Le lundi 18 juin 2012 à Drouot Richelieu, la société de ventes volontaires Gros & Delettrez présentera, lors d’une vente consacrée à l’orientalisme, deux rares aquarelles et gouaches par Antoine-Ignace Melling.
À la fin du XVIIIe siècle, l’artiste allemand Antoine-Ignace Melling (1763-1831), dont s’est pris d’amitié Hadgigé, princesse ottomane sœur du sultan Selim III, va pénétrer jusque dans le harem du Sultan de Constantinople. Melling témoignera d’une manière unique dans son ouvrage « Voyage Pittoresque de Constantinople et des Rives du Bosphore », publié en 1807, à son retour à Paris, des paysages et de la vie dans la capitale ottomane. Les deux très rares aquarelles et gouaches proposées lors de cette vacation, sont préparatoires aux planches 21 et 32 de cet ouvrage en deux volumes, composés d’un recueil de texte et d’un recueil de 48 planches descriptives gravées. Ces oeuvres rendent d’une manière exceptionnelle les qualités à l’époque reconnues à l’artiste : vérité et précision dans l’exécution. S’y ajoutent un sens poétique des compositions, une atmosphère qui rappelle la lumière du Bosphore, un charme encore empreint de l’art du XVIIIe siècle.
– « Caïques devant la Place et les casernes de Top-Hané », représente le quartier de Tophané (avec sa fontaine toujours existante), à l’époque site d’une importante caserne d’artillerie et des fonderies du Sultan. Au premier plan, l’intense circulation des embarcations sur les rives du Bosphore est responsable d’une collision entre deux bateaux. Cette vue est estimée entre 80 000 et 120 000 €.
– « Vue de Bosphore prise à Kandilly », elle montre, sur la rive asiatique du Bosphore, de jeunes danseuses grecques s’égayant au son d’une guitare, observées par trois vieux arméniens, reconnaissables à leurs bonnets. Au loin, sur chaque rive, les vieux châteaux de Mehmet II surveillent la passe. Il faudra compter 60 000 à 80 000 € pour acquérir cette aquarelle et gouache.
Ces deux oeuvres ont probablement été exposées au Salon de Paris de 1808. Le séjour de Melling à Constantinople est, à plus d’un titre, exceptionnel. C’est grâce à la protection que lui accorda Hadgigé qu’Antoine Ignace Melling put devenir le grand reporter de Constantinople au tournant des années 1800. Il était particulièrement inhabituel, à cette époque, qu’une princesse du plus haut rang hébergea un artiste européen dans son palais puis que celui-ci put pénétrer à l’intérieur de Topkapi et du sérail du Sultan.
L’ascension de Melling fut météorique. Arrivé sur le Bosphore en 1784, il fréquente le monde des diplomates européens. C’est sur la recommandation du baron de Hubsch, chargé d’affaires du roi du Danemark, que l’artiste dessine pour la Sultane un jardin labyrinthique. Puis Melling obtient la commande de plusieurs projets d’architectures et de nombreux décors intérieurs. Selim III le nomme architecte du Sultan et lui fait agrandir ses palais (Beschik-Tasch). Melling y introduit avec succès les canons de l’architecture néo-classique. Il dessine aussi pour la sultane mobilier, bijoux, robes… Une correspondance est aujourd’hui conservée, éclairant la relation entre l’artiste et la princesse.
Les raisons de la disgrâce et de la rupture de Melling avec Hadgigé sont obscures, mais laissent, néanmoins, l’opportunité au peintre de dessiner, durant deux années, les paysages de la ville et du Bosphore, la vie du Palais de Topkapi, la sortie du Sultan à cheval. Ces études constitueront le fond documentaire nécessaire à l’élaboration de son « Voyage Pittoresque ».
Vente aux enchères publiques – Drouot Richelieu – salles 1&7 :
Lundi 18 juin 2012 à 14 h
Expositions publiques :
Samedi 16 juin 2012 : 11h-18h
Lundi 18 juin 2012 : 11h-12h