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Les Amis du Patrimoine rennais

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Pour accueillir l’assemblée générale des Amis du Patrimoine rennais samedi dernier, rien de mieux qu’une salle du Musée des Beaux-Arts. Pour traiter d’un sujet primordial dans une cité comme Rennes, seules cinquante personnes étaient présentes à l’invitation du président Jean-Pierre Lethuillier. Si beaucoup ont regretté l’absence des journalistes, l’un d’eux avait heureusement fait le détour pour faire état de leurs travaux en toute impartialité.

 

Pour une réunion extraordinaire, Jean-Pierre Lethuillier avait le ton de circonstance. « En un an, la municipalité a placé notre ville sur une orbite de développement urbanistique accéléré, » a-t-il déclaré devant une assistance acquise à sa cause. Loin de manier la langue de bois, le président a été particulièrement dur à l’égard de l’adjoint au maire de l’urbanisme, Monsieur Bourcier. « Je ne veux pas faire d’attaques personnelles, a pourtant déclaré monsieur Lethuillier, avec un sens de la mesure qui convient à sa fonction. Cela étant, au gré de l’assemblée générale, le mot “mensonge” revenait souvent dans sa bouche pour qualifier le comportement de certains intéressés. « Malgré notre légitimité, » a-t-il ajouté, « nous ne sommes pas consultés. Bien souvent, on apprend les choses après coup. »

Absents lors de cette table ronde du patrimoine, les élus de la ville peuvent être difficilement accablés. Tout comme, il nous serait malaisé de blâmer les journalistes d’Ouest-France et des autres journaux « qui ne passent pas leurs communiqués ». « On nous interroge uniquement sur des dossiers particuliers, » laisse entendre Michel Coignard, membre de l’association. « En revanche, nos infos passent uniquement quand il y a de la place dans les colonnes des journaux. » Une réalité qui renvoie à la question de la hiérarchisation de l’information.


On l’aura compris : de telles récriminations ne doivent pas faciliter leurs relations avec les institutionnels. Pourtant, du travail, les Amis n’en manquent pas. « Au mois de juillet, chaque jour qui passait apportait un dossier supplémentaire, » a affirmé le président. Devant la multiplication des menaces, l’association va composer cinq groupes de travail sous les intitulés suivants : Les bâtiments publics, le patrimoine paysager, le patrimoine industriel, la mémoire et la transmission mais aussi la truelle plutôt que le bulldozer.

« Nous avons besoin de peser plus lourd, » a poursuivi le président de l’association. Il leur faudra en effet du poids pour débattre de l’avenir de la Prison de Rennes, du Palais Saint-Georges (à ce propos, Unidivers persiste : quel beau lieu situé à proximité de la gare pour être reconverti en Palais des Congrès !), de l’ex-brasserie Saint-Hélier, de la conservation du poste d’aiguillage de la SNCF… Non sans oublier la sauvegarde des prairies Saint-Martin, de l’Hôtel-Dieu et de la lutte contre l’installation d’une usine bio-masse à proximité de l’écomusée…

Mais pour mener leur combat, peut-être leur suffira-t-il de convoler en justes noces avec d’autres associations rennaises, de monter des promenades découvertes dans les quartiers ou encore d’être présents sur le Web. En fait, les Amis du patrimoine sont simplement nos… amis.

La Gueule de l’emploi > Documentaire choc

Loin du film de Jacques Rouland sorti en 1974, La Gueule de l’emploi donne à voir le recrutement d’un poste de commercial dans une entreprise d’assurances. Ce documentaire de Didier Cros met à nu les mécanismes violents d’un certain monde du travail. Inquiétant.

Comment notre société occidentale en est-elle arrivée là ? C’est la question que l’on se fait, à moitié groggy, après avoir vu La Gueule de l’emploi. Dans une salle de réunion anonyme, devant un jury de recruteurs, une dizaine de chômeurs sont prêts au combat. Un seul d’entre eux aura la chance d’être recruté par le GAN pour vendre des produits d’assurance en échange d’un SMIC. Deux jours à tenter de surpasser les autres au travers de tests de personnalité éprouvants et humiliants.

Dans une posture quasi sadique et assurément odieuse, les recruteurs turent à hue et à dia les candidats. Ils s’emploient à les déshabiller puis à les déconstruire afin de les déminer, croient-ils, alors qu’ils ne font que les déshumaniser. « Pourquoi transpirez-vous ? Êtes-vous vraiment vous-mêmes ? », etc.

Didier Cros filme froidement cette arène où quelques gladiateurs d’un monde en déroute sont pressés d’être combattifs pour mieux écraser les autres, autrement dit, la concurrence.

Heureusement, dans cette corrida, ce huis clos, ce théâtre de la supercherie, certains résistent et refusent cette servitude volontaire. Pour le grand bonheur des autres restant en lice. Gérard et Julie, les deux derniers candidats, triomphent sans gloire cependant. Leur lucidité est désarmante : « On n’a pas le choix : on est obligé d’être soumis […] dans le monde désenchanté dans lequel on vit ».

Le culte de la performance commence ici. Où mène-t-il ? Pour certains, au suicide. Bien entendu, ce n’est pas grave : cela libère une place.

La Gueule de l’emploi, documentaire de Didier Cros, est passé le jeudi 6 octobre à  23 h sur Antenne 2. Il ne devrait pas tarder à être reprogrammé. Produit par Félicie Roblin et Zadig productions.

Dinard > Festival du film britannique | Tyrannosaur et L’Irlandais raflent les prix

C’était un peu couru d’avance : le Hitchcock d’or, le grand Prix du Festival du film britannique de Dinard, a été décerné à Tyrannosaur. Son réalisateur, Paddy Considine, remporte également le Prix du meilleur scénario.

Peter Mullan incarne avec brio le rôle de Joseph, un homme en proie à des démons intérieurs qui l’emporte dans une spirale de déchéance. Mais intervient Hannah, une catholique à la vie apparemment rangée. Un étonnante et subtile rapprochement va s’en suivre. Le jury a été très sensible à un film particulièrement… sensible. Emouvant, mais mièvrerie.

Par contre, c’est L’Irlandais, une comédie de John Michael McDonagh, qui décroche le Prix du public mais aussi  le Prix de la meilleure photographie et de la Règle du jeu.

Les deux films primés sont projetés aujourd’hui au Palais des Arts de Dinard.

Rennes > Ateliers du Vent | Lydia Lunch, Trunks, Laetitia Shériff

Compte-rendu de la soirée lecture + concert au Ateliers du Vent.

Après une lecture réussie devant un parterre nourri, quelques questions ont été posées par un seul intervenant à Lydia Lunch. Le concert de cette dernière nous a paru d’un intérêt relatif : une musique trop formatée au service, certes, d’une grande comédienne. En revanche, on ne peut que se réjouir du dernier album de Trunks, On The Roof, qui est aussi prenant à l’écoute qu’en live. Une plongée exploratoire dans un chaos sonore qui conduit, parfois, à des manifestations d’une totalité éblouissante. A noter la performance énergique et ironique du batteur et le charme confondant de Lætitia Shériff.

Dream house > Un cauchemar

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Éditeur à succès, Will Atenton quitte son emploi à New York pour déménager avec sa femme et ses enfants dans une ville pittoresque de Nouvelle-Angleterre. En s’installant, ils découvrent que leur maison de rêve a été le théâtre du meurtre d’une mère et ses deux enfants. Toute la ville pense que l’auteur n’est autre que le père qui a survécu aux siens.

Le réalisateur, Jim Sheridan est à féliciter pour l’énorme boulot qu’on devine derrière cette œuvre. Un scénario léché, une mise en scène de qualité et de sacrement bonnes idées (en partie repiquées, notamment, au film Les Autres).
Oui, mais voilà : malgré cela, le résultat s’avère très décevant. Trop de défauts ! Trop de défauts, et cela gâche tout. Si la partie psychologique est abordée de façon intéressante et relativement originale, tout le reste évolue en dessous du minimum.
Cette espèce de folie enivrante nous embarque pour, au final, nous perdre dans le fin fond de l’espace-temps.  Et que dire de cette fin ?  Une façon certaine de faire pénétrer l’œuvre dans sa tombe !
Taisons également le manque total de surprise d’une histoire qui se déroule en pilotage automatique. Rien n’est surprenant, rien n’est intéressant.

D’un point de vue esthétique, ce n’est guère très très beau. Des promesses gâchées par une réalisation pitoyable. A éviter.

Par ailleurs, on se demande bien par quel biais ces films grand public et grand médiocre se retrouvent avoir les honneurs du journal télévisé de 20h en France.

Le Picca enfin racheté, mais rénové ?

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Nous l’annoncions, il y a un mois, sur notre site. « Le Picca est acheté par deux restaurateurs du centre-ville », écrivait-on (voir notre précédent article). Par respect pour les affaires des deux acheteurs, nous taisions leurs noms. Désormais, la vente est officielle et les identités dévoilées. L’actuel propriétaire, René Claude Dauphin, a vendu à deux restaurateurs ; Jacques Faby (Le Cours des lices) et David Le Roux (Café de la Paix).

En rachetant cette institution, ouverte en 1836, les deux associés poursuivront l’activité de restauration sous la baguette de l’actuel chef cuisinier du Cours des Lices dès le mois de novembre. Des surprises culinaires sont attendues pour les papilles rennaises habituées au haut de gamme. En revanche, les vieux Rennais devront surveiller de près les travaux de rénovation de la salle et de la cuisine prévus en janvier 2012. Inspiré par les établissements londoniens, le décor plaisait en effet aux aficionados du haut-lieu rennais.

D’après nos confrères d’Ouest-France, une inauguration en grande pompe aura lieu en février prochain en présence de René Claude Dauphin et des élus rennais. Le montant de la transaction serait de l’ordre de deux millions d’euros, selon cette fois-ci Le mensuel de Rennes. En tout cas, une bonne nouvelle a priori pour la gastronomie et pour un haut lieu du patrimoine…

Culture et patrimoine, carton noir pour la Ville

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Moi, Jean-Christophe, journaliste (carte de presse depuis plus de 10 ans), je viens de subir un étonnant mais inquiétant affront au Cimetière de l’Est. Dans la même veine, un  photographe renommé de la place de Rennes a affirmé à notre rédaction avoir connu un semblable problème… au Thabor. Pour photographier, il semble désormais obligatoire de demander un Ausweis, pardon une autorisation, à la Mairie. Qu’est-ce à dire ? Bientôt la Municipalité demandera-t-elle aux Rennais de se fendre de quelques euros pour prendre une photo de leur propre ville ? Les fleurs porteront-elles plainte ? Patrimoine, culture et libertés ne feraient plus bon ménage…

Sachez-le, les Rennais n’ont pas le droit de photographier sans autorisation préalable leur cimetière de l’Est. Oui, celui qui abrite les anciens maires : Fréville, Janvier et les autres. Cette décision revient à un ancien journaliste de métier, Daniel Delaveau, et maire de notre ville. J’en ai fait les frais, ce matin. Alors que je souhaitais photographier les plus belles tombes rennaises, deux agents des cimetières m’ont prié de les suivre à l’accueil et de décliner mon identité.  Il va de soi que j’ai refusé poliment, prétextant ma liberté d’aller et venir en ces lieux de mémoire.

Les fonctionnaires m’ont aussitôt rétorqué qu’il existait une réglementation et que je devais tout bonnement l’appliquer. « Des familles peuvent porter plainte contre nous pour non-respect du droit à l’image, » a ajouté l’un d’eux. Ce à quoi j’ai répondu : « On ne me demande pas ma pièce d’identité quand je photographie un petit cimetière breton ou encore celui du Père Lachaise. » Naturellement, la blague n’a pas été du goût de l’un d’eux qui a fini par me sortir sa carte de police… » Vais-je me retrouver au poste pour exercice de la photographie dans un cimetière ? » lui ai-je demandé. Revenant à de meilleures considérations, il m’a simplement dit : « Nous avons des ordres. »

Je veux bien l’admettre : Mais de quel droit m’interdit-on de répertorier le patrimoine rennais ? La société devient-elle folle au point de réglementer ce genre de pratique ? J’ai bien peur en revanche que la la municipalité pousse un peu loin le bouchon, en voulant tout savoir sur tout et en voulant tout réglementer. Même les projets professionnels qui sont après tout de mon ressort et de ma conscience…

Marie Darrieussecq aux Champs libres

Marie Darieussecq est au cœur de nombreuses polémiques. Polémiques qu’elle semble affectionner. En 1996, Truismes, son premier roman, a rencontré un  succès certain. Ce roman raconte l’histoire d’une jeune fille lentement transformée en truie. D’après Libération (29 août 1996), « Le thème de la métamorphose n’est pas vraiment nouveau dans la littérature…Mais sur ce thème, l’auteur varie avec audace, humour et crudité. » A  contrario, Pierre Jourde dans son pamphlet La Littérature sans estomac, ne craint pas d’écrire : « Truismes est une petite crotte desséchée, affectée de tous les tics de style contemporains. Ça se voudrait méchant, c’est très bête. »Vous l’aurez compris les avis sont contrastés. Celui de Jean-Christophe qui délivre le billet suivant, à l’occasion de sa venue à Rennes, n’y fait pas défaut.

Marie Darrieussecq tiendra une conférence le samedi 8 octobre, à 15 h 30, aux Champs libres, dans la salle Hubert Curien. Nul doute qu’ils seront nombreux les Rennais à rendre hommage à la papesse de l’écriture brouillonne. L’élève brillante en lettres qu’elle fut aux dires de ses critiques s’est aujourd’hui transformée en une écrivaine, certes connue, mais illisible.

Reprenez Truismes écrit en 1996 et finaliste du Goncourt la même année. Allongez-vous sur votre canapé et commencez à lire. Outre son histoire à dormir debout (une femme qui se transforme en cochonne), le roman flirte avec le galimatias littéraire. À la 50e page, personne n’y comprend plus rien et à la 100e, l’ouvrage tombe des mains.  Difficile de s’avaler les 50 restantes.

Depuis, la jeune femme publie à tire-larigot des ouvrages intimistes et appréciés par ceux qui aiment l’épopée du « tu m’as lu, je parle de moi »… En France (Paris en tête), ils sont ainsi nombreux à écrire pour leur nombrilisme, faute de raconter des épopées ou de structurer une pensée. Certes, Marie Darrieussecq aime à donner le meilleur rôle à ses personnages féminins. Certes, cette psychanalyste tente de décrire les symptômes de la disparition, de l’absence. Mais il y a un je-ne-sais-quoi qui chez elle ne passe pas. Bref, on n’ira pas la voir samedi prochain aux Champs libres. Libres à vous de vous y rendre pour saluer le travail du nouvel équipement culturel qui se décarcasse à organiser des évènements littéraires.

Concert de clôture – Festival Cordes en ballade Palais des Évêques (16 rue Poterne, 07700 Bourg-Saint-Andéol) Bourg-Saint-Andéol

Concert de clôture – Festival Cordes en ballade Palais des Évêques (16 rue Poterne, 07700 Bourg-Saint-Andéol) Bourg-Saint-Andéol Dimanche 16 juillet, 15h00

Festival Cordes en ballade c’est du 4 au 16 juillet dans les plus beaux lieux d’Ardèche et en compagnie d’artistes d’exception. Une programmation riche orientée autour des cordes pincées du monde ! Dimanche 16 juillet, 15h00 1

Pour marquer l’aboutissement de 10 jours de travail, l’Académie d’été vous invite à écouter ses jeunes talents lors d’un grand concert de clôture ouvert à tous, au Palais des évêques, joyau du patrimoine ardéchois (classé au titre des Monuments historiques). Un dernier moment de musique pour conclure cette 24e édition qui vous réserve de belles surprises !

Palais des Évêques (16 rue Poterne, 07700 Bourg-Saint-Andéol) Bourg-Saint-Andéol (07700) Bourg-Saint-Andéol 07700 Ardèche

Barbie se plie aux désirs de Ken et de… Greenpeace

 Mis en cause par une campagne de l’ONG, qui l’accusait d’utiliser des emballages issus de la déforestation, Mattel, le fabricant de la poupée planétaire, s’est résolu à changer de fournisseurs et à utiliser papier et carton recyclés.

 Pour être emballée dans une jolie boîte, Mattel sacrifiait les forêts indonésiennes, notamment, des régions abritant les derniers tigres et orangs-outans de Sumatra. L’entreprise s’approvisionnait en papier d’emballage auprès d’Asia Pulp and Paper, entreprise tristement célèbre pour son impact destructeur sur les forêts. Greenpeace a lancé une campagne virale sur internet qui vient de porter ses fruits (même si certains pourront lui reprocher un Ken par trop caricatural et un humour somme toute peu percutant). Bon, à quand une Barbie deep… ecologist ?

Suite à la publication de la présente brève concernant la décision de Mattel d’éviter les sources de fibres controversées, Asia Pulp & Paper a souhaité le 11 octobre exprimer sa position :

« Asia Pulp & Paper félicite Mattel de son engagement en matière de recyclage, de légalité du bois, de protection des Forêts à Haute Valeur de Conservation, de respect des droits des populations locales et de ses procédures solides de certification et d’audit. Ces principes reflètent entièrement la philosophie et les engagements environnementaux d’APP et nous sommes ravis de voir un fabricant mondial de jouets les adopter également.

D’ailleurs, APP soutient toute certification crédible sur le secteur. En revanche, nous encourageons fortement les entreprises à ne pas limiter leurs politiques d’approvisionnement à un seul standard, en l’occurrence FSC, qui discrimine les produits indonésiens et ceux en provenance d’autres marchés en développement. APP soutient les politiques qui protègent à la fois l’environnement et le revenu vital que reçoivent les pays en voie de développement grâce à l’industrie du papier. »

Mort d’un bouddishte célèbre Steve Jobs | 5/10

Steve Jobs a créé une entreprise et une culture d’entreprise sans égales dans le monde. Et la célébrité d’Apple est, avant tout, le fruit de sa capacité de commandement (autoritaire) et de sa créativité. L’ensemble de ces facteurs et compétences est bien entendu le fruit de ses expériences et de sa construction existentielle. Cette dernière a été marquée par sa rencontre avec le bouddhisme.

Né en 1955 à San Fransisco, d’un père syrien musulman et d’une mère américaine, il a tôt été adopté (sa sœur biologique n’est autre que la romancière Mona Simpson). Il a grandi dans la contreculture hippie, version Bob Dylan et Beatles mâtinée de LSD. Pour la petite histoire, le nom de sa société lui aurait été inspiré par le label de ces derniers (la fameuse pomme verte). Comme eux, Jobs a fait retraite en Inde. Et de retraites en méditations, ce nouveau végétarien s’est converti au bouddhisme zen. C’est du reste un moine bouddhiste qui a célébré son mariage avec Laurene Powell.
« La vie est forme vivante », affirmait-il. C’est en suivant le concept de renaissance qu’il s’est attaché à relancer une entreprise au bord de la banqueroute. À la fois visionnaire et despote, le désir spirituel de Steve Jobs qui aura orienté son oeuvre tient en quelques mots qu’il confia au magazine Businessweek en 2004 : « Chacun doit agir là où il peut à l’évidence apporter quelque chose d’important ».
Prétexte que le maître de l’entreprise la plus chère du monde ne semble, quant à lui, n’avoir que peu mis en pratique en matière de charité et de philanthropie.


[VOSTFR] Steve Jobs Stanford Commencement… par Cladouros

Philippe Denis, Petits traités d’aphasie lyrique

Mon art – l’art de lier au fumet du mot juste
les sucs de l’inaudible.
Petits traités d’aphasie lyrique, p. 48

L’arbre était là… J’avais bien quelques certitudes quant à son nom. Mais que sont les noms ? Quel savoir se dissimule derrière leur attribution ? Puis on n’en change pas comme de chemise ! Et en changerait-on que la mue ivoire n’arrêterait en rien les reptations de nos identités lacunaires.
Je m’égare. L’arbre était donc là…
Que d’aises offertes à tout vent ! Il y a quelque chose en lui du clavecin, une palpitation, un égrènement orangé. Son nom est répertorié, abîmé – une banquette élimée de l’Orient-Express. Son nom est roide, militaire, poussiéreux.
Sur d’autres continents son fruit est noir, insipide ou presque ; immergé pendant vingt ans dans un bocal, il en sort des pandémies qui, en d’autres temps, faisaient la joie des enfants.
Celui-ci ne portait aucun fruit.
Je suis certain qu’il est célébré sur les contreforts aristocratiques de l’Himalaya. Qu’il est un adjuvant universel, qu’il adoucit les thés nicotineux dans des verres tulipe et que la main d’Hermès a tremblé comme jamais devant l’occasion du forfait.
Son nom, chez nous, le kaki (…)

                   Petits traités d’aphasie lyrique, pp. 74-75

Yves Bonnefoy écrit dans sa préface à Nugae : « Il y a chez Philippe Denis de livre en livre quelque chose comme un journal du regard errant par le monde, lui-même parlant volontiers de cahiers, de notes pour qualifier ses écrits. » Les Petits traités d’aphasie lyrique n’échappent pas à la règle. S’y mêlent notations, haï-ku, traductions, poèmes plus amples (en prose) célébrant le pays où il vit. Il s’agit toujours de rendre compte d’un enseignement : celui que prodigue chaque jour l’attention aux choses du monde ou, lorsqu’il s’agit de langage, à une langue encore perçue comme étrangère.
« Apprends-moi à parler pierre », écrivait le poète allemand Johannes Bobrowski. « Nous nous entichons d’un galet qui exalte nos dons d’aphasie lyrique », dit à son tour Philippe Denis.
La poésie naît quand la phrase se porte au-delà d’elle-même, au-delà des mots, rejoint le monde muet : « La langue : la toiture. Écrire pour soulever la toiture. » La langue lui rendrait-elle aussi ce sentiment de picotement que l’enfant éprouvait en posant la sienne sur les pôles opposés d’une pile électrique ? Une belle image de ce que peut être le langage revivifié par l’art du poète.

Les picotements que me procuraient
les languettes de cuivre
des piles usagées
c’est eux
page après page
que je cherche à retrouver
au contact d’un verbe
qui,
à lui seul,
peut court-circuiter
la différence des opposés.

Petits traités d’aphasie lyrique, « alla breve », 7, Le Bruit du Temps, 2011

Chants d’Andalousie – Festival Cordes en ballade Église Saint-Louis (131 Place du Jeux de Paume, 07170 Villeneuve-de-Berg) Villeneuve-de-Berg

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Chants d’Andalousie – Festival Cordes en ballade Église Saint-Louis (131 Place du Jeux de Paume, 07170 Villeneuve-de-Berg) Villeneuve-de-Berg Lundi 10 juillet, 21h00

Festival Cordes en ballade c’est du 4 au 16 juillet dans les plus beaux lieux d’Ardèche et en compagnie d’artistes d’exception. Une programmation riche orientée autour des cordes pincées du monde ! Lundi 10 juillet, 21h00 1

Artiste plurielle, Amel Brahim-Djelloul a réussi le double pari de se rapprocher de ses origines algériennes et kabyles et de toucher un public plus large grâce à la création de ce concert unique en son genre, principalement constitué de musiques méditerranéennes d’origine andalouse, en étroite collaboration avec son frère, Rachid Brahim-Djelloul, violoniste et musicologue. Cette soirée nous emmènera à la découverte des divers styles de musiques qui ont émané de l’histoire de l’Andalousie : arabo-andalous, judéo-espagnols, turcs, grecs, kabyles… Reconnue par le monde de la musique comme l’une des plus grandes figures de la scène française, Amel Brahim-Djelloul est l’invitée d’honneur des Cordes en ballade. Elle vous offrira un magnifique parcours au sein de cette région cosmopolite, composite, polyethnique, multiculturelle et multireligieuse, qui fut un « tissage coloré » des traditions nord-africaine, ottomane, et occidentale. La Kabylie et l’Andalousie ne vous auront jamais semblées être aussi proches !

Église Saint-Louis (131 Place du Jeux de Paume, 07170 Villeneuve-de-Berg) Villeneuve-de-Berg (07170) Villeneuve-de-Berg 07170 Ardèche

Los Herederos > Les Enfants héritiers

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Dans les campagnes mexicaines, c’est au sortir de l’enfance que l’on commence à travailler. Ces jeunes, comme leurs ancêtres, sont pris dans un combat quotidien pour survivre. Histoire d’une pauvreté dont on hérite. De génération en génération.

Cette œuvre, humaniste dans sa totalité, est un joli regard sur ces enfants étrangers qui n’ont d’avenir que dans le fait d’avoir un travail. Et cela, le documentaire l’explique d’une bien jolie façon – sans pathos, sans misérabilisme. Tout en douceur, la réalité est montrée, exposée, délivrée.
La façon dont il se raconte est totalement subtile : aucun commentaire ne vient parasiter l’image et la sensation. Seul le sentiment vibre comme pour mieux toucher sa cible : le cœur du spectateur.
On a, d’un côté, ces victimes qui s’exposent, tels des martyrs qui n’ont pas d’autres choix pour survivre que de vivres de labeurs à la place d’apprentissage. De l’autre, en parallèle, est montrée cette vie, cette énergie à rester joyeux et vivant malgré tout. Et c’est bien cela qui donne une envergure poétique à ce film, une poésie parfois indignée, parfois émouvante, mais toujours d’une justesse inébranlable.
Et quand l’œuvre se déroule dans cet esprit là, on touche au sublime. Chaque moment est une jubilation, une farandole, une roulade et surtout une jouissance.
Le tout se faisant dans une simplicité noble, délicate, enivrante. Une ode, un hommage.
Et comme d’un point de vue technique on est aussi dans le limpide…
Lao Tseu disait que l’enseignement suprême se fait dans le silence, ici ce n’est plus la parole qui le démontre, mais l’image.
Un film totalement solaire qui, s’il ne confine pas au chef d’œuvre, s’avère tout de même utile, indispensable et radieux.
Oui, oui, oui et oui !

Education, Armand Bernardi (entretien)

Armand Bernardi est auteur, réalisateur et producteur. Dans les nombreux travaux qu’il a réalisés, on notera Danse avec Kâli, Star Ac à Kaboul, Les Musées de la Mémoire et la remarquable série documentaire Faire Face. Unidivers lui a demandé de répondre à quelques questions pour comprendre à quels constats et solutions cette dernière l’avait conduit. Un entretien à l’image de l’homme : sans compromis.

Armand Bernardi, quelle est l’origine de cette série et de sa diffusion ?
Nous avons choisi ces thèmes à partir des rencontres organisées par la Ligue de l’enseignement et Milan Presse auprès d’environ 12 000 enseignants, de 2007 à 2010 dans de nombreux IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres). Ces thèmes ont été abondamment discutés. Nous les avons filmés entièrement. Nous avions donc une vision assez profonde des sujets avant d’entreprendre la réalisation de la série « Faire Face ».
« Faire Face » a été diffusée sur Cap Canal, chaine TV consacrée à l’éducation. L’audience de cette chaine étant trop étroite, nous avons décidé de diffuser plus largement la série sous forme de coffrets de 6 DVD auprès des écoles, collèges et bibliothèques de prêt.
La diffusion progressive par les bibliothèques montre que des parents s’inspirent de ces films pour réfléchir sur ces « fondamentaux » de l’éducation. La série se diffuse avec un succès croissant, un peu grâce au soutien de personnalités du « monde de l’éducation » (Claude Lelièvre, Philippe Meirieu, Cahiers Pédagogiques, Lien Social, Éducation Magazine…) et surtout grâce à un phénomène de propagation auprès des parents par divers réseaux. Il n’y a pas eu de promotion par les medias ; nous n’avons d’ailleurs pas cherché à les contacter (à part vous en raison de votre ligne éditoriale). De fait, les médias n’ont tendance à s’intéresser à l’éducation que pour relater un évènement violent à l’école, la baisse des budgets et les classes qui ferment !

Quel est actuellement le rôle de l’éducation républicaine dans la construction de l’identité individuelle de l’enfant ?
L’identité individuelle d’un enfant ? Au cours du tournage de ces films dans les collèges et lycées, j’ai vu des jeunes êtres se définir d’abord par la marque de leurs chaussures, le quartier où ils vivent, le téléphone portable qu’ils utilisent, leur page Facebook, etc. Je plaisante à peine. La première définition donnée d’eux-mêmes est terriblement matérialiste. Ensuite, bien entendu, en parlant, avec le temps, une individualité commençait à percer. Mais qui est présent à leur côté pour faire éclore cette « identité individuelle » ?  Les parents n’ont pas le temps. Quant aux enseignants, ils sont au service de programmes de gavage qui sont de plus en plus chargés dès le cours élémentaire.
Autant le dire tout de suite, j’ai du mal à parler des notions élevées qui ont rapport à l’Etre en me cantonnant aux termes réducteurs employés par la pensée matérialiste, psychologisante ou sociologisante. Je pense même que c’est impossible. Il faut utiliser pour cela un langage transcendant. Un catholique (éveillé) dirait que le processus d’individualisation est le chemin qui va vers l’accueil du Christ en soi. Ma démarche, ma ligne de vie, étant celle des « Compagnons du devoir », je dirais que la graine ne pousse pas seule. Il faut la protéger, la soigner, l’arroser, la tailler… pour qu’elle donne naissance à un nouvel arbre.
L’identité individuelle d’un enfant, c’est pour moi cet arbre à venir et qui est pourtant déjà là – en germe. Pour un Compagnon du devoir, la pierre qu’il est en train de tailler comporte déjà, en elle et de manière consubstantielle, la pierre parfaitement taillée. À lui de la retrouver. Ce retournement de la loi de causalité est un mystère. Ce n’est pas évidemment pas « la pensée unique » d’aujourd’hui qui permet d’enseigner cela à un adulte en charge d’éduquer. Ces notions-là ne se comprennent plus ; d’autant qu’il faudrait montrer la différence entre le terme « individualisation » et celui d’« individualisme » – l’un est combattu par la société actuelle, l’autre est valorisé.

Certes, mais quel regard portez-vous sur l’évolution de l’éducation républicaine ?
L’école de la République fut construite par les instituteurs. Certains étaient des « mangeurs de curés ». D’autres, tel Jean Macé (fondateur de la Ligue de l’enseignement), étaient des idéalistes à la fois laïques et inspirés. Ces êtres illuminés par leur vie spirituelle voyageaient d’un bout à l’autre de la France en fédérant d’énormes volontés et énergies. Il faut savoir tout de même que la Ligue de l’enseignement a été créée en quelques années à peine alors que le téléphone et internet n’existaient pas ! C’est le ventre creux et le cœur plein d’idéal qu’ils avançaient. Aujourd’hui, la Ligue de l’enseignement gère ses avoirs et ses employés…
L’éducation de la République aussi fait de la gestion. Au cours de ces tournages, j’ai rencontré des milliers d’enseignants pour la plupart désemparés (c’est bien pourquoi ils assistaient à ces rencontres). Le thème qui les motive prioritairement est celui de l’autorité, ils ne l’ont plus ! Ensuite vient le thème des inégalités. Quant aux autres fondamentaux de l’éducation, ils leur semblent accessoires tant ils vivent dans l’urgence.
Dans l’Histoire de la République, les enseignants se sont transmis un savoir-faire, une philosophie de vie et de travail de génération en génération. Cette transmission était si forte qu’elle était même opaque aux changements politiques et gouvernementaux. Depuis 10 ans environ, pour la première fois dans l’histoire de la République, cette transmission a été coupée. La transmission des valeurs humanistes et républicaines aussi…

Alors quel devrait-être le rôle de l’éducation dans la construction de l’identité individuelle ?
Aucun. La réponse paraît brutale, mais nous n’avons plus le temps de finasser. L’éducation républicaine telle qu’elle s’est affinée en un siècle est morte. Elle n’accepte plus la dimension spirituelle nécessaire pour faire grandir un enfant. Le mot « spirituel » est devenu dangereux, banni.
Employez-le dans une réunion à laquelle assistent des responsables institutionnels et vous êtes immédiatement catalogué. C’est ainsi, les tenants de la pensée unique sont assis sur leur quant-à-soi. Si je devais retenir une épitaphe, ce ne serait pas la phrase d’un grand sage, mais celle de Pierre Etaix qui fut un clown, un cinéaste et un magicien : « Au salon de l’auto satisfaction, il y avait foule ». De tout temps, la majorité s’est assise sur une autosatisfaction stérile. Or, l’enfant grandit grâce à ses questions et non des réponses. Einstein disait : « La chose importante est de ne pas cesser de s’interroger sur sa propre raison d’exister ». C’est ce que raconte l’épisode « Face aux rêves et aux sciences ».
On voit bien qu’en matière d’éducation, il ne s’agit plus de faire confiance ni aux politiques ni aux spécialistes. Élever un enfant dans cette époque troublée est difficile, ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Élever un être humain signifie littéralement le placer « plus haut que soi ». Il y a donc quelque chose de l’ordre du sacrifice dans l’éducation d’un enfant. « Sacrifice » signifie « rendre sacré ». C’est bien en veillant à rendre son enfant meilleur que soi que l’on se tire soi-même par le haut…
Il paraît vain d’attendre quelque chose de l’actuelle République (si tant est qu’elle en soit toujours une). Les républiques ne durent jamais dans l’Histoire. Ce sont des fleurs fragiles qu’il convient d’entretenir constamment. Leur mort est suivie par des périodes de régression, elles-mêmes suivies par des moments d’évolution. Pour le moment, l’opposition est trop forte, il faut attendre. « Le vent se lève, il faut tenter de vivre », disait Paul Valéry…

Précisément, quelles forces s’opposent, selon vous, à une bonne éducation ?
Dans toute vie, il y a toujours quelque chose qui nous empêche d’évoluer et que nous devons dépasser. Dans l’éducation actuelle – donc, dans les 6 films de « Faire Face » –, l’ennemi est ce qui sape l’autorité, ce qui crée la dépendance aux images, etc. C’est toujours le même ennemi : la société de consommation.
« Consommer, c’est un gros mot, ça veut brûler, cramer… »
dit Xavier Pommereau, psychiatre hospitalier pour enfants et adolescents. Robin Renucci évoque aussi l’archétype de la « mère dévorante » qu’est cette société de consommation. Cela relève de la métaphysique. Cela montre que notre époque n’est pas unique dans l’Humanité, même si elle est particulièrement terrible.
Prenons le problème de la perte d’autorité. Au début d’une civilisation, c’est la caste sacerdotale qui détient l’autorité. Puis elle la perd au profit de celle des militaires. Ensuite, ceux-ci la laissent aux artisans (aux gens de métiers). Enfin, l’autorité passe aux mains des marchands. Nous en sommes là aujourd’hui. Qui en pratique possède l’autorité sur les enfants ? C’est la consommation.
Je me souviens d’une scène dans un grand magasin d’informatique. À un rayon où était exposé un tout nouvel ordinateur se tenaient à la fois un jeune prêtre, un adolescent couvert de tatouages et une jeune femme arborant un badge Ecologie EELV. Eh bien, ils avaient tous les deux la même fascination pour ce nouveau machin, les mêmes tics nerveux. Ces trois-là avaient le même dieu : l’informatique. Le reste n’était qu’apparence…
Les chrétiens nomment cet appel vers le matériel le diable. Il singe Dieu, il ment et il fait en sorte qu’on l’oublie. Chez les Compagnons, on appelle cela la force d’involution qui est inhérente en toute création, soumise à la gravitation. Les choses naissent parfaites, puis se dégradent (d’où de nombreuses légendes et le mythe des quatre âges d’or, d’argent, d’airain et de fer). Quels sont les adultes qui acceptent cette vérité puissante qui veut que le matériel se dégrade mais que l’Homme peut y résister ? Pourtant, un enfant le comprend très bien, il est né pour se tenir debout et se construire comme un temple.

Opérez-vous un distinguo entre transmettre de la culture et diffuser un sentiment de culture (un sport où excellent malheureusement une part non négligeable des élus et des médias) ?
« Sentiment de culture » sonne à mon oreille comme « semblant de culture ». C’est un processus de marketing permettant d’enfermer un être dans une bulle composée de produits de consommation déguisés en contenus culturels. Les basses de données informatiques sont devenues assez sophistiquées pour le permettre.
Rien à voir donc avec une transmission culturelle qui éveille chez l’enfant sa curiosité de façon libre et indépendante. Dans l’épisode « Face aux inégalités », Axel Kahn raconte que la plupart des communistes en France depuis l’après-guerre jusqu’aux années 70 s’informaient beaucoup, se cultivaient, allaient au théâtre. Cette culture a rendu leur militantisme efficace dans de nombreux domaines. La société de consommation et de productivité mécanisée n’a pas besoin d’enfants cultivés, ce n’est pas rentable et contre-productif.
C’est maintenant la culture historique qui est visée à l’école. Le temps consacré aux cours d’Histoire diminue. Dans les nouveaux programmes, le régime de Vichy devient une simple négation de la République ; Gambetta, Ferry et Hugo virés ; la Commune de Paris évacuée ; rien entre la chute de l’Empire romain et Charlemagne… Il y a une logique dans cette manipulation de la culture historique. Laquelle ?  C’est à méditer.
À cette époque où l’enfant a le sentiment d’avoir accès à toute la culture possible, il est fondamental de l’aider à re-connaître sa ligne de recherche. Or, celle-ci ne peut émerger qu’en interaction avec son intériorité. L’objectif : « apprendre à apprendre », c’est-à-dire « apprendre à se faire grandir soi-même ». En effet, l’enfant devenu adulte, il est destiné à devenir à la fois la plante et celui qui l’arrose. (À noter que l’âge intermédiaire de l’adolescence n’existe dans aucune société traditionnelle, c’est une invention de notre société de consommation.)
Qui plus est, il y existe à l’évidence un lien entre spiritualité et expression artistique. Les Compagnons ne croient pas à l’imagination artistique telle qu’on l’entend communément. Exprimer un Art consiste à laisser passer à travers soi l’œuvre de la Création, laquelle est assez vaste pour permettre une infinité d’œuvres. La culture et l’art ne servent à rien si elles ne font pas descendre et remonter les lois de la création. Apprendre cela à un enfant, c’est lui faire comprendre qu’il peut mener sa vie, quel que soit son métier, comme une œuvre d’art.

Quelle dimension spirituelle commune et partagée pourrait, à votre sens, enrichir le système éducatif aujourd’hui ?
Dans « Face aux images » et « Face aux rêves et aux sciences » est abordé le thème du SAVOIR et du CROIRE : ce qui est du domaine des croyances ou des connaissances dans l’éducation. Sujet important chez les enseignants (la presse n’en parle pas) puisque très souvent des enfants se mettent à défendre des thèses créationnistes. Dans les classes de SVT par exemple, des élèves remballent le professeur en déclarant que l’âge de la terre est de 6000 ans. Ces pauvres professeurs ne savent plus comment répondre, si ce n’est en défendant leur propre croyance en la science positiviste.
Dans le film n°3, un publicitaire – à la fois clairvoyant et cynique – démontre que chez l’homme normal (sous-entendu non évolué), le CROIRE l’emporte largement sur le SAVOIR. Il donne l’exemple de la bourse : les gens achètent des actions car « ils croient » que les cours vont monter ; ils n’en ont pas de preuve rationnelle, ils le croient. Tout est à l’avenant. Les nations se bâtissent sur des croyances parfaitement définies, les Etats-Unis d’Amériques en fournissant un parfait exemple. Les adultes font grandir les enfants dans ce qu’ils croient être bon. Le SAVOIR vient donc communément après le CROIRE. Il s’adapte à la croyance et la défend jusqu’au bout… Jusqu’à ce que celle-ci tombe d’elle-même.

Dans ces conditions, comment envisager une dimension spirituelle « partagée » ?
Actuellement, les croyances religieuses intégristes semblent s’affronter aux croyances matérialistes, sans qu’aucune ne délivre la « dimension spirituelle » nécessaire à faire grandir l’enfant. Cette dimension-là que l’homme cherche (ou doive chercher) est à la fois fragile et puissante comme la sève de l’arbre. Je crois qu’elle s’appelle Philosophie, et plus encore, Métaphysique.
Le long-métrage « Ce n’est qu’un début » (de Jean-Pierre Pozzi & Pierre Barougier) montre des enfants de maternelle faisant de la philosophie. Les parents devraient écouter leurs progénitures comme s’ils étaient de grandes personnes. Ma fille à 8 ans comprend des notions philosophiques d’importance : la différence entre l’in-fini et l’in-défini, la dimension de l’Amour, la notion de Liberté, le père Noël qui existe si elle y croit et qui n’existe pas si elle n’y croit pas ; le Christ considéré comme un mythe mais qui peut venir ici et maintenant si elle le veut. En somme, elle apprend à mettre sa foi en quelque chose pour que cette chose arrive. Quelle liberté pour un enfant !  Nous ne sommes pas des parents exceptionnels. Nous savons simplement que, d’un côté, cet enfant vient du Créateur, c’est pourquoi nous l’écoutons humblement; d’un autre côté, il découvre ce monde, c’est pourquoi nous le guidons fermement.

À quelle philosophie, mieux, à quelle métaphysique vous référez-vous ?
Que signifie la véritable philosophie ? Celle d’avant Kant ? Pour faire court, l’Amour de la Sagesse permet de penser et d’agir de façon conforme au Créateur. Ni plus, ni moins !  C’est la Métaphysique, avec des symboles, des archétypes, une haute science. Seule la Métaphysique peut se partager entre les peuples, croyants ou non-croyants (à condition que ceux-ci sachent « courber la nuque » dit la Thora, c’est-à-dire admettent un principe créateur). Le point commun à toutes les spiritualités authentiques est la Métaphysique qui, elle, est universelle.
Les adultes doivent d’abord apprendre cette Métaphysique pour pouvoir la transmettre à leurs enfants. À la différence des savoirs enseignés aujourd’hui, cette Connaissance possède plusieurs niveaux de compréhension, du plus simple au plus complexe. Elle fait appel à la fois à la pensée intuitive et analytique. À ce titre, elle est hyper-rationnelle puisqu’elle met l’Humain au centre.
Je prends un exemple tout simple parmi d’autres. Il s’agit de cette loi très ancienne, dont personne ne se souvient. Elle traite de l’enchainement « mobile – cause – effet – conséquences ». Cette loi se vérifie à l’échelon le plus simple comme le plus complexe. Elle démontre que tout acte provient d’un « mobile », lequel entraine une « cause » laquelle provoque une « effet » et se termine par des « conséquences ».
On a retrouvé des traces de cette loi dans le Code d’Hammurabi de Babylone. L’école de magistrature l’enseigne encore (sans capter sa dimension métaphysique). En effet, c’est en suivant scrupuleusement ce processus de la pensée qu’un juge détermine le motif d’un fait criminel, si celui-ci était prémédité ou non. Selon le motif, la sanction est très différente…
Cela posé, j’en viens à un exemple d’application dans la vie quotidienne à l’école. L’autre jour, je vois une maîtresse en train de punir une élève à la peau claire parce que celle-ci avait tenu des propos racistes à une petite africaine. La maîtresse récitait un texte de morale républicaine. Conséquences : ces deux fillettes qui étaient de bonnes copines avant cet incident se détestent aujourd’hui. Si cette maîtresse avait eu du bon sens (ou un peu de métaphysique au ventre), elle se serait demandé si les propos racistes étaient un « motif » ou un « effet ». Dans le premier cas, il s’agit effectivement d’une faute grave, inhérente à la nature humaine, ce que je ne crois pas chez un enfant de 8 ans. Dans le deuxième cas, le motif est ailleurs, il faut le chercher. Si cette maitresse l’avait fait, elle aurait compris qu’il n’y avait aucun racisme dans cette affaire. Le motif était « une banale jalousie d’enfant » ; la cause « des paroles racistes que la fillette blanche avait entendu dans son entourage »: l’effet « n’importe quoi d’assez fort afin d’exprimer cette jalousie »; la conséquence « une inimitié durable ». La maitresse aurait du juger une banale jalousie d’enfant et non une attitude raciste.
La Métaphysique peut paraître complexe si on ne l’apprend pas. Elle est un réflexe si on est éduqué avec. Pas plus difficile à apprendre que la lecture d’une carte pour se diriger. Le bon sens n’est pas naturel, il s’apprend et il se transmet.

Mais alors, direz-vous que vos films sont pessimistes ?
Pas du tout. La crise de sens est grave, les universitaires et les institutions religieuses ne sont que d’un piètre secours, les médias et les politiques sont borgnes comme l’était Rome à la veille des grands bouleversements, l’éducation est un immense chantier à l’abandon…
Qu’importe, il appartient à chacun d’être comme la sève de l’arbre. L’écorce vieillit, puis pourrit. Il ne nous appartient pas de décider « quand » et « où » la civilisation refleurira. Nous avons seulement à transmettre cette sève toujours vivante. C’est le plus beau combat qu’un être humain puisse mener.
Je suis en train de raconter et expliquer à ma fille « Le Seigneur des anneaux ». Frodon contient à l’intérieur de lui-même tous les personnages : Aragon, le Golum, les démons. Je m’identifie à Frodon, je me lance dans ce combat avec une joie incroyable, et elle aussi !

Propos recueillis par Nicolas Roberti

Manuscrits de la mer morte > En ligne sur internet

Deux mille ans après leur rédaction et cinquante ans après leur découverte dans le désert de Judée, des manuscrits de la mer Morte sont consultables en ligne depuis lundi 26 septembre. En une semaine, plus d’un million d’internautes ont déjà eu recours à ce service.

 Le musée national d’Israël et Google s’emploient à rendre accessible sur Internet cette collection de textes bibliques et apocryphes, acquis par l’Etat hébreu entre 1947 et 1967.
Cinq manuscrits ont été publiés lundi, dont le livre d’Isaïe. Le procédé mis en place par Google autorise à chercher un passage dans le texte et de le traduire en anglais.
Les mois prochains verront la mise à disposition progressive d’une édition quais complète des manuscrits. Ce qui permettra une meilleure conservation des originaux qui ne sortiront des réserves qu’à titre exceptionnel.
Les manuscrits de la mer Morte, également appelés manuscrits de Qumrân, sont une série de parchemins et de fragments de papyrus juifs rédigés aux environs du Ier siècle av. J.‑C. et retrouvés en 1947 et pendant les années qui suivirent dans des grottes se trouvant à proximité du site de Qumrân, alors en Transjordanie.
La découverte officielle de ces 900 manuscrits a été faite entre 1947 et 1956 dans onze grottes. Les manuscrits bibliques hébreux de la mer Morte sont antérieurs de plusieurs siècles aux plus anciens textes connus jusqu’alors et présentent un intérêt considérable pour la science biblique.
Ils ont été fréquemment attribués, mais sans preuve définitive, au groupe des Esséniens.
La découverte majeure de Qumrân est le rouleau d’Isaïe A, devenu mondialement célèbre. C’est le plus ancien manuscrit hébreu complet connu d’un livre biblique : le Livre d’Isaïe. Le texte est écrit en 54 colonnes sur 17 feuilles de cuir cousues ensemble bout à bout, d’une longueur totale d’environ 7,30 m. Il a été confectionné au IIe siècle av. J.‑C.

15ème édition du festival Rues d’été place Jourdaiin, Graulhet 81300 Graulhet

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15ème édition du festival Rues d’été place Jourdaiin, Graulhet 81300 Graulhet 7 – 9 juillet

Pour sa 15ème édition, le Festival de Rues d’été vous attend nombreux ! Le cirque, le théâtre et la musique animeront les rues et les berges du Dadou. 
Venez profiter de 3 jours de festivités ! 7 – 9 juillet 1

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Le Festival de Rues d’été vous attend nombreux les 7, 8 et 9 juillet 2023 à Graulhet ! 
Pour cette 15ème édition, plus de 30 compagnies vous proposeront du cirque, du théâtre de rue et de la musique !
Nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer les compagnies H plus H, Le vide, les Décatalogués, Nokill, Circ’O Dadou, Muerto Coco, Facile d’excès et la Compagnie du Vide mais les concerts de 5 Marionnettes sur ton Théâtre, Apple Fizz ou Rayon Gaïa.
Le Festival accueillera également durant ces 3 jours, de nombreuses compagnies OFF qui animeront les rues de la ville et les berges du Dadou. Le programme détaillé vous sera dévoilé prochainement sur nos réseaux sociaux.
L’an dernier près d’une centaine de bénévoles ont fait vivre le festival, des habitants ont hébergé les artistes … Et cette année encore, nous avons besoin de vous pour cette nouvelle édition. Si vous souhaitez participer à cette belle aventure, n’hésitez pas à nous contacter ( benevoleruesdete@gmail.com) pour célébrer les arts de rue et l’été !
7 juillet à partir de 19h, 8 et 9 juillet à partir de 15h, Participation libre, buvette et restauration sur place .

place Jourdaiin, Graulhet 81300 place Jourdain, Graulhet 81300 Graulhet 81300 Tarn

Brest > Les larmes amères de Petra von Kant | 4-5/10

Petra von Kant est dégoutée des hommes et tombe amoureuse d’une superbe jeune femme qu’elle prend pour élève. Par ailleurs entourée de sa mère, sa fille, sa servante , elle s’abandonne à l’amour et se tue d’en avoir trop. C’est en effet bien de l’amour que traite Fassbinder, d’un amour ravageur donné, mais qui se révèle très vite le fléau des âmes.
Du lever au coucher, du coup de foudre à la déraison, Fassbinder nous conduit sur les traces de l’amour que portera Petra von Kant à Karine. Cette folle histoire d’amour nous mènera de la passion à la distance, de l’absence de l’autre à la satisfaction des pulsions les plus fondamentales : la nourriture, le sexe et l’ivresse de l’esprit.
Après le succès du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, présenté en octobre 2010,  Philippe Calvario crée Les Larmes amères de Petra Von Kant à la Passerelle, une pièce sur les ravages d’une passion car, dit-il : Petra veut transmettre quelque chose à Karine. Petra est faite de la même étoffe qu’une Arkadina, une Médée ou une Phèdre : c’est une amoureuse tragique avant d’être une mère, avant presque d’être une femme ; elle est toute à sa passion.

Mardi 4, mercredi 5 octobre, 20h 30, Théâtre Louis Guilloux
Texte : Rainer Werner Fassbinder
Mise en scène : Philippe Calvario
Scénographie : sur une idée de Audrey Vuong
Accessoiriste: Muriel Valat
Costumes : Aurore Popineau
Lumières : Jean-François Breut
Son : Eric Neveux / Muriel Valat
Avec : Amira Casar, Julie Harnois, Joséphine Fresson, Carole Massana, Odile Mallet, Alix Riemer.

http://www.lapasserelle.info/

Gaz de schiste > Une usine qui fait pschit ! (ter)

Mise à jour du 1er octobre. Le gouvernement s’apprête à abroger les permis d’exploration de gaz de schiste de Total à Montélimar et de la compagnie américaine Schuepbach en Ardèche et dans le Larzac.
Le groupe Total a confirmé lundi 12 septembre poursuivre ses recherches en vue de l’exploitation des gaz de schistes en France. S’engageant à ne pas avoir recours à la technique de fracturation hydraulique interdite par le gouvernement en juillet dernier, le groupe pétrolier n’a pour l’instant pas évoqué de solutions alternatives.

Les six mois de mobilisation, emmenée par des dizaines de milliers de citoyens vent debout contre les gaz et pétrole de schiste – une énergie perçue comme une menace pour leur environnement et leur santé et directement délétère pour le climat – auront accouché en juillet dernier d’une loi qui ne règle… rien ! Il s’agissait surtout d’éteindre l’incendie médiatique d’urgence et le dossier des gaz de schiste connaîtra d’autres batailles. Car les sociétés pétrolières, qui détiennent toujours des permis d’explorer, comptent bien forer, encouragées par des politiques qui ne veulent pas insulter l’avenir.

C’est pourquoi nous avons voulu écrire – et vite ! – un livre sur les gaz de schiste. Ecrire et publier dès cette rentrée afin que nos concitoyens sachent comment cette affaire s’était déroulée et surtout pourquoi elle nous concerne tous et toutes aujourd’hui. Comment les grands corps d’Etat, habitués à confisquer le débat sur l’énergie depuis un demi-siècle avaient tout prévu…sauf le soulèvement des populations, bien sûr. Comment l’exploitation des gaz et pétrole de schiste constitue bien un danger pour l’environnement et pour la santé des populations. Comment l’exploitation de ces ressources d’hydrocarbures « non conventionnels » amplifierait le réchauffement climatique…alors qu’il est plus urgent que jamais d’agir pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comment, enfin, les projets pharaoniques se multipliant, cette question se pose à l’échelle planétaire.

Mais, surtout, nous avons voulu avec ce livre œuvrer, à côté d’autres, pour qu’un vrai débat sur l’énergie s’ouvre enfin en France. La double perspective de la diminution rapide des ressources fossiles et d’un réchauffement climatique galopant plaide pour l’urgence de ce débat. Mais ne nous leurrons pas : l’énergie est et demeure un sujet tabou en France. Les débats sur l’énergie ont depuis toujours été escamotés par des élites adeptes de solutions technologiques supposées sans danger comme le nucléaire.

Né au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le programme nucléaire français a ainsi été depuis l’origine la chasse gardée des ministères de la Recherche et de la Défense. Le corps des Mines contrôle ces questions, présidant aux destinées des plus grandes entreprises énergétiques (EDF, Total, GDS Suez ou encore du Commissariat à l’Energie Atomique !) ou oeuvrant dans les ministères.Ainsi, c’est bien un « Mineur » qui, en sa qualité de directeur de l’énergie et du climat au ministère de l’Ecologie, a signé les permis d’exploration de gaz de schiste en mars 2010. C’est aussi au même corps des Mines que les ministres en charge de l’écologie et de l’énergie ont commandé un rapport consacré aux « Hydrocarbures de roche mère en France » (dont la version définitive n’a toujours pas été rendue !!)… Et c’est encore à ces « Mineurs » que reviendra la lourde tâche d’évaluer les dossiers techniques que devront présenter, à la mi-septembre, les titulaires des permis d’explorer. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Dans ce contexte, le livre plaide donc pour qu’enfin, ce nécessaire débat démocratique sur la politique énergétique de demain ait bien lieu, car il concerne les citoyens d’aujourd’hui comme les générations futures.

Signe des temps, il faut que vous sachiez que Julien Balkany, demi-frère de Patrick Balkany et, depuis peu, ancien vice-président non-exécutif de la société Toréador (titulaire d’un permis d’exploration de pétrole de schiste dans le bassin de Paris) a fait pression sur l’éditeur et les auteurs de ce livre : il nous menace de poursuites en diffamation.

Des menaces « préventives », puisque formulées sans avoir même lu le livre ! L’intimidation est une arme, mais nous n’avons rien modifié à notre texte suite à ces pressions inacceptables. Nous pensons que la liberté d’expression et la liberté de la presse ne sont pas solubles dans les hydrocarbures, fussent ils « non conventionnels » !

Cet article de François Veillerette (JNE), porte-parole de Générations Futures, et Marine Jobert, journaliste indépendante, n’engage que ses auteurs. Ces derniers viennent de publier Le vrai scandale des gaz de schiste (Editions Les Liens qui Libèrent).

Mémento n°4 > La nature

Chaque mois, des responsables de culte religieux du Grand Ouest répondent à un sujet général ou d’actualités. À la suite, un élu répond à la même question. Dans les deux cas, Unidivers livre leur témoignage in extenso, sans retouche.
4e mémento : “C’est quoi, pour vous, la nature ?” Répondent le père Jean-Michel Amouriaux (catholique romain), le pasteur Olivier Putz (protestant), le père Jean Roberti (orthodoxe), l’imam Mohamed Loueslati (musulman), Bruno Chavanat (conseiller régional de Bretagne, conseiller municipal de Rennes)
Le mémento prochain aura lieu au mois de novembre. Il répondra à : « C’est quoi, pour vous, la sexualité ? »


Adrien Morel > Tribune | Pour une interprétation athée de la religion

Penseur et écrivain bretons, Adrien Morel a d’abord travaillé plusieurs années en tant que psychologue hospitalier après une double formation universitaire à la psychologie clinique et à l’épistémologie. Ensuite, il a exploré la psychologie du consommateur dans des fonctions de marketing en cabinet d’étude et en entreprise. Il vient de publier son troisième ouvrage. Adrien Morel a souhaité s’exprimer dans Unidivers en Adrien Morel photoraison de l’esprit d’ouverture aux différentes acceptions du fait spirituel et religieux qui caractérise notre magazine.  Nous publions donc une tribune de ce dernier dans laquelle il opère une relocalisation de la notion de transcendance dans l’inconscient. Au-delà de la question non seulement technique mais conceptuelle de savoir ce que définit l’inconscient et de ce qui le définit, le lecteur pourra voir dans cette tentative ou une posture réductionniste ou, au contraire, un chemin vers une théorie unifié du religieux. Comme toujours, les lecteurs sont invités à formuler des commentaires à la suite du texte

Aussi paradoxal que cela puisse apparaitre à nos contemporains, je pense que la crise actuelle des sociétés modernes se réduit en dernier lieu à une mutation de la religion. Exprimé autrement, ce qui manque aujourd’hui aux démocraties, c’est une religion. Cela mérite d’être commenté.

Toutes dimensions confondues, qu’il s’agisse d’économie, d’écologie ou de régulation personnelle, notre société n’a plus de sens. Ne l’attendant plus du ciel, elle ne le cherche plus nulle part. Les sociétés laïques ont jeté, avec la religion, l’outil qui servait à le produire ainsi qu’à le réguler. Cet outil n’a pas été remplacé. Du coup, ne disposant plus d’un sens global, avec une cohérence d’ensemble, la société aborde ses différentes problématiques en ordre dispersé.

À l’échelle de la société, on se contente le plus souvent de déplorer la perte des valeurs. Dans le domaine économique, on réclame une moralisation. Dans la vie quotidienne, la prolifération des coachs répond à toutes les interrogations : comment m’habiller, décorer mon intérieur, m’adresser à mon chef, à mes collègues ou subordonnés, etc. – jusqu’au « développement personnel ». Les gourous prolifèrent. La perte de sens global induit la multiplication des quêtes de réponses partielles. Celles-ci présentent le défaut majeur d’être locales, fractionnées, désordonnées et hétérogènes. En un mot incohérentes.

L’abandon de la religion a pour conséquence une perte de cohérence de la société et une déliquescence de sa cohésion. On ne fonde pas une civilisation sur des coachs.

Depuis toujours, les civilisations se définissent à partir des religions. La religion détermine les rapports de l’homme au monde qui l’entoure. Les rapports de l’homme avec lui même et avec ses semblables, qui constituent sa morale et sa spiritualité, les rapports de l’homme avec le monde au-delà de lui, naturel et surnaturel.

Adrien Morel Dieu et l'hommeDans les sociétés religieuses, toutes ces relations sont définies par la religion. Qu’en est-il dans une société sans religion ? Peut-il même y avoir une société sans religion ? Qu’est-ce qui se substitue à la religion pour définir les rapports de l’homme avec lui-même, ses semblables et le monde qui l’entoure ? Dans un premier temps et pour le moment : rien. Voilà le problème.

 

Toutes les religions du monde se définissent en référence au surnaturel. Ne croyant plus dans le surnaturel, l’homme moderne a cru sortir de la religion. Ceci constitue une erreur fondamentale de la modernité. Heureusement réparable, car les sociétés actuelles en payent aujourd’hui les conséquences.

Car, paradoxalement, en pensant ainsi devoir se passer de religion, la société moderne reste prisonnière de la conception traditionnelle que les religions proposent d’elles-mêmes. La dernière soumission de l’athée à la religion consiste dans cette croyance à la façon dont la religion se définit elle-même : dans sa référence au surnaturel. L’homme « moderne » a modernisé pratiquement tout, soit essentiellement son rapport technique au monde. Mais il conserve une manière archaïque, c’est-à-dire religieuse, de penser la religion. La prochaine étape des sociétés modernes et de leurs civilisations consiste à sortir de cette conception archaïque pour penser la religion elle-même en termes également modernisés.

Les sciences humaines nous permettent en effet aujourd’hui de comprendre la relation intime qui existe entre la condition humaine et la religion. Que l’on soit croyant ou non, c’est sa propre condition qui fait la nécessité pour l’homme de la religion. Car l’homme nait inachevé et incomplet.

Inachevé, il a besoin d’une éducation. Incomplet, il l’est à vie. Cela signifie qu’il n’est pas déterminé par son instinct. C’est l’autre nom de sa liberté. L’homme est libre, il en est fier. Libre en particulier de commettre des bévues. N’étant pas – totalement – déterminé par son instinct, il a besoin d’une régulation et doit disposer dans son environnement social d’un outil pour organiser cette régulation. Cet outil symbolique est nécessaire à sa constitution, à l’organisation de sa personnalité, à travers son éducation. Les sciences humaines redécouvrent aujourd’hui la nécessité de cet ordre symbolique. Cet outil d’éducation et de régulation personnelle et d’organisation morale de la société et de ses évolutions – nécessaire pour en assurer l’homogénéité et la cohérence, – cet outil qui est présent depuis les origines de l’humanité dans toutes les sociétés humaines, c’est la religion. Personne ne peut à lui tout seul réinventer une religion. D’autant que chaque être humain doit la trouver dans son environnement avant même sa naissance.

Faut-il alors inventer une autre religion ? En aucun cas. Notre société, comme toutes les sociétés humaines et depuis toujours, s’est constituée sur la base d’une religion à partir de laquelle s’est développée sa civilisation. Notre société dispose de sa propre religion. Par ailleurs, la religion est tellement intimement intriquée à la société que celle-ci ne pourrait en sortir, même si elle le voulait. À l’échelle d’une société, on ne change pas de religion, on ne la remplace pas non plus. La seule chose que l’on puisse faire est de la faire évoluer.

Une religion c’est avant tout un ensemble de textes, écrits ou non, constituant un corpus susceptible d’être interprété. Le rôle du clergé est précisément de fournir cette interprétation. La principale panne des monothéismes (et plus largement des religions traditionnelles) réside précisément là aujourd’hui. Le registre interprétatif fourni par le clergé à la société est caduc. Pour une grande partie de nos contemporains, le surnaturel a fait son temps.

Le rationalisme ne consiste pas seulement à refuser le surnaturel, mais à donner un statut rationnel et théorique aux phénomènes qui y sont traditionnellement logés.

Le seul moyen de remettre en route la religion est d’en moderniser l’interprétation. Cela nous est rendu possible précisément par les sciences humaines. Par ce mot, j’entends l’anthropologie clinique issue essentiellement de la psychanalyse. Cherchant à comprendre l’homme, Freud a pris, en effet, la totalité du monothéisme et l’a logé dans l’inconscient.

Ainsi compris, le surnaturel s’avère finalement être une représentation métaphorique de l’inconscient. Depuis toujours, l’homme sait et sent qu’il est soumis à des forces de sens et à des lois qui sont extérieures et supérieures à lui. Ces forces qu’il n’a pas trouvées en lui, non plus que dans la nature autour de lui, l’homme les a logiquement supposées hors de celle-ci, au-delà d’elle, dans une « surnature ». Freud nous a permis de comprendre que ces forces sont en réalité dans son inconscient. Elles ne sont pas hors de l’homme, mais hors de sa conscience. La « surnature » est la projection, par l’homme, de son inconscient, hors de lui et hors de la nature, au-delà de celle-ci.

Toutes les instances, tous les processus, tous les phénomènes décrits dans la surnature renvoient en réalité à autant de phénomènes constitutifs du psychisme humain. Dont une partie seulement parvient à la conscience du sujet. Le reste paraissant s’imposer à lui par une volonté supérieure et extérieure.

Ainsi entendue, la religion, quelle qu’elle soit, est une représentation métaphorique de la réalité anthropologique de l’homme. Une modélisation imagée de la condition humaine. Différents systèmes métaphoriques (différentes religions) coexistent. Tous traitent de la même réalité humaine. Le même type d’interprétation vaut pour toutes les religions. Appartenant à une civilisation monothéiste, nous devons faire évoluer le monothéisme. C’est-à-dire faire évoluer – moderniser – l’interprétation que l’on en fait. Une société moderne a besoin d’une religion moderne. Si on ne sort pas de la religion, si on ne change pas de religion, il est par contre souhaitable et nécessaire d’en faire évoluer l’interprétation.

L’apport de l’athéisme, grâce à l’anthropologie, consiste par conséquent à proposer une nouvelle interprétation de ce corpus pour remettre en route les religions dans l’histoire. L’avenir des religions consiste à les faire muter d’une rationalité et d’une légitimité surnaturelle vers une rationalité et une légitimité anthropologiques. Dieu est en l’homme (c’est son inconscient) et on n’a besoin ni de le chercher ailleurs ni d’espérer le rencontrer autrement et ailleurs qu’en l’homme. Que l’on soit croyant ou pas. On ne nie plus la transcendance, on en modifie le statut, la « nature ». J’ajoute que cette conception de la religion est parfaitement compatible avec la foi, donc ouverte aux croyants, qui ne doivent pas se trouver surpris de rencontrer Dieu en l’homme. Même si leur foi les conduit, tout en partageant cette approche anthropologique, à continuer de postuler une autre forme de transcendance plus traditionnelle.

La démocratie moderne, athée, se remettra en route quand elle aura compris qu’elle a besoin d’une religion et qu’elle en a une. Etre athée ne consiste plus dès lors à sortir de la religion, mais à postuler qu’il n’existe, pour l’homme, d’autre transcendance que celle de son inconscient. Et à admettre que les religions ne traitent que de cette dimension. En ouvrant leur interprétation, on remet les religions en route dans l’histoire. Dans cette perspective, l’époque que nous vivons ne se définit plus comme la sortie de la religion, mais comme la mutation de la religion. Mutation du surnaturel vers l’anthropologie qui inaugure une nouvelle ère des civilisations humaines.

Adrien Morel

Les ouvrages d’Adrien Moral sont édités aux Éditions du Promontoire

Entretien avec Patrick Sbalchiero > Spécialiste du Mont Saint Michel, des miracles et de la mystique carmélitaine

Patrick Sbalchiero est journaliste, historien et écrivain. Enseignant à l’École cathédrale de Paris II, il dirige depuis 2003 la revue Mélanges Carmélitains.

Si l’Orient a sa sainte montagne avec le mont Athos, l’Occident peut se prévaloir du Mont Saint-Michel. Vous lui avez consacré une Histoire du Mont-Saint-Michel paru chez Perrin en 2005. Comment expliquez-vous le rayonnement ininterrompu de ce lieu emblématique ?

Son succès s’explique par plusieurs facteurs, notamment un emplacement géographique et unSbalchiero Mont Saint Michel écosystème d’exception. Depuis le Xe siècle, soit plus d’un millénaire, le mont Saint-Michel est un lieu de culture spirituelle de premier plan. Outre la présence d’une communauté religieuse, c’est un haut lieu européen de pèlerinage dédié à l’archange saint Michel. En outre, la dimension militaire de cette place forte située au seuil de la Normandie a joué un rôle non négligeable. Depuis le XIVe siècle, on notre un soutien indéfectible de la part des pouvoirs politiques qui se sont succédé.

Il y a aussi une certaine aura mystérieuse qui ‘colle’ au lieu…

Historiquement, elle émerge avec la Révolution française et prend son essor avec le romantisme au XIXe. À ces époques prospèrent diverses histoires populaires qui ont en commun d’affirmer que le Mont Saint-Michel aurait vu transiter dans ses murs des milliers de prisonniers depuis des siècles. C’est en réalité faux : les emprisonnements débutent à la fin du XVIIIe. À la suite de prêtres réfractaires, on emprisonne des prisonniers politiques puis des détenus de droit commun, femmes et hommes, qui travaillent dans des ateliers vétustes et des conditions de détention très dures. À tel point, qu’en 1860, le ministère public est conduit à dénoncer le traitement qui est réservé aux prisonniers et ferme les ateliers qui brulaient régulièrement. Cette période noire qui a duré moins d’un siècle  a conféré à l’endroit une note mystérieuse, étrange – un esprit entre l’île du diable et la fin du monde. Cette tournure énigmatique a largement contribué à la notoriété du Mont Saint-Michel. Depuis, le XXe siècle a connu des vagues successives de travaux qui ont permis de valoriser la magnificence du  site. L’arrivée du chemin de fer a ajouté à la visite des pèlerins celle des touristes. Aujourd’hui, on décompte 30 000 visiteurs par jour au mois de juillet et août.

Vous avez consacré deux ouvrages aux miracles : L’Église face aux miracles : de l’Évangile à nos jours et Les phénomènes extraordinaires de la foi. C’est quoi un miracle, Patrick Sbalchiero ?

Un miracle est un phénomène tangible, parfois quantifiable, qui comporte un signe spirituel. Autrement dit, c’est un fait réel, inscrit dans le temps et l’espace humain qui manifeste une relation avec l’économie du salut. C’est donc une intervention de Dieu inscrite dans le réel.

Cette intervention doit-elle respecter les règles de la création que Dieu a lui-même instaurées ? Autrement dit, Dieu peut-il transgresser les règles de sa propre création ?

C’est une question très épineuse à laquelle je ne saurais répondre autrement qu’en disant qu’à Dieu tout est possible…

Comment l’Église romaine conclut-elle au miracle ?

Prenons le cas des guérisons de Lourdes. Les autorités religieuses prennent en compte un nombre important de paramètres. Notamment, la guérison ne doit en aucun cas avoir une cause naturelle et aucune rechute ne doit avoir été constatée. Le temps moyen d’étude d’un dossier est de dix ans entre le premier témoignage et la reconnaissance prononcée par l’évêque.

Vous dirigez le Centre d’études d’histoire de la spiritualité. Pourriez-vous introduire la spiritualité et la mystique carmélitaines ?

Le CEHS, situé à Nantes et dont Yves Durand est le fondateur et président, est comme enchâsséétudes carmélitaines dans la paroisse de Notre-Dame de Lumière dans le quartier de l’île Beaulieu. Deux des particularités de la spiritualité carmélitaines reposent dans la référence marquée au prophète Élie et l’importance de la vie mystique. Le CEHS édite depuis peu de temps une revue que j’ai la joie de diriger, Mélanges Carmélitains. Elle promeut l’étude de l’histoire religieuse, de la spiritualité et de la mystique chrétiennes avec un fort accent mis sur la tradition carmélitaine et l’apport des Grands Carmes en France. L’objectif est de montrer la profondeur spirituelle et intellectuelle de cette tradition.

 Je profite de cet échange avec Unidivers pour rendre hommage à une revue aujourd’hui disparue, les Études Carmélitaines. Cette publication avait ouvert pour la première fois en France un espace de dialogue entre mystique et sciences humaines. Ce pôle thématique était considéré sous de multiples aspects : théologie mystique, histoire, hagiographie, psychologie, médecine, etc. Nous nous inspirerons de ce travail accompli et de son esprit d’ouverture et d’interdisciplinarité.

Il semble que vous avez en projet un ouvrage consacré aux Possessions et exorcismes qui devrait paraître à l’orée 2012. Qu’en est-il ?

Cet ouvrage m’a été demandé par un éditeur parisien. Dans la mesure où je connais le sujet d’une manière bien plus livresque qu’opérationnelle, j’ai été conduit naturellement à donner la parole à différents patriciens : prêtres exorcistes, médecins, évêques, possédés. Mon exigence était de demeurer rigoureux, factuel et le moins possible théorique. J’espère y être parvenu.

Par ailleurs, j’achève également un autre essai. Il est consacré à Hildegarde von Bingen. Cette bienheureuse abbesse, fondatrice de couvents, botaniste, musicienne, médecin – somme toute, la conjugaison idéale d’une artiste, d’une scientifique et d’une religieuse – a a su présider au destin de deux communautés de moniales. Elle aura durablement marqué le christianisme nord-européen, notamment avec le béguinage.

Propos recueillis par Nicolas Roberti

• Foi et cultures : au tournant du nouveau millénaire : entretiens avec le cardinal Paul Poupard, CLD, Chambray-lès-Tours, 2001
• Centre d’études d’histoire de la spiritualité (dir. publ. Patrick Sbalchiero), Mélanges carmélitains : histoire, mystique et spiritualité, Téqui, Paris, 2003.
• Petite vie de Padre Pio, Desclée de Brouwer, Paris, 2003
•  Histoire du Mont-Saint-Michel, Perrin, Paris, 2005
• Les phénomènes extraordinaires de la foi, Desclée de Brouwer, Paris, 2006
•   L’Église face aux miracles : de l’Évangile à nos jours, Fayard, Paris, 2007
•  Histoire de la vie monastique, Desclée de Brouwer, Paris, 2007
•  Les apparitions de la Vierge en Extrême-Orient, Presses de la Renaissance, Paris, 2008
• Apparitions à Lourdes, Bernadette Soubirous et les miracles de la Grotte. « Presse du Châtelet » 2008.

PHILIPPE LE GUILLOU, L’INTIMITÉ DE LA RIVIÈRE

Philippe Le Guillou est un homme de fidélités : à ses origines finistériennes et à ses grands-parents, figures tutélaires qu’il a déjà évoquées, notamment dans son récit d’enfance, les Marées du Faou. Mais cette fidélité s’attache peut-être par-dessus tout aux lieux.

Ce sont les environs du Faou où il a grandi et où il revient souvent. « Les lilas blancs et bleus du jardin paradisiaque de Kerrod », la maison des grands-parents paternels, « les buis, les palmiers, les eaux vives sous le pont de bois et au début des paluds, les boiseries dorées de Rumengol, la perspective des sources au-delà de l’épaisseur forestière ». Ces endroits – bois, rivières, paysages maritimes –  sont pour lui l’occasion de se ressourcer, au sens propre du terme, et de poursuivre le dialogue avec ses morts, « ceux que nous avons connus et aimés, et auxquels nous ne cessons maladroitement de payer notre dette » ; les lieux aident à raviver le souvenir, comme cette carcasse de bateau vers laquelle se rend régulièrement l’écrivain, et qui est pour lui « une vieille amie qui aurait perdu l’usage de la parole, mais dont la mémoire serait intacte et conservée sous une taie de silence. » Ils permettent enfin d’accéder au sacré, où se mêlent de façon fascinante christianisme et mythes bretons, présences druidiques et apparitions de fées, ce que Le Guillou appelle le « mystère breton ».

Récit autobiographique, songerie proustienne sur les « noms de pays » : L’intimité de la rivière déploie le beau style classique de son auteur, et avec ce phrasé, c’est, à nouveau, la Bretagne connue, aimée, rêvée et vécue de Philippe Le Guillou qui surgit, éternelle et toujours recommencée.

Delphine Descaves  

Editions : Gallimard. Parution : Mars 2011. 90 pages. 10 €.

Julien Green > Vente aux enchères de ses archives

À Genève, le 27 novembre 2011, la maison Pierre Bergé & Associés procèderont à une vente aux enchères d’un important lot d’archives de l’écrivain et immortel Green.

Dans ces manuscrits, on trouve de nombreux souvenirs pieusement conservés par Julien Green : photos, documents se rapportant aux origines américaines de l’écrivain. Notamment un précieux volume manuscrit, en grande partie autographe de l’illustre architecte John S. Norris (1804-1876), chargé de bâtir à Savannah (Georgie) la célèbre maison « gothique » de Charles Green, grand-père de Julien, manuscrit se rapportant directement aux travaux de cette demeure – aujourd’hui monument national – dont le général Shermann fit son Quartier Général durant la Guerre de Sécession en 1864/65 (estimation : 80 à 100.000 francs suisses), ainsi que plusieurs manuscrits originaux de la sœur de Julien Green, Anne, elle-même écrivain à succès aux États-Unis.

La seconde partie du catalogue sera consacrée aux milliers de lettres reçues par Julien Green. Elles émanent, pour la plupart, de personnalités du monde culturel français, européen et américain. Soigneusement classés par Green lui-même, ces dossiers renferment d’une à plusieurs centaines de missives reçues d’un même correspondant : Marcel Achard, Edward Albee, Alexander Alexeieff, Robert Aron, Georges Auric, Claude Aveline, Christian Bérard, Georges Bernanos, Robert Bresson, Louis Bromfield, Albert Camus, René Clair, Paul Claudel, Jean Cocteau, Colette, Salvador Dalì, Lucien Daudet, Jean Desbordes, Drieu La Rochelle, T. E. Eliot, Pierre Emmanuel, René Etiemble, André Malraux, Gabriel Marcel, Roger Martin du Gard, William S. Maugham, François Mauriac, Darius Milhaud, Henry de Montherlant, Paul Morand, Nicolas Nabokov, Jean Paulhan, Gérard Philippe, Pablo Picasso (dessin original

Informations pratiques : Hôtel d’Angleterre 17 Quai du Mont Blanc 1201 Genève Suisse

Rennes > Ecoles publique et libre | Manifestation conjointe

Mercredi matin, la manifestation unitaire des enseignants s’est élancée de la place de la Mairie. Au même moment, le gouvernement français présentait au Conseil des ministres le budget pour 2012, lequel est pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale moins élevé que celui de l’année précédente.

Autour de 4 000 personnes, acteurs des écoles public et privé (sous contrat) ont défilé dans les rues de Rennes. Dans ce cortège de  desiderata, on retiendra principalement l’opposition aux  suppressions de postes dans l’éducation nationale : 14000 postes devraient être supprimés en 2012, majoritairement des postes d’assistants de langues, d’assistants pédagogiques et d’enseignants. Bercy justifie cette réduction des effectifs en invoquant l’utilisation des économies générées au profit du personnel de l’Éducation nationale. Les enseignants en début de carrière bénéficient d’une augmentation de leur traitement depuis la rentrée scolaire 2010 : 180 millions d’euros permettront de continuer à améliorer leur situation financière. Mais tout cela ne doit pas cacher un autre débat : le rôle futur de l’école devra-t-il prolonger l’éducation nationale actuelle ou réfléchir à une nouvelle vocation d’instruction publique. Tandis que la République, à la fin du XIXe siècle, avait une vision clairement définie du rôle qu’elle souhaitait donner à l’école, notre vue contemporaine semble singulièrement brouillée. 

 

 

Pluralisme d’infos ou pluralisme d’opinions dans la presse écrite ?

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Organisé par l’association L’Aire de Rennes (les Amis du Mensuel de Rennes), un débat sur « le pluralisme dans l’info locale » s’est tenu le mardi 27 septembre, à 20 heures, à l’Institut d’études politiques de Rennes devant une petite assemblée (trop petite). La soirée était animée par Bertrand Gobin, journaliste indépendant et président du Club de la presse de Rennes, en présence de Killian Tribouillard, rédacteur en chef du Mensuel, Yvon Rochard, intervenant à l’IEP de Rennes et co-fondateur du Canard de Nantes à Brest, et Gilles Kerdreux, représentant du Syndicat national des journalistes et membre du service Culture d’Ouest-France.

L’exercice n’était pas facile pour des journalistes tenus par un code de déontologie qui leur interdit de critiquer leurs confrères. Tant et si bien que, pendant près d’une heure, l’auditoire a écouté sagement les trois intervenants discourir sur leur métier, leurs expériences professionnelles et leurs « fondamentaux ». Rien de très passionnant pour des étudiants de sciences politiques déjà au fait de la pratique journalistique et qui espéraient sans doute du crêpage de chignons…

Heureusement, les questions du public ont réveillé la salle… et les journalistes. Certes, on a eu le droit au râleur de service. Certes, on est un peu resté sur notre faim. Mais finalement, on a eu le droit à quelques infos dignes d’intérêt quand bien même elles ne rentraient pas toujours dans le thème du débat. Killian Tribouillard, rédacteur en chef du Mensuel de Rennes, a ainsi évoqué l’avenir de son journal et… d’un éventuel rachat. « Si le cas de figure se présente, on étudiera l’offre, » a-t-il indiqué. « Il nous faudra des garanties pour nos 19 salariés, même si cela doit passer par un rapprochement. »

Le groupe Ouest-France ou un autre rachètera-t-il le Mensuel ? Pour l’heure, les Bretons laisseraient le petit poucet bien tranquille… En fait, Le Mensuel ne serait pas jugé dangereux. « Nous n’avons pas de souci avec eux. C’est une relation cordiale et une saine concurrence,» affirme Gilles Kerdreux.

Seul bémol, a laissé entendre ce dernier, les dirigeants de Précom (régie publicitaire de « Notre journal rennais ») pourraient « sortir leurs colts » dans l’hypothèse où le  Mensuel dépasserait les 5/10 % de par de marché publicitaire. L’avertissement est visiblement clair et pourrait être compris par le premier imbécile venu : « On vous laisse libre de faire ce que vous désirez, mais ne dépassez pas les bornes. » Dans un autre temps pas si éloigné, le groupe Yves Rocher connut quelques tracas… quand il lança un canard à Rennes.

Mais cette liberté apparente et relative du Mensuel de Rennes est-elle une victoire du pluralisme dans la presse écrite ? Gilles Kerdreux, de Ouest-France,  se veut rassurant : « Dès lors que l’on respecte les fondamentaux du journalisme et que les journalistes ne restent pas trop longtemps dans notre locale de Rennes, il n’y a pas de souci à se faire.» Il tient même à ajouter une petite phrase sibylline que nous traduirions de cette manière dans cet article : « Il faut des chefs capables de défendre le travail des rédacteurs. »

A Ouest-France – qui vient justement de changer de chef de locale – on n’aurait pas de problème avec le pluralisme. Et ce, d’autant moins qu’il existerait au sein de leur rédaction des journalistes de droite ou de gauche. Mais on reste tout de même circonspect en écoutant Gilles Kerdreux, affirmer que dans certaines villes, loin du siège rennais de son journal, les choses seraient différentes. « Certains journalistes n’hésitent pas à rédiger des échos, » confirme-t-il. Une rubrique censée, notons-le au passage, permettre aux rédacteurs de jouer leurs rôles de poil à gratter.

Allez, rien ne sert de donner des bons ou de mauvais points à qui que ce soit ! Aujourd’hui, le métier de journaliste est tellement difficile qu’il est facile de le critiquer. En revanche, on peut tout de même s’interroger sur les déclarations du responsable du mensuel Public. « Il y a une spécificité rennaise », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas de culture du conflit. » Certains expliqueraient cet état d’esprit par 25 ans de pouvoirs socialistes et de tradition du consensus entre les centres droit et gauche. Mais ne serait-ce pas donner trop de pouvoir aux politiques en place et faire peu confiance à la mission essentielle du journal : « Informer même quand cela dérange » ?

Ce dernier leitmotiv est-il le parti-pris du Mensuel ?  Il n’hésite pas en effet à dénoncer, quitte à citer des sources anonymes. Qui a raison ? Qui a tort ? Heureusement, à Rennes, nous avons le pluralisme de l’information, à défaut d’avoir celui de l’opinion. Rien n’empêche chacun au demeurant de lire des journaux et de laisser libre cours à son propre jugement. Quitte à le confier au sein des forums des périodiques. Amis lecteurs, n’hésitez pas à laisser votre commentaire.

JCC

Rennes > La serrurerie des Carmes

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Que va devenir l’ancienne petite entreprise ? A première vue, rien d’extraordinaire dans ce bâtiment ! – diront les grincheux. Mais aux dires de certains, c’est encore une partie de notre patrimoine qui fout le camp. Rue des Carmes, cet immeuble abritait une serrurerie derrière une façade blanche et verte du plus pittoresque. Depuis, le promoteur immobilier Aussmann compagnie, dont le siège est situé sur le quai Duguay-Trouin, pourrait bien construire un nouvel immeuble flambant neuf. Tant mieux pour les heureux propriétaires qui devraient avoir une jolie vue sur des petits jardins secrets. Avant la démolition qui visiblement se fait attendre, il était nécessaire d’immortaliser l’endroit… Dans un temps plus ancien, à quelques centaines de mètres de là, l’entreprise Odorico avait été tout bonnement détruit.

Fondation Abbé Pierre > Mobilisation Logement | Un nouveau contrat social

Le 22 septembre 2011, la fondation Abbé Pierre a convoqué une mobilisation générale pour le logement destinée à rassembler les citoyens et exiger ainsi des candidats aux scrutins de l’année 2012 qu’ils s’engagent concrètement pour en finir avec la crise du logement. « La mobilisation est le seul moyen pour que les politiques s’intéressent au problème du logement ». Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation Abbé Pierre.

A sept mois des élections présidentielles, la Fondation Abbé Pierre espère mobiliser les candidats à la présidentielle pour renouveler le pacte social autour du logement. Dans ce dessein, les fils spirituels de l’Abbé Pierre ont rédigé un document et une pétition qui proposent 4 engagements. Chacun de ces engagements débouche sur des mesures concrètes. Dans la veine du Pacte écologique de Nicolas Hulot, la Fondation va soumettre le document aux candidats qui le signeront… ou pas.

Produire suffisamment de logements accessibles

  • Programmer 500 000 logements par an, pendant 5 ans, dont 150 000 logements vraiment sociaux.
  • Imposer des contreparties sociales aux aides publiques.
  • Lutter contre la vacance injustifiée des logements.
  • Libérer des terrains à bâtir à un prix raisonnable.

Réguler les marchés et maîtriser le coût du logement

  • Encadrer les loyers.
  • Réguler les prix de l’immobilier.
  • Revaloriser les aides personnelles au logement.
  • Lutter contre la précarité énergétique.

Moins d’injustice et plus de solidarité

  • Intervenir massivement contre l’habitat indigne.
  • Enrayer les impayés de loyer et prévenir les expulsions locatives.
  • Donner une priorité absolue à l’accès au logement des personnes en difficulté.
  • Offrir des solutions dignes d’hébergement et d’accompagnement aux personnes les plus défavorisées.

Construire une ville équitable et durable : un impératif pour vivre ensemble

  • Renforcer les obligations de la “loi SRU” en imposant 25 % de logements sociaux.
  • Instaurer des “secteurs de mixité urbaine et sociale”.
  • Sécuriser l’accession à la propriété et recentrer les aides sur les classes modestes et moyennes.
  • Corriger les inégalités entre territoires et mener une politique de la ville ambitieuse

La pétition est en ligne sur www.mobilisationlogement2012.com.

Nouveau Facebook > Il vous traque même déconnecté

Le nouveau Facebook a quelque chose d’effrayant. Quoi ? Une extension nommée frictionless sharing autorise des envois de données sans votre intervention, y compris lorsque vous n’êtes plus connecté au réseau social. Qu’est à dire ? Seulement que Facebook est en mesure de vous traquez afin de vous profiler à partir des articles que vous lisez, des forums que vous fréquentez, des vidéos que vous téléchargez, des achats que vous réalisez et de vos amis. Que faire ? Vous déconnecter du réseau ne suffit pas. Tant que votre navigateur fonctionne, ladite application continue son travail en arrière-plan. Un certain nombre de cookies (y compris votre numéro de compte) continuent à être envoyés et les données enregistrées par facebook.com. Ainsi, quand bien même vous êtes déconnecté, Facebook peut vous suivre à travers toutes les pages que vous visitez. Quelle solution ? Il n’y a en qu’une : supprimer tous les cookies Facebook et les refuser à l’avenir dans votre navigateur (onglet ‘exceptions’) ou d’utiliser un autre navigateur dédié uniquement à ce réseau social.

 

Rennes Métro Sainte-Anne | Ca tangue…

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« Je ne peux plus supporter cette station. » La station de métro, Sainte-Anne, est l’une des plus fréquentées de la ville. Elle déverse son flot quotidien de passagers : étudiants, retraités et autres travailleurs du centre-ville. Quant à ceux qui remontent à l’air libre par les escaliers, plusieurs éprouvent une sensation désagréable, voire très désagréable. Les usagers oscillent entre le mal de mer et les vertiges. Si, si, on vous l’assure ! Certains ont vécu cette impression étrange. En fait, tout est normal. L’ouvrage est construit un peu de guingois. Il pencherait… comme la tour de Pise. Pour le croire, il suffit d’emprunter cette station et de monter tout tranquillement vers la place. L’impression de mal de mer est évidente.

Prix Tocqueville > Un Américain récompensé

Un jury franco-américain décerne chaque année depuis 1979 le Prix Alexis de Tocqueville, présidé par l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Il salue tous les deux ans le travail d’un intellectuel dans la droite ligne du penseur libéral. Cette année, la récompense est attribuée à Zbigniew Brezezinski, politologue américain d’origine polonaise. Ancien conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis, Jimmy Carter (entre 1977 et 1981), il dirige le Centre pour les Études Stratégiques et Internationales et cofonde la commission Trilatérale.

Zbigniew Brezezinski fut un artisan majeur de la politique étrangère de Washington. Sous Carter, il fut assez virulent à l’égard des Soviétiques. Il prôna également l’hégémonie américaine dans le monde entier, en clair le modèle américain. Il resta toutefois très pro-européen estimant que dans le concert mondial, il était difficile de se passer de la note européenne.

Récemment, Brezezinsk a été nommé conseiller du président Barack Obama sur les questions internationales. La cérémonie de cette remise du Prix est prévue le vendredi 14 octobre 2011 au château de Tocqueville, dans la Manche. Environ 600 personnes y sont attendues, parmi lesquelles Valéry Giscard d’Estaing. Cette année, au regard de la notoriété du récipendaire, la manifestation devrait prendre une importance toute particulière, à l’image de celle en l’honneur de Colin Powell.

Rennes > Prix Paris Match 2000 | Place de la Mairie…

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Depuis sept ans, le maire de Rennes Daniel Delaveau expose des photographes de renommée internationale sur la place de l’Hôtel de ville. Dans les années passées, les Rennais ont eu une tendresse particulière pour le travail de McCurry et sa jolie Afghane aux yeux verts pénétrants. Ils ont également beaucoup aimé Martin Parr, Gilbert Garcin et les autres.

Pour cette année, la Municipalité a choisi Claudine Doury, Prix Leicar et… Prix Paris Match 2000. Connue internationalement, la photographe a déjà sorti trois ouvrages, dont Peuples de Sibérie. Elle expose à Rennes, avec des clichés tendres de gamins perdus, de jeunes filles écervelées au milieu de dantesques immeubles et de marins beaux comme des dieux.

Comme toujours, on aime cette initiative qui défend l’art de la photographie et donne à la ville un cachet international. Nouveauté cette année, l’exposition à ciel ouvert s’exporte dans le quartier de la Courrouze. Une manière intelligente de faire découvrir un pan de Rennes encore méconnu.

L’exposition est visible gratuitement jusqu’au 23 octobre prochain. Seul regret, elle aurait été pas mal le long de la Vilaine, de part et d’autre des rives. L’histoire de changer un peu…

Rennes > Poésie | Bernard Bretonnière

À la Maison de la poésie, jeudi 29 septembre, de 19 h 30 à 22 h 30, les aficionados de poésie pourront découvrir Bernard Bretonnière. « Il n’a pas son pareil pour passer d’une émotion à l’autre en moins d’une phrase », explique Jacques Josse. Pour l’accompagner dans cette soirée d’ouverture, Bernard Bretonnière a invité le musicien Jean « Popof » Chevalier qui apportera les superbes instruments qu’il transporte dans le monde entier pour jouer et improvise. »Une douce volée de gongs pour ouvrir, façon clin d’oeil ou d’oreille, cette résidence… »

Rennes > Quand la politique vire au rouge…

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À Rennes, des affiches ont fait leur apparition – campagne présidentielle oblige ! Place Hoche, les militants de Lutte ouvrière en ont placardé une grande de couleur rouge. Elle invite les Rennais à se rendre le samedi 1er octobre à une allocution de Nathalie Arthaud et à une grande fête.

Pour ceux qui ne connaissent pas Nathalie Arthaud, il faut savoir qu’elle est la nouvelle égérie de l’extrême gauche. Pour notre part, on lui trouve juste un petit air avec Arlette Laguillier. Même cheveux courts et même sourire au même âge… La ressemblance n’est-elle pas troublante ?

L’affiche rouge a été un moyen de propagande efficace de tout temps. L’une des plus célèbres d’entre elles fut sans doute celle qui fut collée le 21 février 1944 sur les murs de Paris. Elle commémorait l’exécution au mont Valérien de 23 « terroristes » membres d’un groupe de francs-tireurs partisans. Leur chef était un certain Manouchian. Sachez que ce fait inspira Louis Aragon, dans son poème L’Affiche rouge. En voici la dernière strophe :

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant