TERRE PROMISE DE BLUTCH. LE CAP DU PREMIER ALBUM

Terre promise de Blutch paraissait le 28 janvier 2022 sur Astropolis Records. Longuement réfléchi, travaillé, ciselé, c’est le premier album du producteur de musique électronique. Il y rend hommage à sa Bretagne natale, mais aussi aux esthétiques et aux artistes qui ont marqué son parcours de musicien, du hip-hop à l’electronica, en passant par la house et le breakbeat. Une œuvre d’orfèvre, sublimée par un live audiovisuel qui débutera bientôt sa tournée.

Terre promise a atterri dans les bacs le 28 janvier 2022. Édité par Astropolis Records, le premier album du producteur breton Blutch répond à toutes les promesses qu’il a suscitées en quatre ans de préparation. Amputée de sa première date en raison du contexte sanitaire, la tournée de l’album débutera finalement le 3 mars 2022, à La Carène de Brest, là où avait commencé la composition de cette œuvre qui marque un cap dans le parcours de l’artiste.

Musicien originaire de Morlaix, Julien Porhel adopte l’alias de Blutch en 2012, en se lançant comme DJ et producteur. Venu du hip-hop et de la culture du sampling, il se fait connaître pour son univers house chaleureux, où résonnent dès le début des instruments organiques samplés, violons et pianos en tête. Il fait ses premières dates dans les bars rennais, s’essaye à l’art du remix, avant de rejoindre, en 2014, le collectif événementiel La Tangente. Cette même année, il est sélectionné au tremplin du festival Astropolis, où il jouera son premier live, passant des platines aux machines. C’est le début de sa course aux étoiles. Il sort dans la foulée son premier EP, Equilibrium, sur son propre label, Barbecue, avec lequel il continuera de publier régulièrement des EP.

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© Evan Lunven

Parallèlement, il rentre dans la famille Astropolis. Artiste accompagné par l’équipe du festival, qui gère son booking et son management, il est régulièrement programmé à Brest ou dans des événements partout en France, prend part aux actions culturelles de l’association et bénéficie du riche réseau tissé par Astropolis en 25 ans d’histoire. Aussi, c’est tout naturellement que La Carène, salle de musiques actuelles (SMAC) de Brest, lui offre l’opportunité d’une résidence artistique pour produire son premier album. D’autres salles bretonnes se joignent ensuite à l’aventure : L’Échonova à Vannes, L’Antipode à Rennes et L’Hydrophone à Lorient. Tant et si bien que le musicien donne finalement à son premier album la forme d’un hommage à sa terre natale, riche terreau où Blutch a cultivé son œuvre : la Bretagne. « Avec les copains de Morlaix, on dit souvent qu’on rentre en terre sainte ou en terre promise », raconte Julien. Et le titre était trouvé.

Aussi, Terre promise est un voyage dans la Bretagne de Blutch, en partie réelle et géographique, en partie affective et mémorielle. L’album nous fait passer rue des peupliers à Morlaix (“Poplar”) où Blutch a vécu ses premières années, puis à “Cobalan”, ancienne rue de Taulé où vivent ses parents et où l’artiste a passé son enfance, à se promener dans “Les Bois” ou à longer la rivière de Morlaix (“River”). Suivant son parcours, on met le cap sur Roscoff (“Rosko”), Ouessant (“Eusa”) et Loquirec (“Sables Blancs”), s’arrêtant, évidemment, par Brest (“Remparts”). Si certains morceaux sont plus symboliques (“Choices”, “Floatin”), ils gardent en arrière-plan de leur composition des paysages bretons, le trajet en train de Rennes à Brest ou les monts d’Arrées.

Au-delà de sa Bretagne, Blutch, qui rendait déjà hommage à Astropolis dans La Cité des étoiles, et à ses proches dans 4 My Peeps, honore dans Terre promise les différentes esthétiques et les albums qui ont bercé son parcours dans les musiques électroniques. « J’ai essayé de synthétiser beaucoup de mes sensibilités : l’ambient dans “Terre promise”, la trap dans “Poplar”, la UK garage dans “Cobalan”, la techno et l’acid dans “Choices” ou encore le breakbeat, la drum & bass, la house », explique Julien. L’ensemble forme une somme complexe, relevant de ce qui est parfois appelé electronica, IDM (Intelligent Dance Music) ou braindance, un genre fourre-tout où prime la recherche de sound design, le travail sur les textures sonores. C’est dans cet univers riche que Blutch trouve ses principales inspirations, des artistes anglais pour la plupart, Nightmares On Wax, Bonobo, Jon Hopkins, Four Tet, Djrum ou encore Tycho.

En plus de ces artistes et de leurs œuvres qui ont accompagné son inspiration, Blutch s’est aussi entouré de plusieurs musiciens pour composer et enregistrer ce premier album. Tout d’abord, le producteur et artiste live Maxime Dangles. Proche d’Astropolis, il partage le studio de La Carène avec Blutch lors de sa première résidence de création en 2017. Ce grand adepte de synthétiseurs modulaires aide Blutch à ajouter des textures sonores sur bon nombre de morceaux de l’album. Ils finissent par composer ensemble “Remparts”, en référence aux vieilles murailles qui surplombent La Carène et le port de Brest. Côté instrumentistes, on retrouve les violons de Mirabelle Gilis dans “Cobalan” et “Choices”, le piano de Fabien Lahaye dans “Poplar”, la batterie de Léo Proust et la guitare d’Hugo Blonzart dans “Phoenix”. Ces dernières collaborations ont permis à Blutch de s’éloigner du sampling qu’il pratiquait beaucoup à ses débuts pour aller vers toujours plus de composition, c’est-à-dire, pour mettre toujours plus de lui-même dans sa musique.

Et en effet, Terre promise est rempli d’âme et de sensibilité, avec autant de cœur que de chœurs. Dès les premières notes de “Terre promise”, qui ouvre l’album, un frisson monte en nous et ne nous lâchera plus. Chaque morceau envoûte, enveloppe, qu’on nage la brasse coulée sur “Terre promise”, qu’on se défoule sur “Remparts”, qu’on reprenne son souffle dans “Les Bois”, qu’on danse à s’enfoncer profondément dans “Les Sables Blancs”, qu’on rebondisse sur “Floatin” ou qu’on plonge à corps perdu dans “River”. Empreint de ses souvenirs personnels, auxquels se mêlent naturellement les nôtres, l’album de Blutch est une suite de tableaux et de péripéties, pleine de mélancolie et d’espoir portés par des mélodies rêveuses et aériennes, « un voyage du début à la fin », selon les vœux de son auteur.

Le voyage de Terre promise se poursuivra sur scène avec un live audiovisuel, conçu de concert avec le graphiste, motion designer et réalisateur Romain Navier, et avec le renfort du graphiste d’Astropolis, Daff. Nouvel objet de création à part entière, la partie visuelle du live est un écho à l’artwork de l’album, une photo d’Evan Lunven, retouchée à deux avec Blutch. « On est allés filmer les plus beaux coins de la baie de Morlaix », raconte Julien. « Romain a aussi fait beaucoup de réalisations 3D à côté. Le live est un mélange, comme dans mon album, de paysages réels et rêvés ». Un rêve éveillé à retrouver le 3 mars 2022 à La Carène de Brest, et le 19 mars au Petit Bain de Paris.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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