Le thème du retour au pays de la diaspora vietnamienne a été exploré en bande dessinée presque autant qu’en littérature. Pourtant, la diversité des points de vue se renforce avec le passage d’une génération à l’autre. C’est patent avec ce Vietnamerica du dessinateur américain GB Tran.
Direction : le Vietnam. Les parents du dessinateur de GB Tran décident un jour de faire découvrir leur pays à leur enfant des années après la guerre. Peu motivé, voire à reculons, l’adolescent se retrouvé confronté à un choc des cultures doublé d’une histoire de famille dont la subtilité échappe à de ses repères culturels nord-américains. GB Tran développe la complexité de la structure familiale, les relations avec les oncles, tantes et parents restés au pays, ceux qui ont collaboré avec le régime communiste et les autres.
De manière parfois désordonnée, cet épais volume aborde ainsi plusieurs thèmes. Il se veut un témoignage de l’histoire de la famille de Tran, déchirée par la guerre d’indépendance. Mais aussi un témoignage d’un retour au pays. Également de l’évolution du Vietnam pendant près de 60 ans. Tout comme l’apprentissage de ses racines par un jeune adulte.
Quant au dessin, il est assez typique des comics, tantôt fouillé et parfois simpliste. Rapporté au travail du français Clément Baloup, c’est un mélange entre les récits de « Un automne à Hanoi » et « Little Saigon, mémoire de Viet Kieu ». GB Tran y ajoute un témoignage sur le parcours d’intégration de sa famille dans le mode de vie américain, ce déracinement qui aboutit à un étrange comportement de l’adolescent au début du récit…
La maladresse dont fait montre le découpage de l’ensemble ne parvient pas à masquer l’intérêt de l’ouvrage. Au-delà d’un pays, Vietnam America évoque tous ceux qui ont dû se résigner à quitter un jour leur pays, ceux qui ont du « s’intégrer » et qui retrouvent un jour leur terre d’origine et ceux qui sont restés. Un sujet universel.
Vietnam America de GB Tran, A Family’s journey, janvier 222 pages, Steinkis Editions, 20€ (en anglais)