillaume Régnier, marchand drapier rennais, décida d’acheter des bâtiments de l’abbaye Saint-Georges, au lieu-dit « Le Tertre de Joué » le 4 septembre 1627. L’aumônerie du petit Saint-Méen évoluera ensuite au fil des siècles. En 1852, l’institution devient asile départemental. Puis, il se transforme en centre hospitalier spécialisé, avant de porter le nom de Guillaume Régnier. L’appellation Saint-Méen étant certainement trop connotée aux yeux des Rennais…

A Granville Musée Christian Dior

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A Granville, à 100 kilomètres de Rennes, le Musée Christian Dior était ouvert uniquement l’été pour des expositions temporaires courues par le tout Granville et les touristes. Mais, depuis deux ans,  il est désormais ouvert l’hiver. “À la différence de nos rendez-vous printaniers et estivaux, nous privilégiions notre collection permanente,” indique Brigitte Richart, la conservatrice.

 

En cette période hivernale, les modèles dessinés par Christian Dior ressortent comme par enchantement des sous-sols du Musée. “Nous revenons à ce qui a contribué à la notoriété du couturier granvillais durant la période 47/57, marquée par le New-Look” assure Brigitte Richart. Mais ne nous méprenons pas, cette exposition n’est pas un sous événement, bien au contraire. La conservatrice et sa collaboratrice Marie-Pierre Osmont veillent à présenter des ensembles jamais vus ou du moins aperçus, il y a quelques années. “De toutes les manières, il nous est difficile de faire autrement. Les robes et autres tailleurs ont besoin de se reposer un certain temps, après une exposition.”

Les doigts de fée de Marie-Flore Levoir
Dans la mesure où elles rejaillissent du passé, les pièces ont parfois besoin d’une restauration. “Vous ne pouvez pas imaginer les ravages de la sueur sur les tissus,” confie avec humour une spécialiste de la mode. Au Musée, Brigitte Richard a confié cette délicate mission à une jeune femme, Marie-Flore Levoir. Loin de son atelier, la restauratrice consolide des manches, des robes et autres tailleurs. “Il me faut trouver des techniques particulières de conservation qui respectent le travail de nos couturiers.” Car impérativement, Marie-Flore ne doit pas choquer le monde très pointilleux de la couture. “Mon travail ne doit pas se voir à l’œil nu,” convient-elle.

Œuvrant par petite touche de consolidation et privilégiant le “support” au point de broderie, Marie-Flore Levoir coud avec des fils de chirurgie. À tel point que certains voient en elle une chirurgienne de la couture. Beaucoup ne sont pas loin de le penser. Son travail nécessite en effet des rapports… de restauration et implique de la précision méticuleuse. Seule différence, son œuvre doit pouvoir être remise en cause lors d’une prochaine restauration.

Le Musée Christian Dior est ouvert du 22 octobre jusqu’au 2 novembre tous les jours de 14 h 30 à 17 h 30 sauf le 1er novembre, tous les week-ends jusqu’à la fin décembre et tous les jours de 14 h à 17 h 30 lors des vacances de Noël sauf les 24, 25 et 31 décembre. Entrée : 4 euros. Pour tous renseignements au 02 33 61 48 21. Site internet : www.muséechristiandior.com

A Rennes, 1er salon du livre maçonnique

Organisé par l’ACEMS (Association Culturelle d’Etudes Maçonniques et Symboliques) avec le concours des obédiences présentes localement et sous l’égide de l’IMF (Institut Maçonnique de France), le 1er salon maçonnique du Livre et de la Culture de Rennes, intitulée « La franc-maçonnerie entre réalité et fiction », se déroulera du 29 au 30 octobre, de 10 à 18h à Saint-Jacques de la Lande. Entrée libre.

 

Depuis des siècles maintenant, la franc-maçonnerie ne cesse de questionner, d’interpeller, de troubler ou fasciner parfois, sans jamais vraiment laisser indifférent. Mettre le thème des francs-maçons en Une d’un magazine est l’assurance d’un accroissement de ventes (la récurrence de ces fameux « marronniers » en est la preuve). De plus en plus d’oeuvres romanesques ou thrillers dits ésotériques (jusqu’à Dan Brown qui s’en est emparé de singulière manière) en font la trame de leurs narrations. Mais quelle image réelle est-elle restituée de la maçonnerie ? Que veut cette dernière ? Comment est-elle vécue par ses membres ? À quoi sert-elle ? Quel est son impact réel dans la société ? Début de réponse avec Pierre-Henri Morin qui a bien voulu répondre à quelques questions.

Unidivers – Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ?

Pierre-Henri Morin – Avant toute chose, je tiens à préciser que cette vision est personnelle et que ces propos n’engagent que moi. La Franc-maçonnerie contemporaine est l’une des dernières structures initiatiques encore vivantes en Occident. En fait : un ordre initiatique c’est-à-dire une organisation humaine qui requière une certaine hiérarchie et une éthique librement reconnues et consenties.  Par une méthode rigoureuse et progressive, incluant réflexions personnelles et échanges collectifs, elle vise l’éveil des hommes et des femmes par une construction et une structuration de la pensée, pour plus de conscience. La Franc-maçonnerie est donc une « école » de spiritualité, c’est-à-dire de ce qui a trait à la vie de l’esprit, et d’humanisme, dont le but est d’élever l’homme au-dessus de son « animalité » pour qu’il puisse mieux se connaître, mieux connaître les autres et, progressivement, se mettre en harmonie avec lui-même et avec le Monde.
La démarche initiatique, aussi vieille que la conscience humaine, est donc une démarche essentiellement tournée vers la connaissance de l’homme, son émancipation et, par extension, vers le bien-être matériel et le perfectionnement de l’humanité. Recherche de compréhension et de sens, elle se situe en dehors de tout domaine politique et religieux, laissant à chacun le libre choix de ses opinions.

Pierre-Henri Morin, président de l’Association culturelle d’études maçonniques et symboliques, organisatrice du premier salon maçonnique du livre et de la culture.

On entend souvent parler de plusieurs tendances ou sensibilités. Qu’en est-il ?

Toute démarche initiatique s’enracine dans une tradition, en d’autres termes : ce qui mérite d’être retenue. La tradition judéo-chrétienne est la trame de Franc-maçonnerie, courant de pensée essentiellement occidental qui, empruntant aux opératifs bâtisseurs de cathédrales, s’est officiellement structuré, à Londres, en 1723, avec la publication des Constitutions remaniées par le pasteur Anderson, l’un des textes fondateurs. Mais il est évident que, de la Renaissance au Siècle des Lumières et jusqu’à nos jours, les découvertes scientifiques, les différents courants philosophiques et autres ont transformé la manière de voir le monde, de raisonner et donc de penser. Sans renier le passé, la tradition s’écrit au quotidien. Ce qui était reconnu pour vrai hier ne l’est plus aujourd’hui ou qu’en partie. La pensée maçonnique n’échappe pas à la règle. À partir d’un tronc commun, des sensibilités différentes se sont greffées trouvant leur expression dans la pratique de Rites différents. Certains privilégient la construction de la dimension spirituelle de l’homme, d’autres son rôle social et sa place dans l’émancipation de l’Humanité. Tous sont respectables.

En quoi la Franc-maçonnerie peut-elle être une réponse aux aspirations de nos contemporains ?

Oubliant le sens de la Parole de leurs livres sacrés, des religions, imposent leur dogme, parfois en sérieux décalage avec les valeurs qu’elles sont sensées enseigner ou les réalités de la vie. Les systèmes politiques et, encore plus, économiques, oublient l’homme. La démarche initiatique le replace au centre débat. Elle n’impose rien. Elle propose de découvrir. Quitte, ensuite, à chacun de s’approprier et de faire sien sous la seule condition du respect de valeurs qui fondent l’humain. En conduisant l’adepte vers une certaine sagesse, l’initiation change le regard que l’homme porte sur lui-même et sur le monde. Elle peut, aussi, apporter une réponse à ses interrogations métaphysiques.

Vous organisez un salon maçonnique du livre et de la culture le samedi 29 et dimanche 30 octobre. À quel public ce salon s’adresse-t-il ?

Se voulant un lieu de rencontre entre l’Institution et toutes les personnes intéressées par la démarche maçonnique, qui ne recèle aucun secret, ce premier salon maçonnique du livre et de la culture est donc ouvert, gratuitement, à tout public. Comme l’exprime son intitulé : « La Franc-maçonnerie entre réalité et fiction », au travers d’une littérature abondante et variée, de conférences et de tables rondes, de rencontres avec des « Sœurs » et des « Frères », il a pour objectif de faire connaître l’Institution, de démystifier les à priori et fantasmes que suscite une société discrète. Tout un chacun pourra découvrir ce qu’est la réalité de la Franc-maçonnerie, la démarche qu’elle propose, et se renseigner sur les différentes Obédiences présentes.

Ces rencontres maçonniques culturo-littéraires du grand Ouest à Rennes sont l’occasion de rencontrer des auteurs, des personnalités de la galaxie maçonnique, mais aussi des frères et des soeurs heureux de partager leur vécu. Plusieurs tables rondes et conférences permettront notamment d’aborder les thèmes de « la franc-maçonnerie en Bretagne », « Fiction et franc-maçonnerie », « le maçon au travail », « la franc-maçonnerie, ses ombres et ses lumières »…

Parmi les intervenants : Denise Oberlin (Grande Maitresse de la GLFF), Alain Graesel (ancien Grand Maître de la GLDF), Christophe Bourseiller (Un maçon franc…, chargé de cours à l’institut d’études politiques de Paris, comédien, spécialiste des mouvements radicaux), Willy Vassaux (Les Colonnes de Salomon, dessinateur-scénariste BD), Jacques Fontaine (Le savoir maçonnique: un chemin de clarté; 1,2,3, planchez, psychopédagogue), Jissey (C’est au pied du maçon qu’on voit le mieux le mur ; 1,2,3, planchez; consultant en communication, journaliste, dessinateur d’humour), Stéphane François (L’Esotérisme, la « tradition » et l’initiation, universitaire, politologue et historien des idées, spécialiste des subcultures), Daniel Kerjan (Rennes : Les Francs-Maçons du Grand Orient de France – 1748-1998: 250 ans dans la ville), Béatrix Ulysse (Le manuscrit de la voie lactée) Christian Joucquand (La Franc-maçonnerie à Saint-Malo & sur la côte d’émeraude), Jean-Claude Cappelli (Les chemins de Folles pensée, entretiens avec un druide; Les origines païennes de la franc-maçonnerie), Yann Laflèche (La Prophétie du 5e règne), Thomas Dalet (Le chevalier Coen ou le mystère de la parole perdue, Arkangelus) Francis Moray (La franc-maçonnerie rendue intelligible aux lecteurs de Dan Brown), Jacques Rolland (Les Templiers du 3e cercle, Des Templiers aux francs-maçons), Bruno Gandois (ancien Grand Maître de la GLSF)…

Propos recueillis par Nicolas Roberti

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A Rennes, 1er salon du livre maçonnique | 29-30/10

Rennes > Une Semaine Européenne en blanc et rouge | 14-18/11

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La Maison de l’Europe organise une semaine européennes aux couleurs de la Pologne afin de découvrir ce pays qui exerce actuellement la Présidence du Conseil de l’Union européenne (voir le programme ci-dessous). Et pour ceux qui ne pourraient être à Rennes parce qu’à Varsovie, ne manquez pas la série d’événements culturels autour de Mystères et Initiations réalisée par Włodzimierz Staniewski dans le cadre de la résidence Gardzienice du 4 au 18 novembre.

« Les Mystères montrent qu’il existe une expérience plus profonde encore que l’expérience de l’être humain. Ils permettent de restituer l’archaïsme, renvoient à l’avant-geste, à l’avant-temps et à l’avant-vérité. Dans l’archaïsme est enfermé le patrimoine commun et universel de l’homme. On ne peut créer la modernité sans qu’il n’y ait un lien avec le patrimoine. Les Mystères forment un socle permettant d’associer la culture haute et la culture basse en donnant ce qui est moderne dans la culture. » (Włodzimierz Staniewski, Introduction à Cracovie 2000, Ville européenne de la culture)

Exposition photographique sur la Pologne
>> Lundi 14 novembre au vendredi 25 novembre à la Maison de l’Europe, Place du Parlement de Bretagne, Rennes
Conférence
La présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne : un moteur pour une Europe agitée par de profonds bouleversements” avec Joanna GRODZA, Premier conseiller à l’ambassade de Pologne en France
>> Lundi 14 Novembre 2011, Espace Ouest-France, Rue du Prébotté, Rennes à 18h30
Conférence
avec Pierre Etienne PENOT
>> Mardi 15 Novembre 2011, Espace Ouest-France, Rue du Prébotté, Rennes à 18h30
Café européen
« à la découverte de la Pologne » suivi d’une dégustation de spécialités polonaises
>> Mercredi 16 Novembre 2011, Hôtel Montfort Communautés, à 18h00
Projection du documentaire « Beats of freedom » et grand quiz sur la Pologne
>> Vendredi 18 Novembre 2011, Maison de l’Europe de Rennes, Place du Parlement de Bretagne, Rennes, 14h30

Rue des Livres, Lector in fabula

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Les lecteurs rennais de plus de 15 ans sont sollicités par le festival Rue des Livres pour choisir le livre d’un auteur français vivant. Neuf romans ont été présélectionnés par un jury, sur la thématique de la ville. “En proposant ce prix, nous entendons favoriser la découverte de la littérature contemporaine, valoriser les œuvres et développer l’échange autour des lectures”, assurent les organisateurs.

 

Originalité de cette manifestation littéraire, les livres peuvent être empruntés dans les bibliothèques rennaises et chez les partenaires relais. Ils sont également présents dans les librairies rennaises : Librairie Planète Io, le Forum, La cour des miracles, Le Papier timbré, L’encre de Bretagne, Le Failler… Chaque lecteur s’engage à lire les titres sélectionnés et à cocher ses préférences sur son bulletin. Le prix sera remis le 3 mars 2012.

 Liste des ouvrages sélectionnés pour le prix 2012 : Rouler, Christian Oster (L’Olivier) ; Retour à Killybegs, Sorj Chalandon (Grasset) ; Tout autour des Halles quand finissait la nuit, Gérard Laudrot (L’Editeur) ; Le corps immense du Président Mao, Patrick Grainville (Seuil) ; Ma petite française, Bernard Thomasson (Seuil); Du temps qu’on existait, Marien Defalvard (Grasset);  La nuit n’éclaire pas tout, Patricia Reznikov (Albin Michel) ; Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel (Buchet – Chastel) ; Léna, Virginie Deloffre (Albin Michel).

Rennes, Explosion de la criminalité ou stratégie de communication ?

Rennes est-elle au bord de l’explosion sociale ? La violence est-elle omniprésente ? Les mères se lamentent-elle sur le corps meurtri de leurs chères têtes blondes ? Rennes ne serait plus un espace protégé par la République…

Vous allez me dire : d’où vient une si terrible idée ? Eh bien, vous avez certainement remarqué la montée en puissance du passage des automobiles des forces de l’ordre depuis la rentrée de septembre. Sur les quais de Rennes, notamment, au lieu des 3 ou 4 sirènes qui filaient chaque semaine il y encore quelques mois, on assiste depuis la rentrée scolaire au passage tonitruant de 5 à 10 voitures de police chaque jour.

Devant cet envahissement de l’espace géographique et sonore, Unidivers a contacté la préfecture pour tenter de comprendre : quelle est la raison de cette explosion de la présence des forces d’intervention ? La question posée à notre interlocutrice, fonctionnaire de police, était simple : Rennes connaît-elle une explosion des crimes et délits ? La réponse est sans bavure (!) : « non ». Est-ce une nouvelle politique de communication ? La réponse est sans appel(s) : « c’est possible ». Si elle ne nous a pas matraqué sa réponse, elle nous l’a confirmée.

Chers lecteurs, nous laissons à chacun de vous le soin de comprendre les tenants et aboutissants d’une communication qui privilégie l’omniprésence de la sirène. Autrement dit, à qui profite le crime ?

Indochine Nicola Sirkis, Kissing my songs

Sirkis présente Indochine à travers le sens, l’affection, l’incarnation, voire le doux érotisme, de trente ans de textes. Kissing My Songs de Nicola Sirkis et de Agnès Michaux est une réussite. Lisible, intimiste, instructif – intelligent. Parution publique le 2 novembre, 19€.

Entretien entre une journaliste et un chanteur, la moindre des qualités de cet ouvrage est de rappeler ce que les fans savaient déjà :  Nicola Sirkis est un homme cultivé et aimable. Son rapport à l’art, notamment la lecture, il le comprend comme un aventurier qui glane de-ci de-là des idées, des impressions, des sensations. De tant en tant, elles se précipitent pour former une histoire de sens et un paysage sonore : une chanson est alors née. Les 11 chapitres de Kissing My Songs font la part belle à l’autobiographie et sont faciles à lire. Les aficionados y trouveront nombre de détails jusqu’ici inconnus. Les moments difficiles ne sont pas absents.

Plusieurs périodes structurent le texte : l’ascension avec  L’Aventurier, dont la chanson Bob Morane, l’affirmation d’une culture décalée avec le Péril Jaune, la réflexion sur l’identité sexuelle avec 3e Sexe (influence de Boy George…). Quant à Tes yeux noirs, c’est une histoire de quiproquos et d’incompréhensions… 7000 danses et Le Baiser sont diversement appréciés du public alors qu’ils sont, le dernier surtout, à notre avis remarquables. Un jour dans notre vie puis Wax signent la descente aux enfers. Enfers dont Nicola Sirkis remonte avec un 8e album, Dancetaria.

Paradize, album collectif pour le seul membre restant de la formation originelle,, est venu à plus de 1,5 million d’exemplaires. Alice & June conduit à un renouvellement des fans du groupe avec l’arrivée d’adolescents. La République des Meteors, qui interroge la Seconde-Guerre mondiale, ne lasse pas de nous interroger.

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Indochine Nicola Sirkis : Kissing my songs

Bout-rimé

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Quelle notion intéressante – certes, moins usitée que par le passé – et, surtout, quel joli mot que celui qui nous concerne aujourd’hui. La première fois que ce mot a fait tilt dans ma tête, ce devait être lors d’une écoute des Femmes savantes ; lors de sa fameuse tirade avec Trissotin, Vadius employa ce mot qui fit résonnance à mes douces oreilles.

Mais comme un mot n’est rien sans signification, la voici donc. C’est un jeu littéraire qui permet de composer de la poésie à partir de rimes imposées. Le procédé date du XVIIe siècle et serait le fruit du cerveau de Louis Neufgermain. Celui-ci pour rendre sa trouvaille publique composa deux recueils de bouts-rimés. Acte qui allait inspirer les plus grands : Molière, La Fontaine et Dumas, notamment.

Si, comme on vient de la voir, ce procédé est ancien, il perdure encore aujourd’hui à travers quelques adeptes. On pense à Serge Gainsbourg ou Léo Ferré qui pratiquaient l’exercice avec un certain talent et même un talent certain.

Comme quoi le génie est intemporel et surtout universel.

À titre d’exemple pour étayer le propos, voilà un bout-rimé spirituel :

Dumas est fin, aimable et doux comme une femme;
Son génie a créé Kean et Catilina,
Et tous ceux qui l’ont lu l’aiment de cœur et d’âme,
Car son brillant esprit jamais ne fouina.
Roi de la blague, avec les mots sa plume jongle;
Il nous fait dans Pitou voir un bon citoyen;
Nous montre d’Artagnan qui, sans peur, rogne l’ongle
De Richelieu, le prêtre à l’âme de païen.
Son souple talent, doux comme une mirabelle,
Dans un livre émouvant nous fait de Mirabeau
Admirer aisément la voie puissante et belle,
éclairant les esprits comme un divin flambeau.
En admirables vers ciselant l’Orestie,
Dans cette œuvre il a mis le cœur de Gabrio,
La verve de Méry, l’esprit, la repartie,
Dont il s’est fait le roi, seul et sans agio.
On lit ce qu’il écrit comme on mange une figue,
Une tarte à la crème, une aile de faisan;
Que ce soir un roman sur la Fronde ou la Ligue,
Ou le moyen de faire un plat au parmesan;
Car il cause de tout: la modeste noisette
Inspirerait sa verve autant qu’un gros pâté,
Et ce grand enchanteur sait peindre une grisette
Aussi bien qu’une reine ou qu’un âne bâté.

Alexandre Dumas par Dorval

BNF > Casanova, la passion de la liberté l 15/10-19/02

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La BNF consacre une grande exposition à cet étonnant personnage et écrivain. Si Don Juan est une création légendaire, Casanova a été créé par Casanova lui-même – aussi talentueux pour l’art de la mise en scène que pour l’allant de la narration. Le but premier de cette exposition est de révéler cette force d’écriture au grand public. Et, dans le même mouvement, d’entraîner le visiteur sur les pas de cet extraordinaire aventurier du plaisir.

Pour faire suite à l’acquisition, en février 2010, du manuscrit : l’Histoire de ma vie, racontant le destin de Casanova, cette exposition entend présenter l’aventurier au public sous un nouvel angle (né à Venise en 1725, mort à Dux, en Bohême en 1798).

Si tout le monde connait la légende entourant notre homme au sujet de ses nombreuses conquêtes et de sa séduction, les autres aspects de sa personne sont nettement moins connus. Et ce sont ces aspects-là que cette exposition va tendre à nous présenter.

Libre, l’homme l’était assurément. C’était même sa première marque de fabrique. C’est cette liberté qui émerveille sa fabuleuse plume, un talent d’écriture hors du commun, un art subtil de la mise en scène et un élan sans frein pour la narration.

C’est la première grande surprise que révèle cette exposition.

La seconde étant sa capacité créatrice avec des gravures, des peintures, des sculptures, des vêtements, des films et même de la musique.

Quand la sensualité d’un homme se propage jusque dans la moindre de ses créations, on obtient une bien belle exposition.

BNF Site François-Mitterrand
mardi - samedi de 10h à 19h
 dimanche de 13h à 19h
 sauf lundi et jours fériés

tarif plein : 7 €
tarif réduit : 5 €

La ville rénove le parc du Thabor

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Depuis quelques jours, des panneaux fleurissent aux quatre coins du parc du Thabor. Posés par la municipalité, ils expliquent à coups de clichés et de documents les prochains travaux de rénovation du jardin. L’an passé, la mairie avait été plus discrète dans sa communication pour ses travaux de remise en eau du bassin, de réhabilitation du kiosque et de peinture sur la volière. Mais à cette époque, il est vrai, elle avait fait face à une campagne dans la presse assez virulente de la part de Rennais qui lui reprochaient l’état d’abandon de leur havre de paix. Forcément, elle se devait de faire profil bas…

 

Mais convenons-en, les élus ont pris le dossier à bras-le-corps en parant au plus spectaculaire et au plus visible. Désormais, ils vont consacrer plus de 480 000 euros pour d’autres travaux tout aussi importants. Laissé dans un piteux état, l’Enfer va retrouver une seconde jeunesse. Autrefois réservoir d’eau juste après l’incendie de 1720, il va devenir un théâtre de verdure de 250 à 300 places, avec revêtement spécifique et installations techniques (lumières..). Un parterre de gazon est même envisagé.

Une vigne rennaise

Non loin, le restaurant sera agrandi dans les locaux proches et clôturé par une terrasse. Ce nouveau chantier permettra au nouveau propriétaire des lieux d’ouvrir le soir sa brasserie. Beaucoup plus spectaculaire sera la réfection de la colonne de Juillet, créée en 1835 par le statuaire Barré et en l’honneur de Vanneau et Papu (tués en 1830 à Paris). Certains diront enfin…Car elle avait été déposée depuis déjà quelques années et attendait sagement dans les ateliers municipaux. Mais tout arrive à celui qui sait attendre.

Pour parachever le tout, la ville prévoit une zone de défoulement pour les chiens, au pied du carré Du Guesclin. A proximité, des pieds de vigne seront plantés comme autrefois du temps des moines de l’abbaye toute proche. Espérons que le vin soit bon pour fêter dignement la fin de la rénovation.

P1150062     L’Enfer dans les prochaines années                    P1150065      L’enfer actuellement

P1150071Les travaux sont en cours sur la colonne de Juillet

Encadré:  votre serviteur (comme beaucoup d’autres) écrivait un courrier au journal  Ouest-France le 20 septembre 2009 pour protester contre l’abandon de notre parc. En voici la teneur…

Enfin, on s’occupe du Thabor, parc de mes milles joies et de mon enfance. Depuis que je suis un heureux père, je reviens toujours avec plaisir dans ce jardin. C’est dans son aire de jeux que j’ai connu mes premières frayeurs dans la « roue », aujourd’hui démolie au nom de la sacro-sainte sécurité… C’est encore au Thabor que j’ai vu mon premier paon en liberté et mes premiers singes en cage, chassés du jour au lendemain sans raison. C’est toujours là que j’ai découvert les créations florales de nos jardiniers, représentant Lucky Luke et les Dalton. Pour l’enfant que j’étais, ce n’était que du bonheur…

Je n’oublierais pas non plus d’évoquer les moments passés à conter fleurette avec des jeunes Rennaises dans la grotte, jouant à cache-cache avec gardiens tatillons. Ce temps-là est-il révolu ? Comme beaucoup, je constate que mon havre de tranquillité est bien négligé, à la différence des Gayeulles et de Bréquigny. Car convenons-le, ces parcs sont une réussite à mettre à l’actif de la municipalité. Mas pourquoi donc laisse-t-elle notre parc partir à vau-l’eau ?
Les Rennais sont nombreux à déplorer ses cascades et ses fontaines aujourd’hui à sec, sa grotte fermée depuis quelques années, son Orangerie sans jus, ses statues mal entretenues, son kiosque fermé… A cette liste, on pourrait ajouter la triste disparition des arbres du carré Du Guesclin et de sa colonne, l’abandon à son triste sort de l’enfer (terrain de jeux)… En passant par Bayeux, j’ai arpenté le jardin de la ville, créé par un certain Bühler, créateur du Thabor. Bien que plus petit, l’endroit était truffé de flammes pédagogiques et ludiques, expliquant la vie des essences rares. Il y a peu, Les champs libres remettaient au goût du jour le mosaïste talentueux, Odorico. Dans le même état d’esprit, notre parc pourrait devenir un lieu d’exposition à ciel ouvert, un lieu vivant réapproprié par les Rennais et pensé par un paysagiste de renom. Une manière de gommer les négligences passées.

Jean-Christophe

Normandie > Fernand Léger retrouve sa maison

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Fernand Léger vivait en Normandie, à Lisorès, à la fin de sa vie. Sa maison et son atelier étaient à l’abandon. Rachetés par un marchand d’art, ils vont devenir un musée au cœur du Pays d’Auge, d’ici à 2014.

 

Au creux d’un vallon, à Lisorès, dans l’Orne, la ferme normande de Fernand Léger (1881-1955) était à l’abandon et envahie par les ronces et les orties. Du chemin d’accès, on voyait juste une grande fresque en mosaïque de l’artiste sur la façade de la maison. La seule tenant encore debout dans ce décor d’herbes folles, de mousses grimpantes et de pierres posées ici où là.

Ces dernières années, cet atelier de l’un des plus grands artistes mourait dans l’indifférence la plus totale au grand dam des habitants. Le cœur serré, les riverains espéraient un geste de l’Etat, de la Région et du département pour sauverce patrimoine. Faute d’une intervention publique, Lisorès a trouvé un marchand d’art, Jean du Chatenet. En 2007, il a racheté l’ensemble. Depuis, il a mis les bouchées doubles pour débroussailler, couper les mauvaises herbes et arracher les ronces.

A force de travail (près de trois ans de chantier), le nouveau propriétaire des lieux vient de sortir de l’ombre l’œuvre du pignon. Appelée La fermière et sa vache, elle est intacte, en dépit de quelques plombs de chasseur. Réalisée par l’artiste, cette scène est composée sur une grande surface de 20 m2 et sa gouache originale a été offerte à un certain Maurice Thorez.

Peu à peu, l’endroit renaît de ses cendres pour une ouverture au public prévue en 2014. Les visiteurs y retrouveront avec plaisir ce qui fit le succès de cet endroit de 1955 à 1982 :l’atelier de Léger, la maison de l’artiste, la petite chapelle construite par ses soins, un parc de trois hectares et les mosaïques originales.

Encadré : un peintre paysan

Le pionnier du Cubisme était très attaché à sa région natale où il y a réalisé céramiques et vitraux. Fils d’éleveur, il était né le 4 février 1881, à Argentan. Apprenti chez un architecte à Caen, il file très vite vers Paris, à 19 ans à peine. Il abandonne l’architecture et se met à fréquenter Chagall, Cendrars, Max Jacob et Modigliani.

Dans les années 30, l’artiste qualifié de « paysan de l’avant-garde » devient célèbre internationalement. Il part aux Etats-Unis pour y vivre jusqu’en 1945. De retour en France, Fernand Léger créé de nombres œuvres monumentales. Il meurt en 1955. Il est aujourd’hui célébré dans le monde entier et à Biot, dans son musée national.

Film Polisse > Qualités et défauts

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Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs, mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

Ce film est assez énervant pour la simple est bonne raison qu’il présente presque autant de qualités que de défauts. Il est presque impossible d’en dire du mal tant l’ensemble de ses qualités est patent. C’est pourquoi la seule façon de s’en sortir tout en étant objectif est de faire un strict métier de critique.

La première qualité de ce film enragé réside dans ce que le spectateur ressent tout au long de ce film : un grand amour des enfants. Et pour un film avec un tel sujet, certes, c’était le minimum syndical, même si tout n’était pas facile eu égard au point de vue adopté.

La seconde grande qualité de ce film – qui est aussi un peu son défaut d’ailleurs – est ce melting-pot d’acteurs, mi-organisé, mi-improvisé. L’assemblage fonctionne et la mise en scène qui rend possible cette cohabitation est sublime. D’autant plus que les dialogues et les situations sonnent vrais.

Enfin, parlons de la performance de Joey Starr. Il s’affirme aussi bon acteur que performeur sur scène. Bref, la façon qu’épouse ce film de ne pas emprunter les chemins de la facilité est un autre bon point.

Après oui, il y a les défauts. Ce trop plein de démonstrations, de bavardages, de faussetés, de ratages… Il faut aussi des défauts, mais pas plusieurs en même temps, sinon cela crève l’écran.

Trop aussi la présence de Maïwenn. On aurait aimé qu’elle se consacre à sa caméra et qu’elle ne s’impose pas devant. Ou alors différemment. Vouloir faire vrai pour donner un si faux résultat – pourquoi faire ?

La fin n’est pas loin d’être ridicule et que dire de la danse des Roms dans le bus qui file d’une prison vers la délivrance ?…

Mais on pardonne. L’effort pour donner de l’énergie à une énergie bien vivante est patent.

Un film vivant, émouvant, touchant mais un peu énervant. Reste toute une fraicheur qu’il apporte dans nos têtes et dans nos cœurs.

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Film Polisse > Qualités et défauts

Diane Arbus au Jeu de Paume | 18/10-05/02

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Depuis le 18 octobre, le Jeu de Paume accueille en son lieu une rétrospective exceptionnelle de la photographe américaine Diane Arbus. Cette dernière a bouleversé l’art de la photographie. L’audace de sa thématique, aussi bien que son approche photographique ont donné naissance à une œuvre souvent choquante par sa pureté, par cette inébranlable célébration des choses telles qu’elles sont.

 

Ce ne sont pas moins de 200 photos qui nous sont présentés dans un noir et blanc enivrant. Un parfum d’indépendance et sans aucun faux semblant, voilà ce qui est le fil conducteur de toute cette présentation.

Le monde qu’elle nous fait découvrir à travers son œil est totalement large. Passant de la mode au documentaire, les modèles ne sont que des marginaux, des gens différents dans un obscurantisme prodigieux. La structure des œuvres est puissamment minimale.

Jamais la photographie n’avait été aussi vivante que celle proposée aujourd’hui. De l’énigmatique qui interroge et surtout apporte des réponses.

Une belle exposition qui sublime l’ordinaire et qui va donc forcément sublimer son public.

Dans le top 3 des expositions du moment à Paris et… Dieu qu’il y a du lourd.

Rennes Café Cortina, Un bistrot d’antan qu’on aime tant

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Loin des bars de la rue Saint-Michel, sous le contrôle de la police (voir Ouest-France du samedi 22 octobre), direction le café Cortina, à deux pas de l’étonnante chapelle de la Sainte-Famille et derrière le Colombier.

 

Les propriétaires des lieux ont changé depuis la fin du mois d’août. Un jeune cuisinier a pris place derrière les fourneaux et une charmante jeune femme derrière le comptoir. Mais heureusement, peu de changement dans le décor de cet endroit couru par des vieux « branchouilles », des bobos pas du tout fortunés, d’éternels étudiants et des avocats en mal de philosophie.

Derrière sa façade vitrée, un joli comptoir, digne des vieilles brasseries parisiennes, occupe beaucoup d’espace. De quoi y mettre les tartines et autres charcuteries que les habitués des lieux engouffrent volontiers avec un petit vin du jour. Au café Cortina, rien n’est heureusement cher et l’ambiance toujours décontractée. On y évoque même les sujets d’actualité, avec ironie et blague de potache sans grande méchanceté.

Dans cet établissement, vous ne trouverez pas le Figaro, mais Libé, Ouest-France et tout le programme culturel des salles du coin. Mais rassurez-vous, rien de prétentieux. On est dans l’info rien que dans l’info. Loin des bars du centre, parfois au design un peu “too much”, le café Cortina est une adresse à ne pas snober pour rien au monde. Dans l’ancien temps, il était un bar de “pochtrons”. Il est aujourd’hui un bar d’élec…trons toujours libres de manger, de boire et de deviser sur le monde.

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Rennes Café Cortina : Un bistrot d’antan qu’on aime tant

Rennes > La forêt de Merlin rue du docteur Roux

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Rue du docteur Roux, derrière la boite de la nuit de l’Espace, le propriétaire s’en est donné à coeur joie sur la façade de sa maison en pierre. Il a peint une forêt de part et d’autres de son garage. Une manière très à lui de concevoir la forêt de Merlin. On aime ou on n’aime pas. Qu’importe, l’essentiel est dans la recherche picturale…et dans le désir de se démarquer des autres. Pour la petite histoire, le docteur Roux était un savant, né le 17 septembre 1853, à Confolens, en Charente et décédé à Paris le 3 novembre 1933. Il fut l’un des proches collaborateurs de Pasteur. Il découvrit le sérum antidiphtérique.

De profundis, Yann Fouéré l Père du militantisme breton

Yann Fouéré est décédé vendredi dernier à l’âge de 101 ans. L’enterrement aura lieu mardi 25 octobre à 14 h 30 à la Basilique Notre-Dame de Bon Secours à Guingamp.

Militant infatigable de la cause bretonne, il débuta sa carrière comme haut-fonctionnaire puis devint durant la Seconde-Guerre mondiale patron de La Bretagne (imprimé à Rennes puis à Morlaix), une publication régionaliste favorable à la Révolution nationa.
Condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité, il dut s’exiler au Pays de Galles. Mais dès 1948, il déménagea pour l’Irlande, les autorités britanniques l’ayant déclaré persona non grata. En 1955, il est acquitté par le Tribunal militaire de Paris et revint alors en Bretagne.
Dès lors, il fonda et dirigea le MOB (Mouvement d’Organisation de la Bretagne) de 1958 à 1969, le SAV (Strollad ar Vro) de 1972 à 1975, et le (Parti pour l’Organisation de la Bretagne Libre) de 1981 à 2000.
Il est auteur de nombreux ouvrages dont L’Europe aux cent drapeaux qui, avec Comment peut-on être breton ? de Morvan Lebesque, sont devenus les livres de chevet du militantisme breton. La Fondation Yann Fouéré  se donne pour objectif de sauvegarder l’héritage du militant controversé et de constituer une vaste bibliothèque en langue bretonne.

Rennes > Les Roms, une mosaïque de peuples l 16-26/11

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Quatre associations : l’arc en ciel, la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du Voyage, l’Association Européenne de l’Education ainsi que la Maison de l’Europe de Rennes vous propose une semaine débat dédiée à la place des Roms dans nos sociétés.

Rom est un endonyme signifiant « homme accompli et marié au sein de la communauté ». Ce terme a été adopté par l’Union romani internationale (IRU) pour désigner un ensemble de populations, ayant en commun une origine indienne, dont les langues initiales sont originaires du nord-ouest du sous-continent indien et constituant des minorités connues sous de nombreux exonymes vivant entre l’Inde et l’Atlantique ainsi que sur le continent américain. Présentes en Europe dès le XIe siècle, elles y forment au XXIe siècle la minorité « la plus importante en termes numériques ». En français, on peut désigner les Roms par d’autres mots, comme ceux de Gitans, Tziganes, Manouches, Romanichels, Bohémiens, Sintis. Une des particularités Roms est que leur implantation géographique s’est le plus souvent accompagné de l’acquisition de la religion locale : catholique romain dans les pays latins, orthodoxe dans les pays slaves et en Roumanie, protestant dans les pays du Nord de l’Europe, musulman en Turquie, etc. D’où un élément en moins dans le cadre d’une unité culturelle, traditionnelle et transfrontalière. D’une manière générale, les Roms sont en butte à l’incompréhension d’une partie relativement importante des populations européennes, en particulier roumaines.

 Programme :
– Exposition  » Les gens du voyage » réalisées par le MRAP au Centre d’Urbanisme Rue le Bastard à Rennes.
>> L’inauguration aura lieu le Mercredi 16 novembre à 18h30.
– Conférence débat  » Les ROMS, une mosaïque de peuples au coeur de l’Europe » avec Javier Saez, membre du Conseil de l’Europe et Martin Olivera, Coordinateur du pôle tsiganes et gens du voyage, Association Rues et cités.
>> Jeudi 17 novembre à l’Espace Ouest-France, Rue du Pré Botté à Rennes à 18h30
– Ciné Rencontre « Liberté » de Tony Gatlif, projection suivie d’un débat avec le sociologue M. Pluchon et Joseph Le Priellec, administrateur FNASAT
>> Vendredi 18 novembre, Cinéma Arvor, Rue d’Antrain à Rennes à 18h00

L’hôtel particulier > Une ambition parisienne | 5/10-19/02

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Elément constitutif de la personnalité architecturale de Paris, l’hôtel particulier raconte une histoire de la capitale, à travers son évolution topographique dans les différents quartiers de la capitale. C’est une bien belle exposition que présente à Chaillot la Cité de l’Architecture et du Patrimoine avec ces Hôtels Particuliers parisiens qui dévoilent l’ensemble de leurs charmes.

Apparu au Moyen-Age, l’hôtel parisien se développe au XVIe siècle, quand Paris redevient grâce à François Ier une capitale politique où l’Etat monarchique se centralise et se sédentarise ; il faut être à la Cour, près du roi donc à Paris. Son âge d’or se poursuit tout au long des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Marquant la fin d’une longue histoire, L‘Entre-Deux-Guerres voit la construction des derniers hôtels. Mais leur usage ne disparaît pas et l’hôtel demeure encore présent dans notre Paris du XXIe siècle (musées, ministères, ambassades, etc.). L’exposition se propose de développer cette histoire suivant un triple parcours, dont les éléments et l’esprit se complètent et s’éclairent, afin de pénétrer au coeur du secret des hôtels parisiens.

Cette exposition est une bonne occasion de découvrir des habitations remarquables, gracieuses et divines qui mixent rencontres, arts et voluptés. Un éveil des sens : pour les yeux, avec ces sublimes demeures architecturales ; pour le cœur, avec ce défilement de l’histoire à travers les tapisseries, les livres et tout le reste. Un modèle du grand goût français avec cette perfection du style, cette douceur de l’habitat, ce côté fastueux dans l’art de recevoir et de présenter. Un beau rendez-vous entre art et histoire pour le plus grand plaisir de tous.

A voir, à défaut d’habiter.

Yona Friedman, l’architecture mobile et la ville spatiale, une pensée visionnaire devenue matrice de l’urbanisme contemporain

Alors que quatorze « plans-œuvres » de Yona Friedman — ces dessins autonomes qui sont à la fois maquettes conceptuelles, partitions d’usage et manifestes visionnaires — passent aujourd’hui en vente à Drouot, l’occasion est rare et précieuse de revenir sur une pensée dont l’influence irrigue encore silencieusement l’architecture mondiale. Depuis les années 1950, Friedman développe un concept qui bouleverse les catégories habituelles : l’architecture mobile. Non pas l’architecture qui se déplace physiquement (même si certaines formes le pourront), mais celle qui se conçoit comme un système ouvert, évolutif, capable d’accueillir l’imprévisibilité humaine sans y opposer la rigidité d’un plan figé.

Derrière la radicalité apparente, une idée simple : l’habitant doit être maître de son habitat. L’usager n’est pas un occupant passif d’espaces conçus par d’autres ; il est le véritable auteur de sa ville. À l’heure où l’urbanisme contemporain s’interroge sur la participation citoyenne, l’adaptabilité structurelle, la sobriété et la résilience, Friedman apparaît plus que jamais comme un penseur en avance de plusieurs décennies. Les œuvres proposées aujourd’hui à Drouot forment autant de jalons d’une utopie méthodique, d’un projet d’émancipation spatiale dont nous n’avons pas fini de redécouvrir la portée.


Les fondements de l’architecture mobile : un renversement épistémologique

Au milieu du XXe siècle, le modernisme semble avoir atteint un stade de confiance quasi totale : la ville rationnelle, zonée, fonctionnelle et prédictible doit produire l’ordre social. Yona Friedman, ingénieur et architecte né en 1923, prend à revers cette foi dans l’architecte-démurge. Son constat est limpide : il est impossible de prévoir durablement le comportement humain. Toute tentative d’urbanisme rigide est vouée à l’obsolescence, voire à l’échec social.

Son apport théorique majeur tient donc en trois principes :

  • Imprévisibilité de l’usage : une ville est vivante, changeante, et ses habitants réinventent leurs pratiques chaque jour.
  • Auto-planification : les usagers doivent pouvoir concevoir, modifier ou adapter leurs espaces sans dépendre des professionnels.
  • Structures ouvertes : l’architecture doit être un « cadre » plutôt qu’une « forme », un échafaudage modulable, évolutif, non prescriptif.

L’architecture mobile est donc une philosophie du possible plutôt qu’un programme du défini. Friedman parle d’« structure-façonnage » : le rôle de l’architecte change, il devient facilitateur, ingénieur d’un espace disponible et non auteur d’une forme achevée.

Cette pensée rejoint — mais anticipe largement — les futurs mouvements de l’architecture participative, du design social, de l’habitat évolutif, et même certaines approches numériques de génération de formes ouvertes.


La « ville spatiale » : une utopie tangible

Appliquée à l’échelle métropolitaine, l’architecture mobile conduit Yona Friedman à l’un de ses projets les plus célèbres : la Ville Spatiale (Spatial City). Imaginée dès les années 1950, elle propose une ville suspendue, posée sur de grands pilotis, laissant le sol libre pour l’agriculture, les circulations, la nature ou les usages collectifs encore inconnus.

Sous ses apparences radicales, la Ville Spatiale est avant tout un dispositif :

  • un réseau tridimensionnel en hauteur, constitué d’une grille régulière ;
  • des volumes habitables modulaires, insérables et déplaçables librement par les habitants ;
  • un cadre structurel stable mais offrant une infinité de configurations possibles ;
  • un choix décentralisé : chaque usager décide de la forme finale de son logement.

La ville n’est plus un plan directeur mais une succession de micro-décisions, d’habitations réarrangées, de volumes en mouvement. Les plans de Friedman — dont plusieurs figurent dans la vente chez Drouot — montrent ce potentiel infini de recomposition. À rebours des utopies autoritaires, celle-ci s’appuie sur la liberté et l’intelligence collective.

Certains y ont vu une utopie irréalisable. Pourtant, la ville spatiale anticipe :

  • les grands ensembles modulaires ;
  • les structures poteau-poutre permettant une totale liberté intérieure ;
  • le co-housing et les habitats évolutifs ;
  • la ville sur dalle et les circulations différenciées ;
  • les réflexions écologiques sur l’artificialisation du sol ;
  • le modèle urbain en couches (sols, plateformes, assises, niveaux flottants).

Friedman proposait un urbanisme écologique avant la lettre : densifier sans étouffer, construire sans détruire, hériter du sol au lieu de le consommer.


Une pensée visionnaire devenue matrice du présent

Loin de rester théorique, l’œuvre de Friedman a nourri des générations d’architectes, de l’Archigram britannique aux métabolistes japonais (Kikutake, Kurokawa), jusqu’aux tendances actuelles de l’urbanisme résilient et des systèmes ouverts.

Dans le monde contemporain, les retombées de l’architecture mobile sont multiples :

  • Urbanisme participatif : les budgets participatifs, les ateliers citoyens et la co-construction réactualisent le geste fondateur de Friedman.
  • Habitat évolutif et modulable : modules d’habitat légers, structures démontables, architecture « plug-in ».
  • Réemploi et adaptabilité : une architecture qui change d’usage sans être détruite répond aux enjeux écologiques.
  • Smart cities douces : non pas bardées de technologie, mais complètes dans leur capacité d’adaptation.
  • Modélisation numérique : les systèmes paramétriques et interactifs donnent corps à ses intuitions.

Le plus frappant est sans doute ceci : alors que Friedman imaginait une ville libre, mobile, non autoritaire, nous vivons paradoxalement dans un urbanisme fréquemment corseté, technocratique, préprogrammé. Son œuvre sert aujourd’hui de contrepoint essentiel, de correctif humaniste : elle rappelle que la ville appartient d’abord à ceux qui l’habitent, non à ceux qui la dessinent.


Les « plans-œuvres » de Drouot : documents, chefs-d’œuvre, outils d’avenir

Les quatorze pièces présentées à Drouot ne sont pas de simples archives. Ce sont des concentrés d’intuition et de méthode : chaque dessin clarifie un principe, ouvre une bifurcation, dessine une possibilité d’avenir. Chez Friedman, planifier, c’est provoquer l’imagination plutôt que fermer la forme.

Ces œuvres sont précieuses pour trois raisons :

  • Historiques : elles témoignent d’une pensée qui a réorganisé la grammaire architecturale du XXe siècle.
  • Techniques : elles montrent comment une structure ouverte peut se déployer et se réorganiser.
  • Prospectives : elles contiennent des réponses possibles à la crise écologique, foncière et sociale actuelle.

Dans un marché où l’art architectural reste souvent cantonné à la valeur patrimoniale, ces plans-œuvres rappellent que le dessin d’architecte peut être un geste politique, un acte d’émancipation. À une époque obsédée par la smart city technologique, la pensée de Friedman réapparaît comme un antidote : une intelligence du vivant plutôt qu’une intelligence de contrôle.


L’utopie comme discipline rationnelle

Yona Friedman a souvent été présenté comme un utopiste. Mais son utopie est particulière : elle est rationnelle, méthodique, mathématique et politique. Elle consiste à donner aux habitants les moyens structurels de s’adapter à la vie, au lieu d’adapter la vie à des structures rigides.

En cela, Friedman n’est pas seulement un penseur majeur de l’architecture du XXe siècle ; il est l’un des rares théoriciens à avoir proposé un cadre de pensée réellement applicable aux défis du XXIe. Sa ville spatiale n’est pas un fantasme suspendu dans le vide : c’est une invitation à concevoir la ville comme un organisme, un milieu habité par des libertés individuelles capables d’inventer ses propres formes.

À l’heure où ses œuvres circulent à Drouot, c’est tout un monde de possibles qui se rappelle à nous. Une ville ouverte, une architecture libre, un urbanisme humble face à la complexité humaine. Avec Yona Friedman, l’avenir est un chantier accessible à tous.

Dennis Ritchie > L’ombre de Steve Jobs

Début octobre, un inventeur génial décédait à l’âge de 70 ans. Inconnu du public, Dennis Ritchie a pourtant conçu une large partie des outils à l’origine des évolutions numériques depuis une bonne quarantaine d’années. Il est coauteur de deux contributions majeures : le système UNIX avec Ken Thompson et le langage de programmation C avec Brian Kernighan. UNIX est un système d’exploitation multitâche et multiutilisateur créé en 1969. Si, aujourd’hui, il existe plusieurs versions de ce système (BSD, Linux, Mac OSX), tous en commun le fait d’être écrit en langage C. Autrement dit, le numérique d’aujourd’hui ne serait rien sans Dennis Ritchie. Pas plus que Steve Jobs.

Les ‘Celtics’ crient plus fort que les Celtes !

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Un certain Keyserling analysait les comportements des citoyens dans son ouvrage érudit paru au siècle dernier, L’analyse spectrale de l’Europe. Notre propos n’est pas de rivaliser sur son « terrain… » On aurait bien du mal. Mais pour expliquer le nul du dernier match de la coupe européenne entre le Stade Rennais, pourtant favori, et le Celtic Glascow, les spécialistes ès Football seraient bien inspirés de lui demander conseil. Ou du moins de le (re)lire. Ils comprendraient la différence de mentalités entre les Écossais et les Bretons. Si, si, il y en a…

D’après les témoignages récoltés ici où là, les supporters de Glascow ont de la voix et une forte propension à boire de la « bibine » en plein milieu d’après-midi. En revanche, les Rennais sont plutôt taiseux dans les tribunes et alcoolisés uniquement durant les fest-noz (On plaisante…). De là à dire que les Écossais en kilt ont pesé sur la performance de leur équipe, on n’osera franchir le pas…

N’empêche, les supporters rennais ont la réputation d’être bien calmes, voire très calmes. Naturellement, les aficionados des Rouge & Noir mesureront les choses, en affirmant haut et fort : « Nous sommes des spécialistes du bon football. On s’enflamme uniquement dans les bons matchs. » Mais convenons-en, les fans ne sont pas des adeptes inconditionnels du chant footballistique et des encouragements frénétiques.

Une raison à cela : les habitués du stade de la Route de Lorient viennent plutôt en famille ou par petits groupes de copains à l’exception de deux clubs de supporters. À Rennes, pas de bandes de joyeux drilles emmitouflés dans des écharpes rouges et noires, encore moins de gros durs à la mine patibulaire et aux bras tatoués avec la tête de M’Vila. « C’est comme cela, depuis des années, » assure Jean-Yves.

Pourtant, les dirigeants du Stade rennais ont tenté de créer une ambiance dans les tribunes. Au début des rencontres, on entonne l’hymne breton. Mais visiblement, ce n’est pas encore suffisant. Faut-il trouver d’autres pistes de travail ? S’agit-il d’espionner les supporters marseillais et parisiens pour comprendre leur fonctionnement ? En revanche, une chose est certaine. Quand on est supporters écossais, on peut  « picoler » tranquille en plein centre-ville en dépit de l’interdiction municipale. Il est aussi aisé de se garer n’importe comment sur les trottoirs le soir des matchs quand on est supporters rennais (tandis que des riverains se font embarqués leurs autos direction la fourrière). Les grincheux diront : « C’est n’importe quoi, il y a des lois. » On aura simplement envie de leur répondre : « C’est l’exception footballistique… »

JCC