Un nouveau virus en Chine potentiellement pandémique : ce que vous devez savoir du HKU5-CoV-2

Virus type HKU5-CoV-2
Virus type HKU5-CoV-2

Découvert récemment dans une colonie de chauves-souris en Chine, le HKU5-CoV-2 est un nouveau coronavirus qui suscite l’attention de la communauté scientifique mondiale. Proche de MERS-CoV et structurellement comparable à SARS-CoV-2 (le virus responsable du Covid-19), HKU5-CoV-2 n’a encore infecté aucun humain dans la nature, mais il présente plusieurs caractéristiques qui justifient une vigilance accrue.

Pourquoi ce virus inquiète-t-il ?

Contrairement à d’autres virus zoonotiques (qui passent des animaux à l’humain), HKU5-CoV-2 est déjà capable de se lier au récepteur ACE2 humain, le même que celui utilisé par le Covid-19 pour infecter nos cellules.

Des expériences en laboratoire ont montré que :

  • Il peut infecter des cellules humaines cultivées,
  • Il pénètre aussi dans des organoïdes respiratoires et digestifs, c’est-à-dire des modèles biologiques très proches du corps humain,
  • Il est également capable d’infecter les cellules de plusieurs espèces animales, ce qui multiplie les opportunités de passer à l’homme.

Ces données ne signifient pas qu’une pandémie est en cours — loin de là. Mais elles démontrent que le virus a déjà franchi des étapes clés de l’adaptation inter-espèces.

Une mutation, et ensuite ?

La structure du virus, notamment sa protéine Spike, pourrait évoluer rapidement. Selon des chercheurs américains, il suffirait d’une mutation modeste pour que HKU5-CoV-2 améliore son affinité avec les cellules humaines, ouvrant la voie à une transmission directe entre humains.

Les virologues parlent d’un « petit pas évolutif » qui sépare ce virus d’un comportement pandémique. En comparaison, SARS-CoV-2 (Covid-19) a franchi cette étape à la fin de 2019 avec une mutation facilitant sa propagation interhumaine à grande échelle.

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Peut-on parler d’un risque de pandémie ?

Pas pour le moment. Aucun cas humain n’a été détecté, aucune transmission entre individus n’a été observée, et l’ensemble des signaux reste expérimental et théorique. Mais les ingrédients d’un franchissement de la barrière d’espèce sont présents.

Voici les éléments à considérer :

ÉlémentStatut
Infection de cellules humaines en laboConfirmée
Cas humains documentésAucun à ce jour
Transmission interhumaineInexistante
Capacité de mutation vers une forme plus infectieuse Probable mais non observée
Surveillance active par les autorités sanitairesEn cours (OMS, CDC, etc.)

Que font les scientifiques ?

Plusieurs actions sont déjà en cours :

  • Séquençage génétique complet du virus pour surveiller son évolution,
  • Tests de neutralisation avec des anticorps connus (issus de vaccins Covid ou MERS),
  • Développement possible de vaccins « pancoronavirus » visant plusieurs souches,
  • Surveillance renforcée des espèces animales réservoirs, notamment les chauves-souris et les mammifères intermédiaires (comme la civette ou le dromadaire dans le passé).

En résumé

HKU5-CoV-2 n’est pas un nouveau Covid, mais il appartient à la même grande famille et possède plusieurs atouts pour franchir les barrières entre espèces. S’il ne faut ni céder à l’alarme prématurée, ni banaliser ces signaux, l’approche actuelle repose sur un principe de prévention et de préparation.

La probabilité qu’il déclenche une pandémie dans sa forme actuelle est très faible, mais non nulle à moyen terme. C’est pourquoi ce virus fait désormais partie des agents prioritairement surveillés à l’échelle mondiale.

Pour aller plus loin : que signifie « franchir la barrière d’espèce » ?

C’est lorsqu’un virus, initialement propre à une espèce animale, acquiert les moyens d’infecter une autre espèce — ici, l’humain. Cela peut se produire via une mutation, un hôte intermédiaire, ou une exposition répétée. C’est l’un des grands défis de la virologie moderne et l’un des risques majeurs pour la santé publique mondiale.

Gaspard Louvrier
Gaspard Louvrier explore les frontières mouvantes de la recherche, des technologies émergentes et des grandes avancées du savoir contemporain. Spécialiste en histoire des sciences, il décrypte avec rigueur et clarté les enjeux scientifiques qui traversent notre époque, des laboratoires aux débats publics.