Accueil Blog Page 289

TRIO POUR UN MONDE ÉGARÉ, MARIE REDONNET VATICINE UN MONDE RÉDUIT

Le nouveau roman de Marie Redonnet Trio pour un monde égaré s’inscrit dans la même veine que La Femme au colt 45 paru en 2016. Un chœur diffracté à trois voix s’enlace sans se répondre dans un monde égaré. Celui de la grande déstructuration du politique où se conjuguent désocialisation et décivilisation.

  L’égarement fait partie de mon chemin.

MARIE REDONNET TRIO POUR UN MONDE ÉGARÉ

Dans chacun des 6 chapitres, 3 personnages (1 femme, 2 hommes) racontent chacun à leur tour leur parcours existentiel. Le lecteur pourrait croiser leurs noms à l’exotisme geek sur les réseaux du Darknet : Willy Chow, Douglas Marenko, Tate Combo. Ils évoluent dans des lieux imaginaires aux topographies clôturées à l’image de ces villes minimalistes que nous invitent à bâtir les jeux vidéos à la suite de SimCity. Ces topoï s’appellent Salz, Sintéra et Long Fow (cette dernière ville ressemble à un New York frappé d’un 11 septembre par un ennemi à l’identité insaisissable…). 3 personnes, 3 lieux sur fond d’une commune dynamique : crise financière et sociale, déstructuration des liens sociaux, volonté de contrôle physique et psychique des individus, anémie de la mémoire civilisatrice collective, réduction de la complexité psychique individuelle, déstructuration de l’identité, guerres larvées, exactions. Bref, voilà le retour à la violence de l’état de nature, loin de l’état de culture.

Willy Chow est un ancien rebelle qui vit dans une bergerie entre la mer et les collines. Il tente d’oublier un passé trouble, mais la guerre fait à nouveau rage à la frontière et menace la paix de son domaine…

Le scientifique Douglas Marenko n’est pas Douglas Marenko. Emprisonné dans une cellule d’un nouveau genre après avoir tenté de fuir son pays, on voudrait, pour des raisons qu’il ignore, lui faire endosser une nouvelle identité. Il résiste jusqu’à ce que ses geôliers lui présentent une femme censée être son épouse et qu’il sait avoir connue…

Tate Combo a elle aussi quitté son pays, après une prophétie de son père qui prédisait la destruction de son village. Elle vit désormais dans la mégapole Low Fow, où un photographe en vogue a décidé d’en faire, à force d’opérations chirurgicales, l’incarnation d’une déesse qu’il vénère. Le jour où elle décide de rompre cette métamorphose imposée, des avions s’écrasent sur les tours de la ville…

MARIE REDONNET
Marie Redonnet par Bernard Prince

Bien sûr, certains individus s’en sortent mieux dans cet univers réduit, notamment ceux qui sont au service du « Gouverneur », une figure du pouvoir absolu sans cesse menacée de renversement. Pour les autres, c’est selon. Mais il demeure un germe d’espoir contre les forces mortifères : les trois protagonistes découvrent au fond et autour d’eux des motifs susceptibles d’aider leur identité morale et psychique à résister à la déstructuration.

Trio pour un monde égaré est un roman où se diffracte l’avenir du Leviathan – l’homme redevient un loup pour l’homme. Et là est sans doute la réussite de cette écriture psychologique enlevée et scandée : faire affleurer partout et tout le temps un ennemi invisible car protéiforme. À la manière des territoires aux frontières mouvantes qui ne jouissent pas de ce surcroît d’existence que confère une histoire au long cours. Certains lecteurs penseront à Maurice G. Dantec.

Reste que l’implémentation des personnages dans des voix psychologiques réflexives pourra sembler un peu trop didactique (Marie Redonnet explique sa démarche psychanalytique dans une postface autobiographique). Sans doute manque-t-il un contrepoint d’intimité incarnée, de chair non conceptuelle, au point de vue narratif. Manque que le sixième et dernier chapitre précipite dans un affaiblissement de la différence tonale entre les trois voix. Cette réduction présentifie-t-elle la réalité à venir de notre monde égaré loin de la civilisation (et d’un fonctionnement psychique individuel nourri d’une complexité riche et créative) ? Mise en abîme d’un univers abîmé ou quand la mémoire de l’avenir rattrape le présent.

Marie Redonnet Trio pour un monde égaré, Éditions Le Tripode, 200 pages, 4 janvier 2018, isbn 9782370551467,17 €

— Lire un extrait

Rappelons la réédition aux éditions Le Tripode, en 2017, sous le titre Héritières du triptyque romanesque (Splendid hôtelForever ValleyRose Mélie Rose) paru initialement aux Éditions de Minuit en 1986 et 1987.

Il y a quelques années, dans des circonstances qu’elle détaille elle-même, Marie Redonnet fut conduite à s’expliquer sur son parcours d’écrivain. Il s’agit d’un témoignage qui éclaire d’une façon singulière la genèse de Trio pour un monde égaré :

https://issuu.com/letripode/docs/postface_20trio_20_2163fb8367937e

L’auteure Marie Redonnet (née en 1948):
Depuis son premier roman (Splendid Hôtel, Minuit, 1986) jusqu’à son plus récent (La Femme au colt 45, Le Tripode, 2016), Marie Redonnet poursuit une oeuvre qui chemine entre la fable et le scalpel.

Lire l’incipit

Lire la postface autobiographique inédite de Marie Redonnet

Écoutez un extrait

https://issuu.com/letripode/docs/issuu_extrait

Rencontrez Marie Redonnet en librairie : 

Histoire de l’œil (Marseille) le 20 janvier
Ombres Blanches (Toulouse), le 24 janvier
Mollat (Bordeaux) le 25 janvier
Les Rebelles ordinaires (La Rochelle) le 26 janvier
Coiffard (Nantes) le 30 janvier
La Nuit des temps (Rennes) le 31 janvier
Ryst (Cherbourg) le 1er février
Brouillon de culture (Caen) le 2 février
Le Passage (Alençon) le 3 février
Quai des brumes (Strasbourg) le 7 février
Le Hall du livre (Nancy) le 8 février
La Fleur qui pousse à l’intérieur (Dijon, le 9 février
Maison de la poésie (Paris) le 14 février
Les Mots et les choses (Boulogne) le 15 février
À Livre ouvert (Bruxelles), le 20 février
La Voie aux Chapitres (Lyon) le 21 février
Chantelivre (Orléans) le 1er mars
Folies d’Encre (Montreuil) avec Arno Bertina, le 2 mars
Folies d’Encre (Les Lilas) le 23 mars dans le cadre du festival Hors Limites.

RENNES WORLD SOUNDS 2018, MUSIQUES DU MONDE DU 18 AU 30 JANVIER

Après une première édition en janvier 2017, Rennes World Sounds est de retour du 18 au 30 janvier 2018 avec une programmation enrichie ! Des temps forts autour des musiques du monde : Des concerts, des spectacles et des actions culturelles pour tous les publics.

Membres du collectif Bretagne(s) World Sounds, les quatre producteurs d’Ille-et-Vilaine (Simya, Mze Shina, la Cie Dounia, TVB) s’associent une seconde fois pour construire un évènement valorisant les musiques du monde produites sur le territoire rennais.

La MJC Bréquigny, qui a fait du jazz et de la world sa ligne artistique majeure, a répondu présente à la proposition de co-organiser le festival. Cette année, La Paillette et le Ty Anna proposeront également une programmation dans le cadre de l’événement.
Les créations locales sont à l’honneur, mais le festival est également l’occasion de découvrir des groupes internationaux qui poseront leurs valises le temps d’un concert. Maghreb, Brésil, Irlande, Galice, Orient, Caucase…

La diversité et les rencontres sont une nouvelle fois les maîtres-mots de cette seconde édition, composée de quatre soirées concerts, d’une soirée interculturelle dédiée aux artistes amateurs et d’un parcours de médiation artistique pour les habitants.

PROGRAMME RENNES WORLD SOUNDS #2 du 18 au 30 janvier 2018 :

• 18 janv. 21h : Léo Corrêa e o Forro Bacana (Musiques du Brésil) . Ty Anna Tavarn . Entrée libre

• 24 janv. 10h>scolaire et 15h>3€ : La Note Magique (Spectacle jeune public/conte musical, Cie Dounia) . MJC Bréquigny

• 25 janv.
18h30 : Chems (Musique et poésie d’Afrique du Nord) . Concert en appartement/quartier Bréquigny . Entrée libre
19h : Soirée Concerts . MJC Bréquigny . 10€ / 5€ (carte SORTIR !) – Restauration sur place
McDonnell Trio (Musiques irlandaises, Concert de sortie de l’album Songbox) + Morgane Le cuff (Harpe et chants ibériques) + Yildiz (de la Mer Egée à la Mer Noire) + Apéro voix du monde (Le selecter world Juanito el Tipico, animateur de l’émission «Voix du Monde» sur la radio C-Lab, vous fera découvrir une sélection de musiques du monde sous toutes leurs formes !)

• 26 janv.
10h : Impromptu dansé de Fatima Leghzal (danse afro-contemporaine, Cie dounia). Marché Clôteaux . Accès libre
15h : Chems (Musique et poésie d’Afrique du Nord) . EPHAD Champs Manceaux . Entrée libre
19h : Chorale Echo du Monde + Keur Eskemm + Micro Nomade (restitutions pratiques amateur) . MJC Bréquigny . Entrée libre • 27 janv. 20 h30 : Soirée Concerts . MJC Bréquigny . 15€/ 12€ / 5€ – Restauration sur place
AYWA (Fusion Gnawa, Reggae, Rock) + Gurvan Liard Quartet (Vieille en roue libre) + Hushbaby (Musiques cajun) + Wonderbraz (Dj World)

• 30 janv. 20h : Odoïa (Polyphonies de Géorgie, Cie Mze Shina) . La Paillette . 13€/ 11€/ 9€/ 5€

RENNES WORLD SOUNDS

EMIL WEISS, AUSCHWITZ PROJEKT OU L’AMÉNAGEMENT TERRITORIAL

Dans Auschwitz Projekt, à travers d’époustouflantes images aériennes et des textes de témoignages poignants, Emil Weiss montre comment Auschwitz fut la quintessence d’un projet d’aménagement territorial global de l’Europe de l’Est orchestré par Hitler.

Auschwitz Projekt Emil Weiss

Auschwitz. Le nom évoque d’abord le plus grand camp de concentration et d’extermination nazi où périrent plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants, juifs dans leur immense majorité. Mais il est aussi associé à un énorme projet d’aménagement territorial de l’Europe de l’Est annexée au Grand Reich, avec, dès 1940, la mise en chantier d’une « zone d’intérêt » d’une superficie de 40 km. Outre les trois principaux camps, (Auschwitz I, Auschwitz II Birkenau et Auschwitz III Monowitz), on y trouve des fermes, des camps annexes, des centres de recherche ou encore un projet urbain. À l’extérieur de cette zone, le complexe se prolonge sur des dizaines de kilomètres avec une trentaine d’autres camps, des usines et des mines. Un projet global qui répond aux deux obsessions du Führer : le Lebensraum, la conquête de « l’espace vital » que constitue l’Est européen, et l’extermination des Juifs.

Déjà auteur pour ARTE d’une trilogie sur Auschwitz, Hourban (Destruction), Emil Weiss met en évidence les vestiges topographiques du site concentrationnaire grâce à d’impressionnantes vues aériennes. Sur ce vaste espace sont appliquées toutes les politiques mises en œuvre par l’État nazi puisqu’à l’entreprise concentrationnaire et génocidaire s’ajoutent des programmes d’ordre territorial, racial, industriel, agricole et scientifique. Des témoignages extraits des écrits de Primo Levi, Charlotte Delbo et Simone Veil, qui travailla dans le camp de Bobrek créé par Siemens, viennent aussi rappeler à quel point le complexe fut une manne lucrative pour le IIIe Reich, qui louait à bas coût ses prisonniers aux firmes allemandes, comme Krupp et IG Farben. Emil Weiss souligne ainsi comment la participation massive de l’industrie a rendu possibles la germanisation d’Auschwitz et l’extermination de millions de personnes.

Pourquoi avoir voulu tourner un quatrième film sur Auschwitz ?

Emil Weiss : Une fois achevée la trilogie qui traite de l’anéantissement, j’ai souhaité montrer le projet nazi global développé à Auschwitz et ses environs. Car chaque voyage que j’ai effectué sur place s’accompagnait de nouvelles découvertes qui m’ont donné envie de mieux comprendre le fonctionnement de ce Complexe tentaculaire. Mais pour montrer les vestiges topographiques, il m’était impossible de tourner de manière « traditionnelle », comme je l’avais déjà fait. J’ai donc utilisé des drones pour réaliser des prises de vues aériennes, plus adéquates pour rendre compte de cet immense territoire.

Que cache en réalité le nom d’Auschwitz ?

Emil Weiss : On trouve d’abord ce que les nazis appellent la « zone d’intérêt », d’une superficie d’environ 40 kilomètres carrés. À l’intérieur se situent les trois principaux camps, celui de concentration Auschwitz I, mais aussi d’extermination Auschwitz II Birkenau, et celui de travail Auschwitz III Monowitz. Cette zone comporte aussi des fermes, des mines, des camps annexes, des centres de recherche, un vaste projet d’urbanisme et  de nombreuses autres installations qui participent au fonctionnement de l’ensemble. À l’extérieur de ce périmètre, le complexe d’Auschwitz se prolonge encore d’environ 60 kilomètres à la ronde, avec des usines, des mines et une trentaine de camps annexes attenants à ces infrastructures.

En quoi les camps et leur myriade d’installations connexes répondent-ils aux desseins hitlériens ?

Emil Weiss : L’idée fixe d’Hitler est que l’Allemagne, c’est l’Europe, et pour que cela advienne, il lui faut un bloc de 100 millions d’Allemands installés au centre de ce territoire, dans l’optique de pouvoir faire face à la puissance russe. Il entreprend donc d’abord de germaniser l’Europe centrale, c’est-à-dire les pays qui ont connu la domination austro-hongroise et où la culture allemande préexiste. Parallèlement, il met en œuvre l’idéologie de la pureté raciale et la politique d’extermination qui l’accompagne.

Jusqu’à quel point l’implication des industriels a-t-elle rendu possible le complexe d’Auschwitz ?

Emil Weiss : Pour chaque projet, qu’il soit industriel ou minier, les camps de prisonniers fournissent aux industriels la main-d’œuvre bon marché. Hitler n’aurait rien pu réaliser sans l’appui de l’industrie allemande et notamment de Krupp, de Siemens et du consortium IG Farben (Agfa, Bayer, BASF, Höst) impliqués dans le développement économique d’Auschwitz.

Auschwitz Projekt documentaire d’Emil Weiss (France, 2017, 56mn) – Coproduction : ARTE, Michkan World Productions. Première diffusion : ARTE 30 janvier 2018 – 23.10

Michkan World Productions fut créée en 1987 afin de permettre la réalisation d’un premier film pour lequel les autres conditions de faisabilité étaient déjà réunies.

C’est ainsi que le premier film vit le jour « Falkenau – Vision de l’impossible (Samuel Fuller témoigne) », film qui explore l’univers concentrationnaire et réunit dans son sein plusieurs formes de témoignages :
– un document filmique resté inédit, tourné par Samuel Fuller lors de la libération d’un camp « ordinaire », Falkenau, le 8 mai 1945.

– le témoignage verbal concernant la description des événements, dont la mémoire, pour certains, a été oblitérée ou refoulée.

– les réflexions d’un grand cinéaste qui durant tout son parcours n’a cessé de peaufiner le langage cinématographique.

Cette première réalisation, récompensée par une étude historique et philosophique importante, des nombreux articles et comptes-rendus, ainsi qu’une diffusion international qui se poursuit, trouva son prolongement naturel dans d’autres films dont le sujet s’articule autour de la mémoire. Mémoire d’événements historiques ou des portraits de personnalités marquantes du monde culturel, politique et scientifique. Des films conçus pour être des objets de culture.

EXPOSITION ROCK NANTES, HISTOIRE NANTAISE AU MUSÉE DU CHÂTEAU

La scène musicales de Nantes, rock ou non, est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus riches de France. Une histoire écrite depuis six décennies. Par les pionniers des années 1960 aux Salons Mauduit. Cette exposition Rock au Musée d’histoire de Nantes sis au Château des Ducs de Bretagne qui vous fera comprendre pourquoi Nantes Rock !

Nantes est connu par les Tri Yann et leurs millions de disques vendus. Mais aussi par le rock social de Tequila, le métissage celto-finnois des EV, les tubes fantasques d’Elmer Food Beat ou le power rock de Dolly. La voie musicale tracée avec élégance par Dominique A, Jeanne Cherhal et Philippe Katerine ou, plus récemment, par C2C ou Christine and The Queens. Une histoire politique et sociale qui s’est écrite dans les locaux de répétition, les studios, les bars et les salles, sur les radios locales ou chez les disquaires, par des activistes et artistes de l’ombre.

Par le prisme de la scène nantaise, et grâce à de nombreux prêts, l’exposition Rock permet de suivre l’évolution des styles musicaux depuis les années 1960, d’écouter et de comprendre les influences et interactions entre les styles, les groupes, les artistes, etc. Comment une ville comme Nantes s’est transformée en un véritable vivier favorisant les groupes émergents qui composent la scène musicale française.

Neuf grandes sections chrono-thématiques dessinent le parcours de l’exposition Rock des années 1960 à nos jours, dans une scénographie immersive tout en musique, avec plus de 120 titres en écoute, grâce à un système auditif original de gobelets de festival.
Une programmation éclectique est proposée durant toute la durée de l’exposition à Nantes.

EXPOSITION ROCK NANTES

DU ROCK AUX MUSIQUES ACTUELLES

Le rock vit depuis ses origines une adolescence tumultueuse. Dès les années 1950, le rock’n’roll à peine proclamé est supplanté par le rock, le blues, le progressif, la pop, puis les courants hard, punk, funk, afro, new wave, alternatif, indé, etc. Chaque mouvement semblant effacer et renier le précédent. Mais si de nombreux sociologues musicaux affirment que le rock est mort le jour de l’assassinat de John Lennon, l’hégémonie du terme rock ne sera véritablement mise à mal qu’à partir des années 1990, avec l’apparition des nouvelles terminologies : chanson française, world, groove, rap, hip hop, électro, techno, world, house, jungle, etc.

L’appellation semble en effet soudainement restrictive car trop occidentale et trop centrée autour de la configuration chant-guitare- basse-batterie. L’ensemble des styles musicaux précités est donc rebaptisé « musiques amplifiées » ou « musiques actuelles », des termes assez généraux pour souligner les phénomènes sociaux communs aux musiques écoutées par les jeunes des générations successives.

Mais au début du 21e siècle, avec l’avènement des groupes anglais et new yorkais débutant par « The », le rock semble soudainement réhabilité et, à lire la presse spécialisée, ne s’est jamais aussi bien porté. Le terme « rock » choisi ici comme titre de cette exposition demeure vraisemblablement le plus fédérateur de ces nombreux courants musicaux si différents, et donc le meilleur témoin de six décennies d’attitudes marquées par ces différentes formes de musiques.

EXPOSITION ROCK NANTES

1961-1965 : LES PIONNIERS DU ROCK NANTAIS

L’histoire du rock à Nantes commence un 29 avril 1962… Les Nantais aiment à se retrouver pour danser dans les salons et brasseries au son des orchestres de variétés, de musette ou de jazz. Ce soir-là, aux Salons Mauduit, a lieu le douzième Concours d’accordéons, organisé par le magasin d’instruments Simon Musique. Et pour la première fois, à la suite des accordéonistes, montent sur scène des musiciens avec des guitares amplifiées. Six groupes nantais, les Rockers, les Atomic Boys, les Rapaces, les Padgells, les Djets et Willy Spring Day, s’affrontent pour la première coupe du rock. Les Rapaces remportent l’épreuve.

Petit à petit, le rock prend ses quartiers dans la ville. En 1964, Nantes accueille les Championnats nationaux de guitare électrique au cinéma Le Paris. Une dizaine de formations s’y affrontent pour décrocher une finale au Golf Drouot. Parmi elles, les Deans, les Devils, les Stormers, les Y’s et les Robots (vainqueurs de l’épreuve) représentent la Cité des ducs.

Les amateurs de rock se retrouvent dès lors dans les cinémas, à l’Odéon, au Paris, au Vox et au Moderne. Le rock investit également les foires, bals et fêtes d’associations.

EXPOSITION ROCK NANTES

1966-1970 : LES ROIS DU BAL

À la fin des années 1960 et au début des années 1970, à Nantes comme ailleurs, la plupart des musiciens sont amateurs ou vivent de bals, de kermesses, évoluant dans des formations bien souvent éphémères. Aucune de ces dernières n’a encore ici véritablement osé s’essayer à l’art de la composition. Les premiers groupes français sortent à peine et font figure de martiens dans le paysage national, à l’image des Variations ou de Magma.

1970-1975 : DES BALS AUX FESTIVALS

Chaque week-end, on recense plus de 35 bals dans la région nantaise. Les orchestres For Ever, Medium, Mandala, Michel Tremblay, Daniel Gardin, Pierre Joly ou Les Celtes jouissent d’une renommée nationale et ont créé l’Amicale des musiciens de bals au Café de l’Europe, place du Commerce. Les musiciens y passent le mercredi pour signer des contrats auprès des chefs d’orchestre pour le week-end.

Certains, comme les Incorruptibles, Cadre Noir, Pacific 231, Podium, Climat ou Forum corsent leur répertoire avec des titres plus rock et investissent de nouveaux lieux.
En 1971, alors que Tri Yann fait son premier concert salle Francine Vasse, le groupe Zig Zag se démarque avec des compos originales et la sortie l’année suivante du 45 tours My Lady Sun.

De 1972 à 1974, ils sont les seuls avec Ulysse à proposer des compositions.

Mais un évènement majeur va signer de manière brutale la fin des « années baluches » et pousser les musiciens à la création : l’arrivée en 1976 du disco et des sonos qui déciment un à un les orchestres de reprises. Cette année-là, le public découvre notamment les premiers pas du guitariste Philippe Ménard au sein de Carol, puis de Tequila. Une formation qui ne vivra que peu de temps mais qui signe la naissance du « rock nantais ».

1976-1980 : CAMBOUIS ET VESTES DE CUIR

Alors que la France découvre que l’on peut conjuguer le français à la sauce rock, les premiers concerts à Nantes sont organisés dans les bars et au Cinéma de l’Atlantique (quartier Sainte-Thérèse).
En 1977, l’université de Nantes et son association Le Globe organisent le festival « Les Affreux s’éclatent » à l’amphi Berliet, avec les groupes nantais Teenage Lust, Cambouis et Tequila qui font ici leur premier concert.

À partir de 1978, de nouveaux cafetiers ouvrent leurs portes aux groupes locaux. C’est le cas de la péniche Le Bateau-Lavoir, ou des Petits Saints. Cette même année, un festival à Carquefou réunit aux côtés de Strychnine, Little Bob Story, Ganafoul ou Patrick Abrial, des représentants de la nouvelle scène nantaise : Tequila, Dün, L’Habit de Plume ou encore Glenn, devant plus de 12 000 personnes.

L’année suivante est organisée à Saint-Herblain la fête du PS. Une nouvelle occasion pour le public de découvrir ou revoir les Nantais Tequila, Mickeynstein ou Gaby Blues Band aux côtés de Bijou et Human League. Enfin, à l’aube des années 80, un concert intitulé « Derniers cris du rock nantais », regroupant les tout nouveaux groupes que sont Mickeynstein, Premier Poil et Algue, attire 800 personnes.

Petit à petit, l’histoire du rock nantais se met en place à travers une nouvelle génération d’artistes qui n’est plus issue du bal.

1980-1982 : ROCK À LA FAC

Début 1980, Le Globe organise à la fac de Lettres et à l’amphi Berliet un tremplin sur trois soirées avec Dangers, Détective, Mickeynstein, Panique, Ticket et Déviation. Le 13 février, Ticket, Mickeynstein et Dangers se confrontent à nouveau pour la finale mais des violences mettent fin à la soirée en empêchant le jury de délibérer.

Si le terme « rock nantais » commence à fleurir dans la presse et semble annoncer une cohésion entre artistes, cette tradition encore très « années 60 » de faire s’affronter les groupes en « concours » contribue à entretenir un esprit de compétition.

En réalité, deux clans s’affrontent : les rockeurs purs et durs comme Tequila ou Dangers, et les petits nouveaux, comme Ticket et Mickeynstein, qui ont troqué le blouson de cuir contre le costard, les cheveux longs contre la coupe courte.

Pourtant, certains œuvrent pour la cohésion. Comme ce 25 avril 1980, lorsque les frères Michenaud, de Nantes Musique, organisent sur l’île Beaulieu le festival « Rock à Nantes » qui permet à Gaby Blues Band, Ticket, Mickeynstein, Détective, Dangers, Tequila et Taurus d’obtenir leur première radio nationale, la soirée étant retransmise sur France Inter dans l’émission « Loup-garou » de Blanc-Francart.

En juillet 1980, le magazine Best enfonce le clou en consacrant six pages « Spécial Rock à Nantes ».

1983-1990 : ROCK AGAINST CHAUTY

En 1983, la droite de Michel Chauty reprend la mairie à la gauche. Il entreprend une terrible bataille des subventions qui lui vaut très rapidement, dans le milieu culturel, le surnom de « sécateur-maire ». Il marginalise tout d’abord la Maison de la Culture de Nantes, créée par son prédécesseur socialiste Alain Chénard et dirigée par Jean Blaise, en supprimant la subvention et poursuit en interdisant Bas ventre, la pièce du Théâtre de la Chamaille, troupe présente depuis 1972, entraînant une manifestation qui rassemble quelques 5 000 personnes dans la rue.

Afin d’apporter leur soutien, des groupes nantais, les Flamingos, Ticket, Compartiment Fumeur, L’Orchidée, Zoopsie et Mickeynstein, décident d’ériger une scène de fortune le 21 mai 1983, place du Bon-Pasteur, sous la bannière « Rock against Chauty ».

Longtemps sollicitée par les musiciens locaux pour une mise à disposition de salles nantaises existantes, la municipalité Chauty semble enfin plier en 1986 en investissant 2 millions de francs dans les salles Paul Fort et Boris Vian. Une fois les rénovations terminées, elle annonce que ces deux salles ne sont plus en mesure d’accueillir de concerts de rock, du fait des risques de dégradation des aménagements réalisés !

Au même moment, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Saint-Herblain, inaugure un local rock mis en place par la mairie et des associations locales.

EXPOSITION ROCK NANTES

ANNÉES 1990 : NANTES, NOUVELLE CAPITALE DU ROCK FRANCAIS

Si Rennes a fait largement cavalier seul dans les années 1980 avec ses Marquis de Sade, Niagara, Ubik, Sax Pustuls et autres Daho, la ville qui inspira tant Barbara place en ce début de nouvelle décennie pas mal de ses poulains au sommet de la scène française.

Sans imposer sa marque sur un son particulier, la ville est le témoin privilégié d’un phénomène rassurant ; la façon dont une génération bercée de culture anglo-saxonne impose sa langue à des références assumées sans complexes. Peu de rapport en effet, de prime abord, entre les frasques d’Elmer Food Beat, la pop intimiste de Dominique A et Françoiz Breut, le « easy listening » de Philippe Katerine et les guitares brûlantes de Dolly, si ce n’est cette volonté d’user et de jouer de la langue de Molière, là où beaucoup ont auparavant échoué…

ANNÉES 2000 : NANTES L’EFFERVESCENTE

En deux décennies, la Cité des ducs est devenue la ville où il fait bon vivre, un modèle du genre pour sa vie culturelle. Les grands axes de la politique municipale et le foisonnement des initiatives privées sont les principaux moteurs de cette effervescence. La scène locale affiche au début de ce nouveau siècle un réseau de salles et des petites scènes disséminées sur l’agglomération, des structures de formation, d’accompagnement et de conseil, des collectifs de créateurs multidisciplinaires et multi styles à profusion, de nombreux tourneurs ou associations, des artistes d’envergure nationale et des animations au retentissement international. Le défrichage musical affiche des signes de maturité évidents à travers des programmations audacieuses de salles privées ou publiques, des disquaires indépendants qui malgré la crise du disque persistent et des radios alternatives et activistes.

2010 À NOS JOURS

La scène nantaise est bouillonnante. On y croise aussi bien des phénomènes qui s’exportent comme C2C, Madeon ou Christine and The Queens, des stars montantes de l’électro (Elephanz, Pegase), des groupes pop pleins de promesses (Pony Pony Run Run, Von Pariahs, Marquees, Al Von Stramm), des pionniers du rock expérimental (Papier Tigre, Percevalmusic) ou des producteurs électro en plein revival 80’s (Anoraak, College). Elle est devenue une scène exigeante et vit un nouvel âge d’or. Jamais artistes n’y ont été aussi nombreux et prometteurs. Pour expliquer cette vitalité, il faut se pencher sur le passé de cette scène qui peut aujourd’hui s’appuyer sur un véritable héritage. Les musiciens trouvent ici depuis longtemps une impulsion culturelle. Ici, il y a toujours eu de grands magasins d’instruments où les artistes ont créé des liens. Ici, les musiciens ont bénéficié de moyens pour se développer bien avant les autres villes. Ici, les artistes sont réunis au sein de collectifs comme Futur, qui rassemble Pegase, Lenparrot et Voyov. Ici enfin, la profusion des associations, des salles et des festivals sont autant de rendez-vous qui permettent aux jeunes artistes de se produire devant un public réputé exigeant.

Fil rouge de l’exposition, 120 titres emblématiques de la scène nantaise sont en écoute dans le parcours de l’exposition. Leurs pochettes sont exposées, sont commentés et en écoute, accessibles à tous. L’écoute se fait grâce à un gobelet en plastique, remis à chaque visiteur à l’accueil de l’exposition.

 AUTEUR ALBUM ANNÉE DE PROD TITRE
LES RAPACES1962 – AutoproductionEst-ce que tu le sais ?
    
DANIEL GARDIN1968 – DMFOne Mint Julep
    
ZIG ZAG 1972 – Pathé MarconiMy Lady Sun
    
TRI YANNTri Yann an Naoned1972 – Kelenn PhonogramDans les prisons de Nantes
    
CAMBOUIS 1976 – Serge DanotJ’attends qu’elle ait ses quinze ans
    
RIPAILLELa vieille que l’on brûla1978 – Ballon noir – CBSLâchés, les lions
    
TEQUILAEros1980 – AutoproduitL’épice
    
DÜNLa vieille que l’on1978 – Ballon noir – CBSLe sabbat des Sorcières
    
TAURUS 5La haine des gens1980 – VogueLa haine des gens
    
MICKEYNSTEINRegards1980 – JamRegards
    
APARTHEID NOTAfrican Rockers1981 – AutoproductionNever Let You Down!…
    
PRIVATE JOKES4 Jours à Bangkok1982 – Black sword records4 Jours à Bangkok
    
TICKETFunambule1982 – Megalo DisquesFunambule
    
EVNouveaux décors1983 – Ozagen RecordsNouveaux décors
    
FLAMINGOSShining1984 – Surfin’ birdLet It Shine
    
POP MODELS1984 – Surfin’ birdKing of Love
    
L’ORCHIDEEFascination1984 – Plein wattFascination
    
ZOOPSIEAvant l’aube1986 – LavalAppel aux Radios
    
LES BOOKMAKERSJ’attends l’été1987 – CBSJ’attends l’été
    
LES SHTAUSSEverybody Rockin’1987 – Teenage RecordsEverybody Rockin’
    
LES NAVIGATEURSEtre ailleurs1988 – EPIC – CBSEtre ailleurs
    
SQUEALERSquealer’s Mark1989 – VogueSaturday night
    
BANANATRASHBrain damage1989 – Chainsaw RecordsDead boy
    
ELMER FOOD BEAT30 cm1990 – Off the track – PolydorDaniela
    
DOMINIQUE AEphémérides1990 – AutoproductionQuatre photos
    
LE CRI DU CRULe cri du cru1998 – AutoproductionLes 10 dj qui mixaient
    
FOOLSHow?1991 – Musidisc – WarnerSweet emotion
    
DOMINIQUE ALa Fossette1992 – Lythium – DanceteriaLe Courage des Oiseaux
    
THE LITTLE RABBITSDans les faux puits rouges et gris1991 – Single Ko – VirginKaren
    
LOU JIMMTant de lumières1992 – AutoproductionComme la vie
    
LES CHATS MAIGRESTransport1994 – Lola label – PolygramLà-haut
    
JESUS & MOISEPieds de poule1994 – AutoproductionPied de poule
    
MONKEY HEARTChrysalide1992 – AutoproductionJ’ai pas sommeil
    
HYSTERESISArt is Entertainment1994 – AutoproductionArt is Entertainment
    
CRASHOn a marché sur la lune1995 – Sensitive – Media 7Ce qui nous plait
    
DRETA LOREILIEUn diamant dans une poubelle1995 – AutoproductionAurelia
    
EVHuchal1996 – Declic – VirginNi a seil ouzh an heol
    
LES DRUIDES SAUMONÉSLes Druides Saumonés1996 – Autoproduction – Coop BreizhEn dro des druides
    
LITTLE SEARCHERSWatch out for the crowd1996 – Insect eyes RecordsYellow green
    
LES BLISTERSWaiting for the sweetest home1997 – Goto MusicRainy day
    
DOLLYDolly1997 – Polygram – WarnerJe ne veux pas rester sage
    
FRANÇOIZ BREUTFrançoiz Breut1997 – Lythium – LabelsMotus
    
ORANGE BLOSSOMOrange Blossom1997 – PrikosnovenieMaria del sol
    
RUE D’LA GOUAILLECeltic Pogo1997 – Autotomie RecordsCeltic Pogo
    
THIS ENDLESS DAYMoxio1997 – No Squalo – Tripsychord8 snake’s heads
    
TNT GROOVE UPTNT Groove up1997 – AutoproductionLa star
    
TOXXIC TVYes future1997 – Autotomie RecordsYes future
    
DOLLYSometimes1998 – Polygram – WarnerSometimes
    
THE LITTLE RABBITSYEAH !1998 – Rosebud – BarclayLa piscine
    
MR DE FOURSAINGSVoulez-vous me faire la cour1998 – Escalator RecordsLes couples modernes
    
MUKTAIndian sitar & world jazz1999 – Warner Jazz – WEABindi
    
DARIUS VILLAINAnecdotes1998 – Night & DayL’heure de ton train
    
KATERINEL’homme a trois mains/Les créatures1999 – Barclay – UniversalJe vous emmerde
    
ZABRISKIE POINTPaul1999 – Dialektik Records – BondageMélodie
    
ULTIM POWERFais gaffe où tu marches1997 – AutoproductionFais gaffe où tu marches
    
LES ESCARGOTSLes Escargots1999 – AutoproductionJ’ai froid dans le dos
    
MANArthur1999 – Édition Disques du Soleil et de l’acienDaday
    
COSTIK3=22000 – AutoproductionWe are the robots – Part 4
    
SAVELNotes ; personne2000 -Sensitive – XIII bis RecordsRire ensemble
    
PUPPY BRAINBeery sound2000 – Dialektik Records! Cockroach rebellion !
    
TRI BLEIZ DIEDalc’homp mat2000 – Autoproduction – KerigWar bond an Naoned
    
LES CAMELEONSTodos2001 – Small axe – Tripsi ChordTodos
    
KLAKTONCLOWNKlaktonclown2001 – AutoproductionS’engluer
    
NEW DELITIn Humanité2001 – Autoproductionl’asile
    
LES JAMBONSTwist Yéyé2002 – Label Ouest – L’autre distributionAntisocial
    
CAR CRASHL’Extatique / Automatique2003 – Warm up – Mozaic musicSextasie
    
RIGHT 4 LIFEOff The Beaten Track2002 – The age of Venus RecordsFrom sheep into wolves
    
CRY FREEDOM FAMILYEnfin !2002 – JAN – BMGNotre quartier
    
KAMNOUZE / FACTOR XEntretien avec un empire2002 – Nouvelle donne – UniversalHip Hop thérapie
    
IDEMAbsent Without Live2002 – Édition Soshin Sounds – Distribution MosaicE.S
    
LA PHAZEPungle Roads2002 – Édition Small Axe – Distribution TripsychordPunglist
    
LE COQInterludes2002 – Édition Nada – Distribution SaravahEté furieux
    
MINIMANEn marche pour Sion2002 – The age of venus RecordsEn marche pour Sion
    
CHEVREUILChâteau Vallon2003 – Ruminance – ChronowaxTurbofonte
    
L’OEIL DANS LE RETROLe bon numéro2003 – AutoproductionLe 32
    
JEANNE CHERHALDouze fois par an2004 – Tôt ou Tard – Warner MusicJe voudrais dormir (duo avec Jacques Higelin)
    
CLONE Inc.XY2004 – Autoproduction – Night & DayL’affût de la fin
    
HELLSCRACKFlesh & Steel2004 – AutoproductionNight whistler
    
ULTRA MILKMAIDSPop Pressing2004 – Ant-Zen RecordsMy Personal TV System
    
KATERINERobots après tout2005 – Rosebud – distribution Universal100 % VIP
    
ORANGE BLOSSOMEverything Must Change2005 – Édition Bonsaï Music – Night & DayHabibi
    
GONG GONGLaughing with the moon2005 – Édition F CommunicationsKawabata
    
SMOOTHAn electro soul experience2005 – Édition Ministrong Distribution WagramSmooth
    
ROOM 204Trans Panda2005 – Édition Effervescence – Distribution La BaleinePicnic panic
    
MY NAME IS NOBODYI hope you’re well, I am and I send you my fingers2006 – Édition EffervescenceLittle chick
    
THIS MELODRAMATIC SAUNA…et les fleurs éclosent à l’ombre2006 – Édition EFFERVESCENCE – Distribution BelieveLa triste comptine
    
FRENCH COWBOYBaby Face Nelson was a French Cowboy2007 – Havalina RecordsStranger
    
HOCUS POCUSPlace 542007 – Édition On & On Records – Distribution Universal MusicSmile
    
MANSFIELD TYAJune2007 – Édition Vicious Circle – Distribution WagramPour oublier, je dors
    
FAUSTINE SEILMANSilent Valley2007 – Édition EffervescencePuppet
    
MINITEL ROSEFrench Machine2008 – FuturContinue
    
ANORAAKNightdrive with you2008 – Endless Summer RecordingsNight drive with you
    
SEXY SUSHIMarre, Marre, Marre2008 – La CileCheval
    
ULTRA VOMITObjectif : Thunes2008 – Autoproduction – distribution Listenable RecordsJe collectionne des canards
    
PAPIER TIGREThe Beginning And End Of Now2008 – Édition EffervescenceRestless empire
    
MANURendez-vous2008 – Tekini RecordsTes cicatrices
    
PONY PONY RUN RUNYou need Pony Pony Run Run2009 – Troisième bureau Wagram MusicHey you
    
LES BARAGOUINEURSDISCOZ2009 – Autoproduction – Distribution Coop BreizhVilla Biniou
    
THE PATRIOTIC SUNDAYCharacters2009 – Édition EffervescenceJonas
    
COLLEGEInnerworld2010 – Secretly CanadianA real hero
    
RHUM FOR PAULINEMiami2010 – Édition Futur – Distribution La BaleineWalker’s lament
    
C2CTetra2012 – On and On RecordsDown The Road
    
ELEPHANZTime for a change2013 – BlackbirdTime for a change
    
DTWICENight Shield2013 – Do You LikeNight Shield
    
MOONGAïCosmofamille2013 – WarnerCosmofamille
    
ROMAN ELECTRIC BANDWhen the high goes down2013 – AutoproductionSilent walker
    
ELODIE RAMAStrange Island2013 – Do You Like – Distribution MusicastStrange island
    
VON PARIAHSHidden Tensions2014 – YotankaSkywalking
    
DISCO ANTI NAPOLEONAscent2014 – FuturSuperHero
    
PEGASEPegase2014 – FuturWithout reasons
    
CHRISTINE & THE QUEENSChaleur humaine2014 – Because MusicChristine
    
MALTED MILKGet some2014 – Blues Productions Nueva Onda – Distrib. Harmonia MundiSoul of a woman
    
BANTAM LYONSBantam Lyons2015 – KshantuWednesday
    
AL VON STRAMMWhere Am I Again?2015 – AutoproductionYou know what
    
CACHEMIREPhotochope-moi2015 – Les deux grands secs production – Big Beat RecordsPhotochope moi
    
FRAMIXLucky Monkeys2016 – AutoproductionHalf a coyote
    
MOODDo om2014 – Tatcha Cie – L’autre distributionEr Emina
    
KO KO MOTechnicolor life2017 – Les Disques en ChantierKilling The Kid

EXPOSITION ROCK ! UNE HISTOIRE NANTAISE, Musée d’Histoire de Nantes, Château des Ducs de Bretagne, 24 février 2018-10 novembre 2019

Commissariat : Laurent Charliot, auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du rock, notamment à Nantes
Chef de projet : Pierre Chotard, responsable du service des expositions temporaires au musée d’histoire de Nantes

INFORMATIONS PRATIQUES
DATES ET HORAIRES D’OUVERTURE
Cour et remparts en accès libre : ouverture 7 jours / 7, de 8h30 à 19h Du 1er juillet au 31 août : 8h30 à 20h
INTÉRIEURS DU CHÂTEAU MUSÉE ET EXPOSITION
10h à 18h, fermé le lundi, ouvertures exceptionnelles les 2 et 30 avril, 7 et 21 mai et 18 et 25 juin 2018 1er juillet – 31 août : 10h à 19h, 7 jours/7
Dernier accès billetterie 30 min avant la fermeture
Fermetures annuelles du site : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre
DROITS D’ENTRÉE
Le musée est gratuit le 1er dimanche de chaque mois de septembre à juin et tous les jours pour les moins de 18 ans.
PASS CHÂTEAU : 10€
Accès illimité au musée et aux expositions, valable 1 an de date à date.
Pendant Le Voyage à Nantes (30 juin-26 août), le pass annuel du Château des ducs de Bretagne donne accès à l’ensemble des musées participant au parcours.
Musée + exposition
Plein tarif : 8€
Tarif réduit : 5€
Billet valable la journée
Gratuit* : moins de 18 ans – demandeurs d’emploi – bénéficiaires du RSA – détenteurs de la Carte Blanche – personnes handicapées et leur accompagnant.
Tarif réduit* : jeunes de 18 à 25 ans – titulaires de certaines cartes CE (détail à l’accueil du musée) – porteurs de la carte Familles nombreuses.
*sur présentation d’un justificatif | Possibilité de réservation sur www.chateaunantes.fr
VISITE GUIDÉE
Musée + exposition
Tarif plein: 12€
Tarifs réduits : 7,50€ : 18-25 ans, enseignants… | 4€ : demandeurs d’emploi – bénéficiaires du RSA – personnes handicapées et leur accompagnant | 2,50€ : 7-17 ans – détenteurs du Pass Château, du Pass Nantes, de la Carte Blanche
Gratuit : moins de 7 ans
Réservation sur www.chateaunantes.fr, au 0811 46 46 44, à l’accueil du musée. Possibilité d’organiser des visites pour les groupes, à partir de 15 personnes. Plus d’infos au 02 40 20 60 11

LITTÉRATURE, ACTUALITÉS ET PARUTIONS DE JANVIER 2018

Pour cette première sélection de parutions littéraires de l’année 2018, découvrons quelques titres de la rentrée d’hiver. Cette « petite rentrée » moins médiatisée que celle de septembre n’en comporte pas moins quelques romans très attendus, notamment en littérature étrangère.

Et le premier, non des moindres puisqu’il comporte plus de 1000 pages, lance le compte à rebours. 4321 de Paul Auster est l’événement littéraire de la rentrée chez Actes Sud. Le grand auteur américain décline les parcours des quatre possibilités du petit-fils de Isaac Reznikoff, cet immigrant parti de Minsk, son village natal pour arriver à Ellis Island. De quoi balayer l’Amérique des années 50 et 60 sous la fameuse plume d’un des meilleurs auteurs contemporains.

Paul Auster 4321
Paul Auster 4321

Louise Erdrich, une des grandes voix de la littérature amérindienne, continue d’explorer le poids du passé et l’héritage culturel et la notion de justice avec LaRose (Albin Michel, 17 janvier 2018). Landreaux, un indien ojibwé, doit réparer un accident mortel de la plus intime et cruelle des façons. Publishers Weekly nous annonce « un récit puissamment évocateur , d’une subtilité et d’une grâce magistrales. »

Louise Edrich LaRose
Louise Erdrich LaRose

Pour terminer cette sélection de la littérature étrangère, j’ai choisi un roman noir et haletant d’Elsa Osorio, auteure argentine. Double fond (Métailié, 18 janvier 2018) alterne l’enquête d’une journaliste sur le prétendu suicide d’une femme médecin et la confession d’une mère, militante révolutionnaire lors de la dictature militaire. Les péripéties s’enchaînent : tortionnaires mafieux, violence, passion amoureuse, habileté à jouer avec les identités clandestines, dans un intense suspense psychologique.

Elsa Oorio Double fond
Elsa Osorio Double fond

Un second roman est toujours un grand enjeu pour un primo-romancier. Olivier Bourdeaut nous avait séduits avec sa tendre folie, sa fantaisie dans En attendant Bojangles (Finitude, 2016). Il nous propose en cette rentrée 2018, Pactum salis (Finitude), histoire improbable entre un paludier misanthrope et un ancien parisien installé près de Guérande. Une rencontre pleine de promesses et d’émotion.

Olivier Bourdeaut Pactum salis
Olivier Bourdeaut Pactum salis

Les trois auteures suivantes sont abonnées au succès. Si les deux premières nous ont habitués à la sensibilité, la poésie, la troisième est une maître dans l’art du roman noir.

Dans Les loyautés (JC Lattès, 3 janvier 2018), Delphine de Vigan tisse les liens entre quatre personnages, deux adolescents et deux adultes. Des personnes en danger, en déséquilibre, tenus par des promesses faites les uns aux autres. Toujours proche du vécu, l’auteure s’approche au plus près des sensibilités de ses personnages.

Delphine de Vigan Les loyautés
Delphine de Vigan Les loyautés

Avec Une longue impatience (Noir sur Blanc, 4 janvier 2018), Gaëlle Josse nous offre une nouvelle fois un roman dramatique d’une grande sensibilité et d’une humanité rare. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Anne voit sa vie dévorée par l’attente, par l’absence de son fils qui, un soir, n’est pas rentré à la maison. Ce récit est un hommage à l’amour infini des mères infini, un portrait de femme bouleversant.

Gaëlle Josse Une longue impatience
Gaëlle Josse Une longue impatience

Juste après la vague (Denoël, 18 janvier 2018) est le nouveau roman bouleversant de Sandrine Collette, une histoire terrifiante qui évoque les choix impossibles, ceux qui déchirent à jamais. Un roman sur la résilience, l’amour, et tous ces liens invisibles, mais si forts qui soudent une famille.

Sandrine Colette Juste après la vague
Sandrine Colette Juste après la vague

Espérons qu’un de ces romans puisse accompagner agréablement ce début d’année 2018. Et j’en profite pour adresser à tous les lecteurs d’Unidivers mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.

RENNES, HEIMA SOUFFLE L’ISLANDE DE SIGUR RÓS AUX CHAMPS LIBRES

Le documentaire musicaHeima de Dean DeBlois est projeté aux Champs Libres de Rennes les dimanches 14 et 21 janvier 2018 en partenariat avec les Tombées de la Nuit. Ce film retrace le retour aux sources du groupe islandais à travers deux semaines de concerts gratuits dans les endroits reculés de l’île nordique.

heima SIGUR ROS

Comme un souffle d’Islande… Dans le film Heima, la musique du groupe Sigur Rós emplit l’espace, avec une douceur mélancolique. Les notes plaintives se posent sur les rivières, les maisons abandonnées, les plaines balayées par les vents arctiques de l’Islande. La voix aiguë du chanteur Jón Thór Birgisson, surnommé Jonsi, vient habiter cet univers de poètes, de pêcheurs, de simples familles, tandis que son archet glisse sur les cordes de sa guitare. Aux paroles islandaises, il mêle le vonlenska, une langue inventée par le groupe, qui vient donner à ces chansons une teinte éthérée.

heima SIGUR ROS

Heima retrace les huit concerts non programmés offerts par les musiciens de Sigur Rós à leur île et à sa population, entre le 24 juillet et le 4 août 2006. En islandais, Heima signifie aussi bien « à la maison » que « terre natale ». Le double sens vient résumer la démarche du groupe. « Nous avons tellement voyagé à travers le monde que nous voulions revenir en Islande, pour jouer ici nos derniers concerts », explique le chanteur et guitariste Jonsi devant la caméra du réalisateur canadien Dean DeBlois. Le bassiste Georg Hólm poursuit : « c’est une certaine manière de rendre ce que l’on nous a donné. »

Depuis ses débuts dans la capitale islandaise en 1994, le groupe a conquis un public international et gagné différentes scènes à travers le monde, propulsé par la musicienne Björk, leur compatriote. Entre juillet 2005 et juillet 2006, les quatre musiciens ont enchaîné près de 130 dates de concert sur quatre continents, de la Californie à la Nouvelle-Zélande. « Il nous semblait que la chose à faire était de jouer nos concerts dans des petites villes, pour leurs propres habitants », insiste Georg Hólm. Calligraphiés à la main, les noms s’égrènent : Ólafsvík, Ísafjörður, Djúpavík… À l’imaginaire que soulève leur graphie viennent répondre les images du réalisateur.

heima SIGUR ROS

Avant d’accompagner le groupe, Dean DeBlois avait participé à l’écriture du dessin animé Mulan en 1998, avant de réaliser pour Disney la série Lilo et Stitch, puis de rejoindre les studios Dreamworks. Avec Heima, il pose son matériel bien loin de l’ambiance hawaïenne de son ancienne série animée pour parcourir les recoins de cette île aux 330 000 habitants. Il capture avec une douce lenteur les paysages islandais, les graminées balayées par le vent, les maisons au toit de tourbe éventré, les hangars d’une usine abandonnée.

heima SIGUR ROS

En même temps que le groupe, il vient rendre hommage à la population de l’île. Les musiciens de Sigur Rós jouent aux côtés d’une fanfare locale, accompagnent le chant d’un poète, rejoignent les activistes qui protestent contre la construction d’un barrage. « C’est un peu comme être au tribunal », confie à la caméra le bassiste Georg Hólm. Comme si au-delà de l’hommage, les musiciens voulaient être jugés par les Islandais eux-mêmes, après 13 mois de tournée internationale. Une manière de renouer avec la démocratie directe de l’île sous l’ère viking…

heima SIGUR ROS

Dean DeBlois, lui, capture les visages, les mains, les pieds de ces personnes âgées qui prennent leur thé dans la salle communale, des enfants qui jouent sur la plage, des jeunes qui se balancent au rythme de la musique. Proche d’eux, la caméra se contente de retranscrire leur humanité, de saisir les émotions de ces brefs moments.

heima SIGUR ROS

L’image et le son tissent une même atmosphère : une mélancolie douce, humaine, accompagnée de joies simples. Cette atmosphère nous capture et nous berce, comme pour nous intégrer à l’hommage que le groupe islandais a voulu rendre à sa terre natale. Et l’on n’y résiste pas, trop heureux d’être emportés dans ce voyage musical en plein cœur de l’Islande.

Projections de Heima : dimanche 14 janvier 2018, de 14h00 à 19h00, dimanche 21 janvier 2018, de 14h00 à 19h00. Durée : 1H37, diffusé en boucle (3 projections). Salle Anita Conti, Les Champs Libres, Cours des Alliés, Rennes. Gratuit

HEIMA DEAN DEBLOIS
DEAN DEBLOIS à droite

Heima
Réalisation : Dean DeBlois
Photo : Alan Calzatti, Guđmundur Magni Ágústsson
Son : Birgir Jón Birgisson, Ken Thomas
Musique : Sigur Rós
Producteur : John Best, Dean O’Connor
Distribution : EMI
Pays d’origine : Islande
Langue : Interventions : anglais et islandais – Morceaux : Vonlenska et islandais
Format : Couleur 16/9
Genre : Documentaire musical
Durée : 97 min.
Dates de sortie :
27 septembre 2007 en projection
5 novembre 2007 en DVD
20 novembre 2007 en DVD en Amérique du nord
27 mai 2011 en téléchargement

Liste des morceaux :
Heima

1. Titles / Intro 3:15
2. Glósóli à Ólafsvík 7:32
3. Sé lest à Ísafjörður 9:38
4. Ágætis byrjun 7:27
5. Heysátan à Selardalur 4:52
6. Olsen olsen à Öxnadalur 6:03
7. Von 9:30
8. Gítardjamm à Djúpavík 7:43
9. Vaka (sans titre 1) à Kárahnjúkar 5:32
10. A ferd til breidafjardar vorið 1922 (avec Steindór Andersen) 6:05
11. Starálfur 6:16
12. Hoppípolla à Ásbyrgi 5:05
13. Popplagið (sans titre 8) à Reykjavik 13:03
14. Samskeyti (sans titre 3) / Crédits 5:07

BORN TO RAVE À CAEN, MUSIQUES ÉLECTRONIQUES SAMEDI 13 JANVIER AU CARGO

Après son succès national en 2017, la tournée Born To Rave revient le samedi 13 janvier 2018 au Cargo à Caen pour une nuit placée sous le signe de la fête et des musiques électroniques ! Déferlante de BPM au programme ! Défricheur de talent, activiste de la première heure et aujourd’hui leader du genre, le label Audiogenic a toujours eu à cœur de promouvoir la frange dure de la Techno aux oreilles du plus grand nombre afin de faire danser les foules. L’esprit de la soirée « Born To Rave » porte cette même volonté et réinvestit le Cargo le samedi 13 janvier à Caen.

Une dizaine d’artistes se succéderont sur 2 scènes pour offrir un panorama des styles de musiques électroniques : Frenchcore, Hard Beats, Trance. Une programmation rare, composée de têtes d’affiche internationales auxquelles s’ajouteront des étoiles montantes françaises et régionales. L’ensemble sera mis en scène avec des projections 3D et du mapping vidéos, afin d’offrir au public normand une expérience hors norme.

Maissouille, artiste normand reconnu comme l’un des principaux fers de lance de
la scène Hard Beat internationale, sera entouré par la crème des Djs et producteurs actuels. Les inconditionnels de Hard Music seront sans aucun
doute rassasiés par les sets de l’un des duos emblématiques du genre, les Italiens
The Sickest Squad qui déchaînent les foules à chacune de leur apparition, mais
aussi par le Français Darktek, sans nul doute l’artiste le plus populaire de la scène
Hardtek du moment, ou l’Américain Lenny Dee, légende vivante et intemporelle
depuis plus de 25 ans. Attendez-vous à une puissance de frappe sans précédent
pour leur venue en terre normande !

À ces mastodontes s’ajoutent Section Grabuge, groupe majeur de la scène Hard
Beat hexagonale, ainsi que les locaux Kriptonic et Darkvibe, nouveaux challengers
du mouvement en France. Pour compléter ce plateau d’exception, les collectifs XLR
et Psykotrip, agitateurs notoires et encensés des nuits normandes, proposeront
quant à eux une seconde salle dédiée exclusivement à la Techno et la Trance.
Beats endiablés, rythmiques galopantes et mélodies entêtantes, un cocktail
détonant à venir (re)-découvrir le 13 janvier 2018 !

► PROGRAMMATION

ROOM ★ HARDTEK TO HARDCORE
► THE SICKEST SQUAD [IT]
► LENNY DEE [USA]
► DARKTEK [FR]
► MAISSOUILLE [FR]
► SECTION GRABUGE [FR]
► KRIPTONIC [FR]
► DARKVIBE [FR]

ROOM ★ TECHNO TO TRANCE
► RON [FR]
► TOITOINE [FR]
► BREAKITDOWN [FR]
► LUCKY [FR]
► EAGON [FR]

► ARTISTES

LENNY DEE [USA]

BORN TO RAVE

Est-il seulement possible de disséquer l’étendue de l’œuvre de ce dieu vivant ? Père fondateur du premier label Hardcore « Industrial Strenght Records« , Lenny Dee a façonné de ses propres mains un pan entier de l’histoire des musiques électroniques en lui insufflant une puissance de frappe affolante et sans précèdent. Référence mondiale toujours acclamée plus de 25 ans après ses débuts, ce pilier, au même titre que Jeff Mills pour la Techno, continue de construire calmement sa légende au bulldozer. Attendez-vous à une puissance de frappe sans précédent pour sa première venue en terre normande !

THE SICKEST SQUAD [IT]

BORN TO RAVE

Membre des écuries Audiogenic et Traxtorm, ce duo italien est sans nul doute le Live le plus populaire de la scène Frenchcore du moment ! Après la sortie de nombreux tubes, classes en haut des charts en Hollande, ils se voient confier les émissions de la plus célèbre radio du pays : Thunderdome. Leur succès dépassant largement les frontières de leur
pays d’origine, ils multiplient les collaborations avec les artistes les plus influents du Hardcore : The Speed Freak, Radium, RandyLenny Dee ou encore Maissouille. Déchaînant les foules grâce à leur live act puissant et audacieux, ils sont régulièrement
présents sur les plus gros festivals européens (Thunderdome, Monegros. Dominator, Q-base, Masters of Hardcore…). Aucun dancefloor ne semble pouvoir résister à la frénésie de leurs sonorités électriques !

MAISSOUILLE [FR]

BORN TO RAVE

Pilier de la scène Hard Beats, Maissouille a su imposer rapidement sa « french-hard-tribe-core touch », démontrant à chacune de ses prestations toute l’étendue de sa créativité. Définir le son de Maissouille n’est pas chose facile tant le producteur français mélange les genres avec une facilité affolante. Conciliant Techno, Tribe, Hardtechno et Hardcore, l’explosion de sa carrière sur le plan international et sa dextérité aux platines n’ont d’égales que la réputation prestigieuse des festivals où il se produit. 2016 marquait l’ascension fulgurante de cet artiste talentueux par « Born To Rave« , album encensé par le public et adoubé par une tournée explosive partout en France.

DARKTEK [FR]

BORN TO RAVE

DARKTEK fait partie de la jeune génération émergente prête à reprendre le flambeau du
mouvement Hardtek / Tribecore en France ! Poussant la créativité à l’extrême, il a déjà sorti plus d’une dizaine de vinyles sur les principaux labels du genre dans l’Hexagone : Architek, Astrofonik ou encore Underground Techno (label de Guigoo Narkotek).
Son style se veut « free » et éclectique, mêlant sonorités Tribecore et Dubstep, avec des
mélodies envoûtantes et un humour déjanté ! Son nom est devenu synonyme de sets explosifs. Amateur de vibrations déferlantes au rythme de 200 Bpm au minimum, il fera trembler le sol !

 

XLR/PSYKOTRIP

BORN TO RAVE
Depuis maintenant quatre ans, XLR et Psykotrip travaillent main dans la main pour agiter les dancefloors du Grand Ouest. Qu’ils s’agissent d’électro, techno ou hardcore, leur aisance derrière les platines n’a d’égale que leur passion pour la rave. À la tête d’une
dizaine de DJ, Breakitdown, Toitoine, Ron et Lucky diffusent la bonne parole électronique partout où ils passent ! Tenez-vous prêts !

SECTION GRABUGE 

BORN TO RAVE
Pour Section Grabuge, le Hardcore n’est pas qu’un style musical, c’est un état d’esprit et un art de vivre. Cet activiste de la scène hexagonale, véritable fauteur de trouble, est un as des platines. Entre ses prouesses techniques et sa sélection implacable, il a réussi à se faire une place parmi les grands noms du hardcore international en jouant dans les plus grands festivals et en voyant ses morceaux playlistés par les ténors du
hardcore.

► MAPPING – VIDÉO 3D VJ EYE (INVISIBLE VJ/PARIS)

BORN TO RAVE
Diffusé des images sur des reliefs, permettant alors aux visuels de s’adapter à
n’importe quel support ou environnement : c’est là tout le concept du mapping
vidéo 3D. Expert en la matière et inspiré par la nuit autant que par les musiques électroniques, VJ EYE est une référence en matière de Vjjing. Son talent, outre ses connaissances pointues de DJ, consiste à mélanger les images à la perfection et rendre à la musique sa dimension impalpable, onirique et envoûtante. Il réalise des installations des plus complexes et inventives qui n’ont de cesse d’étonner les musiciens et le public. Depuis 2005, VJ EYE a forgé son expérience dans les salles et clubs les plus prestigieux de la capitale, du Zénith au Bataclan, en passant par le Rex Club, le Batofar, le Nouveau Casino, le Showcase, la Machine. Il a joué sur des soirées et festivals incontournables (Weather, We Love Green, Audiogenic, Play, Open House, Animalz, A Night In, Institubes, Tsugi Superclub) et illuminé de ses performances visuelles les sets des plus grands (Laurent Garnier, Jeff Mills, Qbert, Miss Kittin, Manu le Malin, The Hacker, Bonobo, Popof, Luciano, Dj Mehdi, Sebastian, Nina Kravitz, Chloé, entre autres).

BORN TO RAVE

BORN TO RAVE, LE CARGO, 9 cours Caffarelli 14000 CAEN, SAMEDI 13 JANVIER 2018

Ouverture des portes à 23H00

► PRÉVENTE : 18 € (hors frais de loc.)
– Site Audiogenic : www.audiogenic.fr
– Réseau Digitick : www.digitick.com
– Réseau Fnac, Carrefour, Hyper U, Geant: www.fnac.com
– Réseau Auchan, Cora, Cultura, Leclerc : www.ticketnet.fr
► SUR PLACE : 22 €
► Un service de co-voiturage est mis en place sur le site blablacar.fr

Autres dates :

BORN TO RAVE LYON
20-01-2018
DOUBLE MIXTE

BORN TO RAVE PARIS
02-03-2018
LE TRABENDO

BORN TO RAVE RENNES
10-03-2018
L’UBU

BORN TO RAVE STRASBOURG
07-04-2018
LA LAITERIE

BORN TO RAVE

LE LABEL AUDIOGENIC
Après plus de vingt ans d’activisme musical, Audiogenic se positionne comme la première structure fédératrice de la « Hard Electronic Music » en France. Pionnier des premières heures, et toujours actif comme au premier jour, le label Audiogenic est devenu un acteur incontournable du paysage électronique français.
Depuis 1995, Audiogenic a développé un style alors en pleine éclosion, issu du bouillonnement créatif techno de cette époque : le Hardcore, une musique à la fois énergique et débarrassée de toute norme d’écriture conventionnelle. La machine était ainsi lancée !
AUDIOGENIC, c’est aujourd’hui 14 sous-labels représentants plus de 60 artistes nationaux et internationaux, dont notamment les meilleurs représentants et précurseurs du genre : Radium, Micropoint, Hellfish, Dj Producer, Lenny Dee, The Sickest Squad, Randy, The Speed Freak, Maissouille… Avec déjà plus de 400 références cd et vinyle dans son catalogue, Audiogenic est actuellement à l’origine de 3 à 5 sorties mensuelles d’artistes reconnus ou en développement. Si le label n’a cessé de se diversifier dans les différents genres de Hard Beats, il s’intéresse également aux les différents styles de musique électronique, et ce
jusqu’à la Techno et la Minimal avec l’intégration des labels Sweetpeak et
Tracker en 2008.
Toujours en évolution, Audiogenic assume aujourd’hui la casquette de
producteur de spectacles et organise des tournées européennes chaque année
pour défendre, promouvoir, développer et faire partager cette musique au plus
grand nombre.
AUDIOGENIC, c’est également 15 à 25 événements musicaux par an dans les plus grandes villes de France et d’Europe; manifestations regroupant jusqu’à 7000 personnes, au cours desquels les DJ’s distillent les décibels nécessaires au déhanchement énergique d’un public avide de son.
Born To Rave est la 12ème tournée nationale organisée par Audiogenic, cette
grande fête électronique hexagonale vibrera au rythme des BPM endiablés : un
rendez-vous coloré, festif, et musical !

AUDIOGENIC
17 rue Morice 92110 Clichy
Tel : 01 47 31 71 35
Fax : 01 47 37 81 35

 

————LINE-UP———–

ROOM HARDTEK TO HARDCORE

▷ THE SICKEST SQUAD [IT]
▷ LENNY DEE [USA]
▷ DARKTEK [FR]
▷ MAISSOUILLE [FR]
▷ SECTION GRABUGE [FR]
▷ KRIPTONIC [FR]
▷ DARKVIBE [FR]

ROOM ACID TO TRANCE

▷ RON [FR]
▷ TOITOINE [FR]
▷ BREAKITDOWN [FR]
▷ LUCKY [FR]
▷ EAGON [FR]

VISUAL 3D & Mapping

▷ Visual & Motion Design by Invisible Vj

 

 

LE BALLET CENDRILLON PAR THIERRY MALANDAIN ENCHANTE L’OPÉRA DE RENNES

Chacun sa manière de fêter l’arrivée d’une nouvelle année à Rennes ! Si beaucoup sacrifient avec gourmandise aux libations parfois excessives, d’autres préfèrent des soirées plus calmes et plus intimes. Pour célébrer avec faste l’arrivée de 2018, nous avons répondu à l’invitation de l’opéra de Rennes qui programmait pour cette soirée d’exception le ballet de Serge Prokofiev, la très fameuse Cendrillon.

Si le personnage de Cendrillon nous est connu par les contes de Charles Perrault ou des frères Grimm, elle semble être une source d’inspiration depuis fort longtemps. En effet, des contes similaires existent depuis le IIIe siècle : on évoque même le nom de Strabon, géographe Grec du Ier siècle après JC.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

C’est la compagnie Malandain Ballet Biarritz, sous la direction de Thierry Malandain qui durant une heure et trente cinq minutes nous a entraîné dans un monde de beauté, d’élégance (non dénué d’humour) qui nous fit passer une excellente soirée. Chez le chorégraphe Thierry Malandain, le parcours de Cendrillon vers la liberté et l’amour est celui d’une future étoile, qui passe par le doute, le rejet, la souffrance, avant de voir ses espoirs se concrétiser.

Jorge Gallardo, concepteur des décors, étonne par ces deux immenses panneaux de fond où la même chaussures à talon, fixée sur des câbles verticaux, est présente à des dizaines d’exemplaires, très sagement disposés – l’ensemble produit une image de fond ésthétique et ingénieuse. On en viendrait facilement à penser au titre du film de Pedro Almodovar Tacones Lejanos, autrement dit : talons aiguille.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

Les lumières de Jean-Claude Asquié jouent avec adresse sur des teintes qui explorent les nuances de bleu, mauves et impressions métalliques avec beaucoup de subtilité. Mais venons-en à la danse.

Impossible de ne pas s’extasier sur la jeunesse et la beauté de tous ces artistes, qui en vrais professionnels, se mettent au service d’une chorégraphie de facture plutôt classique, mais qui raconte avec clarté une histoire que tous aiment et connaissent. Si on ne peut qu’être touché par Cendrillon, incarnée par la délicieuse Patricia Vélasquez, ou son Prince charmant, l’élégant Mickael Conte, tous sont dignes d’éloges et la grâce particulière de Claire Lonchampt, en fée bienveillante, comme le trio désopilant formé par la marâtre et ses deux filles Javotte et Anastasie, forcent l’admiration. Ce trio interprété par trois hommes grimés en femmes est une véritable trouvaille ; leur aspect comme leur danse inspirent le rire et la bonne humeur. Difficile de prendre au sérieux ces personnages aux biceps et aux pectoraux plutôt saillants qui rappellent que des danseurs classiques sont aussi des athlètes.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

La mise en scène fourmille de trouvailles originales qui a tous moments stimulent notre attention. Notre coup de cœur ira vers la scène pendant laquelle les danseurs évoluent en compagnie de mannequins sur roulettes surmontés de longues robes noires ornées de strass.Leur manière de les faire évoluer semble donner vie à ces personnages inattendus et en un instant multiplie par deux les danseurs présents sur le plateau. C’est tout à fait stimulant et agréable et, quoique peu accoutumé à l’exercice du ballet classique, il nous faut confesser avoir passé un bien agréable moment en compagnie de tous ces jeunes et talentueux artistes.

La musique de Serge Prokofiev, vivante et pleine de contrastes est habilement mise à contribution par la chorégraphie de Thierry Malandain. Musique et danse vivent au même rythme et insufflent à l’œuvre une cohérence et une homogénéité qui rendent cette heure et demi de spectacle proprement féerique. La création de Cendrillon au Bolchoï en 1945, immédiatement suivie d’une première à Leningrad, participa à la liesse d’une URSS sortie victorieuse de la guerre. Prokofiev avait dédié sa partition à la mémoire de Tchaïkovsky, celui qui avait fait entrer la danse dans la culture musicale russe.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

Créé en juin 2013 au Kursaal de San Sébastian, cette version du ballet, issue d’une importante coproduction, sera présente à Rennes plusieurs jours et nous ne saurions que trop vous recommander de partager entre amis ce joli moment de légèreté et qui sait, de découverte. Cela en vaut la peine et permettra d’entamer l’année 2018 sous le signe du plaisir…

Ballet cendrillon de Prokofiev (Éditions Boosey & Hawkes 1945), Malandain Ballet Biarritz, Opéra de Rennes LUNDI 1er janvier, 16h – MERCREDI 3, 20h – JEUDI 4, 20h – VENDREDI 5, 20h

Photos : Olivier Houeix

THIERRY MALANDAIN
THIERRY MALANDAIN

Chorégraphie Thierry Malandain
Décors et costumes Jorge Gallardo
Direction de la production conception lumières Jean-Claude Asquié
Réalisation costumes Véronique Murat
Réalisation décors et accessoires Chloé Bréneur, Alain Cazaux, Annie Onchalo
Perruquiers François Dussourd, Georges Dejardin
Production Malandain Ballet Biarritz – Centre Chorégraphique
National de Nouvelle-Aquitaine en Pyrénées Atlantiques

Coproduction Opéra Royal de Versailles / Château de Versailles,
Orquesta Sinfónica de Euskadi,
Chaillot – Théâtre National de la Danse, Opéra de Reims,
Teatro Victoria Eugenia de San Sebastián,
Estate Teatrale Veronese, Lugano in Scena,
Teatro Mayor de Bogotá, Arteven – Regione de Veneto,
Teatros del Canal de Madrid, Théâtre Olympia d’Arcachon,
Espace Jéliote – Scène Conventionnée CCPO d’Oloron Sainte-Marie,
Malandain Ballet Biarritz

Ballet créé le 3 juin 2013 au Kursaal de San Sebastián (Espagne)

BD LE PREMIER HOMME, JACQUES FERRANDEZ PRÉSENTE ALBERT CAMUS

Si la vocation de la bande dessinée est de divertir, elle est aussi parfois d’instruire. Avec sa BD Le premier homme Jacques Ferrandez n’en est pas à son premier ouvrage. Une partie de sa célébrité en tant que dessinateur et scénariste tient en particulier aux Carnets d’Orient.

Le Premier Homme Jacques Ferrandez

Dans les Carnets d’Orient, Jacques Ferrandez raconte sans passion et avec honnêteté l’histoire de l’Algérie, depuis sa conquête en 1830, jusqu’à son indépendance sanglante à la fin des années 50, histoire vue du côté de ceux qui s’installèrent parfois dans la douleur et toujours dans la difficulté sur ces terres ou le Royaume de France puis le Second Empire se rêvaient en une Nouvelle Rome. Ils vinrent de France, bien sûr, mais aussi de toute la Méditerranée, eux qui étaient souvent pauvres, parfois proscrits et toujours en quête d’espoir, mais ignorant que la terre qu’ils s’appropriaient leur était étrangère. Ils fusionnèrent en un étrange peuple qui parlait un français mâtiné de mots arabes, espagnols, italiens et maltais. Je ne connais pas personnellement Jacques Ferrandez, né sur une autre rive comme moi dont les ancêtres pêchaient le corail vers Bône (aujourd’hui Annaba) du temps déjà du « Bastion de France », mais par un oncle qui est son petit cousin, je le salue bien bas lui et son œuvre.

BD LE PREMIER HOMME

Jacques Ferrandez a déjà réalisé une BD à partir de « l’Étranger » d’Albert Camus, autre natif ultramarin écartelé entre ses convictions libertaires et son refus absolu du terrorisme aveugle : « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice ».

BD LE PREMIER HOMME

Le Premier Homme est la dernière œuvre d’Albert Camus, retrouvé miraculeusement intact dans les débris de l’automobile Facel-Véga que conduisait Michel Gallimard le 4 janvier 1960 sur la Nationale 6. Ce roman inachevé, simple manuscrit d’abord dactylographié par les soins de sa veuve Francine avant d’être oublié pendant trente-cinq ans, est enfin publié en 1994 par les éditions Gallimard. Un ouvrage autobiographique, à la fois retour analytique sur le passé et justification sociale et philosophique : « je pense d’où je viens… »

ALBERT CAMUS
ALBERT CAMUS

Le Premier Homme raconte plusieurs vies. D’abord celle d’Henry Cormery qui vient prendre peu avant la Guerre de 14-18 la gérance d’une petite ferme dans un petit village près de Bône. À leur arrivée, sa femme met au monde un fils, Jacques. De cet Henry Cormery, on sait qu’il fut tôt orphelin de ses parents, Alsaciens comme tant d’autres réfugiés de la Guerre de 70, qu’il a servi comme zouave dans des actions de pacifications lors de son service militaire et qu’il disparut lors de l’offensive de la Marne.

BD LE PREMIER HOMME

Jacques Cormery n’a pas connu son père. Il se rend quarante ans plus tard sur sa tombe dans le carré militaire de la ville bretonne de Saint-Brieuc. Il retourne ensuite à Bône pour rencontrer sa mère afin de tenter de comprendre un peu plus qui était son père. Mais sa mère, enfermée dans un quasi-mutisme, ne lui apprend que peu. Sa quête se poursuit auprès de divers témoins : un médecin, un colon et son journalier.

BD LE PREMIER HOMME

Jacques se souvient de son enfance très pauvre dans une famille illettrée, auprès de sa grand-mère avec son oncle, sourd et muet, et sa mère esseulée. Dès l’école, il ressent la différence sociale, la pauvreté. Mais l’enfant est très intelligent et son instituteur, père philosophique de substitution, réussit à convaincre la grand-mère, véritable « Mater Familias » de le laisser passer l’examen afin d’entrer au lycée.

BD LE PREMIER HOMME

Puis c’est la découverte du monde de la culture et de l’arrogante bourgeoisie algéroise. La BD Le Premier Homme accompagne Jacques Cormery, alias Albert Camus, dans son parcours qui le conduit du Lycée à son retour dans l’Algérie des années 50 en proie à la Terreur qu’il réprouve même s’il en comprend les motifs de révolte. « Cette traversée du siècle nous montre que l’histoire broie les êtres sans racines, sans nom et sans passé. Ils font l’histoire en se défaisant pour toujours ».

BD LE PREMIER HOMME

Sa vie durant, Albert Camus recherchera la Vérité, sa vérité. Son génie fut une « porte de sortie » d’une existence qui paraissait promise aux convenances sociales et à la médiocrité. La BD Le Premier Homme se termine sur un bateau qui traverse la Méditerranée, image hautement symbolique : la Mer (mère), transition, exode…

JACQUES FERRANDEZ
JACQUES FERRANDEZ

Une fois encore, saluons le travail explicatif de Jacques Ferrandez qui éclaire une période de l’histoire qui concerne intimement encore 4 à 5 millions de personnes qui vivent en France, dont une partie cherche à comprendre « sans regrets ni remords ». À leur service, une bande dessinée dont la qualité du dessin et de la lumière africaine éclairent une partie des énigmes.

BD Le premier Homme Jacques Ferrandez d’après l’œuvre d’Albert Camus. Préface : Alice Kaplan. Genre : Adaptation. Collection : Fétiche. Date de parution : 21 septembre 2017. 184 pages. 24,5 €. 210 x 280 mm. ISBN : 9782075074155

RENNES, LA LUNE DE RETOUR À LA PISCINE SAINT-GEORGES EN JANVIER 2018

À la piscine Saint Georges de Rennes, après le succès de juillet, les Rennais nageront de nouveau au clair de lune du 7 au 28 janvier 2018 ! Grâce à l’œuvre de Luke Jerram, Museum of the Moon, à l’invitation des Tombées de la nuit. L’artiste plasticien en dit un peu plus à Unidivers. In the moon for love

Samedi 27 janvier, de 20H à minuit, soirée nocturne dans le cadre de l’installation Museum of The Moon à la piscine Saint-Georges. Une nocturne en musique avec les Dj rennais Barbes & Velours. Venez nagez en musique ! Venez vous déhancher dans l’eau !

lune piscine saint-georges rennes

Les nageurs de la piscine Saint-Georges à Rennes vont être nouveau de surpris… Sept mètres de diamètre, une imagerie en très haute résolution (un centimètre correspond à 5 km de la surface de la Lune, ce qui offre une rare précision de détails), gonflée à l’hélium et éclairée de l’intérieur. Voici l’œuvre que présente aux Rennais Luke Jerram, artiste britannique, notamment connu pour ses œuvres participatives telles que les pianos en accès libre Play Me, I’m Yours ou son toboggan géant Park and Slide.

LUKE JERRAM

À l’origine du projet, une fascination pour la lune. Avec Museum of the Moon, une œuvre dont les interprétations sont aussi multiples que ses différentes expositions, Luke Jerram invite à partager son attrait passionné pour la figure de la lune.

lune piscine saint-georges

Ce projet de l’artiste remonte a plus de quinze ans. Il lui a été en partie inspiré par sa ville natale Bristol. Il s’agit de la ville d’Europe qui présente la plus haute gamme de marée. C’est précisément en observant les marées que Luke Jerram a pris conscience de la puissance de Lune (qui les influence grâce à l’attraction gravitationnelle).

lune piscine rennes

Si quinze ans ont été nécessaires à la création de Museum of the Moon, Luke Jerram a bénéficié d’une technologie récente pour produire son œuvre. En effet, sa lune est réalisée à partir d’imageries en haute résolution rendues disponibles par la NASA. Objectif : rendre son travail aussi réaliste que possible. Pour la large majorité des terriens : « cela sera la rencontre la plus intime, proche et personnelle qu’ils auront avec la Lune ».

lune piscine moon rennes

Du reste, « chaque culture a sa propre relation à la Lune, laquelle varie d’un pays à un autre » – nous explique Luke Jerram. La lune a été toujours été un « miroir culturel de nos croyances, de nos compréhensions du monde et de nos façons de voir les choses ». En effet, selon la culture, les significations rattachées à la lune varient et les relations diffèrent.

luke jerram moon rennes

Ainsi, Museum of the Moon, à travers ses différents lieux d’exposition, se confronte aux différences et ressemblances des cultures dans leur rapport à la Lune. Selon le lieu d’exposition (elle a déjà été exposée dans des musées, une cathédrale ou une université), l’interprétation faite par les spectateurs varie.

lune piscine rennes

Mais la singularité de chaque exposition ne s’arrête pas à l’interprétation faite en fonction de la culture. L’exposition varie aussi par les différentes architectures dans lesquelles la Lune est exposée, tout comme les événements associés. D’un concert de musique classique à une piscine, la Lune incarne dans chaque lieu une création et une performance singulières.

luke jerram moon

Connu pour ses œuvres participatives, l’artiste plasticien livre une nouvelle œuvre presque participative elle aussi tant elle varie selon le lieu et le public. « Comme beaucoup de mes œuvres, comme Play Me, I’m Yours et Withdrawn, ce travail offre des opportunités pour des collaborations et des apports créatifs des autres ».

LUKE JERRAM

Avec cette lune au-dessus du bassin de la piscine Saint-Georges de Rennes, Luke Jerram touche un public large. La réception est jusqu’à présent très favorable. Il nous confie qu’un soir à Marseille, il avait fait installer des transats sous sa Lune, en quelques minutes seulement toutes les chaises étaient occupées par des groupes et des couples se tenant les mains… au clair de lune. In the moon for love…

*

Lune à la Piscine Saint-Georges. Accès gratuit pour découvrir l’installation. Tarifs de la piscine pour l’accès au bassin. Horaires de la piscine Saint-Georges de Rennes

samedi 14:00–19:00
dimanche 09:00–14:00
lundi Fermé
mardi 12:00–14:00
mercredi 17:00–22:00
jeudi 12:00–14:00, 19:00–22:00
vendredi 12:00–14:00

*

Photos : Lénaïc Jaguin

Photo de Une : Daniel Enocq, spécialiste des mosaïques Odorico à Rennes.

lune piscine saint-georges

PARUTIONS BD JANVIER 2018 SOUS LE SIGNE DE LA GUERRE

Près de la cheminée, l’occasion est belle de se réchauffer auprès de belles lectures. Les éditeurs de BD ouvrent l’année avec quelques parutions… souvent guerrières…

Les agapes sont passées ou, plutôt, en passe de s’évanouir dans des vapeurs évanescentes ! Pour permettre un retour en douceur sur la terre ferme, les parutions BD repartent d’un pied ferme et nous proposent au cours de ce premier mois de l’année quelques nouveautés originales.

La vedette de ce mois pourrait probablement être la publication du tome 10 (l’or maudit) de Bouncer (1), ce fameux « manchot » qui a en charge la sécurité d’un saloon et concurrence le succès d’Undertaker ou de Stern dans le cadre de ces westerns inspirés de professions annexes comme celle de croque-mort. Premier ouvrage d’un diptyque qui a la particularité d’être publié intégralement en deux mois, le Bouncer partira à la recherche d’un trésor dans des contrées inhospitalières. Des décors probablement sublimés par le talent graphique de Boucq.

bd Bouncer

Autre forme de la guerre, celle d’une guerre civile cette fois-ci. Avec Seule (2), nous est racontée la guerre d’Espagne, du point de vue d’une petite fille de sept ans, Lola, qui découvre l’anéantissement de son village par un bombardement d’avions franquistes. Un récit qui allie l’intime avec l’histoire d’un pays, puisque les faits sont tirés des souvenirs de la grand-mère de Ricard Efa, l’un des auteurs de la BD.

bd Seule

Autre guerre civile, irlandaise cette fois-ci, que met en image Pierre Alary qui adapte en BD l’exceptionnel roman de Sorj Chalandon, dont il conserve d’ailleurs le titre : Mon traître (3). On attend avec impatience le résultat de ce défi et de la mise en image de ressorts psychologiques liés à la trahison d’une cause politique par un membre de l’Ira, en fait agent britannique pendant plus de 25 ans.

bd Mon traître

De guerre il en est encore question avec la réédition de Notes pour une histoire de guerre (4) de Gipi, BD publiée en 2005 et primée notamment au festival d’Angoulême. Le succès immense en 2017 de La Terre des Fils n’est sans doute pas étranger à ce retour du récit d’une histoire d’adolescents acteurs d’une « guerre » entre villages et zones de non-droit. L’occasion de découvrir les débuts d’un auteur immense et original.

bd Notes pour une histoire de guerre

Bruno Duhamel débute presque chez Grand Angle avec son deuxième ouvrage chez l’éditeur, « Jamais » (5), l’histoire de Madeleine, 95 ans, aveugle de naissance qui refuse la menace de l’effondrement des falaises normandes de Troumesnil (sic). Normand, l’auteur a probablement été inspiré par son environnement naturel. Une couverture qui appelle à la tendresse dans une collection toujours remarquable.

bd Jamais

Les plus petites maisons d’édition réalisent souvent des prouesses avec des moyens publicitaires réduits et en osant des sujets a priori moins « porteurs ». « La Boîte à bulles » qui a notamment publié des BD de Bruno Loth consacrées à la guerre d’Espagne (« Ermo ») ou aux mémoires de son père ouvrier (« Apprenti ») s’attache cette fois ci aux conditions de vie en Territoire occupé. José Pablo Garcia est ainsi parti dans « Vivre en Terre Occupée » (6) à la découverte des habitants de Cisjordanie et de Gaza pour livrer un témoignage annoncé comme « sans a priori et plein d’humanité ».

bd José Vivre en Terre Occupée

Chez le même éditeur sort également « Bleu Amer » (7), BD qui raconte l’irruption au printemps 44 d’un parachutiste américain sur l’île de Chausey, perturbant la vie quotidienne des habitants.

Bleu Amer bd

Autre soldat américain, le soldat Lincoln qui se morfond en 1944 à Douvres et va renouer le lien avec les mémoires d’Angéla Brown, domestique qui décide de transformer le premier drapeau américain en hommage révolutionnaire. « Cinq branches de coton noir » (8) est une BD en noir et blanc qui se propose de retranscrire les deux siècles d’histoire des États-Unis.

Cinq branches de coton noir

Le continent américain est décidément l’honneur en ce premier mois de l’année avec le tome 2 de « Giant » (9) cette série, qui a débuté magnifiquement en situant son histoire dans le cadre de la crise de 1929 et des gratte-ciels New Yorkais, et devrait prolonger son succès initial.

bd giant

Le huitième tome de « L’Ambulance 13 » (10) sera sans aucun doute conforme aux attentes de ses lecteurs habituels pour une série consacrée à la première guerre mondiale. Cette BD annonce la dernière mission du capitaine Bouteloup en 1918.

L'Ambulance 13

Le hasard de cette sélection démontre que la guerre est un thème récurrent en ce début d’année 2018 chez les éditeurs, alors que comme l’écrit Yuval Noah Harari dans « Homo deus », elle n’a jamais été aussi peu présente sur la terre. Une manière pour les auteurs de s’infiltrer dans des espaces d’exception. Et de partager ces moments avec leurs lecteurs…

 

1) « L’Or Maudit » tome 10 de Bouncer. François Boucq. Sortie le 10/01/2018. Le deuxième volet sera édité le 07/03/2018. 80 pages. 18 €.
(2) « Seule » de Ricard Efa et Denis Lapière. Éditions Futuropolis. 72 pages. 16€ ; Parution le 04/01/2018.
(3) Éditions Rue de Sèvres. 144 pages. Parution le 10/01/2018. 20€.
(4) Éditions Futuropolis. 144 pages. Parution le 04/01/2018 . 23€.
(5) Parution le 10/01/2018. 54 pages. 15,90€.
(6) Parution le 10/01/2018. 88 pages. 15 €.
(7) Parution le 10/01/2018. Scénario : Sylvère Denné. Dessin : Sophie Ladame. 128 pages. 20€.
(8) Parution le 19/01/2018. Dessin : Cuzor. Scénario : Sente. Collection Aire Libre.176 pages. 24€. Édition spéciale éditée à 777 exemplaires : 40 €.
(9) Parution le 19/01/2018. Auteur : Mikael. 14€.
(10) : L’Ambulance : D’un enfer l’autre. Scénario : Ordas. Dessin : Mounier. Collection Grand Angle. Parution le 10/01/2018. 46 pages. 13,90€.

SMING À RENNES, VENEZ DIRIGER L’ORCHESTRE DU CONSERVATOIRE !

Dernière création du studio belge SUPERBE, le principe de SMing est comme d’habitude simple et bluffant à la fois – ce qui est en fait la recette des meilleurs jeux. A l’invitation des Tombées de la nuit, l’installation est proposée à la Chapelle du conservatoire de Rennes du 30 décembre au 7 janvier de 15h à 20h.

SMing est un concept de chorale interactive. Plus précisément le joueur (et futur chef d’orchestre) est numérisé de manière audiovisuelle (sa voix et son visage). Il est ensuite démultiplié pour incarner toutes les voix d’une chorale, de l’alto au soprano, de la basse au ténor. Il devient alors le chef d’orchestre d’une chorale composée par un multiple de lui-même ! Le joueur est ainsi plongé dans une expérience narcissique ultime digne des plus belles scènes de « Dans la peau de John Malkovich ».

SMing, Chapelle du conservatoire, 26 Rue Hoche Rennes

Les Tombées de la nuit proposent une visite pour les personnes mal et non voyantes de l’installation SMing, une chorale virtuelle avec votre propre voix ! Le samedi 6 janvier 2018 à 14h dans la Chapelle du Conservatoire (26 rue Hoche) durée : 1h.

SAM 30 DÉC 2017
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
DIM 31 DÉC 2017
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
MAR 02 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
MER 03 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
JEU 04 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
VEN 05 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
SAM 06 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes
DIM 07 JAN 2018
15:00 > 20:00
Chapelle du Conservatoire, Rue Hoche, Rennes

SMing
SMing à la Chapelle du conservatoire de Rennes du 30 décembre au 7 janvier de 15h à 20h.

LA REINE DE TIRANA, FRÉDÉRIC MITTERRAND RACONTE L’ALBANIE

À travers l’extraordinaire destin d’une jeune Hongroise devenue reine d’Albanie en 1938, Frédéric Mitterrand retrace un siècle de l’histoire tourmentée de ce petit pays des Balkans. La Rose de Tirana, un documentaire de Frédéric Mitterrand à découvrir sur Arte.

La rose de Tirana

Rien ne la prédestinait à épouser un roi. Fille d’un comte hongrois désargenté et d’une Américaine, Géraldine d’Apponyi de Nagy-Appony a cinq ans lorsque, au sortir de la Première Guerre mondiale, l’empire austro-hongrois est démantelé. Sa famille s’établit alors en Suisse puis à Menton en 1924, à la mort de son père. Remariée à un officier français, sa mère l’envoie alors parfaire son éducation dans un pensionnat autrichien. À son retour à Budapest, Géraldine vend des souvenirs dans la boutique du Musée national. Mais lors d’un bal où la jeune débutante est conviée en 1938, sa beauté fait sensation. Publiée par un magazine, sa photo, prise au cours de la soirée, retient l’attention des sœurs de Zog Ier, roi autoproclamé d’Albanie depuis 1928. Célibataire de confession musulmane, le monarque, qui désespère à 43 ans de fonder un foyer, invite ainsi Géraldine à découvrir son pays. Malgré les vingt ans qui les sépare, le coup de foudre est immédiat…

La rose de Tirana
La reine Géradine d’Albanie et son fils Leka

Au travers du destin romanesque de Géraldine d’Apponyi, surnommée «la rose blanche de Tirana», c’est l’histoire aussi tourmentée que méconnue
de l’Albanie que retrace, au fil d’un récit captivant, Frédéric Mitterrand. Nourri de surprenantes archives et d’une interview du prince héritier Leka II, le petit-fils du couple royal, son film entremêle romance et soubresauts politiques, diplomatiques et militaires, de l’émancipation de la tutelle ottomane au début du XXe siècle à la chute de l’une des dictatures communistes les plus répressives d’Europe sous le joug d’Enver Hoxha, en passant par l’annexion du pays par Mussolini en 1939. Zog Ier, lui, meurt en 1961 en France, sans avoir revu son palais de Durrës, désormais en ruine, et Géraldine, en 2002, quelques mois seulement après avoir retrouvé Tirana, sa terre d’adoption, au terme d’un exil de soixante-trois ans.

Entretien avec Frédéric Mitterrand

Après votre documentaire sur le Cheikh Zayed (diffusé sur ARTE en 2015), pourquoi ce portrait de Géraldine d’Albanie, elle qui fut reine moins d’un an ?

Frédéric Mitterrand : Je l’ai rencontrée en 1989, pour l’émission Du côté de chez Fred. Elle m’intriguait : comment expliquer qu’une femme qui n’avait été reine qu’une petite année puisse garder, cinquante ans après sa chute, un si grand prestige auprès des autres familles royales ? Durant notre rencontre, elle avait été absolument délicieuse. C’était l’ancien monde, mais avec tout son charme et sa gentillesse. Par ailleurs, j’ai une relation très particulière avec l’Albanie, dont plusieurs de mes proches sont originaires. Je me sens solidaire de ce pays, et donc de son histoire. Son mariage avec le roi Zog Ier, en avril 1938, a passionné les foules. Pourquoi ? Il s’agit en quelque sorte du dernier sourire de l’Europe avant la catastrophe. C’était aussi le début de la presse people en France : le numéro de Match, qui venait d’être créé, avait été tiré à plus d’un million d’exemplaires. Ce mariage était en fait une répétition générale de celui de l’actrice Grace Kelly avec le prince Rainier de Monaco.

La rose de Tirana
Géraldine Apponyi, née comtesse Géraldine Margit Virginia Olga Mária Apponyi de Nagy Appony, le 6 août 1915 à Budapest et morte le 22 octobre 2002 à Tirana, a été reine consort d’Albanie entre 1938-1939, par son mariage avec le roi Zog Ier.

Et pourtant, onze mois plus tard, le couple royal, renversé par les fascistes, doit fuir le pays…

Frédéric Mitterrand : Ce sont les proscrits de la Vieille-Europe. Poursuivis par des hommes de main du comte Ciano, le gendre de Mussolini, ils ont dû prendre la fuite, multiplier les points de chute. On le trouve en Grèce, en Turquie, en Roumanie, en Norvège, aux Pays-Bas, en Angleterre et en Espagne. Après avoir été, après la guerre, accueillis par le roi Farouk en Égypte, Nasser confisque leurs biens et les chasse. Ils trouveront en France une existence un peu plus paisible.

Vous dîtes que les Albanais lui vouent presque un culte aujourd’hui. Comment l’expliquez-vous ?

Frédéric Mitterrand
Frédéric Mitterrand

Frédéric Mitterrand : C’est quelque chose effectivement d’assez surprenant. Mais comme toujours chez les gens qui ont vécu sous un régime abominable pendant des décennies, en l’occurrence une dictature communiste féroce, il y a une nostalgie de l’innocence. Or, Géraldine était précisément l’image de l’innocence. Durant son exil, elle a aussi été très solidaire des Albanais ; elle s’est occupée d’eux. Ici en obtenant des cartes de séjour, là en aidant les familles dans la gêne. Les gens l’ont su. Lorsqu’elle est rentrée en Albanie en 2002, six mois avant sa mort, son retour a été un moment de catharsis nationale. (Propos recueillis par Raphaël Badache)

ARTE MARDI 2 JANVIER 2018 À 22.50, La Rose de Tirana, Documentaire de Frédéric Mitterrand Coproduction : ARTE France, SK Médias (France, 2015, 1h18mn)

EXPOSITION DALI NANTES, SALVADOR À LA ROSIÈRE D’ARTOIS

L’exposition Dali à Nantes se déroule du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018 à l’Hôtel La Rosière d’Artois. Belle occasion, après la réouverture du Musée d’arts de Nantes l’été dernier, de braquer les projecteurs sur le dynamisme culturel de la cité des Ducs de Bretagne. Unidivers a assisté à l’installation des premières œuvres et à la présentation de cette exposition par le maître des lieux Jean-Michel Moutot en compagnie de Julia Strauss, chargée de communication de l’Espace Dalí à Paris.

Un curieux ballet se jouait vendredi 22 décembre devant l’hôtel La Rosière d’Artois, lieu qui accueille l’exposition Dali pour une durée de trois mois, du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018. Savamment orchestré par une équipe chevronnée, les bronzes, imposants parfois, encore entourés de leur chrysalide de plastique, et autres caisses trouvaient un par un leur place dans les pièces de l’hôtel.

dali nantes
Dali Saint georges et le Dragon© IAR Art Resources / Espace Dalí

Plus de 300, c’est le nombre d’œuvres composant la plus grande collection privée de France de Salvador Dalí. Constituée de sculptures, objets, mobilier, œuvres graphiques, elle appartient à un collectionneur privé, amateur d’art, qui est également éditeur d’art des bronzes de Dalí. Dans le cadre de la rénovation en 2018 de l’Espace Dalí où elle est habituellement présentée, la collection est déplacée pour la première fois en 25 ans.

Dali Noblesse du temps
Dali Dali Noblesse du temps © IAR Art Resources / Espace Dalí

On l’imagine facilement : nombreux étaient les lieux en lice pour accueillir la collection – dix villes au total. Après un examen des dossiers, c’est finalement l’hôtel La Rosière d’Artois de Nantes qui retient l’attention de l’équipe parisienne. Un choix motivé d’abord par la vitalité du contexte culturel nantais bénéficiant de l’élan impulsé par le Musée d’Arts de Nantes. D’autant que Nantes n’avait jusqu’à aujourd’hui jamais accueilli d’exposition Dali. Des qualités humaines et un professionnalisme ont entériné ce choix. L’hôtel particulier de La Rosière d’Artois – dont la construction remonte à 1870 – est depuis trois ans un espace dédié à la réception d’événements professionnels et privés. Pour Julia Strauss, ce lieu qui allie l’ancien et le moderne « avec beaucoup de style et de caractère » est en adéquation avec la personnalité de Salvador Dalí.

epo dali nantes
Dali Elephant spatial © IAR Art Resources / Espace Dalí

Cet « écrin d’inattendu », promesse de l’hôtel, ne pouvait rêver mieux qu’une exposition consacrée aux œuvres de l’artiste catalan, représentant majeur du mouvement surréaliste. Sans grand risque d’ailleurs à en croire Julia Strauss pour qui « tout le monde est sensible à Dalí ». Force est de constater que le nom du maître est souvent rattaché à des expositions dites « blockbuster », à l’image de la rétrospective Dalí en 2012 au Centre Pompidou de Paris.

exposition dali
Dali La Vénus spatiale © IAR Art Resources / Espace Dalí

Le parcours, différent de celui de l’Espace Dalí, est conçu en fonction des contraintes logistiques et sur un jeu d’échos d’une œuvre à une autre. Au-delà de son emblématique moustache, maintes fois immortalisée par Philippe Halsman, de sa publicité pour le chocolat Lanvin ou, encore, de ses tableaux les plus connus à commencer par La Persistance de la Mémoire (les Montres Molles), l’exposition met en exergue des aspects moins connus de son œuvre.

exposition nantes dali
Dali La vision de l’Ange © IAR Art Resources / Espace Dalí

Les grands leitmotivs dans l’œuvre de Dalí, traités selon plusieurs techniques, témoignent de son éclectisme. Ces œuvres résultent notamment de la mise au point par l’artiste de la « méthode paranoïaque-critique » qui fonctionne par associations d’images. Pour le torse féminin de La Vénus spatiale (1977), Dalí emprunte à la statuaire antique et substitue une montre molle à la tête. Les deux fourmis sont là pour rappeler sa phobie des insectes tandis que l’œuf, à la section du corps, signifie le renouveau autant que la dualité dur / mou, présente chez le homard et l’escargot, autres motifs de l’univers dalinien. Hybridation des animaux également avec L’Éléphant Spatial (1980), aux oreilles de chauve-souris, une queue de cochon et une barbe de chèvre. Vision onirique d’un éléphant monté sur échasses, déjà présent dans le tableau La Tentation de Saint Antoine (1947), entre fragilité de l’équilibre et démesure. Autre créature hybride, le personnage mythologique du Minotaure (1981) à la tête de taureau-loup et au corps de femme, érigé sur son socle dont les silhouettes qui y sont représentées semblent imiter la pose.

Dali Homme Oiseau
Dali Homme Oiseau © IAR Art Resources / Espace Dalí

Aux sculptures en bronze répondent les œuvres graphiques, autre part importante de l’exposition. Elles révèlent toute l’érudition de Dalí et son goût pour les grands textes de la littérature : de la Bible à Romeo et Juliette en passant par la Divine Comédie de Dante. Un ensemble de onze lithographies consacré à Alice au Pays des Merveilles (1969) présente la rencontre de l’univers merveilleux de Lewis Carroll avec celui de Dalí. Le personnage d’Alice d’ailleurs transposé dans la tridimensionnalité avec un bronze de 1977.

nantes dali
Dali Alice au pays des merveilles © IAR Art Resources / Espace Dalí

Dalí nourrissait de plus une fascination pour les mathématiques et les sciences, la psychanalyse de Freud notamment dont il étudia le corpus. Dalí illustrera également L’Alchimie des Philosophes (1975), recueil de textes d’alchimistes parus entre les IIe et XVIIe siècle.

expo dali nantes
Julia Strauss et Jean-Michel Moutot

S’ajoute enfin une série d’objets dont le très iconique Canapé lèvres de Mae West (1974) dont la forme reprend celle des lèvres pulpeuses de l’actrice hollywoodienne.

exposition dali nantes

Un atelier d’artistes prend place dans le jardin de l’hôtel durant le temps de l’exposition. Les artistes sont invités à créer en s’inspirant de ce cadre des plus stimulants. Une série d’ateliers créatifs à destination des enfants est également organisée le mercredi. Ces ateliers autour de l’œuvre de Dalí proposent de s’essayer à la technique du modelage, s’exercer au cadavre exquis ou encore à la technique de l’anamorphose.

expo dali nantes

Autre surprise à venir : l’installation Cours Cambronne d’une version de près de 4 mètres de La Vénus Spatiale. De quoi ravir les passionnés de Dalí. Après Londres, Shanghai, Pékin, Nantes aura désormais elle aussi sa version monumentale d’une œuvre de Dali.

Hôtel La Rosière d’Artois
Hôtel La Rosière d’Artois

 

Nantes exposition Salvador Dali, du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018, Hôtel La Rosière d’Artois 35 rue de la Rosière d’Artois Nantes. 02 49 44 65 35

Horaires : Du lundi au dimanche : 10h30 – 19h30
Nocturne le jeudi et le vendredi : 9h – 22h30

Tarifs : 12 euros visite guidée / 8 euros plein tarif / 6 euros tarif réduit

contact@larosieredartois.com www.expodalinantes.fr

 expo dali la rosiere nantes

MICHEL MAFFESOLI, « L’ÉCOSOPHIE, UNE ÉCOLOGIE POUR NOTRE TEMPS »

Entretien avec Michel Maffesoli qui a signé Écosophie, une écologie pour notre temps. Un livre dépaysant à l’écriture baroque et à la sagesse populaire un brin polythéiste. Objectif : réenchanter le monde ! Du côté de Dionysos…

michel maffesoli écosophie

Michel Maffesoli, écosophie résonne bien sûr avec écologie. Quelle est donc cette ligne de partage que vous instituez entre ces deux termes voisins? Et quels sont les signes de cette écosophie?

Michel Maffesoli – Bien sûr, les deux mots sont indubitablement voisins, quoique je ne parle jamais d’écosophisme, mais d’écosophie. J’emploie à dessein le mot écosophie plutôt qu’écologie pour me distinguer de ce qu’est devenue l’écologie en France, c’est-à-dire une écologie politique, un courant voire un parti politicien. Or ce dont je parle est de l’ordre de la culture, une ambiance de l’époque, la résurgence de l’attention à notre nature commune. La différence entre l’écologie et l’écosophie, c’est que la première parle du respect de la nature par l’homme, alors qu’il me semble qu’il faut parler de notre appartenance à la nature, l’espèce humaine est une des espèces animales et n’est donc pas extérieure à la nature.

De multiples signes témoignent de cette écosophie : les divers mouvements de défense de la faune, de la flore, des territoires bien sûr, mais aussi l’importance donnée au local, à l’enracinement dans un territoire.

Michel Maffesoli
Michel Maffesoli

L’enracinement dynamique est selon vous le « cœur battant » de votre travail. Avec Écosophie, nous y sommes en plein. Expliquez-nous cette proposition.

Michel Maffesoli – J’ai employé ce bel oxymore d’enracinement dynamique en 1978 pour « résumer » ce qui fait notre époque, postmoderne. Notre rapport au temps a changé. Pour la modernité, il fallait « dépasser le passé » pour se « projeter » dans l’avenir, le Paradis ou le paradis sur terre : la société parfaite. Les jeunes générations sont plutôt à la recherche de racines, d’un passé intégré au présent (la tradition) tout en refusant l’immobilisme. C’est cette intensité du présent, qui intègre le passé et est gros de son futur que j’appelle l’enracinement dynamique. Ni la flèche du temps de la modernité, ni le cercle de la pré-modernité, mais une spirale : reprise du passé, mais légère torsion. Non pas le mythe du Progrès, mais une philosophie progressive !

En vous lisant, Michel Maffesoli, on est frappé par cette alternance, ce dialogue, entre souci situationniste, libertaire, anarchiste et valeurs d’ordre, entre adages classiques et ruptures sémantiques…

Michel Maffesoli – Les situationnistes disaient : « Nos idées sont dans toutes les têtes ». C’est la tâche que je me suis toujours fixée : dire ce qui est et non pas ce que je voudrais qui soit ou ce qui devrait être. Or la réalité est « complexe » (Edgar Morin) et cette complexité c’est aussi ce qu’on appelle le « contradictoriel » (Gilbert Durand, Stéphane Lupasco), la coexistence d’opposés. Mais nous parlons « d’harmonie conflictuelle » : situationniste au sens où ce qui prime c’est ce qui est, la situation ; libertarien et anarchiste au sens où il me semble que de plus en plus se met en place un « ordre sans l’État » (Elisée Reclus) ; c’est-à-dire un ordonnance sans instance surplombante . Ordre, oui bien sûr, mais « l’ordre des choses », c’est-à-dire qu’il y a des lois de la nature et qu’avoir voulu les changer (progressisme) a mené aux dévastations que l’on sait.

Quant à mon utilisation de la culture classique un peu détournée (ruptures sémantiques), vous l’avez compris, c’est mon style, c’est à dire le cœur de mon travail. 

michel maffesoli écosophie

Vous pratiquez donc à l’envi l’oxymore, à la fois dans votre pensée et votre écriture. Cette propension de l’alliance des contraires, des discordes concordantes, des conjonctions opposées, comme cette « transcendance immanente », semble signer votre œuvre. De même vous questionnez en permanence le sens et l’origine des mots… Un jeu apparemment jouissif ?

Michel Maffesoli – L’oxymore est, je pense, la figure de style de notre postmodernité. Transcendance immanente oui, c’est-à-dire retour d’une religiosité, d’un « sacral », d’un rapport au sacré qui passe par le rapport aux autres, à la communauté, aux communautés, à la nature et non pas par des dogmes imposés d’en haut, que cet « En haut » soit Dieu ou l’État.

Quant à mon amour des mots et de leurs étymologies, je ne fais que suivre certains de mes maîtres philosophes, Nietzsche, Heidegger. Penser, c’est tenter de trouver les mots les plus justes possible pour dire l’époque et ses changements. « Redonner un sens plus pur aux mots de la tribu » disait Mallarmé.

La postmodernité est vôtre, Michel Maffesoli. Dites-nous en plus…

Michel Maffesoli  La postmodernité est nôtre, puisque c’est notre époque. À la suite de Michel Foucault qui parla d’épistémè, de Thomas Kühn (paradigme), de Gilbert Durand (bassin sémantique), je pense que chaque « époque » (trois à quatre siècles) est déterminée par un certain nombre de grandes figures, de mythes, un imaginaire. Parler de postmodernité, à la suite de Jean-François Lyotard, c’est simplement dire que notre époque est en rupture avec la grande période de la modernité, celle qui vit s’installer l’individualisme, le contrat social, le rationalisme et le scientisme, le productivisme. Ce n’est pas une critique de ces notions, c’est juste le constat du fait qu’elles sont saturées, que l’opinion publique n’y croit plus. Ces mots ne sont plus pertinents pour rendre compte de l’ambiance contemporaine. Nous peinons encore à saisir les valeurs émergentes : la communauté plutôt que l’individualisme, l’appartenance et la collaboration plutôt que la compétition, le sacral plutôt que le laïcisme rationaliste et athée, la recherche de la qualité plutôt que la croissance frénétique…

Tribu, nomadisme, écosophie, réenchantement du monde, communions émotionnelles, instant éternel, voilà autant de mots par lesquels j’entends me faire l’écho de notre postmodernité. Étant, bien entendu, que la fin d’un monde n’est pas la fin du monde. Chaque décadence est annonce d’une Renaissance !

Michel Maffesoli Écosophie, Edition du Cerf, janvier, 2017, 254 p., 19€

michel maffesoli écosophie
MICHEL MAFFESOLI : L’ÉCOSOPHIE, UNE ÉCOLOGIE POUR NOTRE TEMPS

Biographie

Membre de l’Institut universitaire de France, Professeur émérite à la Sorbonne, administrateur du CNRS, Michel Maffesoli est l’auteur de nombreux ouvrages marqués par un souci de « l’altérité », notamment Le Temps des tribus (1988), Le Réenchantement du monde (2007), La Parole du silence (2016).

Les fils directeurs de son travail : l’hédonisme, le tribalisme et le nomadisme. L’élément central : la distinction entre Pouvoir et Puissance. Son ambition : accomplir une archéologie de la « postmodernité ».

Il fut l’élève de Gilbert Durand, un des maîtres des sciences de l’imaginaire, à la suite de Jung, où mythes, rêves, fantasmes mènent la ronde et enrichissent un inconscient collectif qu’il s’agit de décrypter.

Michel Maffesoli est connu pour ses directions de thèses sur des sujets en pointe et souvent périlleux : les rassemblements techno, la cyberculture, les sexualités « déviantes », l’astrologie…

Ses influences sont multiples : Héraclite, Hölderlin et Heidegger. Aristote, Thomas d’Aquin, Angelus Silesius… Mais à vrai dire la liste est longue.

VIP RENNES, ANNE LECOURT, ÉCRIRE ET TRADUIRE AUTRUI

Anne Lecourt est l’invitée du Carré VIP (VieillePie), l’émission de radio dédiée aux femmes de plus de 50 ans (mais pas exclusivement !). Codiffusée par RCF Radio Alpha et Unidivers.fr, retrouvez Marie-Christine Biet et ses invitées deux fois par mois à la radio et sur le web.

La VIP du 27 décembre est Anne Lecourt. Sa vie n’est pas linéaire et son profil a plusieurs visages. Elle était traductrice jusqu’en 2015.

Mais j’aime rencontrer les gens
J’aime raconter des histoires de vie
J’aime penser que l’on sème
et qu’on laisse des traces derrière soi…

Aujourd’hui, elle se tourne résolument vers l’écriture. Ce qui, finalement, s’inscrit dans le prolongement de son premier métier : traduire l’humeur des gens, traduire l’air du temps. Être un instrument au service de la pensée d’autrui. Des oreilles et une plume.

Et comme la musique est un autre langage, que ce langage lui parle et qu’elle la pratique quotidiennement depuis des années avec les gens qu’elle aime, elle s’aventure à la proposer comme support, comme vecteur, comme complément de la narration.

Dans le sillage des passeurs de mémoire, je m’intéresse au collectage et à la transmission d’une culture orale en voie de disparition…

Parce que transmettre de personne à personne, de génération en génération, véhiculer des musiques anciennes, des souvenirs personnels, échanger des croyances et des rites familiaux, des pratiques ou des tours de main, c’est sauvegarder un territoire dans son ensemble, avec toute la diversité de sa mosaïque humaine.

L’écriture n’est pas qu’une fabrique de l’imaginaire, elle a le pouvoir de préserver la mémoire collective, d’ancrer dans un lieu et de là, permettre le tissage tout autour.

Sa “déclaration” va à Marie, 94 ans, l’une des héroïnes du livre Les discrètes, paroles de Bretonnes (éd. Ouest-France)
Son coup de cœur va à Karine Nicolleau, 49 ans, photographe, à l’origine de l’association YADLAVIE à Rennes.

Les choix musicaux d’Anne
– Jeanne Moreau : « J’ai la mémoire qui flanche ».
– Alina Orlova (album Mutabor) « Lichoradka »
– Lena Jonsson (album sur le chemin – Duo Jonsson Coudroy), « La tête en caoutchouc »

RENNES ANNE LECOURT

RENNES, LE DÔME DU CIMETIÈRE NORD S’ILLUMINE

0

De juin 2016 à juin 2017, le dôme du cimetière du Nord de Rennes a fait l’objet d’une restauration. Le passage des usagers était en effet devenu dangereux par la fragilisation des voûtes en briques et le mauvais état du garde-corps de la terrasse. Plusieurs matériaux ont été utilisés : la pierre de Thénac, la brique de type Leers et de la chaux de Saint-Astier.

 

RENNES CIMETIÈRE NORD

Louis de Lorgeril, maire de Rennes de 1821 à 1830, souhaitait mettre en valeur le cimetière du Nord conçu au lendemain de la Révolution française. Cela a commencé par un agrandissement et une meilleure organisation de l’espace en 1824 puis la construction d’un monument marquant l’entrée de cet équipement municipal en 1828 que l’on appelle le dôme ou chapelle funéraire. C’est l’architecte de la Ville, Charles Millardet, qui a été chargé de la construction du bâtiment, autrefois appelé Chapelle Saint-Michel de l’Espérance (nom dû à la statue de Saint Michel dominant ce dôme, aujourd’hui disparue).

L’architecte a conçu cet édifice de plan circulaire en briques et en pierres blanches. Le rez-de-chaussée est traversé par un passage voûté qui est l’unique accès au cimetière pour les usagers. Deux escaliers en fer à cheval mènent à l’étage, où d’un côté, quatre colonnes en granit de Kersanton, offertes par le maire de Lorgeril, soutiennent le toit, tandis que de l’autre côté, une statue de l’Espérance réalisée par Jean-Baptiste Barré, accueille les visiteurs.

Ce monument devait accueillir, sous sa voûte au rez-de-chaussée, les dépouilles de huit grandes personnalités rennaises ayant marqué l’Histoire. Finalement, seuls deux caveaux aménagés sont utilisés, les familles déclinant cet honneur à cause du passage continu des usagers, peu propice au recueillement. En haut, la chapelle funéraire permettait de rendre un hommage religieux aux défunts. Cet espace étant ouvert aux intempéries, il ne fut que très peu utilisé.

RENNES CIMETIÈRE NORD

Avant tout, la fonction première de ce dôme était de marquer l’entrée du cimetière du Nord, présenté comme un équipement municipal important, traversant les époques et reconnaissable par tous. Dans ce quartier Saint-Martin en pleine mutation, le dôme est resté une identité visuelle pour les riverains.

Le dôme a été doté d’une identité nocturne visuelle propre, qui répond à la volonté de la Ville de réduire la consommation énergétique de 20 % d’ici à 2020. L’obscurité nocturne du cimetière a été maintenue, tout en rappelant aux riverains la présence du Dôme, comme repère urbain. Ainsi, deux couleurs sont utilisées : le bleu profond, rappelant le rêve, la sagesse, la mélancolie, associé au jaune orangé, symbolisant une flamme vacillante, le crépuscule, la renaissance. Cette illumination a deux variations : la première, forte et colorée se contemple de la tombée de la nuit jusqu’à 23 h. L’illumination se fait ensuite plus douce durant les deux heures suivantes, pour finalement s’éteindre à 1h du matin. Le coût total des travaux s’élève à 291 600€.

Photos : Didier Gouray, Rennes Ville et Métropole

LE HUITIÈME LIVRE DE VÉSALE, THRILLER HISTORIQUE DANS BARCELONE

Invité en 2016 au 9e festival international des littératures policières de ToulouseJordi Llobregat, écrivain espagnol, publie son premier roman, un thriller historique El secreto de Vesalio, publié en France sous le titre de Le huitième livre de Vésale, déjà traduit en 18 langues et publié dans une trentaine de pays. L’intrigue de ce thriller a lieu à Barcelone, ville de sa famille maternelle, ville chargée d’histoires personnelles, des histoires familiales qui racontent qu’un de ses arrières-grands-pères travaillait dans une entreprise qui a fabriqué les lampadaires modernistes du Paseo de Gracia.

Paseo de gracia Barcelone

Barcelone, 1888. Quelques semaines avant l’ouverture de l’Exposition universelle qui doit célébrer et magnifier la ville en plein développement économique et architectural, des morts suspectes, des corps déchiquetés de femmes sont retrouvés sur les plages catalanes. Ces meurtres mystérieux sont ignorés, car ils concernent la population la plus pauvre souvent contrainte à la prostitution et la police de Barcelone, en la personne de l’infâme lieutenant Sanchez, cherche surtout à ne pas chercher pour éviter d’affoler les nantis ou d’exciter le peuple prompt à la révolte.

LE HUITIÈME LIVRE DE VÉSALE

 

Un jeune et brillant universitaire d’Oxford, Daniel Amat, est de retour dans sa ville natale pour assister aux funérailles de son père. On découvre peu à peu que Daniel avait fui sa ville une dizaine d’années auparavant à la suite d’une tragédie familiale qui avait causé la mort de sa première fiancée et de son propre frère. Tragédie dont il était probablement le responsable et qu’il avait cherché à oublier dans le brouillard anglais, renonçant même à la carrière médicale dont son père rêvait pour ses enfants. Lors de l’enterrement, Daniel retrouve une jeune femme qui l’a sans doute beaucoup intéressé par le passé et rencontre aussi un journaliste aux poches percées, joueur, buveur et coureur de prostituée persuadé que le père de Daniel a été assassiné, car il enquêtait d’un peu trop près sur les assassinats de jeunes filles des quartiers pauvres dans lesquels il office comme médecin. Daniel refuse d’abord la proposition de Fleixa de poursuivre l’enquête de son père puis peu à peu se laisse convaincre.

Paseo de gracia Barcelone
Le duo s’adjoint l’aide d’un jeune et brillant étudiant en médecine qui cache lui aussi de nombreux mystères. Il s’agit de retrouver un autre médecin de la ville qui, devenu fou suite au décès de son épouse adorée qu’il a essayé de sauver de la mort, est peut-être le tueur fou. Ce roman qui n’aurait pas dépareillé parmi les feuilletons du XIXe siècle nous entraîne dans les égouts et souterrains de la ville peuplés de rats mangeurs d’homme et d’étranges créatures dénaturées réfugiées dans ces sous-sols mortifères au simple mortel. On est quelque part entre Monte Cristo, Jules Verne et le Frankenstein de Mary Shelley. Pour progresser dans leur enquête, le trio en butte à d’autres conflits personnels recherche un mystérieux ouvrage, le 8e livre de Vésale, livre que recherche aussi le tueur en série pour ses propres recherches. Là est toute l’intrigue bien écrite du livre. Un peu long dans l’écriture, mais agréable à lire dans les soirées d’automne.

André vésale
André Vésale (Bruxelles 1514-1564, anatomiste et médecin

C’est l’occasion de se repencher sur l’œuvre de quelques personnages bien réels, mais qui eurent des vies de roman et de savants (presque fous). André Vésale est né en 1514, près de Bruxelles. Il est issu d’une longue lignée de médecins et d’apothicaires royaux et s’intéresse tôt à l’anatomie ce qui, à l’époque, pouvait valoir moult soucis avec les autorités de tout rang : judiciaires, universitaires et religieuses. Il développe aussitôt un goût pour le dessin. Il étudiera la médecine à Paris et aura pour condisciple un autre illuminé céleste Michel Servet. L’enseignement étant livresque et sans contradiction possible, Vésale fuit ces cours inutiles et s’intéresse à l’anatomie, la vraie, celle que l’on pouvait observer sur les suppliciés du gibet de Montfaucon dont parlait Villon dans la « ballade des Pendus ». Vésale est ensuite nommé professeur d’anatomie à Padoue et fait paraître un recueil de six planches d’anatomie, les Tabulae anatomicae sex représentant le squelette et les organes internes. En tant que critique de ses précurseurs, Vésale sera d’abord décrié et même insulté puis finalement reconnu. Ensuite Vésale passe de ville en ville, occupe quelque temps une chaire à Pise, à Bologne, à Pavie et même à Bâle ou à partir de ses propres dissections de cadavres humains, il publie un immense traité d’anatomie, De Humani Corporis Fabrica (7 volumes et non huit), plus connu sous la dénomination de « Fabrica ».

Il faudra plusieurs éditions de l’ouvrage pour que Vésale cède à la vérité « toute nue » et concède que les dires anatomiques de Galien, qu’ânonnaient les cuistres de l’Université, étaient sans fondement. Poursuivant son tour d’Europe comme beaucoup d’intellectuels « sulfureux » de l’époque, Vésale arrive en Espagne, toujours pour y soigner les Grands dont l’infant. Sa passion pour l’anatomie lui vaut les foudres de l’Inquisition. Condamné au bûcher, Vésale fut sauvé par Philippe II qui commua sa peine en un pèlerinage à Jérusalem. Il y reçut une proposition pour reprendre la Chaire d’Anatomie de Padoue, mais au cours de la traversée, il fut pris d’une forte fièvre et le navire dut faire escale à Zante petite île Ionienne. Vésale mourut presque aussitôt d’épuisement le 15 octobre 1564. Ses idées bien sûr, survécurent à tous détracteurs que l’on a oubliés.

ANDRE VESALE
Gravure sur bois de la page de titre (première édition de 1543). La scène montre une dissection publique dans un théâtre anatomique inspiré de structures réelles.

Autre anatomiste sulfureux et surtout théologien maudit qui fut son condisciple de Paris, le malheureux Michel Servet ou Michel de Villeneuve né en 1511 dans la province de Huesca, en Aragon. Il visite aussi l’Europe, tel un quasi « clochard céleste » s’intéresse d’abord à la théologie. La Réforme déclenchée par un moine défroqué, Luther, a commencé à agiter le monde. Servet publie en 1531 son premier ouvrage antitrinitaire : Les erreurs de la Trinité

L’essence divine est indivisible… il ne peut y avoir dans la Divinité diversité de personnes.

Cet ouvrage déclenchera vingt-huit ans plus tard les persécutions et son martyr, mais pas de là ou l’on pouvait s’y attendre… En 1535, Lyon, il est embauché dans l’imprimerie des frères Treschsel comme correcteur. Son immense érudition lui permit de publier la Géographie de Ptolémée qu’il enrichit de corrections justifiées. Sous l’influence de Symphorien Champier, ami de Rabelais, il se rendit en 1537 à Paris pour étudier la médecine. Il y disséqua au côté de Vésale et y publia son Syruporum Universa Ratio ad Galeni sur la thérapeutique par les sirops. Ses pérégrinations le ramenèrent à Lyon puis à Vienne d’où il se rendit à Padoue pour prendre le grade de docteur en médecine. Sa tranquillité ne pouvait pas durer longtemps, car une rivalité est née entre lui et Calvin tout-puissant en Suisse. Servet publie en 1553 son livre Christianismi restitutio (la Restauration du christianisme). Servet en envoya un exemplaire à Calvin, mais fut poursuivi en France par l’Inquisition catholique pour avoir correspondu avec Calvin. Servet, par imprudence, se réfugie à Genève où il est arrêté et condamné au bûcher comme hérétique; il sera brûlé vif avec deux exemplaires de son livre le 27 octobre 1553. Une stèle expiatoire a été érigée à Champel, sur le lieu du supplice. À côté de ses écrits théologiques, Servet fut surtout reconnu comme un des pères putatifs avec Harvey de la conception occidentale moderne de la circulation sanguine. Il contesta le dogme de Galien et affirma l’imperméabilité de la cloison inter-ventriculaire dans le cœur normal: « Cette paroi médiane ne se prête à aucune communication et ne permet pas au sang de passer », notion anatomique fondamentale s’il en est, mais qui ne faisait que reprendre les travaux un peu oubliés d’Ibn Al-Nafis (1210-1288).

IBN AL NAFIS

Le roman « l’œuvre au noir » de Marguerite Yourcenar dont le personnage central, Zénon, est un médecin et intellectuel de la Renaissance emprunte beaucoup de traits à Michel Servet, mais aussi à d’autres cosmopolites persécutés, sur fond de guerres de religion entre catholiques et protestants, mais aussi entre les différentes factions religieuses du protestantisme.
Des auteurs, des livres, des personnages bien vivants à (re)découvrir…

Le Huitième Livre de Vésale Jordi Llobregat, traduit de l’espagnol par Vanessa CAPIEU, Éditions du cherche-midi, 624 pages, parution 7 avril 2016, 21 €

Jordi LLOBREGAT
Jordi LLOBREGAT

Jordi Llobregat est né à Valence, en Espagne, en 1971. Le Huitième Livre de Vésale est son premier roman.

 

 

TOUT HOMME EST UNE NUIT DE LYDIE SALVAYRE, PASTICHE SOCIAL

Lydie Salvayre, lauréate du Prix Goncourt avec Pas pleurer (Seuil, 2014) qui évoquait la guerre d’Espagne, revient ici avec Tout homme est une nuit, un roman pastiche social, en apparence plus léger, mais cruellement en phase avec notre monde actuel.

Le verdict est tombé, Anas, professeur de français à Amboise, n’a plus que quelque temps à vivre. Atteint d’un cancer, il part, loin de sa femme, s’installer dans un petit village de Provence. Au lieu du calme bucolique espéré, il va y trouver la tempête.

Dès son entrée au Café des Sports, le centre névralgique du village tenu par le dirigiste Marcelin, Anas, intelligent, oisif à la peau sombre devient l’intrus, l’étranger détestable.
Ennui des régions désertées suite aux fermetures d’usine, les quelques hommes du coin se retrouvent au café pour parler de chasse, de politique déversant leur haine d’un gouvernement laxiste.

LYDIE SALVAYRE
LYDIE SALVAYRE

La présence de l’étranger révèle leurs peurs et leurs faiblesses. Anas devient leur bouc émissaire. Nul effort pour le comprendre. Aveuglément, les villageois espionnent chacun de ses actes, critiquent, accusent. À tour de rôle, les habitués du troquet se « montent le bourrichon » autour de leur conversation obsessionnelle sur l’intrus.

C’était comme si tous les efforts que j’avais déployés depuis mes dix-huit ans pour faire oublier aux autres l’endroit où j’avais grandi, corriger mes manières peuple et gravir l’échelle sociale par la voie des études, s’effondraient et me laissaient à nu.

En ce moment tragique de sa vie, Anas a pourtant besoin d’un peu de compassion humaine. Seul le fils de sa logeuse, ou Mîna, une jeune serveuse rencontrée dans le bus qui le conduit chaque jeudi à l’hôpital, lui adressent la parole. Marcelin et sa clique le traiteront de pervers et iront même jusqu’à l’accuser de terrorisme.

Pourquoi lorsqu’un pays partait à la dérive ou se désassemblait, lorsqu’il sombrait dans la détresse et la peur de penser, lorsque ses valeurs et ses fondements vacillaient sur leurs bases, pourquoi des fiers-à-bras, indemnes de tout doute, apparaissaient-ils alors comme le seul recours ?

Ces grandes-gueules incultes, invoquant le secours d’un Trump ou d’une Marine, n’ont pas fini de nous agacer, s’acharnant contre Anas, devenu leur ennemi naturel.

Lydie Salvayre alterne les deux voix, celles grossières et tonitruantes des habitués du café, hormis Jacques l’intellectuel qui souvent se tait laissant s’installer le pire et celle d’Anas, policée, sensible qui s’exprime dans son journal.

Le village devient le théâtre d’une chasse aux sorcières. Petite scène qui n’est pas sans rappeler celle d’un pays, qui, lorsqu’il va mal, voit monter la popularité de certains partis politiques. Mais « on ne se défend pas en excluant les autres ». La violence n’enrichit personne.

Avec ce roman, Lydie Salvayre, fille de réfugiés espagnols, traite deux thèmes qui la touchent de près , l’insertion de l’exilé et la maladie. D’une histoire de village épurée, d’une tragédie provençale, l’auteur érige une parodie des discours xénophobes, des comportements racistes qui ont vocation à faire réfléchir chacun d’entre nous.

Lydie Salvayre tout homme est une nuit

Née en 1946 d’un père andalou et d’une mère catalane, réfugiés en France en février 1939, Lydie Salvayre passe son enfance à Auterive, près de Toulouse.

Pédopsychiatre, Lydie Salvayre est l’auteur d’une vingtaine de livres traduits dans de nombreux pays et dont certains ont fait l’objet d’adaptations théâtrales. La Déclaration (1990) est saluée par le Prix Hermès du premier roman, La Compagnie des spectres (1997) reçoit le prix Novembre (aujourd’hui prix Décembre), BW (2009) le prix François-Billetdoux et Pas pleurer (2014) a été récompensé par le prix Goncourt 2014.

Tout homme est une nuit Lydie Salvayre, Seuil, Cadre rouge, Date de parution 5 octobre 2017, 18.50 € TTC, 256 pages, EAN 97820211737032

 

RENNES, UNE CABINE INFO SOCIALE À LA BIBLIOTHÈQUE DES CHAMPS LIBRES

L’installation d’une Cabine Info Sociale en ligne à l’espace Vie du Citoyen de la Bibliothèque des Champs Libres de Rennes illustre la place qu’occupent aujourd’hui les bibliothèques dans la ville avec de nouveaux services au croisement des politiques culturelles et sociales.

L’espace Vie du Citoyen de la Bibliothèque des Champs Libres de Rennes est un lieu privilégié pour consulter la presse locale, nationale et internationale dans un grand nombre de langues et se connecter à Internet. Chaque jour, ce sont entre 400 et 500 personnes qui le fréquentent dont une parte vit dans des situations sociales et/ou administratives fragiles, maîtrisant parfois peu les outils nécessaires à leur intégration dans notre société : langue, connaissance des démarches et des droits, modes d’accès aux dispositifs d’aide sociale.

Afin de mieux accompagner ces publics en difficulté, la bibliothèque a souhaité aller au-delà de ses missions habituelles en s’associant avec le service Info Sociale en ligne (ISL) du Département d’Ille-et-Vilaine pour mettre à disposition un outil qui puisse répondre à leurs besoins spécifiques.

En 2016 et 2017, les équipes ont travaillé avec des designers et des architectes (Collectifs Urbagone, Studio Maab et Pelleteurs de nuages) lors d’une résidence permettant de concevoir sur place le mobilier le plus adapté à ce projet. Le résultat de cette belle collaboration est une Cabine téléphonique, traitée acoustiquement pour préserver la confidentialité des échanges.

Equipée d’un ordinateur connecté à Internet et d’un téléphone donnant un accès direct au service Info Sociale en ligne www.info-sociale35.fr, la Cabine Info sociale peut accueillir 2 personnes en même temps, est accessible à tous, gratuitement, de 12h à 18h, du mardi au vendredi.

Le service Info Sociale en ligne du Département d’Ille-et-Vilaine répond à des questions d’accès aux droits en aidant le public dans les démarches administratives (trouver le bon guichet, remplir un dossier, comprendre les dispositifs d’aide…) et les personnes les plus en difficulté à faire valoir leurs droits. Ce dispositif accessible à tous s’inscrit dans les politiques de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale portées par Rennes et l’Ille-et-Vilaine.

Vie du citoyen : Un service accessible à tous (abonnés et non-abonnés), gratuitement. S’adresser aux bibliothécaires pour toute demande.

Ligne téléphonique du mardi au vendredi de 12h à 18h (de 10h à 18h pendant les vacances scolaires). Il suffit de décrocher le téléphone, l’appel est composé automatiquement.

Accès au site www.info-sociale35.fr du mardi au dimanche aux heures d’ouverture de la Bibliothèque.

CABINE INFO SOCIALE

STILL ALIVE, CLOTHILDE AUGER RACONTE LES JACOBINS DE RENNES

Le livre Still Alive : Du couvent des Jacobins au centre des congrès Rennes 1369-2017 est publié par la photographe Clothilde Auger à l’occasion de la restauration du couvent des Dominicains de Rennes (appelé usuellement couvent des Jacobins) et de la construction d’un bâtiment contemporain, pour créer un centre des congrès. Un roman photographique et architectural.

Rencontre avec Clothilde Auger avec Clothilde Auger le samedi 27 janvier 2018 à 15h30 au Café Littéraire de votre librairie papeterie à Rennes le Forum du Livre.

Votre librairie « Le Forum du Livre » de Rennes a le plaisir de vous inviter dans son café littéraire à une rencontre avec Clothilde Auger. L’auteur y dédicacera son dernier livre « Still alive » paru aux éditions Clothilde Auger.
STILL ALIVE CLOTHILDE

Clothilde Auger est une photographe plasticienne qui vit et travaille à Rennes. Elle est diplômée des Beaux-arts de Rennes.

Clothilde Auger
Clothilde Auger

Semaine après semaine, mois après mois durant 5 ans, Clothilde Auger a photographié les Jacobins en pleine mutation ; ce vécu est à la base de ses images. Ce livre Still Alive raconte de façon singulière cette aventure architecturale et photographique depuis le temps des fouilles en 2012 jusqu’à l’ouverture du centre des congrès à la fin de 2017.

clothilde auger

L’un des enjeux de la pratique de Clothilde Auger est la production d’Images proposant différentes lectures possibles : documentaire, plasticienne, anthropologique et sociétale. Ces lieux de prises de vue sont choisis avec précision et sont généralement d’accès non libre. Ces lieux – qu’ils soient des carrières en activités ou des chantiers en rénovation – sont structurellement en pleine mutation, provoquant là même une confrontation des temps radicale. Le travail joue de la tension existante entre la mémoire et le devenir, la contemplation nostalgique et la fascination d’un futur neuf et précurseur. C’est le premier temps du travail artistique de Clothilde Auger.

photos jacobins

Dans un deuxième temps elle intervient directement sur le tirage papier lui-même comme pour faire muter l’objet photographique. Au fil des années, d’anciennes images sont délaminées par endroits, découpées, gaufrées, réimprimées sur d’autres supports. Cette déstructuration matérielle de l’objet photographique nous ouvre de possibles espaces architecturaux, virtuels et imaginaires.

clothilde auger

Still Alive de Clothilde Auger est un projet photographique soutenu par la culture de Rennes métropole. Texte : Luc Vezin, Conception graphique : David Yven. 100 pages 85 photographies 20€. En vente au Forum du livre de Rennes, à l’office de Tourisme de Rennes, sur le blog jacobinsclothildeauger

photo jacobins

RENNES COUVENT DES JACOBINS, OUVERTURE DU CENTRE DES CONGRÈS

0

Rennes Métropole a confié à Destination Rennes la préparation et la mise en œuvre des portes ouvertes et de l’inauguration du Centre des Congrès Couvent des Jacobins. Prévus initialement en novembre, mais repoussés en raison d’infiltrations d’eau à la base du bâtiment, les journées portes ouvertes ont rencontré un franc succès auprès des Rennais. Reportage en photos.

inauguration couvent jacobins

Une visite du chantier lors des portes ouvertes des 15, 16 et 17 décembre. Le vendredi 15 décembre pour les commerçants et les riverains, les 16 et 17 décembre pour l’ensemble des habitants de la métropole de Rennes. Plus de 30 716 visiteurs ont été accueillis pour découvrir le cloître, la nef de 400 places, l’auditorium de 1000 places, les 25 salles de travail, les 4000 m2 d’espaces d’exposition. Le public s’est montré satisfait de cette très belle réalisation technique. La jointure entre le bâti ancien et nouveau est également réussie. Dans l’ensemble, l’architecte Jean Guervilly a su avec une belle vision déployer un espace restreint pour l’amplifier et le ventiler. Seul bémol : l’entrée du bâtiment, autrement dit son ouverture, pourra paraître un peu confinée par rapport à l’ensemble. À voir en fonction de l’habillage à venir de ce hall d’entrée.

Dédié aux rencontres professionnelles, le Couvent des Jacobins accueillera des congressistes du monde entier à partir du mois de janvier. Il accueillera également les concerts de l’Orchestre symphonique de Bretagne et, l’été prochain, une grande exposition d’œuvres de la Collection Pinault. Plus de 140 événements sont d’ores et déjà à l’agenda du Centre des congrès en 2018.

Une inauguration institutionnelle le lundi 8 janvier 2018, avec plusieurs centaines d’invités. En complément, et afin de profiter de l’inauguration du Couvent des Jacobins pour accélérer la commercialisation du Centre de congrès, des actions et campagnes de communication au plan local et national vont être lancées.

Pour l’ensemble de ces manifestations et prestations, Rennes Métropole a voté l’attribution d’une enveloppe de 200 000 euros à Destination Rennes.

Cette enveloppe est majoritairement consacrée à l’organisation des portes ouvertes des 15, 16 et 17 décembre 2017 : mise en place d’un dispositif de sécurité permettant d’accueillir dans les meilleures conditions les 15 à 20 000 personnes attendues (50 000 €), dispositif de communication pour annoncer les portes ouvertes (50 000 €). Une exposition de la photographe et plasticienne Clothilde Auger, retraçant les différentes étapes de ce chantier hors normes, sera présentée à cette occasion, pour un coût de 13 000 €. L’organisation de l’inauguration institutionnelle, le 8 janvier 2018, réunira plusieurs centaines d’invités (élus et partenaires, entreprises ayant participé au chantier, acteurs du territoire…), pour un coût estimé à 8 000 €.

Elle comprend aussi une subvention d’un montant de 25 000 € attribuée au groupe Ouest-France pour la publication d’un hors-série consacré au Couvent des Jacobins. Le solde de l’enveloppe (54 000 €) est destiné à l’organisation des actions et campagnes de communication au plan national, principalement en direction de la presse et des médias.

Coût total des portes ouvertes estimé pour la collectivité : 200 000€.

Coût total du chantier de réhabilitation : 108 millions d’euros

Retrouvez nos photos du Palais des Congrès en travaux en avril 2016 ici

portes ouvertes rennes centre congrès

Portes ouvertes Centre des Congrès Couvent des Jacobins de Rennes les 15, 16 et 17 décembre 2017 : vendredi 15 décembre pour les commerçants et les riverains, 16 et 17 décembre pour l’ensemble des habitants de la métropole de Rennes. Inauguration institutionnelle lundi 8 janvier 2018.

VIP YOLAINE DE LA ROCHEFORDIÈRE, ARTISTE PEINTRE À RENNES

L’artiste Yolaine de la Rochefordière est l’invitée du Carré VIP (VieillePie), l’émission de radio dédiée aux femmes de plus de 50 ans (mais pas exclusivement !). Importantes pour les leurs, dans leur quartier, dans la ville ou au-delà, elles viennent bavarder au Carré V.I.P. avec leurs deux invitées. Codiffusée par RCF Radio Alpha et Unidivers.fr, retrouvez Marie-Christine Biet et ses invitées deux fois par mois à la radio et sur le web. La VIP du 13 décembre est l’artiste Yolaine de la Rochefordière.

 

 

Née à Suresnes, Yolaine de la Rochefordière a grandi au sein d’une famille d’origine bretonne, sensible à la culture et aux arts. Elle garde un souvenir particulier de son grand-père, original et érudit, bibliothécaire à l’Assemblée nationale et peintre. Son documentaliste de père maniait facilement aussi le crayon et le pinceau. Alors Yolaine de la Rochefordière en a fait autant, très tôt. Formée à l’école Charpentier à Paris, elle est retournée à l’école, plus précisément aux Beaux-arts de Rennes, où elle s’est installée en 1989.

L’activité d’artiste de Yolaine de la Rochefordière oscille entre peinture décorative, trompe-l’œil et petits tableaux, gravures sur le thème de la mer – autant dans ses paysages que ses délices, crabes, homards ou crevettes. Souvent accrochées aux murs de restaurants de bord de mer, ses œuvres sont fréquemment exposées dans l’Ouest et à Paris. En ce moment, on les trouve à la boutique-galerie Salmanazar à Jullouville (50).

Sa déclaration va à Isabelle N., amie de longue date, experte en gemmologie, qui  travaille la terre, glane des objets sur l’estran ou dans les brocantes pour créer des bijoux baroques superbes.

Son coup de coeur va à Isabelle Schwerer, amie de Marseille où elle a vécu quelques années. « Nous avons peint ensemble et rencontré des gens et des paysages magnifiques. Cet ancien médecin a vraiment une âme d’artiste, elle travaille sur des canettes de boissons qu’elle transforme de façon très originale ! »

Son coup de gueule: les potelets en béton et ferraille qui poussent de façon hallucinante en ville. Pénalisants pour les jambes, les vélos, les poussettes, etc…. Trop, c’est trop !

Son truc pour rester en forme : peindre… en grand ! Son exercice de peintre en décor lui assure un exercice physique complet.

Côté musique, Yolaine de la Rochefordière nous fait partager les airs qu’elle aime écouter dans son atelier malouin.

Queen : Bohemian Rhapsody

Sama yoon, émouvante chanson composée pour le magnifique film de Bernard Giraudeau, Les caprices d’un fleuve.

Concerto pour clarinette en A major K622 adagio Mozart, connu pour son utilisation dans le B.O. d’Out of Africa.

Prochain Carré VIP le 27 décembre avec l’écrivain Anne Lecourt. D’ici là, passez au marché des créateurs place Hoche à Rennes où vous découvrirez le travail de plusieurs VIP – vieilles pies !

YOLAINE DE LA ROCHEFORDIÈRE
YOLAINE DE LA ROCHEFORDIÈRE AU CARRÉ VIP
YOLAINE DE LA ROCHEFORDIÈRE
YOLAINE DE LA ROCHEFORDIÈRE

EXPO IRVING PENN, UN PHOTOGRAPHE ARTISAN AU GRAND PALAIS

0

Le centenaire de la naissance d’Irving Penn offre l’occasion de rendre hommage à l’un des plus grands photographes de l’histoire accueilli par le Grand Palais parisien avec une exposition remarquable. A ne pas manquer jusqu’au 29 janvier 2018.

Irving Penn
Louis Jouvet photographié par Irving Penn

Deux guerriers Miyake s’opposant dans leur tenue brillante sur un fond neutre font penser aux peintures à la brou de noix de Soulages*, composant une abstraction poétique. Louis Jouvet nous regarde, halluciné, dépassant son rôle d’acteur pour celui d’homme. Sept blocs d’aliments congelés appuient notre regard sur une compression à la César. Difficile de définir la photographie d’Irving Penn tant elle est diversifiée, variée et simultanément constante et intangible. Cette contradiction la formidable exposition du Grand Palais et son remarquable catalogue d’exposition essaient de l’expliquer.

LISA FONSSAGRIVES
Lisa Fonssagrives Penn avec son époux Irving en 1950. Photo : Alexander Liberman

En se promenant devant des tirages de qualité exceptionnelle, on déambule entre des photos sophistiquées des plus grands mannequins posant pour Vogue à la fin des années quarante, des bouchers et ramoneurs de la rue Mouffetard, des nus blanchis sous des traitements de tirage, des membres des tribus de Nouvelle Guinée ou des mégots de cigarettes photographiées en très gros plan. Tous ces travaux exclusivement réalisés en atelier, comme un artisan, portent en eux mêmes toute la singularité du photographe américain (1917-2009) : figer des êtres et des choses pour mieux les rendre vivants.

IRVING PENN
Irving Penn au travail, Pérou, 1948

Les mains serrées de Miro et de sa fille Dolorès, ou celles inoubliables d’un frère et d’une soeur, enfants à Cuzco dans un petit studio photo, témoignent à la fois d’une minutieuse mise en place et d’une spontanéité humaine réelle. Tous ces êtres célèbres, comme sa femme Lisa Fonssagrives-Penn (1911-1992), mannequin mondialement reconnu, semblent avoir fait un pas de côté, obéissant aux injonctions du photographe qui exige, ordonne avec rapidité et leur fait donner pourtant, en une fraction de seconde, le plus profond de leur âme.

IRVING PENN

Ce pas de côté possible nécessite une technique et une précision indispensables que favorise une structure minimaliste: une vieille toile unie de décor de théâtre, présentée de manière émouvante à l’exposition, une lumière naturelle venant de côté comme dans la plupart des peintres flamands, et un agencement de l’espace millimétré, suffisent pour créer ce miracle.

IRVING PENN
Nu No. 72, New York 1949-50, The Metropolitan Museum of Art, New York, don de l’artiste 2002 (2002.455.32) ©The Irving Penn Foundation

Cartier Bresson recherchait « l’instinct décisif » dans le hasard de la rue en structurant l’image, cherchant à figer dans un rectangle, les formes en place, l’espace d’un millième de seconde. Irving Penn trouve cet instant dans une préparation technique parfaite pour atteindre l’épure. Il était méticuleux, passant des heures à composer ces natures mortes ou à chercher des procédés de tirage capables de traduire sa vision personnelle de corps anonymes. Après ce travail, il ne reste alors qu’un sourire, un oeil, un grain de peau ou la structure d’un mégot. Mais il reste l’essentiel.

A travers soixante ans de carrière, le photographe, frère d’Arthur Penn, grand cinéaste, est resté cet artisan préférant l’intimité de son studio, parfois improvisé en pleine rue au Maroc, aux mondanités auxquelles le destinaient ses photos pour les magazines de mode. ll a réussi à unir dans une même oeuvre le papier glacé et la toile de théâtre usée. Un paradoxe de plus dans une oeuvre unique.

Exposition IRVING PENN au Grand Palais. Jusqu’au 29 janvier 2018. Catalogue de l’exposition; « Irving Penn : le centenaire ». Metropolitan Museum of Art et RMN Grand Palais. 372 pages. 59 €.
« Irving Penn » Hors Série de Télérama. 82 pages. 8,50€.

*Les Soulages du Centre Pompidou
7 juin 2017 > 7 janvier 2018

Exposition IRVING PENN au Grand Palais

21 Septembre 2017 – 29 Janvier 2018
Tous les jours de 10h à 20h
Nocturne le mercredi jusqu’à 22h

Fermé le mardi
Fermeture anticipée à 18h les dimanches 24 et 31 décembre
Fermé le lundi 25 décembre 2017

Dernier accès à l’exposition : 45 minutes avant la fermeture
Fermeture des salles : à partir de 15 minutes avant la fermeture.

Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 9 €
Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes de 16-25 ans) : 35 €

CUISINE ET RECETTES, LA TABLE PALESTINIENNE DE REEM KASSIS

Pour Reem Kassis, utiliser la cuisine pour préserver la culture et l’identité d’un pays malgré l’éloignement est le propos de ce livre La table palestinienne.

REEM KASSIS

Au-delà des clivages politiques et religieux (la mère de Reem Kassis est Palestinienne musulmane et son père est chrétien palestinien), Reem Kassis veut rassembler une grande famille autour d’une même table.

LA TABLE PALESTINIENNE

Si, à dix-sept ans, elle a souhaité partir faire ses études aux États-Unis afin d’échapper à l’inéluctable destin des femmes de finir en cuisine, elle a très vite ressenti le manque de cette chaleur humaine autour des plats conviviaux.

À cette époque, je cuisinais pour retrouver les saveurs de mon enfance.

Pour cette exilée attachée aux valeurs de son pays s’est imposé le besoin de transmettre la véritable cuisine palestinienne, celle que ses deux grand-mères, Teta Asma et Teta Fatima, toutes deux considérées comme les meilleures cuisinières de leur village respectif, élaboraient lors de fêtes ou réunions de famille.

LA TABLE PALESTINIENNE
Traduire en recettes, les plats que confectionnaient sa mère, ses grand-mères ou ses tantes avec des notions « de toucher, de regard, d’odeur ou de bruit » ne fut pas une mince affaire. Mais aujourd’hui, « ces plats typiques, chacun accompagné d’une histoire, d’un instant de vie ou d’un récit familial » sont recensés dans ce beau livre de cuisine, illustré de superbes photos de plats ou de Jérusalem et ses environs.

Notre cuisine est fondée sur le partage et la convivialité autour de la table.

LA TABLE PALESTINIENNE

Du petit-déjeuner aux repas de fête, la table doit littéralement crouler sous la nourriture. Multitude de petits plats sont à partager. Dans ce milieu originellement paysan et pauvre, les fruits, céréales et légumes, tout ce qui fait la richesse de la terre, sont les ingrédients principaux. Si certains ingrédients sont locaux et ne peuvent se trouver que dans les magasins spécialisés, Reem Kassis propose, quand c’est possible, des ingrédients de remplacement. L’essentiel est de travailler avec des aliments de saison et de qualité.

LA TABLE PALESTINIENNE

Avec 144 recettes allant du pain pita ou taboon, des falafels, de l’incontournable labaneh (yaourt salé et arrosé d’huile d’olive), des kebbeh (mélange de boulgour et de viande préparés, cuits et façonnés de différentes manières), des soupes, ragoûts, desserts et boissons, et une centaine de photos, La Table palestinienne vous fera voyager vers les saveurs et paysages du Moyen-Orient.

LA TABLE PALESTINIENNE

Alors que l’Occident raffole aujourd’hui de cette cuisine étrangère, exotique, parfumée qui se partage entre amis de manière chaleureuse, ce livre de Reem Kassis est une alléchante invitation au voyage et à la convivialité.

La table palestinienne Reem Kassis (Photographe : Dan Perez), Editions Phaïdon, novembre 2017, 256 pages, 200 illustrations, Prix : 34,95 euros, ISBN : 9780714875569

Reem Kassis est cuisinière et auteure. Elle a grandi à Jérusalem avant de faire ses études aux États-Unis et de s’installer à Londres. Son amour de la cuisine lui a été légué par sa famille, connue pour ses générations de cuisinières. Dès son plus jeune âge, elle a passé ses week-ends dans les cuisines de ses grand-mères, de sa mère et de ses tantes, à observer, à apprendre et à emmagasiner tout ce qu’il fallait savoir sur la cuisine palestinienne.

L’ÉPOPÉE DU JEU DE RÔLE, DES ANNÉES 70 À NOS JOURS

Le jeu de rôle naît aux États-Unis dans les années 70 : un divertissement particulier à mi-chemin entre le conte, le théâtre et le jeu de société. Bien que le loisir fleure bon les années quatre-vingt, il génère encore de l’enthousiasme : en témoignent les nombreuses associations dédiées. La seule ville de Rennes en compte cinq et accueille également plusieurs conventions annuelles. Malgré un public relativement réduit, le jeu de rôle s’impose comme davantage qu’un simple divertissement de niche : un phénomène culturel au patrimoine riche.

JEU DE RÔLE

Rennes, 13 bis rue Ginguené. Les locaux du cercle Paul Bert abritent l’association Risques et Périls. Fondée en 1992, elle fait partie des nombreuses associations rennaises dédiées aux jeux de rôle. Ce soir là, quatre membres nous accueillent : Florian, Lucien, Gwendal et une joueuse qui fera le choix de rester anonyme. Tandis que Gwendal décore la table et prépare une ambiance sonore, les autres s’affairent autour du café : une boisson nécessaire car la nuit sera longue. Impossible de déterminer à l’avance combien de temps durera leur partie, mais il est évident qu’elle s’étendra sur plusieurs heures. Au programme de la soirée : Kult, jeu de rôle publié en 1991.

JEU DE RÔLE

Mais au fait, qu’est-ce que le jeu de rôle ? Difficile d’attribuer à ce divertissement une définition rigide. À mi-chemin entre conte, théâtre d’improvisation et jeu de plateau, il s’agit d’un divertissement à nul autre pareil. Les participants sont divisés : on compte plusieurs joueurs pour un « maître de jeu ». À l’instar d’un conteur lors d’une veillée au coin du feu, le maître de jeu présente à ses joueurs une intrigue se déroulant dans un univers fictif. Mais à la différence du conte, le jeu de rôle se veut interactif : les joueurs incarnent les protagonistes de l’histoire, et participent en temps réel à son développement. À la fois joueurs et acteurs, ils décident des actions de leur personnage, allant parfois jusqu’à en mimer les gestes ou à en déclamer les paroles : la dimension théâtrale du jeu est donc très importante. La réussite ou l’échec des actions choisies dépend de lancers de dés ainsi que du bon vouloir du maître de jeu, qui s’appuie généralement sur un livre de règles. C’est sur ce dernier point que le jeu de rôle se rapproche des jeux de société. Le résultat est donc unique : le jeu de rôle brouille les frontières entre les trois genres susnommés et offre aux participants une liberté presque totale. Leur imagination est reine.

Risques et Périls jeu de rôle Rennes
Florian, Lucien et Gwendal autour de leur table de jeu

À Rennes, ce loisir est particulièrement populaire. Cinq associations existent intra muros : onze, si on étend le champ de recherche aux communes alentours. Et si le jeu de rôle est théoriquement ouvert à toutes les tranches d’âge, force est de constater que les étudiants sont les plus actifs. Non seulement l’INSA et l’université de Rennes 1 possèdent chacune leur association, mais elles sont à l’origine des deux événements organisés annuellement à Rennes : le festival de l’Oeil Glauque et la Convention Éclipse, dont la prochaine édition est prévue pour mars 2018.

Convention jeu de rôle Eclipse Rennes
Affiche de la 14e édition de la Convention rennaise « Eclipse »

À première vue, il semble paradoxal que des étudiants du 21e siècle se soient amourachés du jeu de rôle papier. Le loisir remonte en effet aux années soixante-dix. Malgré tout, le loisir a survécu au passage du temps : parce qu’il a évolué, mais aussi parce qu’il repose sur un concept intemporel. Pour mieux comprendre, un petit retour historique s’impose.

Le jeu de rôle est né aux États-Unis, d’un certain Gary Gygax. En 1974, il crée et publie Donjons et Dragons, un titre qui a marqué les mémoires au point ou aujourd’hui encore, il fait partie des premières licences citées par les joueurs. Deux ans après sa parution, le jeu se vend déjà à plus de 5 000 exemplaires sur le territoire américain. Sept ans plus tard, il est même représenté au grand écran puisque le célèbre E.T l’extraterrestre de Steven Spielberg s’ouvre sur une partie dudit jeu de rôle.

JEU DE RÔLE

Si Donjons et Dragons rencontre un tel succès, c’est qu’il navigue sur le retentissement de l’œuvre de J.R.R Tolkien, dont Gary Gygax ne cachera jamais s’être inspiré. L’univers du jeu, de type médiéval-fantastique, ainsi que son bestiaire sont largement puisés dans les livres du « père de l’heroic fantasy ». Pour autant, il serait erroné de considérer l’ouvrage de Tolkien comme l’ancêtre du jeu de rôle. En réalité, la tradition rôliste est issue d’un patrimoine beaucoup plus large.

Donjons et Dragons papier
Partie du jeu de rôle sur table Donjons et Dragons

Si le lien entre le jeu de rôle et le conte a déjà été évoqué, il est également important de citer deux autres sources d’inspiration. Tout d’abord, les Murder Parties, particulièrement populaires dans l’Angleterre des années trente et basées sur les romans d’Arthur Conan Doyle. Considérés comme autant de Sherlock Holmes en puissance, les joueurs sont poliment « conviés » à assister à un meurtre puis à le résoudre. On se trouve déjà à la frontière entre deux genres, celui de la littérature et du théâtre. Le divertissement passionne au point d’être une source d’inspiration pour une autre grande plume du roman policier; Agatha Christie. Son enquête de 1956 « Poirot joue le jeu » se déroule durant l’une de ces soirées. De ces Murder Parties découle le jeu de rôle grandeur nature, variante du jeu de rôle sur table.

MURDER PARTIES

Autre ancêtre du jeu de rôle, plus direct cette fois : les Wargames ou « jeux de guerre », très populaires en Angleterre et aux États-Unis à partir des années soixante. Ils consistent reconstitution de conflits historiques en miniature, sur plateau. Les pions sont déjà présents et l’idée du « rôle » également, malgré tout, les jeux de guerre s’apparentent davantage aux jeux de stratégie. En 1971, Gary Gyrax, le créateur de Donjons et Dragons se fait les dents sur une adaptation du Seigneur des Anneaux en Wargame. Le produit fini, Chainmail, est le premier jeu de guerre à intégrer magie et créatures fantastiques : à compter de cet instant, la porte vers le jeu de rôle médiéval-fantastique est définitivement ouverte.

Gary Gygax
Gary Gygax, créateur de « Donjons et Dragons »

Très vite, le succès de Donjons et Dragons est tel que d’autres franchises se décident à suivre son exemple. Les années quatre-vingt et quatre-vingt dix seront une véritable pépinière pour les jeux de rôles, et verront la naissance de titres iconiques tels que l’Appel de Cthulhu en 1984 et Warhammer en 1987. Le démarrage est légèrement plus lent de notre côté de l’Atlantique, puisque les jeux de rôles ne s’y implantent véritablement qu’au cours des années quatre-vingt. En France, c’est le succès de la série des « livres dont vous êtes le héros » publiés par Gallimard, qui convaincra les maisons d’édition à se tourner vers le jeu de rôle. Plus immersifs qu’un jeu de société, plus vivants qu’un livre, et plus interactifs qu’un conte, les jeux de rôles sont populaires de part leur nature hybride et coopérative.

Malgré un clair succès de part et d’autre de l’Atlantique, le jeu de rôle demeure un divertissement pratiqué avant tout par un public de niche. En 1997, un sondage réalisé par la revue spécialisée Casus Belli montre que l’écrasante majorité des rôlistes est constituée d’étudiants de sexe masculin, pour la plupart amateurs de littérature fantastique, de science-fiction et de jeux vidéo. Des loisirs loin d’être démocratisés à l’époque, dans un monde qui ne connaît pas encore Game of Thrones ni même les adaptations du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson. Le fantastique et la fantasy sont alors considérés comme des « sous-genres » de la littérature, et la culture du jeu de rôle est qualifiée de « sous-culture » voire même de pratique déviante. Relativement peu nombreux, et surtout incompris, les adeptes du jeu de rôle sont alors des cibles de choix pour les émissions télévisées en mal de sensationnel.

Tout commence aux États-Unis en mai 1982. Irving Pulling, le fils de Patricia A. Pulling, se suicide. La mère en deuil incombe la responsabilité du drame à Donjons et Dragons dont le jeune homme était amateur. Elle fonde alors la B.A.D.D, (Bothered About Dungeons and Dragons) une association luttant contre l’influence que le jeu de rôle aurait sur les jeunes. Pulling parvient à convaincre un bon nombre de chrétiens très conservateurs de l’existence d’un lien entre jeu de rôle, satanisme et suicide. Dans le sillage des jeux de rôles, d’autres sous-cultures telles que la musique métal et la fantasy dans son ensemble sont accusées des même tares. Le scandale fini par atteindre la France lors de l’affaire de Carpentras. Au printemps 1990, le cimetière juif de Carpentras est retrouvé profané, et plusieurs cadavres exhumés. Alors que les soupçons se portent en premier lieu sur un groupuscule d’extrême-droite, l’enquête prend un tournant incongru lorsque de jeunes amateurs de jeu de rôle sont érigés en suspects potentiels… Six ans plus tard, l’affaire est enfin résolue et ce sont effectivement quatre néo-nazis qui sont mis derrière les barreaux. Rien à voir avec le jeu de rôle donc, mais le loisir n’est par tiré d’affaire pour autant.

Les remous provoqués par l’affaire de Carpentras donnent du grain à moudre à de nombreuses émissions télévisées, telles que Zone Interdite ou Bas les masques, animée par Mireille Dumas. Ici aussi, on effectue un rapprochement entre jeu de rôle, magie noire, violence, sectes, et même meurtre. Les rôlistes pâtiront longtemps de cette réputation infondée. Non pas que les ventes de jeu de rôle se soient écroulées : paradoxalement, les affaires firent la publicité de franchises telles que Kult (1991) ou Nephilim (1992) qui misent largement sur l’occulte. Les membres de Risques et Périls le regrettent, d’autant plus que ce soir là, c’est dans l’univers de Kult qu’ils s’enfoncent. Gwendal, leur maître de jeu, résume ci-dessous leurs précédentes aventures:

Les émissions de Mireille Dumas et confrères contribuèrent largement à donner aux rôlistes l’image d’une communauté étrange et marginale. Les affaires telles que celles de Carpentras illustrent le mécanisme de rejet qu’une majorité conservatrice peut avoir face à une pratique récente, minoritaire et « déviante ». À condition qu’il soit suffisamment incompris, même un divertissement peut-être présumé coupable. Emportés par la course à l’audience et au sensationnel, les médias de l’époque ont ignoré le potentiel créatif du jeu de rôle.

Et pourtant, lorsque la revue Cassus Belli qualifie le genre de « 10e art » plutôt que de divertissement, elle n’a pas tout à fait tort. Au-delà de son intérêt ludique, le jeu de rôle permet aux participants de s’impliquer dans la conception d’une œuvre. En jouant, puisque les joueurs et leur maître de jeu co-produisent l’histoire, mais aussi en attirant le public vers une multitude de genres littéraires.

Depuis Donjons et Dragons, le jeu de rôle s’est diversifié. Il s’est extirpé du seul univers médiéval-fantastique, et explore à présent d’autres genres littéraires : science-fiction, gothique, post-apocalyptique, policier, horreur… Dans bien des cas, ce sont des œuvres littéraires réelles qui ont inspirées ces nouvelles franchises, à l’instar du Seigneur des Anneaux pour Donjons et Dragons. Ainsi, l’Appel de Chtulhu de 1984 est directement inspiré de l’univers horrifique et fantastique du célèbre écrivain H.P Lovecraft. En 1991, la franchise Vampire : la Mascarade marque l’avènement du jeu de rôle gothique, en profitant notamment de l’engouement suscité par les romans de l’écrivaine américaine Anne Rice.

Foisonnant de références littéraires, le jeu de rôle encourage les participants à entraîner leur plume, en les invitant à rédiger leurs propres scénarios. C’est notamment cette caractéristique qui plaît à Gwendal, maître de jeu pour cette soirée Risques et Périls : l’écriture est pour lui une passion que le jeu de rôle lui permet d’exercer.

À partir des années 2000, le développement d’internet permet l’apparition des premiers jeux de rôle « indépendants », affranchis de toute maison d’édition. Les rôlistes peuvent désormais devenir auteurs, créer leurs propres univers, scénarios et franchises, avec davantage de liberté. La multiplication des thèmes et des genres permet alors d’ouvrir le jeu de rôle à de nouveaux publics, notamment à la gente féminine. L’association Risques et Péril a remarqué cette évolution : selon Florian, l’association Risques et Périls compterait aujourd’hui seize femmes, sur un total d’une cinquantaine de membres. Un chiffre en constante progression selon Gwendal.

Plus récemment encore, le jeu de rôle s’est même offert de nouvelles façades publicitaires : il a par exemple fait son entrée sur le petit écran. Alors que l’on s’éloigne des années quatre-vingt dix et des scandales sur fond de satanisme, le jeu de rôle perd son côté sulfureux pour devenir délicieusement rétro. Il est ainsi représenté dans la populaire série Stranger Things, diffusée sur Netflix depuis juillet 2016, qui foisonne de références aux années quatre-vingt.

Attention toutefois : que la série des frères Duffer soit volontairement gorgée de nostalgie ne signifie pas que le jeu de rôle soit enfermé dans le passé. Depuis 2010 environ, les chaînes Youtube dédiées foisonnent… Et certaines cartonnent. En partageant leurs parties avec leur public, les vidéastes les plus populaires attirent de nouveaux membres vers la communauté rôliste. C’est notamment le cas de Frédéric Molas et Sébastien Rassiat, créateurs de la chaîne Joueur du Grenier, suivie par près de trois millions d’abonnés. En avril 2015, ils lancent sur une chaîne secondaire la série Aventures dont les épisodes sont suivis par un million de spectateurs en moyenne. Pour ce faire, le jeu de rôle a été adapté au format de Youtube : le système de jeu est simplifié, et les vidéastes utilisent le logiciel Roll20 pour partager des visuels avec leurs spectateurs.

Difficile d’estimer combien d’individus forment aujourd’hui la communauté des rôlistes : il n’existe pas de statistiques concrètes à ce sujet. Mais la pratique subsiste : ainsi la Fédération Française du Jeu de Rôle, fondée en 1991, est encore active aujourd’hui. À Risques et Périls, plusieurs tranches d’âge sont représentées : le « doyen » est âgé de 41 ans, le joueur le plus jeune n’a que 13 ans, et la moyenne d’âge est de trente-cinq ans environ. Beaucoup de joueurs n’ont donc pas connu l’âge d’or du jeu de rôle. Pourtant, et malgré l’investissement conséquent que requiert ce loisir – notamment en terme de volume horaire – le divertissement leur plaît. Parce que les références littéraires utilisées sont toujours aussi populaires. Parce que les nouvelles technologies ont gracié le jeu de rôle d’une nouvelle jeunesse. Parce qu’aucun autre autre loisir n’offre à ses pratiquants la possibilité d’être à la fois auteur, acteur, et spectateur d’une histoire.

Risques et Périls est une association de Jeux de Rôles et de Simulation qui officie dans les locaux du Cercle Paul-Bert Ginguené, à Rennes. Ouvert tous les week-ends, vous découvrirez les jeux de rôles, jeux de plateaux, soirées enquêtes, et le TrollBall* organisé chaque année.

 

JEU DE RÔLE
Les trollballeurs de l’Ultimate Trollball, organisé par Risques & Périls le 1er juin 2013.
Photo de Sébastien Roignant

*Trollball : partie de football américain déguisé en chevalier, faune ou pirate. A mi-chemin entre sport collectif et jeux de rôle grandeur nature, ce sport voit deux équipes munies d’armes en latex tenter de marquer des buts avec une tête de troll.

TROLLBALL

Association Risques et Périls :

13 bis rue Ginguené
Rennes
Horaires et jours d’ouverture pour les plus de 15 ans : Vendredi et samedi soir à partir de 20h00, samedi et dimanche après midi à partir de 14H30 (possibilité d’accès aux salles durant la semaine sur simple demande)
Horaires et jours d’ouverture pour les 12 à 15 ans : Tous les samedi de 14H00 à 18H00
06 47 22 02 22

BD LES REFLETS CHANGEANTS, UNE BD BRILLANTE

La BD peut se placer dans le champ de la littérature. Avec sa première création, Les Reflets changeants, Aude Mermilliod nous fait entrer dans la vie de trois personnages qui nous ressemblent tant. Les silences remplacent souvent les mots. Avec talent.

 BD LES REFLETS CHANGEANTS

La couverture de la BD Les Reflets Changeants ne dit pas la vérité. Pas toute la vérité. Certes le bleu infini du ciel donne une sensation exacte de chaleur sur ce bord de mer entre Cannes et Nice. Mais ce bleu se veut aussi la tonalité d’un bonheur estival qui n’est pas celui de la BD. On pourrait se croire dans une histoire de « Gens honnêtes », comme celle déjà racontée par Durieux et Gibrat. Le dessin des personnages y fait penser. On est en fait dans une histoire de mal de vivre. Si la clarté est lumineuse, ce n’est que pour mettre plus en avant l’ombre qui tamise la vie des trois personnes principales, qui comme dans tout bon « roman choral » vont finir par se rencontrer au terme de trajectoires chaotiques.

BD LES REFLETS CHANGEANTS

Les ciels, couleur d’orange des premières pages de la BD Les Reflets Changeants, nous avertissent pourtant : la vie est belle au soleil couchant mais la nuit et ses noirceurs approchent à grands pas. C’est qu’ils ont des difficultés avec la vie nos trois personnages. Elsa, la plus jeune, a du mal à aimer, prisonnière peut être de la nécessité d’un amour total et sans partage. Jean, homme mûr, divorcé, voudrait que sa vie ressemble à la ligne de chemin de fer sur laquelle il conduit ses trains ; droite et rectiligne, sans aiguillage. Quant à Émile, ancien rapatrié d’Algérie, sourd depuis la fusillade de la rue d’Isly à Alger, il brise son silence en écrivant ses tourments dans un petit cahier d’écolier.

Aude Mermilliod
Aude Mermilliod

Rien d’exceptionnel dans ces destins et justement c’est la justesse des sentiments exprimés qui permet à Aude Mermilliod, reprenant les mots écrits de son grand-père, de rendre ces trois personnages proches et réels. Ils nous agacent souvent, nous choquent souvent à l’image d’Émile qui pleure « son » Algérie Française et nous fait regretter notre premier élan de sympathie, mais l’auteure ne juge pas ses personnages, observant avec une grande acuité les faiblesses de ces êtres si proches de nous tous. Tous les trois cherchent à gérer leur quotidien au mieux dans une moiteur estivale qui anéantit les grandes révoltes ou les grandes phrases, qui rend chacun plus fragile et plus humain.

C’était pas juste un con, on va dire… C’était… une personne.

 

BD REFLETS CHANGEANTS : UNE BD BRILLANTE

Le dessin la BD Les Reflets Changeants se met au diapason, a priori sans grands effets. Pourtant le trait noir précis qui entoure les personnages, les détachant dans de grands aplats colorés, est subtil dans son apparente banalité. On ne fait pas jouer les clairons et les trompettes quand on décrit la vie quotidienne de Madame ou Monsieur Tout Le Monde et on privilégie le silence qu’Aude Mermilliod dessine à merveille. On devine qu’outre le récit du grand-père, la part autobiographique est certainement présente, tant de détails abondent qui donnent corps au récit. C’est ici le cheminement d’un chien le long d’un quai de gare, là une ombre sur un corps exposé au soleil ou encore la transparence de l’eau magnifique d’une baignade dans une calanque. Juxtaposés, ces moments a priori insignifiants, racontent une histoire à laquelle on s’attache.

BD REFLETS CHANGEANTS

Avec ce premier roman graphique, Aude Mermilliod, qui a obtenu en 2015 le prix Raymond Leblanc de la Jeune Création, restitue à la perfection la difficulté de vivre dans des existences banales. Son dessin est souvent plus fort que des dizaines de pages de romans choraux écrits et nous donne envie d’attendre avec impatience son prochain ouvrage.

BD REFLETS CHANGEANTS

Sur la couverture les plus jeunes des personnages s’envolent et plongent dans le bleu. Le plus âgé reste sur le sol en gardant cependant un sourire aux lèvres. Finalement tout n’est pas si sombre et le bleu a bien raison d’être bleu.

Les reflets changeants Aude Mermilliod, Éditions Le Lombard, août 2017, 200 pages, 22,50€.

Lire un extrait ici

RENNES, MR VERTIGO, CAFÉ-LIBRAIRIE RUE DE PARIS

Le papier Kraft qui dissimulait l’intérieur d’une boutique au 36 rue de Paris à Rennes titillait notre curiosité depuis quelques semaines. Ce magasin arborait fièrement sur sa vitrine l’annonce de la naissance prochaine du café-librairie Mr. Vertigo. Il prenait la suite d’un magasin dédié à l’art de la capilliculture (à la coiffure quoi !). Coupe, coiffure, littérature, salon, café, librairie – ces mystérieux rapports généraient une attente insoutenable dans notre cerveau qui tournait au vertige; il nous fallait en savoir plus…

Vertigo, nom masculin : 1. Maladie méningo-encéphalite 2. Caprice 3. Fantaisie

C’est fait ! A peine avons nous laissé à Pierre Esnouf, créateur et gérant de la café-librairie Mr. Vertigo, le temps de reprendre son souffle après les réglages des premiers jours que nous avons déboulé dans son antre afin de l’assaillir de questions. Objectif : tout savoir de ce projet à la fois désirable et risqué; autrement dit, audacieux.

mr vertigo rennes

Venu en automobile, il nous a fallu presque un quart d’heure avant de dénicher une place de stationnement. Comme mode de transport, il faut donc préférer le bus n°3. Lequel a le bon goût de s’arrêter pile en face de Mister Vertigo. Mais revenons à Pierre Esnouf. A 31 ans, ce diplômé d’études supérieures en lettres classiques, arrive d’Avranches. C’est entre les facultés de Caen et de Rennes qu’il a obtenu ses diplômes, devenant à 21 ans un jeune enseignant. Il passe du collège Françoise Dolto de L’Aigle à l’île Guadeloupéenne de Marie-galante et, en compagnie de son amoureuse moitié, découvre le monde avant de se fixer à Rennes.

mr vertigo rennes

Ce projet de café-librairie axé jeunesse, roman et BD, il en a toujours secrètement rêvé. Un lieu à lui, où il pourrait recevoir des lecteurs qu’il informerait, conseillerait, et auxquels, bien sûr, il vendrait les livres désirés. Mais quoi de mieux pour deviser tranquillement qu’un bon café, un thé ou une savoureuse tasse de chocolat bio. Si les gourmands veulent y ajouter quelques pâtisseries maison, rien ne les en empêche, chez Monsieur Vertigo, c’est possible grâce à une intelligente collaboration avec son voisin d’en face, le restaurant Le petit verdot.

mr vertigo rennes

Pierre Esnouf est un garçon accueillant et discret, l’ambiance de sa librairie lui ressemble un peu. Décor sobre, chaises en formica, fauteuils en rotin, amusant petit coin consacré à de très jeunes lecteurs, la librairie Mr Vertigo se veut avant tout un lieu convivial tout en préservant la fibre spartiate des endroits dédiés à la réflexion. Une longue table de bois longe la vitrine et offre de travailler, perché sur de hauts tabourets de bar, sans perdre de vue la vie à l’extérieur.

Pierre Esnouf
Pierre Esnouf

C’est là que nous avons rencontré Arnaud Van Dame, étudiant dans un établissement de graphisme situé à quelques encablures de la librairie, et qui depuis l’ouverture avoue s’être déjà rendu quatre fois chez Mister Vertigo. Il en apprécie le calme, la proximité et l’accueil. Certes, nous nous sommes posés la question de la clientèle. Qui vient dans une petite librairie située sur un axe pas très passant et où il est impossible de stationner ?

mr vertigo rennes

La réponse est un peu étonnante. Non seulement des étudiants ou des lycéens (dont les établissements sont nombreux rue de Paris) mais, qui l’eut crû, de nombreuses mères de famille qui viennent (dès l’ouverture à 8h30 après avoir déposé les enfants à l’école) s’offrir, outre un bon chocolat, un moment de calme littéraire. Le concept du café-librairie Mr Vertigo repose sur une consommation des livres de façon libre. Si tout est à vendre, tout est consultable sur place.

mister vertigo rennes

Au reste, un adroit mélange de livres neufs et d’occasion met l’acquisition des volumes à la portée de toutes les bourses. De la part de Pierre Esnouf, transmettre le plaisir des belles lettres et des grands auteurs relève de l’apostolat. Il est presque dommage qu’un garçon animé d’une si belle et sincère motivation ne soit pas resté enseignant. Quoiqu’il en soit, et pourvu que cela dure, le café librairie Monsieur Vertigo connait déjà le succès, et c’est une heureuse nouvelle.

monsieur vertigo rennes

Si vous voulez expérimenter ce qu’est un moment de douceur dans un monde de brutes ou – plus exactement – un instant d’intelligence dans un monde de médiocrité, le café-librairie Mr. Vertigo de Pierre Esnouf vous attend au 36 de la rue de Paris. Si vous voulez le joindre composez le 0299875785

mr vertigo rennes

Si vous vous posez la question de l’origine du nom de Monsieur Vertigo, sachez qu’il n’y a là aucune référence à Alfred Hitchcock, il s’agit du titre d’un roman de Paul Auster qui raconte la vie aventureuse et agitée de Walt, un jeune homme capable de léviter… Vertige chocolaté et lévitation intellectuelle : tout un programme !

Café-librairie Mr. Vertigo, 36 rue de Paris, Rennes. 0299875785

Horaires :
dimanche Fermé
lundi 08:30–18:00
mardi 08:30–18:00
mercre 08:30–18:00
jeudi 08:30–18:00
vendre 08:30–18:00
samedi 09:00–18:00

mr vertigo rennes

JOHNNY HALLYDAY, MORT DE L’IDOLE DES JEUNES

0

Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 74 ans, des suites d’un cancer du poumon. Voici le communiqué rédigé par son épouse Laeticia, adressé à l’AFP :

“Johnny Hallyday est parti. Jean-Philippe Smet est décédé dans la nuit du 5 décembre 2017. J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant, c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête à cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous donnant à tous des leçons de vie extraordinaires. Le coeur battant si fort dans un corps de rocker qui aura vécu toute une vie sans concession pour la scène, pour son public, pour ceux qui l’adulent et ceux qui l’aiment. Mon homme n’est plus. Le papa de nos deux petites filles, Jade et Joy, est parti. Le papa de Laura et David a fermé ses yeux. Ses yeux bleus qui illumineront encore et encore notre maison, et nos âmes. Aujourd’hui, par respect et par amour pour cet homme extraordinaire qui fut le mien pendant plus de 22 ans, pour perpétuer sa passion de la vie, des sensations fortes, des émotions sans demi-mesure, nous unissons tous nos prières, et nos coeurs. Nous pensons à lui si fort qu’il restera à jamais à nos cotés, aux cotés de ceux qui l’écoutent, le chantent et le chérissent depuis toujours. Johnny était un homme hors du commun. Il le restera grâce à vous. Surtout, ne l’oubliez pas. Il est et restera avec nous pour toujours. Mon amour, je t’aime tant.”

https://youtu.be/lOYIyYwol9E

JOHNNY HALLYDAY
JOHNNY HALLYDAY : MORT DE L’IDOLE DES JEUNES

AVEC HÉROÏNES LINDA LÊ POURSUIT SA QUÊTE D’UN PARADIS PERDU

Avec Héroïnes Linda Lê poursuit sa quête d’un paradis perdu. Née au Vietnam, arrivée en France en 1977 à l’âge de 14 ans, Linda Lê poursuit son oeuvre sur l’exil en accompagnant ses personnages sombres, fantômes d’un pays perdu vers l’équilibre d’une double culture.

V. est né en Suisse de parents vietnamiens qui ont fui leur pays à la fin des années 60. Etudiant, il tente difficilement de se concentrer sur sa thèse autour de la littérature kafkaïenne. Lors d’une exposition dans une galerie, il tombe en arrêt devant la photographie d’une ancienne chanteuse vedette de Saïgon. Cette découverte est un déclic pour celui qu’on a éduqué pour être « un pur produit de l’Helvétie». Il recherche la photographe et entame avec elle une correspondance virtuelle vers une meilleure connaissance de ce pays fantôme qu’il imagine bien loin des visions de sa famille hantée par les ressentiments.

La chanteuse lui avait donné envie de s’intéresser enfin aux guerres qui avaient dévasté le pays déserté par ses parents des années auparavant.

HÉROÏNES LINDA LÊ

Celle que nous appellerons, la correspondante, est née à Paris de parents plutôt bourgeois, Vietnamiens exilés après la mort d’Hô Chi Minh. Elle vit de petits boulots, enquêtant dans les milieux d’exilés vietnamiens d’Europe ou de Californie.

Leurs échanges de plus en plus fréquents font sortir de l’ombre trois héroïnes vietnamiennes.

La première, la plus présente dans cette correspondance est la chanteuse de la photographie. Emigrée aux Etats-Unis lors de la chute de Saïgon, elle devient en Californie « l’âme du Vietnam » pour son quartier d’exilés. Malgré sa voix de fumeuse et son ivrognerie, ses chansons sirupeuses, elle fascine par son passé sulfureux. Pour rejoindre un jeune amant, elle part à Paris. Mais elle se retrouve vite seule et dévalisée par le bellâtre dans un immeuble du XIIIe arrondissement.

LINDA LÊ
LINDA LÊ

Dans ce même immeuble vit la seconde héroïne. La maquisarde, aujourd’hui boiteuse, ancienne combattante anti-impérialiste, devenue ensuite opposante au régime communiste quand elle s’aperçut que les combattants s’octroyaient les mêmes privilèges, continue à faire entendre sa voix de contestataire, portée par la voix de son père qui l’invitait à avoir un fusil dans une main et dans l’autre un livre.

 Elle avait presque le même âge que la chanteuse mais paraissait beaucoup plus décatie. Il serait tentant de les opposer, la femelle séductrice et la combattante endurcie, l’ancienne idole des premiers Go-Go girls de Saigon et l’héritière des soeurs Trung, ces grandes guerrières qui avaient bouté les envahisseurs venus de Chine hors du Vietnam, la Lilith qui avait très bien vécu de ses charmes, et l’Antigone usée par des années de lutte, d’abord contre les Américains et leurs alliés du Sud-Vietnam, puis contre les communistes, ces enfants de l’oncle Hô qui avaient trahi la cause des véritables libérateurs.

La troisième héroïne s’invite en fin de récit. Elle est la demi-soeur de la chanteuse, la trop belle fille du père qui avait abandonné sa famille. Elevée par un couple d’Autrichiens, mariée à un riche baron lubrique, elle pourrait faire de l’ombre à la chanteuse par sa position et sa beauté.

Avec les deux jeunes correspondants qui s’attachent de plus en plus l’un à l’autre et les trois héroïnes, Linda Lê revient par couches successives sur les vies de ces « transplantés » dans des pays d’Europe. Elle tisse ainsi de plus en plus profondément leur parcours. De ces vies qui s’étiolent, regrettant la beauté et la grandeur d’un pays qu’ils ne verront peut-être plus, ils essaient de trouver du sens en s’intéressant à la vie de leurs compatriotes tout autant isolés, cherchant à retrouver le souvenir d’un ancien Vietnam.

D’une écriture crépusculaire, Linda Lê tente toutefois d’amener V., cet étudiant d’un extrême intellectualisme vers un équilibre plus serein entre passé et avenir.

Dans la même lignée, avec Chercheurs d’ombres, un essai qui paraît simultanément chez Christian Bourgois, Linda Lê, en rendant hommage à des artistes comme Rainer Maria Rilke ou Emile Cioran, montre que c’est souvent dans les zones sombres que naissent les intuitions les plus fécondes.

Héroïnes Linda Lê, Christian Bourgois octobre 2017, 224 pages, 19€,

LINDA LÊ
Née en 1963 au Viêt-nam, Linda Lê avoue volontiers qu’elle n’a plus une connaissance intime de sa langue natale. Le français, appris dès l’enfance à Saigon, est devenu, sinon sa patrie, du moins un espace mouvant qui lui permet tout ensemble de se désabriter et de trouver une ancre flottante. Arrivée en France en 1977, deux ans après la fin de la guerre du Viêt-Nam, elle a pris le chemin de la littérature. Après trois livres parus lorsqu’elle était très jeune, elle a publié Les Evangiles du crime dont une presse unanime a salué l’originalité exceptionnelle. En 1993, Christian Bourgois a édité son cinquième livre, le roman Calomnies (traduit et publié aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et au Portugal) puis en 1995, Les dits d’un idiot. Les Trois Parques et Voix ont paru en 1998, Lettre morte en 1999, Personne en 2003, Kriss/L’homme de Porlock en 2004 et In memoriam en 2007. Elle a reçu le prix Wepler-Fondation La Poste en 2010 pour son roman Cronos et le prix Renaudot-poche en 2011 pour À l’enfant que je n’aurai pas (Nil). Son roman Lame de fond a figuré parmi les 4 livres finalistes pour le prix Goncourt.

 

RENNES, LE RESTAURANT NUMÉRO 13 RUE JEAN RACINE SE MÉRITE !

A Rennes, aller déjeuner au restaurant le numéro 13 relève du privilège. Or, comme un privilège se mérite…déjeuner au n°13 se mérite ! Ce syllogisme à vocation alimentaire est une façon littéraire de mettre en avant, sous les traits de l’humour, la grande discrétion de ce sympathique petit restaurant dissimulé au 1er étage d’un pavillon à la façade en pierres de taille sis au 13 de la rue Jean Racine à Rennes. Un simple panneau accroché à l’extérieur en signale la présence…

rennes restaurant 13 rue jean racine
rennes restaurant 13

Toujours curieux et affamé de nouveauté (mais pas seulement), nous sommes allés à la rencontre de sa créatrice en la personne de Hélène Armantier. Ce petit bout de femme aussi énergique que sympathique n’est pas une néophyte en matière de restauration. Après quelques années de collaboration au Vieux Saint-Étienne, elle saisit l’occasion de mettre en application ses idées en créant le restaurant Les pieds dans le plat, dont le succès ne se démentira pas durant trois ans. Cela ne l’empêche pas de mûrir un autre projet : travailler chez elle et de faire au quotidien la cuisine pour ses amis…

Hélène Armantier restaurant 13 rennes
restaurant 13 rennes
Hélène Armantier dans son restaurant-maison sis au 13 rue Jean Racine à Rennes

Pas facile de mener à bon terme une telle réalisation ; il lui faudra plusieurs années pour surmonter tous les écueils que ne manqueront pas de mettre sur sa route – avec une constance jamais démentie – diverses administrations de notre chère République française. Mais tout a une fin : c’est le 4 septembre 2017 que, sans aucune publicité, elle ouvre les portes de sa maison et propose, en son sein, une cuisine inspirée par le marché et les saisons. Le premier jour, les quinze places que compte sa salle à manger sont prises d’assaut. C’est de bonne augure et, depuis, son succès ne s’est pas démenti. Si vous voulez goûter la cuisine de cette autodidacte, vous n’avez pas d’autres solutions que de réserver longtemps à l’avance…

restaurant 13 rennes rue jean racine

Chaque jour, Hélène Armantier propose trois plats : une variante végétarienne, des entrées et des desserts, confectionnés dans sa cuisine, et se contente d’un nombre réduit de clients. La chef tient absolument à préserver du temps pour aller de table en table échanger avec ses invités. Le soir, les dîners sont réservés à des groupes ayant commandé à l’avance, sinon le restaurant 13 est fermé et redevient une maison privée.

restaurant numéro 13 rennes
numéro 13 rennes

Si se constituer un revenu est nécessaire, gagner beaucoup d’argent n’est pas son but. Avoir créé son emploi et en vivre honnêtement suffit à la satisfaire. C’est d’autant plus vrai que les produits du restaurant n°13 sont de qualité et les prix plus que raisonnables. Nous avons déjeuné d’une entrée, d’un plat et d’un dessert pour la somme de 17 euros. Jamais avare de partager nos expériences culinaires, laissez-nous vous compter le menu… par le menu !

numéro 13 rennes

En entrée, une brique d’épinards frais au chèvre, joliment présentée dans un écrin de betteraves zébrées et agrémentée de graines de sésame, a été la première et plaisante découverte. Diagnostic : Très bon. Pour le plat principal, nous nous sommes mis à l’épreuve du parmentier d’andouille fermière et sa purée de patate douce aux graines de courges. Habituellement, l’andouille ne récolte pas nos suffrages, mais cette fois, rien à redire : excellent. Le même adjectif s’applique au délicieux cheesecake au citron avec son coulis de fraises du jardin qui viendra ponctuer le repas d’une note sucrée et parfumée.

NR 13 RENNES

Si la nourriture et l’accueil sont source de satisfaction, la décoration très personnelle et assez foisonnante concoctée par Hélène Armantier ajoute au côté « comme à la maison » que la chef a voulu donner à son restaurant. Entre les objets hétéroclites chinés chez les brocanteurs locaux, les tableaux peints par son grand-père, la cheminée et son feu accueillant, tout vous incite à un moment de détente et de plaisir gastronomique. Cet été, c’est sur une vaste terrasse ensoleillée qu’elle vous recevra, avec, juste à côté, une salle aménagée pour les personnes handicapées. Passionnée d’Écosse et de distillerie, comme son mari, elle accorde parfois le privilège à ses clients de déguster des whisky rares (que le couple va chercher directement chez des producteurs locaux et qui sont exposés dans la salle). C’est normalement la collection de monsieur, mais avant toute chose, Hélène aime partager, alors quelquefois…

 le 13 rennes
restaurant 13 rennes

Voilà vous savez tout sur ce lieu convivial. Et vous savez également ce qu’il faut faire pour goûter sa savoureuse cuisine. Un avertissement toutefois, les chichiteux – autrement dit ceux qui ne finissent pas leur assiette – auront des comptes à rendre ! La règle est de faire démonstration d’un bel appétit et d’honorer ainsi la maîtresse de maison. Personnellement, nous nous y engageons !

restaurant numéro 13 renne
restaurant numéro 13 rennes

Le restaurant Numéro 13 à Rennes est ouvert du lundi au vendredi de 12 à 14h et fait salon de thé le mercredi et jeudi jusqu’à 18h30 ! Dîner sur réservation uniquement.

Les produits sont frais du marché, avec chaque jour un choix de viande, poisson ou plat végétarien. Tout est fait maison. Formules: 2 plats à 13€ / 3 plats à 17€. Pensez à réserver : 06 83 52 15 82. 13 rue Jean Racine Rennes

restaurant numéro 13 rennes

BARS EN TRANS MUSICALES 2017, LE TOP 25 DES CONCERTS !

Le 39e festival des Trans Musicales, alias les Trans ou Transmu, s’est invité, en compagnie de son rejeton des Bars en Trans, alias les… bars en Trans, sur le plateau de Culture Club ! Les invités : Jean-Louis Brossard, directeur des TransMusicales, Philippe Lebreton, programmateur des Bars en Trans, et le rappeur rennais ABD en live (programmé le jeudi soir aux Trans, au Parc Expo). L’émission de 30 minutes (voire la vidéo au bas de cet article) présente une sélection de 25 concerts parmi les 112 groupes des Bars en Trans et des Trans Musicales qui se produiront les mercredi 6, jeudi 7, vendredi 8, samedi 9 et dimanche 10 décembre 2017.

Juste avant de vous lister les 25 concerts que Thibault Boulais (TVR), Ronan Le Mouhaër (Canal B) et Nicolas Roberti (Unidivers) vous recommandent, voilà les deux visuels 2017. On peut dire qu’il y a une battle d’affiches entre les Bars en trans et les Trans Musicales ! Selon vous, qui remporte la bataille entre Stranger Things et Rennes 2 ?…

bar en trans musicales

trans rennes

Le programme des 25 concerts sélectionnés aux Bars en Trans et Trans Musicales 2017

SUPERORGANISM
INDIE POP / LO-FI HIP POP Royaume-Uni / Japon / Australie / Nouvelle-Zélande
mercredi 6 décembre 21:50 – 22:40 UBU

 

FABULOUS SHEEP
ROCK France
jeudi 7 décembre 17:10 – 17:50 L’ETAGE

 

XXX – urban graphique coréen
jeudi 7 décembre 17:45 – 18:30 UBU

 

NIKI NIKI (Hipsters du monde entier, niki !)
Paris / Électro pop LE KENLAND JEUDI 7 DÉCEMBRE 2017
6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

ABD (Allez Rennes !)
jeudi 7 décembre 21:15 – 22:05 Parc Expo – Hall 8

 

BURIDANE
Lyon / Chanson
LE PAPIER TIMBRÉ VENDREDI 8 DÉCEMBRE 2017
6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 19H30

 

ANGÈLE
Bruxelles / Chanson belge
LA PLACE VENDREDI 8 DÉCEMBRE 2017
9€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

JO WEDIN & JEAN FELZINE (le côté vieille France de Biquet)
LE KENLAND VENDREDI 8 DÉCEMBRE 2017
6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

OKI DUB AINU BAND – musique traditionnelle chaloupée
vendredi 8 décembre 21:45 – 22:45 Parc Expo – Hall 8

ALTIN GÜN
POP ROCK PSYCHÉDÉLIQUE TURC / ROCK ANATOLIEN Pays-bas (Amsterdam) / Turquie (Istanbul)
vendredi 8 décembre 22:55 – 23:45 Parc Expo – Hall 3

 

SARO
BEATBOXING ELECTRO France
vendredi 8 décembre 01:25 – 02:25 (nuit de ven. à sam.) Parc Expo – Hall 9

 

BAD SOUNDS
vendredi 8 décembre 02:25 – 03:05 (nuit de ven. à sam.) Parc Expo – Hall 9

 

TOO MANY T’S
HIP HOP Angleterre
Vendredi 8 décembre 03:30 – 04:30 (nuit de ven. à sam.) Parc Expo – Hall 8

 

FEDER
ELECTRO-POP / HOUSE France
vendredi 8 décembre 04:25 – 05:30 (nuit de ven. à sam.) Parc Expo – Hall 9

 

Le groupe obscur – voyage archétypal
samedi 9 décembre 16:00 – 16:40 L’ETAGE

 

OKONOMIYAKI (bonbon sucré pour relecture acidulée des classiques)
LE THÉÂTRE DE LA PARCHEMINERIE SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017
8/10€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 15H et 18H30

 

CORINE
Fille de ta région / Disco Pop Sucrée Salée
LE GATSBY CLUB SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017
8€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 19H

MELISSA KASSAB
Genève / Beach folk
LE PAPIER TIMBRÉ SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017
6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 19H30

 

DJ VADIM AND JMAN (dance dance dance !)
Londres / Soul Reggae – Rap
LE MONDO BIZARRO SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017
10/12€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

LE VILLEJUIF UNDERGROUND (singulier et désirable, tu vas groover baby !)
THE PENNY LANE PUB SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017 6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

ALOÏSE SAUVAGE
Paris / Électro pop – Chanson Urbaine
LE WUNDERBAR – LA NOTTE SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017
6€ | OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H30

 

Alice et Moi (midinette super dansant)
LA PLACE SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017 9€
OUVERTURE DE LA BILLETTERIE: 20H

 

FLÈCHE LOVE (voix et présence de ouf)
Genève – Paris / Organic Pop Électronique
LE KENLAND SAMEDI 9 DÉCEMBRE 2017 6€
OUVERTURE DE LA BILLETTERIE : 20H

 

ZEAL AND ARDOR – spiritual negro scandinavian core
samedi 9 décembre 00:40 – 01:40 (nuit de sam. à dim.) Parc Expo – Hall 3

 

Confidence Man groupe Australien solaire, chelou et ouf !
samedi 9 décembre 01:30 – 02:15 (nuit de sam. à dim.) Parc Expo – Hall 9

 

NAKHANE
Afrique du sud
6-9 décembre 22:00 – 23:30 L’Aire Libre

 

SARO, CHAMPION DU MONDE DE BEATBOX (ENTRETIEN)

Originaire de Fougères, près de Rennes, le musicien Tristan, alias Saro, a été sacré champion du monde de beatbox en battle en mars 2017. Le human beatbox (« boîte à rythmes humaine » en anglais) consiste à produire de la musique en imitant avec sa bouche des instruments, principalement des percussions, et en l’accompagnement ou non de vocalises. Présentation d’un son montant… 

INFORMATION AGENDA : Ciné-concert « Oggy et les cafards » par Saro & BreZ le 11 septembre 2020 vers 21h parking de l’Antipode MJC à Rennes – Cleunay.
Rendez-vous à la tombée de la nuit et prévoyez votre lainage et votre fauteuil pour vous installer sous les étoiles…
En raison de la crise sanitaire : merci de respecter les gestes barrières et les consignes du lieu d’accueil.
Pour cette prochaine édition, l’Antipode MJC s’est associée à Travelling pour vous proposer une création sur le long métrage d’une série d’animation complètement délurée et appréciée par les plus jeunes, Oggy et les cafards de Olivier Jean-Marie.
Rendez-vous pour cette première représentation menée par les musiciens beatboxers Saro et Brez, respectivement champion du monde en solo loopstation et champion de France beatbox loopstation ! Deux beatboxers qui s’affronteront dans un combat perpétuel, total et sans pitié : Ce choc de titans, cette lutte ancestrale, cette bataille qui perdure à travers les âges, ce n’est pas celle du bien contre le mal… C’est celle d’Oggy contre les cafards…

« Oggy et les cafards » par Saro & BreZ le 11 septembre 2020

Depuis quand le beatbox est-il au cœur de votre vie ?

Saro : J’ai découvert le beatbox il y a dix ans après avoir fait fait dix années de batterie. Un jour, je me suis rendu à un concert dans ma ville natale de Fougères; sur scène, il y avait O’slim, un beatboxer franco-tunisien. À la suite, j’ai réalisé des recherches sur internet qui m’ont permis de découvrir l’Américain Rahzel, le papa du beatbox, puis Kenny Muhammad. Mais à l’époque ce n’était pas très connu, maintenant nous trouvons beaucoup plus de vidéos sur YouTube. C’est comme ça que je suis tombé amoureux du beatbox, je me suis dit « il faut vraiment que je fasse ça ». Cela fonctionnait bien avec mon univers teinté d’électro, entre la trap bass et la house.

SARO

Comment apprend-on le beatbox ? 

Saro : Les gens ont l’impression que c’est impossible, mais ce n’est pas plus difficile que se retrouver avec une guitare entre les mains quand on n’en a jamais fait. Le beatbox, c’est pareil : il faut juste de l’apprentissage et de l’entraînement. Pour atteindre un bon niveau, certains vont mettre six mois, un an, et d’autres quatre ans – ça dépend de chacun. Pour pratiquer le beatbox, il faut apprendre les sons de base pour faire un rythme. Il y a la grosse caisse qui fait « Pff », la caisse claire qui fait « Pss », et la charleston qui fait « Ts ts ts ». Avec ces trois sons là, il est possible de faire un petit rythme tout simple. Après, les possibilités sont multiples, car le beatboxeur utilise la totalité de l’appareil phonatoire et buccal, contrairement au « vocaliste » et au « multivocaliste » qui n’utilise lui que sa voix. Donc cet instrument a cappella regroupe les techniques issus aussi bien du chant, des percussions vocales, de l’imitation, de voix ou d’instruments, des bruiteurs vocaux, du chant diphonique, etc.

En mars dernier, vous avez été sacré champion du monde lors des battles de loopstation. Ça consiste en quoi ? 

Saro : La loopstation c’est une machine qui permet de m’enregistrer en live et qui fait des « loops », des séquences musicales répétées indéfiniment. J’empile les pistes et je fais des morceaux avec. Ensuite dans cette « loop », des effets agissent directement lorsque je joue dans le micro. Puis d’autres effets interviennent sur les pistes que j’ai déjà enregistrées. Durant le concours, il y avait plusieurs catégories : la loop, les solos et les tag team. Ça se déroule sur deux jours. Le vendredi soir, ce sont les quarts de finale et les qualifications en solo. Et le samedi soir, ont lieu les demi-finales et les finales.

En finale de loopstation, votre adversaire était Tioneb, lui aussi beatboxer français… 

Saro : J’étais un peu l’outsider de la compétition, car je n’avais jamais fait de compétition de loopstation avant, j’étais un peu l’inconnu. Tioneb lui ça fait déjà un moment, il avait déjà participé à la compétition l’an passé. C’est un très bon adversaire. Les battles me stressent toujours un peu, je préfère les concerts et faire une heure de show. Il faut savoir que, dans les battles, le public représente 85 % de beatboxers. Lors de la finale, c’était fou, j’étais très stressé, mais à chacun de mes morceaux, le public sautait, dansait, applaudissait, je m’attendais vraiment pas à ça.

Depuis cette victoire, vous enchaînez les dates…

Saro : Fin octobre, je suis allé en Inde au Spoken Festival, c’était vraiment super, j’ai été très bien reçu par le public indien. Ce week-end, j’étais à Londres, j’ai jugé le championnat anglais, c’est la première fois que je jugeais un championnat national, c’était très sympa. Sinon j’enchaîne pas mal de dates, mais surtout en France. Ça fait plaisir d’être reconnu, je fais de la musique pour les gens et j’essaye de faire apprécier ma musique. Mais je m’en rends pas vraiment compte, je ne me pose pas vraiment la question. Quand j’arrive sur une date et que quelqu’un me reconnaît, je dis « ah ouais tu me connais » (rires), ça me fait tout drôle.

 SARO

Le 8 décembre prochain, rendez-vous aux Transmusicales, vous avez hâte ?

Saro : Oui, car c’est le festival de ma ville. J’y suis allé de mes 16 à mes 20 ans. Je vais jouer sur la plus grosse scène du Parc Expo qui a une capacité de 8000 personnes, ça va être super, c’est une grande première pour moi. J’ai un set d’une heure qui commence à 1h25 du matin. Je prépare un bon son électro pour le Hall 9 pour faire danser les gens et passer un bon moment.

SARO

Le beatbox commence à faire sa place…

Saro : Le beatbox est de plus en plus médiatisé. Les gens commencent à comprendre que c’est de la musique. Dans leur tête, le beatbox reste une performance, mais nous essayons de faire comprendre au public que c’est aussi de la musique et qu’il est possible de venir nous voir en concert, d’apprécier le beatbox comme de la musique, d’acheter des CD, et de l’écouter dans sa voiture ou chez soi. J’aime bien le côté « underground », mais j’apprécie aussi qu’il soit médiatisé parce que nous en avons besoin en tant qu’artiste. Le beatbox est bien plus qu’une performance. Après, ça dépend de chacun, certains ne font que des battles parce qu’ils préfèrent la performance.

Alors, quels sont vos projets ?

Saro : Je prépare un EP, je n’ai pas encore de date exacte, mais sûrement au printemps prochain. À la suite, j’aimerais enregistrer un album…

SARO BEATBOX

CANTINE SCOLAIRE, JOUR SANS VIANDE ET MENU VÉGÉTARIEN

Dans un entretien accordé à l’OBS, le ministre de l’écologie Nicolas Hulot a souhaité instaurer un jour sans viande dans toutes les cantines scolaires de France. Après les repas de substitution sans porc, c’est donc au tour des menus végétariens de faire prochainement leur entrée à l’école. Explication.

 

Nicolas Hulot motive ce projet de menus végétariens et jour sans viande par un souci d’« éducation ». De quoi s’agit-il ? Le ministre ne le précise pas mais, historiquement, il existe un lien étroit entre l’écologie et le choix d’une nourriture végétarienne. Bien entendu, les écolos ne sont pas tous végétariens et encore moins végétaliens ou végans. Nicolas Hulot reconnaît lui-même « manger de la viande une fois par semaine » mais cette proposition d’un repas sans viande dans les cantines a son origine dans une prise de conscience assez récente de la trop grande place de la viande dans la nourriture des français. Pour des raisons sanitaires, écologiques et économiques, il conviendrait de modifier nos habitudes alimentaires. D’où ce jour sans viande et ce menu végétarien hebdomadaire.

De fait, consommer des protéines animales en grande quantité nuit à la santé. La France est le premier consommateur de viande de bœuf d’Europe avec 240g par jour et par habitant alors que la moyenne mondiale est d’environ 160g. Les graisses animales sont principalement à l’origine de nombreuses maladies dont l’infarctus, deuxième cause de décès en France.

Surtout, la viande coûte cher à produire. Un kilo de bœuf nécessite 15400 litres d’eau alors qu’un kilo de blé n’en demande qu’au maximum 590. Il faut en outre 7kg de céréales diverses pour produire un seul kilo de bœuf. La consommation de viande animale et de lait augmente chaque année dans le monde (elle devrait avoir triplé d’ici à 2050 !) et elle induit de graves perturbations écologiques et sociétales. Par exemple, l’élevage bovin est responsable à 80 % de la destruction de la forêt amazonienne, remplacée par la monoculture du soja qui sert à engraisser les bêtes à viande et à lait d’Europe et de Chine.

Cette proposition ponctuelle de Nicolas Hulot, tout comme la position récente de la France à propos du glyphosate s’inscrit donc dans une politique globale où l’écologie, la santé et l’économie interfèrent. On sait que les lobbies de la viande et de l’industrie laitière ont leurs entrées au ministère de l’agriculture. Ne doutons pas que leurs réactions ne tarderont pas.

GLYPHOSATE, L’UNION EUROPÉENNE EN FAVEUR DE MONSANTO

Guide Vegan Rennes, Adresses, restaurants et boutiques

cantine