Aux Vieilles Charrues, les vétérans au top : Joan Baez et Dominique A. Mais aussi Puts Marie, La Fine Équipe et l’exceptionnel Flume.
Le premier concert important de ce dernier jour de festival fut celui de Dominique A, venu à l’occasion de la sortie récente de son album Éléor. Les textes poétiques du chanteur, accompagnés d’instrumentations délicates, ont apporté un rayon de soleil à cette après-midi pluvieuse. Très à l’aise, le Français a efficacement adapté ses compositions ambitieuses à la scène, interprétant de nombreux morceaux extraits de sa désormais riche discographie (une dizaine d’albums). Classe et décomplexé, de même que des musiciens, Dominique A s’est montré communicatif avec son public, rapidement bercé par les mélodies apaisées du chanteur.
Dans le même temps, les Suisses de Puts Marie ont dynamisé la scène Grall avec leur rock énergique et nourri de blues. Les solos sensuels du guitariste ont apporté une fraîcheur rock’n’roll qui aura manqué à cette édition du festival breton.
À 17h45 sur la scène Glenmor, Joan Baez, immense figure du pacifisme et de la folk music, a montré que son talent et sa voix n’avaient pas pris une ride. Alternant compositions personnelles et reprises ( notamment « L’auvergnat » de Brassens), elle a livré une prestation sobre mais émouvante. Très attentive à son public, elle a également chanté en breton le classique « Tri Martolod » .
Les Anglais de London Grammar ont investi la scène Kerouac à 19 h, forts de leur récent succès, notamment avec le single « Wasting My Young Years ». Le trio a proposé un concert délicat, à l’image de son mélange minimaliste d’electronica et de pop, sans pour autant marquer réellement les esprits.
Dimanche a une nouvelle fois laissé une place de choix à l’électro, tout d’abord à 20 h 20 sur la scène Grall, avec les DJs et beatmakers français de la bien nommée Fine Équipe. Au milieu de tous les artistes électro présents à Carhaix cette année, la prestation du trio a détonné. Très influencée par le hip-hop et la soul des années 70, La Fine Équipe a proposé un live qui, par la magie du sample (extrait d’un morceau déjà existant réutilisé dans une composition nouvelle, et souvent joué en boucle), s’apparentait par moments à un revival jubilatoire, à un panorama des plus grandes heures de la musique afro-américaine, remise au goût du jour. On a ainsi pu entendre des extraits de morceaux classiques de la soul (Otis Redding, Donny Hathaway…) dynamisés et ainsi taillés pour la scène. Le trio a conclu le live sur « Make U Greedy », leur morceau le plus connu, avant d’enchaîner sur un rappel jubilatoire.
Le plus beau concert du festival aura été l’un des derniers, à savoir celui de Flume sur la scène Kerouac. Le beatmaker australien a livré une prestation totalement éblouissante. Son live, reposant avant tout sur des morceaux extraits de son premier album, a également fait la part belle à des inédits, probablement à découvrir sur son prochain disque. Les transitions subtiles, les jeux de lumière splendides, tout était là pour assurer au public un spectacle mémorable. Plutôt que de jouer simplement ses morceaux, Flume a préféré en proposer des versions étirées et torturées, parvenant ainsi à surprendre un public en majeure partie initié à ses tubes.
Pour finir le festival, nous avons préféré nous diriger vers la scène Grall pour le set de Stand High Patrol. Il proposait un reggae électronique plus singulier que le concert de David Guetta.
De cette édition 2015 des Vieilles Charrues, nous retiendrons donc avant tout l’excellente programmation d’électro, avec Thylacine, La Fine Équipe et Flume. Comme nous l’avons déjà évoqué, on peut regretter que le festival n’ait pas eu à nous proposer de grand groupe de rock cette année (non, nous n’avons pas oublié Muse). Il faut néanmoins saluer l’éclectisme de la programmation dans son ensemble. Les Vieilles Charrues restent le seul festival français où l’on peut croiser Joan Baez, Puts Marie, Super Parquet et David Guetta dans la même journée. Chapeau !