Concertation nationale : La nature près de chez vous à Rennes : faut-il y aller le 4 juillet ?

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Un vendredi matin de juillet, dans les couloirs de l’Institut Agro de Rennes… ce n’est pas exactement l’endroit où l’on rêve de passer son été. Et pourtant : le 4 juillet 2025, de 9h à 12h, c’est là que se joue l’une des rares occasions données aux citoyens bretons de peser sur un futur plan national pour restaurer la nature.

Un événement pas tout à fait comme les autres

Sous un titre un peu sage – « La nature près de chez vous » – se cache en réalité une concertation officielle, ouverte à tous, organisée par la préfecture de région et la DREAL Bretagne, sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). L’enjeu ? Nourrir un plan d’action qui s’inscrit dans le nouveau règlement européen sur la restauration des écosystèmes, en vigueur depuis août 2024, avec des objectifs ambitieux fixés à 2030, 2040 et 2050.

Date : vendredi 4 juillet 2025
Lieu : Institut Agro Rennes-Angers, 65 rue de Saint-Brieuc
Inscription obligatoire : via le site de la DREAL
Public concerné : tout le monde – habitants, étudiants, associations, professionnels, élus… aucune expertise n’est requise

Pourquoi s’y intéresser ?

Parce qu’il ne s’agit pas d’un simple « coup de com » de l’État. Cette concertation possède un cadre juridique solide : elle doit déboucher sur un bilan public, motivé, et le gouvernement n’aura pas le droit de passer totalement à côté de vos propositions. Trois garants indépendants veillent à ce que la parole citoyenne ne soit pas enterrée au fond d’un tiroir ministériel.

Et surtout : c’est l’unique réunion publique prévue en Bretagne dans ce cadre national. Autrement dit, c’est maintenant ou jamais pour faire entendre les enjeux locaux – protection du bocage, des zones humides, des sols agricoles, de la biodiversité littorale, ou encore des continuités écologiques dans nos villes.

En trois heures, pas de blabla inutile :

  • Un point sur la biodiversité bretonne, ses fragilités, ses promesses (comme les prés salés de Lancieux ou la renaturation de la Courrouze).
  • Une présentation du cadre national et européen de cette grande politique de restauration.
  • Un atelier participatif, où chaque voix compte : posez vos questions, défendez vos idées, proposez des actions concrètes pour votre territoire.
  • Un mot sur les suites pour savoir où et comment vos contributions seront reprises.

Mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

La question est légitime. On se souvient de la Convention citoyenne pour le climat, dont seulement 10 % des propositions ont été reprises sans modification. Le Grand débat national de 2019, lui, a laissé des milliers de contributions sans visibilité publique. Bref : on a déjà vu mieux.

Mais cette fois, le format imposé par la CNDP force (du moins l’espère-t-on) l’État à jouer cartes sur table :

  • Un rapport indépendant est publié dans les deux mois après la clôture (donc à l’automne 2025)
  • L’État doit justifier ce qu’il retient ou rejette
  • Et le plan final sera transmis à l’Europe avant fin 2025

C’est donc une fenêtre étroite, mais semble-t-il réelle.

Comment faire entendre sa voix ?

Voici quelques conseils pour que votre participation ne reste pas lettre morte :

Préparez vos propositions : illustrez-les avec des exemples concrets en Bretagne (espaces naturels restaurés, trames vertes, projets agricoles durables…)

Coordonnez-vous avec des associations locales ou d’autres citoyens pour rédiger une contribution collective : elles pèsent davantage dans le bilan final.

Redéposez vos idées en ligne sur restaurer-la-nature.gouv.fr pour qu’elles soient aussi comptabilisées numériquement.

Demandez un suivi : tableau de bord public, engagement formel de publication des suites, etc.

Faites vivre le sujet dans l’espace public : réseaux sociaux, conseils municipaux, presse locale. Une proposition qui reste visible est une proposition plus difficile à enterrer.

Bref, faut-il se déplacer à Rennes le 4 juillet ?

Oui, si vous voulez transformer une consultation en levier citoyen, une prise de parole ancrée dans le territoire et capable d’entrer dans le débat politique.
Non, si vous attendez un résultat immédiat sans engagement dans la durée : car la vraie bataille commence après, quand se jouera la traduction concrète des propositions dans un plan soumis à Bruxelles… ou abandonné en silence.

Mais une chose est certaine :

Si cette nouvelle concertation nationale devait, une fois de plus, ne déboucher sur aucun effet tangible, alors ce ne sont pas seulement quelques idées oubliées qui seraient en jeu, c’est la rupture définitive d’un lien déjà très abîmé entre les citoyens et ceux qui gouvernent.

Gouvernement, ministères, administrations : chacun est désormais face à une responsabilité politique majeure.
On ne convoque pas la parole du public à répétition pour ensuite ne rien en faire, sans payer un jour le prix de cette disqualification.

Restaurer la nature, oui. Mais restaurer la parole publique aussi.

Lien utile :

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