L’empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d’épouser Agrippine et d’adopter Néron, fils qu’elle a eu d’un précédent mariage. Après avoir empoisonné son troisième mari, l’empereur Claude, Agrippine écarte du pouvoir Britannicus au profit de Néron. Tous deux sont amoureux de la princesse Junie que Néron contraint à un odieux déchirement : ou bien rester fidèle à Britannicus et provoquer sa mort, ou bien sauvegarder sa vie, mais céder à l’Empereur… Telle est la présentation de Britannicus, tragédie en alexandrins écrite par Jean Racine, représentée pour la première fois en 1669 à l’Hôtel de Bourgogne et actuellement à l’affiche au TNB de Rennes.
Britannicus est une pièce politique à la française, variation sur la tragédie du pouvoir. Mais, Racine n’est pas Shakespeare, et l’Hotel de Bourgogne n’a que peu à voir avec le Globe de Londres. En comparaison avec les pièces de son illustre ancêtre, l’action de Britannicus est resserrée, le jeu des acteurs presque absent, le style ascétique, la musicalité de la versification omniprésente.
Tout cela, le réalisateur Jean-Louis Martinelli veut le dépasser. Aussi transpose-t-il la parole des personnages dans un espace immense, image de la démesure du politique. Sur un plateau nu, un fauteuil symbole du pouvoir est transporté à bout de bras, déclenchant parfois l’hilarité du public.
Cette immensité nue nécessite des acteurs des déplacements rapides, parfois peu compréhensibles. Surtout, elle les oblige à forcer leur voix pour surmonter l’horreur du vide. Le texte risque de tomber à tout moment dans la déclamation. Cet écueil est évité le plus souvent grâce à la maîtrise des comédiens et comédiennes. On soulignera à ce propos la prestation d’Anne Benoît, jouant une Agrippine majestueuse et rouée, d’Anna Suarez, Junie à la présence simple et émouvante, et Alain Fromager qui concrétise avec talent les contradictions de son rôle de Néron.
Mais il en faudrait davantage pour rehausser un ensemble décevant.
Britannicus de Racine, mise en scène de Jean-Louis Martinelli. Production du Théâtre Nanterre-Amandiers. A Rennes, au TNB du 26 mars au 4 avril 2014, 20h00.
Avec Anne Benoît (Agrippine), Alban Guyon (Britannicus), Alain Fromager (Néron), Grégoire Oestermann (Narcisse), Agathe Rouillier (Albine), Anne Suarez (Junie), Jean-Marie Winling ( Burrhus)
scénographie Gilles Taschet
lumière Jean-Marc Skatchko
son Alain Gravier
costumes Ursula Patzak
L’empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d’épouser Agrippine et d’adopter Néron, fils qu’elle a eu d’un précédent mariage. Après avoir empoisonné son troisième mari, l’empereur Claude, Agrippine écarte du pouvoir Britannicus au profit de Néron. Tous deux sont amoureux de la princesse Junie que Néron contraint à un odieux déchirement : ou bien rester fidèle à Britannicus et provoquer sa mort, ou bien sauvegarder sa vie, mais céder à l’Empereur…
Cette pièce est une magnifique réflexion sur les parcours à la fois sensibles et intellectuels des personnages, mais aussi un questionnement aigu sur la passion. Jean-Louis Martinelli met en scène cette grande tragédie romaine : « Je reviens à Racine avec l’une de ses pièces les plus politiques : Britannicus, pour scruter ce qui peut fonder l’âme humaine, les désirs de pouvoir de la Rome antique à maintenant et ce dans la beauté de la langue du XVIIe siècle, en alexandrins ».
Incarnées et auscultées par sept acteurs de haute tenue, les vanités des grandeurs humaines débordent d’un récit tissé d’histoires, de jeux d’alliances et de retournements.