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RENNES STUNFEST 2018, « LE JEU VIDÉO EST PLUS VASTE QU’UN OBJET À JOUER »

Le Stunfest, festival des cultures vidéoludiques, est devenu un moment incontournable de la vie culturelle de Rennes. Loin des grandes licences et grandes conventions du jeu vidéo, il revendique un pas de côté pour porter un autre regard sur cet objet culturel. Interview avec Aymeric Lesné, coordinateur de l’association organisatrice 3 Hit Combo.

UNIDIVERS : La 14e édition du festival Stunfest aura lieu à Rennes, au Liberté, du 18 au 20 mai  2018. L’année dernière, il avait déjà attiré 14 000 personnes… Pour ceux qui malgré tout n’en auraient jamais entendu parler, est-ce que vous pourriez présenter ce festival ?

Aymeric Lesné : Il y a quatorze ans, quand on a démarré, c’était uniquement un tournoi de jeux de combats rétro sur des bornes d’arcades, avec une cinquantaine de participants. D’année en année, le festival s’est enrichi de nouvelles formes. Petit à petit, il y a eu la naissance du Superplay – regarder un joueur virtuose jouer –,  dès 2007, des concerts sont arrivés sur le festival, puis des conférences, qui viennent parler du jeu vidéo.

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Depuis quelques années, on l’a sous-titré : festival des cultures vidéoludiques. Le jeu vidéo est effectivement un jeu de loisir à jouer, mais c’est aussi un média, un support pour dire des choses, un objet d’études, et un objet de création dans d’autres champs, dans le champ de la photographie, de l’écriture, de la musique.

On se distance vraiment des conventions, qui pourraient montrer du jeu vidéo à jouer juste pour montrer les dernières nouveautés. En fait, on  ne veut pas montrer l’équivalent des superproductions hollywoodiennes du cinéma, mais faire un pas de côté pour montrer ce qui serait du cinéma d’auteur, mais associé au jeu vidéo. Je crois que beaucoup de gens n’en voient que la partie émergée de l’iceberg alors qu’en fait il y a un ensemble de pratiques et de formes à découvrir.

Vous parlez de cultures vidéo-ludiques, au pluriel. Quelles sont donc ces différentes formes de culture ?

Aymeric Lesné : D’une part, se retrouver autour du jeu, c’est déjà une forme de socialisation. C’est profondément humain, on joue, et autour, on construit des pratiques culturelles pour se retrouver, passer un peu de temps ensemble.

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La seconde chose, c’est l’aspect culturel du jeu vidéo lui-même. Le jeu vidéo est un objet qui a suffisamment d’ancienneté pour s’être ancré dans des pratiques créatives, pour se voir détourner : tout à coup, j’utilise ma gameboy non pas pour jouer à Tétris, mais pour jouer de la musique, par exemple. Au bout d’une cinquantaine d’années d’ancienneté, la chose s’est ancrée dans les référentiels culturels : ce n’est plus un objet à jouer, mais quelque chose de beaucoup plus vaste.

Comment ces cultures ont évolué dans le temps ?

Aymeric Lesné : Le jeu vidéo est né dans les années 1950-60 dans des sous-sols d’universités. C’était déjà un détournement, de machines qui servaient à faire des calculs scientifiques. Les utilisateurs se sont dit : tiens, on va faire quelque chose qui est foncièrement humain, on va jouer. Puis le jeu vidéo sort du sous-sol des universités et arrive dans les salles d’arcades, dans les lieux publics, avec une notion d’exploitation commerciale : je mets une pièce dedans pour jouer.

Il sort de la salle d’arcade, il arrive dans le salon, avec les premières consoles Atari, on arrive sur l’ordinateur, qui se met en réseau, puis dans les poches avec les premières consoles portables, et de nouveau aujourd’hui avec les smartphones.

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Tout cela a créé continuité dans ce à quoi sert le jeu vidéo. C’était pour s’amuser au début puis c’est devenu un pur objet commercial, c’est devenu un objet autour duquel on se retrouve, où on passe du temps, un objet social. On voit émerger en parallèle des pratiques alternatives, des formes de jeu qui ne sont pas faites pour être vendues ni pour amuser, mais qui sont faites pour dire quelque chose. C’est ce qu’on veut montrer avec notre association 3 Hit Combo et pendant le festival du Stunfest : le jeu vidéo n’est pas seulement un objet de loisir, commercial. Si je compare à la musique, au film, l’image est évidente. Il y en a qui font du film ou de la musique juste pour faire de l’argent, d’autres qui font parce qu’ils ont un profond message à dire. J’ose espérer que l’essentiel réside là-dedans et pas seulement dans l’intérêt pécuniaire de la chose.

Parmi ces jeux alternatifs, qui ont un profond message à dire, quels exemples vous aimeriez mettre en avant ?

Aymeric Lesné : Je vais donner deux exemples actuels.

Le premier est un jeu qui s’appelle « Enterre-moi mon amour ». Il a été pensé, écrit et designé par un auteur qui s’appelle Florent Morin, du studio The Pixel Hunt. Le nom vient d’une expression arabe, que l’on dit à quelque que l’on aime quand il va nous quitter, et on espère qu’il va nous enterrer avant que nous on ne l’enterre. Ce jeu raconte l’histoire de Nour, une réfugiée syrienne, à travers notre portable, sur une messagerie de type Messenger ou WhatsApp. Nour va venir nous solliciter et envoyer des messages, pour nous dire : la ville est sous les bombes, je dois partir, essayer d’attraper un bus, je te laisse, je reviens plus tard. La partie s’arrête. Puis plusieurs heures plus tard, je vais être de nouveau contacté par Nour, et ainsi de suite. Je rentre dans une histoire, dans quelque chose de complètement narratif, qui ne demande pas de dextérité ou de rapidité comme de nombreux jeux, sur un objet assez singulier, intime et personnel qu’est le smartphone.

 

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Le second exemple est une initiative locale récente. C’est l’intention de créer un dispositif de financement et de diffusion de jeux vidéo, en marge des canaux habituels. Leur fonctionnement est un peu semblable à celui d’une AMAP [Association pour le Maintien d’une Agriculture paysanne, ndlr]. Je paie un ensemble de producteurs dans une structure avant que la récolte ne soit existante, et puis j’aurai, quand la récolte arrive, un panier constitué de ce qui existe à cette période de l’année. Tu appliques la chose à des jeux vidéo, pour rétribuer correctement des personnes en qui je fais confiance pour la qualité du produit qu’ils vont faire, et ceci en dehors des canaux habituels de distribution.

Mais comment ces productions alternatives, presque artisanales, peuvent faire face aux géants du jeu vidéo, à des licences connues par des millions de personnes ?

Aymeric Lesné : Eh bah, c’est un sacré défi pour eux ! Quand ils démarrent, ils n’ont aucun moyen, et vont passer des heures et des heures à travailler sans pouvoir se rétribuer. Ils vont éventuellement chercher des financements, qui se mettent doucement en place, au niveau national, à travers le CNC [Centre National du Cinéma et de l’Image Animée], ou des aides locales. Puis, s’ils arrivent à développer leur jeu correctement, il y a tous les enjeux du marketing. On a beau faire le jeu vidéo le plus singulier et intéressant du monde, si on n’est pas poussé en termes de communication, il ne va pas émerger. C’est là qu’on peut jouer un rôle, en tant que festival, pour leur mettre le pied à l’étrier, les mettre au contact d’un public, et, on l’espère, les propulser par la suite.

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À Rennes, il y a de plus en plus de médiathèques, d’espaces culturels, de commerces, qui peuvent jouer ce rôle. Le premier bar de e-sport à Rennes, le WarpZone, va faire des vernissages de jeux vidéos. C’est intrigant, mais c’est très juste, parce qu’on va montrer au public un jeu qui n’est pas fini, éventuellement inviter la presse, le temps d’un petit événement.

Des écoles nous sollicitent aussi pour éduquer en montrant des jeux vidéo. Comme pour toute question d’éducation à l’image, il est question d’acculturer des enfants, comme des adolescents et des adultes, non pas pour dire que les grosses productions sont mauvaises, mais pour dire dire : regardez, il y a cette diversité qui existe. Tout ceci participe à créer ce référentiel culturel, éducatif et artistique.

Vous avez mentionné des aides publiques, nationales comme locales. Le soutien public à la culture du jeu vidéo va-t-il donc désormais de soi ?

Aymeric Lesné : La pleine reconnaissance du jeu vidéo comme objet culturel n’est pas encore complètement gagnée. Bien souvent, la loi s’arrête à la cinématographie, et par là même aux écrans, aux médias de diffusion linéaire d’images. Mais les médias interactifs trouvent doucement leur place.

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Par exemple, on est soutenus depuis 2014 par le CNC en tant qu’événement qui fait du jeu vidéo. Cependant, l’administration fiscale a dit à 3 Hit Combo que le jeu vidéo n’est pas une œuvre de l’art et de l’esprit, et nous interdit de ce fait de délivrer des rescrits fiscaux [pour défiscaliser les dons]. Elle considère que c’est uniquement une activité à but de loisir et que ce n’est pas de la culture.

Il y a eu aussi une loi pour une république numérique lors du précédent quinquennat, qui a notamment reconnu le statut de e-sportif, de joueur de sport électronique. Mais quels sont les lieux culturels dédiés aux jeux vidéo ? Je crois qu’on pourrait les compter sur les doigts d’une main en France.

On parlait des conditions de production du jeu vidéo. Justement, en février dernier, il y a eu une grève d’un mois dans l’entreprise Eugen Systems, où les salariés dénonçaient les dérives du secteur, notamment l’explosion d’heures supplémentaires pour achever un projet : 60, 70 heures par semaine… Quel est votre regard sur ce modèle de production ?

Les entreprises qui font du jeu vidéo sont plutôt des grosses entreprises, qui ont produit en soi de très beaux jeux vidéo, mais on a pu apprendre que la manière dont la ressource humaine était utilisée était plutôt discutable, entre freelance, stagiaires, et contrats courts avec débordements d’heures et de mission.

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L’excuse ne doit surtout pas être de dire que parce que c’est nouveau alors on ne sait pas trop comment ça se passe. C’est une production comme une autre, il y a des personnes qui s’emploient à la réaliser cette production, et les conditions de travail, les droits doivent être égaux, comme dans les autres pans de l’industrie au sens large. Donc il y a des choses à inventer, des lois à créer et à adapter, pour coller à une production singulière qu’est le jeu vidéo.

Associé à ceci, il faut ouvrir les regards des consommateurs, qui ont un pouvoir. Ils ont choix à opérer sur à quoi je joue, qu’est-ce que j’achète et où est-ce que je l’achète.

On garde souvent en tête l’image d’un joueur de jeu vidéo seul, devant son écran. Est-ce que c’est une réalité aujourd’hui ?

Aymeric Lesné : Je crois que non, définitivement non. La sociologue Sherry Turkle avait écrit un livre sur les nouvelles technologies, Seuls Ensemble, où elle explique : je suis seul chez moi, mais ensemble à distance avec mes proches. Ce qu’on retient souvent dedans c’est le « seul devant son écran ». Je crois que notre festival montre tout l’inverse, les gens viennent se retrouver en un temps et lieu, non pas pour se retrouver seuls devant des écrans, mais bel et bien pour se retrouver avec les autres.

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Après, est-ce que je suis seul quand je suis au cinéma devant mon film. C’est tout relatif. Oui, moi je suis sur mon fauteuil en train de profiter du film et je sais qu’il y a d’autres personnes à côté, je vais être silencieux pendant le temps du film ou pas, je vais peut-être rire, je vais peut-être pleurer, puis après le film je vais peut-être échanger avec les autres, et pareil pour un livre, pareil pour un disque. Le jeu vidéo, va exister avec toutes ces formes-là, des aventures qu’on a envie de vivre seul avec une forme d’intimité, de concentration, d’autres qu’on a envie de jouer à plusieurs sur le canapé ou à plusieurs en ligne, et d’autres qu’on a envie de vivre dans une salle de spectacle.

Au-delà de la consommation, il a la question de la réception du contenu des jeux vidéo. On les a souvent accusés d’encourager la violence, le sexisme. Vous en pensez quoi ?

Aymeric Lesné : S’il est vrai que le jeu vidéo permet totalement une forme de pratique isolée, qu’est-ce qui pourrait l’empêcher ? C’est une éducation, un référentiel culturel, des personnes avec qui on échange. Ça commence avec nos parents, nos enseignants, nos profs, nos proches, nos potes, qui vont constituer ce référentiel. C’est-à-dire que ce n’est pas le jeu vidéo qui est la cause de l’isolement, de la pratique excessive, ou de sortir un flingue pour aller dans un lycée et tirer sur tout ce qui bouge, mais c’est bel et bien un contexte social et global qui amène une personne à se réfugier peut-être dans le jeu vidéo comme elle aurait pu se réfugier dans d’autres choses, et d’arriver à une forme d’abus extrême. On ne peut pas balayer d’un revers de main « enterre-moi mon amour » que j’ai pu évoquer et d’autres titres parce qu’un joueur, dont on a seulement retenu qu’il jouait à Call of Duty [jeu de tir à la première personne] pendant un temps, a sorti un flingue à un moment donné.

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Il y a quelques années, un studio vietnamien a sorti un jeu vidéo sur la guerre d’Indochine, qui inversait la perception qu’on peut avoir sur le conflit. Est-ce que le contenu des jeux vidéo n’a pas tendance à être très marqué culturellement ?

Aymeric Lesné : J’ai cité Call of Duty : il a un certain positionnement, une certaine vision de la guerre, produits par ses auteurs. je ne vais pas la dénigrer, parce qu’un Platoon porte aussi une certaine vision de la guerre, Le jour le plus long, une autre. Je pourrais citer des films coréens, des films japonais, des films allemands qui ont encore une autre vision de la guerre. Il a existé des jeux vidéo vietnamiens, russes, japonais, qui mettent en scène la guerre, et tout à coup, bizarrement, les méchants ne sont pas les mêmes.

Cependant, ce qu’on retient en Occident, c’est essentiellement les choses qui collent à une pop culture générale, importée d’un certain point du globe, et qui est rendue plus visible par certains moyens de communication. La diversité existe, mais qui est là pour la mettre en avant, quelles sont les librairies indépendantes, les salles de spectacle, les temps de festival, les boutiques qui la diffusent ?

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Le festival fait aussi la belle part aux joueurs professionnels, pour des performances individuelles ou des affrontements d’e-sport, les compétitions de jeu vidéo. Est-ce que vous ne craignez pas que les risques du sport spectacle se transposent à cette pratique ?

On est en plein dedans. On fait du sport électronique plutôt alternatif, avec du jeu de combat, parent pauvre du e-sport. Mais avec toute cette casquette indépendante, on est en train de se heurter de plein fouet aux intérêts pécuniaires des éditeurs et des sponsors qui sont sur les circuits du sport électronique. C’est difficile pour nous, parce qu’on est face à un objet qu’on aime et à des joueurs qu’on aime, et on se heurte face à des contraintes extérieures qui sont purement commerciales.

Le sport électronique est terni, de la même manière que le football a pu l’être. Est-ce qu’il faut le déplorer en bloc ? Je ne pense pas. Là encore, i faut apporter en réponse d’autres jeux, sur des circuits amateurs, à dimension plus humaine.

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On associe souvent les milieux proches du jeu vidéo au sexisme, entre le harcèlement de certaines youtubeuses par exemple, ou un contenu lui-même très stéréotypé…

Aymeric Lesné : Le jeu vidéo écope, au même titre que les nouvelles technologies, d’un antécédent sociologique. C’est plutôt un monde de mecs, et les premiers jeux vidéo qui ont été créés l’ont été pour une majorité par des hommes. Cela a créé effectivement des formes de jeu particulières.

Mais cela tend à se déverrouiller, avec une diversité d’auteurs qui revendiquent des jeux vidéo qui portent un regard différent dans l’histoire qu’ils racontent, dans les personnages que l’on incarne, dans les relations que le jeu invite à produire entre les joueurs et les joueuses qui s’y adonnent… Je pourrais penser à un studio qui réunit trois femmes, Accidental Queens.

Leur premier jeu connu s’appelle « A normal lost phone ». Il se joue sur smartphone, et prend la forme d’une interface de smartphone. Le jeu raconte l’histoire d’un téléphone mobile perdu que l’on retrouve et dont on va essayer de retrouver l’identité de son propriétaire. On découvre que c’est une personne qui a sa vie, ses amis, ses amours, ses emmerdes… Les auteures ont, je crois, des choses à dire. Et elles l’ont dit avec ce jeu.

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Il y a aussi des initiatives individuelles. Je pourrais citer celle d’un père qui a modifié le jeu Zelda sur un émulateur PC. Comme dans toutes les vieilles histoires, on doit sauver la princesse, Zelda. Ce papa a modifié le jeu pour sa fille, pour que le héros, Link, soit un personnage féminin, et pour inverser le genre des autres personnages dans le jeu.

Tout ça amène petit à petit à faire bouger les choses et j’ose espérer briser de plus en plus les énormes clichés que les gens peuvent avoir en tête entre un « Tomb Raider » où un des principaux facteurs d’achat du jeu à l’époque était la poitrine de l’héroïne Lara Croft, et un « Gears of war », plus récent, où le personnage est un molosse en armure. Entre les deux je pourrais encore citer les 1000 exemples de représentations et féminines et masculines dans le jeu vidéo qui bien souvent sont les pires clichés qu’on puisse imaginer. Mais là encore il ne faudrait pas, ce serait malheureux, que ces exemples prennent le dessus, parce qu’en parallèle, et depuis des années, il existe d’autres formes.

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Est-ce qu’au final, le jeu vidéo n’a pas achevé sa normalisation pour devenir une industrie culturelle comme les autres, comme le cinéma, la musique, la littérature…

Aymeric Lesné : Presque. Pas encore, mais presque. Je pense qu’en termes d’industrie, de mode de création, tout est là, tout est devant nous. On a l’équivalent du cinéma hollywoodien et du cinéma d’auteur. Il manque la reconnaissance, institutionnelle, médiatique, culturelle, qui va donner lieu à tout ce qui existe dans autres industries culturelles, des petits comme des gros festivals, des lieux culturels plus ou moins alternatifs, des magasins plus ou moins engagés, des enseignants qui s’emparent de tels morceaux… Tout est là devant nous, pour opérer un choix et mettre les bonnes choses entre les mains des bonnes personnes. Mais il reste encore un bon bout de chemin à parcourir afin que l’entièreté de la chose soit cohérente.

‘+ DE 2 MILLIONS DE VISITEURS À LA NUIT DES MUSÉES 2018 !

Pour sa 14e édition, la Nuit européenne des musées a rassemblé plus de 2 millions de visiteurs en France samedi 19 mai 2018.

 

Cette année encore, près de 3 000 musées en France et en Europe ont participé à la Nuit européenne des musées et ouvert gratuitement leurs portes à un public toujoursplus nombreux. Le temps d’une soirée exceptionnelle, les visiteurs ont pu profiterd’une autre approche de la visite de musées, en nocturne et au travers de près de 3 000 animations en France, favorisant une visite à la fois ludique et enrichissante. Musique, théâtre, littérature, photographie ou performance…, tous les arts étaientréunis pour permettre au public d’investir le musée, de se l’approprier et de s’yexprimer.

Cette 14e édition s’inscrivait dans la programmation de l’Année européenne dupatrimoine culturel, mise en place par le Parlement européen et le Conseil de l’Unioneuropéenne. La Nuit européenne des musées en 2018 avait ainsi pour objectif demettre en exergue la dimension européenne de l’histoire des arts et des collectionsdes musées et de créer des synergies transfrontalières avec les établissements des pays limitrophes de la France.

Une nuit où les élèves présentent des œuvres

Pour la sixième année consécutive, le ministère de l’Éducation nationale et leministère de la Culture ont proposé un dispositif intitulé La classe, l’œuvre ! destiné à rapprocher les publics scolaires des musées. Toute l’année, les élèves de la maternelle au lycée, des établissements participants étudient l’œuvre d’un musée de proximité.Ils présentent ensuite le fruit de leur travail le soir de la Nuit européenne des musées, devenant ainsi, à leur tour, des passeurs de culture. Cette année, près de 354 musées ont participé à La classe, l’œuvre ! Au total, ce sont 441 projets qui ont été étudiés dans 575 établissements et présentés par plus de 755 classes impliquant plus de15 000 élèves.

Une nuit sur les réseaux sociaux

Avec coups de cœur, play-list originale, bons plans, conseils et photos, jeux concours, la Nuit européenne des musées a intensifié cette année encore son invitation au partage sur les réseaux sociaux. Les visiteurs deviennent acteurs de l’événement enlui offrant une résonance particulière.

Le compte Twitter @NuitdesMusées a ainsi enregistré plus de 12 512 tweets. Lesvisiteurs ont consulté en nombre les programmes sur nuitdesmusees.fr et s’en sont fait l’écho sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram) avec le mot-dièse # NuitdesMusées.

A Paris et en Île-de-France

• Le musée du Louvre : 15 006 visiteurs

• Le musée d’Orsay : 9 918 visiteurs

• Le musée national de l’Orangerie : 5 137 visiteurs

• Les expositions du Grand Palais : 3 887 visiteurs

• Le Petit Palais : 7 208 visiteurs

• La Conciergerie : 4 137 visiteurs

• Le musée national des arts asiatiques, Guimet : 2 317 visiteurs

• Le musée national Eugène Delacroix : 800 visiteurs

• Le musée Picasso Paris : 3 645 visiteurs

• Palais des Beaux-Arts – École nationale supérieure des beaux-arts de Paris : 2 000 visiteurs

• Le 11 quai Conti – musée de la Monnaie de Paris (hors exposition) : 2 000 visiteurs

• Le muséum national d’histoire naturelle (Musée de l’Homme et Grande Galerie de l’évolution) : 9 313 visiteurs

• La Philharmonie 2, musée de la musique : 1 452 visiteurs
• Le musée des Archives nationales : 2 112 visiteurs
• Le musée national des Arts et métiers : 4 964 visiteurs
• Le musée d’Art moderne de la Ville de Paris : 6 028 visiteurs• Le musée Jean-Jacques Henner : 139 visiteurs

• Le musée de la Chasse et de la Nature : 2 972 visiteurs
• Le Centre Pompidou : 8 863 visiteurs
• Le musée du quai Branly – Jacques Chirac : 12 906 visiteurs
• Le château de Fontainebleau : 3 226 visiteurs
• Le musée national de la Renaissance, à Écouen : 328 visiteurs
• Le MAC VAL : 1 016 visiteurs
• Le château de Champs-sur-Marne : 3 500 visiteurs
• Le Palais de Compiègne : 3 084 visiteurs
• Le domaine national de Versailles : 4 000 visiteurs
• Le musée Rodin, Meudon : 2 251 visiteurs
• La Cité de l’architecture et du patrimoine : 1 450 visiteurs
• L’Institut du monde arabe : 2 807 visiteurs
• La Manufacture des Gobelins : 1 178 visiteurs
• Le musée de l’Armée – Hôtel national des Invalides : 6 249 visiteurs• Le musée de l’UNESCO : 1 557 visiteurs

En régions : chiffres de fréquentation par musées

• Le musée des Confluences à Lyon : 5 909 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts de Lyon : 4 750 visiteurs
• Le musée du Louvre-Lens : 5 592 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts de Rouen : 1 454 visiteurs
• Le muséum d’histoire naturelle de Rouen : 749 visiteurs• Le MuMa Le Havre : 1 395 visiteurs

• Le musée national Magnin de Dijon : 690 visiteurs
• Le musée du Touquet : 716 visiteurs
• Le Château d’Angers : 3 273 visiteurs
• Le musée national du château de Pau : 1 918 visiteurs• Le CAPC, à Bordeaux : 4 134 visiteurs

• Le musée des Augustins à Toulouse : 6 084 visiteurs
• Le musée Saint-Raymond à Toulouse : 1 507 visiteurs
• Le Centre national du costume de scène à Moulins : 1 333 visiteurs
• Le muséum d’Histoire naturelle de Toulouse : 8 003 visiteurs
• Le musée des impressionnismes à Giverny : 746 visiteurs
• Le Centre Pompidou-Metz : 2 211 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts de Reims : 1 404 visiteurs
• Le musée Granet à Aix-en-Provence : 2 224 visiteurs
• Le musée national Fernand Léger et le musée national Marc Chagall : 387 visiteurs• Le musée du Petit Palais, à Avignon : 631 visiteurs
• Le musée Réattu, en Arles : 1 200 visiteurs
• Le musée départemental de l’Arles antique : 1 152 visiteurs
• Le musée de Pont-Aven : 639 visiteurs
• Le musée Unterlinden à Colmar : 2 105 visiteurs
• Le musée de la Corse à Corte : 417 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts d’Arras : 1 118 visiteurs
• Le musée Gadagne à Lyon : 2 626 visiteurs
• Le musée de la chaussure à Romans : 1 508 visiteurs
• Le musée d’art moderne de Céret : 430 visiteurs
• Le musée Matisse de Nice : 607 visiteurs
• La cité du Volcan : 1 283 visiteurs
• Le musée historique de Villèle : 944 visiteurs
• Le musée de l’île d’Oléron : 505 visiteurs

• Le musée Stella Matutina : 1 254 visiteurs
• Le musée Léon Dierx : 1 460 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts de Tours : 1 702 visiteurs
• Le LaM : 4 119 visiteurs
• Le musée national du sport à Nice : 2 350 visiteurs
• Le musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux : 4 441 visiteurs• Le musée d’art et d’archéologie de Valence : 1 884 visiteurs
• Le Palais des Beaux-arts de Lille : 4 681 visiteurs
• Le Centre minier historique de Lewarde : 1 725 visiteurs
• Le musée Casa Pairal à Perpignan : 1 104 visiteurs
• L’espace de l’art concret à Mouans-Sartoux : 200 visiteurs
• Le musée du Faouët : 162 visiteurs
• La cité de la dentelle et de la mode à Calais : 507 visiteurs
• Le musée d’art moderne et d’art contemporain à Nice : 2 700 visiteurs
• Le musée de Dieppe : 660 visiteurs
• Le musée du Temps à Besançon : 320 visiteurs
• Le muséum d’histoire naturelle à Marseille : 1 223 visiteurs
• Le musée Champollion à Figeac : 560 visiteurs
• Les Champs Libres – Musée de Bretagne : 3 945 visiteurs
• Le musée Soulages à Rodez : 1 226 visiteurs
• Le musée des Beaux-Arts d’Orléans : 1 015 visiteurs
• Le musée de Picardie à Amiens : 866 visiteurs

Chiffres de fréquentation par ville

• Paris Musées (les musées de la ville de Paris) : 20 000 visiteurs• La Nuit des mystères à Mulhouse : 30 343 visiteurs
• Les musées de Strasbourg : 22 167 visiteurs
• Les musées de Troyes : 4 381 visiteurs

• Les musées de Haguenau : 2 021 visiteurs• Les musées du Mans : 4 905 visiteurs

Quelques exemples en Europe

• En Espagne, à Barcelone (82 lieux) la Nit dels Museus a rassemblé 203 043 visiteurs ; à Madrid, le museu nacional de Antropologia : 1 381 visiteurs

• En Italie, le museo d’Arte Contemporanea Donnaregina : 1 124 visiteurs ; Biblioteca regionale Universitaria di Catania : 1 175 visiteurs

• En Serbie, la Museums for 10 (80 lieux) a rassemblé 120 000 visiteurs• En Finlande, le musée de Pori : 709 visiteurs

• En Lettonie, le Community museum in Limbazi : 1 621 visiteurs ; le national history museum of Latvia : 6734 visiteurs

• En Pologne, l’Archaeological Reserve Genius : 800 visiteurs ; le musée Maritime National à Gdansk : 6 481 visiteurs

• En Roumanie, le muzeul National al Unirii din Alba Iulia : 8 000 visiteurs• En Grèce, le Alpha Bank Cultural Center à Nafplio : 600 visiteurs
• En Belgique, les musées de Tournai : 5 631 visiteurs

La Nuit européenne des musées en chiffres

Nombre de musées participants en France
700 en 2005 1 200 en 2018
Nombre de musées participants dans les autres pays européens 450 en 2005 2 000 en 2018
Nombre de pays participants
29 en 2005 30 en 2018

La Nuit européenne des musées est organisée par le ministère de la Culture. Elle est placéesous le patronage du Conseil de l’Europe, de la Commission nationale française pour l’UNESCO et de l’ICOM (Conseil international des musées). Elle bénéficie du soutien de laFédération française des sociétés d’amis de musées, de la RATP, de PhenixDigital, de France Télévisions, de Radio France, de TV5 Monde, de France Médias Monde, du Figaro et de Technikart.

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FILM UNE AFFAIRE DE FAMILLE, JAPON SISMIQUE DES SENTIMENTS (PALME D’OR CANNES)

Voilà le film Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda. Japon 2h00. Sélection officielle, compétition. Vu salle Debussy le 14 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018. PALME D’OR CANNES 2018.

Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu’elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets.

Dans ce nouveau film Une affaire de famille, Hirokazu Kore-Eda, habitué – non sans raison – des sélections à Cannes, revient sur ses thèmes de prédilection : l’enfance, la famille et la filiation, les dettes des vivants envers les morts, l’ambiguïté des relations affectives… Il le fait dans une histoire construite habilement pour nous faire découvrir l’envers du décor de la société japonaise dans sa première partie (abondance de notations documentaires précises et précieuses), puis de la famille-refuge installée en ses marges dans la seconde. De même que la terre du Japon est ébranlée régulièrement par des séismes, la surface du film de Kore-Eda est douce et délicate, mais travaillée par un flux de sentiments souterrains, puissants et déchirants.

une affaire de famille
Réalisateur : Hirokazu Koreeda
Scénariste : Hirokazu Koreeda
Acteurs : Kirin Kiki, Lily Franky, Sôsuke Ikematsu
film une affaire de famille

FESTIVAL DE CANNES 2018, LES FILMS VUS, A VOIR ET LES AUTRES

Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain présentait ses premières impressions sur divers films en compétition du festival de Cannes 2018. Résumé en forme de toile.

Mes films préférés

  • En compétition officielle : Le Livre d’image de Godard, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda, Burning de Lee Chang-dong, Leto de Kirill Serebrennikov, Capharnaüm de Nadine Labaki.
    Dans une moindre mesure : Trois visages de Jafar Panahi, Yomeddine de A.B. Shawky, Cold War de Pawel Pawlikowski, Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, Ayka de Sergey Dvortsevoy.
  • Hors compétition : The House that Jack built de Lars Von Trier.
    Dans une moindre mesure : Le Grand bal de Laëtitia Carton.
  • A Un certain regard : Un grand voyage vers la nuit de Gang Bi.
    Dans une moindre mesure : Girl de Lukas Dhont, Mon tissu préféré de Gaya Jiji, Sofia de Meyem Benm’Barek, Manto de Nandita Das.
  • A Cannes Classics : Les Diamants de la nuit de Jan Nemec.
    Dans une moindre mesure : Cinq et la peau de Pierre Rissient.
  • A la Quinzaine des réalisateurs : The Pluto moment de Zhang Ming.
    Dans une moindre mesure : Les Oiseaux de passage de Cristina Gallego et Ciro Guerra, Amin de Philippe Faucon, Miraï ma petite sœur de Mamoru Hosoda, Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia, The Load de Ognjen Glavonic.
  • A la Semaine de la critique : Woman at war de Benedikt Erlingsson, Monsieur de Rohena Gera, Chris the Swiss de Anja Kofmel, Nos batailles de Guillaume Senez.
  • A l’ACID : Seule à mon mariage de Marta Bergman et Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley.

Mes prédilections sont allées nettement à des films d’origine d’asiatique (Chine, Japon, Corée du sud, Inde, Iran), a fortiori si l’on ajoute les films venus de Russie ou du Moyen-Orient. Et encore, je n’ai pas vu les films de Ryusuke Hamaguchi, Jian Zhang-ke, Wang Bing… Je ne crois pas que ce soit un hasard, une simple affaire de goût personnel.

Le cinéma américain était peu présent dans les différentes sélections à Cannes et, même si je n’ai pas vu le Spike Lee, aucun film venu des Etats-Unis n’a pour moi surnagé. Under the Silver Lake en compétition officielle me paraît emblématique d’une certaine impasse d’un cinéma « post-moderne ». Deux hypothèses possibles, différemment préoccupantes : soit le festival de Cannes n’a pas pu attirer cette année les meilleurs films américains, soit il n’y a plus de bons films américains, les talents se déplaçant vers les séries, les jeux vidéo, la réalité virtuelle…

En dehors de l’ovni godardien, j’ai vu de bons films français et européens, mais d’une manière générale, m’a-t-il semblé, pas au niveau des meilleures productions asiatiques. J’ai relevé dans plusieurs films européens, comme Woman at war, Le Grand bal, Heureux comme Lazare, Un violent désir de bonheur, In my room…, une petite tendance – peut-être encore peu convaincante, mais insistante – à explorer des tentatives d’utopies ou dystopies communautaires à l’écart du grand « lien social ».

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Les films que je n’ai pas vus

Il est impossible de tout voir à Cannes. Je n’ai donc pas vu Everybody Knows de Asghar Farhadi, Ash is purest white de Jia Zhnag-ke, Blackklansman de Spike Lee, Asako 1 & 2 de Ryusuke Hamaguchi, En guerre de Stéphane Brizé, Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan, L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam, Les Ames mortes de Wang Bing. Pas plus que la plupart des films primés dans les sections parallèles : Gräns (Border) d’Ali Abbasi, Les Morts et les autres de Joao Salaviza et Renée Nader Messora à Un certain regard, Climax de Gaspar Noë, En liberté de Pierre Salvadori, Troppa Grazia de Gianni Zanasi à la Quinzaine des réalisateurs, Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt et Sauvage de Camille Vidal-Naquet à la Semaine de la critique. Pas non plus Gueule d’ange de Vanessa Filho, Leave no trace de Debra Granik, Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin et beaucoup d’autres films.

Les films que j’ai mal vus.

Il est très difficile de se fier à ses premières impressions. L’enchaînement des séances a tendance à aiguiser l’attention mais aussi à exagérer les emballements et les rejets. La perception d’un film peut évidemment s’affiner ou se modifier avec le temps, après discussions avec d’autres spectateurs, lectures de critiques plus élaborées, etc. Déjà avec le recul de quelques jours je me dis que j’ai peut-être surestimé certains films comme Les Oiseaux de passage, Mirai ma petite sœur, Woman at war… Je serais sans doute plus réservé aussi vis-à-vis du film Plaire de Christophe Honoré (décidément, il continue à m’irriter) qui vaut surtout pour moi par ses acteurs, en premier lieu Vincent Lacoste. Inversement, j’ai sans doute été trop sévère sur Heureux comme Lazare d’Alice Rohrwacher et plusieurs films de la sélection de l’ACID, comme Un désir violent de bonheur.

festival cannes

FILM MANDY DE PANOS COSMATOS, FETE DU NUL

Voilà le film Mandy de Panos Cosmatos. Belgique/USA 2h01. Quinzaine des réalisateurs. Vu Théâtre Croisette le 18 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

mandy

1983, vivant dans une région déserte et sauvage, Red Miller est tombé profondément amoureux de Mandy Bloom. Soudain, la vie qu’il s’est construite s’écroule lorsqu’une bande de créatures abjectes et dévastatrices fait irruption avec furie dans son paradis idyllique. Brisé, Red ne vit plus que pour une seule chose : les traquer et se venger.

Nicolas Cage en fait des tonnes dans ce film d’horreur où il combat, allez savoir pourquoi, une bande de Jesus freaks. Hémoglobine, rock’n’roll, humour débile, effets visuels et sonores grandiloquents, tout est au rendez-vous dans la fête au grand n’importe quoi.

mandy

Director: Panos Cosmatos
Writers: Panos Cosmatos, Aaron Stewart-Ahn
Stars: Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache

FILM AYKA DE SERGEY DVORTSEVOY, MERE COURAGE A MOSCOU

Voilà le film Ayka de Sergey Dvortsevoy. Allemagne 1h40. Sélection officielle, compétition. Vu Grand Théâtre Lumière le 18 mai. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

ayka

Ayka vient d’accoucher. Elle ne peut pas se permettre d’avoir un enfant. Elle n’a pas de travail, trop de dettes à rembourser, même pas une chambre à elle. Mais c’est compter sans la nature, qui reprendra ses droits.

Dans ce nouveau film très sombre du réalisateur de Tulpan (2008), Ayka, une immigrée kirghize sans papiers à Moscou est moins bien traitée que les chiens des riches que l’on aperçoit dans une clinique vétérinaire. Le tableau est désespérant mais Ayka est une Mère Courage en laquelle une force vitale persiste à s’affirmer malgré tout. Même s’il n’y a pas de happy end dans le film de Sergey Dvortsevoy, une petite lueur reste susceptible de percer les ténèbres.

Director: Sergei Dvortsevoy
Writers: Sergei Dvortsevoy, Gennadiy Ostrovskiy
Star: Samal Yeslyamova

FILM CAPHARNAÜM DE NADINE LABAKI, DE LA POSSIBILITÉ D’ÊTRE

Voilà le film Capharnaüm de Nadine Labaki. Liban 2h. Sélection officielle, compétition. Vu Grand Théâtre Lumière le 18 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

film capharnaum cannes

INT. Tribunal
ZEIN, un garçon de 12 ans, est présenté devant le JUGE.
LE JUGE : « Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? »
ZEIN : « Pour m’avoir donné la vie »

Le film Capharnaüm de Nadine Labaki est une plongée dans les taudis de Beyrouth, où tout un peuple de pauvres gens, de réfugiés sans papiers, d’enfants des rues survit difficilement. Sans s’interdire le recours à certains moyens du mélodrame traditionnel (une trame judiciaire, les violons…), la réalisatrice parvient à capter l’atmosphère de ce capharnaüm : la misère, les injustices, les trafics, la verdeur du langage, la débrouillardise et la drôlerie, l’incroyable énergie. Tous ses personnages EXISTENT sous nos yeux et le petit Zein qui nous sert de guide crève littéralement l’écran.

capharnaum cannes

Titre original :
Titre français : Capharnaüm
Réalisation : Nadine Labaki
Scénario : Nadine Labaki
Photographie : Christopher Aoun
Montage : Konstantin Bock
Musique : Khaled Mouzanar
Son : Chadi Roukoz
Pays d’origine : Liban
Langue originale : arabe
Format : couleur
Genre : dramatique
Durée : 120 minutes
Dates de sortie :
France : Mai 2018 (Festival de Cannes)

Capharnaüm
Nominations
Palme d’or
2018 · Nadine Labaki
Prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes
2018
Prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes
2018
Grand Prix du Festival de Cannes
2018 · Nadine Labaki
Prix du jury du Festival de Cannes
2018 · Nadine Labaki
Prix de la mise en scène du Festival de Cannes
2018 · Nadine Labaki
Prix du scénario du Festival de Cannes
2018

FILM UN COUTEAU DANS LE COEUR, MOUAIS…

Voilà le film Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. France 1h40. Sélection officielle, compétition. Vu salle Debussy le 18 mai.. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

couteau dans le coeur

Paris, été 1979. Anne, productrice de pornos gays au rabais, est une femme violente, prisonnière de l’alcool et de ses démons. Lorsque Loïs, sa monteuse et compagne, la quitte après une longue relation, Anne est dévastée. Dans son délire désespéré, elle décide de la reconquérir en tournant un nouveau film, cette fois beaucoup plus ambitieux. Mais un mystérieux tueur masqué rôde dans son entourage et massacre sans pitié ses acteurs.

Ce film Un couteau dans le coeur ne m’inspire rien qui vaille. Il ne manque pas d’admirateurs du cinéma de Yann Gonzalez qui peuvent en parler mieux que moi.

film un couteau dans le coeur

EXPOSITION GUY LE QUERREC, CONTE PHOTOGRAPHIQUE DE LA BRETAGNE

Du 19 mai au 26 août 2018, le Musée de Bretagne de Rennes présente l’exposition Guy Le Querrec, conteur d’images. À la fois voyageur, photo-journaliste et membre de la prestigieuse agence Magnum Photos, le photographe, d’origine bretonne, plonge le spectateur dans la société bretonne, le jazz et ses voyages. Présentation de l’exposition.

« Il est un grand conteur. Plus grand que certains d’entre nous » disaient les Africains à mon sujet » s’amuse à raconter le photographe d’un accent africain. Celui qui a été élu griot, « conteur », livre pour la première fois ses archives personnelles au Musée de Bretagne.

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

Cinquante ans après la fondation de l’agence Viva (1972) et quatre décennies à l’agence Magnum Photos (1977), le photographe rend hommage à la terre de son enfance. Le parcours photographique Guy Le Querrec, Conteur d’images s’inscrit dans la suite des expositions réalisées fin 2016 dans trois centres d’art bretons : le CAP de Brest, l’Imagerie de Lannion, et le Lieu de Lorient.

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

La photo, Guy Le Querrec est tombé dedans quand il était petit. « Je fabriquais des coins, collais, et mettais les photos de famille en ordre chronologique dans un album photo. J’étais déjà très attaché au côté documentaire de la photo ». À 14 ans, il acquiert son premier appareil photo d’occasion et la vie bretonne bercera alors ses premiers clichés. « C’est en Bretagne qu’est née ma photographie, je me suis fait l’œil dans cette région. C’est mon point d’attache ».

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

Des musiciens de clarinettes à Glomet, une vendeuse de bérets de Malansac, des conscrits de l’armée sur les plages polluées de Roscoff, des cueilleurs d’artichauts de Saint-Pol-en-Léon, … « Le plus dur pour un photographe, c’est l’embarras du choix auquel il est confronté. Celles qui sont exposées ici ont nettement été sélectionnées. Certaines ont été dans toutes les expositions, comme La Récolte des artichauts (2 juin 1973, Saint-Pol-de-Léon, Finistère) »

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes
Rencontre internationale de la clarinette populaire, Glomel, Côte d’Armor, samedi 26 mai 1992

Avec quatre-vingt-huit photographies dans la salle d’expositions temporaires, la Bretagne de Guy Le Querrec défile sous les yeux des visiteurs : la vie quotidienne et familiale, le travail, et les transformations sociales des années 70. Chaque photographie raconte une histoire et le photographe se souvient de chacune, ou presque. « Je suis un chroniqueur, si on me donne une ou deux secondes pour réfléchir, j’arrive à retrouver des éléments assez précis pour raconter l’histoire de la photo ».

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

« Être ensemble », à la Bibliothèque

Voyageur infatigable, les escaliers de la Bibliothèque éclaire sur la carrière du photographe entre 1969 et les années 1990. En quatre thématiques, vingt photographies plongent le visiteur dans les passions du photographe. Des plages du Sud de la France aux « Zones de luttes » (Mai 68 ou la nouvelle année à la porte de Brandebourg en décembre 1989), il capture l’instant décisif avec une empreinte certaine pour le cinéma et le réalisateur Jacques Tati, qu’il affectionne particulièrement.

Sans oublier l’un de ses terrains de jeu favori, l’Afrique et le Jazz, une de ses passions. Miles Davis, Michel Petrucciani ou encore Nina Simone dansent devant l’objectif du photographe avec une intimité et chaleur propre au genre musical.

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

Sur la coursive et la terrasse du Café des Champs Libres

Une sélection de la série Big Foot (1990) attendent dans la coursive du Café des Champs Libres. Un siècle après la mort du chef sioux Big Foot à Wounded Knee, Guy Le Querrec accompagne les cavaliers lakotas dans un pèlerinage sur les traces du chef, et leurs ancêtres dans le Dakota du Sud.

De ce moment, il n’a pas oublié le froid, la difficulté d’approcher la tribu, et les émotions. « On a repris le même parcours qui a été effectué 100 ans auparavant. Encore aujourd’hui, je revis chaque photographie et me demande si les animaux et les personnes n’étaient pas complices de mes photos » termine-t-il, le sourire aux lèvres.

exposition guy le querrec conteur d'images musee de bretagne rennes

Le parcours se termine comme il a commencé, avec la Bretagne. La terrasse du café des Champs Libres proposent une dizaine d’images de la région.

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

À ne pas manquer également : le projet photographique des étudiants(e)s du Master Magemi – Gestion et mise en valeur des œuvres d’art, objets ethnographiques et techniques – de l’Université Rennes 2,Guy Le Querrec, conteur d’images – Dialogue avec les photographies du Musée de Bretagne.

exposition guy le querrec conteur d'images musée de bretagne rennes

Dans un jeu de dialogue avec le travail du photographe de l’agence Magnum Photos, le public est invité à découvrir la richesse du fonds photographique du musée. Neuf photographies de Guy Le Querrec rencontrent les clichés de Madeleine de Sinety, Raphaël Binet ou Claude Carret, pour n’en citer que quelques-uns. Au delà de la dimension illustrative, soixante photographies et objets ponctuent le parcours permanent et questionnent l’écriture photographique.

Infos pratiques :

Les Champs Libres
10, cours de Alliés – 35 000 RENNES
Téléphone : 02 23 40 66 00
contact@leschampslibres.fr

Accès :
Métro : stations Gare, Charles de Gaulles
Bus : arrêts Champs Libres/Magenta, Colombier, Gares
Gare SNCF et gare routière à 100 m
Parking : Charles de Gaulle

Horaires d’ouverture :
Du mardi au vendredi de 12 h à 19 h
Samedi et dimanche de 14 h à 19 h
Fermeture le lundi et les jours fériés

Vernissage : 18 mai 2018 à 19h30

AUTOUR DES EXPOSITIONS

La Nuit Européenne des Musées : Le 19 mai à partir de 20 h

Rencontre avec Guy Le Querrec au Café des Champs Libres : Le 2 juin à 16 h

Parution de deux ouvrages sur le travail de Guy Le Querrec
– La Bretagne de Guy Le Querrec aux Éditions de Juillet.
– Livre-objets Ricochets aux Éditions autonomes.

 

FILM MONSIEUR (SIR) DE ROHENA GERA, IMPLACABLE RAPPORTS DE CASTES

Voilà le film Monsieur (Sir) de Rohena Gera. Inde/France 1h39. Semaine de la critique, compétition. Le film a obtenu le prix de la Fondation GAN. Vu salle Miramar le 17 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

 

film monsieur sir

Dans le film Monsieur, Ratna est domestique chez Ashwin, le fils d’une riche famille de Mumbai. En apparence la vie du jeune homme semble parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves. Elle, elle n’a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément. Deux mondes que tout oppose vont cohabiter, se découvrir, s’effleurer…

https://youtu.be/fmrYQp8JcJM

Un film bien écrit et bien interprété, d’une grande douceur, mais implacable en son fond. L’idéologie du « chacun peut vivre ses rêves, cultiver ses talents, désirer qui il veut » qui anime les deux héros, se heurte à la dure réalité des rapports de classes et de castes comme à un fatum. Il était plus facile à Roméo et Juliette qu’à un « monsieur » et une servante de l’Inde moderne de s’aimer librement.

https://youtu.be/H4Uy2URF0Aw

FILM IN MY ROOM, LA POSSIBILITE D’UNE ILE

Voilà le film In My Room de Ulrich Köhler. Allemagne/Italie 2h. Sélection officielle, Un certain regard. Vu salle Debussy le 17 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

 

film in my room

Armin commence à avoir passé l’âge : celui de sortir le soir comme » celui de la fille qui lui plaît. Il n’est pas vraiment heureux mais ne peut pas s’imaginer vivre autrement. Un matin il se réveille : si le monde extérieur semble inchangé, il n’y a plus la moindre trace de vie humaine. Un film sur le terrifiant cadeau d’une liberté maximale.


L’idée à la base du scénario du film In my room est d’une simplicité biblique : à l’occasion du décès de la grand-mère d’Armin, c’est (presque) toute l’humanité qui disparaît et Armin est à même de reprendre son existence à zéro. Il ne s’agit pas pour autant d’une success story où le loser invétéré se transforme en héros ni d’une nouvelle Genèse où un couple engendre des enfants, lesquels à leur tour engendreront, etc. etc. mais plutôt d’un conte philosophique sur la possibilité d’une vie alternative. J’ai trouvé le film à ce titre intéressant, sinon entièrement abouti.

film in my room

FILM BURNING DE LEE-CHANG-DONG, MYSTERIEUX PASSE-TEMPS…

Voilà le film Burning de Lee Chang-dong. Corée du Sud 2h28. Sélection officielle, compétition. Vu Grand Théâtre Lumière le 17 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

film burning

Dans le film Burning, lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, tombe par hasard sur Haemi, une jeune fille qui habitait auparavant son quartier. Elle lui demande de s’occuper de son chat pendant un voyage en Afrique. A son retour, Haemi lui présente Ben, un homme mystérieux qu’elle a rencontré là-bas. Un jour, Ben révèle à Jongsu un bien étrange passe-temps…

Adapté d’une nouvelle de Haruki Murakami, le film Burning est remarquable dans sa première partie, où je jeune héros, Jongsu, s’interroge dans son enquête, en même temps que les spectateurs, sur le visible et l’invisible, le réel et l’illusion, la part de lumière possible dans la noirceur du monde. Lee Chang-dong parvient alors, comme dans ses précédents films, Secret Sunshine (2007) et Poetry (2010), à allier l’élégance de la forme avec l’intensité du questionnement existentiel. A mesure qu’il perd sa part de mystère, le film m’a semblé ensuite quelque peu s’affaiblir, mais il reste très beau.

film burning

FILM DOGMAN DE MATTEO GARRONE, EXCELLENT MAIS DÉJÀ-VU

Voilà le film Dogman de Matteo Garrone. Italie 1h42. Sélection officielle, compétition. Vu salle Debussy le 17 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

film dogman

Le film Dogman prend place dans une banlieue déshéritée. Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce…

L’acteur Marcello Fonte, qui joue le rôle du toiletteur de chien, est excellent de bout en bout mais, à mon sens, cela ne suffit pas pour distinguer le film Dogman qui, après Gomorra (du même auteur en 2008) et beaucoup d’autres films et séries sur des caïds de quartiers, m’a donné une impression de déjà-vu.

film dogman

MAI 68 VU PAR OLIVIER GERMAIN-THOMAS, DE GAULLE ET BOUDDHA

« Je m’intéresse à l’avenir, car c’est là que j’ai décidé de passer le restant de mes jours », disait Woody Allen. Ainsi Olivier Germain-Thomas nous parle dans La brocante de Mai 68, dont il fut un acteur, mais vu de son « aventin » d’aujourd’hui, bref en surplomb, un demi-siècle après ! Racines, langue française, religions, ouverture à l’Asie… C’est entre autres sur ces bases qu’il va nous emmener vagabonder dans son périple politique et culturel, car il lui paraît « évident qu’un surgissement de l’Esprit se prépare ».

En attendant cette date inconnue, revenons sur l’auteur, dit OGT, longtemps producteur à France-Culture et à la télévision, mais depuis des décennies écrivain aux vingt-cinq opus dont plus de la moitié évoque ses pérégrinations en Asie, du côté de l’Inde, de la Chine et du Japon. Citons La Tentation des Indes (1981), En chemin vers le Bouddha (2001), grand prix catholique de littérature, La Traversée de la Chine à la vitesse du printemps (2003), Le Bénarès-Kyôto (2009), prix Renaudot-essai, sans oublier Borobudur, Byblos et la Birmanie… ainsi que son dernier roman Marche avec la nuit (2017).

Revenons à 68. Il a 25 ans. Où se trouve-t-il ? À la Sorbonne où il termine un doctorat de philosophie sur les représentations par les sculpteurs des étapes de la vie du Bouddha. Déjà l’Orient et les échappés vers « l’ailleurs ». Certes, mais l’homme est né bucoliquement en Corrèze et il est résolument gaulliste ! Son premier mot sur 68 ? « Quelle farce ! », comme en bilan du mouvement. La prise de pouvoir voulue par les trotskystes s’arrête à l’Odéon, une longue marche de quelques centaines de mètres, avec en prime l’accueil du maître des lieux, Jean-Louis Barrault. « Trajet direct Moscou 1917/ Paris 1968, Trotski sur le siège arrière. Si le ridicule tuait, que de morts sur le boulevard (Saint-Michel) » et d’ajouter… « Tout cela était quand même très amateur »…

olivier germain thomas
Olivier Germain-Thomas

OGT trouve le « CRS SS » ignoble, mais il aime le « Soyez réalistes, demandez l’impossible », l’idée « d’un surgeon de surréalisme avec parfois ouverture sur la spiritualité ». Il trouve même « magnifique » l’inspiration/aspiration des débuts, se situant du côté d’un Maurice Clavel ou d’un Lanza del Vasto. Contre le matérialisme ambiant, il apprécie « un anarchisme sympa », la libération des mœurs et les élans libertaires.

Cependant oui, il était militant gaulliste, tirera tracts, prendra parole dans les amphis, « ma solitude était grande », mais sera de l’organisation de la manifestation sur les Champs-Élysées du 30 mai qui avec son million de marcheurs mettra fin symboliquement, c’est-à-dire réellement, à la « chienlit ». Le 20 juin, au Palais des Sports de Paris, il est la voix de « la jeunesse gaulliste », aux côtés d’André Malraux, « sensible au malaise métaphysique de la société ». Quelques années plus tard, après le départ du Général à la suite de sa défaite au référendum de 1969, il sera le Délégué de l’Institut Charles-de-Gaulle qui a pour mission d’étudier la geste gaulliste.

OGT n’oublie pas dans 68 le rôle des grandes puissances, les tentatives de la CIA de mettre de l’huile sur le feu par antigaullisme, contrebalancé par le « tenez-bon » de Waldeck-Rousseau, du Parti communiste largement inféodé à l’URSS, aux proches du Général… Et de pointer ceux qui « ivres d’une fausse liberté contre l’ordre, allaient, dans la publicité, les médias branchés ou la politique, devenir plus tard de chics fleurons de l’établissement ». Sans oublier ces intellectuels qui formèrent les Khmers rouges, auteurs d’un vrai génocide…

olivier germain thomas

On l’aura subodoré, il y a aussi dans ce livre des mises en regard instructives par exemple sur un François Mitterrand ou un Daniel Cohn-Bendit, et des « indiscrétions » révélatrices.  Si de Gaulle a « flotté », c’est que la situation n’était pas vraiment révolutionnaire. « Si son génie était que rien ne l’arrêtait, il n’en demeure pas moins vrai que l’on ne le comprend pas si l’on ne saisit pas combien cet homme puissant connaissait des bouffées de fragilité ».

On se doute que dans le parcours d’OGT, Mai 68 ne sera qu’une « parenthèse », car sa vocation l’entraînera « ailleurs », sur les chemins de la connaissance, de l’Asie et des spiritualités agissantes, comme celles de l’Inde qui « ouvre des portes sur les grandes questions sur le cosmos et ses temps cycliques ou linéaires ».

La seconde partie du livre les évoque comme autant de pavés lancés à la volée. Lors d’un colloque au Japon, « comprendre que les racines touchent à l’universel… que l’uniformisation casse nos singularités, ces signes de générosité de la vie ». Et qu’il est « urgent d’écouter avec la raison, le cœur et le corps, les mystiques indiennes, le yoga, la médecine ayurvédique, l’unité de tout ce qui nous compose, nous entoure et nous dépasse ». Par des lectures de l’Évangile, « un génie devrait nous faire bondir de la joie de l’intelligence ». Dans une abbaye bénédictine, « les passions du monde s’arrêtent ».

En écho à Malraux, Olivier Germain-Thomas pense que « la civilisation ne pourra retrouver un sens que s’il y a un renouveau spirituel, des retrouvailles avec le lien sacramentel avec la nature, face à la mondialisation et aux nationalismes religieux. »

La Brocante de Mai 68 et ouvertures, Olivier Germain-Thomas. 182 p. 18€. Édit. Pierre Guillaume De Roux.

RENNES SUR ROULETTES, L’ÉVÉNEMENT PHARE DE LA GLISSE URBAINE

Bienvenue au coeur de la capitale bretonne pour un week-end 100% glisse ! Plus de 7 000 aficionados répondent chaque année à cette grande fête du roller populaire et gratuite, organisée par le Cercle Paul Bert. Rendez-vous les 25 et 26 mai 2019.

Une programmation riche et variée mêlant sport et spectacle, amateurs et pro autour d’une passion commune, la glisse urbaine (Roller / BMX / Trottinette).

Rejoignez sans plus attendre les quelques 25 000 spectateurs sur le SPOT rennais : l’Esplanade Général de Gaulle.

 

« 37 ans après son lancement, cette nouvelle édition de Rennes sur Roulettes confirmera si besoin était, sa place incontestée de capitale du Roller en France. Au fil des années, cet événement sportif organisé par le Cercle Paul Bert en étroite collaboration avec la Ville de Rennes, a fait de cette manifestation populaire la fête de la glisse par excellence.
Le temps d’un week-end, courses, initiations, randonnées, marathons vont se succéder en cœur de ville et permettront, dans l’esprit qui anime les organisateurs depuis l’origine, d’allier activités de masse ouvertes à tous et sport d’élite. C’est bien entendu grâce au concours de tous, partenaires institutionnels et économiques, Ville de Rennes mettant à notre disposition tous les moyens nécessaires à la réussite de cet événement, équipes de bénévoles mobilisées depuis des mois, que cette manifestation rennaise a gagné sa place sur l’échiquier international du roller. Saluons également la formidable mobilisation des bénévoles qui, sous la houlette de Loïc FROMENT, permet de proposer d’année en année des activités originales garantes de la réussite et de la continuité de cette belle aventure. »

Isabelle Daniel
Présidente Générale du Cercle Paul Bert.

RSR RENNES SUR ROULETTES

Bénévolat :

Rejoignez l’organisation pour vivre cet événement sportif populaire avant tout convivial. Vous avez un peu de temps libre ? Des compétences à faire partager ? Cela tombe bien ! L’équipe de RSR a des missions à vous proposer selon vos préférences et vos disponibilités.

– Une soirée présentation vous sera proposée mercredi 15 Mai à 20h au Noroît / CPB Nord-Ouest. (Ligne 11 / Arrêt Géniaux)
– Votre restauration sera prise en charge durant vos heures de bénévolat.
– Un espace détente vous sera dédié.
– Une tenue bénévole vous sera offerte.
– Enfin, vous serez convié par la Ville de Rennes à une soirée, le Dimanche 26 Mai à 19h30 sur site.

Besoin d’informations complémentaires : benevoles[@]rennessurroulettes.com

RSR RENNES SUR ROULETTES

Premier évènement Roller Français et plus ancien rassemblement de roller en Europe.
– Evénement attendu par le public : 30 000 spectateurs.
– 2 jours d’animations de glisse extrême sur le spot Esplanade Charles de Gaulle avec des infrastructures de taille.
– Les meilleurs patineurs mondiaux présents et + de 350 compétiteurs engagés / + de 15 nations.
– + de 7 000 participants sur le week-end.
– 75% ont moins de 45 ans dont 32% ont entre 25 / 34 ans avec une parité Hommes (51%) / Femmes (49%).
– Coupe du Monde des Marathons de Roller Vitesse.
– 250 bénévoles soit près de 5 000 heures de bénévolat.
– Le Paris-Roubaix du Roller / Woodstock du Roller.

RSR RENNES SUR ROULETTES

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HOUSE MUSIQUE, UN*DEUX, TROIS, SOLEX !

Le DJ et producteur House UN*DEUX était, samedi dernier, en warm up sur la grande scène du festival Rock’n Solex à Rennes. À 28 ans, le DJ originaire de Vitry-Sur-Seine, a lancé la soirée devant une trentaine de personnes, un exercice difficile mais auquel il est habitué. Rencontre avec ce Sri-Lankais déjà adopté par la scène House du moment.

ROCK N SOLEX RENNES

UN*DEUX, c’est original comme nom de scène…

UN*DEUX : C’est par rapport à mes origines. Je suis de Vitry-Sur-Seine, j’étais le seul Sri-Lankais, et à l’époque, personne ne faisait la différence entre un Indien et un Sri-Lankais. Tout le monde m’appelait l’Hindou, ce qui est déjà une erreur car c’est une religion. J’ai toujours pris ce surnom comme une affection, et il me suit encore aujourd’hui. Quand j’ai commencé à graffer, je taguais l’Hindou, sauf que j’ai vite été démasqué puisque j’étais le seul dans Vitry. UN*DEUX est un jeu de mots parce que ma mère est Sri-Lankaise. Elle a un accent lorsqu’elle parle français, pour dire « un deux », elle dit « hindou ». Après j’ai commencé à faire du son et j’ai gardé ce nom de graff. Ce n’est pas terrible comme nom mais j’ai décidé de le garder pour rester fidèle à mes origines. C’est un nom qui me met dans beaucoup de difficultés notamment dans le référencement. Quand tu tapes dans Google « un deux », tu tombes sur « un, deux, trois, soleil ». C’est aussi pour ça que j’ai mis un astérisque entre un et deux pour être mieux référencé, mais ça ne marche pas tellement (rires).

ROCK N SOLEX

C’est votre première participation à Rock’n Solex, vous en aviez déjà entendu parler ?

UN*DEUX : Apparemment c’est hyper connu, c’est la 51ème édition, je n’en avais jamais entendu parler. Quand j’ai appris que je jouais ici, j’en ai parlé à des potes et certains avaient déjà joué ici et m’ont dit que l’ambiance était terrible, 100% étudiante. J’aime bien la démarche. Par expérience, quand tu travailles avec des professionnels, généralement ils bâclent le travail, ils ont tellement d’expérience qu’ils ne se donnent pas à fond. Tandis que des étudiants travaillent à fond parce que c’est leur première fois, ils veulent bien faire. J’ai bien vu que l’organisation était carrée, et les bénévoles sont très cool aussi.

Ce n’est jamais simple d’être placé en début de soirée, comment ça prépare ?

UN*DEUX : Je préfère le warm up, plutôt que mixer en pleine soirée. À Rock’n Solex, je m’attendais à voir peu de monde lorsque j’ai vu que je jouais au début. 19h pour un festival c’est un peu tôt. En France, il y a une culture où les gens sortent très tard, aux alentours de minuit, dans les festivals ou dans les clubs. Mais qu’il y ait 5 ou 2000 personnes devant moi, je prends toujours autant de plaisir à mixer. J’ai joué un set très House, un peu minimal et groovy, sur mes goûts du moment. Je ne prépare jamais mes sets à l’avance, seulement mes playlists. Je remplis mes clés USB avec des tracks et après je passe des sons au feeling. Je me suis amusé et j’ai essayé de faire découvrir des sons au public. Habituellement lorsque je mixe, je m’adapte plus en fonction de la réaction des gens.

ROCK N SOLEX RENNES

Vous avez l’habitude de jouer en warm up ?

UN*DEUX : Je fais souvent les warm up. Mes bookers m’ont toujours placé devant des grands artistes comme Agoria, Kolsh, ou Kaytranada. J’adore faire ça, c’est un bel exercice et super difficile car tu dois chauffer la salle sans trop en faire. C’est comme la cuisson d’un steak, il faut qu’elle soit saignante pour l’artiste qui passe après. Personnellement, j’ai toujours peur par rapport à celui qui fait mon warm up parce que tu peux avoir des DJ’s qui n’ont jamais joué en club, mais seulement dans leur chambre. Et lorsqu’ils arrivent en club, c’est leur seule date, donc ils veulent tout donner et mettre leur feu. Alors que le warm up doit permettre de faire seulement un peu danser les gens, le staff, et les barmans. Quand les gens arrivent, ils sont timides et le DJ en warm up doit commencer à les chauffer.

Où mixez-vous la plupart du temps ?

UN*DEUX : Principalement à Paris. Jeudi dernier, j’étais au Café Barge, sur les quais de Seine. C’est un endroit super à Paris, ouvert de 19h à 2h, c’est un autre mode de fête, plus éclairé, festif, et les gens sont moins bourrés. C’est comme si nous faisions une fête l’après-midi. Hier j’étais à Rouen, je mixais dans un club qui était totalement différent, il n’y avait pas de lumière, il y avait de la fumée de partout. J’ai joué dans pas mal de clubs, au Rex, Showcase, Concrete. Je tourne un peu en France, à Nantes, Annecy, et Lyon. Des festivals j’en ai pas fait tellement, juste à Malte avec The Sound You Need, et à Paris avec Le Brunch Electronik.

Pour revenir à vos débuts, comment la house est-elle arrivée à vous ?

UN*DEUX : J’ai découvert la House grâce à ma sœur. J’avais 14 ans, elle sortait déjà en club, elle travaillait pour des marques de vêtements, et elle était déjà dans le milieu de la mode où ils écoutaient beaucoup la house. Moi j’étais loin de tout ça, je venais du rap français et du hip-hop à l’ancienne qui samplait déjà de la soul, funk et disco. Au début, j’avais du mal avec la house que je trouvais très répétitif, aujourd’hui, je remarque davantage l’émotion et l’ambiance qu’elle dégage. Ma sœur m’a fait écouter plein de choses, et je suis tombé amoureux d’une compilation qui s’appelait DJ Kicks, c’était mixé par Tiga à l’époque. Après cette découverte, j’ai commencé à composer et à mixer.

En juillet 2013, On Drugs sort sur le label Tealer Records, un premier EP qui va déclencher une tournée dans toute la France…                                           

UN*DEUX : J’avais fait ce travail depuis un petit moment. Tealer Records a été crée en 2012. Entre temps, Jeff, le patron, a entendu mon track parce qu’un de mes potes était son cousin qui travaillait chez Tealer. Il a écouté et il a eu envie de faire un label. Il était déjà DJ, et il voulait allier ce côté mode et musique. Il a crée le label, nous avons fait le clip de On Drugs, et depuis ce clip je tourne un peu partout. Ça me fait drôle parce qu’avant je faisais de la musique dans ma chambre, et j’avais seulement quelques dates en club. D’ailleurs On Drugs, et Shopping Day qui est aussi dans cet EP, ont connu le plus de succès, alors que ce sont des tracks que j’ai produit en même pas trois heures (rires).

Un deuxième EP sort ensuite en février 2014, intitulé Roses, un EP plus personnel que le précédent…

UN*DEUX : Un EP très différent, moins sample, qui représente 95% de composition. Il est beaucoup plus personnel, moins club. Je le voyais plus comme un EP à écouter dans son Ipod. Il n’y a pas très longtemps, un mec m’a booké, il m’a connu en after dans son salon, il était défoncé et il avait mis Spotify. Mon track était en train de passer, et il a eu la plus grande montée de sa vie. Deux jours après, ma sœur m’envoie un texto, sa pote lui dit « c’est ton frère UN*DEUX ? J’ai eu le meilleur plan de ma vie sur Roses il n’y a pas longtemps ». Sur ce deuxième EP, je voulais que les gens trippent dessus, non pas en fête mais plutôt seul, en faisant l’amour ou en fumant un joint.

Le projet de compilations Deep in Your House est un peu un retour aux sources…

UN*DEUX : J’étais en stage au sein du label Serial Records en 2014 de mémoire. Je suis arrivé tout innocent devant le patron en lui disant « je suis DJ, j’adore le catalogue de Serial, est-ce que je peux reprendre les anciens morceaux et faire des compilations ? ». Il a accepté le projet, et ça a super bien marché. Ce sont des morceaux qui m’ont fait aimer la House, ils sont sortis entre 1995 et 2002 et passaient sur Radio FG à l’époque. Il y a Didier Sinclair, Djulz, Soldiers of Twilight. Je suis arrivé dans ce label par hasard, c’est mon école qui m’avait trouvé ce stage, et aujourd’hui j’y travaille encore. Nous avons créé un nouveau label, et nous sortons d’autres artistes.

Votre manière de produire a évolué depuis vos débuts ?

UN*DEUX : Je suis passé par différents stades. J’ai commencé avec un ordinateur et une souris dans ma maison. Mon cousin faisait déjà des beats en Angleterre avec ce matériel là. Il ne faut pas sous-estimer l’ordinateur et la souris, je connais encore des producteurs aujourd’hui qui font des hits mondiaux avec ça. J’ai ensuite acheté un clavier maître. Aujourd’hui, vu que je travaille en semaine sur un bureau et devant un écran, j’avais envie d’avoir un matériel qui m’évite de regarder mon écran. J’ai donc acheté une MPC 3000, une vieille machine qui date de 1994, et qui a un son assez particulier. Ça me permet de faire du son sans avoir d’ordinateur devant moi. C’est mieux pour mes yeux, le son est mieux et c’est une autre approche de la musique.

Le « back-to-back » est un exercice que vous appréciez ou vous préférez mixer en solo ?

UN*DEUX : J’adore le « back-to-back ». Ce sont deux exercices totalement différents. J’ai un de mes très bons potes, Jean-Patrick, que j’ai rencontré en « back-to-back » en Corse. Il devait mixer et il n’y avait pas trop de monde pendant son set, je lui ai donc proposé de mixer avec moi toute la nuit. Jeudi dernier, j’étais aussi en « back-to-back » avec Marwan Sabb de INSOMNIA. C’est un exercice qui te permet de t’adapter avec la personne, et d’échanger avec elle. Tandis que lorsque tu es tout seul, tu crée ton histoire. Tu peux avoir de mauvaise surprise en « back-to-back ». Le principe est de ne pas faire de l’ombre à ton prochain, de ne pas essayer de faire mieux que lui, mais d’essayer de faire mieux ensemble. C’est comme au foot, si tu commences à vouloir te mettre en avant ça ne marche pas. Le « back-to-back » c’est trop bien, tu as le temps d’apprécier la musique, et de danser aussi. Des fois quand je suis tout seul, je suis stressé, je n’arrive plus à danser et à prendre du plaisir. Le « back-to-back » permet de faire une pause, et de reprendre les platines à n’importe quel moment. Je ne suis pas tout le temps stressé, il y a des moments où j’ai des coups de stress parce que j’ai l’impression que je n’arrive pas à faire bouger la foule. C’est pour ça que je regarde beaucoup le public et quand je n’y arrive pas, je me creuse les méninges, et j’essaye de trouver le bon son. C’est surtout pendant mon set que je peux stresser, quand je vois que j’ai fait un bide ou une mauvaise transition.

Un petit mot sur votre dernier EP Prince de la Vrille ?

UN*DEUX : Prince de la Vrille est sorti vendredi dernier sur le label Ondulé. C’est en référence à l’album mythique de 113 intitulé Les Princes de la Ville, car c’est un groupe de chez moi, de Vitry-Sur-Seine. Il y a trois morceaux dans cet EP : 3615 CARO, Deepacito, en référence à la chanson Despacito, j’ai fait un jeu de mot, et Space Bass Tool. C’est un EP très House, sorti en digital et qui va sortir en vinyle à la fin du mois.

Quelles sont vos prochaines dates ?

UN*DEUX : Le 20 mai je serai à Toulouse, et le 31 mai à Paris sur Les Croisières Électroniques. C’est super stylé, il y a deux croisières, nous sommes sur la Seine et il y a le son à fond. Je l’ai fait l’année dernière, c’est la meilleure fête de ma vie. Déjà sur un bateau il y a une atmosphère particulière, et quand tu passes sous les ponts de la Seine, il y a une résonance de dingue. Il y a une bonne ambiance, et il va faire beau. Après, il y a l’événement à Concrete sur Paris en juillet et des dates cet été à Biarritz et en Corse.

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DANS LA TERRIBLE JUNGLE, FICTIONS ET ADOS DE LA PEPINIERE

Voilà le film Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley. France 1h21. Sélection de l’ACID. Vu salle des Arcades le 16 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

dans la terrible jungle

A l’institut médico-éducatif La Pépinière, une dizaine d’adolescents, insoumis, francs et spontanés se prêtent au jeu de la mise en scène et du cinéma. Terrain d’expérimentations musicales, poétiques, amoureuses et philosophiques, le centre prend alors un caractère d’exutoire.

Comme les deux réalisatrices le soulignent à juste titre, elles n’ont pas fait un film sur des handicapés mais avec eux, et cela se voit à l’écran. Les adolescents de La Terrible jungle sont filmés avec beaucoup de simplicité et de respect et ils saisissent la présence de la caméra pour exprimer leurs propres univers singuliers en une série de mini-fictions. Je suis ressorti admiratif de l’expérience.

dans la terrible jungle

Dans la terrible jungle (In the mighty jungle)
Un film de Caroline Capelle et Ombline Ley
France – 2018 – 81 min

Avec :
Ophélie Lefebvre , Léa Lenoir , Médéric Sergott , Ophélie Dufromentel , Alexis Dardenne , Émeline Colard et Valentin Dufour
Pays France
Année de production 2018
Durée 81 minutes
Un film de Caroline Capelle et Ombline Ley
Scenario Caroline Capelle et Ombline Ley
Image Caroline Capelle et Ombline Ley
Son Betsy Zbiegiel et Mathieu Farnarier
Montage Céline Perreard
Musique Sébastien Pons et Studio Urgence
Production Macalube Films
Distribution Les Acacias

U.N.I, LE REGGAE BASQUE DE DAVID CAIROL

Jeudi dernier, le musicien basque David Cairol a ouvert la grande scène du festival Rock’n Solex. L’occasion pour lui de jouer son deuxième et dernier album U.N.I et de retrouver ses potes de la scène reggae, le groupe Danakil. Rencontre avec un fidèle des chansons à texte qui a le statut de la liberté…

DAVID CAIROL

Vous venez d’ouvrir la grande scène de la 51ème édition de Rock’n Solex, c’était comment ?

David Cairol : Très intimiste. Avec mes musiciens, nous adorons venir en Bretagne, nous y avons déjà joué à plusieurs reprises. C’est une grande première à Rock’n Solex, nous avons été très bien accueilli par l’équipe du festival. Ça été l’occasion de retrouver nos potes de Danakil, que nous avons déjà croisé sur des festivals avant. Puis c’est marrant parce qu’il y a le saxophoniste qui joue avec Sinsemilia, nous avons déjà tourné avec eux et enregistré un album chez eux. C’est la petite famille du reggae qui se retrouve et c’est très cool.

Vous n’étiez pas seul sur scène, quels morceaux avez-vous joué ?

David Cairol : J’étais accompagné de mes musiciens, ils me suivent depuis presque 8 ans. C’est toujours un bonheur de travailler avec eux. Nous aimons partager ensemble et avec le public, et nous essayons de donner quelque chose de positif. Nous avons surtout joué des morceaux du dernier album, U.N.I. J’ai également fait une petite reprise d’un projet que je suis en train de développer en parallèle.

DAVID CAIROL

Il y a une atmosphère particulière durant un festival…

David Cairol : L’été c’est chouette. Il y a une ambiance et quelque chose de chaleureux qui se crée dans les festivals. Nous pouvons entendre des groupes et partager avec de nouvelles personnes. Quand nous faisons une date isolée c’est différent, et beaucoup plus concentré en terme d’émotions. C’est diffus, il y a moins de temps et nous sommes obligés de donner le meilleur de nous-mêmes en moins d’une heure. C’est aussi frustrant pour le public car il n’y a pas de rappel possible sur scène.

BOB MARLEY

Pour revenir à vos débuts, comment avez-vous découvert la musique ?

David Cairol : La musique est venue à moi en tant qu’auditeur. J’étais mélomane, depuis tout petit j’écoutais de la musique. Je ne savais pas que j’avais ça en moi, je chantais tout le temps. Mes parents n’étaient pas forcément musiciens, donc ils n’avaient pas vu ça en moi et ne pouvaient pas s’imaginer que ça pouvait devenir mon métier. Le déclic ça a été Bob Marley. Quand j’avais 14 ans, j’ai découvert son album Legend qui était le Best of, et j’ai eu mon premier coup foudre musical. J’étais rempli de frissons et c’est ça qui m’a donné l’envie de découvrir la musique reggae mais aussi d’écrire par moi-même. Il y avait un message dans cet album, à la fois par le son, la conscience et le message.

U.N.I, sorti en février 2017, est votre deuxième et dernier album, les genres s’entremêlent entre soul, hip-pop, reggae, pop, comment le présenteriez-vous ?

David Cairol : C’est vrai que j’ai plusieurs influences. Même si le reggae est le style qui m’a donné envie de faire de la musique, j’écoutais beaucoup de pop, rock, funk, soul, hip-hop et rap. Ma musique est une fusion de ces genres. U.N.I est un album sur le rapport à l’autre, et sur le regard que nous portons sur lui. Je pense que le monde d’aujourd’hui manque de compréhension. Pourtant la compréhension est la clé de beaucoup de choses, lorsque nous comprendrons les autres, et que nous nous mettrons à la place d’eux, notre manière d’agir sera différente. Je pars toujours d’un problème négatif et j’essaye d’amener quelque chose avec un peu d’espoir dedans. Je n’ai pas envie d’être moraliste dans mes chansons, mais juste de dire qu’il y a peut être une autre manière de regarder les choses.

Vous avez un attachement particulier aux chansons à texte, comment écrivez-vous ?

David Cairol : J’aime bien travailler avec des concepts. J’ai des morceaux qui sont étudiés aujourd’hui via TV5 Monde dans les alliances françaises. Je travaille beaucoup sur le champ lexical, il y a une chanson autour des lettres initiales, puis une autre autour des chiffres. Ce sont des chansons très particulières sur lesquelles je ficelle le texte avant la musique. Alors que pour d’autres morceaux, je vais essayer de mettre la mélodie avant et de poser des mots dessus, c’est la musique qui va m’influencer sur mes textes. En français, j’essaye de plus en plus de trouver des petites formules et des concepts qui font un peu réfléchir et donnent envie d’aller plus loin dans l’écoute.

DAVID CAIROL

Le morceau Crise en thème révèle aussi votre engagement…

David Cairol : L’engagement se situe dans une quête d’amour. À chaque instant de ma vie et dans la musique que je fais, quand je m’engage, c’est pour m’engager dans quelque chose de bon et de positif. Je ne suis pas engagé au sens politique du terme. Je m’engage pour les choses que je pense bonnes pour mon entourage, et pour l’humanité aussi quelque part. J’ai grandi avec un entourage qui avait une conscience des choses et du fonctionnement du monde. Quand nous le comprenons et que nous avons une critique autour de soi, nous avons envie de transmettre cet œil là et ne pas tomber dans le panneau. À travers ma musique, j’essaye d’alerter, d’une manière ou d’une autre, de notre regard sur la société.

Entre la sortie de votre premier album Initiales en 2013, et U.N.I votre deuxième album de 2017, quatre années se sont écoulées, qu’est-ce qui a changé musicalement et dans votre expérience ?

David Cairol : Beaucoup de choses ont changé. Ma manière de travailler a été pensée différemment. Sur le premier album, nous avions travaillé après la tournée avec Sinsemilia, avec Natty, le bassiste du groupe. Sur le deuxième album, c’est mon batteur et claviériste qui a arrangé les morceaux. De manière générale, j’avais des envies de modernité, de mettre plus de hip-hop dans ma musique, et de faire plus de recherches à la fois dans les textes et dans les concepts. U.N.I est un album concept, il veut dire deux choses : U.N.I signifie « toi et moi » prononcé en anglais, et les trois lettres rassemblées font UNI. Ce nom d’album est un équilibre entre le français et l’anglais, et essaye de rassembler au maximum. Les deux albums ont une suite logique car U.N.I est écrit en initiales, qui est le nom du premier album.

Le single de Loin de nos rives vient de sortir, pouvez-vous nous parler un peu du clip qui arrive bientôt ?

David Cairol : Le clip sort en juin. J’écris beaucoup et j’imagine les images que je peux mettre dessus. Le clip de Loin de nos rives évoque le moment où nous nous réveillons le matin et que nous nous rendormons, mais nous ne savons plus vraiment où se situe la réalité et le rêve. En février dernier, j’ai profité d’un voyage que je faisais en Indonésie pour aller tourner des images là-bas. J’en ai aussi profité pour surfer qui est mon plus gros loisir (rires). Nous avons tourné une partie là-bas et nous faisons la suite en France. C’est en quelque sorte la métaphore entre le rêve en Indonésie et la réalité en France. Le clip a été réalisé par Sébastien Delgado, qui a déjà fait Numéro et Camelia. J’aimerais bien en faire un dernier avant de clôturer cet album, sur le titre Nomade.

En mars dernier, vous avez sorti l’album Crazy Lazy, décliné en dix titres remixés, pourquoi ce choix ?

David Cairol : L’album Crazy Lazy est sorti en même temps que le clip, réalisé par Sylvain Chomet, réalisateur des Triplettes de Belleville. C’est une sorte de maxi EP avec une multitude de remix et de versions différentes. Je travaille beaucoup avec Layird, un beatmaker américain qui vit à Miami et j’apprécie ce qu’il fait. Il a remixé Numéro et Crazy Lazy. Nous avons aussi proposé à d’autres DJ’s de collaborer dans cet album.

Dans certains de vos clips, vous êtes accompagné d’enfants, vous organisez aussi des ateliers, le partage de votre univers et la transmission de votre travail est important à vos yeux ?

David Cairol : Complètement. C’est venu au fur et à mesure. La première fois que nous leur avons proposé de faire un atelier d’écriture, c’était il y a presque dix ans. Je me suis lancé là-dedans et j’ai adoré. En parallèle de ça, je crois sincèrement que la clé de notre avenir est dans l’éducation des jeunes, c’est les seuls que nous pouvons éduquer d’une manière positive, ils ont tout à apprendre. Nous avons ce devoir de bien s’occuper d’eux et de leur transmettre des valeurs importantes.

DAVID CAIROL

Un souvenir que vous retenez depuis vos débuts…

David Cairol : Le souvenir qui me vient immédiatement est ma rencontre avec The Wailers. J’avais fait une date avec eux et Danakil le même soir. C’était dingue, en plus ça se passait au Pays Basque, d’où je viens. J’avais fait un morceau avec les deux guitaristes de Bob Marley, ce n’est pas rien. J’avais chanté War en plus donc j’en garde un très bon souvenir. Depuis il y a eu plein de moments incroyables. L’année dernière, j’ai passé dix jours à Stafford pour une formation organisée chez Francis Cabrel. Et cet hiver je suis parti en Jamaïque où j’ai eu un coup de foudre littéral et c’est aussi pour ça que j’aime cette musique.

Site de David Cairol

MIRAÏ MA PETITE SOEUR, FILM POUR ENFANTS KAWAII

Voilà le film Miraï ma petite soeur de Mamoru Hosoda. Japon 1h38. Quinzaine des réalisateurs. Vu Palais Croisette le 16 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

MIRAÏ MA PETITE SOEUR

Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents. Il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-magique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son grand-père dans sa trépidante jeunesse, sa petite sœur adolescente. A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.


Mamoru Hosoda, le réalisateur du superbe Les Enfants-loups, Ame & Yuki, signe un nouveau très beau film d’animation. Hosoda est habité par l’esprit ludique de l’enfance et dans Miraï, à partir d’un micro-événement, la naissance d’une petite sœur, il déploie tout un grand jeu où se mêlent réalisme du quotidien et rêveries fantastiques. Tout est mignon dans Miraï, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Il y a un grand raffinement dans le graphisme, le traitement des couleurs, les échelles de plans, la structure de la narration. Miraï est le seul film « pour enfants » présent à Cannes, je lui décerne sans hésiter la Palme d’or jeune public du festival.

MIRAÏ MA PETITE SOEUR

Titre français : Miraï, ma petite sœur
Titre original : Mirai no Mirai (未来のミライ?)
Réalisation : Mamoru Hosoda
Langue : japonais
Format : couleur
Dates de sortie : 20 juillet 2018

RENNES. DENEZ PRIGENT AU COUVENT DES JACOBINS

Denez Prigent a donné à Rennes le vendredi 11 mai 2018 un concert plutôt novateur dans une carrière déjà bien remplie. S’adjoindre les services d’un orchestre symphonique n’est pas la moindre des choses et la tension du barde breton était perceptible lors de son arrivée sur scène. Son pari a été couronné de succès et le public rennais était debout pour réaffirmer une affection que « Denez » n’a jamais perdue.

Le Couvent des Jacobins n’a rien à voir avec l’ambiance survoltée des festou-noz dans lesquels notre chanteur a l’habitude d’exceller. Il y a sans doute quelque chose d’un peu figé, de nature à brider son enthousiasme naturel, une distance avec le public qui gêne la nécessaire communion du chanteur et des auditeurs. C’est dans un auditorium curieusement enfumé que nous avons pris place.

DENEZ PRIGENT
Antoine Lahay, Thomas Ostrowiecki, Gunnar Idenstam, Denez, Jérome Séguin, Jonathan Dour et Cyrille Bonneau (photo : Laura Mary)

Dès les premières notes, le ton est donné et les musiciens de Denez vont s’en donner à cœur joie. N’hésitant pas à métisser les sonorités, ils adjoignent aux instruments traditionnels bretons, le son de la darbouka, du duduk, ou même du subois. Tout cela ne dénote en rien et Cyrille Bonneau au saxophone et autre instruments à vent, va nous imposer une véritable démonstration de ses qualités musicales. Même remarque pour le violoniste Jonathan Dour, sachant reproduire avec adresse les sonorités aigrelettes d’un musicien autodidacte qui n’aurait pas connu, comme lui, le conservatoire. Tout cela sent le « pur beurre » et aussi bien Jérôme Séguin à la contrebasse que Antoine Lahay à la guitare, tous contribuent à installer le paysage musical que le public attend. Au fond de la scène, s’agitant comme un animal enchaîné dans sa cage, le percussionniste Thomas Ostrowiecki ponctue les mélodies, à mains nues, de sonorités exotiques.

DENEZ PRIGENT
Denez Prigent en concert à Ploërmel

Lorsque Denez apparaît, la première impression est celle d’une fragilité et d’une sensibilité préservées, malgré une carrière déjà longue. Il semble que le temps ait peu de prise sur lui et il ressemble très exactement au Denez Prigent vu, il y a de cela une vingtaine d’années, à Morgat, chantant avec Louise Ebrel de vigoureux Kan a diskan. Il nous faudra attendre le troisième morceau pour voir apparaître l’orchestre et faire connaissance des arrangements spécialement composés par Frédérique Lory. Les premières mesures regroupant à l’unisson le pupitre des cordes dans une mélodie plutôt basique ne sont pas forcément convaincantes. Il en sera autrement un peu plus tard.

denez
Denez en concert au Couvent des Jacobins le 11 mai 2018 (photo : Thomas Gachet)

Il faut attendre le quatrième morceau pour retrouver totalement le Denez Prigent que nous apprécions. De toute évidence, la connexion avec le public est établie, et sa voix, comme à l’habitude, entraîne l’assistance dans des paysages poétiques et oniriques. Rien n’est plus émouvant que les tristes mélopées appelées « gwerz », qui racontent des histoires sombres et belles et dans lesquelles Denez Prigent réaffirme un talent incomparable et une personnalité musicale peu commune.

DENEZ PRIGENT
Photo : Emmanuel Pain

Un bémol, il est fort regrettable que des jeux de lumière tout à fait incongrus soient venus un peu gâcher la fête, en éblouissant régulièrement le public et les musiciens, les privant d’une bénéfique pénombre, très en accord avec l’atmosphère. L’ambiance va peu à peu monter et tels « les gars de Locminé » le public va taper des pieds et des mains pour manifester sa satisfaction.

Les orchestrations de Frédérique Lory prennent la place qu’elles méritent et créent un climat dense et magique, plein de frénésie d’exaltation, allant jusqu’à une certaine violence. Un vrai moment de plaisir. Précisément ce que l’on attendait. Cette impression favorable sera confirmée lors de l’exécution du morceau suivant. Après une introduction aux timbales, comme un appel, les cordes entameront un air à la fois triste et solennel, d’une sombre beauté, qui ne manquera pas de nous faire tressaillir.

DENEZ PRIGENT
photo : Laura Mary

Conteur infatigable, Denez nous dira l’histoire de Yan, tricheur incorrigible, pensant avec naïveté qu’il peut au jeu de cartes se moquer de la mort et lui soutirer 1000 écus. L’Ankou n’est pas si facile à berner !

Après un autre gwerz, qu’avec humour, Denez qualifie « d’aussi drôle » que celui qu’il vient de chanter, c’est une marche pleine d’allant qui nous rapproche de la conclusion de ce concert. Elle se passe entre l’église et le bistrot et nous vous laissons supposer l’évolution rythmique qui s’en suit immanquablement. Le gosier a ses raisons que la raison ignore.

Chant : Denez. Percussions : Thomas Ostrowiecki. Flûtes, bombarde, saxophones : Cyrille Bonneau. Violons : Jonathan Dour. Guitares : Antoine Lahay. Contrebasse : Jérôme Seguin.

samedi 19 mai
20:30
Carhaix
Espace Glenmor

dimanche 20 mai
20:30
Saint-Malo
Théâtre

FILM THE PLUTO MOMENT, MISE EN ABIME RÉUSSIE PAR MING ZHANG

Voilà le film The Pluto Moment de Ming Zhang. Chine 1h52. Quinzaine des réalisateurs. Vu Palais Croisette le 16 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

pluto moment

Réalisateur et homme marié, Zhun Wang voyage depuis Shanghai vers les Montagnes de l’Ouest dans le cadre de la pré-production de son prochain film : The Pluto Moment. Accompagné de son équipe, Hongmin Ding, son producteur avisé, Bai, un jeune et bel acteur, et Chun Du, camerawoman et fan du réalisateur, Zhun a pour objectif de filmer des chants folkloriques. Au fil du temps, leurs relations évoluent et ils sont entraînés dans une certaine errance.

La mise en abyme d’un film autour des difficultés du tournage d’un film en panne d’inspiration est une expérience casse-gueule, souvent tentée au cinéma, rarement réussie. The Pluto Moment est une réussite majeure du genre. Le héros pathétique du film est un cinéaste, Zhun, que l’on découvre d’abord perdu à Shanghai dans les coulisses d’un blockbuster dont sa femme est la star. Il se révèle ensuite tout aussi inadapté à la réalisation de son propre documentaire ethnographique arty, tant il ne perçoit rien des autres et de lui-même, jamais au clair sur ses désirs. Mais Ming Zhang sait, lui, magnifiquement voir et entendre : les montagnes en train de se dépeupler, les villageois qui subsistent en s’accommodant des autorités et en s’accrochant à leurs traditions, les singularités de tous ses personnages (y compris Zhun, jamais caricaturé). Il est particulièrement attentif aux femmes. La jeune paysanne qui apparaît à la fin du film The Pluto Moment est une figure de cinéma inoubliable.

film pluto time

The Pluto Moment (Ming Wang Xing Shi Ke) – Ming Zhang (Chine) 2018
Film de Zhang Ming
Drame
2 h 30 min
Avec Wang Xuebing, Dan Liu, Zeng Meihuizi

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UNDER THE SILVER LAKE, THRILLER DELIRANT DANS LOS ANGELES

Voilà le film Under The Silver Lake de David Robert Mitchell. USA 2h19. Sélection officielle, compétition. Vu salle Debussy le 16 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

Under The Silver Lake

Le film Under The Silver Lake prend place à Los Angeles où Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations.

Après avoir réalisé deux films d’horreur accueillis à la Semaine de la Critique, The Myth of the American Sleepover (2010) et It Follows (2014), David Robert Mitchell a cette année les honneurs de la compétition officielle avec Under the Silver Lake. Le film démarre comme une comédie un peu trash avant de se lancer dans une enquête labyrinthique sur les dessous de Hollywood. Il apparaît alors comme une sorte de parodie du cinéma de David Lynch (Mulholland Drive et peut-être davantage encore la saison 3 de Twin Peaks). Il s’amuse avec tous les clichés conspirationnistes tout en étant finalement très sérieux dans sa critique du rêve hollywoodien. Il se veut une critique radicale de la pop culture tout en en relevant entièrement. Intrigant.

film under the silver lake

Titre original et français : Under the Silver Lake
Réalisation et scénario : David Robert Mitchell
Direction artistique : Michael Perry
Décors : Steven Light-Orr et James Terry Welden
Costumes : Caroline Eselin
Photographie : Mike Gioulakis
Montage : Julio Perez IV
Musique : Rich Vreeland
Genre : thriller, comédie dramatique, néo-noir
Durée : 139 minutes
Dates de sortie :
France : 15 mai 2018 (festival de Cannes 2018 – sélection officielle) ; 8 août 2018 (sortie nationale)
États-Unis : 22 juin 2018
Belgique : 15 août 2018
under the silver lake

Distribution
Andrew Garfield : Sam
Riley Keough : Sarah
Jimmi Simpson : l’ami de Sam
Topher Grace
Zosia Mamet
Riki Lindhome
Callie Hernandez
Patrick Fischler

under the silver lake

FILM UN GRAND VOYAGE VERS LA NUIT, QUERELLE DE BI GAN

Voilà le film Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan. Chine-France 2h10. Sélection officielle, Un certain regard. Vu salle Debussy le 15 mai. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

grand voyage vers la nuit

Luo Hongwu revient à Kaili, sa ville natale, après s’être enfui pendant plusieurs années. Il se met à la recherche de la femme qu’il a aimée et jamais effacée de sa mémoire. Elle disait s’appeler Wan Quiwen…

Beau premier film, très stylé, du réalisateur chinois Bi Gan. Sur fond d’une assez obscure querelle de gangs (à première vision, en tout cas), il nous entraîne dans les labyrinthes du rêve et de la mémoire. Utilisation intelligente de la 3D, qui ne vise pas ici les effets spectaculaires mais contribue à créer l’atmosphère onirique requise par le film.

grand voyage vers la nuit

Titre original : 地球最後的夜晚, Dìqiú zuìhòu de yèwǎn
Titre français : Long Day’s Journey Into Night
Réalisation : Bi Gan
Scénario : Bi Gan
Pays d’origine : Chine
Durée : 110 minutes
Dates de sortie : 22 août 2018

FILM BAD BAD WINTER, HUIS-CLOS KAZAKH PEU CONVAINCANT

Voilà le film Bad Bad Winter d’Olga Korotko. Kazakhstan 1h56. Sélection de l’ACID. Vu salle des Arcades le 15 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

Bad Bad Winter

Après le décès de sa grand-mère, la fille d’un riche homme d’affaires retourne dans sa ville natale. Elle reçoit la visite d’anciens camarades de classe, mais leurs retrouvailles prennent une tournure inattendue.

https://youtu.be/AjpFVBOmq-I

Le premier film d’Olga Korotko est très cru dans la description des déchirements sociaux et du délitement moral du Kazakhstan d’aujourd’hui. Malgré quelques beaux plans, je ne peux cependant prétendre avoir été convaincu par le filmage en huis-clos.

Avec : Tolganay Talgat , Marat Abishev , Zhalgas Zhangazin , Nurgul Alpysbayeva et Tair Magzumov

FILM FUGUE (FUGA), MEMOIRE, AMNESIE, LIEUX

Voilà le film Fugue (Fuga) de Agnieszka Smoczynska. Pologne/République tchèque/Suède 1h40. Semaine de la critique, compétition. Vu salle Miramar le 15 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

 

film fuga

Dans le film fugue, Alicja a perdu la mémoire et elle ignore comment elle en est arrivée là. En deux ans, elle parvient à se reconstruire : changée, indépendante, loin de chez elle. Elle ne souhaite pas se remémorer le passé. Alors, quand sa famille la retrouve, elle est contrainte d’endosser le rôle de mère, de fille et de femme, entourée de personnes qui semblent être de parfaits étrangers. Que reste-t-il lorsqu’on oublie que l’on a aimé quelqu’un ? Est-ce nécessaire de se souvenir du sentiment amoureux pour être heureux ?

Le film Fugue est très maîtrisé et porté par son actrice principale (et scénariste), Gabriela Muskala. Il donne sa pleine mesure tant que le mystère de cette femme amnésique reste entier. Les clés apportées dans la partie finale réduisent sa portée. Mais la question demeure : que veut dire vraiment habiter une famille, une maison, un pays ?
film fugue

Titre français : Fugue
Titre original : Fuga
Réalisatrice : Agnieszka Smoczyńska
Durée : 100 minutes
Scenario : Gabriela Muskala
Acteurs : Gabriela Muskala, Łukasz Simlat, Malgorzata Buczkowska, Piotr Skiba, Zbigniew
Musique : Filip Mísek
Producteur : Agnieszka Kurzydło
Production: MD4 – Mental Disorder 4, Axman Production, Common Ground Pictures, Mazowiecki i Warszawski Fundusz Filmowy, Odra Film, Film i Väst

Agnieszka Smoczynska
Agnieszka Smoczynska

EUFORIA DE VALERIA GOLINO, BONNE RELATION POUR FILM INEGAL

Voilà le film Euforia de Valeria Golino. Italie 2h. Sélection officielle, Un certain regard. Vu salle Debussy le 15 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

Dans le film Euforia, Matteo est un jeune entrepreneur à succès. Il est audacieux, charmant et dynamique. Son frère, Ettore, est professeur de collège, et vit encore dans la petite ville de province où ils sont nés. C’est un homme prudent, intègre, qui pour éviter tout faux pas, ne s’est jamais lancé et a préféré rester dans l’ombre. Ils sont apparemment très loin l’un de l’autre. Cependant, la vie les oblige à se rapprocher, et une situation difficile devient, pour les deux frères, l’occasion pour se connaître et se découvrir, dans un tourbillon de fragilité et d’euphorie.

Le film Euforia n’est pas mal, même si je le trouve inégal et un peu trop long. La relation entre les deux frères, bien interprétés par Riccardo Scamarcio et Valerio Mastrandea, est subtilement développée. Ce que je préfère dans le film de Valeria Golino, ce sont ses moments les plus âpres et “méchants”  qui surviennent quand on ne les attendait plus.

valeria golino
Valeria Golino

Valeria Golino a terminé le tournage de son deuxième film en tant que réalisatrice après Miele (2013) : Euforia. Pour ce long-métrage, la célèbre actrice (lauréate de deux Coupes Volpi à Venise, deux David de Donatello, et maints autres trophées) a dirigé pendant huit semaines Riccardo Scamarcio et Valerio Mastandrea, ainsi qu’Isabella Ferrari, Valentina Cervi et Jasmine Trinca (qui jouait le personnage principal de Miele, et a été élue meilleure actrice dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, pour Fortunata. Euforia est produit par HT Film et Indigo Film avec Rai Cinema. La photographie a été confiée au Hongrois Gergely Poharnok (Silent Ones, Hukkle), le montage à Giogiò Franchini (Les Conséquences de l’amour, La Fille du lac), les décors à Luca Merlini (Terapia di coppia per amanti, Assolo) et les costumes à Maria Rita Barbera (Tito e gli alieni, Ton absence), c’est-à-dire qu’à l’exception de Merlini, Golino retrouve ici toute l’équipe de son premier film. Euforia sortira sur les écrans italiens en 2019.

euforia valeria Golino

RENNES. COMPTOIR DU DOC DÉVOILE DES HISTOIRES DU 16 AU 19 MAI

Du 16 au 19 mai 2018, Comptoir du doc dévoile « Des Histoires » durant les Rencontres documentaires. Prenant ses quartiers à Rennes entre Maurepas et La Bellangerais, le projet mêle projections, ateliers de sensibilisation et rencontres au cours de quatre journées dédiées au film documentaire. Entretien avec Laëtitia Foligné, programmatrice de l’évènement.

histoire documentaires

Unidivers : Quelle est la genèse de l’association Comptoir du doc et de celle des Rencontres documentaires ?

Laëtitia Foligné : L’association fête ses 20 ans dans un mois. Elle est née au bar Scaramouche, à l’initiative d’une bande de réalisateurs passionnés de cinéma documentaire. À l’époque, ces films n’étaient pas diffusés au cinéma, les réalisateurs voyaient leur travail passer à la télévision en regrettant le manque de contact direct avec leur public. Est né alors le désir de créer une rencontre entre ces différents acteurs, à travers diverses programmations. Le festival des histoires, créé il y a 13 ans, se déroule depuis 5 ans à Maurepas / La Bellangerais et clôt la saison.

L’idée est d’être présent au-delà du centre-ville, où nous commençons à être reconnus, en partageant notre amour pour le documentaire avec de nouveaux publics moins favorisés, à travers une implantation durable dans les quartiers. Cela fait ainsi cinq ans que nous sommes présents à Maurepas et à la Bellangerais, où nous agissons en partenariat avec les associations locales. Nous voulons nous assurer que les habitants de Maurepas se sentent légitimes en venant assister à des manifestations culturelles dans le centre-ville.

Vous souhaitez que votre programmation touche le plus grand nombre. Comment les histoires d’un jeune sourd, d’un jeune Chinois ou d’un jeune Italien font-elles écho à celles des habitants des quartiers de Maurepas et de la Bellangerais ?

Laëtitia Foligné : C’est justement toute la beauté de ce type de cinéma. En parlant d’une histoire particulière, les films que nous proposons ont un propos beaucoup plus universel. Ils parviennent à toucher le spectateur très personnellement.

Fuocoammare réussit parfaitement cela. Cette œuvre racontant le quotidien d’habitants de Lampedusa en pleine crise migratoire est l’un des plus grands films documentaires des dix dernières années selon moi. D’un côté, on observe les îliens, ce petit gamin en train de jouer, un médecin, un pêcheur, des personnes qui nourrissent toutes un fort lien à la mer, de l’autre on assiste à la descente aux enfers des migrants. En étant témoin de ces destins croisés, le spectateur ne peut que se poser la question de sa propre indifférence face à ces questions.

Derniers jours à Shibati résonne aussi tout particulièrement à Maurepas. Après le visionnage, les habitants du quartier ont à l’unisson déclaré « Ils sont comme nous ». Une proximité se crée entre ces Rennais et ces Chinois vivant avec trois francs six sous, heureux malgré tout, qu’on oblige à quitter le centre-ville pour aller habiter des immeubles modernes qui ne leur ressemblent pas. Nos documentaires sont beaucoup plus universels que des reportages d’information. Ils n’apprennent pas nécessairement quelque chose de concret, mais présentent avant tout un regard sur le monde. Il ne s’agit pas de journalisme, mais de cinéma avant tout. Ils racontent des histoires, avec des personnages issus du réel.

La représentation du monde à travers les yeux d’enfants, caractéristique commune aux trois films présentés, est-elle un choix ? 

Laëtitia Foligné : C’est un hasard à vrai dire. Chaque année, je propose dix films au groupe de programmation. Ma sélection dépend des sentiments qui me traversent, suit des chemins inconscients puis est soumise au plébiscite des habitants composant le groupe de programmation. Les films que j’avais choisis n’accordaient pas tous une place importante à l’enfance, mais il se trouve que la sélection finale a mis en avant ces jeunes personnes. Je pense qu’il y a un côté naïf, léger, une part de rêve qui ressort de ces films, un sentiment de voir le monde avec incompréhension et impuissance. On ressent aussi de la malice, de l’amour, une sincérité qui est belle et fait du bien.

Pouvez-vous nous éclairer sur la place donnée aux jeunes dans l’organisation du festival ?

Laëtitia Foligné : Nous sommes cette année aidés par 11 jeunes âgés de 17 à 29 ans. À la suite d’un stage de formation en avril, nous leur offrons la possibilité d’être responsables d’une séance, que ce soit en prenant en charge la billetterie, la présentation, ou la projection. Cela leur permet de découvrir les films, mais surtout d’apprendre à en parler, à se forger une opinion, à dialoguer. Je souhaite leur montrer que mon regard de réalisatrice ne vaut pas plus que le leur. Nous sommes tous spectateurs au final.

documentaires rennes

Comment avez-vous fait s’impliquer les habitants et donné une dimension locale au projet ? 

Laëtitia Foligné : Le groupe de programmation a été délocalisé dans les quartiers, en partenariat avec 20 associations, en créant à partir de ce qui existait déjà. Après une projection, les habitants étaient informés de l’existence du projet puis, de fil en aiguille, se joignaient à l’aventure. Jacque Domeau qui avait monté le cabinet photographique au Gast a également eu un rôle clé au début du projet. Nous avons exposé 20 de ses portraits de Rennais à la Parcheminerie puis avons impliqué les habitants photographiés, qui ont participé à l’installation. Les jeunes ont ensuite fait des portraits vidéos d’habitants lors d’événements forts du quartier. Lier visionnage de films et pratique est ainsi une réelle source d’échange. Ces événements sont indéniablement fédérateurs et nous permettent de toucher un plus vaste public, en l’incluant dans l’organisation et la prise de décision.

histoires documentaires

Après la pratique du sténopé l’an dernier, vous initiez cette année le public à la création sonore. Pourquoi le thème « À vol d’oiseau » pour la balade sonore de clôture ?

Laëtitia Foligné : Nous nous sommes aperçus que les quartiers de Maurepas et de la Bellangerais, bien que proches à vol d’oiseau, présentaient des sortes de frontières invisibles non franchies par leurs habitants respectifs. Nous avons souhaité faire se rencontrer ces quartiers.

Ce choix de thème vient également d’un constat, celui que bien trop souvent Maurepas est évoqué à travers le bruit, les tours, la délinquance. Nous désirons cette année prendre de la hauteur et en donner une image plus légère. Pendant un mois, les habitants du quartier ont donc été initiés à la prise de son lors de courts stages d’un après-midi, donnant naissance à cette promenade sonore que tout un chacun pourra découvrir samedi 19 mai. Elle sera suivie d’un pot de clôture, d’une scène ouverte et d’une projection en plein air à l’espace du Clair Détour.

Est-ce que le son a une importance particulière dans les documentaires présentés ?

Laëtitia Foligné
Laëtitia Foligné

Laëtitia Foligné : Le son présente une importance clé dans le format de documentaires que l’on défend. Allant de pair avec notre envie de ne pas donner à voir de films formatés, nous souhaitons mettre en avant des réalisateurs cherchant une cohérence entre fond et forme, qui vont au-delà de la réflexion pure. Le son fait partie de cette démarche. Dans Listen to the silence, véritable plongée dans le monde d’enfants sourds muets, la réalisatrice nous met en difficulté. À travers l’usage du son, elle nous place tour à tour dans la peau de celui qui entend dans un monde qui ne parle pas puis de celui qui n’entend pas dans un monde qui parle.

Depuis 2016, vous avez posé vos valises au théâtre de la Parcheminerie, que vous quitterez en décembre prochain (voir notre article). Quel est l’avenir de votre association et de votre festival au regard de ce changement de locaux ?

Laëtitia Foligné : Avant de prendre nos quartiers à la Parcheminerie il y a trois ans, nous organisions toutes les projections dans les quartiers. La prochaine édition sera donc une sorte de retour aux sources. Le groupe de programmation se réunit dans les quartiers et l’événement vit vraiment en leur sein, il n’est donc pas menacé. Nous regretterons cependant la localisation centrale de nos locaux actuels. Les jeunes participant à l’organisation deviennent adhérents gratuitement, pouvant alors accéder à la vidéothèque de la Parcheminerie au même titre que les adhérents « traditionnels » de l’association. Cela permet un véritable mélange de populations et des rencontres improbables. Il serait dommage de renoncer à cela, mais nous trouverons des solutions.

comptoir du doc

Les documentaires ont désormais leur place dans de nombreux festivals. De plus en plus d’importantes boîtes de production, notamment Netflix, sont prêtes à les financer et les diffuser…

Laëtitia Foligné : Les films présentés par ces grandes boîtes de productions ne sont pas des documentaires, du moins ils ne correspondent pas à la vision que j’en ai. Des films comme Demain, bien qu’étant plein de fraîcheur et source d’espoir, sont finalement assez vides en termes de création artistique et cinématographique. À titre personnel, il me faut une dimension artistique, un réalisateur qui montre qu’il a réellement réfléchi sur la manière de raconter l’histoire. Au risque de passer pour élitiste, il semble y avoir une sorte de mode du cinéma documentaire, le rendant formaté pour atteindre les cinémas en simplifiant le propos.

Comment expliquez-vous le regain de popularité du film documentaire que l’on semble noter depuis quelques années ? Un besoin de réel, de retour au réel, du spectateur peut-être ?

Laëtitia Foligné : Il est à mon sens lié à la multiplication des écrans, des canaux, qui rend la diffusion plus simple. Je pense également que nous avons aujourd’hui dépassé cette image du documentaire rébarbatif. Les films que nous défendons mettent le spectateur dans un état de réflexion, il est actif. Une envie de retour au réel ? Je ne sais pas. Personnellement, j’ai énormément de mal avec le cinéma de fiction du fait qu’il utilise des acteurs.

documentaire
Vue n°407 Caravane de chameaux © Association Frères Lumière

Quelle est donc la valeur ajoutée du documentaire par rapport à la fiction ?

Laëtitia Foligné : Le personnage lui-même, le fait qu’il soit réel, dépasse la fiction. Dans le documentaire, on est témoin d’une véritable rencontre entre le réalisateur et les personnages. On ne fait pas un film sur quelqu’un, mais avec quelqu’un, le personnage se livre.

Doit-on parler de personnage ou de personne ?

Laëtitia Foligné : On construit un personnage à partir d’une personne réelle. Le personnage nait de la relation subjective entre la personne filmée et le réalisateur. Certains aspects du sujet sont évoqués en en omettant d’autres. L’absence de mère dans Fuocammare n’est jamais expliquée ou justifiée par exemple. Cela peut occasionner de la frustration chez le spectateur, mais cela l’amène à chercher les réponses ailleurs.

Il s’agit plus d’une opposition au terme « acteur » qui implique un rôle joué. Dans le cinéma de fiction, le jeu d’acteur me met personnellement à distance de l’histoire racontée. Le fait même de savoir que les personnes à l’écran sont des acteurs ne provoque pas les mêmes choses dans mon esprit.

Retrouvez le programme ici

 

UN WEEK-END À LA RUE A CHANTEPIE, CORPS-NUDS, NOUVOITOU ET VERN

Le festival Un week-end à la rue se déroule du 18 au 21 mai 2018 à Chantepie, Corps-nuds, Nouvoitou et Vern-Sur-Seiche en partenariat avec le Conservatoire de musique et de danse du Suet. Comme son nom le laisse entendre, ces quatre journées seront dédiées aux arts de la rue : théâtre, cirque, danse viendront enrichir une programmation diversifiée pour un week-end festif, populaire et intergénérationnel.

Pour cette seconde édition, ce ne sont plus trois mais quatre communes qui ont mis en commun leurs compétences au service de ce projet culturel d’arts de la rue. Des communes de 8000 à 11 000 habitants (Chantepie, Vern sur Seiche) s’allient à des communes plus petites, de moins de 5000 habitants (Nouvoitou, Corps-nuds), aux politiques culturelles structurées différemment pour offrir à leur population un spectacle professionnel. Mais d’où est née l’idée d’une mutualisation des compétences ?

Alban Kerboeuf, adjoint au maire de Chantepie en charge de la Culture explique que le point d’ancrage de cet événement est la création, en 2004, d’un Conservatoire intercommunal en musique et en danse, le Suet. Ce bien commun est partagé entre cinq communes : les quatre communes présentes au festival et la commune de Saint-Armel, qui devrait rejoindre l’événement l’année prochaine. L’objectif de cette manifestation intercommunale de proximité est de faire vivre cette école de musique au-delà de la danse et la musique en rassemblant, par exemple, les habitants lors d’un week-end populaire, hors de ses murs, puisqu’il se déroulera en extérieur.

Dans ce cadre, les quatres communes ont décidé de donner une dimension intergénérationnelle à leur festival en misant sur un week-end dédié aux arts de la rue, thème qui parle aux plus petits comme aux plus âgés. Les enfants et les adultes présenteront, en effet, dans le cadre des avant-premières qui auront lieu avant chaque spectacle, des représentations préparées tout au long de l’année avec le Suet ou à l’école pendant les Temps d’accueil périscolaires (TAP).

Des spectacles de danse, théâtre et cirque qui auront lieu dans une commune différente tous les jours succéderont à ces temps de restitutions. Les quatres communes se sont chargées individuellement de sélectionner via leur réseau les artistes qui se produiront chez elles. La communication et la partie événementielle sont des compétences qui ont été mutualisées.

Les sorciers et docteurs du Teatro Necessario soigneront ainsi les corps et esprits avec leur représentation intitulée Nuova Barberia Carloni. Les quatre employés d’une entreprise d’événementiels animés par la Compagnie Fracasse de 12 viendront tromper le public, parfois à leur dépens avec leur spectacle Party! La Compagnie Le Huit présentera, elle, le portrait d’un homme et d’une femme par leur représentation de danse Brèves de Vestiaires. Acrobatie et mât chinois seront, quant à eux, au coeur du spectacle Nonada – Mât chinois de la Compagnie du Chaos – Rafael de Paula. Les artistes de Tango Sumo danseront au sein d’un terrain carré auquel ils chercheront toutes les possibilités de fuites et d’évasions dans Fuera Fissa.

Une nouveauté cette année marquera cette deuxième édition : les festivaliers pourront allier sport et culture en participant à des randonnées avant les représentations. Les randonneurs se rendront d’une commune à une autre lors d’une ballade bucolique avant de pouvoir se désaltérer, s’alimenter et profiter du spectacle. Cette activité appelée « les circuits courts » sera organisée par deux associations expérimentées, Retraite Rando Découverte et le Club des Bons Amis de Nouvoitou qui veilleront à ce que les normes de sécurité soient respectées.

Alban Kerboeuf indique que cette manifesation est un peu un « cas d’école dans Rennes Métropole ». Elle est l’occasion de montrer qu’il est possible de travailler à plus petite échelle et de « garder cette capacité d’initiative dans une logique de mutualisation des moyens pour répondre au plus près des publics ». Les quatre communes reçoivent une subvention de Rennes Métropole qui représente un quart du financement, les trois quarts restant relèvent des finances communales.

Cet événément s’inscrit dans un politique culturelle globale. A Chantepie, par exemple, des représentations ont lieu dans le complexe Les deux ruisseaux et des lieux sont mis à disposition des artistes. Des résidences de création sont en place chaque année. Il peut s’agir de réunir les habitants et professionnels autour de la création d’un spectacle où amateurs et professionnels joueront ensemble. L’activité peut aussi viser les scolaires ; l’idée est de toucher des publics différents. Alban Kerboeuf explique qu’avec le maire de la commune, Grégoire Le Blond, « la contribution de la culture au vivre ensemble et à l’unité de la ville » est au coeur de la politique culturelle menée par le maire de la commune, Grégoire Le Blond, et Alban Kerboeuf.

« Le festival est l’occasion de découvrir les amateurs qui prennent des cours à l’école de musique, ce qui se fait à l’école avec les TAP et de s’oxygéner les uns avec les autres. C’est l’occasion d’aller vers l’autre, de sortir de chez soi, avec le beau temps qui s’annonce, nous espérons avoir beaucoup de monde » résume Alban Kerboeuf.

Un week-end à la rue, vendredi 18 au lundi 21 mai 2018, Vern-Sur-Seiche, Nouvoitou, Corps-nuds, Chantepie, Gratuit.

Programme :

18 MAI À 20H30 – VERN-SUR-SEICHE Rendez-vous sur le parvis du Centre culturel Le Volume à Vern-sur-seiche à 20h30
TEATRO NECESSARIO
NUOVA BARBERIA CARLONI

19 MAI À 17H00 – NOUVOITOU Rendez vous à la Place Haute (en face de l’Eglise) à Nouvoitou à 17h
COMPAGNIE FRACASSE DE 12 (MORBIHAN)
PARTY – SORTIE DE CRÉATION 2018

20 MAI À 16H30 – CORPS-NUDS Rendez-vous au Jardin de la Touche Chevreuil, 9 rue Saint Pierre à Corps-Nuds à 16h30
COMPAGNIE LE HUIT (BELGIQUE)
BRÈVES DE VESTIAIRES

21 MAI À 14H00 & 16H30 – CHANTEPIE Rendez-vous à la Place des Marelles de Chantepie à 14h00
COMPAGNIE DU CHAOS / RAFAEL DE PAULA (FRANCE / BRÉSIL)
NONADA – MÂT CHINOIS

THE HOUSE THAT JACK BUILT, JACK DANTE PAR LARS VON TRIER

Voilà le film The House That Jack Built de Lars Von Trier. Danemark/France/Allemagne 2h35. Sélection officielle, hors compétition. Vu salle Debussy le 15 mai. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

the house that jack built

Le film The House that Jack Built prend place aux USA dans les années 1970. Nous suivons le brillant Jack sur une période de 12 ans et découvrons les meurtres qui vont marquer son évolution de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chacun de ses meurtres comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher, il prend de plus en plus de risques pour créer l’œuvre d’art suprême. Peur à peu, à travers une conversation récurrente avec un inconnu, Verge, nous plongeons dans les descriptions de Jack, un mélange grotesque de sophistication, d’apitoiement presque enfantin sur soi-même et d’explications psychopathiques. The House That Jack Built est une histoire sombre et sinistre, présentée comme un conte philosophique et, parfois, humoristique.

Avec The House that Jack built, le spectateur croit être embarqué dans une histoire de tueur en série, bien poisseuse et malsaine. Très vite, on découvre que ce tueur pratique l’assassinat comme l’un des beaux-arts, à la manière de Thomas De Quincey, et l’on devine que Lars Von trier joue sur la réversibilité de la formule : il pratique lui-même son art comme un crime, au mépris du bon goût et en quête de la beauté vénéneuse chère au romantisme. Et l’on comprend en fin de compte qu’il propose 700 ans après Dante sa version de la Divine Comédie : où les icônes contemporaines prennent la place des héros antiques et où Bruno Ganz joue le rôle du poète Virgile. En même temps qu’un autoportrait, The House that Jack built se veut donc, comme l’œuvre de Dante, une Somme universelle, intégrant tous les monstres, petits et grands, de l’histoire moderne. D’un point de vue purement plastique, l’épilogue du film – en forme de catabase ou descente aux enfers – est extraordinaire.

the house that jack built

Directeur : Lars von Trier
Scénaristes : Jenle Hallund (story), Lars von Trier
Acteurs : Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman

GILLES LELLOUCHE FAIT UN GRAND BAIN D’UN PETIT TOUT

Voilà le film Le Grand bain de Gilles Lellouche. France/Belgique 2h02. Sélection officielle, hors compétition. Vu Grand Théâtre Lumière le 14 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

film le grand bain

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se semblent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie.

https://youtu.be/AEY6fG19meM

A vrai dire, je ne sais pas comment parler avec justesse de films comme Le Grand bain ou Le Monde est à toi de Romain Gavras. Produits mainstream, entièrement formatés pour le divertissement du plus grand nombre, ils ne relèvent pas d’une critique artistique. Ils ont d’ailleurs l’honnêteté de ne pas prétendre constituer eux-mêmes des œuvres et il est difficile d’y déceler la présence d’ « auteurs en contrebande » (selon la formule de Scorsese), comme dans le classique « cinéma de producteurs » hollywoodien. Le langage à leur sujet des « professionnels de la profession » (quel budget de production ? quel casting ? quel potentiel de recettes au box-office ?) est plus approprié mais tout de même réducteur. Il peut y avoir là un véritable savoir-faire, notamment chez les acteurs qui portent ces films, une plus ou moins grande sophistication des moyens pour obtenir l’effet recherché (faire rire, sourire ou pleurer), une éventuelle portée sociétale, politique, voire philosophique. Il me semble qu’il y a un peu tout cela, au moins par moments, dans Le Grand bain de Gilles Lellouche.

Titre original : Le Grand Bain
Réalisation : Gilles Lellouche
Scénario : Gilles Lellouche, Ahmed Hamidi et Julien Lambroschini
Son : Jean-Luc Audy
Photographie : Laurent Tangy
Monteur : Simon Jacquet
Directeur de production : Marc Fontanel
Chef décorateur : Florian Sanson
Costume : Elise Bouquet et Reem Kuzayli
Producteurs : Hugo Sélignac, Alain Attal et Philippe Logie
Sociétés de production : Chi-Fou-Mi Productions, Les Productions du Trésor et TF1 Films Production
Genre : Comédie
Dates de sortie : 24 octobre 2018
Guillaume Canet : Laurent
Benoît Poelvoorde : Marcus
Virginie Efira : Delphine
Mathieu Amalric : Bertrand
Jean-Hugues Anglade : Simon
Philippe Katerine : Thierry
Félix Moati : John
Mélanie Doutey : Clem
Leïla Bekhti : Amanda
Thamilchelvan Balasingham : Avanish
Marina Foïs : Claire
Noée Abita : Lola
Alban Ivanov : Basile
Claire Nadeau : la mère de Laurent
Benoit Déprez : un membre du public
Maximilien Poullein : Speaker
Erika Sainte : Diane
Pierre Pirol : Benoît Jacquot
Jonathan Zaccaï : Thibault
Ian McCamy : le coach d’anglais
Guillaume Cloud Roussel : le fils de Bertrand et de Claire

FILM CINQ ET LA PEAU, SAISISSANT PIERRE RISSIENT

Voilà le film Cinq et la peau de Pierre Rissient. France 1h35. Sélection officielle, Cannes Classics. Vu salle Buñuel le 14 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

cinq et la peau

Dans le film Cinq et la peau, un homme, Ivan, retourne à Manille, apparemment sans but précis. Au gré de son errance et de ses rencontres, l’écrivain déambule dans la mégapole fascinante à la recherche de son passé et du sens de son existence.

Pierre Rissient (1936-2018), décédé à la veille du festival, était par excellence un « homme de cinéma ». Dénicheur de talents hors pair, on lui doit dans une large mesure la découverte de Clint Eastwood, Jane Campion, Lino Brocka, Lee Chang-dong, Quentin Tarantino… parmi des dizaines d’autres réalisateurs. Il était aussi tout simplement un grand monsieur. Son film introuvable de 1981, Cinq et la peau, a été présenté cette année à Cannes Classics, en version numérique restaurée.

Cinq et la peau est un film étrange et dérangeant, unique en son genre. Coécrit avec Eugène Guillevic, inspiré par des poèmes de Fernando Pessoa (excusez du peu), il n’en est pas moins une œuvre extrêmement personnelle : une dérive dans les rues de Manille qui coïncide avec un voyage intérieur vertigineux. Il nous emmène dans une zone qui est d’ordinaire l’apanage de la littérature pure mais qu’il arrive à évoquer ici en images, particulièrement dans sa dernière partie, la plus saisissante. Pierre Rissient exprime à un moment sa colère contre une éducation qui apprend aux enfants à ne pas regarder en face la réalité : ce n’est assurément pas un reproche que l’on puisse faire à son film.

Pour l’anecdote, Pierre Rissient a été dans sa jeunesse l’assistant de Godard sur A bout de souffle. Dans la queue avant la séance de Cinq et la peau, j’ai conversé avec une dame qui avait été elle aussi assistante de Godard, un peu plus tard, dans sa période militante du groupe Dziga Vertov. Elle m’a raconté ceci : lors de son voyage en Palestine, Godard rencontrait des gens qui se présentaient à lui comme Abou ceci ou Abou cela, et lui disait s’appeler Abou d’souffle.

https://youtu.be/RM5VlhL3cNM

https://youtu.be/pIDrNstJYFw

Cinq et la peau
Réalisation : Pierre Rissient

cinq et la pea
Scénario : Lucie Albertini, Alain Archambault, Eugène Guillevic et Pierre Rissient, d’après des poèmes de Fernando Pessoa
Photographie : Alain Derobe, Romeo Vitug et Daniel Vogel
Son : Lionel Crampont et Jack Jullian
Montage : Marie-José Chauvel, Mounira M’Hirsi, Sheherazade Saadi et Bob Wade
Musique : Benoît Charvet et Claude Danu
Production : Bancom Audiovision – GPFI – Les Films de l’Alma
Pays d’origine : Drapeau de la France France – Drapeau des Philippines Philippines
Durée : 95 minutes
Dates de sortie : France – 2 juin 1982
Avec :
Féodor Atkine
Eiko Matsuda
Gloria Diaz
Bembol Roco
Philipp Salvador
Louie Pascua
Chat Silayan
Lucille Alcantara
Haydee Castillo
Maki Matsumoto
et Roger Blin (voix)

cinq et la peau pierre rissient

 

NOUS LES COYOTES, FILM FRAIS MAIS NAIF

Voilà le film Nous les coyotes de Hanna Ladoul et Marco la Via. USA 1h27. Sélection de l’ACID. Vu salle des Arcades le 14 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.

nous les coyotes

Amanda et Jake s’aiment et veulent tout (re)commencer à Los Angeles. Sauront-ils faire les bons choix ? Les vingt-quatre premières heures de leur nouvelle vie vont les emmener de surprises en déconvenues d’un bout à l’autre de la ville.

Même s’il visite un territoire déjà maintes fois parcouru par le cinéma, le film a pour lui une appréciable fraîcheur. Mais, après avoir montré (un peu) l’envers du « rêve américain », une précarité généralisée, il entretient le culte de son renouvellement d’une manière qui m’a semblé bien naïve.

Nous, les coyotes (We The Coyotes)
Un film de Hanna Ladoul et Marco La Via
France – 2018 – 87 min
Avec : Morgan Saylor, McCaul Lombardi, Betsy Brandt, Khleo Thomas, Lorelei Linklater, Cameron Crovetti, Nicholas Crovetti, Vivian Bang et Ravil Isyanov

nous les coyotes

Amanda and Jake are in love and want to start a new life in Los Angeles. Will they make the right decisions? The first 24 hours of their new life will take them all around the city, bringing them more surprises and frustrations than expected.

TENDANCE MODE AVEC LES NANTES FASHION DAYS

Créé en 2017, l’événement Nantes Fashion Days revient du 18 au 27 mai 2018 et attend son public à l’hôtel Radisson Blu. Entre conférences, défilé de mode, expositions et ateliers, l’association Inné-Dites met en scène des créateurs indépendants et associations des Pays de la Loire. Présentation de l’événement et des créateurs.

Le soleil, le ciel bleu et les premières chaleurs sont au rendez-vous pour le retour des festivals et événements culturels estivaux. Foyer de nombreux festivals et animations – Aux heures d’été, Sofilm Summercamp Festival ou les Utopiales, pour n’en citer que quelques-uns – la cité des Ducs de Bretagne accueille la deuxième édition des Nantes Fashion Days. Un événement encore jeune dans l’horizon nantais, mais qui a su se démarquer au vu du succès de la première édition, l’année dernière.

À l’instar de la musique ou du cinéma, la mode ne semble pas exploitée à juste titre dans le bassin nantais. Une brèche dans laquelle s’est faufilée depuis maintenant deux ans l’association Inné-Dites.

Nantes fashion days 2018

Sur l’initiative de la créatrice costumière Maddy Ezannic et de deux collaboratrices, l’association organise « des événements au caractère culturel et social fort : ils invitent à découvrir ou à redécouvrir le patrimoine de la ville en mettant en scène des expositions, des défilés, des concerts ou encore des performances de danse dans les lieux atypiques et historiques de Nantes ». La mode s’allie à d’autres expressions artistiques avec leur projet phare : Nantes Fashion Days.

Du 18 au 27 mai 2018, l’hôtel Le Radisson Blu devient une scène où créateurs innovants et professionnels des métiers de la mode – mannequin, maquilleur, coiffeur, photographe et graphiste – en sont les vedettes. Des défilés de mode scénographiés jusqu’aux ateliers pour enfants ou adultes, sans omettre les expositions, les conférences, et les performances de danse et de théâtre, l’ensemble de la programmation est accessible à tous, gratuitement. Une démarche de sensibilisation importante pour l’association.

https://vimeo.com/263487702

Au total, les collections de six créateurs défileront dimanche 27 mai 2018, sublimées en coiffure par Aya – les ateliers d’Audrey et, en esthétisme par Les Beaux Baumes. Une occasion de découvrir une nouvelle génération de stylistes locaux.

Black Verveine

La créatrice Aurélie Guibaud crée la marque de prêt-à-porter féminin haut de gamme Black Verveine en 2014. De ses inspirations diverses – design, architecture et nature – naissent des vêtements au look à la fois « lose » et raffiné. Le travail de la coupe, le mélange de matières et les détails savamment étudiés dévoilent une image contemporaine et graphique de la mode écoresponsable.

Nantes fashion days 2018
Black Verveine, Aurélie Guibaud

Edna

« Au carrefour des cultures, Edna Moisan propose une mode élégante, reposant sur des étoffes précieuses découvertes lors de ses voyages ». À l’affût de la moindre source d’inspiration et intéressée par le mélange des cultures, ses collections germent à chaque fois d’un pays différent. Pour l’événement, elle proposera de découvrir l’Inde à travers des créations uniques et originales.

Nantes fashion days 2018
Edna , Edan Moisan

Joséphine Gravis

Unidivers est une terre déjà conquise par cette créatrice aux multiples talents – couture, musique, graff – Ses vêtements s’épanouissent dans la géométrie des années 60, l’art cinétique, les uniformes de Cheerleaders et le mouvement d’architecture et de design Memphis. Les coupes géométriques et la couleur matérialisent des vêtements originaux et pop. Sa collection 2018 a par ailleurs fait l’objet d’un article.

Nantes Fashion Days 2018
Joséphine Gravis

Emeric Baï

À la fois délicate et sensuelle, la collection Quatre saisons « puise son inspiration dans la faune et la flore, ses sujets de prédilections, pour décliner : été, automne, hiver et printemps ». Les motifs peints main, la pose de perles et de pierres ou encore le travail de la mousseline de soie révèlent le talent de cet artiste et styliste d’origine béninoise.

Nantes fashion days 2018
Emery Bai

Otto Hunnte

Noémie Parsy construit ses collections comme une architecte. Une ville portuaire ou une couleur suffit à faire naître une collection dans l’imaginaire de la créatrice. Ses obsessions – architecture, organique, couleur, et matières por(t)euses d’histoire- habitent les défilés par ses lignes originales aux motifs géométriques.

Nantes Fashion Days 2018
Otto Hunnte, Noémie Parsy

Mel de margo

Avec la marque Mel de margo, créée en 2005, les codes figés de la mode sont bouleversés. Le corps ne s’ajuste plus au vêtement, mais bien l’inverse ! Avec des astuces de coupes, de nouveaux systèmes de réglages et des formes adaptées, les vêtements de la créatrice Mélanie Massons sont autant confortables que chics et originaux.

Nantes Fashion Days 2018
Mel del Margo, Mélanie Massons

Dimanche 27 mai, la soirée de clôture s’annonce riches en festivités à partir de 18 h. Après un concert de l’artiste Degree et le défilé orchestré par les créateurs exposants de 19 h à 20 h 30, le DJ Tom Select clôturera la deuxième édition de cet événement modesque. Peut-être bien le futur rendez-vous incontournable de la mode en Loire-Atlantique.

PROGRAMMATION :

Vendredi 18 mai au dimanche 27 mai 2018
Au Radisson Blu (6 place Aristide Briand)
10h00 – 19h00 : Exposition des créateurs

Vendredi 18 mai
Au Radisson Blu
19h00 : Vernissage de l’exposition des créateurs
19h30 : Cocktail & Concert de Lisa Urt

Samedi 19 mai
Au Radisson Blu
14h00 – 16h00 : Atelier enfants “Apprendre à créer une silhouette mode”
16h00 – 18h00 : Atelier adultes “Créer son propre buste”

Dimanche 20 mai
Salle Marion Cahour (18 rue de Savenay, Salle A, rez-de-chaussée)
15h30 – 17h00 : Atelier “Teinture végétale” avec Fibre bio

Mardi 22 mai
Au Radisson Blu
19h30 : Table-ronde “L’éthique dans le mode”
Médiateurs : Laura Chantebel de Fibre Bio, Stéphanie Piveteau D’Ethiq’Lab
Intervenants : Aurélie Guilbaud de Black Verveine, Angélique Jamin de Greenpeace, Kévin
Gougeon de N’Go Shoes.

Jeudi 24 mai
Au Radisson Blu
19h30 : Table-ronde “La mode est-elle un art ?” suivi de la projection du film “Saint-Laurent”
de Bertrand Bonello.
Intervenants : Yohann Bourget, Marie Lou de Nantes (costumière Royale de Luxe), Edna
Moisan

Dimanche 27 mai
Au Radisson Blu
12h00 – 14h30 : Brunch
Réservations : 02 72 00 12 14

18h00 – 19h00 : Concert Degree
19h00 -20h30 : Défilé de mode avec interludes de performances de danse
20h30 : DJ Tom Select

RENNES. SALLE GUY ROPARTZ AVEC TAO, PIERRICK LEMOU, RICHARD LOUVET ET MASSEMO DEAN

Culture Club pose ses caméras à la salle Guy Ropartz à Rennes ( qui ouvre après 3 ans de fermeture pour travaux.

L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Ronan Le Mouhaër et Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes. TVR, Canal B et Unidivers – 3 regards culturels en 1 pour le même prix (gratuit). Culture Club, l’essayer c’est l’adopter !

guy ropartz

Au sommaire : TAO ASTIER, jeune rennaise qui a fait Rennes-Saint-Petersbourg en skate et « héroïne » d’un documentaire à voir sur tvr ; PIERRICK LEMOU, célébre violonniste qui sort un album qui résume 10 siècles de musique ; le photographe RICHARD LOUVET et le metteur en scène MASSIMO DEAN qui connaissent bien le quartier de Maurepas et la salle Ropartz.

https://www.tvr.bzh/emission/culture-club

TANT QU’ON IRA VERS L’EST, ODYSSÉE DU TAO PAR VOIE DE SKATE

PANTHEON À RENNES, RICHARD LOUVET EXPOSE SON HISTOIRE

Le projet pour cette salle s’appuie sur les enseignements tirés des Etats Généraux de la Culture et notamment le besoin important qui s’y est exprimé de lieux de création, de travail et d’expérimentation pour les artistes, à côté des lieux de programmation existant par ailleurs. Il croise également le souhait de la ville de favoriser le partage des espaces, ceci afin que le plus grand nombre d’acteurs puissent en profiter, tout comme la volonté d’en faire des lieux d’hospitalité pour les initiatives culturelles des habitants et des associations œuvrant en proximité. Un travail avec plusieurs acteurs culturels et du quartier a été mené en 2016 pour créer les conditions de réussite de ces deux objectifs.

La salle Guy Ropartz aura trois missions :

L’accueil de résidences de création

L’accueil de projets élaborés avec les structures et habitants du quartier

L’accueil de spectacles en diffusion