Après la sortie de son deuxième album Drifting Canticles enregistré entre Trégor et Rennes en octobre 2017, le groupe breton DENNER poursuit son périple avec un nouvel album intitulé New York-Trebeurden-Minsk. Orchestré l’été dernier à Minsk par treize musiciens biélorusses, il réunit neuf morceaux issus des deux premiers albums de DENNER adaptés en version classique.
Gilles Le Guen forme DENNER en 2005 à New York avec Adam Humphreys et Mike Pate. Influencés par l’univers post-punk et cold wave des années 1980, aux guitares réverbérées teintées de showgaze, Gilles et Adam lancent ce projet en référence à l’acteur franco-polonais Charles Denner. « J’étais fan du film La Vie à l’envers que j’ai découvert en regardant Ciné-Club dans les années 1980 sur Antenne 2 » raconte Gilles. Le premier album du groupe, Nouvelle-Bretagne, sort en 2010 et reçoit un très bon accueil. Pourtant DENNER ne réapparaît qu’en 2015 sur les terres bretonnes composé d’une nouvelle équipe. Le chanteur Gilles Le Guen s’associe avec le batteur Philippe Kervella, le guitariste Yann Even, le bassiste David Cadoret, et depuis peu, le clavier François Houplain. « nous nous sommes rencontrés autour d’influences communes : The Cure, Joy Division. Je connais Philippe depuis 2010, c’est un fan de Pete de Freitas, batteur de Echo and the Bunnymen. Yann, je l’ai rencontré quand il était barman à Rennes, et David a intégré le groupe une semaine avant notre première répétition après une annonce sur Facebook ». Dans leur second album Drifting Canticles sorti en octobre 2017, Gilles Le Guen parvient à réunir Tina Weymouth, Chris Frantz et Steve Scales des Talking Heads pour la partie rythmique du titre Stanza, ainsi que Philippe Pascal et Frank Darcel du groupe Marquis de Sade.
Un projet rock’n classical
Ce troisième album New York-Trebeurden-Minsk marque les lieux fondateurs du projet DENNER. De sa naissance à New York, à sa maturation à Trebeurden, Gilles Le Guen, jusqu’à l’enregistrement à Minsk, DENNER fait voyager la cold-wave de manière orchestrale, romantique et démonstrative. Un album orchestré par le compositeur Eric Voegelin, amoureux de la musique française, de Ravel à Debussy, et de la mouvance rock comme Gilles. « Nous nous connaissons depuis 28 ans. Quand je suis revenu de New York, il organisait un festival de musique classique dans les Côtes-d’Armor. Nous nous sommes recontactés, il avait entendu le premier album de DENNER et m’a proposé de le faire en version classique ». Gilles avait déjà pensé à adapter des morceaux rock en version classique, un projet financièrement impossible en France. Eric Voegelin, qui travaille depuis 15 ans avec des musiciens à Minsk lui propose alors d’enregistrer des morceaux de DENNER en Biélorussie. « Je trouvais intéressant de faire cette rencontre entre une musique populaire et une musique savante, un choix très ambitieux » note Éric. Neuf morceaux composent l’album, extraits des deux premiers albums de DENNER Nouvelle-Bretagne et Drifting Canticles. Des chansons principalement interprétées en anglais par Gilles, comme I Sold My Bones avec un placement de voix qui n’est pas sans rappeler celui de Bono du groupe U2 et des phrasés à la Jim Kerr de Simple Minds. « Éric a choisi les morceaux selon ses préférences et ce qu’il pouvait en faire aussi. Il y a juste “On Parole” que j’ai insisté pour qu’il soit fait en quatuor à cordes ». Un résultat ravélien et une orchestration classique parfaitement emboîtée dans la cold-wave de DENNER, qui séduit les deux musiciens. « J’ai vraiment pris la matière du groupe, les riffs de guitare et de basse, car je voulais que le public reconnaisse les titres originaux », insiste Éric.
Direction Minsk avec l’Ensemble Minskaya
Eric Voegelin écrit les partitions pour cordes, guitares, vents, voix et percussions pour Minskaya, un ensemble orchestral réunissant treize musiciens biélorusses. Les sessions d’enregistrement se déroulent en juillet 2017 durant trois jours entre le Sunflowers Studio et le Philharmonic de Minsk. « Je voyais l’enregistrement avancer, c’était incroyable de voir des partitions prendre vie » relève Gilles. Fin septembre 2017, Éric enregistre ses guitares électriques à l’allure d’Adrian Belew, et Gilles pose sa voix dans un studio trégorrois, avec Steeve Lannuzel. Le duo repart ensuite en Biélorussie en octobre 2017 pour mixer et masteriser l’album. Un trajet de la Bretagne à Minsk filmé par le réalisateur Rennais Jo Pinto Maïa, dans un documentaire de 27 minutes. « Je voulais avoir une trace de ce projet musical. J’ai fait une interview en anglais avec un traducteur russe et un travelling autour d’un charnier qui sera dans le documentaire ». En attendant Gilles Le Guen souhaite faire exister ce projet classique sur scène. « À Minsk, les musiciens attendent une date de concert. Éric m’a récemment parlé d’un projet à Saint-Pétersbourg. L’idéal serait de le faire en France avec des musiciens biélorusses, mais ça demande plus de moyens » regrette le musicien.