Depuis que l’homme a découvert l’atome, il n’a eu de cesse d’explorer deux voies radicalement opposées : la science et la destruction. La fission nucléaire a offert électricité et médecine, mais aussi des champignons atomiques capables de raser des villes entières. En réponse à ce danger invisible, l’humanité a répondu par la plus noble des traditions humaines : la confection textile. Une confection des plus sérieuses et sophistiquées (par et pour l’armée) au plus ridiculo-marketing (pour les consommateurs tendance neuneu)… Faites votre choix !
Les années 1940-1950 : L’âge d’or des combinaisons bibendumesques
Lorsque les premières bombes nucléaires ont transformé des îles du Pacifique en terrains vagues radioactifs, la nécessité d’une protection s’est imposée. Les premières combinaisons anti-radiations ressemblaient davantage à des scaphandres qu’à des vêtements. Les laboratoires américains et soviétiques rivalisaient d’ingéniosité pour créer des tenues censées stopper les radiations… sauf que, détail technique, un simple tissu ne peut pas bloquer les rayons gamma.
Ainsi, on vit émerger des combinaisons en caoutchouc plombé, aussi légères qu’une armure médiévale trempée dans du béton. Un soldat moyen équipé de cette tenue pouvait à peine lever un fusil, mais il était au moins protégé (du moins en théorie) contre les retombées radioactives… et contre toute velléité de déplacement rapide.
Les années 1960-1980 : L’ère du kitsch et des illusions
Avec la Guerre froide et la peur croissante d’une apocalypse nucléaire, les gouvernements et industriels tentèrent d’innover. C’est ainsi que naquirent les « tenues civiles de protection », vendues aux familles paranoïaques. La palme du ridicule revient sans doute à certaines combinaisons plastiques censées protéger contre les radiations grâce à… de l’aluminium et du nylon. Loin d’être efficaces, elles transformaient surtout leur porteur en four micro-ondes ambulant, provoquant une sudation intense et un risque d’étouffement digne d’un mauvais film de science-fiction.
À la même époque, la NASA travailla sur des combinaisons pour protéger ses astronautes des radiations spatiales, mais elles coûtèrent si cher que personne ne pensa à en faire des modèles grand public. Dommage, car elles auraient fait un malheur lors des soirées costumées.
Les années 1990-2000 : Le retour du pragmatisme (et du marketing)
Avec la fin de la Guerre froide, le marché de la combinaison anti-nucléaire perdit en popularité, mais les scientifiques continuèrent leurs recherches. C’est à cette époque que furent développés les premiers tissus réellement capables d’offrir une protection partielle contre les radiations ionisantes, notamment grâce aux nanotechnologies et aux matériaux composites.
Bien entendu, les vendeurs opportunistes ne disparurent pas pour autant. Certains proposèrent des combinaisons censées protéger contre « toute forme de contamination », mais qui, en réalité, offraient une protection équivalente à celle d’un ciré de pêcheur face à un ouragan. Le summum de l’absurde fut atteint – et demeure toujours chez les grands spécialistes des produits de deurm, autrement dit les commerçants de chinois online – avec les masques en coton estampillés « anti-radiation », qui ne filtrent strictement rien, sauf peut-être les pigeons en quête de miettes.
Le XXIe siècle : Vers une mode apocalyptique stylée ?
Aujourd’hui, avec le retour des tensions nucléaires et l’accroissement des risques d’accidents, de nouvelles générations de combinaisons voient le jour. Certaines entreprises développent des vêtements utilisant des polymères spéciaux et du graphène pour offrir une protection améliorée sans sacrifier la mobilité. Mais soyons honnêtes : en cas de guerre nucléaire totale, la meilleure tenue reste une bonne vieille cave en béton armé.
Cependant, la mode n’a pas dit son dernier mot. Certains designers jouent la carte du chic dystopique avec des vêtements inspirés des combinaisons NBC (nucléaire, biologique, chimique). Entre les vestes en kevlar haute couture et les lunettes teintées façon « Mad Max », le survivalisme devient une tendance. Après tout, quitte à affronter l’apocalypse, autant le faire avec style.
De la combinaison de plomb au survêtement en plastique du dimanche, l’histoire des tenues anti-radiations oscille entre pragmatisme et escroquerie…
Pour finir, voilà une véritable combinaison anti-radiation nucléaire qui protège réellement (a priori) en cas d’explosion nucléaire (elle vous coutera entre 2000 à 3000 euros) :
Mais bon, en même temps, si la planète est à moitié détruite et la faune et la flore survivantes complètement contaminées, c’est mal barré pour faire la bombe et la bamboche !