Négligences, maltraitances, violences, décès : plus de 400 000 enfants doivent être protégés

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Le jeudi 15 mai 2025, environ 700 travailleurs sociaux venus de Bretagne, de Normandie et des Pays de la Loire se sont rassemblés à Rennes pour alerter sur la crise profonde que traverse la protection de l’enfance. À l’appel du collectif « Les 400 000 », ils ont défilé depuis le Conseil départemental jusqu’à la préfecture de région, où ils ont symboliquement accroché des doudous aux grilles pour représenter les enfants en attente de prise en charge.

Cette action s’inscrit dans une mobilisation nationale organisée dans plusieurs grandes villes françaises, dont Paris, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille et Mamoudzou . Le collectif « Les 400 000 », qui regroupe plus de 70 organisations de défense des droits des enfants, a lancé cet appel pour dénoncer l’état alarmant de la protection de l’enfance en France.

Les revendications des manifestants s’articulent autour de quatre urgences :

  • Mettre fin aux listes d’attente pour les mesures de protection ordonnées par les juges.
  • Réinvestir dans le soutien aux familles pour prévenir la maltraitance.
  • Revaloriser les métiers du travail social, confrontés à une pénurie de personnel.
  • Assurer un accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’aide sociale à l’enfance.

Selon Emmanuel Panis, délégué régional de la CNAPE (Confédération nationale des associations de protection de l’enfant), environ 3 500 enfants sont actuellement en attente de placement en France, dont 300 en Bretagne. Il souligne que les mesures de protection décidées par les juges tardent à être appliquées, que de nombreuses fratries sont séparées faute de places, et que des enfants sont orientés vers des dispositifs inadaptés.

Cette mobilisation vise à interpeller les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation et à exiger des moyens supplémentaires pour garantir une protection effective des enfants en danger.


Le manifeste

En 2023, plus de 3 000 enfants vivent à la rue

En 2024, 130 000 enfants subiront des violences sexuelles

Fin 2023, 3 350 enfants sont sur liste d’attente de leur mesure de placement

En 2023, 8 000 jeunes, anciens enfants placés sont sans domicile fixe

En 2023, 10 000 jeunes sont abandonnés à leur sort à leur majorité, malgré la loi

En 2024, combien de milliers d’enfants sont en danger dans leur famille sans que nous le sachions ?

La Convention internationale des droits de l’enfant stipule que l’État s’engage à «assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bienêtre». Négligences, délaissements, maltraitances, violences, décès : plus de 400 000 enfants doivent être protégés par les pouvoirs publics, inconditionnellement, et de manière équitable dans tous les départements.

Nombre d’entre eux ne sont pas accompagnés correctement. 
Nombre d’entre eux ne sont pas protégés suffisamment longtemps. 
Nombre d’entre eux ne sont pas considérés comme des personnes dont les droits comptent tout autant que pour chacun d’entre nous. Certains voient leurs droits bafoués du fait de leur origine. 
Nombre d’entre eux n’ont pas un toit au-dessus de leur tête. 
Nombre d’entre eux ne peuvent pas s’endormir en sécurité. 

Malgré des milliers d’associations engagées sur l’ensemble du territoire, la protection de l’enfance est, en France, en train de sombrer.

  • Le service public de la justice est saturé, malgré l’investissement des juges des enfants et des autres professionnels de la justice. Les décisions de justice visant à assurer la sécurité des enfants ne sont pas exécutées avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Chaque jour, des enfants reconnus victimes s’accumulent sur liste d’attente, sans être sortis du danger.
  • Les associations sont exsangues financièrement et manquent de professionnels : elles protègent de leur mieux les enfants avec des bouts de ficelle, victimes d’économies de bouts de chandelle
  • Les travailleurs sociaux sont en surrégime : engagés pour donner aux enfants les mêmes chances qu’aux autres, certains d’entre eux subissent des conditions de travail qui les empêchent d’être bientraitants auprès des enfants qu’ils accompagnent. Leur travail est ignoré par la société alors qu’il participe à la solidarité nationale.

120 ans après la création de l’Aide sociale à l’enfance dans une des plus grandes démocraties du monde, de nombreux enfants demeurent victimes des défaillances d’un système conçu pour les protéger. Bâti sur des principes nobles et des droits universels, l’édifice s’est effrité au fil des années, faute de volonté des politiques et de l’État.

Le collectif

Les 400 000 est un collectif regroupant des associations, institutions, fédérations et acteurs de la société civile engagés dans la protection de l’enfance. Unis par la conviction que chacun mérite une enfance respectueuse de ses droits et de ses besoins, les membres du collectif appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures concrètes et urgentes pour assurer une protection digne et équitable pour tous les enfants. Toute structure et toute personne partageant ces valeurs est invitée à se joindre au collectif et à se mobiliser le 15 mai prochain.