Betton près de Rennes. La fourrière SACPA accusée de maltraitance animale s’en défend

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À Betton, près de Rennes, la fourrière animale gérée par le groupe SACPA fait face à de graves accusations de maltraitance. Des citoyens et associations dénoncent des pratiques « inacceptables », tandis que le responsable du site assure respecter la loi. Une affaire qui ravive le débat sur les conditions de détention et d’euthanasie des animaux dans les fourrières françaises. Une quarantaine de chiens et une vingtaine de chats sont actuellement recueillis au centre animalier SACPA de Betton.

Une vidéo choc et une plainte pour maltraitance

Tout est parti d’une vidéo relayée sur les réseaux sociaux par OneVoice qui montre un chat atteint d’épilepsie et un chien, Mika, euthanasié dans l’enceinte de la fourrière de Betton près de Rennes. Dans la foulée, plusieurs témoignages anonymes évoquent des animaux laissés sans soins, des boxes inadaptés, et des mises à mort jugées abusives. Une plainte a été déposée auprès du procureur de la République pour « sévices graves ou actes de cruauté envers un animal ».

Sur place, la tension est palpable. Des manifestants se sont rassemblés devant les grilles de l’établissement, brandissant des pancartes accusatrices : « Vous tuez des animaux ! », « Halte à la maltraitance institutionnelle ». Plusieurs associations locales de protection animale demandent la suspension temporaire de l’activité du site, dans l’attente d’une inspection administrative.

La direction de SACPA réfute toute irrégularité

En réponse à la tourmente médiatique, le directeur régional de SACPA, entreprise gestionnaire de plusieurs fourrières en France, se défend : « Nous comprenons l’émotion suscitée par certaines images, mais nos agents suivent les protocoles stricts imposés par la législation. Chaque euthanasie est décidée selon des critères vétérinaires. » Il déplore ce qu’il qualifie de « campagne de désinformation » orchestrée par des militants radicaux. « Les animaux que nous recueillons sont souvent en état de divagation, parfois blessés ou porteurs de maladies. Nous faisons le maximum pour les identifier, les soigner, et les rendre à leurs propriétaires ou les faire adopter. Mais tous ne peuvent être sauvés. »

Le cadre légal : une protection encore floue

La loi française impose aux fourrières un délai de garde de 8 jours ouvrés pour les animaux errants. Passé ce délai, s’ils ne sont pas réclamés, ils peuvent être cédés à une association ou euthanasiés. En pratique, le recours à l’euthanasie dépend fortement des moyens des structures et de leur politique de partenariat avec les refuges. Or, selon plusieurs sources associatives, le centre de Betton pratiquerait un taux d’euthanasie « anormalement élevé ». Un ancien employé, sous couvert d’anonymat, affirme que « certains animaux sont euthanasiés sans véritable évaluation comportementale ou recherche d’adoption ». Le ministère de l’Agriculture a annoncé qu’une inspection de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) serait diligentée dans les prochains jours. Des audits similaires ont déjà conduit à des sanctions dans d’autres établissements SACPA par le passé, notamment à Montpellier et Toulon.

Une défiance croissante envers la SACPA

Créée en 1993, la SACPA est l’un des principaux opérateurs privés de gestion animalière en France. Elle est régulièrement critiquée pour sa logique de rentabilité et la sous-traitance massive de ses activités. Pour certains défenseurs des animaux, il s’agit d’un modèle économique incompatible avec une véritable éthique du soin et de la réhabilitation. « Il faut sortir la gestion des animaux errants du secteur lucratif », martèle une juriste en droit animalier membre de la Fondation Brigitte Bardot. « Il en va de la dignité animale, mais aussi de la transparence vis-à-vis du contribuable. Car ce sont bien les collectivités locales qui financent ces contrats. »

Quelle issue pour le centre de Betton ?

En attendant les conclusions de l’enquête administrative, la mairie de Betton a demandé des « éclaircissements » au groupe SACPA, tout en précisant que le contrat de délégation de service public court encore jusqu’en 2026. Plusieurs élus locaux réclament un audit indépendant et un changement de prestataire, tandis que la pression citoyenne continue de monter. Ce nouvel épisode illustre à quel point les Français sont de plus en plus sensibles au bien-être animal. Et il pourrait bien précipiter une réforme plus large du statut des fourrières, entre encadrement plus strict, contrôle renforcé et désengagement du privé.