Paris. Le Printemps des cimetières à rassembler des curieux au cimetière Montparnasse

Printemps au cimetière Montparnasse

Le Printemps des Cimetières est revenu les 24, 25 et 26 mai 2024 partout en France et en Belgique. Entre recueillement et plongée dans l’Histoire de Paris, les huit cimetières parisiens sélectionnés méritent tous de s’y attarder. L’objectif a été de valoriser ces lieux patrimoniaux tout en révélant différents aspects souvent méconnus du grand public ; des activités gratuites ont été organisées pour mettre en lumière leur valeur paysagère, leur riche biodiversité et leur intérêt culturel. Unidivers a fait le choix de découvrir pour ses lecteurs le cimetière Montparnasse, ce dimanche 26 mai 2024.

Le cimetière du Montparnasse, lieux de fraîcheur, de calme et de sérénité, loin de l’agitation et du brouhaha de la capitale, s’est visité dimanche 26 mai, d’abord à travers les yeux de Bruno, un gardien passionné de cinéma, le matin à 10h puis l’après-midi à 14h pour une visite commentée de deux heures. Il a commencé en toute logique par faire découvrir au public la tombe de la famille Oury et celle des plus beaux yeux du cinéma : Michèle Morgan


L’association Les Aliennes et Alexandrine son animatrice ont proposé de sensibiliser le public sur la place des femmes dans la culture, le thème de cette édition 2024, et a mis en valeur le matrimoine funéraire du cimetière du Montparnasse. La mission de cette association est de changer les représentations des femmes dans la société grâce à la culture. Elle sensibilise le grand public à l’égalité entre les genres.

Quant à la Ville de Paris, elle rappelle qu’elle n’utilise plus de produits phytosanitaires pour l’entretien des cimetières depuis 2015. Deux stands, dont celui de deux agents Guillaume et Audrey, accueillaient les visiteurs pour leur faire découvrir et comprendre les nouvelles méthodes d’entretien des cimetières, plus respectueuses de la nature et de la biodiversité. 

Pauline Rémond et Tristan Burlot  de la Cie de théâtre Les Traversées de Vincennes (Val de Marne), animent chaque année le Printemps des cimetières. Cette année et pour la première fois, ils ont choisi le cimetière du Montparnasse pour présenter un hommage à Michèle Morgan, autour du réalisme poétique dans le cinéma des années 1930-40.  

Second plus grand cimetière de Paris, le cimetière du Montparnasse a été construit en 1824, sous le nom d’abord de cimetière du Sud, à la même époque que d’autres cimetières parisiens : celui de Passy, de Montmartre et le cimetière du Père-Lachaise. Le cimetière du Montparnasse a été construit sur l’emplacement de trois fermes du territoire de la commune de Montrouge. Au début du XIX e siècle, le préfet de la Seine Nicolas Frochot fait acheter ces terrains, qui appartiennent depuis le XVII e siècle à des religieux de Saint-Jean-de-Dieu, par la ville de Paris pour ouvrir l’un des trois cimetières parisiens. La première inhumation a lieu le 25 juillet 1824 et l’ancien moulin devient la maison du gardien, avant d’être classé monument historique en 1931. On peut de nos jours observer ces vestiges du passé puisque l’une des tours d’un des moulins à farine est encore bien debout dans le cimetière. Sur une superficie de dix-neuf hectares, 1200 arbres arborent le cimetière de Montparnasse : surtout des tilleuls, des sophoras, des frênes, des conifères, des érables et des thuyas. 

On peut flâner entre les tombes d’inconnus et d’illustres personnages de l’Histoire, de l’art, du cinéma, de la littérature, de la peinture. Il abrite aussi le souvenir d’un grand nombre de personnalités religieuses, de penseurs, d’artisans du progrès technique, des explorateurs, des architectes, des hommes politiques, comme la tombe du président Jacques Chirac (1932-2019), ou de Raymond Barre (1924-2007)

Grâce à un plan distribué gratuitement à l’entrée, les visiteurs qui avaient fait le choix d’une visite libre, retrouvaient facilement les emplacements des tombes célèbres, notamment celle des personnalités féminines pour faire référence au thème de l’édition 2024 du printemps des cimetières

Les écrivains : Jean-Paul Sartre (1905-1980) et Simone de Beauvoir 1908-1986) dans la même tombe ; les poètes Charles Baudelaire (1821-1867) et  Robert Desnos (1900-1945) ; l’écrivain irlandais Samuel Beckett (1906-1989) ; le dramaturge roumain Eugène Ionesco (1909-1994) ; la femme de lettres Marguerite Duras (1914-1996) ; le romancier Joseph Kessel (1898-1979) ; l’écrivain et journaliste littéraire Guy de Maupassant (1850-1893) ;  le poète originaire de Belgique Pierre Louÿs (1870-1925) ; l’illustrateur Vercors (1902-1991) et l’écrivain d’origine arménienne Henri Troyat (1911-2007) 

Printemps au cimetière Montparnasse

Les acteurs : Mireille Darc (1938-2017) ; Bruno Cremer (1929-2010) ; Serge Reggiani (1922-2004) ;  l’actrice américaine Jean Seberg (1938-1979), Philippe Noiret (1930-2006) ; Jean Poiret (1926-1992) ; l’actrice et réalisatrice Delphine Seyrig (1932-1990) ; Jean Carmet (1920-1994) ; la comédienne Cécile Sorel (1873-1966). 

Les chanteurs : Christophe (1945-2020) de son vrai nom : Daniel Bevilacqua ; l’auteur, compositeur et chanteur Serge Gainsbourg (1928-1991), où des fans du monde entier viennent se recueillir et déposent tous les jours des fleurs, des tickets de métro pour faire un clin d’œil à sa célèbre chanson Le Poinçonneur des Lilas, ainsi que des mégots de cigarette, l’accessoire indissociable de l’artiste ;

Les chanteuses Juliette Gréco (1927-2020) et Jane Birkin (1947-2023), la dernière en date !

Les cinéastes :Jacques Demy (1931-1990) ; Éric Rohmer (1920-2010) ; Maurice Pialat (1920-2003) ; Alain Resnais(1922-2014) ; Gérard Oury (1919-2006) ; Claude Sautet (1924-2000) ; Jacques Becker (1906-1960) ; la cinéaste et plasticienne Agnès varda ;

Printemps au cimetière Montparnasse

Aussi des compositeurs : le pianiste Camille Saint-Saëns (1825-1921) ; des photographes : Gyula Brassaï d’origine hongroise (1899-1984) ; des peintres :  Man Ray (1890-1976) ; Yvonne Jean-Haffen (1895-1993) et le lithographe Eugène Carrière (1849-1906) ; l’officier d’artillerie Alfred Dreyfus (1859-1935)

Portrait de la pilote Maryse Bastié (1898-1952) qui repose au cimetière du Montparnasse : elle fut la première aviatrice française.

Elle est née Marie-Louise Bombec le 27 février 1998 à Limoges (87). Très jeune, elle est ouvrière dans une usine de chaussures en qualité de piqueuse sur cuir. Après un premier mariage et le décès de son enfant, elle se remarie avec le lieutenant pilote Louis Bastié, qui était son filleul de guerre pendant la Grande Guerre. Elle prend l’identité de Maryse Bastié. Aux côtés de son mari, elle se découvre une passion pour l’aviation. 

Elle obtient son brevet de pilote le 29 septembre 1925 à Bordeaux. La semaine suivante,  elle passe avec son avion, un Caudron G.3, sous les câbles du pont transbordeur de Bordeaux et le 13 novembre suivant, elle vole de Bordeaux à Paris en six étapes, son premier voyage aérien. En 1926, Louis Bastié trouve la mort dans un accident d’avion. Maryse Bastié ne se décourage pas et devient monitrice de pilotage. Elle monte ensuite à Paris, elle donne des baptêmes de l’air et fait de la publicité aérienne. Elle décide d’acheter son propre avion, un Caudron C.109 à moteur de 40 ch. Elle collabore avec le pilote Drouhin qui l’aide à financer sa passion. Le 13 juillet 1928, il lui offre le poste de premier pilote et réalise un premier record féminin homologué de 1 058 km à Treptow, en Poméranie. L’année suivante, elle établit un nouveau record de France féminin avec une durée de vol de 10 h 30, et un record international féminin de durée avec 26 h 44, puis le 3 septembre 1930, elle réalise un vol de 37 h 55 en luttant jusqu’à l’épuisement contre le froid et le manque de sommeil. Elle reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur et le Harmon Trophy américain, pour la première fois, à une Française, après avoir établit  un record de distance avec 2 976 km sur le parcours Paris – Uring (URSS). 

En 1935, elle crée son école à Orly : Maryse Bastié Aviation. Le 30 décembre 1936, elle traverse l’Atlantique de Dakar à Natal, seule à bord d’un Caudron Simoun. Jean Moulin, le grand résistant de la Seconde Guerre mondiale, participe à cette époque à l’organisation de nombreux raids aériens civils, comme la traversée de l’Atlantique Sud par Maryse Bastié. Lors de l’offensive allemande en mai 1940, elle offre ses services à la Croix-Rouge, notamment auprès des prisonniers français du camp de Drancy. Lors du départ d’un train vers l’Allemagne, elle est bousculée par une sentinelle allemande et se fracture le coude droit. Elle en garde une invalidité et ne pilotera plus. Sous couvert de son activité à la Croix-Rouge, elle recueille des renseignements sur l’occupant. Capitaine de l’armée de l’air, Maryse Bastié a totalisé 3 000 heures de vol. Elle trouve la mort à l’âge de 54 ans, le 6 juillet 1952, dans un crash d’avion où elle voyageait en tant que passagère, après un meeting aérien à l’aéroport de Bron (69), alors qu’elle était venue présenter un prototype du Nord 2501.

Adresse du cimetière du Montparnasse : 3, boulevard Edga Quinet – 14e arrondissement – Paris.

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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