En ce temps de passage des juillettistes aux aoûtiens, Week-end de Godard en 1967

Culturissimo 2023 - Jacques Bonnaffé lit L'Etranger de Albert Camus à Attin- 26 mai La Chartreuse de Neuville Neuville-sous-Montreuil
Culturissimo 2023 - Jacques Bonnaffé lit L'Etranger de Albert Camus à Attin- 26 mai La Chartreuse de Neuville Neuville-sous-Montreuil Vendredi 26 mai

Week-end de Godard, c’est avant tout une longue séquence (déconseillée au moins de 16 ans) qui annonce l’évolution qu’a connue notre société depuis un demi-siècle : l’érosion de la sensibilité par la massification des hommes en consommateurs unilatéraux de leur temps libre.

Un couple de petits bourgeois, Roland Durand et sa femme Corinne, part en week-end à la campagne. Ils envisagent tous deux l’adultère alors qu’ils sedirigentvers la côte, mais ils se retrouvent pris dans un embouteillage en cours de route. L’hilarité s’ensuit dans cette aventure absurde qui dérive vers toutes sortes de folies et de destructions humaines, et le couple fatal rencontre des personnages aussi colorés que le chef du FLSO et Saint-Just.

L’un des plus longs travellings de l’histoire du cinéma — Pour filmer la séquence de l’embouteillage, Godard a réalisé l’un des plus longs travellings de l’histoire du cinéma. Commentaire du directeur de la photo, Raoul Coutard, concernant ce gigantesque embouteillage que le couple Corinne-Roland (Darc-Yanne) découvre en le dépassant :

« C’est tourné du côté de Saint-Cyr. On a mis une semaine pour installer le travelling parce que le champ était en devers. Il y avait à peu près 1,50 m de dénivelé entre le départ du travelling et l’arrivée du travelling. Il a fallu faire une construction assez solide pour pouvoir supporter deux chariots de travelling, plus une dolly de manière à ce qu’on récupère le dénivelé en montant le bras afin de donner l’impression qu’on était à la même hauteur. Le tournage lui-même a pris une petite journée. On a dû faire 5 ou 6 prises, pas plus. La distance a été choisie en fonction du nombre de rails qui étaient disponibles. Donc on a fait un travelling de 300 mètres. C’est un plan étonnant mais à la limite ça n’a pas beaucoup d’imagination. C’était l’époque où il n’y avait toujours pas de scénario. C’était donc relativement difficile de savoir ce que Jean-Luc avait l’intention de faire. Il aime bien dire : ” Le cinéma, c’est l’art du mouvement, donc on peut changer d’avis ! “. »

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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