Saint Brieuc. Théophile Peris expose Droit de varech à la galerie Raymond-Hains

Théophile Peris

La Galerie Raymond-Hains de l’école des Beaux-Arts de Saint Brieuc dans les Côtes d’Armor expose Droit de varech de Théophile Peris. Le jeune artiste invite les visiteurs à se plonger dans l’estran et à découvrir les secrets qui se cachent parmi les débris naturels de mer et les rochers découverts par la marée.

Jadis, le droit de varech donnait la propriété des épaves et des cargaisons des navires au seigneur des terres, où ils avaient fait naufrage. Aujourd’hui, il donne droit de s’emparer des laisses de mer, de tout ce qui est rejeté par la mer ou l’océan sur ses côtes (coquillages, tests d’oursin, algues arrachées, éponges, os de seiche ou de calmar, etc.)

Théophile Peris
Des habitants des côtes attendent l’échouage d’un navire naufragé pour s’adonner au droit de varech : on les appelle les pilleurs de la mer

L’exposition Droit de varech fait suite à la résidence de recherche Territoires Extra, soutenue par la DRAC et accomplie par Théophile Peris à Plougasnou (29).

Théophile Peris s’intéresse au milieu naturel morlaisien, plus encore à l’estran, cet espace de balancement des marées qui possède de nombreux sous-habitats spécifiques. Une fois la mer retirée, il observe sous les pierres, sur le sable, un concentré de populations de micro-organismes, de végétaux et autres crustacés amassés en colonie. Son travail lui demande d‘être le plus souvent le corps fléchi et courbé, d’avoir les pieds et les mains enlacés avec le regard tourné vers le sol.

Théophile Peris invite le public à se plonger dans son monde à travers la découverte des œuvres de son exposition pour découvrir les secrets qui s’y cachent. La grande installation expose à la fois des sculptures récentes réalisées cette année et d’autres plus anciennes, toutes proposent des dioramas, des cabinets de curiosité, des aquariums, avec des objets taillés dans le bois et la pierre, une cloche en cuivre, des céramiques et autres, etc., tout ce qui recompose un monde en soi.

Au fond de la salle d’exposition, un feutre de laine long de cinq mètres est présenté. Il a été réalisé avec l’aide des élèves de la classe préparatoire de l’école des Beaux-Arts. La laine, étant souvent considérée comme déchet, est associée ici à un processus de transmission, au cœur de la démarche de l’artiste, qui oriente son travail et sa recherche dans une écologie de gestes, de matériaux et d’outils.  

Théophile Peris

Théophile Peris est né en 1997 à Moncrabeau dans le Lot-et-Garonne. C’est dans ce département qu’il vit et travaille ! Il est diplômé de l’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers (86). Théophile Peris s’est également formé au savoir-faire artisanal par des recherches théoriques, en expérimentant les différents outils et techniques traditionnelles. Il s’ouvre aussi au monde pastoral en travaillant un été comme aide berger dans les Alpes de Haute Provence.

Il est passionné par les rencontres humaines, animales et paysagères. Il se nourrit des conseils et des anecdotes d’autrui. Ce sont ces rencontres, qui lui inspirent l’emploi de matières brutes, qu’il transforme en créant des formes plastiques variées. Chaque œuvre est le produit d’une observation puis d’un travail manuel d’interprétations sensibles, faisant suite à ses rencontres au hasard de ses déplacements : il récolte l’argile dans le lit d’une rivière du département, puis travaille cette matière première pour la transformer en céramique. Partout où il se déplace, il tisse des liens avec des éleveurs de moutons et récupère des ballots de laine issus tout juste de la tonte. La laine est ensuite transformée en feutre, après avoir été triée, lavée, teintée. Le travail du feutre est une aventure collective ; les étapes physiques sont multiples en raison du poids et des quantités des matériaux à manipuler. Théophile Peris aime s’entourer souvent d’amis pour réaliser ce travail.

Et puis le jeune artiste aime transmettre ses connaissances : cela fait partie intégrante de sa démarche. Aux contacts de publics scolaires, cette co-création lui permet de faire passer des messages sur l’impact inévitable de l’action humaine, de l’extraction végétale de la couleur pour une teinture, de la consommation d’eau, etc. Il veille à ne pas créer de division entre le naturel et l’artificiel, entre le manufacturé et l’industriel, entre l’art et l’artisanat. Pour les dessins et les motifs de ses feutres, il cherche plutôt à concilier l’ancien et la modernité. Les dimensions des feutres sont variables, pouvant atteindre des longueurs de plus de dix mètres pour en faire un feutre monumental… 

Sinon, sa pratique itinérante l’incite à ramasser une collection de petits objets et fragments, qu’il présente selon les lieux d’exposition : des os, de la terre cuite, du métal, du bois, du marbre, du grès, des peaux de brebis, des chardons…

INFOS PRATIQUES

Exposition Droit de varech de Théophile Peris à la  Galerie Raymond Hains de l’école des Beaux-arts à Saint Brieuc, jusqu’au vendredi 20 décembre 2024. Entrée gratuite.

9, esplanade Georges Pompidou à Saint-Brieuc (22)

Ouvert du mardi au samedi de 15h à 18h. 

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Bleuenn Morvan
Bleuenn Morvan est correspondante de presse dans les Côtes-d'Armor