Petit journal de bord d’un séjour à San Francisco, à la découverte d’une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr
11th Day
Quand on débarque du tram, on sait tout de suite qu’on est à Castro, le quartier Gay : la couleur arc-en-ciel est omniprésente. Drapeaux, voitures, vêtements, même les passages pour piétons…
Dans une large rue inondée de la lumière du matin et bordée de maisons néo-victoriennes aux bougainvilliers flamboyants, on découvre la célèbre « Maison bleue » chantée par Maxime Le Forestier à la fin des années soixante. Une plaque discrète, cadeau de l’Alliance Française, rappelle l’histoire du lieu. Juste en face, un coffee shop nous propose des « kouign amann baton (sic) ». Nous faisons le test. Les kouign de Frisco sont dans la pure tradition de Douarnenez. Miracle de la mondialisation…
Retour vers le Golden Gate Park en passant devant quelques maisons de stars de la planète Pop des Sixties. On a entendu parler de l’Arbre de Janis Joplin et on veut le trouver. On n’en sait pas plus. La chanteuse a-t-elle chanté sous ses branches ou l’arbre a-t-il été planté en hommage après sa mort ? Seule indication, il se trouverait sur Hippie Hill près de l’entrée-est du parc. On rencontre un garçon en train de caresser le tronc poilu d’un palmier. Il a le look californien de 2018 : petites lunettes rondes, queue de cheval, barbe blonde naissante, chemisette, bermuda et New Balance aux pieds.
« We’re looking for Janis Joplin’s tree. Is that the one ?
On cherche l’arbre de Janis Joplin. Est-ce que c’est celui-là ?
-Je ne sais pas… mais j’aime cet arbre. Il a de longs poils blonds comme moi. C’est mon frère… » Et il me tend son joint avec un large sourire.
« On est en Californie ici. On partage tout. Même le meilleur. »
C’est finalement un jardinier qui nous indique l’emplacement du fameux arbre.
C’est une sorte de parasol végétal au bord d’un chemin qui fait le tour de la vaste prairie où avait lieu le concert de dimanche dernier. Une jeune guitariste, appuyée sur le tronc noueux essaie de placer les premiers accords de « Nobody knows you when you’re down and out » standard du blues chanté par Bessie Smith dans les années 20.
Nous descendons le parc sur plusieurs kilomètres jusqu’à l’océan et l’immense plage sauvage et absolument déserte. Sur une des dernières maisons du boulevard nous trouvons le premier tag de San Francisco. Enfin ! Certainement l’oeuvre d’un Rennais en manque…