Du 20 mars au 6 mai 2018, le Musée de la danse, les Champs Libres et le TNB Théâtre national de Bretagne s’associent autour du travail d’un grand chorégraphe du XXe siècle : l’américain William Forsythe. Présentation d’un chorégraphe hybride et du parcours.
Comment relier le centre chorégraphique, les Champs Libres et le centre dramatique de Rennes ? Après 20 danseurs pour le XXe siècle en 2012, le Musée de la danse et les Champs Libres n’en sont pas à leur première collaboration. « L’arrivée d’Arthur Nauryciel a ouvert ce projet, cette envie de présenter un portrait de grande ampleur » explique Boris Charmatz, directeur du Musée de la danse.
Qui a réinventé la danse ? Qui en sont les figures majeures ? Chorégraphe aux multiples facettes, le travail de William Forsythe semblait un bon point de départ pour les trois institutions culturelles rennaises. Avec un désir commun de partager son œuvre, le parcours William Forsythe constitue la possibilité d’embrasser le large éventail que propose son travail. Qui est ce danseur et chorégraphe considéré comme « le plus européen des américains » ?
Après des études de danse classique et de jazz à l’Université de Jacksonville (Floride), ce danseur et chorégraphe américain entre au Joffrey Ballet de Chicago en 1971. En 1984, il devient directeur du Ballet de Francfort et ce jusqu’en 2004. Expérience prolifique car il crée ses œuvres majeures comme The Impressing Czar (1988) ou The Vertiginous Thrill of Exactitude (1996) à cette période. En 2005, il fonde sa propre compagnie, The Forsythe Compagny qu’il dirige jusqu’en 2015. Il est maintenant chorégraphe indépendant et assure la direction artistique d’un festival d’art contemporain en Allemagne, Festspielhaus Hellerau.
Figure majeure de la danse contemporaine, il a su inscrire sa discipline dans d’autre domaines artistiques, bousculant ainsi les codes du ballet classique. « Il est possible d’entrer dans son travail par plusieurs portes : les spectacles, les films, les installations, à travers d’autres artistes qu’il a inspiré mais aussi juste en parlant » explique Boris Charmatz, directeur du musée de la danse.
Devant la richesse de sa carrière, les trois institutions proposent un portrait de grande ampleur en trois actes. Un parcours rare où toute la diversité de son travail est à portée de main. L’occasion idéale pour professionnels et néophytes de se plonger dans le travail aussi riche que protéiforme de ce chorégraphe.
L’architecte de l’espace aux Champs Libres
La danse et l’art contemporain ne cessent de se rencontrer dans le travail de William Forsythe. L’installation performative Nowhere and everywhere at the Same Time n°2 dans la salle Anita Conti en sera la preuve.
250 pendules seront suspendues et mises en mouvement de manière aléatoire grâce à un dispositif mécanique. Ces « objets chorégraphiques » forment une installation monumentale qui sollicitera le public. « La salle Anita est une boîte noire à la base. Pour l’installation, nous allons ouvrir l’espace à la lumière, à la manière d’un studio de danse pour faire en sorte que le public se sente attirer dans l’espace. » explique Roland Thomas.
A la croisée entre la contemplation et l’action, William Forsythe emmènera le public dans son univers où le corps n’est que mouvement. Le visiteur sera invité à interagir et à déambuler dans cette étendue de pendules métalliques. Leur mouvement subtil entraînera le public dans une chorégraphie improvisée dans laquelle il sera le danseur principal. Une nouvelle approche de la danse qui ne cesse d’évoluer entre les mains de William Forsythe.
A tour de rôle, Cyril Baldy, danseur-chorégraphe au Ballet de Francfort et Myriam Gourfink, chorégraphe qui développe un travail sur la lenteur à partir de techniques respiratoires de yoga, proposeront une performance au sein de l’installation.
Le pédagogue au Musée de la Danse
Véritable moteur pour beaucoup d’artistes, le Musée de la danse met l’accent sur les méthodes d’improvisations du chorégraphe réalisées en vidéos, un projet qui a marqué toute une génération de danseurs. Parallèlement à Solo et Lectures from Improvisation Technologies, Noé Soulier présentera Mouvement sur Mouvement les 5 et 6 avril, un spectacle inspiré des technologies de l’improvisation et de son propos.
En vis à vis du travail du chorégraphe, un extrait de la pièce Régi de Boris Charmatz sera également proposé. Créé avec Raimund Hoghe et Julia Cima en 2005, le trio avait repris un des exercices de William Forsythe qui consistait à toucher toutes les parties du corps avec toutes les parties de l’autre corps. Une occasion de voir un extrait de ce qu’est devenu cet exercice et l’influence qu’a pu avoir le chorégraphe sur une génération de danseurs.
Le chorégraphe au TNB Théâtre national de Bretagne
« William Forsythe ne fait pas que revisiter les codes classiques, il va plus loin. Il s’est employé à reconstruire l’idée de ballet classique. Il intègre de l’Art contemporain avec l’idée de rendre complémentaire la matière en insérant des lumières ou des sons pour créer une œuvre unique. » explique Arthur Nauzyciel, directeur du Théâtre National de Bretagne.
Du 17 au 21 avril 2018, trois pièces seront présentées au TNB par la Compaña Nacional de Danza de España, sous la direction de José Carlos Martinez, ancien danseur étoile de l’Opéra national de Paris. « Forsythe travaille tout en déséquilibre. Il est rigoureux, avec une précision d’orfèvre mais en même temps, il place ses danseurs dans un déséquilibre constant. » précise Boris Charmatz.
Sur les rampes du plateau Vilar du TNB, le public pourra découvrir la difficulté technique de The Vertiginous thrill of Exactitude, la déconstruction des règles du ballet dans Artifact Suite, et l’ordre et le chaos dans Enemy in the Figure.
Trois volets, trois lieux, trois bonnes raisons de se laisser porter par le talent du chorégraphe, que l’on soit néophytes ou professionnels. Le parcours s’ouvrira avec un vernissage mardi 20 mars au Musée de la danse à 18 h et se poursuivra aux Champs Libres à 19h30. Le suspens reste entier quant à la présence de William Forsythe lors du vernissage
Vernissage mardi 20 mars 2018 : 18h au Musée de la danse / 19h30 aux Champs Libres
Echauffement public, spectacles, performances, rencontres, conférence dansée, workshop sont proposés durant ce temps fort “William Forsythe”.
Aux Champs Libres :
Nowhere and everywhere at the same time, N° 2
installation du 20 mars au 6 mai, tout public, gratuit
Au Musée de la danse :
Vis-à-vis William Forsythe / Boris Charmatz
installation du 20 mars au 14 avril, gratuit
Au TNB :
The Vertiginous Thrill of Exactitude / Artifact Suite / Enemy in the Figure
spectacles du 17 au 21 avril, billetterie 02 99 31 12 31