A l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, des visites de l’exposition La guerre 14-18 vue de Bretagne sont proposées par le médiateur et guide-conférencier Philippe Dagron aux Champs libres. Grâce à une présentation à la fois accessible et de grande qualité, ponctuée de nombreuses anecdotes savantes et pertinentes, la Grande Guerre est présentée à travers un regard breton. Une lecture qui contribue à la compréhension d’une région qui aura connu un nombre important de pertes humaines tout autant qu’une modernisation à la suite du conflit mondial.
À la veille de la Grande Guerre, la Bretagne était rurale. Dans le reste de la France, la région est souvent perçue comme enclavée, inculte, réactionnaire – terre d’une église catholique romaine omniprésente et rétive aux orientations d’une laïcité républicaine. Un vaste tissu paysan où la mécanisation est arrivée tardivement, avec un taux de fécondité très élevé, des costumes et autres us et coutumes peu élaborés, une multiplicité de langues bretonnes et des guerres de clochers permanentes. Bref, comme l’aura popularisé le personnage de la bonne Bécassine : les Bretons sont des retardataires de la modernité française.
De fait, l’après-guerre entraîne un indéniable basculement dans la modernité. À quel prix ? Une polémique s’est créée peu à peu autour d’une surmortalité supposée des Bretons durant la guerre. Les Bretons chair à canon envoyés sur les premières lignes du front pour se faire massacrer. En réalité, les chiffres sont similaires en Corse, en Ardèche ou, encore, dans le Limousin. Comment s’expliquer cette réalité ? Simplement parce que la Première Guerre mondiale fut une guerre de paysans. Les régions rurales, touchées par la crise et l’exode, ont ainsi souffert d’un plus grand nombre de pertes que les citadines.
La visite présente aussi les conditions de défense des soldats, la particularité des monuments aux morts de la région et divers détails passionnants en tissant toujours un lien serré entre la Bretagne et la Première Guerre mondiale. Philippe Dagron met aussi l’accent sur certains noms, notamment Jean Corentin Carré. Cet enfant-soldat représentatif d’une génération perdue, est apparu à l’époque comme héros. Décoré, cette personnalité courageuse fut promu à un grade de sous-officier.
Considéré comme une preuve d’identification et/ou de vie, il était courant de se faire tirer le portrait avant de partir au front. Les photos étant généralement prises dans des studios avec décors peints empruntés au théâtre. Quant à la peinture, elle était souvent utilisée pour chroniquer des événements. Parmi les plus connus, l’artiste engagé Jean-Julien Lemordant, les aquarelles de François Charles Oberthur ou, encore, le fameux Mathurin Méheut accompagnent de dessins l’exposition de lettres et tissent comme de passionnantes annexes cartographiques. À ne pas manquer.
La guerre 14-18 vue de Bretagne. Tous les après-midi à 15h des visites thématiques sont proposées au musée de Bretagne. Tarif 4€, réduit 3€ et gratuit pour les moins de 8 ans. Pour plus d’information, rendez-vous sur le site www.leschampslibres.fr.