25 25 est le titre du nouvel opus du groupe britannique FACTORY FLOOR. C’est un excellent titre, un intitulé qui reflète bien la note qu’on pourrait attribuer à l’album de ce combo hors norme pratiquant selon le journal anglais New Musical Express une disco du monde souterrain.
Rarement dithyrambiques les magazines musicaux spécialisés d’outre-Manche n’y sont pourtant pas allés avec le dos de la cuillère enthousiasme. Outre l’exaltation du N.M.E pour cette froide techno post-apocalyptique, FACT magazine définissait la musique de Factory Floor comme une tech-futée aussi dépouillée qu’un rock électronique no wave. Autre fin connaisseur s’il en est Stephen Morris (batteur de Joy Division et de New Order) affirmait alors que le groupe produisait une « disco perturbante ».
Faisons-lui confiance ; d’abord à cause de son parcours exemplaire ensuite parce qu’un autre ressortissant des premières vagues des musiques d’avant-garde européennes, Chris Carter (ex-Throbbing Gristle, Chris & Cosey…) a participé avec lui à une série de remix de Factory Floor en 2010 et joué avec le groupe en 2011. Solides, très solides parrainages ! Bien sûr le nom du groupe et le toujours si terriblement envoûtant premier single BIPOLAR les accrochent à jamais à la légende du label et du lieu, Factory (club puis label mancunien de légende fondé en 1978 par Brian Wilson et l’acteur Erasmus pour des formations tel que Joy Division, The Durutti Column, A Certain Ratio…). Mais tel un implacable noir métronome numérique le temps passe et la créativité se doit de faire son œuvre.
25 25 construit tel un asymétrique labyrinthe numérique conserve le mesmérisme minimaliste des machines et minimise l’apport des stridences hypnotiques de la guitare. La subtilité de l’aspect technoïde des compositions de Factory Floor n’en est que mieux servie. Recentrée, resserrée la musique se recentre sur les fondamentaux d’une transe chtonienne illuminée et seulement inquiétée de loin en loin par une voix spirite. Ramenée à son lumineux squelette électro-numérique la disco perturbante de Factory Floor lorgne désormais vers l’héritage des plus lointains ancêtres de la cold-wave électro : Kraftwerk ! Basés sur une expérience live de concerts en club, les titres de 25 25 parviennent a éveiller la joie du clubbing à travers leur réduction quasi clinique à ce qui fait les particularismes des meilleurs déhanchements de la dynamique house et techno. Curieusement, grâce aux talents conjugués de Gabriel Gurnsey et Nik Colk, cet album millimétré se dévoile comme l’oeuvre la plus ouverte, aérée et organique du groupe. Let’s dance !