Le groupe UFO roule des Mechanix…

1982 voit débarquer « Mechanix », le successeur du réussi « The wild, the willing and the innocent » livré l’année précédente par l’un des plus fiers représentants du hard rock British de Sa Majesté et vaisseau amiral de la perfide Albion, UFO.

Il était précédé comme d’habitude d’un single, « Let it rain », qui faisait une entrée remarquée dans les charts publiés par l’institutionnel magazine hard anglais « Kerrang ! » et squattait les premières places, servi par une mélodie irrésistiblement accrocheuse.

L’histoire de ce groupe démarre dans les années 60 avec Pete Way, Phil Mogg et Andy Parker, respectivement bassiste, chanteur et batteur, qui forment le groupe et sont vite repérés dans le club londonien UFO (d’où le nom). Un premier album sort en 1970 avec notamment une reprise d’Eddie Cochran (« C’mon Everybody »). Ils deviennent assez connus en Allemagne, alors que le Royaume-Uni semble les rejeter. Au poste de guitariste, les noms se succèdent avec un certain Bernie Marsden par exemple, avant que le groupe n’engage Michael Schenker, alors avec son frère Rudolf dans Scorpions. C’est le déclic qui fait sortir le groupe d’un semi-anonymat et change aussi le son en devenant plus Hard. Mais en 1979, après des succès commerciaux comme « Force It » ou « Lights Out », des dissensions provoquent le départ de Schenker qui est remplacé par un certain Paul Chapman. Avec lui, le groupe sort « No Place to run » et le non moins excellent « The wild, the willing and the innocent ». Et en 1982, ils entament leur troisième collaboration pour « Mechanix ».

L’album (qui n’a pas la plus jolie pochette mais qu’importe) démarre avec l’intro guitare de « The writer », la batterie, un effet claviers et c’est parti pour quarante minutes d’un hard rock mélodique mené par le chanteur & capitaine Phil Mogg, clairement l’atout du groupe avec sa voix chaude et atypique. Paul Chapman (le guitariste) et Neil Carter (guitare, claviers, saxophone) se répondent lors de soli claviers/guitare, sans oublier la touche de cuivres. Bingo pour le premier titre ! « Somethin’ else », la reprise d’Eddie Cochran, débarque sur les chapeaux de roues, rock and roll du plus bel effet agrémenté de cuivres, touche originale car ils sont peu utilisés en hard rock. Mais UFO, c’est, comme je le disais, surtout le chanteur Phil Mogg qui inonde de sa voix pleine de feeling les ballades de l’album « Back into my life » et « Terri » : elles sont ici plutôt réussies, même si elles n’atteignent pas « Profession of violence » de l’album précédent. Si cette ère Chapman/Carter a marqué un groupe plus hard FM que son pendant des seventies avec Michael Schenker et Paul Raymond, le groupe sait toujours nous servir quelques brûlots bien hard et inspirés, en témoignent « We belong to the night », « Dreaming » ou » « Doing it all for you ». Mais l’on sait que les plus durs peuvent se faire enjôleurs comme avec le radiophonique « Let it rain » ! Un gros riff et « Dreaming » clôt l’album en beauté avec sa carte postale nostalgique (« by looking cool we thought we had it made…we ran wildly against the tide, nothing much just our teenage pride ») et ses chœurs en fondu final.

« Mechanix » eut un joli succès puisqu’il monta jusqu’à la huitième place des charts anglais, l’une des meilleures pour le groupe.

C’est après « Mechanix », avant-dernier album avec Paul Chapman et Neil Carter (« Making contact » suivra) que Pete Way, bassiste et autre pôle pensant du groupe avec Phil Mogg, quittera le navire pour poursuivre une carrière solo avec son Waysted avant de revenir au bercail quelques années plus tard. Fut-il déçu par « Mechanix » ou tout simplement épris d’un peu de liberté ? Dans tous les cas UFO montrait en 1982 que loin d’être un simple rescapé des seventies, il pouvait rivaliser avec les jeunes loups de la New Wave of British Heavy Metal des eighties (pour lesquels il restait une référence) en perpétuant ce qu’il avait toujours su faire (avec ou sans l’icône Michael Schenker), à savoir un hard rock mélodique empli de feeling & de classe. La marque des plus grands.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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