Paris. Le Musée Maillol expose les œuvres de Nadia Léger jusqu’au 25 mars 2025

Nadia Léger
Nadia Léger, entourée de ses autoportraits en 1961

L’exposition Nadia Léger. Une femme d’avant-garde, présentée au Musée Maillol de Paris, retrace le parcours encore méconnu de Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) jusqu’au 25 mars 2025. Cette femme d’exception était à la fois peintre prolifique, éditrice de revue, résistante, bâtisseuse de musées et fervente militante communiste.

Le parcours de visite de l’exposition Nadia Léger. Une femme d’avant-garde s’étend sur trois niveaux. À travers plus de 150 œuvres, l’exposition est un voyage chronologique de cette artiste, restée trop longtemps dans l’ombre de son mari ! Elle trace l’itinéraire de Nadia Léger de son village natal en Russie jusqu’à Paris. L’œuvre picturale de cette femme avant-gardiste elle-même n’a cessé d’évoluer au contact des avant-gardes de son temps. Entre abstraction et figuration, du cubisme au suprématisme, du suprématisme au réalisme et d’un retour au suprématisme, ses créations témoignent de la capacité à se réinventer constamment. Le public côtoie des tableaux cubistes, constructivistes et réalistes socialistes, d’éclatantes peintures néo-suprématistes, et même des portraits annonçant le pop art au début des années 1960, avec un mélange d’art publicitaire, d’art de la rue et d’expériences nouvelles.  

Une belle partie de l’exposition est aussi dédiée à son époux Fernand Léger, à Pablo Picasso et aux élèves de l’Atelier Léger où, entre 1924 et 1955, 350 artistes y étaient inscrits : Nicolas de Staël 1914-1955), Hans Hartung (1904-1989) ou Marcelle Cahn (1895-1981). Nadia Léger y donnait des cours, en l’absence de son mari… 

Biographie :

Celle qui est Ida Kar Nadia Khodossievitch vient au monde le 4 octobre 1904 à Ossetishchi dans l’Empire Russe, aujourd’hui devenu un petit village en Biélorussie. Originaire d’une famille très modeste, elle passe son enfance à Zembin, une bourgade rurale, avec ses six frères et sœurs. Son enfance est marquée par la misère. Elle possède une image de la Joconde et, déjà, c’est pour elle un émerveillement de pouvoir la regarder. Pendant la Première Guerre mondiale puis la Révolution russe de 1917, elle n’est qu’une adolescente, une jeune paysanne marquée par la pauvreté qui porte des chaussures en écorce !

Malgré sa condition, elle accède à une éducation artistique gratuite, car après la Révolution russe et en raison de sa détermination artistique, en rejoignant les écoles d’art restées ouvertes grâce à Lénine. Elle y découvre le cubisme et le suprématisme. Cela la confortera ensuite pour devenir une ardente communiste.

En 1924, elle fait un voyage en Pologne à Varsovie et se marie avec le peintre polonais Stanilaw Grabowski. L’année suivante, le 22 novembre 1925, elle arrive à Paris où elle s’inscrit à l’école des Beaux Arts. Elle fréquente alors les artistes du quartier de Montparnasse et participe à des aventures collectives comme Cercle et Carré (1929-1930) aux côtés de Sophie Taeuber-Arp et Marcelle Cahn. Elle crée sa propre revue, L’Art contemporain, publiée en français et en polonais.

Nadia Léger
L’équipe de la revue L’Art contemporain

Elle rejoint ensuite l’Académie moderne, fondée par les peintres Amédée Ozenfant et Fernand Léger (1881-1955). Le talent de Nadia Khodossievitch est vite remarqué et elle devient l’assistante de Fernand Léger. Elle participe amplement aux expositions de l’atelier Léger avec ses toiles qui se démarquent déjà d’une modernité singulière, souvent influencée par ses origines d’Europe de l’Est.

En 1927, les époux Grabowski se séparent après la naissance de leur fille. Nadia se rapproche de Fernand Léger, qui deviendra son époux en 1952. Nadia signe ses premières œuvres engagées sous le pseudonyme de Nadia Petrova avant son mariage avec Fernand Léger : Autoportrait au drapeau rouge (1936). C’est à partir de cette date que se fait sentir l’influence de Fernand Léger avec son autoportrait Femme et pierre (1937). 

Nadia léger
Autoportrait au drapeau rouge (1936)

Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Fernand Léger est vu par les Nazis comme un artiste dégénéré. Il quitte la France pour les États-Unis. Nadia Léger reste en France et rejoint la clandestinité de la résistance au sein de l’Union des patriotes soviétiques ; elle est cependant recherchée par l’occupant, en tant que communiste, russe et épouse d’un artiste dégénéré. Elle continue de peindre quelques toiles : Le serment d’une résistante (1941) ; Wanda, La Mort de Tania ou Portrait de Fernand Léger au coq rouge (1942) ; La femme pendue (1942).

Après la guerre, elle signe ses œuvres les plus abouties : La marchande de poisson, en 1950 ; Les mineurs, en 1953 ; La guerre de Corée, en 1953 ; Les Baigneuses en 1953.

Quand le parti communiste passe commande à l’atelier Léger, c’est Nadia qui s’en charge. Il s’agit de décorer les grands congrès du Parti d’immenses portraits de héros communistes. C’est elle aussi qui représente les ouvriers avec des visages agréables, tenant parfaitement leurs instruments de travail, de parfaits personnages de propagande mettant en valeur la classe ouvrière.

Le peintre Georges Bauquier (1910-1997) deviendra le troisième mari de Nadia. Ils se marient en 1957 après le décès de Fernand Léger, victime d’une crise cardiaque le 17 août 1955. C’est aussi l’issue d’une liaison qui avait débuté dans les années trente.

Nadia Léger fait construire le Musée Fernand Léger à Biot dans les Alpes Maritimes, inauguré en 1960. Dix ans plus tard, elle transforme la maison familiale du peintre à Lisores en Normandie en Ferme-Musée Fernand Léger. Elle valorise l’œuvre de Fernand Léger dont elle est l’unique ayant-droit, tout en se consacrant à son art. 

Dans les années 1960, la conquête spatiale qui se joue en pleine guerre froide fascine une génération d’artistes. Avec sa toile sur l’exploit russe de la mission Vostok 1, le 12 avril 1961 incarné par le cosmonaute Youri Gagarine, Nadia Léger revient à l’abstraction en enserrant ses figures de formes géométriques, avant de laisser ces dernières habiter seules l’espace du tableau.

Elle se retire à la fin de sa vie dans sa propriété de Callian dans le Var jusqu’à son décès le 7 novembre 1982 à l’hôpital de Grasse dans les Alpes-Maritimes des suites d’une longue maladie. Elle est âgée de soixante-dix-sept ans. Elle repose désormais au cimetière de Callian.

Au-delà de la femme de… longtemps éclipsée par le maître, le mari, Nadia Léger a été l’artiste d’une œuvre riche et variée, d’une extraordinaire modernité, guidée par une formidable liberté de création… Elle a multiplié les signatures dans ses œuvres : Nadejda Khodassievicth ; Wanda Chodasiewicz-Grabowska ; Nadia Petrova  ; Nadia Léger

Infos pratiques :

Exposition Nadia Léger. Une femme d’avant-garde jusqu’au mardi 25 mars 2025
Au rez-de-chaussée, premier étage et second étage du Musée Maillol –  61 de la rue de Grenelle dans le 7e arrondissement de Paris.

Horaires de 10h30 à 18h30 et en nocturne les mercredis jusqu’à 22h
Contact 01 42 22 59 58

Article précédentFresnésia Festival de Bréteil, voilà le programme du 7 juin 2025
Article suivantLe forum HABITER à Rennes du 28 février au 2 mars 2025
Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici