Le lancement de la seconde saison des Premiers dimanches des Champs libres a eu lieu ce dimanche 3 novembre 2013. Pour cette première c’est le jardin Moderne qui s’est emparé de la programmation pour une après-midi intitulée : « les gens libres ». Un peu fouillis, la journée n’en cachait pas moins de vrais trésors musicaux. Présentation d’un dimanche pas triste.
D’emblée, la très bonne surprise de ce Premier dimanche est venue avec Sapritch. Une représentation que l’artiste a lui-même appelée un « One man Conf’ ». Il s’agit d’une conférence dédiée à l’histoire des musiques actuelles : jazz, rock, funk, reggae, rap, mais pas le disco « parce que c’est de la merde ! » Sapritch livre des anecdotes comme des analyses plus poussées en étant drôle, franc et parfois génial. Sa guitare à la main, il démontre aux spectateurs absorbés que les enchaînements de Let it be des Beatles, de So Lonely de The Police, de Poker Face de Lady Gaga, mais aussi d’artistes aussi divers qu’Alicia Keys et Bob Marley, sont les mêmes. Fin connaisseur de la musique et de son histoire, capable d’imiter la voix de Lady Gaga ou de crier des morceaux punk, l’heure de conférence musicale passe vraiment trop vite en présence de Sapritch. Impressionnant et hilarant.
Le Jardin moderne aux Champs libres, ce fut aussi les Impromptus qui ont parsemé l’après-midi d’intermèdes musicaux. Dans plusieurs coins de l’espace des Champs libres, des artistes ont proposé des partitions diverses. Slim Wild Boar – plus habitué aux bars rennais qu’au hall de l’institution phare de la ville de Rennes – a donné une résonance particulière aux murs. Quant à Nefertiti in the Kitchen, elle a donné de la voix devant des portraits de Bretons célèbres au Musée de Bretagne. Le décalage entre l’espace architectural et l’univers musical du duo conférait un air rafraichissant à leur spectacle. D’autres ont entonné des mélodies, gratté des cordes ou, encore, soufflé dans des saxos dans divers coins. Comme sous les escaliers en ce qui concerne la Chorale du Jardin moderne dirigée par Craig Shaffer.
Des animations ont été proposées tout l’après-midi. À la Cantine numérique, on pouvait faire du karaoké dans une cabine de douche. Le principe, œuvre de la Sophiste des Ateliers du vent, est de se lâcher comme chez soi sous la douche mais tout en étant filmé – et retransmis en direct sur écran… D’autres animations étaient disséminées dans les espaces, ravissant souvent plus les enfants que les parents.
L’affluence fut importante. Selon la direction, un peu plus de 10 000 curieux ont poussé la porte des Champs libres pour assister à ce premier dimanche. Le succès était-il trop au rendez-vous ? La question se pose. Les organisateurs n’avaient pas l’air d’avoir prévu à une telle affluence.
En pratique, certaines animations requéraient de la patience, car elles n’étaient destinées qu’à quelques personnes à la fois, il fallait patienter au bout de files d’attente. Pour d’autres, il fallait se tordre le cou. En effet, les normes de sécurité des Champs libres interdisent la station dans les escaliers. Dès lors, pourquoi placer la Chorale du Jardin moderne juste sous l’escalier du Musée de Bretagne ? Conséquence : la latitude de visibilité offerte aux spectateurs s’est trouvée réduite. La déception était grande pour ceux qui ne pouvaient apercevoir les interprètes qu’au-dessus d’une rangée de têtes. A l’avenant, Nefertiti in the Kitchen a joué dans un espace très restreint, lequel n’autorisait la présence que de peu de personnes.
Il est patent que la programmation des spectacles dans la structure des Champs libre a été pensée sans suffisamment prendre en compte le public. C’est dommage. Mis à part cette frustration éprouve par le public, le Jardin moderne a plutôt bien réussi l’inauguration des Premiers dimanches des Champs libres en tirant les oreilles vers les musiques actuelles.
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Jardin moderne aux Champs libres : un Premier dimanche fécond mais mal organisé