Olivier Mellano a dévoilé son nouveau projet No Land (avec Brendan Perry et le Bagad de Cesson) lors du festival Rio Loco de Toulouse avant de l’offrir au public rennais sur la place du Parlement dans le cadre des Tombées de la Nuit.
L’esthétique générale du projet No Land, bannière sigillée, couleur noire, couleur martiale des percussions pourrait de prime abord effrayer et sembler un brin anachronique. Mais voilà, Olivier Mellano joue de l’oxymore et le propos clair et direct de sa composition vient confronter et renverser la vision première. Ne nous arrêtons pas aux apparences si nous voulons liquider les frontières qui nous divisent.
Planté devant la façade du Parlement de Bretagne les 30 musiciens (amateurs) du Bagad de Cesson-Sévigné et tous les autres sont vêtus de noir, leur t-shirt frappé de l’un des logos créés pour No Land, l’ensemble est compact, massif. À l’image de la musique. Tous les pupitres de l’ensemble traditionnel breton sont utilisés avec brio. Olivier Mellano est allé puiser dans ce que ces sonorités complexes ont à la fois de puissance et de subtilité. Cette composition ne sombre à aucun moment dans la facilité. C’est une vague sonore qui sait jouer des harmoniques et des ambiances dans un mouvement de flux et de reflux harmonique. Sur la frange de cette vague surfe, la voix unique de Brendan Perry (fondateur du célèbre groupe Dead Can Dance). Mage des incantations ondulantes Perry se joue des notes et des registres avec une fluidité incomparable. Barde hiératique il commande aux éléments musicaux habilement agencés par un Olivier Mellano inspiré qui, pour l’occasion a délaissé la guitare pour la basse. Peut-être était-ce pour éviter l’écueil d’une resucée de l’Héritage des Celtes façon Dan ar Braz ? Disons le tout net ce cap est franchi avec succès. Cette œuvre est ce qu’elle est par elle même, belle, forte et évocatrice. La seule référence qui pourrait venir à l’esprit de quelques connaisseurs serait éventuellement le spectacle Gododdin créé par le groupe Test Dept et la troupe de théâtre galloise Brith Gof en 1989. Même sombre profondeur, mêmes élans puissants, mêmes instants de paisible grâce. Mais, d’une part c’est une référence de qualité et d’autre part, le sujet est tout autre (attribué au barde Aneurin le poème médiéval Y Gododdin évoque la bataille de Catraeth vers l’an 600).
Souhaitons à No Land de franchir les frontières et d’accroître son audience !
Crédit photo : Erwan Cosyns
Une production La Station Service à retrouver le 17 juillet au Festival Les Nuits de Fourvière, puis à l’automne au Rockomotives Festival en octobre, Le Quartz — Scène nationale de Brest en novembre