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Rennes > Petits jardiniers contre gros promoteurs

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À Rennes, les usagers des jardins familiaux veulent cultiver leurs lopins de terre… en paix.

Récemment, les jardiniers des prairies de Saint-Martin ont protesté contre leur éventuelle expulsion devant le conseil municipal et les journalistes. Désormais, c’est au tour de leurs amis de la ZAC de Baud. Depuis quelques jours, ils ont posé des banderoles le long du boulevard Villebois-Mareuil où il est inscrit en grosses lettres : Non à l’expulsion de nos jardins !

Décidément, dans la capitale bretonne, c’est la fronde des petites mains vertes contre les grands de l’immobilier ! Mais à l’heure actuelle, rien n’est encore fait. Loin de là. Les projets sont actuellement au stade de l’étude. Depuis le mois de juin 2011, l’une d’elles est d’ailleurs en cours. Demandée par le Préfet, elle porte sur la gestion des eaux pluviales dans le cadre de la future zone d’aménagement concerté de la plaine de Baud.

La fronde des petites mains vertes

Sollicitée par l’autorité préfectorale, cette enquête n’est pas anodine dans un pan de la ville où il est prévu toute une zone habitée, et non des moindres. L’aménageur Territoires et développement veut construire 2200 logements dont 25 % de logements sociaux, environ 15 000 m2 de bâtiments à vocation commerciale et près de 84000 m2 à vocation tertiaire. “L’enjeu est de faire de cette ancienne friche industrielle, aujourd’hui mal desservie par les voies de circulation et ne disposant pas de réseau d’assainissement, un quartier complet et agréable avec de nombreuses fonctions,” explique le site internet de la ville de Rennes.

L’aménageur, dont les principaux actionnaires sont Rennes Métropole et la ville de Rennes, compte livrer ses premiers immeubles d’ici à 2014. Contre la volonté d’aménager cette friche et le besoin de logements, que pèseront nos jardiniers ? Un pont est déjà en construction depuis quelques semaines, au-dessus de la vilaine. Il aura pour vocation de mener les automobilistes vers ce nouveau quartier.

Jean-Christophe

Le TIG positif

Cette semaine connaît un jour spécial : la journée nationale du travail d’intérêt général. Le ministre de la Justice, Michel Mercier a répondu à des questions de journalistes sur l’application des peines pour faire suite à l’affaire Tony Meillon. Il a placé, à l’instar des précédents gardes des sceaux, le travail d’intérêt général (TIG) parmi les mesures participant favorablement à la réinsertion des condamnés à des infractions pénales. Sans le contexte actuel de défiance vis-à-vis du travail des juges et des conseillers d’insertion et de probation et sans présager de la bonne connaissance du sujet par le (les) ministre(s), on pourrait commencer par s’interroger sur l’intérêt réel de cette sanction pénale de substitution à l’emprisonnement…

C’était d’ailleurs un peu le sens de la mission d’évaluation qui avait été confiée par madame Alliot-Marie au député Claude Vanneste.

Cependant, tout en reconnaissant l’utilité du TIG, son rapport insiste davantage sur les défaillances de l’exécution de la peine et de sa mise en œuvre que sur l’impact réel au niveau de la réinsertion et de la prévention de la récidive. Les seules propositions intéressantes sont le TIG pédagogique, l’élaboration d’un système de correspondance entre « la peine d’emprisonnement, le TIG et les jours-amende », et la mobilisation des secteurs associatifs, sportifs, culturels ou hospitaliers pour appliquer les TIG le week-end et en soirée.

En vérité, son travail d’évaluation s’est heurté au manque de chiffres relatif à l’effet du TIG sur la récidive et, plus encore, sur la réinsertion. Aussi Claude Vanneste n’a fait que boucher des trous et n’a pas su se sortir de la dichotomie engendrée par les objectifs recherchés par cette mesure judiciaire, d’être « à la fois une peine punitive, restauratrice de la personne (puisque le tigiste va être reconnu grâce à son travail au profit de la collectivité), mais également formatrice de la personne, susceptible de trouver dans cette action un appui dans une démarche d’insertion ».

En effet, comment peut-on encore penser au 21e siècle que la peine, en étant punitive, est en mesure de restaurer la personne humaine par un travail exécuté au profit de la collectivité ?

Au contraire, on serait ici en plein dans la stigmatisation ancestrale de l’individu puisque ce prétendu « travail » n’est, à vrai dire, pas du tout reconnu par la société. À cet égard, il y a clairement un défaut de crédibilité des postes et un manque de visibilité lors de l’accomplissement ou de l’achèvement d’un TIG. Il manquerait justement une récompense, une cérémonie, une fierté d’avoir justement travaillé pour la collectivité et d’avoir appris quelque chose. Et c’est là que le bât blesse le plus : les TIG ne sont en général aucunement formateurs – à l’exception peut-être pour une partie des délinquants les plus désocialisés – n’ayant jamais connu d’expérience professionnelle.

Malgré tout, la mesure pénale reste très prisée des délinquants, surtout primaires, parce qu’elle leur permet d’éviter la prison, et puis des récidivistes en raison de leur bonne connaissance des possibilités d’inexécution de la condamnation. Pour eux, la reconnaissance et la formation restent d’une manière pragmatique au second plan.

Mais alors pourquoi le TIG est-il tant soutenu par les politiques de droite comme de gauche ?

N’allons pas jusqu’à imaginer que la non-rémunération des condamnés contenterait l’État ! Non, l’incidence en termes d’emplois « dormants » est minime, quoique le nombre d’heures travaillées ne soit pas à négliger en une période moderne où la règle économique se veut prédominante.

En fait, l’intérêt du TIG viendrait avant tout de son originalité première, saluée de façon unanime par tous les acteurs de la société.

C’était la première fois en 1984 qu’on sortait une peine du giron du ministère de la Justice en faisant intervenir des partenaires extérieurs pour l’appliquer.

Par la même occasion, la société s’offrait une sorte de soupape sociale en disposant d’une alternative à l’enfermement – inopérant pour des petites peines – et économisait également de l’argent par la création d’une mesure beaucoup moins chère qu’une journée de prison.

De sorte qu’à la longue, le TIG est devenu un procédé quasi institutionnel. Il n’est pas alors étonnant de voir les hommes politiques, qui sont aussi souvent des maires, le défendre en permanence sans réfléchir à des changements radicaux dans son utilisation et application.

Il est vrai que ces élites politiques ne sont pas là pour penser à l’émergence d’une nouvelle conception de la peine. Les philosophes, écrivains, journalistes et intervenants associatifs sont les premiers concernés par cette réflexion.

Il s’agirait alors, pour redonner de la vigueur à une mesure quelque peu endormie, de réécrire le paradigme de cette pratique à la fois judiciaire et sociale.

Le modèle existant n’est ni exactement celui de certains États américains qui humilient publiquement les condamnés en les faisant travailler devant les automobilistes aux grands carrefours de leurs cités ni celui où l’intéressé en tirerait une reconnaissance sociétale ou un atout pour sa réinsertion.

Notre TIG se situe plutôt entre ces deux pôles dans un no man’s land du sens.

Ni trop humiliant ni formateur, il devrait être exploité à bon escient en conformité avec nos valeurs humanistes. Est-il nécessaire de rappeler que « sans sens de la peine il n’y a pas de sens de la peine ».

Cela dit, il faudrait appliquer cette mesure en priorité à des primo-délinquants de façon à ce que la « peine » exécutée – on pourrait parler ici de « réponse sociale positive » – soit réellement d’une teneur capable «  à la fois d’avertir l’individu et de lui donner une chance qu’il n’a pas eue ou un avantage qui lui manque ».

Le TIG pourrait alors constituer le premier avertissement de la société avant une peine ferme, un processus pour enclencher une mécanique d’insertion, restauratrice d’une raison égarée. L’outil se déclinerait de différentes manières. En établissant un diagnostic, le conseiller d’insertion et de probation pourrait par exemple adapter le dispositif à chaque personne. Le rapport Vanneste va d’ailleurs dans cette voie en proposant un TIG pédagogique et des conseillers d’insertion et de probation spécialisés dans un pôle.

Mais il serait courageux d’aller encore plus loin.

En cette perspective, passer son permis de conduire, s’inscrire à module d’orientation, rechercher une formation, trouver en apprentissage, rembourser sa victime en un temps donné, découvrir un milieu professionnel opposé à ses représentations, se soigner sérieusement d’une dépendance, trouver un appartement, effectuer un travail de service à la personne en maison de retraite ou en hôpital ou tout simplement apprendre s’apparenterait à des travaux d’intérêt général.

Dans cette optique, le conseiller d’insertion et de probation assurerait véritablement un suivi d’insertion. Le logiciel APPI (application des peines, probation et insertion) servirait alors d’outil d’évaluation sur le plan national pour connaître la trajectoire pénale d’une personne ayant bénéficié de ce nouveau dispositif.

Ce TIG s’articulerait ainsi dans une hiérarchisation des peines, laquelle permettrait de donner de la clarté et du poids à la mission du travailleur social, parce qu’à la fin du TIG, c’est lui qui établira un rapport d’évaluation et fera des propositions d’effacement de la condamnation, de prolongation en cas de retard, ou d’un changement de nature de peine en cas d’inexécution ou de mauvaise volonté.

À travers cette nouvelle pratique, le conseiller deviendrait réellement un praticien d’insertion. La profession retrouverait son souffle.

Centre Pompidou Danser sa vie | 23/11-2/04 2012

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Le Centre Pompidou s’ouvre à la danse à travers une multitude d’événements, dont l’exposition Danser sa vie : une centaine d’artistes seront exposés pendant cinq mois. Il gravitent autour des interactions entre danse et art plastique. En un siècle, la danse s’est transformé et a entrainé la création de différents courants dans les autres disciplines artistiques.

L’exposition Danser sa vie revient sur les interactions existant entre l’art de la danse et les arts plastiques. Les performances se croisent, s’entrechoquent, s’emmêlent comme un melting-pot joyeux et totalement fou furieux. Une voile hypnotique se pose pour évoquer la folie des hippies du Monte Verita de Laban s’enivrant à la vision des masques du Bauhaus conçus par Oskar Schlemmer.

La grâce n’est jamais loin, la modernité toujours présente, la magie en suspens de façon permanente.

C’est le beau défi et le joli pari que tente le Centre Pompidou avec cette tentative d’exposer la danse.

Et les collaborations tentées sont aussi osées qu’exquises.

Une belle philosophie adoubée par Nietzsche ,d’ailleurs, puisque si l’on fait revivre sa parole :

« Considérer le jour où nous n’avons pas dansé comme un jour perdu. »

Horaires : 11h-21h | nocturne 23h le jeudi | fermé le mardi
Tarifs : 12€ ou 10€ | 9€ ou 8€ tarif réduit
Site du Centre Pompidou

Mascolo > Sur le sens et l’usage du mot ‘gauche’

En cette veille de vote final pour désigner le candidat socialiste  à l’élection présidentielle de 2012, il me paraissait très intéressant de lire cet essai politique qui – ironie du sort – a été écrit par un grec. C’est d’autant plus symbolique si on l’analyse à l’aune de la percée historique de l’ami Montebourg. Le but de l’œuvre est de donner un sens à ce qu’est la gauche dans son essence, dans sa capacité à résoudre les problèmes de société, dans son désir de déployer une politique véritable. Quand la pratique se fait aider par une idéologie théorisante : l’action politique au service de la citoyenneté.

Si la vie de Mascolo a été trépidante (idylle avec Marguerite Duras, collaboration professionnelle avec François Mitterrand), sa pensée n’en a pas été moins fulgurante avec une profondeur prodigieuse. Sa tentative de définir au plus juste l’authenticité de cette aile de notre paysage politique est d’une justesse viscérale.  Justesse d’autant plus marquée que l’analyse se déroule à la lumière de la réalité historique : guerre froide, IVe République, guerre d’Algérie, etc.

Viscérale ? Mascolo ne fait aucun compromis. A fortiori dans son constat final, lequel démontre que le terme de gauche est un leurre. La gauche n’existe pas. C’est une sorte d’escroquerie de l’esprit et de la réalité du terrain. Qui qu’on en pense, le constat est salutaire, si la gauche doit exister, c’est davantage par des actes tangibles et notables que par la définition d’une idéologie bureaucratique et immatérielle.

Les idées sont belles, les actes sont de la bravoure.

Mascolo fait donc une grande séparation en opposant la droite, aile de l’acceptation, à la gauche, aile du refus.

L’essai est d’autant plus admirable que sa première édition date de 1955 et que, de nos jours, le propos est non seulement d’actualité, mais aussi d’une envergure admirable.

Un livre rigoureux, courageux. Un essai qui montre distinctement que la politique mérite autre chose que cette déliquescence dans laquelle l’entraînent les hommes actuels qui l’animent.

À lire évidemment.

 David Norgeot

Éditions Lignes, 9,00 €, 64 pages. Date de parution : 14 octobre 2011

Dionys Mascolo (1916-1997), résistant, écrivain et philosophe, proche de Marguerite Duras et de Robert Antelme, quitte le PCF en 1949 où il était entré au lendemain de la guerre. En 1953, il publie son oeuvre maîtresse Le Communisme. Antigaulliste et anticolonialiste, il crée la revue Le 14 juillet et est l’un des rédacteurs, avec Maurice Blanchot, de « La déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » (Le Manifeste des 121). En 1987, il publie Autour d’un effort de mémoire, sur une lettre de Robert Antelme, aux Éditions Maurice Nadeau.

Gus van Sant Restless

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Bien qu’en phase terminale d’un cancer, la jeune et jolie Annabel Cotton est animée d’un amour profond de la vie et de la nature. De son côté, Enoch Brae a cessé d’avoir envie de faire partie du monde depuis que ses parents sont tragiquement morts dans un accident. Lorsque ces deux êtres à part se rencontrent à un enterrement, ils se découvrent d’étonnants points communs. Pour Enoch, dont le meilleur ami se trouve être le fantôme d’un pilote de guerre kamikaze, et Annabel, qui voue une fascination à Charles Darwin et à la vie de toute créature, c’est le début d’une relation exceptionnelle. En apprenant la mort imminente d’Annabel, Enoch propose de l’aider à vivre ses derniers jours avec intensité, au point de défier le destin, les traditions et la mort elle-même.

Une love story qui se montre sous un air vivant, langoureux, et éclairé. Surtout elle nous saisit au plus profond du cœur. Ces adolescents happés par la mort sont bouleversants.
L’œuvre est belle. Éprouvante aussi, avec cette sensation augmentée par l’offrande au public d’une belle tentative de prise de risques. Gus Van Sant a osé : il a tenté de tutoyer le sublime et l’a parfois même touché, caressé. Le plus magistral étant le cadre simple réduit à son expression la plus radicale, à l’expression la plus organique. Quand l’imperfection se transforme pour offrir finalement cette fragilité qui donne toujours le meilleur. L’amour se fait fulgurant, l’amour se fait contagieux, l’amour se fait bienheureux.
L’aspect réflexif de ce film n’étant pas en reste avec cette fascination pour le sens. La dimension spirituelle est convaincante : on s’enivre d’une fulgurance rarement observée. Ce film est une flèche en plein cœur qui n’est pas prêt de rater sa cible : celle de nous émouvoir.
Un film à l’équilibre parfait qui va envouter son public et le draper dans un voile d’une matière totalement merveilleuse. Un hommage à la vie, à sa beauté et, surtout, au cycle de vie. On vote pour. On conseille. Et on en redemande.
Un petit bijou. A qui il ne manque qu’un soupçon d’évasion pour culminer en chef d’œuvre.

Date de sortie cinéma : 21 septembre 2011
Réalisé par Gus Van Sant
Avec Henry Hopper, Mia Wasikowska , Ryo Kase, plus
Durée : 01h35min Année de production : 2011

Film The artist > Risqué, beau et jubilatoire

Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. De son côté, Peppy Miller, jeune figurante, va être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l’histoire de leurs destins croisés. Ou comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent être autant d’obstacles à leur histoire d’amour.

Sans tuer aucun suspense —la déferlante de la presse autour de cette œuvre est assez gigantesque – le film qui nous concerne aujourd’hui est de très grande qualité. Cependant, ce n’est pas non plus le chef d’œuvre attendu et annoncé. Certes, il présente des qualités plus que certaines. La première qu’il faut reconnaitre à son auteur, Michel Hazanavicius, est d’avoir osé, d’avoir tenté une telle proposition. Qui plus est, de la réussir en allant au bout de son idée.

Ce film est donc un pastiche vertigineux, évitant les pièges les plus grossiers, d’une beauté époustouflante, d’une espièglerie vorace et surtout un assemblage des subtilités les plus évocatrices d’un tutoiement du merveilleux, de l’inestimable. Et que dire de ce silence étourdissant, enivrant. La mise en scène n’étant évidemment pas à la traîne. La virtuosité des acteurs rajoutant un ingrédient à ce plat étoilé.

L’originalité et la beauté fulgurante contenues dans ce film sont largement à la même hauteur que les autres ingrédients. Le numéro de claquette, bien qu’inspiré des plus grands, est absolument le point d’orgue de ce petit bijou. Un film risqué, jouissif, marquant. Il mérite bien donc toute cette publicité et les récompenses reçues et à venir.

Cela étant dit, ce film contient quelques ratages. Mais eu égard à une performance  remarquable et à un mérite global qui ne souffriraient pas d’être rabaissés, je n’ai les développerai pas. Du bonheur sur grand écran. Un cinéma qui nous comble d’une façon la plus majestueuse.

Sortie : 12 octobre 2011. Réalisé par Michel Hazanavicius.Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, plus. Durée : 1h40min Année de production : 2011

Ai Weiwei > Couronne de l’establishment arty

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Comme chaque année, Art Review classe les 100 personnalités les plus importantes (selon elle) du monde de l’art. Alors que la tête de liste de l’année dernière, Larry Gagosian, est recalé à la 6e place. L’artiste chinois Ai Weiwei grimpe de la 43e place en 2009 à la 13e en 2001 et à… la 1ère en 2011. Quant à notre Breton national, François Pinault,  il est rétrogradé de la 10e à la 19e.

Ai Weiwei est né en 1957 à Pékin. Il est le fils du poète Ai Qing. Architecte de formation, il a été conseiller artistique lors de la réalisation du stade national de Pékin construit pour les Jeux olympiques d’été de 2008. Il est l’un des 303 intellectuels chinois signataires de la Charte 082. Il s’est rendu célèbre sur le Net et ses réseaux sociaux par les vidéos de ses performances et ses déclarations franco de port. Ai Weiwei est arrêté le 3 avril 2011. La police de Pékin annonce, le 22 juin 2011, sa libération sous caution.

Dernier verre et Baclofène > Vers le sevrage de l’alcoolisme ?

Depuis la parution du Dernier verre d’Olivier Ameisen en octobre 2008, le public a appris une information sensationnelle que les médias, notamment Paris Match, s’emploient à relayer depuis mars 2011. Cette information : la découverte qu’un médicament destiné à la décontraction musculaire  se révèle efficace dans la lutte contre l’alcoolisme, le Baclofène.

On peut comprendre le formidable espoir que cette découverte suscite chez les malades et leurs familles. Mais les autorités sanitaires restent prudentes : «Il serait inquiétant qu’un patient reçoive du baclofène en première intention sans avoir essayé ce qui est validé et reconnu ?» Quant au laboratoire inventeur du Bacolfène, il n’a pas d’intérêt à financer des tests pour un médicament qui n’a pas été conçu à l’origine pour traiter l’alcoolisme et dont la molécule existe dorénavant en générique…

L’affaire semble donc au point mort ou, plutôt, en attente de basculer. Le Baclofène n’ayant pas reçu d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour l’indication de l’alcoolisme, rares sont les médecins qui acceptent de le prescrire aux patients de plus en plus demandeurs. Cependant, des médecins obtiennent des résultats exceptionnels pour cette maladie dite inguérissable et des malades ainsi traités témoignent de leur guérison. C’est pourquoi une association dénommée Baclofène a été créée au mois mai 2011 pour tenter de faire accélérer le dossier.

Face à la situation budgétaire que connait la France, il convient de s’interroger sur les économies que représenterait ce traitement au prix modique. Le coût « social » de l’alcoolisme en France est évalué à 20 milliards d’euros par an, soit l’équivalent du « trou de la Sécurité sociale ». Si seulement la moitié des 2 millions d’alcoolos-dépendants pouvaient être traités, ce sont 10 milliards qui seraient économisés. Sans compter le principal : le soulagement pour les patients et leurs entourages. Rappelons que l’alcoolisme est (co)responsable d’une centaine de décès par jour en France.

La corrida au patrimoine culturel, Le taureau se rebiffe

Dans l’arène social et politique, aficionados et ennemis de la corrida se livre une bataille sans merci. Bataille qui risque de durer d’autant plus que la corrida fait écho à une pratique culturelle dont les racines s’ancrent depuis des siècles dans un rapport symbolique de l’homme à la nature et à la puissance animale des plus complexes. Barbarie pour certains, art tragique pour d’autres.

En janvier 2011, le ministre de la Culture a donné son aval à l’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel français. L’annonce de ce classement fut faite par le chroniqueur taurin André Viard à la veille de la feria d’Arles le 22 avril 2011. Depuis, plusieurs dizaines de députés issus de toutes sensibilités politiques regrettent, dénoncent ou demandent son abrogation. C’est le cas de Muriel Marland-Militello (UMP), une farouche adversaire de la corrida et qui limite pour son abolition pure et simple. Une manifestation a réuni plus de 1000 personnes à Paris fin mai. Les quelques passes d’armes avec Frédéric Mitterrand n’ont pas fait vaciller ce dernier qui refuse de radier la corrida de la liste, quand bien même il reconnait des dysfonctionnements dans le fonctionnement de la commission votante. Les deux associations CRAC Europe et Droits des Animaux ont alors décidé de déposer un recours devant le Tribunal administratif en vue de faire procéder à l’annulation de l’acte administratif. À suivre…


Des manifestants anti-corridas nus à Barcelone par TELEOBS

Aventures de Tintin – le Secret de la Licorne > Une quasi réussite

Hier avait lieu à Paris l’avant-première française Tintin de Spielberg. Les critiques en sont sorties largement conquises. La conjugaison d’un personnage qui a 80 ans et d’une technique qui en a 10 est réussie. Spielberg offre-t-il un nouveau départ à un Tintin éternellement jeune ? Sans doute. Mais à un Tintin un peu moins asexué que dans la BD et quelque peu moins vivant.

Parce qu’il achète la maquette d’un bateau appelé la Licorne, Tintin, un jeune reporter, se retrouve entraîné dans une fantastique aventure à la recherche d’un fabuleux secret. En enquêtant sur une énigme vieille de plusieurs siècles, il contrarie les plans d’Ivan Ivanovitch Sakharine, un homme diabolique convaincu que Tintin a volé un trésor en rapport avec un pirate nommé Rackham le Rouge. Avec l’aide de Milou, son fidèle petit chien blanc, du capitaine Haddock,un vieux loup de mer au mauvais caractère, et de deux policiers maladroits, Dupond et Dupont, Tintin va parcourir la moitié de la planète, et essayer de se montrer plus malin et plus rapide que ses ennemis, tous lancés dans cette course au trésor à la recherche d’une épave engloutie qui semble receler la clé d’une immense fortune… et une redoutable malédiction. De la haute mer aux sables des déserts d’Afrique, Tintin et ses amis vont affronter mille obstacles, risquer leur vie, et prouver que quand on est prêt à prendre tous les risques, rien ne peut vous arrêter…

Le Tintin de Spielberg est une conjugaison habile du Secret de la Licorne, du Trésor de Rackham le Rouge et du crabe aux pinces d’or. Ajoutez un clin d’oeil à Indiana Jones : une étourdissant poursuite en side-car dans les dédales d’une casbah marocaine – on est pas loin d’une parfaite réussite.

Toutefois, certains trouverons que la technique numérique de la « motion capture » se prête mal à la ligne claire et vibrante d’Hergé. En fait, autant cette technique peine à rendre le souffle d’aventure qui pénètre le trait d’Hergé autant, a contrario, elle lui confère une autre sorte de force vitale. C’est le cas de tous les personnages, y compris Milou, à une seule exception. Une exception notable : Tintin nous a paru moins bien ‘incarné’. Sans doute va-t-on assister sur ce point à un léger clivage des générations. Par ailleurs, certains regretteront l’absence du professeur Tournesol.

Reste que intelligence de l’action, curiosité, enthousiasme, humour et suspense sont au rendez-vous et tiennent le spectateur en haleine. Le tout servi par une créativité, un talent d’adaptation et une fluidité remarquables. À noter : le film évite l’écueil du traitement hollywoodien. Le politiquement correct américain en est quasiment absent. Ou, peut-être, se logent-ils dans des plis discrets…

Étant donné le soutien que Spielberg apportait depuis quelque temps à des productions qui, dans l’ensemble, laissaient quelque peu à désirer, on ne peut que se réjouir de ce retour avec brio, pardon, avec… Tintin.

Durée du film : 1h50
 Réalisateur : Steven Spielberg
 Scénariste : Steven Moffat, Joe Cornish et Edgar Wright d’après l’oeuvre de Hergé
 Acteurs : Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig, Nick Frost, Simon Pegg, Toby Jones et Gad Elmaleh 

Rennes > Une usine biomasse de 28 mètres de haut…

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 Une centrale biomasse verra le jour en 2013 aux Boëdriers, non loin de… l’écomusée. C’est Dalkia, une filiale de Veolia, qui a été retenue par la Ville de Rennes. Si le projet de produire de l’électricité par l’incinération de matières organiques séduit dans l’ensemble, l’endroit retenu pose quant à lui question.

« De nombreuses menaces pèsent sur le patrimoine de la ville, » a expliqué le président des Amis du Patrimoine rennais, Jean-Pierre Le Thuillier, samedi dernier, au Musée des Beaux-Arts. « Durant l’été, la municipalité a sorti de ses cartons le projet de construction d’une usine biomasse. Elle chauffera à plus ou moins long terme de nombreux logements au sud de l’agglomération, » a-t-il ajouté.

En soi, le responsable associatif n’est pas contre ce programme environnemental. En revanche, il n’accepte pas son futur emplacement. « Le futur ouvrage fera vingt-huit mètres de haut et se situera à proximité de l’écomusée. »  Pour lui, pas de doute, cette annonce, en plein été, est révélatrice des pratiques de la municipalité. « À Rennes, les élus sont dans la politique du secret et refusent de communiquer. J’indique même que leurs collègues de Rennes métropole ne sont pas toujours au courant des dossiers. »

Pour l’heure, rien n’est encore acté du côté de la Mairie. N’empêche, les Amis du patrimoine rennais sont déjà plus que mobilisés contre cette atteinte au paysage. « Et que l’on ne nous dise pas que l’écomusée sera intégré à ce projet de construction… »  Une usine biomasse utilise des matières organiques pour créer de l’énergie.

Pierre Mac Orlan > Ecrits sur la photographie

Pierre Mac OrlanSi Roland Barthes a écrit la Chambre claire, œuvre qui traite de la photographie, ni lui ni personne ne fut un producteur aussi gargantuesque de l’écriture dédiée à la photographie que Pierre Mac Orlan. Pierre Mac Orlan (1882-1970) est le créateur d’une œuvre imposante, d’une grande homogénéité malgré la diversité des formes sous lesquelles elle se manifeste. Du roman à la chanson, de l’essai à la poésie, son œuvre s’organise autour de quelques concepts clés, au premier rang desquels un abord original et poétique de l’existence contemporaine : le fantastique social.

Si ce dernier est connu pour être l’auteur de Quai des Brumes, il l’est moins du grand public pour son travail d’écriture et d’analyse autour de la photographie. Et c’est cette lacune dans les mémoires qui va être un peu comblée avec cette publication dont il est question dans ce billet.

L’œuvre est un mélange de photos personnelles et de textes théoriques analysant le monde obscur de la photographie.  Et qu’il est joli ce parallèle entre photographique et littérature !

On s’amuse autant qu’on apprend. Et comme le précise la maison d’édition :

Ces écrits ne sont pas connus des spécialistes et a fortiori du grand public, parce qu’ils n’ont jamais été réunis. Dès la fin des années 1920, Pierre Mac Orlan propose un concept novateur, le « fantastique social », qui offre le chaînon manquant entre un surréalisme à la française et l’expressionnisme allemand et permet de comprendre admirablement ce qui est en jeu dans les recherches photographiques de l’époque.

Outre l’anthologie illustrée par les plus grands photographes de l’époque, l’ouvrage se compose d’un essai de Clément Chéroux et des photos prises par Mac Orlan lui-même.

Une œuvre délicieuse proposée par un critique hors pair. À lire pour la qualité et aussi pour l’évidence.

David Foenkinos Les souvenirs

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A chaque rentrée littéraire, Paris profite en premier des écrivains en tout genre. Mais les maisons d’éditions n’oublient jamais la province. Depuis quelques jours, les auteurs se succèdent dans la capitale bretonne pour présenter leurs ouvrages. Ce jeudi, à 18 heures, David Foenkinos dédicacera à la Fnac à 18 heures Les Souvenirs. Dans le même temps, à l’Institut d’études politiques, à 18 heures, boulevard de la Duchesse Anne, Gérard Davet et Fabrice Lhomme évoqueront leur livre évènement Sarko m’a tuer. Tous les deux, journalistes au Monde, sont invités par la librairie Lefailler. (Pour info, la faute d’orthographe du titre est censée être un clin d’œil à l’affaire Omar Raddad et son “Omar m’a tué”).

De bon matin

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Lundi matin, Paul Wertret se rend à son travail, à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’on conduit à commettre son acte…

 Un film au résultat mitigé, même si on lui reconnaitra un certain nombre de qualités, voire même très grandes pour certaines. La première s’impose d’elle-même à l’évidence :  la performance totalement physique de ce grand talent qu’est Jean-Pierre Darroussin. La rage qui l’anime se transmet jusque dans la salle. L’autre point fort de l’œuvre est la façon dont se déroule le récit. Tout en simplicité et force tenace. Le dernier point fort est double. D’une part, ce sujet colle parfaitement à l’actualité du moment ; d’une seconde part, aucune leçon moralisatrice n’est donnée et surtout aucune solution n’est proposée. Comme pour se concentrer sur l’objet essentiel du film : cette rage démontrée. La mise en scène quasi parfaite n’étant pas étranger à ce morceau du succès. Le rythme est aussi de très bonne facture surtout qu’il se combine à une subtilité délicate.

Mais comme il est rare qu’une chose soit parfaite, cette œuvre ne l’est pas. On lui reprochera un ton trop mécanique qui fait s’envoler quelques morceaux d’émotions nécessaires. On lui reprochera aussi sa fin. Une fin trop étrange bien qu’assez crédible dans son fond comme  dans sa forme. Un petit manque de finition nous empêche de faire un triomphe à cette œuvre qui s’avère tout de même une réussite plutôt solide.

On vote pour surtout dans le contexte actuel.

Date de sortie cinéma : 5 octobre 2011 

Réalisé par Jean-Marc Moutout 
avec Jean-Pierre Darroussin, Valérie Dréville, Xavier Beauvois

Bergman Sarabande

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 Trente ans se sont écoulés depuis que Marianne et Johan, le couple de Scènes de la vie conjugale se sont perdus de vue. Sentant confusément qu’il a besoin d’elle, celle-ci décide de rendre visite au vieil homme dans la maison de campagne où il vit reclus. Entre eux, la complicité et l’affection sont réelles, malgré toutes ces années passées sans se voir. Marianne fait la connaissance du fils de Johan, Henrik, et de la fille de ce dernier, Karin, qui habitent dans les environs. Tous deux pleurent encore Anna, l’épouse d’Henrik disparue…

Que dire d’un film d’Ingmar Bergman alors que toute sa filmographie est un chef d’œuvre. Saraband est un film spécial, car dédié à sa dernière compagne, son esprit est donc particulier.

Mais en dehors de cette jolie dédicace, il reste une œuvre, sublime, extravagante : plus le film passe plus la sensation nous fait grimper  vers un firmament de sensations inconnues. Une expérience puissante, orgasmique et jouissive. Si puissante que l’on ne voudrait jamais que cela cesse.

Le tout étant entouré d’une simplicité radicale. Tout s’affiche, tout se comprend, tout est sublimé alors que c’est de grand envergure et de grande profondeur. La vision de ces deux corps enlacés est une sublimation pour nos petits esprits. La gravité de l’ensemble accentuant encore plus le plaisir ressenti.

La mise en scène est digne d’un dessin de Michel-Ange : tout est précis, épuré, gracieux.

Un film qui prend, retourne et jette comme pour mieux faire ressentir l’extrémité du bonheur. Et le tout avec une pudeur absolue.

Les acteurs sont fabuleux, par leurs contenants et leurs contenus.

Un film lumineux, extatique et qui ne mérite pas d’autre nom que celui de chef d’œuvre, il faut y aller. Vite une séance !

Jamais le cinéma n’aura été aussi simple et beau à la fois. Une des rares œuvres absolues du cinéma probablement.

Fabio Merlini L’époque de la performance insignifiante

Nous nous trouvons, aujourd’hui, face à un incroyable renforcement des moyens mis à notre disposition pour communiquer, travailler, produire, accroître, renforcer et améliorer la gamme de nos prestations. C’est comme si, pour la première fois de notre histoire, se frayait un chemin l’idée selon laquelle il n’y a plus aucun obstacle à la possibilité de disposer de façon inconditionnée non seulement du monde, mais encore de nous-mêmes. Pourtant, dans cette prolifération sans bornes de dispositifs fonctionnels, quelque chose semble paradoxalement ne pas fonctionner comme cela devrait. La « machine » tourne à une vitesse inouïe, mais dans ce tourbillon – que notre quotidien subit comme un destin inévitable, – nous peinons à trouver une position capable de donner sens à nos actions. La désorientation est totale.

Culture de l’éphémère, hyperactivité effrénée, communication sans contenus sont quelques-uns des phénomènes analysés dans les pages de ce livre, avec pour objectif d’esquisser le profil de l’époque dans laquelle nous vivons, et de nous aider à comprendre « où nous avons fini ». Mais aussi à partir d’où, peut-être, il est possible de recommencer. Ce volume constitue une réflexion désenchantée sur l’idéologie contemporaine et sur ses mécanismes de dissimulation ; chaque page laisse transparaître l’embarras à l’égard d’une culture résignée et opportuniste, incapable d’assumer la responsabilité d’une projectualité de long terme.

Ainsi, l’ère dans laquelle nous sommes est une aventure où le court terme est l’adage le plus voulu et le plus suivi. Le but étant de faire tout mieux, tout plus vite, tout plus efficace, tout plus productif, tout plus consommable, tout plus irréfléchi… La liste pourrait s’étendre à l’infini dans chaque jour qui passe est une dérive vers une robotisation des esprits et de la société. L’action pour ne plus avoir à penser.

Si l’on analyse l’évolution de la société depuis son origine, on constate une mutation vers ce que l’auteur nous explique dans cet ouvrage.  Les hommes doivent obéir et/ou se faire imposer un fonctionnement où seul va compter l’optimisation des actions. Des moyens identiques pour une production augmentée. Et ceci est valable  dans tous les pans de la vie : social, travail, amour, consommation, loisirs, etc.

Le constat le plus effrayant est l’oubli, la perte de la mémoire individuelle et collective. La perte des constituants de l’identité afin de s’en fabriquer une nouvelle : sorte de soi trafiqué comme si l’important étant de paraitre et non plus d’être. Le rapport au temps, à l’histoire en est totalement changé. L’utopie et la temporalité comme problèmes au centre du sujet. Le présent instantané qui gobe le passé aussi bien que le futur. Une sorte de monde post-moderne désenchanté qui révèle le triste constat que la société contemporaine s’avère incapable de se projeter dans l’avenir. Seul constat la vie devient dénuée de sens.

Ravageur et inquiétant, mais à lire.

Fabio Merlini est directeur de l'antenne régionale pour la Suisse italienne de l'« Istituto Universitario Federale per la Formazione Professionale » (IUFFP). Il enseigne l'éthique à l'université de l'Insubrie (Varèse). Il préside depuis 2010 la Fondation Eranos.

L’Epoque de la performance insignifiante, Réflexions sur la vie désorientée, parution 23 juin 2011, 208 pages, 23€

Pierre Larrouturou, Vers le krach ultime ?

Sous le titre un rien accrocheur de Pour éviter le krach ultime, Pierre Larrouturou rappelle quelques constats économiques évidents. On citera, notamment, le transfert d’une partie de la valeur ajoutée des salariés à la rémunération des actions. En outre, si les prix agricoles baissent, la rémunération du travail agricole aussi tandis que le consommateur paie plein pot. Où vont les gains ? Enfin, la réduction de la durée du temps de travail est-elle souhaitable ? Voilà, avec le logement, les principaux sujets de cet ouvrage non dénué d’intérêt.

Sans être un grand économiste, le sujet m’intéresse et me donne assez souvent à réfléchir. D’autant que le sujet étant si vaste, j’extrapole assez vite sur des mondes transversaux à notre sujet principal : le social, la politique, l’histoire, la sociologie…

Le problème quand on n’y connait pas grand-chose est : soit d’avoir un bon professeur, soit de bonnes lectures, voire les deux. Comme je n’ai pas envie pour le moment de vous faire une retranscription du savoir des pontes qui me donnent des cours, c’est la présentation d’un bouquin vachement passionnant qui suit.

Pierre Larrouturou a écrit un fabuleux bouquin, aussi intéressant que très pédagogique, tant il est bien écrit. À cela s’ajoute la somme non négligeable de choses qu’on apprend du début à la fin.

La crise est évidemment toujours en cours. Et peut-être même en cours d’explosion. Ce n’est pas l’actualité qui va nous démontrer le contraire : crise de la dette en Grèce, de la dette américaine, irlandaise, italienne, Dexia, etc.

À noter que les agences qui estiment cette situation, en menaçant de dégrader de-ci de-là la note des uns et des autres, provoquent des dégâts considérables.

Pire : on sait que des gens spéculent sur la faillite des uns ou le sauvetage des autres – tout en jouant l’inverse au cas où. Et voilà que la crise immobilière menace la Chine qui construit beaucoup trop d’immeubles et de bâtiments… Nous voilà dans une épineuse situation partis tout droit vers une perte orchestrée en commun.

Toutefois, l’espoir semble exister à en croire notre bouquin du jour. Si justice il y a, elle doit être sociale d’après l’auteur.

Et comment lui donner tort ? Depuis Reagan le curseur s’est totalement retourné, la dérégulation a favorisé l’actionnariat et la spéculation au détriment du travail et des salariés. Creusant au passage un écart de plus en plus important entre les plus riches et les plus pauvres. Et on voit bien que si ce système perdure, on va droit à l’explosion. Qui pensait qu’un jour les États-Unis, la France et bien d’autres pays allaient être acculés comme ils le sont aujourd’hui ? Personne sauf les fous, autrement dit les plus visionnaires et lucides.

Au demeurant, cette direction n’est guère bonne d’un point de vue de la justice mais elle constitue aussi une aberration économique. Comment penser que le système puisse tourner qu’avec que des riches ?  Et puis il faut se souvenir qu’une fois qu’il n’y a plus rien à perdre, l’histoire devient drame.

Ce sont ces différents points que ce livre aborde. C’est une révision historique, un point de vue qui a le mérite d’exister. Surtout, il propose quelques solutions qui mériteraient peut-être d’être mises en application.

Rennes > Punks are not dead !

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Les punks existent toujours… On les a rencontrés aux Lices

Les vieux rennais s’en souviennent peut-être… Les punks avaient leurs habitudes sur les marches du théâtre dans les années 80. Ils faisaient fuir nos vénérables grands-mères aux chignons impeccables. Vingt ans plus tard, leurs dignes héritiers sont toujours là. Deux d’entre eux ont investi les marches des Lices Au grand dam de nos amis les bobos. Comme dans l’ancien temps, un “fuck you” barrait le cuir de l’homme à la crète rouge. Rien de politiquement correct, mais bon… Tant qu’il y a de l’avenir !

Bénédicte Pagnot en tournage

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Depuis quelques jours, Bénédicte Pagnot tourne à Rennes Les Lendemains. Écrit par la réalisatrice et Emmanuelle Mougne, le long métrage raconte le parcours initiatique d’Audrey, à peine âgée de 18 ans ( voir notre photo : Pauline Parigot, petite fille du créateur du Théâtre national de Bretagne).

 

Étudiante en sociologie, elle vit en collocation avec une autre jeune femme. Entre les deux filles de milieu différent, l’engagement politique laisse peu à peu place à l’amitié ; jusqu’à ce que Pauline, forte de ses nouvelles convictions, décide de s’installer dans un squat.

Le film est produit par l’entreprise rennaise Mille et Une films avec l’aide du centre national de cinémas, de TV Rennes 35 et de l’Union des télévisions locales de Bretagne. Le film sera diffusé au printemps 2012. En revanche, la distribution internationale est toujours en négociation.

Beau coup du pub pour Rennes

Cette fiction tournée à la fois à Rennes et à Caen prouve encore une fois que le 7e art peut très bien se passer de Paris. Son équipe a en effet embauché une Rennaise pour le premier rôle et des techniciens en majorité bretons.

Avec un petit budget, la réalisatrice a tourné dans un immeuble inhabité de la Courrouze, le nouveau quartier de Rennes (beau coup de pub pour la municipalité…).

L’université de Rennes 2 refuse le tournage

Elle a également posé ses caméras à la Maison des Associations ou encore dans un supermarché. En revanche, elle n’a pas eu le droit de filmer à l’université de Rennes 2 dans les amphis. Visiblement, le thème du long métrage aurait été jugé trop subversif. En conséquence de quoi, les cours de sociologie ont été tournés à Rennes1, en… biologie moléculaire.

Prochain lieu de tournage : la prison des femmes.

Rennes > The Sun Also Rises d’Ernest Hemingway | 20/10

Talking around it, une conférence prometteuse > La blessure et la beauté dans Fiesta: The Sun Also Rises d’Ernest Hemingway. Institu franco-américaine. Jeudi 20 octobre – 18h30

Excentrée dans l’ordre du récit, la corrida occupe néanmoins une place centrale dans l’écriture de The Sun Also Rises.
Hantée par la conscience de la mort, l’écriture se mue en une danse qui, semblable à l’art du torero dans l’arène, recrée certes les tourbillons d’êtres désorientés, aux paroles lacérées, aux regards évidés, mais invente aussi un mode véritablement poétique de métamorphoser la blessure en beauté.
Dans sa “solitude partenaire” (Didi-Huberman), dans sa gestuelle à la fois vaine et extrêmement méticuleuse, la danse des mots retrace les contours d’une béance, mais donne aussi à toucher la valeur d’émotions indicibles, d’expériences partagées.

Nathalie Cochoy est professeur de littérature américaine à l’Université Toulouse II. Ses travaux portent sur l’écriture de l’espace dans la littérature américaine. Elle est l’auteur de Passante à New York [Presses Universitaires de Bordeaux, 2010].

Nobel d’économie > Le lien d’effet à cause

Le prix Nobel d’économie a consacré les travaux de Thomas Sargent et Christopher Sims. Tous deux âgés de 68 ans, ils promeuvent une approche de la macroéconomie où les facteurs économiques (inflation, PIB, etc.) sont conditionnés par le comportement des individus. Leurs attentes quant aux évolutions du système économique influencent en profondeur ce dernier. Autrement dit, la conséquence – c’est-à-dire l’attente elle-même – conditionne la cause. Ce concept dit des ‘attentes rationnelles’ bouleverse le modèle keynésien. Se ferait-il qu’on puisse l’étendre à d’autres champs de l’homme et de ses activités ?

 

Etats-Unis > Les indignés prospèrent

Au mois de septembre, Unidivers attirait l’attention de ses lecteurs sur le mouvement des anti-cupidité ou indignés (voir l’article). Parti de New York, ce mouvement de jeunes, sorte de Tea Party alternatif, ne cesse de prospérer à travers les Etats-Unis.

Comme dans la Big apple, ils sont moins de mille à occuper le pavé du District de Colombia en scandant avec enthousiasme des slogans hostiles au soutien de l’Etat aux banques. Deux forces semblent les animer : la collusion entre le politique et l’économie ainsi qu’un ras-le-bol devant un monde à la fois si riche et qui laisse prospérer la pauvreté sous de multiples formes.Que va devenir ce mouvement avec l’hiver ? Personne ne peut le prédire. Reste que rarement l’establishment américain aura connu de séditions si fortes avec, d’un côté, le Tea party (libertariens et libéral), de l’autre, les Indignés (libertaires et socialistes). L’Amérique serait-elle encore une fois le laboratoire où se dessine les évolutions politiques à venir des démocraties occidentales ?

 

 

Bob Dylan, Un poète sans fin, Nobelisé ou non

Si la star donne deux concerts à Paris et Lille le 16 et 17 octobre, ses fans espéraient jusqu’à jeudi dernier l’inouï : Bob Dylan couronné prix Nobel de littérature. On chuchote qu’il s’en est fallu de peu, le secrétariat lui ayant préféré au dernier moment Tranströmer (voir notre article). Les puristes s’étaient courroucés à l’idée d’un tel hommage à un homme de notes et non de lettres. C’est inexact : en sus de milliers de chansons d’une qualité difficilement niable, Dylan a commis nombre de poèmes.

 

Après avoir contribué au passage du folk à un rock intelligent et sensible, à 70 ans, il poursuit le Never Ending Tour (tournée sans fin) dans un grand bus aménagé. Il puise toujours une flamme vivifiante dans Rimbaud, Brecht, Ginsberg et Dylan Thomas qui lui aura suggéré son nom d’artiste.

Plusieurs périodes caractérisent sa carrière, notamment : le folk protestataire, le rock poétique, la conversion au christianisme, l’approfondissement du judaïsme.

En matière poétique, l’album The Times They Are a-Changin’ révèle en 1964 11 Outlined Epitaphs, « 11 épitaphes esquissées », lesquels constituent la première publication de poésie de Dylan. Ces poèmes seront republiés plus tard dans Writings and Drawings et seront également le support d’une biographie de Dylan : Bob Dylan, Epitaphs 11. Son album suivant, Another Side of Bob Dylan s’accompagne également de textes. Le lecteur intéressé trouvera tous ses poèmes dans Bob Dylan, Tarantula  : recueil de poèmes, publié en 2004 chez Hachette.

Tous ses poèmes ? Non. D’une part, Dylan depuis lors s’est fendu d’un 1er volume de mémoires intitulés Chroniques, en 2004. Outre une capacité mémorielle ahurissante, le style est aussi fin que naturel. D’autre part, des poèmes de jeunesse inédits viennent d’être découverts.  Dylan les avait écrits il y a une quarantaine d’années. Ils viennent juste de paraître à Londres chez Simon and Schuster sous le titre Hollywood Foto-Rhetoric.

 from the outside
lookin in
every finger wiggles
the doorway wears long pants
an slouches
no rejection
all’s fair
in love and selection
but be careful, baby
of covered window affection
an don’t forget
t bring cigarettes
for you might
just likely find
that one outside
leads farther out
an one inside
just leads to another

A Rennes Franck Margerin fait salle comble !

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Étonnante ambiance pour la venue de Franck Margerin, le père de Lucien et des autres, vendredi après-midi, au megastore Virgin. Le dessinateur dédicaçait à tour de bras tandis que deux rockers faisaient l’ambiance. Pour son dernier album, La bande de Lucien, les fans ont attendu parfois une heure pour décrocher un dessin. Loin du tumulte médiatique, le pape de la BD poursuit son petit bonhomme de chemin. Et c’est tant mieux.

Film Oxygène > Une vivifiante variation sur une maladie rare

Flamand, belge, canadien, de Hans Van Nuffel, avec Stef Aerts, Wouter Hen- drickx, Marie Vinck, Anémone Valcke, Rik Verheye, Maarten Mertens. Une quinzaine de prix notables, dont le Grand Prix des Amériques et le Prix du Jury Œcuménique.

Rares sont les films comme Lorenzo de George Miller qui arrivent à narre d’une manière attachante une maladie rare, en l’occurrence l’adrénoleucodystrophie. Ils sont souvent ou trop techniques, ennuyeux ou pathétiques. Ce n’est pas le cas d’Oxygène, premier long métrage de Hans Van Nuffel, jeune réalisateur flamand de 30 ans. A travers la maladie de la fibrose kystique (dont le réalisateur est atteint, les protagonistes, dont Tom, un jeune homme rebelle), c’est le désir même de vivre qui est filmé ! La vie et la survie sont filmées dans une mise en scène privilégiant les espaces clos (l’hôpital devant quasiment un parti-prenant) et un déroulé qui n’oublie pas la place de l’humour. C’est réussi malgré le recours à certains poncifs dans le traitement psychologique et narratif des personnages.

 




Rennes > Esope Reste Ici et se repose | 4/10-11/12

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Une exposition proposée par Cédrick Eymenier au Bon accueil avec les dessins de Laetitia Benat et les contributions musicales de Akira Rabelais, Cats Hats Gowns & Gaelle Obiégly, Sebastien Jamain, Masumi Raymond, Stephan Mathieu, Nadir, Picola Naine, Steve Roden, Naomi Yang et I am a vowel. 

Les fables, comme les anges, constituent un univers chatoyant n’exigeant nulle explication. (Jacques Lacarrière)

Ésope n’est pas un auteur au sens qu’on lui prête aujourd’hui (qui date de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg). Ésope dont on ne sait quasiment rien de sûr, fut plus probablement, s’il a bel et bien existé, une sorte de compilateur inspiré. Les fables réunies en son nom ne sont pas inventées par lui, mais certainement par une longue tradition orale grecque. Peu importe à vrai dire qui en est l’auteur, d’ailleurs bon nombre d’écrivains ont imité ou continué ce projet de fable, dont le plus célèbre est La Fontaine.

L’idée de ce projet d’exposition est de faire corps avec cette phrase « Ésope Reste Ici Et Se Repose ». Car au delà de l’effet plastique du palindrome, c’est bien le sens de cette phrase qui m’intéresse. « Rester Ici Et Se Reposer » était au centre de mes préoccupations pour les précédentes éditions. Un projet volontairement utopique où le visiteur pouvait donc « rester » et « se reposer » dans un aménagement intérieur rempli de coussins, canapés, moquette et de bande-sons, de photographies et de vidéos.

Pour cette 5° édition, en plus de cette mise en scène du repos, des musiciens sont sollicités pour enregistrer une lecture d’une fable de leur choix qu’ils peuvent éventuellement re-écrire (confirmés à ce jour: Cats Hats Gowns, I Am A Vowel, Akira Rabelais, Steve Roden, Masumi Raymond, Nadir, Picola Naine, Naomi Yang, Sébastien Jamain…). Le label Coriolis Sounds éditera une compilation de ces enregistrements, tandis que l’artiste Laetitia Benat réalise des illustrations de ces fables.

TerraCycle > Recyclons les déchets

Valoriser les déchets en leur donnant une seconde vie, c’est le service que vous propose Terracycle. Terracycle est une entreprise qui “transcycle et recycle des déchets traditionnellement non recyclables (instruments d’écritures, emballages de recharges de savon liquide, paquets de chips, brosses à dents par exemple) en une large gamme de produits d’usage courant. Ces produits permettent de réutiliser les déchets et de les détourner des centres d’enfouissement. Ils contribuent à créer un monde plus propre !”

Comment cela fonctionne ? Pour recycler, les entreprises comme les consommateurs sont mis à contribution. Par exemple, en France, TerraCycle a lancé la “Brigade des Stylos et des Instruments d’Ecriture” en partenariat avec BIC. Au sein de cette Brigade, écoles, entreprises et administrations sont invités à former leurs équipes de récupération.

Encore une bonne initiative qui va droit dans la poche… de cette entreprise ? Non : stylos à bille, feutres, porte-mines, correcteurs, marqueurs effaceurs et surligneurs rapporte 2 centimes d’euros par instrument récupéré ! A qui ? A  l’association de votre choix. En plus, les frais d’envoi sont pris en charge par Terracycle au moyen de bon d’expédition à imprimer sur leur site.

Capitaine Alfred Dreyfus, Une toute petite plaque commémorative à Rennes

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Sur les bas-côtés du lycée Emile Zola, une plaque est apposée en l’honneur du capitaine Alfred Dreyfus. La raison en est simple. Dans cet établissement, plus exactement dans la salle des fêtes, il fut jugé une seconde fois pour espionnage au profit des Allemands. Contre toute attente, Alfred Dreyfus fut condamné à dix ans de prison avec circonstances atténuantes. A Rennes, son procès provoqua des affrontements entre Dreyfusards et anti-Dreyfusards.

Cent dix ans plus tard, les Rennais semblent toujours éprouver une gêne à l’égard de cette histoire. Lors des Journées du patrimoine, aucune visite des lieux n’est organisée. Pas question non plus d’organiser des visites sur ce thème par l’office de tourisme. Pourtant, le Musée de Bretagne monta en son temps une exposition sur ce célèbre personnage de l’histoire française. Elle possède même un fonds. De quoi donner des idées à conférenciers, à des guides…

Henri Godard > Biographie de Céline

Présentation. Depuis sa mort, voici un demi-siècle, la stature de Céline n’a cessé de croître : qu’on le veuille ou non, il est un des auteurs majeurs du XXe siècle, un des plus lus, des plus commentés et assurément des plus disputés. Céline a inventé une manière entièrement nouvelle d’écrire le français. Son Voyage au bout de la nuit a été ressenti comme un choc, comme une révolution dans la manière de dire par le roman l’expérience humaine. C’est son oeuvre de polémiste qui devait plus tard lui aliéner durablement nombre de lecteurs. Mais peut-on vraiment dissocier le génie de l’écrivain des violences de l’homme ? Pour Henri Godard les deux sont inséparables. Cette biographie se propose précisément de retracer le chemin de la vie à l’oeuvre, tout comme elle s’efforce de pénétrer le secret de cette existence à l’épreuve du travail de l’écriture. Elle part à la découverte des vérités contradictoires de Céline, que restitue par fragments, de l’enfance à la mort, une abondante correspondance récemment réunie. C’est un portrait souvent inattendu qui se dessine peu à peu : de l’enfant sage et affectionné du Passage Choiseul au reclus de Meudon, en passant par le jeune commis de boutique, le cuirassier à jamais marqué par la guerre, le médecin des quartiers pauvres, l’antisémite furieux, le prisonnier de Copenhague… mais aussi l’amoureux de la mer et des ports, le copain qui adore parler sexe, enfin, le plus méconnu, l’homme qui mit le corps féminin et la danse au centre de sa vie. Au fil des pages et des années, c’est une figure plus intime, plus complexe, plus déchirée aussi, que découvre le lecteur. Cet itinéraire hors du commun échappe décidément aux simplifications péremptoires.

Céline est en ce moment le nom à la mode dans le monde de la littérature, anniversaire oblige évidemment. Et c’est une biographie de plus qui arrive sur les étals de nos bouquinistes favoris.
Et elle est de qualité, car l’auteur, au lieu de nous pondre un pavé fourre-tout, a fait le choix de montrer comment l’auteur s’est construit à travers sa littérature.
Aucune surprise, car l’ouvrage ne contient aucune révélation, tout est dans l’écriture et la façon de raconter son histoire et aussi le choix de ce qui est raconté. Car comme dit plus haut, cette bio n’est pas exhaustive, mais le résultat d’un tri dans la vie tumultueuse et grandiose d’un être hors normes.
Pour parfaire ce point-là, on notera le survol d’un des pans les plus fameux de la vie de notre auteur : l’échec au Goncourt de 1932. Il faut dire que l’histoire a été matraquée des centaines de fois.
Le contenu est brillant et lumineux, justement par l’existence de cette sobriété de l’essentiel. Aucun mauvais goût, aucun jugement, aucun racolage. La beauté au service de l’essentiel.
On grandit exactement en même temps que l’immense écrivain, le rythme de la lecture rythme la phase de l’envol. Intéressant, mais ce qui compte vraiment dans la vie de cet homme, c’est son tournant pamphlétaire. Et l’analyse de cette partie de la bio était mon point le plus attendu, comme dans toutes les bio sur Céline d’ailleurs. Et c’est l’extase, jamais, oh jamais, le basculement de notre auteur dans l’antisémitisme n’avait été aussi bien expliqué.
La démonstration est brillante. L’analyse des correspondances est aussi très bien détaillée. Une jolie façon de faire comprendre un homme inclassable et une œuvre qui ne l’était pas moins. Plus qu’une biographie à part entière, c’est un joli complément à ce qui existe déjà. Le défaut : si c’est votre première lecture d’une œuvre du genre sur cet auteur, vous aurez sans doute l’impression d’un manque.

Cour de cassation > Le droit de la presse étendu aux blogs !

La Cour de cassation donne raison à un blogueur attaqué par le maire d’Orléans. Selon son arrêt, les lois protégeant la presse s’appliquent aussi aux blogs.

L’arrêt de la Cour de cassation n° 904 du 6 octobre 2011 (10-18.142) de la première chambre civile se réfère à la la loi du 29 juillet 1881 encadrant le régime de la presse en France. Cette loi est souvent considérée comme le texte juridique fondateur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en France. Dans le même temps, le texte  en limite l’exercice et incrimine certains comportements spécifiques à la presse (appelés « délits de presse »).

Les conséquences de cette jurisprudence est énorme : d’une part, le directeur d’un blog doit être connu et se trouve responsable légalement des textes qu’il publie ; d’autre part, il bénéficie de tout l’armada juridique lié à sa fonction, notamment, une perquisition dans ses locaux doit être effectuée en présence d’un magistrat et “veiller à ne pas constituer un obstacle ou entraîner  un retard injustifiés à la diffusion de l’information” (article 56-2 du Code de procédure pénale).

Rennes Les prairies Saint-Martin, Un devenir incertain

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Depuis 1981, les prairies Saint-Martin sont regardées de près par les municipalités rennaises. Sous l’impulsion de l’ancien maire, Edmond Hervé, une voie rapide devait les traverser pour mener les automobilistes de la rocade nord vers le centre-ville. Face au tollé général, le projet fut abandonné pour laisser place à une large coulée verte. La ville veut en faire désormais un grand parc naturel au grand dam des usagers des jardins familiaux.

Lundi 3 octobre, la municipalité rennaise a adopté le principe d’aménagement de ce poumon vert de 29 hectares. « C’est un vrai coup de Jarnac, » a laissé entendre un représentant de l’association de défense des jardins familiaux, samedi dernier. « La ville va remettre en cause la vie botanique et les jolies haies naturelles, » a ajouté un représentant des APR (Amis du patrimoine rennais).

Contre le projet de parc municipal urbain, les opposants sont montés au créneau. Ils ont saisi la presse et demandé la parole au conseil municipal. « Il nous est difficile de faire passer notre message, » a commenté l’un d’eux, Patrick. « Nous sommes face à un manque de concertation. » Un avis partagé par le leader de l’opposition municipale de droite, Bruno Chavanat, lors de la dernière séance municipale.  « Que de temps perdu ! Vous vous êtes privés de l’enrichissement de l’intelligence collective des habitants. »

Face au désarroi des jardiniers (dont certains vivent sur place), la Ville veut temporiser. « Nous recherchons de nouveaux sites, aux Gayeulles, au Breil et à Patton, a indiqué Frédéric Bourcier (sources : le site internet de la ville de Rennes). Aujourd’hui, il existe 895 jardins familiaux répartis sur neuf sites. Nous pensons atteindre 1000 parcelles en 2014-2015. » En clair, l’adjoint pourrait proposer des terrains pour les futurs expulsés de Saint-Martin. Mais comme le souligne Le Mensuel de Rennes, les promesses de l’élu seront-elles tenues ?

Preuve de sa bonne volonté, la municipalité associerait les usagers, les associations et les riverains aux études sur les usages de ce lieu trop méconnu des Rennais. Est-ce suffisant pour calmer les esprits ? N’est-ce pas juste un pis-aller offert aux mécontents ? « Nous avons besoin légitiment d’en savoir plus, » répond un riverain, Jean-Yves. « Nous ne voulons pas d’objectifs généraux, mais des détails. »

Quel devenir pour ces prairies ? Dans ce dossier, la mairie ne veut pas brûler les étapes. Elle a confié à trois architectes paysagistes le soin d’aménager cet espace de verdure. Ils auront pour objectif de valoriser la rivière qui y coule, d’améliorer le champ d’expansion des crues, d’attirer le public… Seule certitude, les jardins familiaux n’auront plus le droit de cité… en raison de la pollution inquiétante sur le site. D’où l’interrogation suivante : quid du traitement de la pollution ? On évoquerait l’excavation de terres polluées… On souhaite uniquement que la méthode soit radicale pour traiter ce futur lieu public.

Chez Plantère Io, Valérie Lys le 10/10

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Dans la pittoresque rue Saint-Louis, lundi 10 octobre, de 18 h et 21 h, la librairie Planète Io accueille , médecin biologiste, experte en réparation juridique et aujourd’hui romancière. La Rennaise présentera son premier policier, Rennes, Echec au fou, sorti aux éditions Bargain.
Comme le dit joliment le couple qui anime ce lieu tout à la fois intimiste et convivial, leur librairie va se transformer en “théâtre de vols étranges et de meurtres de violences inouïes”. Velcro, commissaire à la Crim’ délégué sur les lieux, saura-t-il découvrir la grille de lecture qui lui permette de mettre fin à ce jeu pervers ? C’est lundi prochain.

Drive > Fusion réussie de Reservoir dogs et In the Mood for love

cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesDe Nicolas Winding Refn (Etats-Unis), avec : Ryan Gosling, Bryan Cranston, Carey Mulligan, Ron Perlman – 1h38. Un jeune homme solitaire, « The Driver », conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant – et au volant, il est le meilleur ! Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet. C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irène et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul. Lorsque le mari d’Irène sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irène, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…  Voilà deux avis divergents sur le film : Nicolas et Ice.

Nous avions beaucoup apprécié la trilogie de Pusher du réalisateur danois Nicolas Winding Refn : une étonnante plongée réaliste et crue  dans les bas-fonds de Copenhague et de ses gangsters locaux ou en provenance des Balkans (âme sensible s’abstenir ; notamment, la scène de découpe dans le troisième volet est rude). Valhalla rising nous avait laissé un peu circonspect, une conjugaison de Terence Malick et Werner Herzog peu convaincante. Mais là, oui ça marche. Imaginez une fusion réussie des univers de Reservoir dogs, Dexter et In the Mood for love – voilà le champ stylistique de Drive. Certes, il y a quelques longueurs, mais la relation sentimentale des héros et héroïne se déploie avec subtilité et, surtout, un souffle réaliste (d’une profonde violence sociale et psychologique) anime ce polar américain. Paradoxalement, ce réalisme souffle d’une telle manière que l’aspect fictif s’en retrouve renforcé – le spectateur se retrouve ainsi dans une dimension intermédiaire qui couple réalité et fiction. Cette dimension nous laisse croire que Drive va rapidement devenir un classique du polar américain de cette dernière décennie. A ne pas manquer. Pas avant 16 ans.

Nicolas Roberti

Selon beaucoup de cinéphiles, ce fut un des films phare de la fin 2011. Mais parfois il faut savoir raison garder et prendre le temps de comprendre l’engouement et de penser tant à la forme qu’au fond.

Sur le fond, il s’agit d’un film de genre, c’est à dire un film de braquage avec des voitures. Oh, je vous vois venir, vous trouvez cela réducteur de mettre Drive dans la même catgorie que 60s Chrono ou le premier Fast and Furious ou encore Le Transporteur, pour ne citer que les plus récents. On pourait élargir à Bullit ou à L’or se barre (The Italian Job) repris plus tard dans Braquage à l’italienne mais est-ce forcément mieux ? Car l’un des problèmes de ce film est son sujet plutôt basique : Un mystérieux conducteur spécialiste des braquages qui pour l’amour d’une femme va aider le mari de celle-ci à rembourser une dette de prison et … Aucune surprise : cela tourne mal et sent le coup monté.

L’autre problématique du film est de savoir ce que l’on vient chercher au cinéma. Certains diront simplement de la distraction, d’autres du rêve et d’autres de l’émotion…. et j’en passe. De ce point de vue là, Drive ne remplit pas toutes ces fonctions. Pour la distraction, il est plutôt lent, sur un faux rythme, pour mieux mettre en valeur la poursuite de voiture. Celui qui attend ce moment s’endormira (véridique, il y en a ….) car le film ne suit pas la forme des films de voitures modernes déjà cités. Pour le rêve, on ne peut pas dire que Ryan Gossling fasse rêver beaucoup de monde (si si, je vous assure, j’ai interrogé des spécialistes féminines ) avec son air de anti-héros, même s’il joue très bien l’impassibilité et le mystère. Pour l’émotion, on ne peut pas dire que ce soit le but du film et c’est plus dans la violence que l’on ressent l’émotion avec même un sentiment de malaise lorsque le héros frappe et menace une  jeune femme coupable de trahison.

Le film aurait pu rester une simple série B si le réalisateur n’avait pas soigné la forme (pour le coup, il mérite son prix de la mise en scène à Cannes). Il la soigne tout d’abord par la photo, pas trop saturée ni retouchée tout en mettant en valeur le visage des acteurs. Il soigne également la musique qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de la série Miami Vice, chère aux années 80 de Michael Mann. Mélant pop et electro, elle donne une atmosphère branchée mais beaucoup moins clipesque que son modèle du fait du rythme plus lent. Car le secret du film est dans ce rythme. La recette est parfaite pour retranscrire la tension de l’attente pendant le braquage. La rupture de rythme après le braquage est une bonne trouvaille également. Mais le problème vient aussi de ce que le spectateur a le temps de réfléchir à l’intrigue et donc voit arriver bien à l’avance le coup fourré. N’attendez donc aucun suspens de ce film au scénario simpliste.

Si le héros intrigue, on ne sait rien de son passé, de ses failles mais on devine qu’il y a quelque chose. Le film n’apportera rien sur le sujet et la fin du film en rajouterait même. Au final, on ne peut nier que le film est un ovni dans sa catégorie. Mais pour celui qui recherche plus le fond que la forme, il reste décevant. Par ce manque d’émotion, cette froideur et cette lenteur il se fait une place à part, à rapprocher parfois du cinéma hongkongais lorsqu’il ne sombre pas dans l’hyperviolence. Du déjà vu dirions nous mais c’est très rare dans le cinéma américain. Pas sur donc que l’histoire du cinéma en retienne grand chose dans 20 ou 30 ans (un peu comme Bullit qui reste célèbre pour sa poursuite) contrairement à d’autres petits chefs d’oeuvres du cinéma de genre.

Ice

Luc Moullet > La terre de la folie

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Vous connaissez Godard, Chabrol, Rohmer… Mais Moullet ? Originaire des Alpes du Sud, Luc Moullet, avec son sérieux imperturbable et son humour décalé, étudie les causes et les conséquences de ces phénomènes psychiques locaux sous forme d’investigation sensationnaliste. La terre de la folie : « L’arrière-petit-neveu du bisaïeul de ma trisaïeule avait tué un jour à coups de pioche le maire du village, sa femme et le garde champêtre, coupable d’avoir déplacé sa chèvre de dix mètres. Ça me fournissait un bon point de départ… Il y a eu d’autres manifestations du même ordre dans la famille. »

Si j’aime mon Boulevard Saint-Germain, ce n’est pas que pour le Relais de l’entrecôte, le Flore et l’Ecume des pages, s’il n’y avait pas ces cinémas pleins de magie, la saveur du coin n’en serait pas si exquise. Et la magie dans le coin, à part être aveugle, sourd et sans odorat, impossible de la rater.

C’est à l’espace Saint-Michel sur la place du même nom qu’il m’a été donné de rencontrer une merveille, que dis-je, un tour de magie, un moment exquis, une sorte d’expérience tantrique entre un homme et un objet. Le coupable de cette orgie des sens : Luc Moullet, frère spirituel de Godard, de Rohmer, de Chabrol et de toute la fine équipe des cahiers de la bonne époque. Et c’est probablement cette fréquentation qui fait de La terre de la folie une création divine. Ces histoires criminelles saisies dans la région de Moullet, sont autant effroyables que pleines de vie.

Du sensationnel avec des morceaux de la vraie vie, entre folie, réalité et délire hypocondriaque. Une folie douce, très certainement, mais en rien repoussante  – bien au contraire. Et pourtant le sujet n’était pas facile, un peu dur même, un peu coupable, effrayant même. Dans la plus pure tradition surréaliste et du côté des meilleurs.

Et comme d’habitude, tout est dans la simplicité, dans la pédagogie abordable, dans la douceur. Encore une façon de montrer que le génie est simplicité ne font qu’un et que ce statut est non négociable.

Intelligent, drôle avec à la manette un génie au genre unique, impossible donc de passer à côté sous peine de regrets éternels. Et qu’on ne me dise pas que c’est le bordel. Oui, peut-être un peu. Mais réalisé avec ce talent-là, où est le problème ? Et quelle scène finale, un pur moment de folie qui est tout autant un bonheur de jouissance divin.

Depardon n’est pas seul, même si son frère est totalement barré. Cela fait son charme et nous embarque pour un étonnant voyage.