Le festival des Tombées de la nuit invite la compagnie stéphanoise Dyptik du 4 au 6 juillet. La création D-Construction interroge le public sur le lien social et l’émancipation via la danse hip-hop.
Place Hoche, un mur grillagé de quatre mètres de haut pour dix de long intrigue. La compagnie Dyptik en a fait son terrain de jeu pour présenter D-Construction (2016) durant les Tombées de la nuit. Ce mur symbolise les frontières. Mais lesquelles ? Celles qui séparent les pays, ou les barrières que l’on rencontre dans une vie ?
« C’est la force de ce dispositif. Chacun voit ce qu’il veut voir selon ses propres expériences. On voulait quelque chose de clair, mais qui laisse la possibilité d’imaginer des choses, sans pour autant que cela soit totalement abstrait et qu’on ne comprenne pas le sens de D-Construction », explique Mehdi Meghari, le chorégraphe.
Si ce mur sépare le public de D-Construction comme il sépare les cultures, les pays, les populations, en général, cette frontière, haute et large, est néanmoins fine. « Si l’on passe nos doigts à travers le grillage, on peut se toucher. On peut réussir à franchir la barrière et être en communication avec les autres. Ce mur est un symbole fort qui garde une place qui ne devrait pas exister. »
Élément important de la mise en scène, le mur ramène D-Construction à l’origine du hip-hop. Ce mouvement culturel, né dans le Bronx (New York) des années 1970, est devenu un véritable mode d’expression et de révolte pour les jeunes des quartiers populaires américains, avant de devenir un mouvement international. La pièce D-Construction exprime le « moi versus les autres, moi versus le monde », à l’instar des battles de danse prônées par Afrika Bambaataa (l’un des pères fondateurs du hip-hop) comme alternative aux règlements de compte violents des gangs.
Avec cette mise en scène bifrontale, Mehdi Meghari et la troupe Dyptik invitent le spectateur à se questionner. D’abord, sur la question des frontières, mais aussi sur la capacité de chacun à subir ou non un déplacement imposé par les danseurs. En effet, D-Construction est, dans une moindre mesure, un spectacle participatif. Lors de la première partie, le public est proche des danseurs et du grillage. Puis, à certains moments, les danseurs emmènent le public avec eux. « L’axe principal est le moment où le public doit décider s’il subit ou pas, s’il se déplace ou pas. Chaque fois qu’on a joué cette pièce, le public ne réagit pas de la même façon. Plus le public met de temps à jouer le jeu, plus il se pose de questions. Il y a ceux qui rentrent tout de suite dedans et bougent, ceux qui bougent parce que les autres bougent, et ceux qui bougent parce que sinon ils ne vont plus bien voir. »
La participation du public, si elle est un moyen d’inviter le spectateur à la réflexion, est aussi l’occasion de créer du lien social, le temps de cette interaction. Cette notion de lien social est chère à la troupe qui danse aussi pour la liberté et l’émancipation. Ces sujets de prédilections se sont accentués lors de tournées à l’étranger, en Palestine et en Géorgie par exemple. « On vit dans une société où tout doit aller plus vite, il y a toujours plus de monde, on est tous enfermés dans quelque chose. Nous avons vu que toutes les cultures subissent un enfermement à des degrés différents ». Mehdi Meghari a poursuivi cette réflexion avec la pièce chorégraphique Dans l’Engrenage (2018) qui interroge sur les rapports sociaux et la place de chacun dans la société.
D-Construction questionne la capacité d’une population à se révolter ou pas. Est-ce que nous, êtres humains, sommes encore capables de nous fédérer autour d’un sujet, d’une cause ?
Mehdi Meghari
D-Construction aux Tombées de la nuit
Jeudi 04 Juillet 2019
21:00 > 21:35
Place hoche, Rennes
Vendredi 05 Juillet 2019
19:30 > 20:05
23:00 > 23:35
Place hoche, Rennes
Samedi 06 Juillet 2019
19:30 > 20:05
23:00 > 23:35
Place hoche, Rennes