Pour une fois, nous n’allons pas parler d’une nouveauté discographique, mais d’un groupe qui fait rimer musique celtique avec Amérique. Car avec leur mélange de « punk Oï! » et d’instruments traditionnels, les Dropkick Murphys n’ont pas forcément le profil du Bostonien lambda…
Pour les découvrir, nous vous proposons un album sorti en 2001 : Sing Loud, Sing Proud. Mais… revenons un peu sur l’histoire tumultueuse de ce groupe. D’abord quatuor formé par Mike McColgan, Rick Barton, Ken Casey et Jeff Erna, le groupe a écumé les scènes de la région de Boston dans les années 90, alors qu’il signait chez Hellcat Records dès 1997. Mais en 98, leur chanteur s’en va, laissant la place à Al Barr. Le groupe renforce alors les influences punk, hardcore et irlandaise. Et puis c’est Rick Barton qui s’en va en 2000, ce qui ouvre le groupe à d’ex-musiciens de The Ducky Boys. Avec désormais une mandoline, une cornemuse, et une flute (?), l’ancrage celtique est assumé. À tel point que de Boston on s’envole rapidement pour l’Irlande avec la participation de Shane MacGowan des Pogues sur ce fameux « Sing Loud, Sing Proud ».
Comme il se doit, les titres sont courts, intenses et énergiques – surtout au début de l’album. Ils ne dépassent les 3 minutes qu’en milieu d’album, apportant presque une respiration. Quelques titres repris d’autres artistes viennent agrémenter l’album telle la folkeuse Florence Reece. Mais avec ce son street punk, le groupe parsème ses titres de quelques samples bien sentis pour renforcer une ambiance très « Pub ». Ainsi entend-on les verres cogner derrière les applaudissements dans « The Wild Rover », chanson traditionnelle. On imagine particulièrement bien ce que peut donner le groupe en live, ne serait-ce qu’après cette intro sous les cris de « Let’s go Murphys ! ». Leur hommage à leur ville est particulièrement bien senti. À l’image de ce mélange de titres anciens et titres personnels qui n’entache en rien la cohérence de l’album ni son énergie communicative.
L’apport de la cornemuse et de la flute est considérable dans cette homogénéité. Ils évoquent évidemment les légendes celtiques. Mais en bons punks, les membres de Dropkick Murphys parlent aussi politique comme dans « The new american way » (paradoxalement un titre qui rappelle R.E.M dans ses couplets…) avant que la rage ne revienne. La religion est également bien présente, ce qui ne manquera pas d’en surprendre alors, qu’après tout, elle vit au cœur de la culture celtique. Le groupe est d’ailleurs aussi efficace sur des titres plus folk, comme l’excellent « The Torch ». Bref, les métissages musicaux de Dropkick Murphys accouchent de disques réussis. Vous serez donc bien inspirés de piocher dans d’autres opus de leur discographie. Et surtout les voir en live…. (ils étaient au Hellfest en 2012, comme la vidéo en atteste).
Et pour ceux qui craignent le coté Oï ! sachez qu’il n’y a pas ici de connotation raciste côté white power skinhead, le Oï étant utilisé également côté redskins aux États-Unis. D’ailleurs, pour la légende, le groupe n’a pas hésité à arrêter un concert pour faire le coup de poing avec un « fan » néonazi… À noter que Dropkick Murphys est très présent dans les stades bostoniens, certains titres étant devenus des hymnes de supporters. Leur dernier album date de 2012, mais leur rythme de parution laisse croire à un nouvel opus en 2015. Unidivers ne manquera pas de vous en informer.